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  • Éphéméride du 21 juillet

    303 : Martyre de Saint Victor à Marseille 

     

    L'abbaye construite sur la tombe du martyr et de ses compagnons est le plus ancien établissement monastique de l'Europe de l'Ouest : on a trouvé, lors de fouilles, une monnaie de l'empereur Dèce (249-251) dans les grottes et cavités - naturelles ou creusées par les premiers chrétiens - qui sont la base et le fondement de l'Abbaye que nous voyons aujourd'hui (ci dessus).

    Du moins ce que la Révolution nous en a laissé... 

    En 1799, on y trouva une pierre portant les noms de Fortunatus et Volusianus, qui est elle aussi la plus ancienne inscription chrétienne de l'Europe de l'Ouest (Italie et Rome exceptées) : on la fait remonter généralement entre le IIème et la seconde moitié du IIIème siècle, mais certains la datent même de la fin du premier siècle, ce qui semble plus juste étant donné que la pierre parle d'une personne au nom latin, fils d'une personne dont le nom est... grec : on serait donc bien à la période où, après la prise de Marseille par César, la Massalia des Grecs est définitivement devenue la Massilia des Romains...

    Elle fait référence au martyre, par le feu, subi par Volusianus (nom latin, fils d'Eutychetis, nom grec) et Fortunatus, et s'achève sur un subjonctif imparfait (refrigeret) qui joue sur les mots de fraîcheur, rafraîchissement : courants dans les Évangiles, ces mots prennent une connotation forte, ici, où il s'agit de personnes ayant été brûlées vives, et pour lesquelles leurs amis et parents demandent à Dieu le rafraîchissement éternel...

    SAINT VICTOR VOLUSIANUS.jpg

      Ci dessus, la "pierre" (un marbre, en fait) et, ci dessous, son texte (entre parenthèses, les parties manquantes) : 
     
    (SATRI)O VOLUSIANO
    (EU)TYCHETIS FILIO
    (?)O FORTUNATO QUI VIM
    (IGNI)S PASSI SUNT
    (HY)GIA PIENTISSIMIS
    REFRIGERET NOS Q(UI)
    (OMNIA PO)TEST

    (À SAT)RIUS VOLUSIANUS
                    FILS D'EUTYCHÈS              
      ET À FORTUNATUS
        QUI ONT SOUFFERT LA VIOLENCE DU (FEU)
      DANS LEUR PARFAITE FIDÉLITÉ
    SANTÉ LA PLUS PIEUSE
      QUE NOUS RAFRAÎCHISSE
      CELUI QUI PEUT TOUT
     
     
     
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    En 1370, l'un des Abbés de Saint Victor - Guillaume de Grimoard - devint pape, sous le nom d'Urbain V : voir l'Éphéméride du 27 octobre et - jour de sa mort -  l'Éphéméride du 19 décembre...
     
    Ci contre, le "gros" ou "carlin" d'Urbain V, monnaie papale frappée en Avignon et dans tout le Comtat Venaissin...
     
     
    Et, sur l'Abbaye de Saint Victor de Marseille : http://www.saintvictor.net/ 
     
     
     

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    1242 : Bataille de Taillebourg

     

    Saint Louis y défait le comte de la Marche et Henri III, roi d'Angleterre : il en coûte au comte de la Marche sa ville de Saintes et une partie de la Saintonge, que le roi réunit à la couronne.

    taillebourg.jpg
     
    Situé sur un éperon rocheux, le château de Taillebourg (ci dessus) défendait le premier pont sur la Charente depuis l'estuaire du fleuve. Cette position stratégique en a fait l'enjeu de nombreux combats et notamment avec les Anglais. En 1179, Richard Cœur de Lion donne l'assaut à la forteresse et après la victoire ordonne sa destruction.
    Taillebourg passe ainsi aux mains des Anglais jusqu'à la célèbre bataille de juillet 1242 où Saint Louis affronta Henri III, roi d'Angleterre (un tableau de cette scène historique est exposé dans la Salle des Batailles au château de Versailles).
         
    Démantelé sur ordre de Louis XIV en 1652, il reste de ce puissant château, la Tour (ci dessus), les salles voûtées, les douves, ainsi que les pavillons construits en 1715 et le Parc avec ses superbes balustres et sa terrasse surplombant la Charente.
     
