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  • Le Comte de Paris s'exprime....

            La Famille de France continue d'affirmer, de renforcer sa présence dans tous les domaines, et de gagner, ainsi, en visibilité. La naissance du Prince Gaston, la brillante représentation par la Princesse Philomena de notre pays aux obsèques d'Otto de Habsbourg, le voyage du Prince Jean, Dauphin de France, - au même moment ... - en Asie centrale, et, prévue pour janvier, la deuxième naissance dans le couple princier : voilà quelques uns des derniers évènements qui ont marqué ces derniers mois, et conforté les perspectives d’avenir de cette Famille de France....

            Il y a eu, aussi, cet entretien accordé par Monseigneur le Comte de Paris à L'Action française 2000, que nous reproduisons ci-après, et dans lequel le Prince rappelle quelques vérités bien venues.  

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    L’Action Française 2000 : Monseigneur, quel bilan économique et social tirez vous de l’année écoulée ?

    SAR Monseigneur le comte de Paris : Le mal dont souffre la France est mondial. La crise n’est pas seulement financière, elle touche l’économie du monde et par ricochet les classes moyennes et surtout les plus défavorisés. Dans les temps anciens, les premières monnaies étaient frappées à l’effigie des dieux puis à celle des rois dont l’image était inscrite dans l’or, l’argent ou le cuivre. Tels les dieux, ils étaient garants du bien-être des hommes et donc de la monnaie source d’échanges. Apparut alors la République sans visage et anonyme. Le papier remplaça le métal bien qu’il demeurât convertible en or. De nos jours, la monnaie est devenue virtuelle, ce qui vient à dire qu’elle ne repose que sur du vent ou des impulsions électroniques. Depuis les accords de Breton Woods, au lendemain de la dernière grande guerre, le dollar qui garantissait cette illusion devient lui-même illusoire. Ceux qui détiennent actuellement des créances sur les États-Unis d’Amérique peuvent se réveiller, demain, comme tant de Français lors des emprunts Russes en 1917, avec seulement du papier qui ne vaudrait plus rien, des souvenirs égarés.

    Cet engrenage mortifère doit impérativement être repensé, et les dirigeants d’Europe comme ceux du G20 doivent édicter des règles strictes et contraignantes, de sorte que les banques tout comme les traders et les spéculateurs n’outrepassent pas des bornes fixes, afin de ne plus mettre en péril l’économie du monde. Règles assorties de sanctions sévères, comme il en existe pour les citoyens qui ont été incités à se surendetter.

    Une société, à l’image du corps humain, a nécessairement besoin que son sang circule de façon à irriguer la plus lointaine petite cellule. Or actuellement, comparable au sang, l’argent est aspiré à sens unique vers les sphères multinationales de plus en plus inaccessibles et ne retourne pas vers les plus modestes cellules du corps social. Il y a carence, il y a un début de gangrène, il pourrait y avoir embolie. Et ce ne seront ni les perfusions forcées, ni les dialyses imposées qui régleront durablement le problème. Il ne sera que déplacé.

    Le Français, sans plus de points d’appui, se trouve déséquilibré et déboussolé. La confusion saisit cette nouvelle tour de Babel et s’installe à presque tous les niveaux de la société, faisant exploser notre monde en un kaléidoscope de factions trop souvent hostiles les unes aux autres. Une société sans objectif autre que l’argent, sans âme et sans amour, est vouée à la destruction. Notre époque qui a tant besoin de signes pour espérer ne reçoit de ceux qui, par essence, devraient nous réconforter, que des réponses pieuses ou politiquement correctes et trop souvent sans rapport avec la réalité vécue au quotidien et sa nécessité vitale. Or la France n’a pu se bâtir - comme les pyramides d’Égypte - que dans un acte de foi et de solidarité, et dans le respect des principes qui l’avaient fondée.

    AF/2000 : Face à ces défis, comment analysez vous l’action de l’État et celle de la classe politique ?

    Monseigneur : Une "règle d’or" vient d’être proposée par l’Allemagne et la France. Déjà, quelques pays y adhèrent. Il est nécessaire et urgent que l’Europe en son ensemble adopte ce concept de réduction drastique des déficits publics. Encore faut-il s’entendre sur la méthode et les moyens d’y parvenir. Lorsque l’on sait que 54 % du budget voté par le Parlement se perd dans les sables mouvants de l’État, il y a gabegie et une gestion irrationnelle et discordante. Dans ce pourcentage, les budgets de l’Éducation nationale et celui des Armées ne sont pas pris en compte, pourtant essentiels pour une nation. Devrait-on en venir comme dans la nuit du 4 août 1790 à la suppression des nouveaux privilèges ? C’est une hypothèse à ne pas écarter. Avant d’en arriver à cette nécessité, à cette urgence, examinons le présent et préparons l’avenir pour les générations qui nous suivent et celles qui viendront. L’apocalypse, si souvent annoncée pourrait aussi être désignée par le terme de mutation en profondeur de nos systèmes de gouvernance. La réduction du temps de gouvernance du Chef de l’État, quel qu’il soit, me semble une aberration. Gouverner, c’est prévoir, dit le dicton. En un si court laps de temps, cela devient impossible. Alors que, par ailleurs, les partis d’opposition, en France, démontrent plus d’intérêt pour leur propre accession au pouvoir, que d’amour véritable pour reconstruire notre pays.

    Pour ce qui concerne la "règle d’or", je suggère qu’une agence de surveillance impartiale et supranationale européenne soit mise en place pour veiller au bon déroulement de celle-là. Mais également pour exercer une surveillance nécessaire des banques, des assurances et des bourses et traders afin qu’ils ne dérèglent plus le système mis en place. En effet tout le système financier européen a nécessairement besoin de règles et de garde-fous et d’un "gendarme" pour y veiller.

    AF/2000 : Quelle forme d’Europe envisagez-vous ?

    Monseigneur : Telle qu’elle existe aujourd’hui, la constitution européenne m’apparaît non seulement inappropriée mais également totalement désordonnée. La monnaie unique doit pouvoir continuer d’exister car elle nous est indispensable désormais, sans pour autant atteindre des niveaux surélevés qui ne peuvent que nuire à nos exportations ainsi qu’à la vie au quotidien. En revanche, cette constitution arbitraire autant que dérisoire devrait être remise à plat pour un examen plus réaliste de ce qu’il est possible et souhaitable de faire ensemble.

    Il est plus clair que jamais, chacun des vingt-sept pays que l’on tente d’aligner sur un même schéma n’ont ni les mêmes possibilités, ni les mêmes attachements, compte tenu de leur propre culture d’origine à laquelle ils demeurent ancrés. Je proposerais que des thèmes communs, aussi importants que la défense, l’éducation, la fiscalité et certains aspects de la technologie (comme cela existe pour Airbus) ou même des recherches scientifiques (comme pour ITER) fassent l’objet d’alliances au cas par cas et sur un nombre d’années à fixer et, bien entendu, renouvelables si les résultats s’avèrent positifs.

    AF/2000 : Que pensez-vous de la politique étrangère de la France ?

    Monseigneur : La France n’est pas seule, elle participe, au sein de l’Europe, à l’élaboration d’une politique commune extérieure et concourt militairement à la force commune de l’OTAN, c’est un fait indéniable. De surcroît, l’Angleterre et la France possèdent une armée qui fournit sur le plan humain et celui de l’armement une force de frappe très conséquente (sans oublier la force nucléaire de dissuasion), bien supérieure au reste de l’Europe. Cet état de fait a amené le président de la République française à prendre ses responsabilités pour entraîner ses partenaires, non sans difficultés, dans des missions essentielles, comme en Libye, mission approuvée par l’ONU et soutenue par l’OTAN. Rien n’aurait été possible sans cet aval. Il faut aussi prendre en considération les bouleversements qui ont modifié l’échiquier méditerranéen depuis un an, secoué le monde arabe et l’Islam. Nous avons assisté au soulèvement "pacifique" mais parfois sanglant de populations qui aspiraient à la liberté et désireuses de mettre un terme aux dernières séquelles de féodalités obsolètes et souvent dictatoriales. Cela prendra encore du temps et de la douleur pour instaurer une véritable démocratie, mais les premières pierres de cette fondation ont été posées. Dans ce contexte, un grand pays islamique, de tradition moderne et démocratique, est demeuré stable, c’est la Turquie. Dans son isolement actuel, elle ne se prive pas d’agir. Elle frappe les Kurdes dans leurs bases en Iraq et y pénètre militairement, sans que personne n’ose bouger, et demain si la Syrie continue à provoquer des incidents de frontière, elle pourrait être tentée de mettre au pas son voisin du Sud. Par ailleurs elle aide les nouveaux régimes d’Égypte et de Libye à programmer leur reconstruction. Il n’y a qu’un pas pour faire renaître de ses cendres l’empire Ottoman. La France et l’Europe doivent revoir leur copie. La Turquie doit être arrimée à l’Europe par des liens forts et préférentiels. Une sorte de statut à part, sans pour autant s’installer dedans. Il faut trouver la sémantique adéquate pour ne blesser personne. Mais agir vite.

    AF/2000 : Quelle est votre vision de la royauté ?

    Monseigneur : La royauté, précisons-le, n’est pas une institution politique, un système parmi d’autres systèmes, mais un principe par surcroît spirituel. La royauté ne signifie pas : "pouvoir d’un seul". C’est le rappel le plus parfait au principe d’unité qui est le caractère essentiel de la fonction royale et qui a permis à la France d’être une et indivisible. Le roi n’a pas vocation à légiférer, d’ailleurs le vieux dicton du droit français dit : « Le Roi en son conseil. Les peuples de France en leurs États. » Séparation des pouvoirs et décentralisation étaient déjà de règle. En revanche, le roi incarne la tradition dont il est la mémoire historique, vivante et dynamique. Tout le monde sait qu’il existe sept royaumes, un grand duché et deux principautés en Europe. Ils incarnent l’identité de leurs peuples.

    Pour conclure, je suis intimement persuadé que la France a les moyens, les hommes et la richesse de son terroir pour accomplir la magnifique mutation que l’on attend d’elle : entrer dans la modernité du troisième millénaire, mais rien ne s’accomplit de durable, rien ne peut se faire sans justice et sans le respect de la dignité de l’être humain quel qu’il soit. J’ai lu ce jour cette phrase écrite par un philosophe péruvien, Fernand Carvello : « Je n’ai jamais cru les prophètes de malheur. À chaque fois que j’ai senti l’appel du chagrin, je me suis tourné vers la réserve d’espoir que nourrissent l’histoire de France et sa littérature. » Je laisse le dernier mot à Machiavel : « Il n’est rien de plus difficile de prendre en main, de plus périlleux à diriger, de plus aléatoire, que de s’engager dans la mise en place d’un nouvel ordre de choses. » Et pourtant, il le faut, et vite.

    Henri, Comte de Paris, Duc de France - 30 août 2011

     

  • Question financière, question politique, par Hilaire de Crémiers

    (Voici l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers parue dans le Politique magazine de septembre, n° 99)

    Malgré les propos d'Alain Minc et de Valéry Giscard d'Estaing, il n'y a plus aucune assurance à avoir dans le système financier et monétaire européen.

          Quelques chiffes : dans l’année qui vient, environ mille milliards d’euros de dettes – vraisemblablement plus –, inscrits dans le système bancaire européen, vont arriver, comme disent les financiers, à maturité. Dans les deux ans qui viennent, selon le dernier rapport du FMI, le besoin de refinancement des banques dans le monde s’élèvera à 3 600 milliards de dollars, sans doute bien davantage, car tout le monde ment ou dissimule. 

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    Les ministres des Finances signent le Pacte de stabilité européen....

            Les  banques européennes sont exposées non seulement à la dette souveraine grecque, pour laquelle elles ont déjà en partie provisionné, mais à toutes les dettes souveraines, toutes, et pour lesquelles elles n’ont pas encore provisionné et pour lesquelles il leur sera tout simplement impossible de provisionner. L’Europe ne pourra y pourvoir ; les États surendettés non plus. La Grèce, l’Irlande, le Portugal ont déjà entraîné le déblocage, tous comptes faits, de près de 350milliards d’euros, soit déjà versés, soit encore prévus. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), doté de 440 milliards, est dès maintenant au trois quarts entamé. Les mises du Fonds monétaire international (FMI) de 250 milliards, assurées ou seulement garanties, ne pourront jamais former qu’un complément. Quant aux fonds d’urgence de la Commission européenne, ils sont limités nécessairement à 60 milliards d’euros.

             Ces chiffres déjà énormes sont cependant dérisoires par rapport à ceux qui se profilent. Avec ce qui vient les ordres de grandeur changent.  Les chiffres se multiplient par dix, voire par cent. 

    L’Espagne où déjà les premières demandes de recapitalisation des banques s’élèvent à 75 milliards, l’Italie où, pour simple exemple, les banques françaises se trouvent engagées pour plusieurs centaines de milliards d’euros, vraisemblablement 400, en dépit de leur plan d’austérité, de l’inscription de la prétendue règle d’or dans leurs textes constitutionnels, seront évidemment dans l’œil du cyclone qui se prépare. Or les dettes cumulées espagnole et italienne que l’Europe devrait donc soutenir au cas où…, s’élèvent à 2 300 milliards. Qui peut, qui pourra, qui pourrait ?

     

    L’impossible dette française

            Et la France ? Car l’Etat français place sa dette et, même si elle est détenue, en raison de son apparente sécurité et de son rapport, pour une part importante par l’étranger, elle constitue aussi un placement obligé et obligatoire des fonds à la disposition des organismes financiers et bancaires français. Certes, il n’est pas question pour le moment de crier « au feu ». Les intérêts de la dette, déjà colossaux, et qui représentent la part la plus importante du budget annuel de la France, plus de 50 milliards d’euros, sont encore honorés. Mais les montants sont tels,–  plus de 1500 milliards d’euros qui s’accroissent et s’accroîtront nécessairement tous les ans, même en cas de réduction des déficits, sans compter les autres dettes cumulées de tous les organismes publics, parapublics, de toutes les collectivités et de toutes les grandes entreprises nationales –, qu’il n’est pas douteux qu’au moindre ébranlement la panique sera généralisée. 

            Ce qui est arrivé à la Grèce est peu de chose par rapport à ce qui risque de survenir. Et soudainement !

            Le Premier ministre, il y a quatre ans, avec sa fiche de comptes sous les yeux, avait déjà déclaré qu’il était à la tête d’un gouvernement d’un État en faillite. Bien sûr, virtuellement en faillite. Mais le passage du virtuel au réel en ce domaine financier se fait à des vitesses que personne ne peut contrôler. Le savent bien les chefs d’entreprise, les vrais banquiers, les financiers sérieux. Dire qu’un État ne peut pas faire faillite relève de l’utopie économiste. Ce n’est d’ailleurs pas pour ça qu’il doit nécessairement en mourir. La faillite peut être pour lui un assainissement. Cruel, terriblement cruel, en particulier pour les petits… Mais qui peut permettre de se relever… Comme en ont témoigné assez récemment quelques États d’Amérique du Sud.

     

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    Christine Lagarde et François Baroin : passage de témoins ?

     

     

    Vers le krach obligataire

            Le krach boursier de cet été n’est en fait qu’un prélude. Il était d’ordre essentiellement psychologique comme souvent les krachs boursiers qui atteignent des valeurs qui n’ont en elles- mêmes aucune raison d’éprouver de telles pertes. Tout se ramenait à des doutes, mais à des doutes fondamentaux dans une ambiance générale de récession économique et de déclin d’activité. Sauf que les entreprises du CAC 40 continuent à faire des bénéfices mais qui ne reflètent plus l’activité nationale.

            Mais que sera-ce quand frappera le krach obligataire ? Dans ces colonnes cette question est déjà posée depuis deux ans. Les États- Unis sans doute s’en sortiront parce qu’ils sont maîtres de leur dollar qu’ils imposent au monde. La dégradation de leur note n’a pas changé leur taux ni leur capacité de refinancement. Mais l’Europe ? Elle explosera. La BCE se voit contrainte de faire ce qu’elle s’était interdit de faire, injecter des liquidités dans le système bancaire européen pour sauver les banques et les États surendettés, autrement dit faire comme la FED aux États-Unis, racheter massivement des obligations d’Etat, mais qui valent quoi ? 

            La voilà bourrée d’actifs sans valeur qui seront appelés demain toxiques. Rien ne représente l’Europe dans ces papiers qui ne sont que des lignes électroniques, une Europe mythique d’ailleurs ! La prétendue garantie n’est donnée que par des Etats virtuellement en faillite et la caution de la BCE n’y ajoute rien. Le système bancaire européen ne peut que se gripper ; les  stress tests  de juin n’auront servi à rien.

            Christine Lagarde a pris la succession de Strauss-Kahn à la direction du FMI. Malgré les apparences, lui est très heureux d’en être libéré comme d’être libéré d’une présidence possible de la République française, car voilà quelque temps qu’il se doute de ce qui risque d’arriver. C’est à Christine Lagarde qu’il revient maintenant d’avertir. Elle sent la crise venir dans laquelle le FMI est lui aussi engagé. Elle exige, elle supplie que les banques européennes se recapitalisent… car elle sait trop bien qu’une partie de leurs actifs ne représente rien. A la grande fureur et indignation des banquiers français ! Et à l’encontre de tout ce qu’elle affirmait péremptoirement elle-même, il y a peu, quand elle était encore ministre de l’Économie et des Finances en France. Mais où se refinancer ? Comment se recapitaliser ?

     

    L’axe Paris-Berlin ?

            Nicolas Sarkozy aurait voulu que le deuxième plan de renflouement de la Grèce concocté en juillet soit rapidement mis en œuvre. Il le fait vite voter en France par le Parlement. Il s’imagine toujours que « le volontarisme » suffit à relancer la machine. Grave erreur de jugement. Il faut en politique comme en finance l’intelligence du long terme. En 2008, oui, il est intervenu et d’une certaine manière il a sauvé la situation, mais, sans s’en rendre compte, par le fait même, il préparait et aggravait la crise suivante qui faillit tout emporter en 2010 ; car cette fois-là c’était les Etats qui étaient engagés ! Et voici que cette action contribue à accentuer aujourd’hui la crise obligataire qu’il rend du coup inéluctable. Il y a là quelque chose de dramatique et qui devrait inciter à réfléchir pour l’avenir.

