Éphéméride du 8 juin
Au coeur de la Révolution, et du Système actuel qui en est l'héritier, il y a un infanticide : celui du petit roi martyr, Louis XVII...
1637 : Parution du Discours de la Méthode
Le Discours de la Méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences est la première grande œuvre philosophique et scientifique écrite en français, et non en latin, Descartes souhaitant être accessible à tous.
Il y prône le doute méthodique et le recours à la raison, décidant de volontairement mettre en doute toutes ses connaissances et opinions.
Que reste-t-il de cette remise en question : que c’est lui, sujet, qui doute. Or, pour douter, il faut penser. Donc, si je doute, je pense, et si je pense, je suis...
Le doute, qui au départ mettait tout en question, se renverse ainsi, et devient au contraire source de certitude, celle de l'existence du sujet pensant...
1638 : Naissance de Pierre Magnol
Dans le Jardin des plantes de Montpellier, le plus ancien Jardin botanique de France, créé sous Henri IV, en 1593....
C'est un autre botaniste célèbre, Charles Plumier (voir l'Éphéméride du 20 novembre) qui a eu l'idée de donner à certaines espèces le nom de botanistes méritants : Pierre Magnol, médecin montpelliérain et fils d'apothicaire, s'est donc vu attribuer... le magnolia !
Vrai scientifique, faisant preuve d'une remarquable finesse d'analyse, Pierre Magnol eut l'idée du classement des plantes par "familles", au-dessus du groupe des "genres" (comme on, le faisait déjà en zoologie) : "...J'ai reconnu que les animaux se divisaient en familles, distinguées par des caractères spéciaux... J'ai retrouvé tous ces degrés d'affinités dans les plantes..."
Alors que les classifications de l'époque se basaient sur des données artificielles (feuilles, graines, fruits...), Magnol introduisait, tout simplement, un classement véritablement scientifique des espèces : "...Il y a entre certaines plantes ressemblance et une affinité qui n'apparaît pas dans les parties séparées, mais qui résulte de l'ensemble...".
Gêné et retardé dans sa carrière par ses convictions réformées, Pierre Magnol - qui abjura le protestantisme - dut attendre la mort de son élève Joseph Pitton de Tournefort - qui fut son élève à Montpellier - pour accéder à l'Académie des Sciences. Et ce ne fut qu'après son abjuration que Louis XIV lui permit d'obtenir une chaire à la Faculté de médecine de Montpellier, dont il était diplômé, avant de lui confier, trois ans plus tard, la direction du Jardin botanique de Montpellier (ci contre)...
Pierre Magnol décrivit 2.000 espèces nouvelles, dans 75 familles : malheureusement, on ne sait pas où se trouve son herbier : il n'est pas à Montpellier, qui possède pourtant 3,5 millions d'échantillons de plantes, mousses et champignons (la deuxième collection de France, après celle du Muséum national d'Histoire naturelle)...
1795 : Mort de Louis XVII
Depuis deux ans, un petit enfant est cruellement, épouvantablement soumis à un infanticide aussi lent qu'inhumain : le 3 juillet 1793, le petit roi Louis XVII, âgé alors de cinq ans, est arraché des bras de sa mère, et va rester seul, avec ses monstrueux bourreaux, les Sanson (voir l'Éphéméride du 3 juillet, et les lignes de Balzac consacrées à cet horrible infanticide...).
Aujourd'hui - enfin, serait-on tenté de dire, tant il s'agit, en un certain sens, d'une libération, de la fin de l'horreur... - ce petit enfant meurt seul, dans la prison du Temple, après presque deux ans d'une destruction méthodique, monstrueusement réglée jusque dans ses moindres détails.
Il est le troisième personnage de la trilogie martyre : Louis XVI, Marie-Antoinette, Louis-Charles, duc de Normandie.
Sans gouvernement et sans puissance, cet enfant était Roi légitime : il était Louis XVII, successeur de son père Louis XVI. Avec son père, ce sont les Rois martyrs...
