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Charles Maurras : "L'Avenir de l'Intelligence"

1868 : Naissance de Charles Maurras; son "Avenir de l'Intelligence" raconté à tous...

  (Voir notre Feuilleton "Une visite chez Charles Maurras", disponible aussi sous forme d'Album)

 

"Maurras est un continent", selon le mot si juste d'Albert Thibaudet, remis au jour avec bonheur par Stéphane Giocanti, mais ce continent est enfermé par la conspiration du silence du Système dans un cercueil fermé à double tour; et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c'est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé élaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens étymologique et premier du terme, c'est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes.

Le Système ne s'y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux (voir notre Pdf M. le Maudit)

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Maurras rencontrera Jacques Bainville alors que celui-ci n'avait que vingt ans; puis Léon Daudet lorsque celui-ci en avait trente-six (en 1904): que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique...

Lorsqu'on parle de Charles Maurras, de Léon Daudet et de Jacques Bainville, c'est  peut-être la première chose qu'il convient de signaler (voir l'Éphéméride du 9 février - naissance et mort de Jacques Bainville; l'Éphéméride du 20 avril - naissance de Charles Maurras; l'Éphéméride du 1er juillet - mort de Léon Daudet; et l'Éphéméride du 16 novembre - naissance de Léon Daudet et mort de Charles Maurras)...

Ce cas unique d'amitié a été magnifiquement évoquée par Jacques Bainville dans les quelques mots de remerciements qu'il prononça au siège du journal, à l'occasion de son élection à l'Académie française :

Vertu de l'amitié

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Acte de naissance de Charles, Marie, Photius Maurras 

 

1A.jpgDe Charles Maurras, Jean Paulhan (ci contre), esprit libre s’il en fut, disait, en 1921 : "Maurras ne nous laisse pas le droit en politique d’être médiocres ou simplement moyens". Et, en 1932, qu'un jeune homme désireux de s'engager politiquement n'avait de véritable choix qu'entre Karl Marx et Charles Maurras.

Enfin, en 1945, alors que l'on venait de condamner Maurras pour "intelligences avec l'ennemi", il lui écrivit, lui le résistant de la première heure : 

"Je n’aurais jamais cru que vous nous fussiez si nécessaire..."

Mais comment évoquer, donc, celui qui - nous l'avons vu - pour reprendre l’heureuse formule, est à lui tout seul "un continent" ? Pierre Boutang (Maurras, la destinée et l’œuvre), Jacques Paugham (L’âge d’or du maurrassisme), Stéphane Giocanti lui-même (Maurras, le chaos et l’ordre), d’autres encore, ont eu besoin de gros bouquins, de plusieurs centaines de pages chacun, pour en parler, et l’on essaierait, dans de simples éphémérides, de faire le tour de la question ? Ce serait prétentieux.

Pourtant, on peut, et on doit, parler de Charles Maurras car - nous évoquions Paugham - il y a une jeunesse de Maurras – intellectuellement s’entend - un âge d’or, un printemps de Maurras qui ne passent  pas, et qui nous le rendent étonnamment proche, et curieusement fort contemporain de ce qui est pour nous quelque chose d’immédiat et de malheureusement bien réel : l’Âge de fer dans lequel nous vivons, et dont il a expliqué l'avènement...

Là est la source de la présence de Maurras parmi nous, de son actualité, de la permanence de ses intuitions, de sa jeunesse. Pour parler comme on le fait aujourd’hui, oui, Maurras a quelque chose à nous dire, et ce quelque chose est majeur, fondamental et, toujours pour parler comme aujourd’hui, incontournable.

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De quoi s’agit-il ? De ceci, qui est énorme et qui fonde à soi seul, l’actualité de Maurras :

  • il est le premier, et jusqu’à présent le seul, à avoir analysé dans son ensemble le processus qui, à partir du XVIIIème siècle et des Lumières, nous a amenés là où nous en sommes aujourd’hui;
  • il est le premier, et jusqu’à présent le seul, à avoir décortiqué pour ainsi dire, minutieusement et presque cliniquement, ce processus qui a abouti à la prise du pouvoir généralisé par les forces de l’Argent qui, depuis la grande Révolution de 89, et à partir d’elle, et grâce à elle, sont parties à la conquête du monde entier dans tous ses rouages, plus aucun pouvoir basé sur la Culture, la Religion, l’Histoire, les Sentiments ne s’opposant à elles.

La prétention insensée des écrivains, penseurs et philosophes du XVIIIème siècle à sortir de leur rôle, et à s’ériger en organisateurs du monde réel, n’aura finalement eu comme conséquence finale que celle-là : asservir le monde, et eux-mêmes également, à ces forces matérielles qui nous oppriment maintenant, et nous font vivre dans un véritable Âge de fer. Cette magistrale démonstration, dont on ne peut évidemment faire l’économie si l’on prétend comprendre les faits les plus actuels, et, plus encore, si l’on veut en sortir, Maurras l’a faite en 1901, dans un immense petit livre : L’Avenir de l’Intelligence.