            La vérité est que tout le monde la pressent. Les Finlandais réclament à la Grèce la contrepartie d’une garantie réelle, autant dire qu’ils remettent en cause le principe même du plan. Les États européens renâclent ; le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager a fait savoir qu’il s’inquiétait « des conséquences sur la solvabilité des États membres qui se portent garants ». De la Slovaquie à la Pologne, nombreux sont ceux qui refusent ce qui s’apparente à une « Union européenne de la dette ». Les plus violemment hostiles sont naturellement les Allemands, tous partis confondus. Angela Merkel a dorénavant à faire face à une très forte opposition, y compris dans son propre parti où il est jugé qu’elle a fait trop de concessions aux stratégies de Nicolas Sarkozy. Elle-même a été obligée de déclarer que passe peut-être pour la Grèce dont le plan de soutien doit être voté prochainement au Bundestag, mais que l’Allemagne se refuse à augmenter le Fonds européen de stabilité pour subvenir aux cas de l’Espagne et de l’Italie. En attendant, d’ailleurs, la décision de la Cour suprême de Karlsruhe sur le principe même de ces plans.

            Autant dire que la confiance n’y est plus. Et sans confiance, plus d’économie, plus de finance. Non, le volontarisme de Sarkozy ne rassurera plus les marchés. Quand, interrompant ses vacances  en plein mois d’août en raison de la  précipitation de la crise financière, François Baroin, nouveau ministre de l’Économie et des Finances jette comme formule d’apaisement à l’opinion française et mondiale que cette crise ne peut déboucher sur une catastrophe puisque l’Europe, l’euro, la zone euro tiennent grâce à l’axe Paris-Berlin, il ressemble, sans qu’il s’en doute vraisemblablement, aux politiciens de la IIIe République qui se figuraient toujours que les choses finiraient par se plier à leurs vœux… D’où des phrases ronflantes à la Briand, à la Blum, à la Daladier, à la Reynaud… et la catastrophe est venue !

            « Il n’est pire dérèglement de l’esprit, disait fort bien Bossuet, que d’imaginer les choses telles qu’on voudrait qu’elles soient et non de les voir telles qu’elles sont en effet ». Il n’y a pas d’axe Paris-Berlin. Il y a, c’est certain, un axe Berlin-Berlin, peut-être un axe Berlin-Moscou. Paris en sera, une fois de plus dans l’histoire, pour ses frais. L’intégration européenne, telle que la France la souhaite et où elle met tout son espoir actuel pour se sauver elle-même de ses propres erreurs, n’aboutira concrètement qu’à un chaos et se traduira demain par un carcan budgétaire supplémentaire. Dans peu de temps, fort peu de temps, tout lui fera défaut.

            À l’heure où son activité économique ralentit, où son déficit commercial se creuse de manière dramatique, où le chômage ne cesse d’augmenter, où le nombre de créations d’entreprises baisse, où les Français en situation de pauvreté se comptent par millions, la France ferait mieux de songer à elle-même et de compter sur elle- même.

            Certes, François Fillon a proposé un plan de rigueur que Sarkozy a repris sans employer le mot et qui a du moins l’avantage de mettre les Français et les hommes politiques devant une dure réalité. 

            Quelques milliards à gagner encore cette année, dix milliards en 2012, en rabotant, annulant les niches fiscales, en taxant produits et transactions, en augmentant certains impôts et en imposant davantage les plus riches. Soit, ce n’est pas encore voté. Mais le système est si compliqué que, même en croyant bien faire, il peut s’ensuivre des conséquences négatives, à réformer indéfiniment de perpétuelles réformes. De toute façon, il faut se rendre compte que ces chiffres d’économies, sans doute nécessaires, restent dérisoires devant les chiffres évoqués dans cette crise. Réduire nos déficits, c’est bien. Mais est-ce suffisant ?

            La crise qui vient est telle qu’il faudra bien envisager de revoir le système en lui-même. Le déroulement des élections présidentielles dans ce climat délétère ne rendra que plus sensible la vraie question politique : rétablir une légitimité naturelle de l’État qui rétablisse le lien social français que le fonctionnement du système actuel est en train de dissoudre. Alors il sera possible de rétablir des finances saines. Le reste n’est qu’illusion. ■

  • A propos d'un article -excellent - de Marc Fumaroli : retrouver les bienfaits du ”temps long”, alors que notre Système p

                Il manque quelque chose dans nos Institutions. Et, pour être plus précis, quelqu’un, qui incarne et représente en permanence, sur le temps long, la réalité nationale.

                Un peu comme, à l’Académie française, on a un Secrétaire perpétuel,  la France doit retrouver ce qu’elle a eu jusqu’à la coupure révolutionnaire, et dont la prive depuis plus de 130 la République idéologique : le Roi, arbitre, qui surplombe les contingences, et qui incarne et représente ce « sens de l’Etat » dont parle Marc Fumaroli, dans son excellent article du Monde du 1er octobre, que nous reproduisons ci dessous in-extenso.

    P.S. : ajoutons -toujours tirée du Monde - la Tribune de Jean Clair : La manipulation financière du marché de.pdf. : "...La manipulation financière du marché de l'art a réduit les œuvres à de simples marchandises et a donné de la valeur à la pacotille kitsch des Koons ou des Murakami.... Du culte à la culture, de la culture au culturel, du culturel au culte de l'argent, c'est tout naturellement qu'on est tombé au niveau des latrines..."

    L'Etat, le patrimoine et "le business des biens culturels"

    On ne peut réduire à une simple opposition de goûts l'actuelle exposition de jouets japonais contemporains, de grande marque et de grand prix, dans le château de Versailles, traité en vitrine publicitaire. Cette confusion des genres (choquante pour les uns, intéressante pour les autres) est le révélateur d'une dérive de beaucoup plus longue haleine, et qui déborde l'esthétique, bien que celle-ci ait beaucoup à dire en cette affaire.

    J'ai dénoncé en 1992, dans L'Etat culturel (LGF), les débuts de cette dérive. Au nom noble de la démocratisation culturelle, l'Etat, non content de veiller sur le patrimoine national dont il a la responsabilité, se prenait déjà pour un mécène d'avant-garde. Et de subventionner et d'héberger le rock, le rap, le tag et autres emprunts à la culture de masse américaine, avant-gardiste par définition. Le succès commercial de ces irrésistibles variétés était pourtant aussi bien assuré par leurs puissants diffuseurs privés que le sont les vedettes de l'art dit "contemporain" par leurs non moins habiles galeristes et leurs fameuses "Foires". Koons a été exposé, après Versailles, à la galerie parisienne Noirmont. Nous ne tarderons pas à voir Murakami exposé à la galerie Gagosian, dès qu'elle ouvrira à Paris. Les musées publics d'Art dit "contemporain" ne manquent pas non plus.

    Hôte de l'American Academy en 1996, j'ai découvert à Rome que cette abdication de l'Etat, au sens européen, au profit du marché, était tout aussi redoutable en Italie qu'en France. Tardivement unifiée, mais se souvenant des ventes et des pillages dont elle avait été victime, l'Italie s'est dotée très tôt d'un appareil législatif et d'un corps puissant de conservateurs cultivés et experts qui font d'elle un "modèle" pour les Etats comme l'Angleterre et les Etats-Unis, à cet égard sous-développés.

    A l'ambassade américaine où j'étais invité pour je ne sais plus quelle fête, l'ambassadeur Bartholomew, qui avait lu L'Etat culturel, se mit en tête de me présenter à l'homme que Romano Prodi, vainqueur probable des élections prochaines, allait choisir comme ministre des beni culturali, Walter Veltroni. Très chaleureux, celui –ci me dit : "Ah! L'auteur de l'Etat culturel ! Comme je suis d'accord avec vous ! C'est bien simple, nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons un patrimoine !" J'eus beau redresser cette lecture d'Arlequin dans un entretien à La Repubblica, Veltroni devint ministre. Il inaugura la dérive commerciale (défilés de mode et concerts de rock au musée), mais aussi la confusion sémantique entre patrimoine et fun de grande consommation. L'une et l'autre restées jusqu'alors latentes dans l'expression italienne "biens culturels", apparemment plus innocente que nos propres "affaires culturelles", mais non moins exposée à glisser du côté du marché, mobilier ou immobilier. Pas au point toutefois d'exposer Damien Hirst à la Villa Borghese.

    Depuis lors, si j'en crois Salvatore Settis, dans son livre Italia S.p.A, L'assalto al patrimonio culturale (Einaudi, 2002-2005) et dans ses articles de La Repubblica, les choses n'ont fait que s'aggraver en Italie. Une loi votée par le centre droit berlusconien au pouvoir a sérieusement endommagé le principe d'inaliénabilité du patrimoine national italien, public ou sous tutelle de l'Etat. La résistance de Settis et de ses nombreux soutiens dans la presse a du moins réussi, jusqu'ici, à limiter les effets du poncif "patrimoine "= "gisement culturel ", pensée unique dont se délectent en longues parlotes bureaucrates, organisateurs de colloques et politiciens de droite et de gauche. Il est d'ailleurs curieux que, malgré le parallélisme des deux situations patrimoniales l'italienne et la française, une coordination, une confrontation, un dialogue ne se soient jamais établis de façon régulière entre deux pays frères, membres fondateurs ensemble de l'Union européenne ! A croire que l'Europe, qui nous rapproche matériellement, pousse spirituellement chacune de ses nations à un repli sur soi et à un provincialisme jaloux, lesquels ne se laissent transcender que par une fascination unanime pour un mythe américain fort étranger à la réalité des Etats-Unis.

    Le problème est donc loin de se résumer à un libéral "j'aime", ou à un réactionnaire "je n'aime pas Murakami ou Koons" sous les lambris de Versailles. Elle touche à notre idée de l'Etat et de ses serviteurs, à notre conception du patrimoine national et de ses conservateurs, et à notre philosophie des rapports que les uns et les autres se doivent d'entretenir avec le secteur privé et avec le marché de la culture de masse.

    L'Etat n'a pas les mêmes vocations en France (et en Italie) qu'aux Etats-Unis. Settis a rappelé de façon frappante que le village d'Oraibi, remontant au XIe siècle, dans la réserve d'Indiens Hopi de l'Arizona, a pratiquement disparu ces dernières années, dans l'indifférence générale, faute de fondation privée pour en faire un éco-musée. C'était pourtant le lieu où le grand historien de l'art Aby Warburg avait eu la révélation du dernier art dionysiaque vivant. Le système américain des "landmarks", abandonné aux pouvoirs locaux et à l'initiative privée, ne tient guère compte du contexte historique, urbain ou paysager, d'ailleurs infiniment plus mince aux Etats-Unis que dans la vieille Europe. A un degré à peine moindre, l'Angleterre a connu la même carence. On vante avec raison les mérites récents du National Trust, mais on oublie de rappeler que la main invisible du marché immobilier anglais, entre I945 et I974, a démoli, très librement, rien de moins que 1153 country houses, le plus souvent de grande valeur historique et artistique. Pourtant, ni à la Frick Collection ni au British Museum, on n'expose Tracey Emin.

    En France, en Italie, si le patrimoine est sous tutelle, il l'est pour éduquer par les chefs-d'œuvre son propriétaire collectif. Libre à chacun de s'ébrouer et s'esclaffer ailleurs. Nombre de nations, en Europe, en Amérique latine et en Asie s'inspirent de ce modèle, sans toujours y réussir. C'est que chez les deux "sœurs latines", malgré leurs histoires fort différentes, le sentiment d'identité et d'appartenance nationales, l'attachement à une mémoire historique et à ses strates successives, ne se conçoivent pas sans référence visible, tangible et inaliénable à un patrimoine public (et privé, mais sous tutelle publique) qui les incarnent en permanence et localement.

    Ce patrimoine monumental et muséal forme un tissu conjonctif où tout se tient. Seul l'Etat, avec sa législation et son personnel d'experts confirmés et dévoués au bien public, est en mesure d'en préserver la cohérence, l'intégrité, le sens et la leçon

    Il a tout intérêt à le faire, s'agissant de fondements du lien civique et du sentiment national, sur lesquels lui-même repose, tous deux aussi importants que la langue. Il se trahit et se démantèle lui-même si, oubliant ses intérêts fondamentaux, il se met à regarder le patrimoine qu'il a la charge de conserver, d'augmenter, et de faire goûter et comprendre au plus grand nombre, sous l'angle de son rendement économique, de sa vénalité financière, et de son exploitation à d'autres fins que l'intérêt civique et public qu'il se doit de servir.

    Si l'argent n'a pas d'odeur ni de patrie, la poésie, les arts, les souvenirs en ont. Il est plus nécessaire que jamais de rappeler cette évidence aujourd'hui. Il ne s'agit plus en effet comme naguère, d'approfondir le sentiment spontané d'appartenance nationale par la poésie, les arts et le souvenir, mais de le faire naître et croître chez les nouveaux venus dans la communauté nationale. Est-ce le moment de faire jouer à l'Etat le jeu surréaliste de la machine à coudre et du parapluie sur la table de dissection ?

    Veut-on plaire au plus grand nombre pour mieux l'instruire ? L'exposition Louis XIV voulue par Jean-Jacques Aillagon et qui a eu lieu, ou une exposition Hardouin-Mansart, font mieux comprendre Versailles que la transformation du palais et du parc en annexe du Nain bleu. L'exposition Mansart a eu lieu aussi, mais dans les salles étroites de Carnavalet. La rumeur prétend qu'elle a été refusée à Versailles par l'exclamation de l'un des prédécesseurs de son actuel président : "Mansart? C'est chiant !" Veut-on contribuer à la compréhension internationale et au dialogue des cultures ? Une exposition comparative entre le château des derniers Bourbons et la Cité interdite des empereurs de Chine, entre le Paris de l'époque Edo et le Tokyo des shoguns, ce serait tout de même autre chose, en influence et même en affluence, que la drolatique installation Murakami !

    Pourquoi dissimuler au public le fait que l'art dit "contemporain", cette image de marque inventée de toutes pièces par un marché financier international, n'a plus rien de commun, ni avec tout ce que l'on a appelé "art" jusqu'ici, ni avec les authentiques artistes vivants, mais non cotés à cette Bourse ? Pourquoi mettre sur le même plan un artiste comme François Morellet qui, invité au Louvre, étudie l'esprit du palais et l'embellit, et un Koons ou un Murakami dont on voudrait nous faire croire que leur kitsch, transporté à Versailles, "dialogue" avec la pompe magnifique de Le Brun, Le Nôtre ou Lemoyne?

    N'est ce pas égarer ce même public que l'Etat patrimonial a pour tâche au contraire d'éclairer et d'enseigner ? A cette question, qu'un nombre toujours plus grand de Français se pose, ce n'est pas le colloque hâtivement convoqué entre camarades du politiquement correct culturel et hexagonal, le 7 octobre, par l'Institut national du patrimoine, qui apportera une réponse. Ce ne sera pas non plus la circulaire diffusée ces jours-ci par l'ancien ministre Donnedieu de Vabres, où la reprise des poncifs "patrimoine-gisement de pétrole" ou "patrimoine-vitrine du marché de l'art contemporain" tente de se "refonder" en promettant des ateliers-boutiques aux Compagnons du Tour de France et des studios gratuits aux généreux mécènes étrangers, dans des monuments patrimoniaux dynamisés.

    La clef du malaise actuel, c'est le conflit d'intérêts voilé qui a affaibli, voire effacé, la distinction classique entre Etat et marché, entre politique et affaires, entre service public et intérêts privés, entre serviteurs de l'Etat et collaborateurs de gens d'affaires.

    Les considérations d'esthétique, de goût, d'arriération et d'avant-garde ne sont que rideaux de fumée pour dissimuler une offensive en règle du "business des biens culturels" (Salvatore Settis invenit) contre ce qui reste en France de bon sens dans le public et de sens de l'Etat dans l'administration et la classe politique.

    Marc Fumaroli, historien et essayiste, de l'Académie française

  • Mini dossier sur la Crise (IV): Espérance souveraine, par Hilaire de Crémiers.

    Espérance souveraine

    Bientôt vers un deuxième krach… C’est comme un sentiment général que tout se détraque… Que peut-il en advenir ?

     

                Non, les bilans généraux ne sont pas bons. Les bilans d’État. Ceux de la zone euro, ceux de l’Europe. Ceux de la France. Le fait que les États-Unis soient dans des situations comparables, n’en est pas pour autant réjouissant.

    Les 750 milliards – même encore aujourd’hui  virtuels – du plan de sauvetage européen, dont il était dit, il y a quinze jours à peine, que ce serait la digue  qui assurerait l’avenir de la construction européenne, sont déjà obsolètes, d’avance submergés, immédiatement inutiles, sauf à donner un court répit.

     

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                Les Allemands n’ont accepté et voté ce plan sous la pression américaine qu’à des conditions draconiennes, les leurs, qui le rendent pour ainsi dire impraticable, concrètement inexécutable. Et telle est bien leur volonté profonde ; tout l’art dans cette prétendue négociation consiste à imputer le défaut d’exécution aux autres partenaires pour dégager sa propre responsabilité.

    L’irréalisme du plan tout autant que les conditions qui y sont jointes dorénavant, en ont fait, à peine conçu, un replâtrage caduc.

    La spéculation est mise en cause par les États. Et, certes, ils n’ont pas tort. Ils auraient dû s’en rendre compte plus tôt, au lieu d’en jouer eux-mêmes, car ils en ont joué dans leur intérêt, par organismes financiers interposés, tant qu’elle leur était profitable ; et ils ont laissé aveuglément ou impunément les banques qui relevaient de leur souveraineté et éventuellement de leur contrôle, en user et en abuser. Quitte à demander à ces mêmes banques de les rembourser de leurs avances ! Vient un moment où tout – ou presque tout – se sait !

