"Macron-le-fini", "Macron-sur-le-départ" (il aurait du démissionner après sa dissolution aussi insensée que ratée, mais, enfin, on n'a plus qu'un an et cinq mois à le supporter !); Macron, donc, a joué les fier-à-bras en déclarant, pompeusement, qu'il "avait décidé" de doter la France d'un nouveau porte-avion, s'attribuant, en somme, le mérite de cette information, qui n'en est pas tout à fait une (et même, en réalité, pas du tout !)...
Car le remplacement du Charles de Gaulle était prévu depuis longtemps, et les études budgétées, elles aussi, depuis longtemps. Des éléments sont même déjà construits ! Mais, passons sur cette fanfaronnade de gamin (le mot, on le sait est de Luc Ferry) et allons à l'essentiel :
• il est en soi réjouissant et rassurant de voir et savoir la France capable de construire un navire aussi grand, beau et puissant que celui qu'on nous annonce : malgré ce Système qui - tel la tunique de Nessos - nous déclasse et nous tue à petit feu, la fertilité du Peuple français persiste à ne pas vouloir mourir, et - on dirait presque - à se jouer de la stérilité des institutions de la république idéologique...
• cependant, et tout le monde le sait et le dit, ce n'est pas un mais deux porte-avion qu'il nous faut. Les études "générales" étant faites (et elles entrent pour une part importante dans le prix de dix milliards qu'on nous annonce pour ce futur fleuron de "la Royale"), lui construire un petit frère ne serait pas, loin de là, doubler le budget.
Pour prendre un exemple (même si "comparaison n'est pas raison", mais c'est pour donner une idée de la chose) évoquons, la reconstruction - que nous souhaitons - du Palais des Tuileries et du château de Saint Cloud. Nous sommes là, bien entendu, dans un domaine totalement différent de celui du futur (des futurs ?) porte-avion, mais on va voir qu'en réalité... pas tant que cela !... En effet, lorsque l'on veut, ou doit reconstruire, un monument historique, les architectes sont d'accord pour dire que, en gros, si les fondations sont bien conservées, en bon état (et elles le sont dans les deux cas évoqués plus haut) cela représente une somme qui peut aller jusqu'à, environ, le tiers des dépenses de la reconstruction. Il en est de même pour le futur porte-avion : les études générales représentent une part importante des dix milliards annoncés; construire, donc, deux porte-avion n'est donc pas doubler le prix - en l'occurrence, passer à vingt milliards - mais, au contraire rationnaliser et rentabiliser l'immense effort des ingénieurs et spécialistes qui ont réalisé ces études. Et, pour les matériels, une fois qu'une commande d'aciers spéciaux, d'optiques ou de quoi que ce soit est passée, l'augmenter n'est pas non plus doubler le prix; ce qui fait que, le plus gros de l'effort étant fait, pour le premier navire, il est vraiment plus sage et plus économique d'en faire deux; on obtient même, souvent, de meilleurs prix en augmentant la commande...
• et puis, ne l'oublions pas, tout ce qui est "commandes militaires" - et dans tous les domaines : du César au Rafale, en passant par les hélicoptères ou les navire... - nous enrichit directement et nous permet de garder nos compétences, nos cerveaux, notre matière grise car, à plus de 80%, "la France" commande à "la France", fait travailler "la France" au lieu d'importer et d'enrichir les autres...
• dernière réflexion, pour aujourd'hui, sur ce sujet dont nous reparlerons forcément, et beaucoup, dans les mois à venir : elle est de l'ordre du symbole, mais quoi de plus important et nécessaire que les symboles ? Le nom de cette prochaine pépite (ces prochaines...). Dans une riche liste de possibles, nous proposons en tout premier lieu, le Richelieu. Ou : le Suffren; ou : le Vauban. Ou encore, pourquoi pas : le Jeanne d'Arc (car faire toute leur place aux femmes - dans l'Armée comme ailleurs - est la chose la plus raisonnable et profitable qui soit...)

Image de synthèse du remplaçant du "Charles-de-Gaulle", pour une mise en service en 2038. Avec un équipage de 2 000 marins, il pourra embarquer trente avions de combat, plusieurs types de drones aériens et de nombreux systèmes de guerre électronique. Et catapulter deux avions en 30 secondes (au lieu d'un aujourd'hui) et peut-être trois...

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