     
     
     
     
     

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    1798 : Bataille des Pyramides

     

    "Soldats ! Vous êtes venus dans ces contrées pour les arracher à la barbarie, porter la civilisation dans l'Orient, et soustraire cette belle partie du monde au joug de l'Angleterre. Nous allons combattre. Songez que du haut de ces monuments quarante siècles vous contemplent."

    PYRAMIDES.jpg

    Les pertes françaises lors de cette bataille sont très légères - de 30 à 40 tués et environ 300 blessés - contre plus de 20.000 tués ou blessés (et 40 canons perdus) pour les Mamelouks.

    Cette bataille ouvre la route du Caire à Bonaparte qui y entre le 24 juillet. Immédiatement, il lance des travaux dans la ville et ordonne d'importantes recherches archéologiques et scientifiques. Il crée alors l'Institut français du Caire, et les très importantes découvertes des français (comme celle de la Pierre de Rosettte, voir l'Éphéméride du 19 juillet) vont être le point de départ d'une science nouvelle, l'Égyptologie, dans laquelle le rôle de la France a été prépondérant....

    Mais cette belle victoire est bien vite oubliée. Les anglais anéantissent la flotte française dans la rade d'Aboukir (voir l'Éphéméride du 1er août), première étape de la destruction de notre flotte, avant le coup final porté à Trafalgar (voir l'Éphéméride du 21 octobre). Toute retraite devient impossible. La seule solution pour Bonaparte est de continuer sur sa lancée. Il pousse ses troupes vers la Palestine dans les 6 premiers mois de 1799. Mais l'épopée tourne au désastre. Comme il le fera en Espagne puis lors de la retraite de Russie, Bonaparte abandonne l'armée et rentre discrètement en France afin de préparer son avenir politique et éviter une déroute égyptienne qui porterait son nom.

    Il confie alors le commandement des troupes d'Égypte au général Kléber.

    Le général Menou signera la reddition sans condition des troupes françaises le 31 août 1801 (voir l'Éphéméride du 31 août)...

     

     

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    1798 : Vente à l'encan de la cathédrale de Boulogne, du palais épiscopal et des dépendances pour 510 000 francs : tout sera démoli...

     

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    La Révolution a détruit entre la quart et le tiers de notre Patrimoine : "Les Vandales du Vème siècle n'ont jamais brisé tant de chefs-d'oeuvre", disait Alexandre du Sommerard (voir l'Éphéméride du 31 août)

     http://www.cathedrale-boulogne.asso.fr/lhistoire/

     

     

     

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    1858 : Entrevue de Plombières

     

    Elle a lieu entre Napoléon III et Cavour (ci dessous), le ministre de Victor-Emmanuel, duc de Savoie, roi de Sardaigne, prince de Piémont et comte de Nice, qui souhaitait réaliser à son profit l'unité italienne.

    À Plombières, Napoléon III promit son aide à Victor Emmanuel, en échange de quoi Nice et la Savoie reviendraient à la France.

    C'est ce qui se passera en effet, deux ans plus tard, en 1860, après, toutefois, que les populations, consultées, aient voté à une écrasant majorité en faveur de leur rattachement à la France : voir l'Éphéméride du 24 mars... (le Val d'Aoste, pourtant très largement francophone, à l'époque, ne fut malheureusement pas inclus dans les négociations).

    Victor-Emmanuel, lui, devint le premier roi d'Italie, du 17 mars 1861 jusqu'à sa mort... 

    CAVOUR.jpg
     
     
     

  • Éphéméride du 5 avril

    Karakorum, ancienne capitale de l'empire mongol...

     

     

    1284 : Guillaume de Rubrouck, premier occidental à entrer dans Karakorum  

     

    Tout le monde connaît Marco Polo, l'explorateur vénitien, et son célèbre Livre des merveilles.

    On sait moins que ses pérégrinations en terre mongole avaient été précédées par celles de plusieurs moines, envoyés comme ambassadeurs soit par le Pape, soit par le roi de France, Louis IX (futur saint Louis).

    Ainsi, trente ans avant Marco Polo, Ascelin de Lombardie et André de Longjumeau, dominicains, et deux franciscains, Jean de Plan Carpin et Guillaume de Rubrouck, sillonnaient les routes de Mongolie.