    Cependant la véritable raison de cet effondrement financier, demain monétaire, aux conséquences économiques, sociales et bientôt politiques, incalculables, ne tient pas d’abord et fondamentalement à la spéculation. Feindre de le croire est une excuse facile que les hommes politiques s’accordent pour ne pas assumer leur responsabilité.

     

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    Des états insolvables

     

                La crise s’explique tout uniment par la dette, les dettes, celles qui aujourd’hui grèvent les États, hypothèquent toutes leurs capacités, empêchent leur action, bouchent leurs horizons. Il y a quelques mois, quelques semaines encore, comme personne n’osait trop aborder le problème de face, les commentateurs officiels de cette crise en cours qui ne cessait, ne cesse toujours, de connaître de nouveaux rebondissements, parlaient d’un problème de liquidités. Il suffisait, disait-on, d’assurer des liquidités et le système serait sauvé ; le moteur financier, les moteurs économiques, continueraient à fonctionner. D’où des plans, encore des plans, toujours des plans pour injecter du crédit et finalement de la monnaie, qui partaient dans tous les trous qui se creusaient et que, du coup, on creusait partout ; autant d’argent, d’ailleurs, qui n’était pas mis dans les circuits où c’était nécessaire, ceux de l’activité économique réelle, capable d’engendrer de véritables plus-values.

                Cependant la vérité du problème a fini par s’imposer dans sa cruelle réalité. Ce n’est pas, ce n’est plus une question de liquidités, une affaire de trésoreries qu’il conviendrait d’assurer et qui subiraient des difficultés. C’est une question de solvabilité. C’est donc infiniment grave. Et c’est aussi, disons-le, ce qui fut et ce qui est écrit dans ces colonnes depuis déjà trois ans.

    La constatation vient pulvériser tous les raisonnements ; elle est implacable, et ses conséquences sont inéluctables. Les États concernés par la crise sont insolvables. Voilà, c’est dit ; ça commence à se dire. Comme la percée de Sedan en mai 1940 : tout était prévu, sauf ça. Qui survient précisément. Panique dans  les états-majors, aujourd’hui comme naguère. Les événements s’enchaînent sans retours-arrière possibles.

                Les Allemands qui sont les moins mal en point de tous, économiquement parlant, ne veulent pas devenir insolvables de l’insolvabilité des autres. C’est compréhensible. Ils prennent déjà les mesures pour empêcher la spéculation sur leurs dettes souveraines. L’idée de mettre les dettes en commun, de les « européaniser » ne leur sourit pas. Un fonds monétaire européen où ils seraient financièrement les plus engagés, au prétexte de soutenir un euro qui, dans leur esprit, commencerait à davantage ressembler à la drachme qu’au deutschmark, ne saurait leur agréer. Pas plus que ne leur plaît le fait – gravissime pour eux – que la BCE se mette tout à coup à acheter de la dette d’État, grecque en particulier. C’est évidemment contraire à tous les dogmes financiers sur lesquels, à leur demande, la Banque centrale de Francfort avait été instituée. Autant dire que cette dette est monétisée, vieux procédé de la planche à billets que les fabricateurs de l’Europe intégrée et de l’euro avaient voulu justement exorciser. À quoi sert donc l’euro, en pareil cas ? Nécessité oblige, répond-t-on d’un air gêné sans donner de vrais chiffres. Trichet tricherait-il ? Pour quelle bonne cause ? Pour maintenir des taux obligataires raisonnables ? Pour arracher des États à la banqueroute forcée ? Au final, pour sauver l’euro ?

                Mais les Allemands ne voient pas du tout cette nécessité. Angela Merkel, tiraillée entre des influences contradictoires tant extérieures qu’intérieures – sa coalition est émiettée – n’a pas manqué de signaler ouvertement que l’euro était en question. Les Allemands ont donc exigé des compensations et des engagements précis. La Commission européenne et la présidence de l’Union s’en sont emparé aussitôt pour en faire un programme qui leur donne l’illusion d’exister dans cette crise. Et les ministres des Finances font réunion sur réunion pour trouver des accords qui n’en sont pas, au motif de stabiliser la zone euro. Elle est instable par nature. Alors Merkel et Schäuble ont donné leurs ordres.

     

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    La Chancelière Angela Merkel et son Ministre des Finances, Wolfgang Schäuble

     

    La rigueur ou/et la mort de l’euro

     

                Les budgets nationaux devront être supervisés par la Commission européenne et – les Allemands ont réclamé en plus cette précision – par des organismes indépendants, avant même d’être votés par les parlements nationaux. Autant dire que les chambres de députés n’exercent plus les droits de leur prérogative souveraine de représentations nationales ; et autant dire, aussi et d’ailleurs, qu’elles les exercent fort mal ; ce qui est, évidemment, plus que vrai. Les Anglais ont tout de suite, conformément à leur histoire nationale, récusé cette instance supérieure.

                Des mesures concrètes et immédiates de baisse des dépenses d’État et d’amélioration des finances publiques doivent être prises par tous les États de la zone euro, et aussi par tous ceux de l’Union européenne qui bénéficient des fonds européens sous une forme ou sous une autre.

                Ne serait-ce que pour arrêter la dégradation de leurs propres finances et, en conséquence, des notes relatives à leurs dettes souveraines qui risquent d’affecter terriblement, peut-être irréversiblement, leurs emprunts obligataires, les États ont dû, non seulement annoncer, mais entamer des plans de rigueur et là, sans les vaines  fioritures que les responsables français se croient obligés d’employer. La Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Italie, l’Allemagne elle-même et l’Angleterre de Cameron aussi, tous les pays concernés, quel que soit leur gouvernement, frappent fort : c’est drastique, la taille est de l’ordre de 5 %, voire de 10 % tant dans les budgets que dans les salaires ; les impôts augmentent d’autant. Cameron en particulier y va très fort et donne l’exemple en commençant par rogner dans les émoluments ministériels et politiciens ; ça donne envie de crier bravo, trois fois bravo !

                Quant à la France, ne touchant pratiquement à rien, – le peut-elle seulement ? – elle entend son président proclamer que les déficits seront proscrits pour l’avenir par voie constitutionnelle. Comment faire avec les chiffres effarants qui augmentent tous les jours ? Et d’abord il n’est pas dit que la réforme de la Constitution puisse passer, et puis n’y a-t-il pas quelque chose d’absurde et de ridicule dans tous ces grands engagements qui ne font que souligner davantage les effroyables sujétions d’habitudinaires invétérés ? Une Constitution organise le fonctionnement des pouvoirs publics et ne vise pas le comportement des hommes ! Et, pendant ce temps, le gouvernement français essaye de laisser penser que peut-être il faudra songer sans doute à allonger éventuellement le temps de vie au travail, si les Français ne veulent pas que le système de retraite par répartition que, bien sûr, il n’est pas même envisagé de changer, n’explose ! La France est en retard, prend chaque jour du retard. Dans tous les domaines. Comme les investisseurs ont besoin de placements, son crédit souverain pour le moment ne souffre pas ! Mais pour combien de temps ?

                Cependant l’Allemagne a aussi exigé des sanctions contre les États récalcitrants, ceux qui ne suivraient pas les normes qu’elle a fixées. Droit de vote supprimé dans les instances européennes et, renouvellement de la pensée maestrichienne, pénalités financières pour ceux qui ne sont pas bon financièrement : gravité de la faute, aggravation de la situation du coupable ! Jusqu’où ? Jusqu’à la sortie de l’euro ! Cela a été dit. Clairement.

     

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    Les fourmis en ont assez des cigales.....

     

    L’impossible dilemme

     

                S’il est permis de risquer quelques pronostics, toujours sujets à caution en ces matières, il est des directions générales qui se profilent suffisamment pour discerner quelques évolutions politiques futures. L’Allemagne se tirera, elle, de cette crise ; elle a refait son unité et ses assises et, sur son pourtour, toute sa zone d’influence ; reste son problème central qui est moral avant même d’être démographique. L’Angleterre a toujours un ressort nationaliste qui la sauve de son égoïsme et de sa sottise démocratique ; c’est le cas aujourd’hui. Elle se moque de l’euro, en dépit des discours, et maintiendra sa livre qui lui garantit son indépendance. Elle aussi, son problème est d’abord moral avant même d’être économique. Les États-Unis pragmatiques conservent la totale souveraineté de leur dollar ; ils rachètent leur dette, en s’appuyant sur leur puissance. Ils veulent sauver leur économie. Leur souci réel, c’est la Chine ; ils traitent donc avec la Chine, carte forcée. L’euro ne compte pour eux que dans leur jeu monétaire. Les États-Unis n’ont besoin que de retrouver leur foi et leur dynamisme.

                Et la France ? Il est dès à présent à craindre qu’elle ne suive le sort de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal… Malgré tout ce que racontent les commentateurs officiels. Quelques esprits libres, comme Yves de Kerdrel, osent le pronostiquer. La France présidera le G20 du mois de juin : elle fera des discours sur une régulation financière qu’Obama a déjà fait entériner aux États-Unis !

                Le malheur veut que les peuples du sud de l’Europe, qui plus que d’autres auraient besoin de monarchies fortes, c’est-à-dire indépendantes et libres, garanties supérieures de toutes les libertés vraiment populaires, soient livrés à des politiciens démagogues et littéralement enchaînés à des institutions aussi inefficaces que corrompues où la surenchère électorale est la règle. Comment pourraient-ils s’en sortir ?  Le président de la République française n’est pas un roi, hélas ! Il faut être sot comme nos journalistes officiels pour se l’imaginer. N’est pas Ulysse qui veut.

                Le dilemme de nos peuples est simple : ou ils se lancent dans une politique de rigueur qu’ils ne peuvent supporter, qui ébranlera leur peu d’unité sociale, en tuant en même temps toute tentative de croissance… et, alors, tout explose, y compris vraisemblablement l’euro ; ou ils prétendent sauver leur indépendance, garder leurs habitudes, aménager leur situation économique sans en avoir vraiment les moyens… et la zone euro ne peut durer. Il leur faut dès maintenant songer à une solution de rechange. La vérité est que ces peuples et leurs responsables sont aujourd’hui incapables d’anticiper sur les événements : les deux branches du dilemme sont de toute façon périlleuses, voire catastrophiques, donc, dans l’état actuel des choses et des esprits, inimaginables ! Pour sortir d’un dilemme, il faut un esprit et une volonté. Le problème de la France, avant même que d’être moral, est politique ; politique d’abord. Un Henri IV, que la France a célébré en ce mois de mai, avait su en son temps sortir son pays d’un dilemme, lui aussi, apparemment insoluble. La solution était politique, c’était lui : le Roi.

     

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  • Les Appendices IX et IXbis de Kiel et Tanger, par Charles Maurras. 1/2 : l'appendice IX, ”Dans cent ans”.

              Il constitue le deuxième de notre série des Grands textes, cet inoxydable 24ème chapitre de Kiel et Tanger :

              http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2008/07/24/le-24-chapitre-de-kiel-et-tanger.html

              Mais l'ouvrage est suivi de plusieurs appendices, dont les IX et IX bis sont les plus étonnants : la lucidité et les vues pénétrantes qui sont celles de Maurras dans ces deux annexes ne sont-elles pas, en effet, confondantes ? Si, sur tel ou tel point, ses vues ont été infirmées, il n'en demeure pas moins que sur le plus grand nombre, et les plus importants, ses prévisions et intuitions ont, au contraire, été confirmées par la suite.

            Ces deux appendices mériteraient, donc, en toute logique, de figurer à la suite du deuxième Grand Texte, mais leur longueur risquerait alors d'alourdir l'ensemble. Et, si on les propose séparément, faut-il les considérer, pris en eux-mêmes comme des Grands Textes ? Quoi qu'il en soit, il paraît utile, au moins, de les présenter à la lecture, en remerciant au passage le site Maurras.net qui les a numérisés, un aspect parmi tant d'autre de l'énorme travail qu'il a accompli, et qu'il continue d'accomplir.....   

            Nous sommes plus d'une fois revenu sur ce thème : le monde va-t-il vers une unification, ou une différenciation ? Plus vraisemblablement, il est tiraillée par les deux tendances à la fois, et l'utopie, l'inanité, vient de ceux qui pensent que, dorénavant, c'est fini, c'est ainsi, on ne pourra plus raisonner comme avant;jusque dans l'Église catholique, existe cette croyance, parfois naïve, en un mouvement irrésistible, perpétuel et linéaire, qui nous mènerait vers toujours plus de mondialisation, rendant peu à peu définitivement caducs les cadres anciens, par exemple les Nations : de naïve, la croyance devient dangereuse.... Mais les faits sont là, et ils sont têtus.

            Comment ne pas voir que la Crise, précisément, vient de ramener les États nationaux sur le devant de la scène ? Et qu'elle vient de montrer que, lorsque tout s'écroule, seule reste... la Nation !

            Contre les rêveurs, contre "Les princes des nuées" (titre d'un de ses livres), c'est Maurras qui a eu, qui a raison, sur ce sujet majeur. Et Boutang le faisait bien remarquer, dans sa conférence dont nous avons mis la vidéo en ligne sur ce Blog, lorsqu'il parle de la victoire intellectuelle complète de Maurras....

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    I : Appendice IX : « Dans cent ans »

    Une partie de l'univers s'unifie, mais une autre tend à se diviser, et ces phénomènes de désintégration, comme dirait Herbert Spencer, sont très nombreux. Notre ami Frédéric Amouretti avait profondément étudié ce point de vue.

            J'avais résumé quelques-uns des travaux d'Amouretti (si largement corroborés depuis) dans la Revue hebdomadaire du 20 août 1892, à propos du livre de M. Charles Richet : Dans cent ans. M. Richet ne prévoyait que l'unification croissante de la planète. Je lui répondais avec la timidité de mon âge :

            Le monde tend à l'unité, dit-il à un moment, et je préférerais qu'il s'en tînt à paraphraser cette belle hypothèse platonicienne. Mais il la traduit en tableaux historiques et géographiques qui me désolent. L'unité de M. Richet tuera les langues, les nations et toute la variété de l'univers. Au pambéotisme qui nous régit, M. Richet fait succéder un panyankeesme abominable. Mais les statistiques dont il se sert donnent une envie folle de le combattre. Il ne serait point difficile de rassembler contre ces demi-certitudes un ramassis de demi-certitudes équivalentes. Par exemple, un poète, qui ne penserait point que l'unité fût bien souhaitable en ce monde ou qui n'admettrait ce règne de la monade que dans les systèmes supérieurs des sciences ou dans les figures de l'art, un poète pourrait répondre, et, selon moi, sans trop de désavantage, aux savants arguments de M. Richet.

            Il dirait :

            Sans doute, mon cher maître, le monde futur est destiné à voir se raccourcir l'espace et s'abréger le temps. La vapeur, l'électricité, ne peuvent manquer d'aboutir à multiplier les rapports des hommes et des nations. Mais cela veut-il dire que les signes distinctifs des races soient plus proches d'être effacés? Les nations seront-elles plus portées à confondre leurs langues et à noyer au même flot leurs souvenirs ? Laissez-moi n'en rien croire.

            Une observation superficielle permet seule de dire que le voisinage et, pour ainsi parler, le frottement des individus amoindrissent les différences qui les séparent. Nulle part les distinctions nationales ne sont mieux affirmées que parmi les populations des frontières qui se trouvent pourtant en relation continuelle de voisinage et de parenté. L'exemple de l'Alsace est assez éclatant… Les peuples qui se détestent le plus sont ceux-là mêmes qui se fréquentent le plus.

            La raison en est simple. Les rencontres fréquentes multiplient les occasions où l'on voit s'accuser profondément les traits particuliers de chaque sensibilité et de chaque pensée. On se connaît. La connaissance est loin d'envelopper nécessairement l'amitié. Paul Bourget, qui visite un peuple par saison, a déjà remarqué que ces fréquentations où nos cosmopolites ont fondé tant d'espoir ont plutôt compromis l'idée qui leur est chère. « Plus j'ai voyagé, écrit-il dans ses Sensations d'Italie, plus j'ai acquis l'évidence que, de peuple à peuple, la civilisation n'a pas modifié les différences radicales où réside la race. Elle a seulement revêtu d'un vernis uniforme les aspects extérieurs de ces différences. Le résultat n'est pas un rapprochement. » Il pourra bien être créé une langue internationale, la lenga catolica d'Alberto Liptay ou le célèbre volapük, qui rendra les mêmes services que rendait le latin aux voyageurs du moyen âge (car on sut, en ces jours de pèlerinage incessant, unir le particularisme à cette large bienveillance internationale sans laquelle il n'est point de haute intelligence ni de profondes conceptions) ; les savants pourront adopter, comme les diplomates et comme nos marins sur les Échelles du levant, un idiome à leur usage : cela sera commode, profitable et sensé. Mais qu'à la suite de ces conventions on doive ravir aux peuples leur langage et qu'il y ait, de notre temps, des raisons légitimes de s'attendre à ce rapt, voilà qui semble contredit par tout ce que l'on sait de l'histoire contemporaine.

            Voyez plutôt ce qui se passe dans ces États-Unis, pour lesquels vous rêvez un avenir si merveilleux et desquels vous prédisez avec assurance : « Dans l'Amérique du Nord, on parlera anglais. » Êtes-vous bien certain que toutes ces populations s'y doivent servir de l'anglais ? La vérité est qu'il se reforme là-bas une sorte de vieux continent et que les immigrants y parviennent à retenir tous leurs traits nationaux. Les Français du Canada, si fidèles à leur parler, envahissent les États du Nord, ceux-là mêmes qui forment la Nouvelle-Angleterre, premier berceau de l'Union, et leurs minorités sont si compactes et si solidement organisées qu'ils ont pu, dans le Maine, faire élire deux sénateurs et quatre députés de leur langue.