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Cent ans qu’il a été écrit, et il nous parle d’aujourd’hui, de notre réalité quotidienne, nous expliquant d’où viennent nos maux et quelle en est la source. Maurras y est moderne parce qu’intemporel, un peu comme dans  le XXIVème chapitre de Kiel et Tanger, dont Pompidou recommandait la lecture à ses étudiants, affirmant que, président de la République française en exercice, ce livre de Maurras ne quittait pas sa table de chevet.

Nous "raconterons" donc, ici, rapidement, cet immense petit ouvrage, sans prétention autre que d’aiguiller le lecteur et l’inciter non seulement à ne pas se détourner, à ne pas "désespérer" de Maurras, mais, bien au contraire, à se tourner vers ce qui est l’essentiel de lui, après l’inévitable élagage opéré par le temps, pour Maurras comme pour tout écrivain, tout penseur et, plus prosaïquement, tout homme.

Par quelle curieuse exception Maurras échapperait-il à la loi commune régissant toute personne ? Il n’est que trop clair qu’un Maurras a disparu, pour toujours. Mais les tragédies de Voltaire n’ont-elles pas disparu ? Et qui lit encore Sully Prudhomme, premier Prix Nobel de littérature ? Oui, il y a, bien évidemment, un Maurras qui a sombré corps et bien, car c’est tout simplement la loi de la nature.

Mais justement, lorsque le temps a fait son œuvre, on ne voit subsister et surnager du grand naufrage commun que l’essentiel, et ce qui ne meurt pas. Nous évoquions Kiel et Tanger et L’Avenir de l’Intelligence (cette liste n’est pas limitative !...). C’est vers ce Maurras-là, toujours vivant, toujours jeune, toujours fécond; vers ce printemps qu’il continue de représenter que nous invitons  à se tourner; comme vers une boussole indispensable qui indique, imperturbablement, et quelles que soient les apparences présentes, la bonne direction… 

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Voici donc L’avenir de l’intelligence brièvement "raconté" à tous, résumé, pour tous... 

       

Au XVIIIème siècle, il s’est passé en Europe quelque chose qui tient du miracle. Les gens qui ont eu la chance de vivre à cette époque ont profité – bien involontairement -  d’une chance extrême. L’Europe en général, l’Europe de l’Ouest surtout, et dans l’Europe de l’Ouest, la France encore plus particulièrement, était dans un état de développement et dans une dynamique de progrès telle que toutes les couches de la population se trouvaient, objectivement, dans une situation enviable; et dans ce que l’on appellerait aujourd’hui le "peloton de tête".

Certes, le progrès matériel était ce qu’il était, et l’on ne disposait bien sûr pas de tout ce qui adoucit aujourd’hui (mais avec les revers de la médaille...) notre quotidien. À bien des égards et sous bien des aspects, la vie que l’on menait alors était encore rude, surtout si on la compare avec nos standards d’aujourd’hui. Cependant, les choses étant ce qu’elles sont, et ramenées au contexte de l’époque, nos ancêtres ont eu de la chance de vivre à ce moment-là. Et tous nos ancêtres, y compris ceux qui faisaient partie de ce que l’on appelle familièrement "le peuple", ou "le petit peuple", "les petites gens". Même pour les petites gens, en effet, la vie était infiniment plus douce - ou moins rude, comme l’on voudra - en France que partout ailleurs en Europe. Et en Europe plus que partout ailleurs dans le monde.

L’optimisme était permis : il était d’ailleurs largement pratiqué, si l’on peut dire, et par toutes les couches de la population…

Et l’on connaît la phrase fameuse de Talleyrand (ci dessous) :

"Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre…"

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Objectivement, donc, et sans idéaliser cette époque-là – qui restait certes difficile, qui  connaissait bien sûr maladies et épidémies, où l’on ne vivait généralement pas  aussi longtemps qu’aujourd’hui… - on est bien obligé d’admettre qu’il s’est agi d’une époque faste. Pour l’Europe en général, et pour la France en particulier. Jacques Bainville n’enviait-il pas les penseurs de cette époque, ajoutant toutefois que l’on aimerait bien les voir aujourd’hui, dans l’univers de feu et de sang que les rêveries révolutionnaires ont amenées…