Ce 8 juin 1795, ce petit enfant martyrisé depuis plus de deux ans cesse enfin de souffrir : isolé, en proie aux terreurs nocturnes sans que jamais personne ne vienne répondre à ses détresses, rongé par la maladie due à ses conditions inhumaines de détention, la mort libère enfin le petit Louis-Charles, duc de Normandie, devenu Louis XVII - et deuxième roi martyr - à la mort de son père, Louis XVI, premier roi martyr - le 21 janvier 1793...
"L'enfant emmuré tel un cadavre au sépulcre, tenu dans un total isolement affectif et social, rongé par la vermine, ses articulations déformées et semées de tumeurs, passa seul sa dernière nuit en ce monde, sans avoir jamais cessé de croire que sa mère était encore présente à l'étage au-dessus de lui...." (Edmonde Charles-Roux, de l'Académie Goncourt).
Écouter : In Paradisum du Requiem de Fauré :
Michel Legrand - Gabriel Faure. Requiem op.48 In Paradisum.mp3 :
"In paradisum deducant te angeli, in tuo adventu suscipiant te martyres, et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem. Chorus angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere aeternam habeas requiem." (Que les Anges te conduisent au paradis, que les martyrs t'accueillent à ton arrivée, et t'introduisent dans la Jérusalem du ciel. Que les Anges, en choeur, te reçoivent, et que tu jouisses du repos éternel avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare)
De Victor Hugo : ODE A LOUIS XVII.pdf
(Royaliste fervent, et membre du cercle des très proches de Chateaubriand, à l'époque où il composa cette Ôde superbe, Hugo "dévia" malheureusement par la suite : voir l'Éphéméride du 22 mai...)
Encore pire que celui de ses parents, l'assassinat programmé d'un petit enfant - par définition innocent de tout crime - est l'horreur encore repoussée, l'abomination totale. L'enfance martyrisée et massacrée, les bornes sont franchies: il n'y a plus de limites à l'horreur...
Ceux qui ont rejeté Dieu, en se prenant eux-mêmes pour les ré-organisateurs du monde, démultiplient au centuple les erreurs et les horreurs - par ailleurs bien réelles - de la religion et de la société qu'ils prétendaient combattre, abolir et remplacer. Les abominations se feront - à partir d'eux, et à cause de leurs pré-supposés idéologiques - sur une échelle mille fois fois supérieure à tout ce qui avait été connu avant.
Staline, Hitler, Mao, Pol Pot sont déjà nés dans le sillage de Robespierre; le mépris absolu de la personne humaine, les camps de la terreur et de l'extermination de masse sont en germe dans les décrets de la Convention...
On lira dans le lien ci-dessous les travaux définitifs de Philippe Delorme sur l'enfant du Temple (repris dans notre Éphéméride du 19 avril : 2.000 : L'expertise ADN révèle que l'enfant mort le 8 juin 1795 dans la prison du Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette)
Le régime socio-économique choisi par le CNR à la Libération a produit un tocard. Plutôt que de le réformer progressivement ou à l'occasion, les gouvernements successifs l'ont aggravé par bêtise ou clientélisme.
Ce modèle affaissé découle aussi du régime politique choisi par le pays, dont le peuple s'est avéré immature jusqu'à ces derniers temps, cramponné qu'il est à la mangeoire de l'Etat-providence.
Il semblerait depuis peu que le lavage de cerveau cesse d'obscurcir les idées générales et que l'on comprenne enfin qu'une autre voie est possible en convoquant le risque et l'effort. Les plus lucides vont tester cette 'révélation' à l'étranger, mais vu la gravité de l'addiction, je reste sceptique pour la grande masse, celle qui fait les rois du jour.
C'est ce sur quoi compte ce gouvernement d'amateurs qui a décroché la timbale pour accroître notre déclassement par le triomphe d'idées mortes."