            Les Allemands, dont on vantait jadis la facile assimilation, se sont groupés dès qu'ils en ont trouvé le moyen. Ils pullulent dans les États du Michigan et du Wisconsin. À Chicago, leur nombre est supérieur à celui des Américains de naissance. À Milwaukee, où il est question de fonder une université allemande, ils étaient naguère maîtres absolus du gouvernement ; il est vrai qu'ils ont été récemment battus aux élections municipales, mais par des Polonais tout aussi particularistes. Ils ont sept cents journaux. Il y a dans l'Union américaine trois États dans lesquels l'enseignement de l'allemand est obligatoire au même titre que celui de l'anglais. Les congrégations luthériennes allemandes sont distinctes des autres. Les catholiques allemands ont leurs paroisses spéciales, et leur Société de Saint-Raphaël, qui a tenu en échec le zèle un peu brouillon de l'évêque irlandais de Minnesota, ne cesse d'exiger de Rome que l'épiscopat ne soit point choisi uniquement dans le clergé de langue anglaise. C'est l'idée religieuse qui organise, on le voit, la solidarité nationale. Les Danois, les Suédois, les Norvégiens, au nombre d'un million, ont leurs congrégations particulières et leur organisation ecclésiastique séparée. Les Hongrois, fort nombreux autour des mines de pétrole de la Pennsylvanie, forment également un noyau résistant. Les Italiens commencent à se serrer de même, et ils ont obtenu de Rome l'envoi d'un clergé qui fît résonner le si. – Un César ne dissoudrait point tant de forces agglomérées. Si les pouvoirs américains s'en montrent soucieux, ils n'ont tenté rien jusqu'ici contre ce mouvement qu'ils sentent plus fort que tout.

            Mgr Ireland semble vouloir serrer les liens de l'Union. Il a pu faire décréter au concile de Baltimore « le catéchisme unique » pour toute l'étendue des États-Unis. Mais, peut-être un peu malgré lui, les Pères ont ordonné que ce catéchisme fût traduit en français, en italien, en allemand, en espagnol, en portugais, en polonais, en hongrois, en tchèque et dans les langues indiennes…

            Un semblable spectacle doit assurément préparer à l'Amérique des destins très particuliers ou tout à fait pareils aux destins de la vieille Europe. Ou ces nationalités distinctes iront s'accentuant, se différenciant jusqu'à l'inimitié – et ce sera le démembrement de la plus puissante unité ethnique de l'avenir. Ou, sage, instruit par nos expériences européennes de la vanité des discordes et, par ses souvenirs, des bienfaits de l'union dans la liberté, le peuple américain élargira les bases de sa constitution et formera une sorte d'Europe nouvelle, apaisée et harmonisée par une habile entente du principe fédératif, tous les instincts, toutes les langues étant, plus qu'aujourd'hui, livrés à leur propre vertu… Et, cher maître, dans les deux cas, votre cité des hommes et cet unitéisme dont vous ne doutez point semblent s'évanouir du pays des probables où vous avez voulu un moment les placer…

            Le divorce de la Suède et de la Norvège, les mouvements sécessionnistes qui n'ont pas cessé d'agiter l'Empire ottoman, la fédération australienne, la fédération de l'Afrique du Sud, les progrès du mouvement autonomiste en Égypte, la résistance de l'Alsace-Lorraine et de la Pologne prussienne aux entreprises de germanisation, le mouvement catalaniste à demi triomphant sous le ministère Maura, le retour accentué de l'esprit public français au sentiment provincial, mille autres faits contemporains peuvent témoigner que la centralisation et l'unification sont loin d'être fatales, que les tendances à la désintégration abondent par tout l'univers et que Frédéric Amouretti ne se trompait pas en montrant que l'œuvre du XIXe siècle n'avait pas été purement et simplement une évolution régulière de tous les peuples vers l'unité.

  • Alain-Gérard Slama connaît-il Voltaire ? Oui, évidemment, mais …

              Alain-Gérard Slama vient de faire un peu comme la Justice, qui a condamné un coupable unique, Jérôme Kerviel, slama.jpgalors que le moindre quidam, même éloigné des subtilités de l’économie ou de la finance, sait bien qu’à ce stade là il est tout à fait impossible qu’un seul individu soit responsable – et coupable – de ce qui s’est passé….

              Et que, en fait, c’est tout un système qui est responsable et coupable

              Oui, Alain-Gérard Slama vient de faire un peu la même chose, dans son billet du Figaro Magazine du 9 octobre (page 129). Avec un sens (?) stupéfiant du raccourci et de la synthèse (on parlera plutôt de simplification outrancière, virant au simplisme…) il « condamne » Maurras, coupable unique de l’antisémitisme, bouc émissaire tout trouvé, responsable de tout, pour tout et pour tous. Et, même, d’avoir inspiré Pétain dans son antisémitisme !

               Slama écrit :

                 « Pétain n‘a pas fait autre chose que de s’aligner sur les thèses de Maurras ». Et, aussi : « ...La première confirmation est l'influence désastreuse de l'Action française sur l'intelligentsia de droite et sur une partie des élites des grands corps qui se sont retrouvés à Vichy après la défaite. Maurras, le chef de ce mouvement néo-monarchiste, a rompu avec le pragmatisme propre aux droites françaises, fort peu dogmatiques, en cherchant à donner à celles-ci un corps de doctrine, sur le modèle des théories socialistes. C'est ainsi que, en prônant un "antisémitisme d'Etat" qui se voulait dépassionné et exempt de tout délire d'extermination (tout de même, Alain-Gérard Slama est bien obligé de le reconnaître, ndlr. Dont acte...), il a conféré une "respectabilité" de façade à l'idéologie de défausse sur le bouc émissaire juif qui, après l'affaire Dreyfus, est passée de gauche à droite - et non sans violence - aux approches de la Première Guerre mondiale. Pétain n'a pas fait autre chose que de s'aligner sur les thèses pseudo-rationnelles de Maurras en écartant les Juifs, considérés comme des étrangers inassimilables, de toutes les activités en rapport avec la représentation politique, l'éducation, la justice et la fonction publique...."

                Comme si Pétain, qui se définissait lui-même comme un vieux général républicain ; qui n’a pas une seule fois fait la moindre allusion – ni, évidemment, la moindre allégeance… - à la royauté ; comme si Pétain, donc, dans le climat intellectuel qui était celui de la France écrasée de 39/40 avait eu besoin de Maurras pour nourrir son antisémitisme !

                Mais c’est une bonne part, et parfois même et bien souvent majoritaire, de l’Europe entière qui, pendant deux millénaires, a été antisémite ! Et, en France, aucun milieu ne fut étranger à un certain antisémitisme, surtout pas la gauche ! Et on viendrait reprocher l’antisémitisme au seul Maurras ? Dont l’antisémitisme, c’est bien connu, était purement politique, et en aucun cas n’a viré, mais absolument jamais, à ce racisme de peau qui devait culminer dans l’idéologie nazie dont - Slama l’ignore-t-il ?... – les affinités idéologiques avec le totalitarisme révolutionnaire de « ceux de 93 » est évident ?

                Quant au fait que l'antisémitisme serait passé "de gauche à droite", c'est un peu vite dit, et un peu vite affirmé comme une vérité certaine et définitive. Alain-Gérard Slama oublie que les antisémites de gauche ont peuplé les cabinets ministériels de Vichy au moins autant que ceux de droite. Pour ne parler que d'aujourd'hui, sans remonter au déluge, il suffit de voir - lors des tensions communautaires (doux euphémisme !...) - comment un antisémitisme de terrain se propage à toute vitesse dans ces "zones" chères à nos idéologues de gauche et d'extrême gauche, où des "jeunes" imposent quelque chose qui, sauf le respect que l'on doit à Alain-Gérard Slama, ressemble fort à de la haine des Juifs. Et les dits "jeunes" sont appuyés par qui ?.....

                Comme le dit très justement, dans sa livraison du 10 octobre, le site Maurras.net, il serait absurde, et mensonger, de nier « l’anti sémitisme » de Maurras. Il vaut beaucoup mieux le remettre en perspective, et le resituer dans le cadre plus général  de son époque. Où l’on voit, nous l’avons dit, que c’est dans toute l’Europe, dans tout l’Occident qu'il y a eu de l'antisémitisme, dans des proportions perpétuellement variables, mais assez souvent très répandues dans plusieurs zones. Et pas seulement en Europe et dans l'Occident : il y a eu  - et il y a... – de l’antisémitisme en Afrique, en Asie et ailleurs….

                Il vaut beaucoup mieux, aussi, rappeler sans cesse - à temps et à contre-temps, comme nous vvenons de le faire à l'instant... - que cet antisémitisme n’a jamais été un antisémitisme de peau, racial, tel qu’on le verra chez ces nazis dont, redisons-le aussi, la filiation idéologique avec la révolution française est évidente (comme l’est celle de leurs frères ennemis, les marxistes, souvent antisémites, eux aussi !)

                Alain-Gérard Slama voit-il l’Histoire en noir et blanc ? D’un côté tout le monde (tout le monde il est gentil…) de l’autre « le » méchant absolu, « le » parfait coupable, le seul : Maurras ! C’est évidemment une grille de lecture bien facile, mais est-ce bien honnête, est-ce bien intelligent, et, surtout, est-ce bien normal ? Pourquoi s’en prendre à Maurras seul, en ignorant, par exemple l’antisémitisme virulent des Lumières, et d’un certain Voltaire, que la République idéologique a panthéonisé sans vergogne ? On sait (on vient de le voir) qu'Alain-Gérard Slama, par un tour de passe-passe dont on lui laissera la responsabilité, a cru trouver la parade : "l'antisémitisme est passé de gauche à droite". Nous le croirons quand, par exemple,  la République idéologique aura dé-panthéonisé Voltaire !...

                Voltaire qui écrivait :

                "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs  "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent...", rejoignant, dans ses excès, le baron d'Holbach ("...ce peuple de brigands et de tueurs...").

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                La République idéologique  -le Système... - décrète souverainement où est le Bien, où est le Mal; et qui sont les bons, et qui sont les méchants, dans une sorte de Jugement dernier perpetuel. Elle a ainsi, fort logiquement, pris la place de Dieu le Père, elle qui  s'oppose à la religion chrétienne, qu'elle veut remplacer car elle se considère elle-même comme la nouvelle religion...

                Elle a pourtant de drôles de "fréquentations" : à l'antisémite Voltaire, elle a offert le Panthéon, et aux bourreaux génocidaires Amey et Turreau, l'Arc de Triomphe !

                Qui a dit qu'il fallait commencer par balayer devant sa porte ?...

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                Propos auquel s'oppose radicalement celui de Maurras :

                "L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

                Mais revenons-en  à Pétain : qu’on arrête de travestir les réalités ! Si Maurras - qui paie en effet, et très cher, ce que d’aucuns considèrent comme ses erreurs tactiques de l’époque - a cru voir en lui une divine surprise ; et s’il a cru devoir le soutenir ; rester à Lyon, malgré les conseils de ceux qui le pressaient de changer d’attitude ; et maintenir la publication du quotidien etc… (toutes choses sans-doute discutables) ; il n’en demeure pas moins que Pétain – enfonçons le clou... - et il le disait lui-même, a toujours été « un général républicain », et s’est toujours voulu et défini comme tel. Il n’a jamais fait profession de royalisme, ni fait allégeance, fût-ce partiellement, aux idées maurrassiennes dans leur critique radicale du Système républicain idéologique, impliquant le changement de régime dont la France avait – et a encore – besoin. Et c’est bien la Chambre du Front populaire qui, dans sa fuite honteuse après la défaite sans précédent dont elle porte, pour une grande part, la responsabilité, a confié les pleins pouvoirs à ce « général républicain ».

                Alain-Gérard Slama préfère donc, à toutes ces évidences, sa grille de lecture bien douillette et bien simpliste. C’est son problème… A ceux que le sujet intéresse, nous conseillons de se reporter aux pages qu’Eric Zemour – Juif, lui-même - lui consacre dans Mélancolie Française. Sa vision de l’antisémitisme de l’Action française y est documentée, perspicace et honnête.

                Désolés : celle d’Alain-Gérard Slama ne l’est pas.

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    "M. le Maudit", pour parler comme Fritz Lang ?....

    Si Maurras est enfermé par la conspiration du silence dans un cercueil fermé à double tour, et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c'est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé elaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens ethymologique et premier du terme, c'est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes. 

    Le Système ne s'y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux.

  • Le DVD Guerres de Vendée - Combat de Géants de Reynald Secher....

                Les Guerres de Vendée ont saigné toute la région où elles se sont déroulées. Près de 30% de la population de cette région a péri. Si cette guerre a commencé par des batailles entre deux camps armés, elle s’est ensuite dirigée vers un massacre de la population civile. Ce documentaire explique ainsi une page sombre de l’histoire de France.

                Il dure près d'une heure trente. Pour la clarté de l'explication, il se trouve, ici, divisé en cinq parties: division arbitraire, bien entendu, qui n'a d'autre objet et d'autre prétention que de permettre une meilleure appréhension de l'ensemble du sujet, dans sa complexité.... 

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    DVD format 4/3 - Durée 88 mm -19 euros

            I  (18'17") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-ktfp_ktfs_.html

                 Après une dizaine de minutes consacrées à la présentation du cadre géographique et du contexte historique, Pierre Chaunu explique brillamment que "La Vendée, c'est le crime, le péché mortel de la Révolution. Elle en a commis d'autres, mais c'est là qu'elle est prise la main dans le sac...". Et Chaunu explique bien l'agression, par des "petits ratés de province...", dont a été victime tout un peuple.

                 Ensuite, il démonte la mystification qu'a été la déclaration de guerre à nos voisins: là est "le mensonge et le crime majeur de la république", car c'est bien à une deuxième agression, à l'extérieur cette fois, que s'est livré la république; agression de l'Europe par les révolutionnaires, et non l'inverse.... Une guerre désastreuse qui ne s'achévera qu'en 1815.....

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    Pierre Chaunu
     
     

                Mars 1793: les paysans vont chercher des chefs : Jacques Cathelineau, Jean-Nicolas Stofflet, d'Elbée, Lescure, Sapineau, Bonchamps....

     

                II (16'51") : http://www.wat.tv/video/video-guerre-vendee-partie-ktgq_ktfs_.html

                Des origines du soulèvement jusqu'à l'échec de l'assaut sur Nantes, 29 Juin 1793:

                Pour commander les paysans, 20.000 au début, et plus de 100.000 par la suite, voici Bonchamps, Henri de la Rochejaquelein et Charette, dont Napoléon dira: "Ce chef possédait l'étincelle du génie".

                Jean Meyer, professeur à la Sorbonne donne d'utiles informations sur l'armement des Vendéens.... C'est d'abord une armée de harcèlement, une armée insaisissable car la Vendée protège les Vendéens (les moulins sont leurs complices...)

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    Les moulins du Mont des Alouettes
     
     

                La Convention envoie 2.000 hommes depuis La Rochelle, qui seront défaits à Pont Charault: cette localité étant en Vendée, on appellera désormais "Vendée" tout le territoire insurgé. Du coup la Convention envoie 80.000 hommes, mais rien n'arrête la Vendée: prise de Saumur (15.000 fusils et 80 canons), entrée dans Angers.

                Les chefs vendéens se prennent à rêver: "...Bientôt leur drapeau flottera sur Paris. Bientôt Louis XVII retrouvera le trône de ses pères pour être le garant de leur Foi et de leurs libertés..." Mais Paris est loin pour des paysans: on ira donc sur Nantes, qui sera le premier échec sérieux. Cathelineau est tué et la Grande Armée Catholique et Royale se replie.....

                III  (18'12") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-ktie_ktfs_.html

               Les troupes de Westermann ("le boucher de la Vendée") sèment la mort. Barrère monte à la tribune le 1° Août 1793: "Détruisez la Vendée !"...

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    Bertrand Barère de Vieuzac

     

     

                Kléber et son armée de Mayence entre en Vendée, mais il est défait à Torfou le 19 Septembre ("L'armée de Mayence est une armée de faïence, et nous l'avons brisée...). Le 17 Octobre, à Cholet, 35.000 Blancs rencontrent 32.000 Bleus. Ce sera la plus grande bataille de la Guerre de Vendée et, d'après Kléber, "un combat de tigres contre des lions". Bonchamps blessé, l'armée blanche se retire vers la Loire....

                Deux moments inattendus et émouvants: une méditation profonde d'Aragon sur Bonchamps (dont David d'Angers, fils d'un des 5.000 prisonniers bleus graciés par Bonchamps juste avant sa mort, a sculpté la statue); et quelques vers de Victor Hugo sur ces soldats, défaits mais héroïques....

                Ensuite, c'est "la grande virée de galerne", les dissensions entre chefs vendéens, et l'organisation méthodique du génocide... "....à l'affrontement militaire, avec ses incertitudes et sa gloire, va faire place l'extermination avec son cortège d'horreurs, l'acharnement dans l'escalade de la terreur: des hommes vont s'illustrer horriblement: Carrier...Turreau....."

     

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    Il n'y a pas que la pollution qui souille l'Arc de Triomphe.....
     
     

                IV (17'54") : http://www.wat.tv/video/video-guerre-vendee-partie-kuch_ktfs_.html

                C'est la partie la plus "accusatrice" pour la Convention et la République......

                Pour exterminer la Vendée, le 17 Janvier 1794 Louis-Marie Turreau de Garambouville - dont le nom est gravé sur le côté est de l'Arc de Triomphe !... - expose son plan: ce seront les Colonnes Infernales. Elles commenceront leur sinistre besogne le 21 Janvier 1794 (jour symbolique, choisi par Turreau lui-même...), pour ne l'achever qu'à la fin mai.....

                Les rapports d'activité des Colonnes Infernales existent, et sont consultables: ils sont déposés aux Archives militaires historiques, au Fort de Vincennes. (Gracchus Babeuf forge le terme de "populicide"....)

