Grandes "Une" de L'Action française : 21 Mars 1908 / 21 Mars 1928, "l'article des vingt ans", envoyé par Daudet depuis son exil en Belgique...
(retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")
Le premier numéro du quotidien parut le jour du Printemps, le 21 Mars 1908. Vingt ans plus tard, Léon Daudet est en exil, en Belgique, pour "crime de paternité", après l'enquête qu'il a menée pour faire éclater la vérité sur l'assassinat de son fils Philippe (quatorze ans !).
Il s'est réfugié là-bas après l'énorme canular des Camelots du Roi, qui l'ont fait sortir de la Prison de la Santé, et qui ont mis de leur côté tous les rieurs de France (et d'ailleurs...) !
Il fait pourtant parvenir, tous les jours, son article au Journal (dont le siège est, alors, Rue de Rome). Pour le 21 Mars 1928, il écrit, tout naturellement, "l'article des vingt ans" : voici le lien conduisant au numéro du lendemain, Jeudi 22 Mars 1928, dans lequel se trouve cet article, en "Une", évidemment :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7633570/f1.image
Comment l'article de Daudet arrivait-il, chaque jour, depuis l'exil ?...
Dans "L'action française racontée par elle-même", Albert Marty raconte (pages 277/278) :
"...Quatre-vingt mille hommes cherchaient partout Léon Daudet. Il était signalé dans tous les coins de France. On ne le trouvait jamais.
Mais chaque jour, à la "grande colère des dindons", son article arrivait rue de Rome et paraissait dans "L'Action française".
Le secrétaire de la rédaction, Bernard Denisane, pilote remarquable (il fut pendant la guerre de 1914-1918 un des grands as de l'aviation de bombardement) mais aussi spirituel chansonnier bien connu sous le pseudonyme de Jabon, indiquait, d'une façon humoristique, comment il l'avait reçu :
"Par fil spécial, par pigeon voyageur, par téléphone (standard clandestin), par T.S.F. (transmission sans facteur), par télégraphe Chiappe, par le cabinet noir, par sphérique, par signalisation optique, par le vaguemestre des brigades centrales, par la voie ordinaire, par tous les moyens, par la valise diplomatique, par notre souterrain, "Pedibus cum jambis", par l'huissier du Parquet général, par cornet acoustique, par télépathie, via Malte et Singapour, par la tangeante, Namur via Larache, par sismographe, par catapulte, tombé dans notre cheminée, attaché aux basques d'un hambourgeois de planton devant l'A.F., par le courrier de Lyon, par la malle des Indes, aux bons soins de Z... notre ami bien connu, sur l'aile du zéphir, par la voie lactée, via London (Géo)..."
(Cliquez sur les images pour les agrandir)