1920 : Parution de "Les conséquences économiques et politiques de la paix", de Jacques Bainville; ou : Bainville contre Keynes...
On pourrait tout aussi bien dire : Bainville "contre" Keynes, au sens où les sportifs emploient le terme de "contrer" l'attaque d'un adversaire, et de l'empêcher...
Ce cri de colère - politique... - de Bainville répond en effet pour ainsi dire du tac au tac à un scandaleux ouvrage - se voulant purement économique - de Keynes, qui, prenait ouvertement parti pour un traitement amical envers l'Allemagne :
Keynes expliquait (!) qu'il fallait non pas dissoudre l'Empire allemand (qui n'avait que 48 ans d'existence...), comme le réclamaient les royalistes français (et aussi tous les patriotes et les "lucides"...) mais au contraire intégrer la nouvelle Allemagne (!) dans l'économie européenne, pour renforcer celle-ci et, croyait-on, préserver l'Allemagne de ses vieux démons, en la rendant "démocratique" : "Les Princes des nuées", tel est le titre d'un livre de Maurras, qui s'applique directement à de telles croyances niaises mais mortifères, comme l'Histoire allait très vite le montrer...
Les théories fumeuses de Keynes - mais aussi d'un grand nombre d'anglo-saxons, notamment le malfaisant président des État-Unis, Woodrow Wilson - allaient directement contre les intérêts vitaux du peuple français, et son livre était à ce titre malfaisant au dernier degré. D'où la réponse immédiate, énergique et d'une fureur contenue de Jacques Bainville...
Dans notre Album Maîtres et témoins... (II) : Jacques Bainville voir les deux photos consacrées à ce débat : "Les conséquences politiques de la paix (1) et " "Les conséquences politiques de la paix (2)"
Et, sur l'action néfaste elle aussi du président des États-Unis Woodrow Wilson, voir l'Éphéméride du 3 février...
Ce n'est pas la première fois que les deux textes sont publiés côte à côte. Cependant, à quatre-vingts ans de distance, l'Histoire a parlé, elle a montré qui avait raison...
Le texte de Bainville parle très peu d’économie. Or le point de vue économique intéressait au premier chef l’opinion britannique ou américaine. En France en revanche, "Les Conséquences politiques de la paix" passa pour ce qu’il est : un chef d’œuvre de l’analyse géopolitique.
L’auteur y montre en particulier qu’en démantelant l’Autriche-Hongrie sans démanteler de manière similaire l’Empire allemand, les négociateurs de la Conférence de Paris ont détruit, au centre de l’Europe, les conditions de l’équilibre européen. Il décrit, en 1920, avec une précision étourdissante, la manière dont une Allemagne révisionniste s’y prendra pour reconstituer sa puissance : annexion de l’Autriche; conquête de la Pologne; éclatement de la Tchécoslovaquie.
Il n’y manque rien, même pas la durée de vie de l’ordre de Versailles : une vingtaine d’années...