                Les Lucs sur Boulogne, 28 février 1794: à Oradour sur Glane, les SS n'ont rien inventé.... On se souvient que c'est aux Lucs qu'Alexandre Soljenitsyne est venu rendre hommage aux Vendéens, et établir la filiation entre la révolution française et toutes celles qui l'ont suivi, dont la bolchévique.

     

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    Samedi 25 septembre 1993, Sojénitsyne est aux Lucs sur Boulogne,
     pour l'inauguration de L'Historial de Vendée
     

                Pierre Chaunu reprend : "...On ne peut pas ne pas s'apercevoir que la façon dont la répression a été conduite en Vendée....c'est l'archétype de toutes les atrocités qui se sont produites au XX° siècle...".

                V (7'05") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-fin-kudq_ktfs_.html

               1795: seuls restent Stofflet et Charette, mais ils sont désunis..... Le 8 Juin se répand la nouvelle: Louis XVII est mort ! Et la guerre reprend, ou plutôt la guérilla....

                Stofflet mourra le 25 février 1796 (fusillé à Angers) et Charette le 29 Mars (fusillé à Nantes).

                C'est Jean Tulard qui conclut en quelque sorte cette évocation des Guerres de Vendée, en rappelant l'action de pacification menée par Bonaparte en Vendée. Jeune général, il a toujours refusé d'aller servir dans cette guerre qu'il qualifia lui même de "Guerre de Géants". Il ne se rendit en Vendée qu'en 1808 et, raconte Jean Tulard, il fut horrifié par ce qu'il découvrit. D'où sa réelle volonté d'indemniser la Vendée et de l'aider à connaître une véritable renaissance.....

     

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    Récapitulatif :

     




  • G 20, Discours et réalités, l'analyse politque d'Hilaire de Crémiers

            (Article paru dans Politique magazine n°  94, de mars 2011)

            G 20, Discours et réalités

            Il est bien de songer à l’ordre international. Mais encore faut-il en avoir les moyens et le premier d’entre eux : un État solidement installé dans la durée et l’efficacité.

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            Les réunions d’ouverture du G20 entre ministres des Finances et banquiers centraux se sont tenues à Paris le vendredi 18 et le samedi 19 février. L’apparence était à la concertation ; mais l’apparence seulement. Les Chinois, selon une habitude qu’ils ont acquise de sommet en sommet, étaient les maîtres et ils l’ont fait savoir, comme les fois précédentes, à leur façon : ils ont refusé tout accommodement. Ainsi, selon leur exigence, les réserves de change et même les taux de change ne feront pas partie des indicateurs d’une gouvernance économique mondiale. C’est la rendre ainsi impossible ! Même refus sur la question des limites dans les balances courantes. Peu importe que ce soit une cause essentielle des déséquilibres. Autrement dit les Chinois sont et demeurent maîtres de leur monnaie, de leurs réserves de change, les plus importantes du monde – 2840 milliards de dollars –, de leur politique économique. Le ministre des Finances chinois, Xie Xuren, soutenu par le turc, a clairement signifié qu’imaginer les choses autrement, c’était rêver. D’ailleurs le FMI et la banque mondiale doivent maintenant compter avec la Chine.

            Lors d’une réunion à la Banque de France, Ben Bernanke, le patron de la Fed, la Banque centrale américaine, a donné comme d’habitude une leçon de vertu au monde, en s’opposant à son homologue chinois, Zhou Xiaochuan, sans l’affronter directement : les déséquilibres économiques, dit-il, et, en particulier, ceux des balances dus à des excédents commerciaux, n’étaient que la conséquence des tricheries de la sous-évaluation monétaire. Cela visait les Chinois ; mais c’était omettre de dire que les États- Unis, quant à eux, poursuivent invariablement leur propre politique d’émission monétaire et de rachat des bons du Trésor, donc de multiplication du dollar. Telle est la seule façon pour eux d’envisager une relance à bon marché de leur économie par l’afflux de liquidités, au prétexte qu’ils ne connaîtraient pas d’inflation réelle – c’est « l’assouplissement quantitatif » ! – alors que l’endettement fédéral atteint désormais le plafond légal de 14290 milliards de dollars qu’il faudra franchir – ça se jouera début mars –, en dépit de l’opposition conservatrice, pour assurer les paiements courants ; et cela sans se soucier de faire payer au monde entier les conséquences d’un tel laxisme. 1480 milliards de dollars de dettes, rien que pour l’année 2011… La politique du dollar n’est conçue que pour l’Amérique… jusqu’au risque du krach obligataire… Les pays émergents, en particulier le Brésil et l’Inde, sont décidés à sauver leur indépendance monétaire ; leurs ministres des Finances respectifs, Guido Mantega et Pranab Mukherjee, se sont opposés à tout contrôle strict international pour mieux conserver leurs propres contrôles nationaux. Singulièrement le Brésil, attaché à maintenir sa croissance face à la spéculation et au jeu des capitaux mouvants qui font monter sa monnaie… alors que le FMI ne songe qu’à supprimer le contrôle des changes ! Le Japon qui bat tous les records des dettes d’État, essaye de se tirer de ses difficultés, essentiellement internes, tout en se voyant surpassé par la Chine qui lui ravit le rang de deuxième économie mondiale.

    Une europe en implosion

            Et l’Europe ? Christine Lagarde avec cette intelligence ductile qui la caractérise, a réussi à faire croire qu’elle existait. C’est qu’elle y croit elle-même. Il est vrai qu’il faut bien croire pour espérer et goûter ainsi la force d’attraction d’un bien à embrasser !

            Cependant l’Europe n’est pas du tout en ordre de marche. Cela s’est fortement senti avant, pendant et après la rencontre. Il faut dire que les dettes souveraines y sont écrasantes ; les intérêts y sont divergents. Le système bancaire, intriqué de toutes sortes de crédits irrécouvrables et d’actifs dits toxiques, n’est, en dépit de quelques chiffres mirobolants mais essentiellement conjoncturels, qu’une machine à risques d’une extrême fragilité, comme le savent et l’écrivent tous les spécialistes, et dont le cas de l’Irlande et du Portugal n’offre qu’une pâle idée. Qui peut douter que le cas espagnol n’y ajoute bientôt un violent éclat ? Les taux d’emprunt de ces pays, comme ceux de la Grèce, sont dorénavant intenables, obligeant à un recours au Fonds d’aide européen, le FESF, même si la BCE, de son côté, prend le relais. Jusqu’où ? Sait-on que sur ces dettes souveraines les banques françaises sont exposées pour 485 milliards d’euros, les allemands pour 465… Et la BCE maintenant ?

            Tout repose sur un accord franco-allemand qui ne marchera que tant que l’Allemagne le voudra bien. C’est donc elle qui décide parce qu’elle a réussi à faire de sa politique économique la seule qui soit véritablement « crédible » dans le magma européen : le fameux modèle allemand ! C’est Angela Merkel qui ainsi a consenti à sauver la Grèce et l’Irlande ; et la raison en est tout simplement l’intérêt direct des banques allemandes. En accordant des prêts européens, l’Allemagne garantit ses propres créances. 

            Elle n’est pas la seule…

            Cependant le modèle allemand a ses limites et ses fragilités. 

            L’euro a jusqu’ici servi l’Allemagne. Mais aujourd’hui beaucoup d’Allemands sont sceptiques sur l’avenir de la zone euro. 

            Angela Merkel est en train de perdre les élections. Tous ces jours derniers, y compris pendant la rencontre de Paris, son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a rappelé que l’Europe ne pourrait exister que selon les critères allemands.

            Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a pendant tout son mandat mené une politique allemande de rigueur monétaire ; sauf que depuis plus d’un an il a été obligé, à l’encontre des traités européens, de se relâcher sur ses principes pour sauver la zone euro en ne cessant d’acheter des obligations d’État, plus que douteuses, et aussi dernièrement en consentant des prêts d’urgence à des établissements irlandais sur le point de fermer en contrepartie d’actifs… dont nul ne connaît la valeur.

            Eh bien, voici un fait significatif : il était prévu qu’Axel Weber, président de la Bundesbank, devait lui succéder à l’automne à la tête de la BCE. L’homme a refusé et, pour confirmer son refus, démissionné. La raison ? Il désapprouve la nouvelle politique de la BCE, il veut avoir sa liberté de parole ! Il ne croit plus à l’euro ; il pense d’abord à l’Allemagne… Qui sera dupe encore ? Il suffit de lire le dernier rapport du FMI :  l’avenir est aux investisseurs chinois ; la zone euro est au bord de l’implosion.

    Le discours et la réalité

            Voilà le climat dans lequel le G20 s’est déroulé. Certes une nuit de travail a permis de mettre au point quelques critères communs économiques et financiers sur les déficits, sur les dettes et sur l’épargne. Mais il y a loin de cette banale réalité au discours pompeux sur le nouvel ordre mondial. Le forum de Davos a été l’illustration d’un pareil écart. Ni Barack Obama ni Hu Jintao ne s’y sont déplacés. Nicolas Sarkozy y a fait un brillant discours ; les financiers et les entrepreneurs du monde ont répondu par des phrases sans fioritures.

            Lors de l’ouverture de la présidence française du G20, le président français a souhaité que soit pris en considération un intérêt général du monde sur trois grands points : les monnaies, la régulation financière, les matières premières dont les prix deviennent exorbitants… Intention louable, en effet. La banque mondiale s’inquiète d’une crise violente qui se prépare sur les denrées alimentaires… Rien n’est fait ou si peu.

            Le Marquis de La Tour du Pin et toute l’école sociale catholique dont bon nombre de membres étaient royalistes, ont développé des idées sur les mêmes thèmes à la fin du XIXe siècle. Ils dénonçaient la spéculation et ses opérations insensées sur les matières premières. Qui se souvient encore de La Tour du Pin ? 

            Sarkozy en a-t-il même entendu parler ? Ce catholique royaliste n’était ni libéral, ni socialiste ; seulement, il savait que pour obtenir un certain ordre et un ordre humain, il fallait d’abord des institutions humaines, dignes de ce nom, donc qui soient indépendantes, spirituellement libres, fortes d’une vertu enracinée dans l’histoire, animées d’un esprit de suite… Bref, le contraire des institutions actuelles qui sont celles du bavardage, de l’argent, de la démagogie, de l’ambition et de la carrière.

            Qu’en sera-t-il de cette présidence française du G20 en avril lors de la prochaine réunion de Washington et en novembre lors du sommet des chefs d’État à Cannes ? Supposons que la crise mondiale s’aggrave, que les crises sociales se déclenchent, que le prix du pétrole frappe les économies… Mais non, chers lecteurs, vous le savez bien : le seul point important est de savoir si Nicolas Sarkozy, si DSK, si Martine Aubry, si Villepin, si Royal, si Borloo, si Morin, si Hulot, si Mélenchon, si Éva Joly, si Besancenot… Au fait, qu’est-ce qui se passerait si l’État s’effondrait ? ■

  • Mieux connaître, pour mieux comprendre et mieux évaluer... : Regards croisés sur l'Islam (IV)

                Aujourd'hui, la parole est à Claude Lévi-Strauss.

     

                Voici un extrait significatif de Tristes Tropiques, publié en 1955, l'auteur ayant, alors, 47 ans.

     

     

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    « Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité» 

                 C’était surtout l’Islam dont la présence me tourmentait (…). Déjà l’Islam me déconcertait par une attitude envers l’histoire contradictoire à la nôtre et contradictoire en elle-même: le souci de fonder une tradition s’accompagnait d’un appétit destructeur de toutes les traditions antérieures. (…)

                 Dans les Hindous, je contemplais notre exotique image, renvoyée par ces frères indo-européens évolués sous un autre climat, au contact de civilisations différentes, mais dont les tentations intimes sont tellement identiques aux nôtres qu’à certaines périodes, comme l’époque 1900, elles remontent chez nous aussi en surface.

                 Rien de semblable à Agra, où règnent d’autres ombres: celles de la Perse médiévale, de l’Arabie savante, sous une forme que beaucoup jugent conventionnelle. Pourtant, je défie tout visiteur ayant encore gardé un peu de fraîcheur d’âme de ne pas se sentir bouleversé en franchissant, en même temps que l’enceinte du Taj, les distances et les âges, accédant de plain-pied à l’univers des Mille et une Nuits (…).

                Pourquoi l’art musulman s’effondre-t-il si complètement dès qu’il cesse d’être à son apogée ? Il passe sans transition du palais au bazar. N’est-ce pas une conséquence de la répudiation des images ? L’artiste, privé de tout contact avec le réel, perpétue une convention tellement exsangue qu’elle ne peut être rajeunie ni fécondée. Elle est soutenue par l’or, ou elle s’écroule. (…)

     

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    "N’est-ce pas une conséquence de la répudiation des images ? L’artiste, privé de tout contact avec le réel, perpétue une convention tellement exsangue qu’elle ne peut être rajeunie ni fécondée...."
     

                Si l’on excepte les forts, les musulmans n’ont construit dans l’Inde que des temples et des tombes. Mais les forts étaient des palais habités, tandis que les tombes et les temples sont des palais inoccupés. On éprouve, ici encore, la difficulté pour l’Islam de penser la solitude. Pour lui, la vie est d’abord communauté, et le mort s’installe toujours dans le cadre d’une communauté, dépourvue de participants. (…)

                N’est-ce pas l’image de la civilisation musulmane qui associe les raffinements les plus rares - palais de pierres précieuses, fontaines d’eau de rose, mets recouverts de feuilles d’or, tabac à fumer mêlé de perles pilées - servant de couverture à la rusticité des moeurs et à la bigoterie qui imprègne la pensée morale et religieuse? 

                Sur le plan esthétique, le puritanisme islamique, renonçant à abolir la sensualité, s’est contenté de la réduire à ses formes mineures: parfums, dentelles, broderies et jardins. Sur le plan moral, on se heurte à la même équivoque d’une tolérance affichée en dépit d’un prosélytisme dont le caractère compulsif est évident. En fait, le contact des non-musulmans les angoisse. Leur genre de vie provincial se perpétue sous la menace d’autres genres de vie, plus libres et plus souples que le leur, et qui risquent de l’altérer par la seule contiguïté.

                Plutôt que de parler de tolérance, il vaudrait mieux dire que cette tolérance, dans la mesure où elle existe, est une perpétuelle victoire sur eux-mêmes. En la préconisant, le Prophète les a placés dans une situation de crise permanente, qui résulte de la contradiction entre la portée universelle de la révélation et de la pluralité des fois religieuses. Il y a là une situation paradoxale au sens « pavlovien », génératrice d’anxiété d’une part et de complaisance en soi-même de l’autre, puisqu’on se croit capable, grâce à l’Islam, de surmonter un pareil conflit. En vain d’ailleurs: comme le remarquait un jour devant moi un philosophe indien, les musulmans tirent vanité de ce qu’ils professent la valeur universelle de grand principes - liberté, égalité, tolérance - et ils révoquent le crédit à quoi ils prétendent en affirmant du même jet qu’ils sont les seuls à les pratiquer.

                Un jour à Karachi, je me trouvais en compagnie de Sages musulmans, universitaires ou religieux. A les entendre vanter la supériorité de leur système, j’étais frappé de constater avec quelle insistance ils revenaient à un seul argument: sa simplicité. (…) Tout l’Islam semble être, en effet, une méthode pour développer dans l’esprit des croyants des conflits insurmontables, quitte à les sauver par la suite en leur proposant des solutions d’une très grande (mais trop grande) simplicité. D’une main on les précipite, de l’autre on les retient au bord de l’abîme. Vous inquiétez-vous de la vertu de vos épouses ou de vos filles pendant que vous êtes en campagne ? Rien de plus simple, voilez-les et cloîtrez-les. C’est ainsi qu’on en arrive au burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique (…).

     

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    "...voilez-les et cloîtrez-les. C’est ainsi qu’on en arrive au burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique..." 
     
     

                Chez les Musulmans, manger avec les doigts devient un système: nul ne saisit l’os de la viande pour en ronger la chair. De la seule main utilisable (la gauche étant impure, parce que réservée aux ablutions intimes) on pétrit, on arrache les lambeaux et quand on a soif, la main graisseuse empoigne le verre. En observant ces manières de table qui valent bien les autres, mais qui du point de vue occidental, semblent faire ostentation de sans-gêne, on se demande jusqu’à quel point la coutume, plutôt que vestige archaïque, ne résulte pas d’une réforme voulue par le Prophète – "ne faites pas comme les autres peuples, qui mangent avec un couteau"  - inspiré par le même souci, inconscient sans doute, d’infantilisation systématique, d’imposition homosexuelle de la communauté par la promiscuité qui ressort des rituels de propreté après le repas, quand tout le monde se lave les mains, se gargarise, éructe et crache dans la même cuvette, mettant en commun, dans une indifférence terriblement autiste, la même peur de l’impureté associée au même exhibitionnisme. (…)

                Si un corps de garde pouvait être religieux, l’Islam paraîtrait sa religion idéale: stricte observance du règlement (prières cinq fois par jour, chacune exigeant cinquante génuflexions; revues de détail et soins de propreté (les ablutions rituelles); promiscuité masculine dans la vie spirituelle comme dans l’accomplissement des fonctions religieuses; et pas de femmes.

                Ces anxieux sont aussi des hommes d’action; pris entre des sentiments incompatibles, ils compensent l’infériorité qu’ils ressentent par des formes traditionnelles de sublimations qu’on associe depuis toujours à l’âme arabe: jalousie, fierté, héroïsme. Mais cette volonté d’être entre soi, cet esprit de clocher allié à un déracinement chronique (…) qui sont à l’origine de la formation du Pakistan (…). C’est un fait social actuel, et qui doit être interprété comme tel: drame de conscience collectif qui a contraint des millions d’individus à un choix irrévocable (…) pour rester entre musulmans, et parce que qu’ils ne se sentent à l’aise qu’entre musulmans.

                Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables; car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de l’humiliation consiste dans une« néantisation » d’autrui, considéré comme témoin d’une autre foi et d’une autre conduite. La fraternité islamique est la converse d’une exclusive contre les infidèles qui ne peut pas s’avouer, puisque, en se reconnaissant comme telle, elle équivaudrait à les reconnaître eux-mêmes comme existants....