Mais précisément, si cette époque fut une époque heureuse, il s’est passé quelque chose à ce moment-là qui mérite d’être bien pris en compte, et correctement analysé.  Il s’est passé que les penseurs, les philosophes, les écrivains etc..  ont commis comme une sorte de péché d’orgueil. Ils se sont laissé saisir par le vertige. La douceur de leur époque a dû les persuader - à tort... - qu’il en serait toujours ainsi à l’avenir, que le progrès était un fait acquis, pour ainsi dire, pour toujours, et qu’il n’y avait plus qu’à penser le monde. Parce qu’ils vivaient bien ils ont dû croire que l’on vivrait toujours bien, surtout après que l’on ait appliqué les remèdes qu’ils allaient inventer pour arriver à la perfection. Et ils ont imaginé, et ils ont rêvé, et ils ont promis. Du genre "Le bonheur est une idée neuve en Europe…". Ils ont cru qu’ils allaient organiser le monde rationnellement et, comme on le dit familièrement, que l’on allait voir ce que l’on allait voir…

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"Le bonheur est un idée neuve en Europe" (Saint Just, 15 ventôse an II - 3 mars 1794)

 

Ont-ils entendu, eux aussi, le Serpent leur murmurer "Vous serez comme des Dieux…" ?  Toujours est-ils qu’ils se sont pris pour des dieux, organisateurs et ré-organisateurs du monde. Des démiurges. Sans imaginer peut-être au début que ces dieux pour qui ils se prenaient allaient vite être cent fois, mille fois plus terribles et plus durs que le Dieu d’Amour dont ils n’allaient pas tarder à décréter la mort. Car à eux tout allait devoir obéir, et sur tout : c’est ainsi que parleraient la Convention, Hitler et Staline; et sinon ce serait la mort…

Ces orgueilleux, avec leur Foi absolue en la toute puissance, sans limite, de la Raison (leur idole, leur abstraction intellectuelle) auraient-ils pu avoir la prémonition que leur raison triomphante déboucherait sur le scientisme du XIXème siècle, et les totalitarismes du XXème ?

Et  ils ont prétendu sortir de leur rôle légitime; ils ont prétendu s’accaparer – illégitimement bien sûr - un  pouvoir sur la société, un pouvoir de diriger la société, ce qui n’est évidemment pas directement leur rôle. Leur rôle naturel et légitime est de penser, d’exprimer des idées, de les combattre, de les opposer entre elles pour nourrir et alimenter les débats, faire progresser la réflexion; et c’est de cette manière que les élites intellectuelles sont faites - pour ainsi dire - pour éclairer l’opinion. Là elles sont pleinement dans leur rôle, légitime et fécond. Il n’en demeure pas moins que ce pouvoir légitime ne se double pas d'un pouvoir politique direct sur  la société .

Or, en cette période heureuse de l’histoire de l’humanité, c’est précisément le rêve fou que les intellectuels ont fait; la prétention qu’ils ont élevée. Ils ont voulu sortir de leur rôle traditionnel, ils ont voulu s’arroger un pouvoir nouveau, inédit, celui de dire souverainement et définitivement le vrai et le bien, et où étaient le vrai et le bien. Car qu’est-ce, au fond, que cette théorie, cette doctrine du despotisme éclairé ? Sinon le fait – pour eux, les philosophes - de prétendre que le Roi, le Souverain convient parfaitement, si et seulement si il applique et met en pratique les idées, les thèses que eux, auront définies. Les vérités que eux, auront affirmées, car eux connaissent le Vrai, le Beau et le Bien…

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Illusions et aveuglement des "Princes des nuées" ! Clemenceau :

"Nous nous acheminons, non sans heurts, vers la souveraineté de l’Intelligence".

 

N’est-ce pas là s’arroger, peu ou prou, un rôle totalement inédit dans l’Histoire, de direction, de gestion directe des affaires de la Cité, par despote éclairé interposé ? Celui-ci n’étant en somme plus que le truchement – comme aurait dit Molière, en s’en amusant - par lequel s’écoulait la sagesse, de ceux qui l’avaient – la caste d’en haut, les intellectuels, les élites…- vers ceux qui ne l’avaient pas – ceux d’en bas, le peuple, le "vulgaire"  (1) -… Il faut se souvenir de cette sorte de prophétie de Clemenceau : "Nous nous acheminons, non sans heurts, vers la souveraineté de l’Intelligence". Illusion de souveraineté et rêve de domination qui ne furent finalement qu’une fausse prophétie, qui devait être démentie par les faits et les malheurs arrivés à ceux qui les ont nourris, et aussi, hélas, aux autres !…

N’y a-t-il pas eu là une sorte de détournement de pouvoir ? D’abus de pouvoir ? Et, pourquoi ne pas le dire crûment : un péché d’orgueil  (2) ? Cette insurrection de ce que Maurras appellera plus tard l’Intelligence est quelque chose, vue deux siècles après, de réellement fascinant…

Maurras, justement est le premier à avoir analysé cette prétention folle, insensée. Deux siècles environ après qu’elle ait été proclamée, il a écrit ce petit livre très court, prophétique et brillant, L’Avenir de l’Intelligence, dans lequel il démonte avec lucidité ce mécanisme, et ce à quoi il a abouti; c’est-à-dire, à leur grand étonnement s'ils revenaient aujourd’hui, au contraire de ce à quoi les intellectuels de l’époque avaient rêvé et aspiré !...