    Ce fut Frère Guillaume de Rubrouck, natif de la Flandre française, ami et intime de Saint Louis, qui entra le premier dans Karakorum, alors capitale de l'empire mongol, et c'était bien la première fois qu'un ambassadeur chrétien occidental pénétrait dans la ville : il y fut accueilli solennellement par les Nestoriens du lieu, venus en procession au-devant de lui. 

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    La route de Guillaume de Rubrouck 

     

    https://clio-texte.clionautes.org/L-Empire-mongol-recit-de-Guillaume.html 

     

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    1419 : Vincent Ferrier meurt à Vannes...

     

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    La Porte Saint Vincent, à Vannes, date du XVIIème siècle : l'actuelle statue remplace celle qui fut détruite à la Révolution...

    https://nominis.cef.fr/contenus/saint/922/Saint-Vincent-Ferrier.html

     

     

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    1612 : Début des trois journées de fêtes pour l'inauguration de la Place Royale  

            

    Henri IV fut un grand roi, mais aussi un roi bâtisseur, moderniste et visionnaire.

    On lui doit la Place Dauphine (voir l'Éphéméride du 10 mars) et la Galerie du Bord de l'Eau, reliant le Louvre et les Tuileries (voir l'Éphéméride du 9 janvier), ainsi que l'ouverture de pas moins de soixante huit rues dans Paris.

    Un autre de ses projets, la Place de France aurait du s'élever dans le Marais, comme la Place royale : l'assassinat du roi empêcha la réalisation de ce superbe projet :

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    La Place Royale - aujourd'hui Place des Vosges - est donc maintenant le troisième élément de la trilogie monumentale voulue par le monarque.

    Il ne la verra pourtant jamais : elle ne sera inaugurée que deux ans après son assassinat...

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    http://www.histoire-pour-tous.fr/tourisme/105-france-paris/3390-la-place-des-vosges-paris.html

     

    Le feu d'artifice du carrousel, tiré à cette occasion, le sera également pour fêter l’alliance matrimoniale entre la France et l’Espagne, dont sera issu Louis XIV...

    C'est le premier grand feu d'artifice tiré en France : il inaugure une tradition qui va créer un savoir-faire inégalé et constamment renouvelé depuis, dans laquelle s'illustreront notamment les frères Ruggieri, venus de Bologne en France, vers 1740. 

    Vu la qualité de leurs feux d'artifice, les Ruggieri sont rapidement chargés d'animer les spectacles de la Cour à Versailles : l'aîné, Petronio, reçoit de Louis XV le titre d'Artificier du roi :

     • http://inha.revues.org/2806

    http://www.ruggieri.fr/

     

     

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    1673 : Mort de François Caron

              

    Il est le premier Français à avoir visité le Japon, où il débarqua an 1619.

    Explorateur, ce huguenot s’est d’abord réfugié aux Pays-Bas-Unis avant d'entrer au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dont il devint rapidement le second.

    En 1636, il écrivit, en langue hollandaise, une description du Japon, qui sera publiée en 1648 et traduite en allemand, en anglais et en français.

    Au service des Pays-Bas, de 1641 à 1644, Caron reçut une offre de Colbert pour devenir le Directeur général de la Compagnie française des Indes orientales. En 1665, il navigua jusqu’à Madagascar et fonda un poste de commerce à Surat, en Inde. En 1672, il installa la Compagnie à Ceylan.

    Il mourut dans le naufrage de son navire, dans la bouche du Tage, alors qu’il revenait en Europe.

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    Et pourtant il y est allé, et même le premier !

    C'est, malgré tout, un bien drôle de "Japon rectangulaire" (et orienté Est/Ouest !) que dessine François Caron, dans son ouvrage "A True Description of the Mighty Kingdoms of Japan and Siam".

     

     

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    1693 : Louis XIV crée l'Ordre royal et militaire de Saint Louis 

     

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    Tenue de Chevalier, Commandeur et Grand Croix

    L’insigne était composée d’une croix de Malte blanche et or, portant des fleurs de lys aux angles. Au centre se trouvait un médaillon portant l’inscription LUD(OVICUS) M(AGNUS) IN(STITUIT) 1693, pour Louis le Grand l’a institué en 1693, entourant une représentation de Saint Louis :

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    De François Bluche (Louis XIV, page 737) :

    "...Ce cordon rouge, qui annonce directement - jusque par sa couleur - la légion d'honneur impériale, crée aussitôt une belle émulation dans les armées de Sa Majesté. S'il ne peut et ne veut rivaliser avec le cordon bleu du Saint Esprit, il a cette particularité d'être accessible à tous. La valeur et le mérite sont les seuls titres pour y entrer." 

     http://www.saint-louis.info/pages/histoire/ordremerite.htm

     

     

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    1732 : Naissance de Jean-Honoré Fragonard

     

    LE BAISER.JPG 

     Le baiser volé...