                Ce malaise ressenti au voisinage de l’Islam, je n’en connais que trop les raisons: je retrouve en lui l’univers d’où je viens; l’Islam, c’est l’Occident de l’Orient. Plus précisément encore, il m’a fallu rencontrer l’Islam pour mesurer le péril qui menace aujourd’hui la pensée française. Je pardonne mal au premier de me présenter notre image, de m’obliger à constater combien la France est en train de devenir musulmane. (…) Si, pourtant, une France de quarante-cinq millions d’habitants s’ouvrait largement sur la base de l’égalité des droits, pour admettre vingt-cinq millions de ci

  • Trois textes de Maurras sur l'Enseignement : I : L'École laïque contre la France.

                Le site Maurras.net ( http://maurras.net/ ) a ressorti récemment deux textes de Maurras, portant sur l'Enseignement. Le premier est de 1928 et il nous a paru intéressant de le relire, accompagné d'une déclaration du Ministre de l'Education nationale faite en... 2010, et mis en note, plus bas, en fin d'article (1). Car si, dans l'article de Maurras, on voit apparaître un précurseur du chèque scolaire, on verra que l'idéologie dénoncée par lui en 1928 reste bien installée aujourd'hui dans le Pays Légal, qui n'entend pas, sur ce point, reculer d'un pouce.

                La comparaison des deux textes est donc éclairante, et pleine d'enseignements....

                L'article de Maurras est paru dans l’Almanach de l’Action française pour 1928, et s'intitule L'Ecole laïque contre la France.

                Le site l'accompagne d'un petit commentaire, dont voici quelques extraits : « ...On pourrait négliger ce fait, d’ailleurs patent, que cette école est une très mauvaise école. Du point de vue de la justice, il suffit pour condamner cette école que, enseignant la doctrine de quelques-uns, elle soit payée par tous et obligatoire pour tous, en particulier pour ceux qui n’ont aucun moyen de se défendre contre ses inventions, ses conjectures, ses frénésies et ses fanatismes. »

                Sans doute les insuffisances morales ou simplement intellectuelles de l’école de Jules Ferry sont présentées avant tout par Maurras : sa fausse neutralité qui en fait l’église ou du moins la salle paroissiale du culte républicain, sa vision de l’histoire qui est anti-nationale jusqu’à l’incohérence, et jusqu’à son élitisme masqué derrière la gratuité puisque seuls les enfants des bourgeois assez riches pour prendre soin par ailleurs de l’éducation de leur progéniture peuvent prétendre échapper à son influence.

                C’est en politique justement qu’il tire la seule leçon qui vaille, et pense à frapper cette école au seul endroit qui lui serait douloureux : cette école républicaine, républicaine militante, n’a pas à être payé par ceux qui ne sont pas républicains".

                L’article est accompagné dans l’Almanach du portrait de Charles Maurras reproduit ci dessous, et d’un fac-similé de sa signature, reproduit en fin d'article.

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    L'École laïque contre la France

    Un système d'abêtissement

     

    Il faut en finir avec le carnaval de la liberté de l'esprit.

    Il faut en finir avec la plus sournoise mais la plus odieuse oppression intellectuelle qui ait pesé sur un pays.

    Il faut en finir avec la théocratie kantienne et roussienne qui accable écoliers et contribuables français.

    Il y avait autrefois, en France, deux livres de classe, très inégalement respectables, d'une antiquité inégale, d'une popularité inégale aussi en fait comme en droit, mais qui représentaient ensemble la somme de l'esprit national. C'étaient le Catéchisme diocésain et (l'adjonction est de Nisard ) les Fables de La Fontaine.

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    Le catéchisme propageait tout l'essentiel de la morale et de la religion, il apprenait aux bambins ce qu'il faut faire et ce qu'il faut éviter, et comment et pourquoi ; le pourquoi naturel et le pourquoi surnaturel, la raison du devoir, la sanction du devoir, et ces précisions réalistes n'empêchaient pas d'entrouvrir à l'intention des âmes les plus fines, ou peut-être, en vue des moments les plus heureux des âmes communes, le royaume supérieur de la grâce et du pur amour. Le curé de village qui enseignait ainsi la morale et la foi philosophait pour toute l'âme. Il en intéressait toutes les parties basses, moyennes ou sublimes. Ainsi agissait-il. Ainsi obtenait-il des résultats spirituels et moraux dont toute la vie de notre France témoigne. Mais l'école laïque a supprimé le catéchisme. Elle l'a remplacé. Elle a substitué au catéchisme le manuel de morale laïque. Elle a substitué à la morale catholique ce stoïcisme germanique de Rousseau et de Kant, qu'il est bien permis d'appeler le dégoût solide et durable de toute raison, l'écœurement fondamental de toute intelligence claire et de tout esprit bien constitué, le haut-le-cœur essentiel du simple bon sens. Le bien pur pour le bien sec ! Le devoir de croire au devoir ! L'absolu désintéressement « sur la terre comme aux cieux » à la racine de tous les actes méritoires ! La vertu si cruellement escarpée qu'il n'y ait d'autre accès vers elle que l'hypocrisie. Et, par bonheur, trop de pathos et de charabia pour être assimilé même en surface non seulement par les enfants, mais par leurs maîtres ! Au total, une fois sur dix, éducation pervertie, neuf fois sur dix, néant d'éducation, d'où il résulte que le « petit sauvage » demeure inéduqué et qu'il se produit un formidable développement de criminalité dans l'enfance et dans la jeunesse.

    Il est vrai que l'école laïque ne s'est pas contentée de détourner au profit du manuel le catéchisme, elle lui a sacrifié aussi les Fables, elle a écarté aussi le répertoire exquis du bon sens national. Toute cette sagesse, toute cette malice, toute cette réflexion matoise et profonde a dû céder à des sentences utopiques, dans lesquelles le monde se conçoit renversé sens dessus dessous.

    De là, un prodigieux abêtissement.

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    Le paysan et le pâtre d'il y a septante-sept ans voyaient peut-être voler dans la nuit de Noël des angelots joufflus et des étoiles surnaturelles, mais ils savaient parfaitement à quelle catégorie particulière appartenaient ces êtres d'élite et d'exception : ils n'en concluaient pas au bouleversement des rapports naturels ni des rapports sociaux, ils ne croyaient pas au pouvoir international d'un programme de député, et l'idée que la guerre ou tout autre fléau pût être terminé par le tribunal à Genève n'entrait pas dans leur imagination. Ni la foi ni la poésie n'y faisait de tort au bon sens.

    Il n'en est plus de même, le Manuel a mêlé le Ciel et la Terre. Les fables vraies, les justes fables de La Fontaine qui gardaient et qui défendaient, ont cédé aux fables menteuses et niaises, aux fables qui livrent et trahissent, les fables de Léon Bourgeois et d'Édouard Herriot. Et le pis est que ce malheur n'est pas, comme pourrait le croire l'historien de l'an 3000, un résultat involontaire et inconscient d'une aveugle dégénérescence de race. Il est voulu. Il est visé. Il est systématiquement poursuivi. Nous payons pour qu'il soit touché. Une part de nos contributions annuelles est portée à l'État pour que, à chaque petit Français qui atteint l'âge d'aller à l'école, des sommes soient versées, des frais soient faits pour lui ôter des mains le catéchisme, lui rendre les Fables suspectes et lui imposer, avec toutes les marques et estampilles de l'État, le stupide petit Manuel qui lui enseignera de véritables billevesées sur la nature essentielle du réel et du possible, du bien et du mal !

     

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    Une religion d'État

     

    Tout le régime d'enseignement désigné sous le nom de laïcité représente un système complet d'embrigadement et de domestication des intelligences et des consciences populaires. Hors du peuple, dans les classes aisées, moyennes et supérieures, il y a des voies ouvertes toutes grandes pour échapper à cette trituration administrative des cervelles et des cœurs selon le procédé de Rousseau et de Kant qu'imposa la bande des huguenots sectaires et des kantistes bismarckiens qui entouraient Jules Ferry vers 1880 ! Un fils de famille bourgeoise a chance d'apprendre une autre morale que la prétendue éthique indépendante et ses burlesques fariboles : un enfant du peuple, non. Le pauvre petit avalera Rousseau et digérera Kant mis en pilules de la marque Buisson-Pécaut-Monod et Cie. Il n'aura pas le moyen de recevoir une autre éducation, ces sottises lui seront imposées par la loi de l'État, et avec l'argent de l'État, c'est-à-dire notre argent à tous. La secte kantienne et roussienne ne paye pas des établissements pour propager ses chimères anticatholiques et anticritiques, lesquelles sont aussi, par-dessus le marché, tout à fait anarchiques. Ce groupe s'est emparé de l'État, il s'y est installé, et c'est de là, par là, que sa marchandise anti-intellectuelle s'écoule.
                                                                     Sous la laïcité, le laïcisme..., haine du catholicisme.

     "...Jules Ferry dit vouloir "organiser l'humanité sans roi et sans Dieu". C'est d'abord sur le terrain de l'école que les Républicains engagent le combat...." ("Un Prince français", Chapitre 6, Foi, page 118).

    Que mon lecteur ne se fâche point des épithètes un peu rudes. Elles sont au-dessous de la vérité. Toute la France finira par savoir quel mécanisme d'abrutissement (et aussi quel instrument de démoralisation), constitue la morale rousso-kantienne dans l'enseignement primaire. Cela tue le pays. Cela tue l'esprit du pays. L'Université le sait bien, et tout ce qui pense dans l'Université, enseignement secondaire et supérieur. Mais cette haute Université est bâillonnée. Elle ne peut parler. Elle est d'État. L'État la tient et il la tue, comme il est en train de tuer, cet État républicain, toute bonne chose française.

    On le voit, c'est à un point de vue national, au point de vue de l'intelligence non confessionnelle, comme à un point de vue de simple moralité effective, que je me place pour éclairer le pays sur la véritable réalité du laïcisme : ce régime, cet État, est un régime de théocratie ou de sacristie, tous les mots d'ordre secret y sont d'ordre religieux et une dogmatique implicite y est imposée à ses adhérents de cœur et d'esprit, à ceux, qui ont véritablement reçu l'initiation aux derniers mystères, ou qui doivent voir, comme ils disent, la lumière du trente-troisième appartement .

    On me dira :

    — Quelle dogmatique ? Quelle idée enfermée dans ce dogme ?

    Je réponds :

  • ”La” république, ou ”cette” république ? Peut-il y avoir (en France...) une ”bonne” République ? Débat avec D.C...(1/3).

                 L'avantage avec les commentaires que postent nos lecteurs ou -comme ici- les messages ou les questions qu'ils nous envoient directement à maisaquilafaute ? c'est, tout simplement, mais c'est essentiel, qu'ils font réfléchir, et qu'ils obligent à préciser toujours plus et toujours mieux tel ou tel point délicat. Ils permettent ainsi, dans un échange fécond, de progresser dans l'approfondissement et -ce sera probablement le cas cette fois- dans la formulation de nos idées.

                 D.C. nous a ainsi envoyé plusieurs courriers, auxquels nous en avons en partie répondu, mais en privé, en interne, en quelque sorte. Pourtant, à la réflexion (son premier courrier date de mai !), et comme le problème qu'il soulève est important, il nous a semblé utile de porter à la connaissance de tous le débat qui s'est engagé, afin que d'autres puisent apporter leur contribution.

                 Le point de départ semble simple, mais il emmène tout de suite très loin, beaucoup plus loin... D.C. pense que nous devrions modifier notre formulation et ne pas/ne plus attaquer "la" République. S'agirait-il seulement de sémantique, et de changer simplement un mot ? Bainville aimait à rappeler que c'est par les mots qu'on désigne les Idées, et que c'est sur les Idées qu'on s'entend. Autant dire qu'en attirant l'attention sur un mot, D.C. va -et c'est tant mieux, nous obliger à remuer, pour les préciser, plusieurs Idées.

                Allons-y...

                Voici le premier message (du 19 mai):
     
                ".....Je partage les principes mentionnés dans l'article du 11 mai 2009 (1, voir l'article ci dessous, en fin de note).

           Cependant, depuis bien longtemps il est historiquement démontré que la République ne peut se concevoir autrement que comme la res publica (le bien commun).

                 Or, nous connaissons le poids des mots. Il serait donc plus juste et judicieux, d'en finir avec l'opposition factice entre République et Monarchie que certains royalistes entretiennent commodément au plus grand avantage des républicanistes qui font de même. Ce qu'il faut à mon avis dénoncer, ce n'est pas la République qui ne peut et ne doit être que la res publica, ni la démocratie en tant que telle,  mais bien la Présidence de la République qui accapare tout, même le débat public tout en nuisant au bon fonctionnement de notre démocratie, et ce, en comparaison avec la Monarchie. Car qui peut mieux que le Roi présider à la res publica, notre bien commun en tant que Chef de l'Etat, à la fois véritable arbitre, garant de l'unité nationale et de la continuité historique de l'Etat, indépendant des partis politiques, des intérêts particuliers, des clans et des groupes de pression. Selon l'adage " le Roi ne saurait mal faire ". Sur la base de la Vème République, du moins ce qu'il en reste, en clarifiant et développant les prérogatives du Chef de l'Etat en tant qu'arbitre et garant, en restituant au 1er ministre la responsabilité de la politique gouvernementale devant le Parlement et en réformant le Sénat pour une représentation plus réelle des corps constitués et des mouvements politiques, la Monarchie en France aux sources du parlementarisme avec les Chartes de 1815 et 1830, pourrait, sur la base d'une Vème république restaurée, agir, en s'inspirant de la formule du Roi Louis-Philippe, selon laquelle : " le trône n'est pas un fauteuil vide".

                Qu'en pensez- vous ? Et de grâce stigmatisons la Présidence de la République mais pas la République, qui est seulement aux mains d'une oligarchie, dont le Roi précisément en la présidant comme le meilleur des républicains, à l'image de Juan Carlos en Espagne, mais avec encore plus de prérogatives, pourrait la garantir au plus grand profit de la nation toute entière. Approuver une nouvelle constitution comme le nouveau pacte capétien entre la dynastie et les Français, au service de la France, serait de confier la présidence de notre res publica, notre bien commun, de manière permanente au Roi et à ses successeurs, en clef de voûte de nos institutions."

    Et voici le deuxième message de D.C., en réponse à notre première réponse:

                 "...Ce qui, à mon avis, mine la société jour après jour, ceux sont les injustices, notamment sociales, consécutives à l'ultralibéralisme mis en oeuvre depuis 20 ans de manière planifiée, et étendu à l'Union européenne.

                C'est aussi la confiscation du pouvoir par une oligarchie politique.

                Pour ces deux raisons majeures, la tête de l'Etat doit être libérée de l'emprise des partis politiques et de leurs écuries présidentielles, pour qu'il existe à cette place un véritable arbitre et garant de la démocratie, pour notre res publica, à savoir le Roi.

                Dans mon esprit, il ne s'agit pas d'interdire les partis politiques, mais qu'ils restent à leur place, celle qu'ils n'auraient jamais dû ou pu quitter, à savoir le Parlement. Si le Gouvernement procède d'une certaine manière du Parlement devant lequel il demeure responsable, il procède aussi du  Roi qui y aurait aussi son mot à dire, lors de sa nomination et au cours de son fonctionnement, par toute sorte de moyens constitutionnels, même si de ce point de vue, il est fondamental qu'il demeure irresponsable ou inviolable. Et dans ce schéma, le Roi a nécessairement un rôle éminent dans les domaines régaliens de l'Etat, en plus de ses autres prérogatives, ce qui n'est pas rien. Quant au Parlement, les partis politiques n'ont pas seuls, vocation à représenter le corps électoral, une réforme du Sénat peut venir équilibrer l'Assemblée nationale, et la Monarchie peut se permettre l'introduction d'une proportionnelle plus représentative des opinions. Toute la société en serait transformée et la démocratie plus vivante, avec plus de justice sociale et de libertés.

                S'il faut donner un nom à ce que nous dénonçons communément, le mot République, ne me semble pas approprié, l'oligarchie me semble plus adéquat, elle désigne la confiscation du pouvoir par une minorité qu'elle soit de droite ou de gauche, qui de plus, sur l'essentiel, est convertie à l'ultralibéralisme."
    (à suivre...).

    (1) : pour mémoire, voici l'article du 11 mai, intitulé "Un Prince qui "porte le tout....." , que vous pouvez retrouver dans la Catégorie "Autour du Prince Jean !....

                 "Quelques grammes de douceur dans un monde de brutes...". Ce fut, il y a quelque temps, le slogan choisi pour ses produits par une marque réputée.

                 Dans son domaine, et dans son genre, quelle bouffée d'oxygène et d'air pur nous a offert le Prince Jean, entre les remugles des comptes de Julien Dray et les intrigues tordues de Bayrou/Ségo préparant ce qu'ils espèrent être leur revanche en 2012 !

                 Pendant quelques jours, on a comme sorti le tête de l'eau, on a respiré autre chose, on a pensé à autre chose: à la France, tout simplement. A son Histoire, à son avenir, à son être profond.

                 Et il est vrai que cela nous a changés, et que cela a fait du bien.....

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          Lorsqu'il parlait des Papes, en général, Jean Guitton avait coutume d'employer une formule très belle. Un pape, disait-il, c'est quelqu'un qui porte le tout. La définition est fort pertinente, en effet. Et l'on mesure le poids d'une telle charge...

                Mais ne pourrait-on, d'une certaine façon, appliquer cette manière de voir les choses au politique ? Il suffit de lire les journaux: de quoi ont parlé François et Ségolène - on aurait dit un fait exprés - la semaine précédant le mariage du Prince ? De leurs scores et de leurs pronostics pour la prochaine présidentielle. Une élection dont, soyons justes, l'actuel Président ne se désinteresse nullement, lui qui, après avoir laissé entendre qu'un seul mandat l'occuperait assez, laisse dire maintenant partout qu'il sera bien là.. en 2012 !