Cette prétention folle de l’Intelligence à se libérer de tout, à s’émanciper de tout, et à se proclamer soi-même source de tout, à se définir soi-même comme le tout aura tout simplement abouti en fort peu de temps – deux siècles : mais, qu’est-ce que deux siècles, en regard de l’histoire de notre civilisation ?... - à l’inverse absolu du but qu’elle s’était fixé. Non seulement les philosophes, penseurs, écrivains etc... n’auront pas pris le pouvoir, mais encore ils auront au final été asservis par le pouvoir, et par les formes les plus basses, les plus viles, les plus barbares et les plus misérables du pouvoir : les forces de l’argent, de la matière brute.

On constate qu’au XXème siècle déjà, et plus encore au XXIème siècle, l’Intelligence est asservie comme Maurras le sent, le montre et l’analyse parfaitement dans son livre intemporel, et donc fondamental. Ce règne de l'Argent-Roi est en fait un Âge de fer : Maurras est le premier à l’avoir dit, il est le seul à l’avoir analysé aussi clairement, aussi lucidement, aussi globalement :

"De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d’or, qui sont d’une autre chair que nous, c’est-à-dire d’une autre langue et d’une autre pensée."

À moins que...

Cependant, il n’est pas dans la nature du maurrasisme que de céder à la tentation pessimiste. L’Or peut être vaincu et l’alliance de L’Intelligence avec le Sang restaurée. Ce salut pour l’écrivain, "le plus déclassé des êtres", est possible sous deux conditions :

  • le renforcement en France du catholicisme en tant que "croyance autonome de l’esprit pur",
  • et la reconstitution progressive de l’ancienne alliance à travers une contre-révolution.

En tout ceci, Maurras est puissamment moderne. Il rend un service aujourd’hui  indispensable. Et il est présent bien au-delà de ce que pensent certains. Il est tout simplement incontournable, comme on dit dans le jargon. Il est, lui, le penseur qui a proposé la première analyse d’ensemble, globale et cohérente, de cet immense ratage, sur deux siècles.

Et cette lumineuse analyse de L'Avenir de l'Intelligence - ce livre très court que Boutang appelait un "immense petit livre"... -  reste pour l’instant la seule dont dispose par exemple un Finkielkraut – lui qui a écrit sur la Défaite de la pensée… - qui constate l’effondrement du Savoir, et que nous sommes la première génération dont les élites seront sans culture…

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(1) : On observera avec intérêt à ce sujet, et sans tomber dans la polémique, l’idée que se faisait un Voltaire du peuple : en voici trois exemples, édifiants !... :

  • "Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes... Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu..." (Lettre à M. Damillaville, 1er avril 1766, dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Lefèvre, 1828, t. 69, p. 131);
  • "À l’égard du peuple, il sera toujours sot et barbare... Ce sont des bœufs auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin." (Lettre à M. Tabareau, A Ferney, 3 février 1769, dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Delagrave, 1885, t. 69, p. 428);
  • "Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit; il n’est pas digne de l’être." (Lettre à d’Amilaville, 19 mars 1766, dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1862, t. 31, p. 164);

 

(2) : Comment n’ont-ils pas vu ou pas pressenti,  ces intellectuels de qualité et de haut niveau, que leur nouvelle Foi, au fond très naïve, non plus en un Dieu bon, un Dieu d’amour que l’on rejette, mais en la Raison, va produire justement un raisonnement systématique et desséchant, car il devient Système en soi, pour soi, et autour de soi; il envahit tout l’espace; élimine tout, autour de lui, à commencer par les dures réalités, les contraintes du quotidien, dont on décrète un peu vite que l’on va s’affranchir et se libérer. On pense, un peu vite, que les Lumières vont dissiper les Ténèbres.

Mais les soi disant Ténèbres ce sont ces réalités qui font la vie quotidienne; la raison se met à les nier, à les combattre; elle devient ainsi de plus en plus virtuelle, éloignée et coupée de ces réalités, du monde vrai dont elle se découple pour ainsi dire… L’idée, les idées, à ce stade deviennent de l’idéologie, dès qu’on s’est affranchi de tout et que l’on a décidé qu’on allait recréer ce monde, décidément trop imparfait : nazisme et marxisme-léninisme ne sont pas loin...

C'est Gustave Thibon qui a raison :

"La société devient enfer dès qu'on essaie d'en faire un paradis"...

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Charnier vendéen...

 

 Le même Saint Just qui parlait du "bonheur...idée neuve en Europe" devait donner une surprenante suite à ces propos angéliques :

"Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres"...

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