                Que portent-ils, tous les trois ? Le tout, ou le simple poids de leurs ambitions ? Poser la question, c'est y répondre....

                Et c'est du reste normal, et ce n'est pas là-dessus que nous les critiquons. Il est normal que, dans leur ordre, les candidats se préparent aux échéances. Ce qui ne nous parait pas normal, et même franchement mauvais, malsain et facteur d'affaiblissement pour la France, c'est qu'il n'y ait pas d'espace a-démocratique, dans l'Etat, permettant de faire sa place au temps long.

                Notre projet royaliste n'est pas une révolution des institutions, mais leur amélioration, leur perfectionnement, leur enrichissement, par l'adjonction, à la tête de l'Etat, de cette autorité stable et durable que nous avons connue pendant mille ans, et dont nous sommes privés depuis l'instauration de la République. Alors que, pour reprendre le mot de Christine Ockrent les anglais (et, plus généralement, les pays européens qui vivent en monarchie...) ont la chance d'avoir la reine d'Angleterre, ce qui n'est pas notre cas.....(1)

    (1): Voir la note "Quelle chance il a eue, Tony Blair !...", dans la catégorie "République ou royauté ?...".

  • Autour du Prince Jean ! Les influences culturelles franco-polonaises, et l'amitié profonde qui lie nos deux pays.

    TimbrebisRVB.jpg               Le 12 mars 2007, le Prince Jean a commencé un voyage important en Pologne. Nous en avons déjà parlé, et nous en parlerons encore...

                   A côté de moments intenses, comme la rencontre avec Lech Walesa ou l'entretien avec le Cardinal Primat de Pologne, le Prince n'a pas oublié la Culture, les choses de l'Esprit, et il a prononcé, à l'Université catholique de Varsovie, un très intéressant Discours de clôture du colloque sur les Influences culturelles franco-polonaises : « Nous avons beaucoup de choses à nous dire... »

                   C'était au troisième jour de son déplacement, et c'était donc dans l’université catholique Cardinal-Stefan-Wyszynski de Varsovie. Survolant deux siècles de relations culturelles et affectives franco-polonaises, il s'est appuyé sur quelques grands noms pour illuster avec force son propos : Frédéric Chopin, Adam Mickiewicz, Maria Sklodowska, devenue Marie Curie, et d'autres, jusqu'à Karol Wojtyla, le "plus illustre des Polonais".

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                "Je me souviens, l’année dernière, visitant la Bibliothèque polonaise de Paris ( http://www.bibliotheque-polonaise-paris-shlp.fr/ ), si superbement restaurée (ci dessus), d’avoir dit qu’il nous fallait cultiver l’amitié multi-séculaire franco-polonaise pour la rendre actuelle car, culturellement, nous avons toujours beaucoup de choses à nous dire. J’ajoutais que c’était la raison même qui me faisait souhaiter de me rendre en Pologne. Comment, aujourd’hui, devant vous, ne pas confirmer ce propos, qui, vous le voyez, était bien un ferme propos...
    C’est avec un mélange de joie du cœur et de passion de l’intelligence que je réponds à votre invitation de dire quelques mots au terme de ce colloque sur les relations entre la France et la Pologne au XIX siècle. Un colloque riche et divers, à l’image de ce que furent ces échanges entre nos deux pays.

    Le souvenir de Chopin

                Pour bien des Français, s'il est un nom qui les évoque mieux qu'aucun autre, c'est celui de Frédéric Chopin. Au point qu’ils le considèrent bien souvent comme un Français d’origine polonaise, alors que c’est l’inverse qui est vrai. Son patriotisme polonais, on le sait, est irrécusable : en voyage au moment de l’insurrection de 1830, il ne devint un exilé que par sa décision propre. Mais sa présence en France fut celle d’un génie qui non seulement marqua profondément la création musicale, mais en fit un ami ou une relation pour tout ce qui comptait dans la vie culturelle parisienne de cette époque. Sa grande aventure avec George Sand, même si elle ne se termina pas très bien, ou peut-être à cause de cela, est restée une des expressions les plus populaires de la passion romantique. Après son décès place Vendôme, ses funérailles à l’église de la Madeleine constituèrent un juste hommage rendu par les Parisiens qui depuis n’ont jamais cessé de visiter sa tombe au Père Lachaise.

    Hommage à Adam Mickiewicz

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    Portrait par Aleksander Kaminski, vers 1850.

                Parmi les amis du couple, où l’on ne comptait quasiment que des célébrités, un nom retient particulièrement notre attention : Adam Mickiewicz, gloire de la poésie polonaise, gloire également de l’émigration polonaise à Paris. C’est là qu’il écrira sa grande épopée de dix mille vers, « Pan Tadeusz », avant de se voir confier, pendant de nombreuses années, la chaire de littérature slave au Collège de France. Son Livre de la nation et du pèlerin polonais, le premier qu’il écrivit à Paris, fut traduit en français par Montalembert, ami de Lamennais et Lacordaire, une figure de la vie intellectuelle catholique de l’époque, qui ne cessa sa vie durant de défendre la cause polonaise. Un hommage justifié a aussi été rendu à Mickiewicz par la ville de Paris, qui lui a consacré un monument, l’ultime chef-d’œuvre d’Antoine Bourdelle, érigé place de l'Alma.

    L’exemple de Marie Curie

                Sautons un demi-siècle. Nous sommes en 1891. Arrive à Paris une jeune polonaise du nom de Maria Sklodowska. Elle vient suivre des études scientifiques à la Sorbonne. C’est un génie ( http://mariecurie.science.gouv.fr/accueil/homepage.htm ). Deux ans plus tard, elle est reçue première à la licence ès-sciences physiques. Encore deux ans, et elle est reçue 2e à la licence de mathématiques. Et encore deux ans, la voilà reçue première à l’agrégation de physique. Entre-temps, elle a rencontré un autre physicien surdoué, Pierre Curie, qu’elle épouse (photo du couple, ci dessous). Ensemble, ils font des découvertes fondamentales dans le domaine de la radio-activité, qui leur valent en 1903 le prix Nobel de physique. Après la mort accidentelle de Pierre, elle devient la première femme à enseigner à la Sorbonne, et reçoit en 1911 le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le radium. Se rendant aux Etats-Unis, elle suscite une souscription qui financera l’achat d’1 gramme de radium. Quand elle obtiendra l’équivalent pour un second gramme, elle l’offrira aussitôt à l’Institut du radium de Varsovie : magnifique témoignage de la profondeur de son enracinement polonais. On sait qu’elle mourra de la leucémie contractée à la suite de ses travaux : Maria Sklodowska et son mari Pierre Curie reposent désormais au Panthéon. Foudroyant itinéraire d’une polonaise exceptionnelle qui a adopté la France et que la France a adoptée.

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    L’apport des Polonais à la France

                Frédéric Chopin, Adam Mickiewicz, Marie Curie : trois génies, sans doute. Mais combien d’autres, parfois fort connus, ou plus obscurs, ont contribué à tisser ce lien mystérieux mais puissant qui relie les cultures française et polonaise ? De Ian Potocki à Witold Gombrovicz dans les lettres, Roman Polanski ou Andrzej Seweryn dans le spectacle, nombreux sont les noms polonais familiers aux oreilles françaises. Et si, en France, Paris semble se tailler la part du lion, il n’est pas de région française qui n’ait été, d’une manière ou d’une autre, touchées par la Pologne. Je ne saurais omettre d’en citer une : la Lorraine. Il suffit aux Nancéens de traverser la place Stanislas (ci dessous) pour savoir tout ce que, depuis l’époque des Lumières, ils doivent à Stanislas Leczczynski qui, après avoir régné sur la Pologne, fut duc de Lorraine pendant plus d’un quart de siècle, après avoir donné, avec sa fille Maria, une reine à la France.

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    Comment oublier aussi qu’au XXe siècle, après que Paris eut accueilli la revue de l’émigration Kultura dès la mainmise soviétique sur la Pologne, c’est de cette même Pologne qu’est parti le grand mouvement de révolte, illustré par Solidarnosc, qui, en France même, allait si puissamment contribuer à renverser une autre mainmise, celle de la culture marxiste sur notre classe intellectuelle. C’est à la Bibliothèque polonaise de Paris, vous ne l’ignorez pas, qu’est réuni un fonds exceptionnel de documents sur cette glorieuse époque.

    L'Europe se doit de respecter ses nations.

                J'aimerais dire, pour conclure ces quelques mots, que dans cette relation entre la France et la Pologne, s'il y a une dimension qui m'échappe moins que toute autre, c'est la dimension européenne.Je suis un prince d’Orléans, c’est à dire membre d’une famille qui n’a pas d’autre histoire que celle même de la France. Mais si, au fond de ce que je suis, je trouve la France, cela n’a pour moi rien d’une fermeture. C’est au contraire une ouverture au monde, qui commence par tout ce qui m’est le plus proche : dès que je regarde au-delà de la France, ce que je vois aussitôt, c’est l’Europe, ses cultures, sa civilisation. Je connais l’Europe presque aussi bien que mon propre pays. Et quand je pense à la Pologne et à la France, je n’oublie rien des liens que nous entretenons respectivement avec les autres pays européens, à commencer par l’Allemagne, et aussi la Russie. Et comment ne verrais-je pas que tous, chacun à sa manière, sont d’abord l’Europe ? Une Europe qui se doit de respecter les nations qui la constituent, forte de toutes leurs cultures, qui sont ses cultures, et ainsi plus réelle que les comportements qui tendent à enfermer notre continent dans des règles qui ne lui conviennent pas toujours. L’Europe, nous devons la construire tous les jours, non sur le sable, mais sur le roc de la fidélité à son être profond. C’est ce à quoi je m’attache, avec tout ce que je représente, et en y associant mes amis réunis dans l’association Gens de France.

    Ce que nous devons au plus illustre des Polonais

                 La Pologne et la France : comment ne pas évoquer, in fine, un autre nom, celui du plus illustre des Polonais, Karol Wojtyla, le pape Jean Paul II. Sans doute la France perd-elle là tout lien privilégié à l’égard de la Pologne, tant le message de ce pontife est universel. Mais comment oublierait-elle, notre France, qu’en 1996, 1500 ans après le baptême de Clovis, c’est un Polonais qui vint à Reims et, à la face du monde, de cette voix où l’on entendait rouler les cailloux de la Vistule, l’interpella rudement : « France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » D’un bout à l’autre de l’Europe, c’était comme un arc qui était tendu vers le ciel.

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  • Rebondissement sensationnel dans l'afffaire de l'incendie de Marseille.....

                Nous avons longuement parlé, en septembre, (1) du Légionnaire Fontaine, livré en pâture "aux chiens" (comme l'a dit, en son temps Mitterand), jugé et condamné en un cllin d'oeil, et en direct, par les élus et une très large part du monde médiatique. Son crime ? Il aurait mis le feu aux calanques. Mon oeil ! Son vrai crime: être un soldat loyal et fidèle. La presse -aux ordres du politiquement correct- préfère les "jeunes". On venait justement, peu de temps avant, d'en relâcher deux qui, eux, avaient vraiment mis le feu. Mais comme ce sont des "jeunes"....

                Or, voilà que la même Provence -qui avait, sans retenue ou sans précaution, participé à la curée- lance une nouvelle sensationnelle. Il faut attendre encore un peu, certes, mails il semblerait qu'un rapport d'expertise remette en cause la précipitation et la suprême injustice -coupable, évidemment, forcément coupable, comme dirait l'autre- dont ont fait preuve -Jean-Claude Gaudin en tête- ceux qui ont hurlé à la mort contre l'adjudant Fontaine.

                Si le rapport s'avère vrai -répétons-le, il faut attendre encore un peu, ne faisons pas, justement, comme "ils" ont fait, "eux"...- que va-t-il se passer ? France info, benoîtement, disait au flash de 6h30, ce vendredi 16, peut-être faudra-t-il qu'ils s'excusent.

                Quoi, ce serait tout ? De simples excuses ? Pour tout ce mal, pour tout ce tort causé à un sodat exemplaire ? Et pourquoi pas de lourdes amendes ? Et pourquoi pas des peines de prison -au moins avec sursis- ? Et pourquoi pas des démissions ? Sont-ils au-dessus des lois parce qu'ils sont journalistes, députés et sénateur-maire ?

                D'un côté on libère des "jeunes" qui, sitôt sortis, sont accueillis en triomphateurs dans leurs cités, où ils passent pour des héros, et, de l'autre, on se contenterait d'une ou deux excuses envers quelqu'un qu'on a failli laminer ?

                Nous préférons penser que la Justice doit passer. Envers les "jeunes", d'un côté (qu'on les déchoie et qu'on les expulse !); envers les lyncheurs de l'autre, s'il s'avère que le rapport en question dit vrai et innocente l'adjudant.....

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    (1) : Voici la note que nous avons publiée le 12 septembre, sous le titre "Deux feux à Marseille: deux poidsn deux mesures...."

               Si nous n'en avons pas parlé avant, c'est que nous préférions d'abord y voir plus clair, et non parce que cela ne nous intéressait pas. Le dilemme est bien connu: ou on réagit tout de suite, mais on court le risque d'être démenti par un fait nouveau, ou on attend un peu, par prudence et honnêteté intellectuelle, pour vérifier les infos, mais alors on court le risque d'être catalogué moins réactif.

               Pierre nous avait envoyé le texte d'une lettre ouverte à Jean-Claude Gaudin sur l'affaire du feu déclenché à Carpiagne, suite -disait-on- à un exercice de la Légion étrangère, pendant le mois de juillet. Juste après l'avoir reçu, l'AFP publiait le communiqué que nous reproduisons ci dessous. Et, pour finir, le vendredi 11 septembre, le principal intéressé prenait la parole dans La Provence. On peut donc considérer maintenant que les faits commencent à être établis avec assez de précisions pour demander des comptes, formuler quelques critiques, et lancer des accusations.....

     

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    Vite accusées: la Légion, l'Armée. Et plus qu'accusées: lynchées....

                Voici, dans l'ordre, et constituant un mini-dossier sur l' "affaire", le communiqué de l'AFP, la lettre ouverte à Jean-Claude Gaudin et l'entretien à La Provence

    I : Feu à Marseille. Les mineurs en liberté.

    Les deux adolescents de 14 ans interpellés hier (samedi 6 septembre, ndlr) sur le site de l'incendie qui a détruit six hectares de végétation basse aux portes de Marseille (ci dessous) ont été remis en liberté à l'issue de leur garde à vue, a-t-on appris dimanche de source policière. Ils feront l'objet d'une convocation ultérieure devant le tribunal pour enfants pour "incendie involontaire".

    Ils avaient été surpris la veille par un policier hors service et un apprenti-cuisinier, alors qu'ils jetaient des pétards. Ils avaient ensuite tenté d'éteindre le feu, qui s'est finalement arrêté à quelques dizaines de mètres des habitations à La Batarelle, dans les quartiers nord de Marseille. Les deux mineurs ont un casier judiciaire vierge et sont présentés comme "des jeunes sans histoire".

    Un dispositif terrestre de 150 hommes et la mobilisation de six Canadair avaient été nécessaires samedi pour maîtriser le sinistre, attisé par un fort mistral, qui s'était déclaré vers 16h30 dans une zone péri-urbaine.

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                A la lecture de ce communiqué, le texte envoyé par Pierre est encore plus parlant:

    II : Monsieur le Maire,  

     

                Vous avez publiquement, et sur toutes les chaînes des médias, accusé l’Armée qui a déclenché un feu de broussailles après avoir tiré, à balles traçantes, lors des exercices d’entraînement au camp de Carpiagne. Connaissant votre affection pour Marseille, vous avez dû avoir très peur en voyant le feu arriver aux portes de la Cité. Très en colère, vous avez demandé lors de ces interviews, une punition exemplaire pour le « contrevenant » qui avait commis « une stupide erreur » en entraînant ses hommes dans cette région à risques en cette période. Mais pourquoi crier si fort aujourd'hui contre notre Armée, alors que votre silence complaisant nous a atterrés lorsque, quelques jours plus tôt, le 14 juillet exactement,  ce sont des bandes de vos cités dites défavorisées qui ont mis Marseille en feu créant des incendies - quatorze selon La Provence – tout près des habitations et simultanément aux quatre coins de la ville. 

                Ces  bandes de jeunes ou moins jeunes avaient volontairement mis en péril la vie de vos administrés puisqu’ils avaient jugé important d’allumer leurs incendies près des habitationset leur dessein, à n’en pas douter, était de tuer sans distinction d’âge ou de sexe. Nous savons tous et vous aussi certainement, que, ce faisant, ils répondaient à un appel, sur Internet,  de ces immigrésqui peuplent la France mais la haïssent autant qu’ils haïssent les français. Comment se fait-il,  qu’après ces violences, autrement plus graves, le premier magistrat que vous êtes, ne se soit pas révolté contre ces hordes de dangereux pyromanes ? Vous aviez pourtant matière à demander aux Chef de l’Etat de sévir avec la plus grande fermeté et à l’Armée, Gardes mobiles et autre CRS,  de les déloger manu-militari afin de les traduire devant la justice française. Vous avez préféré passer sous silence les débordements qui s’étaient déroulés dans votre ville, et « vos médias » se sont contentés d’annoncer le nombre de voitures incendiées dans tout l’hexagone, précisant, comme s’il s’agissait d’une banalité, que le bilan avait été bien supérieur à l’année précédente pour la même occasion. 

     

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    Après la virulente "sortie" du Maire de Marseille, François Fillon lui-même....

                Par contre, ayant trouvé un coupable tout désigné pour  "noyer le poisson de la veille", en la personne d’un honnête soldat qui entraînait ses hommes, vous êtes apparu comme par enchantement, drapé dans votre indignation, réclamant réparation  à la stupide Armée qui avait osé menacer Marseille. A vous regarder piquer vos colères devant toutes ces caméras qui passaient près de vous, nous en avons eu le sang tout retourné comme on dit cheznous en Provence.  Car nous, aussi,  nous sommes très en colère ….. Contre vous Monsieur Gaudin. Car nous sommes marseillais et nous aimons Marseille autant,  sinon plus,  que vous. Et Marseille n'est pas seulement qu'un ramassis de voyous qui sèment la terreur dans Notre ville, Monsieur, elle nous appartient également.  Mais il nous semble que vous êtes bien plus zélé à protéger vos  délinquants, même s’ils sont des assassins en herbe,  qu’à protéger et défendre tous vos administrés. Ne verriez-vous en eux que des voix électorales potentielles qui vous aideraient à préserver votre siège lors des futures consultations qui auront lieu dès les premiers mois de 2010 ?

                 Nous vous rappelons que, nous aussi, nous votons. Et nous sommes nombreux à être fatigués de lutter contre cette délinquance qui a envahi notre ville. Nous vivons dans l’insécurité la plus totale à Marseille pendant que vous faites des effets de manches et poussez des coups de gueule pour attirer l’attention des marseillais et des pouvoirs publics contre un homme, un soldat de France,  dont le
    courage et l’honneur ne sont plus à prouver. Votre théâtralisme, votre partialité, votre irresponsable attitude, nous font honte. Ces deux
    affaires ayant eu le même résultat : des incendies, l’un causé volontairement,  l’autre accidentellement dans l’exercice d’une profession, il est encore temps que vous en appeliez à l’Etat, aux ministres et à tous les médias pour revenir sur vos déclarations tonitruantes et rétablir la vérité. L’adjudant Fontaine, de la Légion étrangère,  en entraînant ses hommes aux futurs combats qu’ils livreront contre les ennemis de la France d’abord et de la paix dans le Monde en général n’est pas responsable, SEUL, de cet accident terrible, soit, mais non criminel. Vos protégés, eux, ont provoquédes incendies criminels et vous ne les avez, en aucune manière, condamnés ni poursuivis. 

                 Y aurait-il, pour la ville de Marseille que vous représentez, deux sortes d’administrés ? Deux poids, deux mesures ? Des blancs coupables et  des immigrés innocents ?  Nous attendons rapidement votre réponse, Monsieur le Maire.   

                 III : et que dire, alors, du son de cloche que l'on entend avec l'entretien accordé à La Provence par l'adjudant Fontaine, lynché en direct, plusieurs jours durant, dans la plupart des médias ?

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    La Provence, vendredi 11 septembre
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    détaillée ci dessous, pour une meilleur lecture
     I
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    II
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    III
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  • Pour en finir avec ceux qui veulent en finir avec Maurras : réponse à un Dieu le père de seconde zone, qui a fait un Jug

            C'est vraiment par le plus grand des hasards, en faisant des recherches pour un prochain Album sur Maurras poète - et juste après avoir répondu à Alain-Gérard Slama - que nous sommes tombés sur un texte haineux contre Maurras, à qui l'auteur (?) promet le néant et l'oubli du tombeau.

            Ceux qui le souhaitent pourront lire cette prose ici : bien que consternante, il faut bien citer ses sources.... Le titre du texte est à lui seul révélateur : Pour en finir avec Charles Maurras !... :

            On y verra que, prenant prétexte de la légèreté et de l'insignifiance du Mar e lono de Maurras, l'auteur conclut à la nullité de l'ensemble de l'oeuvre de Maurras ! C'est un peu rapide, et un peu léger...

            Au risque d'en surprendre quelques uns, nous admettons tout à fait qu'effectivement Mar e lono (sorte de recueil dans lequel Maurras a réuni ses productions en provençal) n'est certes ni le meilleur ouvrage de lui, ni un ouvrage en quoi que ce soit impérissable. De là à en tirer la conclusion (?) qu'en tire ce monsieur !.....

             Qu'une part de l'oeuvre de Maurras ait effectivement fait naufrage - ou, dans le cas de ce fameux Mar e lono, ne soit pas à la hauteur du reste - n'est-ce pas le cas commun à tous les écrivains ? Qui lit aujourd'hui le théâtre de Voltaire, ou le Moïse de Chateaubriand ? Et qui affirmerait que la Henriade vaut les Contes ou que Moïse vaut les Mémoires d'Outre-Tombe ? Peut-on déduire de la faiblesse d'un livre que c'est tout un auteur - en l'occurence tout Maurras - qui a disparu, et à bon droit ?

              Mais il y a plus, et c'est la raison pour laquelle nous nous sommes arrêtés sur la prose de ce monsieur : in cauda venenum, notre auteur noie tout cela dans le reproche qu'il croit suprême : Maurras est un antisémite, un collabo (tant qu'on y est, on fait bon poids !...), c'est donc une bonne chose qu'il ait disparu.

            Mais, dira-t-on, répondre à un tel flot de bêtise(s) et de méchanceté(s), cela n'est-il pas perdre son temps ? D'une certaine façon, oui, bien sûr, mais en même temps, on ne peut pas - et on ne doit pas... - toujours tout laisser passer...

           On va donc répondre, une deuxième fois, quand même, mais assez rapidement - car on a mieux à faire...- et d'une façon peut-être un peu originale. On se contentera d'éclairer la lanterne de ce pauvre monsieur en lui rappelant quelques perles, qu'il semble ignorer.....

              Et en lui demandant juste si, lui, censeur impitoyable de Maurras, et qui ne lui passe rien, au mot près, à la virgule près; si, lui, donc, est aussi sévère avec les personnes dont nous lui communiquons quelques pensées ci-après ? Condamne-t-il avec la même fermeté et du même mouvement Jules Ferry, Léon Blum, Jean Jaurès, Voltaire ? Et comment pourra-t-il nous expliquer, lui qui est si sourcilleux vis à vis de Maurras, que la république idéologique, le Système, ait mis Voltaire au Panthéon ?...

                    Contentons-nous donc, pour faire court, de mettre en évidence les contradictions de celles et ceux qui, comme notre censeur impitoyable - mais impitoyable envers Maurras seul... - prétendraient rejeter avec horreur un antisémite, alors qu'ils acceptent sans broncher... très largement pire !

                   Petit florilège :

                I : de Jules Ferry : "Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures....parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures." (Jules Ferry, devant l’Assemblée nationale, le 28 juillet 1885).

                II : de Léon Blum : "Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation. (Léon Blum, discours devant l’Assemblée nationale sur le budget des colonies, 9 juillet 1925).

                III : de Jean Jaurès : "...la France a d'autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale qu'en dehors de toute entreprise, de toute violence militaire, la Civilisation qu'elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l'état présent du régime marocain." (Jean Jaurès, Discours à la Chambre des Députés, 1903).

               IV : de Voltaire : (a) "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Voltaire, Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs  "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent...", rejoignant, dans ses excès, le baron d'Holbach ( "...ce peuple de brigands et de tueurs...").

                    Léon Poliakov, dans le tome III de son Histoire de l'Antisémitisme, fait de Voltaire "le pire antisémite français du XVIIIème siècle". Il est pourtant enterré au Panthéon ! Roland Desné le défend, mais mal et malhonnêtement : "Ce n'est pas parce que certaines  phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe du persécuteur". Ah, bon ? Pareil pour Maurras, alors ? Sinon, pourquoi deux poids et deux mesures ?

                    On opposera juste à ces jugements peu amènes cette simple citation de Maurras, qui se passe de tout commentaire : " L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

                    Furieux antisémite, Voltaire sait aussi se montrer raciste enthousiaste, et partisan de l’esclavage des Africains…

            IV (b) : "Nous n'achetons des esclaves domestiques que chez les nègres. On nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité. Celui qui se donne un maître était né pour en avoir". (Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, 1756).

             IV (c) :  "Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu'ils ne doivent point cette différence à leur climat, c'est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce." (Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, 1756).

             IV (d) : "Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Amériques ne soient des races entièrement différentes..." (Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, 1756).

             On notera juste - comme le fait remarquer avec pertinence le site Hérodote.net -qu'en croyant constater l'existence de "races entièrement différentes", Voltaire prend ici le contrepied du christianisme qui, depuis Saint Paul, n'a de cessé de proclamer l'unité de la condition humaine. Il rompt avec ses prédécesseurs en pensée, généralement indifférents au concept de race. Il annonce aussi les théories scientistes du XIXe siècle qui, libérées du poids de la religion, assimilent les hommes à une espèce parmi d'autres....

              IV (e) : Et que dire de l'opinion qu'a Voltaire du "peuple" ! Ah, si c'était Maurras qui avait écrit les quelques mots suivants, que ne hurlerait pas notre bon monsieur X ?.....

               "Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants..." (lettre du 1er avril 1766). De même écrit-il en mars 1766 : "Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas qu'il soit instruit". Dans une autre lettre, en 1769, il estime que lui suffisent "un joug, un aiguillon et du foin".

              En toute logique, on doit s'attendre à ce que la personne qui veut en finir avec Charles Maurras veuille donc, aussi en finir avec Jean Jaurès, Léon Blum, Jules Ferry et, surtout, Voltaire ?

              Sinon, redisons-le, pourquoi donc y aurait-il deux poids et deux mesures ?...

  • Autour du Prince Jean ! : Le duc d'Aumale, un grand gentilhomme.....

    TimbrebisRVB.jpg            Ou : du bon usage de l'argent...

               Le moment est venu, dans notre balade historico/culturelle, de nous arrêter quelques instants afin de rendre hommage à quelqu'un de très, très bien, dont nous avons -forcément...- parlé plusieurs fois depuis que nous sommesà Chantilly : le duc d'Aumale.

               Lui rendre hommage et le remercier, car il est bien -par le legs généreux qu'il a fait à l'Institut- à la base de ce Chantilly d'aujourd'hui que nous admirons tant, et à juste titre : le Musée Condé est la deuxième plus grande collection d'art français après celle du Louvre !.... 

               Force est de constater que, si le duc d'Aumale a eu le bon goût de savoir collectionner, il a eu aussi, et surtout, ensuite, l'élégance de savoir donner. Donner à la France.....

              Les espagnols emploient une formule très évocatrice en parlant des Grands d'Espagne. On n'a pas l'équivalent de cette formule en français. Pourtant, avec le duc d'Aumale, on a bien la réalité d'un véritable, d'un authentique Grand gentilhomme.....

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                Henri Eugène Philippe Louis d'Orléans, duc d'Aumale, cinquième fils de Louis-Philippe, est né à Paris le 16 janvier 1822 et mort au domaine du Zucco Giardinello (Sicile) le 7 mai1897. Il fait ses études au collège Henri-IV, à Paris, avant d'entrer dans l'armée à seize ans.

                Sous-lieutenant en 1839, il part pour l'Algérie en 1840 et se distingue par la prise de la Smala d'Abd El-Kader, le 16 mai 1843. À la suite de cette campagne, il est promu lieutenant général (3 juillet 1843).

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                 En 1830, le dernier prince de Condé, son parrain, meurt. C’est lui dont Napoléon a fait assassiner le jeune fils, le duc d’Enghien, dans les fossés de Vincennes, le 21 mars 1804. N’ayant plus d’héritier, le dernier des Condé institue le duc d’Aumale son légataire universel. Il hérite donc, à 8 ans, de l'énorme patrimoine de cette prestigieuse lignée, estimée à 66 millions de francs-or, comprenant ce qui était considéré comme le plus important patrimoine foncier du pays, dont le domaine de Chantilly (dans l'Oise) et d'immenses forêts en Thiérache (dans l'Aisne).

                 Grand amateur d'art, bibliophile, membre de l'Académie française, veuf et sans descendants directs vivants après le décès de ses deux fils, il lègua son domaine de Chantilly et ses précieuses collections à l'Institut de France, « corps illustre qui échappe à l'esprit de faction comme aux secousses trop brusques, conservant son indépendance au milieu des fluctuations politiques. »

                On a dit avec raison que Chantilly était bien plus et bien mieux qu’un réceptacle de chefs-d'œuvre –aussi beau soit le contenant et aussi riche soit le contenu- : que Chantilly était une œuvre d'art totale....

                Victor Hugo, son confère à l'Académie, lui écrivit : « Pour moi, votre royauté a cessé d'être politique, et maintenant est historique. Ma République ne s'en inquiète pas. Vous faites partie de la grandeur de la France et je vous aime ».

                Ci dessous, sa statue sur la façade du Louvre.

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                Eric Woerth lui a consacré une fort intéressante biographie, préfacée par Alain Decaux : Le duc d'Aumale, l'étonnant destin d'un prince collectionneur.

                Dans cette biographie d’un prince aux identités multiples et complémentaires (général, député, académicien, collectionneur, historien et esthète) le député maire de Chantilly puise dans son sujet une leçon comparative et un exemple applicable au temps présent : " Dans un monde incertain, dans une Europe qui se cherche, dans une nation qui doute trop d’elle-même, la figure du duc d’Aumale est le reflet exact de la "permanence de la France".

                On y fréquente un gentilhomme de bonne compagnie. Un Aumale chef de guerre dont la vocation sincère de soldat ne se réduit pas au sempiternel épisode de la Smala d’Abd el-Kader. Un Aumale bâtisseur, collectionneur et mécène, grâce à l’immense fortune personnelle qu’il a hérité des Condé. Un Aumale longtemps exilé, dont l’attachement filial à son pays se traduit par un geste d’infinie générosité auquel la France doit de nombreux chefs-d’œuvre incarnés par les emblématiques Très riches heures du duc de Berry. Un Aumale érudit qui prend rang parmi les pionniers d’une histoire savante basée sur l’exploitation scientifique des sources.

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                 Achevons maintenant ce trop rapide hommage en résumant et en récapitulant, si l'on peut dire, ce legs dont nous parlons depuis si longtemps et en le montrant dans son état aujourd'hui, tel qu'il se présente hic et nunc.

                Le visiteur, au sortir de la forêt, découvre un ensemble monumental exceptionnel élaboré sur plusieurs siècles :

    I. Le petit Château, ou "Capitainerie" (ci dessous, en forme de U, à gauche devant le plan d'eau rectangulaire), construit sous la Renaissance par Jean Bullant pour le connétable Anne de Montmorency (1560), est situé à gauche de l'entrée. On peut y accéder directement par la cour de la Capitainerie, située au niveau inférieur après le pont-levis pour visiter les Grands et les Petits Appartements, aménagés respectivement au XVIIIe et au XIXe siècle.


    II. Les deux pavillons d'entrée(ci dessous), de part et d'autre de la grille d'Honneur, sont l'œuvre de Mansart et datent du XVIIe siècle. Le pavillon de gauche est occupé par la billetterie.

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    III. Le château d'Enghien, ci dessus à droite, bâtiment tout en longueur construit en 1769 pour héberger le jeune duc et sa suite. Belle architecture du XVIII° siècle, il ne se visite pas.

    IV. Le grand Château, dont l'entrée donne sur la terrasse (ci dessus), et qui regarde les parterres du jardin à la française, a été reconstruit dans la seconde moitié du XIXe siècle, de 1875 à 1885, par l'architecte Honoré Daumet, sur commande du duc d'Aumale qui y a installé ses collections d'œuvres d'art : peintures, livres anciens, dessins, gravures et même photographies. Il occupe l'emplacement de la première forteresse médiévale, et a succédé au château détruit sous la Révolution, visible sur certains tableaux du musée. Ce château, le dernier construit en France, avec des matériaux et des installations modernes pour son époque, porte le nom de musée Condé, par la volonté testamentaire du duc d'Aumale. Son agencement intérieur, la présentation des œuvres en font le dernier musée du XIXe siècle existant aujourd'hui. Le duc d'Aumale a exigé que les œuvres exposées ne soient jamais déplacées, ni prêtées. Il faut donc venir à Chantilly pour les découvrir.

    V. Les grandes Ecuries, construites de 1719 à 1735 par Jean Aubert, l'architecte du Palais-Bourbon. En bordure de l'hippodrome, elles abritent aujourd'hui le Musée vivant du Cheval.

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    VI. Le Parc, dans lequel se situe cet exceptionnel ensemble, créé dans la seconde moitié du XVIIe siècle par André Le Nôtre pour le Grand Condé, cousin de Louis XIV. Ci dessous, l'entrée du Parc.

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         Deux perspectives structurent le parc : l'une, nord-sud, mène à la terrasse qui porte la statue du Connétable de Montmorency et masque la vue des jardins ; l'autre, est-ouest, se déploie dans la vallée de la rivière Nonette, un affluent de l'Oise devenu un grand Canal sur 2,5 kilomètres de son cours. Une extension nord-sud du grand Canal, la Manche, s'approche au pied de l'escalier monumental menant à la terrasse, le grand Degré, bordée de parterres symétriques, à l'est et à l'ouest, dont les pelouses alternent avec des bassins-miroirs. L'extrémité orientale du grand Canal prend l'aspect d'un bassin octogonal alimenté par un buffet d'eau perpétuel, qui est en réalité une chute d'eau de la Nonette. Ci dessous, le Parterre Nord.

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          Les premiers jardins de Chantilly occupaient le versant sud de la vallée, mais le démembrement du domaine sous la Révolution les a fait disparaître. L'empreinte du XVIIIe siècle est perceptible dans la partie orientale des jardins : sur le plateau, le petit parc présente un lacis d'allées cloisonnant des chambres de verdure et mène le visiteur jusqu'à la Maison de Sylvie, tandis que cette partie de la vallée est aménagée en un jardin de style "anglo-chinois" qui conduit à un hameau d'agrément bâti en 1775, où se trouvent actuellement les locaux pédagogiques du service éducatif.
          Au début du XIXe siècle, avant même la reconstruction du grand Château, le dernier prince de Condé fit aménager la partie occidentale du parc en un jardin anglais à la mode romantique, caractérisé par des cheminements sinueux, de vastes pelouses bordées de bouquets d'arbres et ponctuées de fabriques, éléments architecturaux qui agrémentent la promenade, comme l'île d'Amour ou le temple de Vénus.
         Ainsi donc le parc de Chantilly constitue un témoignage unique en France de l'évolution de l'art des jardins en Europe, de la Renaissance au XIXe siècle.

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