    À Grasse, sa ville natale, se trouve sa maison-musée :

    http://www.museesdegrasse.com/vmjhf/presentation

     

     

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    1794 : Danton condamné

     

    Le Comité de Salut public, qu'il a pourtant contribué à mettre en place durant la Terreur - dont il est l'un des pères - juge Danton et le reconnaît coupable de "tiédeur".

    GUILLOTINE.jpg

                Dans notre Album Écrivains royalistes (I) : Chateaubriand voir la photo "Le pandemonium révolutionnaire : Danton"...

    Danton est  le principal organisateur de l'émeute du 10 août 1792 (voir l'Éphéméride du 10 août) qui mit fin, de fait à la Monarchie; et aussi l'un des principaux instigateurs des monstrueux "Massacres de septembre", à peine trois semaines après (voir l'

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : à propos des Croisades...

    1099 : Les Croisés s'emparent de Jérusalem 

     

    Partis de France en 1096, à l'appel du pape Urbain II, qui avait prêché la Croisade à Clermont (voir l'Éphéméride du 27 novembre), les Croisés, emmenés par Godefroy de Bouillon et le comte de Toulouse, font leur entrée dans la ville (enluminure d'époque ci-dessous) : c'est la naissance du Royaume latin de Jérusalem, Godefroy de Bouillon prenant en charge l'administration du lieu, au titre d'Avoué du Saint-Sépulcre.  

     

    Écouter : Chanson de Croisade, de Thibaut IV, Comte de Champagne et Roi de Navarre : THIBAUT CHANSON 4.mp3

     

    Et, dans notre album L'Aventure France racontée par les cartes, voir les deux photos "La route des Croisades (I/II)" et "...et les États latins d'Orient (II/II)" 

     
    prise de jerusalem.jpg
     
    Les Croisades, une agression de l'Occident chrétien contre les musulmans ? Contrairement à cette "idée" (?) répandue par certains, les Croisades visèrent simplement à libérer des lieux saints, interdits d'accès par un Islam fanatique.
     
    "J'ai décidé de tuer Jean-Paul II, commandant suprême des croisés" avait déclaré Ali Agca avant de tirer sur la pape le 13 mai 1981.
     
    Et, dans Les croisades vues par les Arabes, l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf écrit :
    "Au-delà de cet acte individuel, il est clair que l'Orient arabe voit toujours dans l'Occident un ennemi naturel. Contre lui, tout acte hostile, qu'il soit politique, militaire ou pétrolier, n'est que revanche légitime. Et l'on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par les Arabes, aujourd'hui encore, comme un viol." 
     
    Fort bien, sauf que...

    Les croisades se sont déroulées sur une période de deux cents ans, allant du XIème au XIIIème siècle : il est donc nécessaire, comme le note Jean Sévillia, dans son Historiquement correct, de "séparer le bon, grain de l'ivraie", de re-situer les croisades dans leur contexte et de rappeler leur but initial.

    15 juilllet,croisades,jerusalem,godefroy de bouillon,barnave,louis xvi,revolution,roi,paris,hotel de ville de paris,françois premier,porte saint martinDès les premiers temps de la chrétienté, les fidèles affluèrent vers Jérusalem pour se recueillir sur le tombeau du Christ, comme sainte Hélène, la mère de Constantin, vers 330.

    Or, après la mort de Mahomet (632), les musulmans lancèrent un grand mouvement de conquêtes, et s'emparèrent de Jérusalem en 638, mais aussi des deux tiers de l'Empire romain d'Orient, de toute l'Afrique du Nord, de l'Espagne et du Portugal et entrèrent même en France (carte ci dessus)...

    À Jérusalem et dans les autres lieux saints (Bethléem, Nazareth...), les chrétiens, réduits à l'état de dhimmis, conservèrent le droit de pratiquer leur culte; les pèlerins venus du monde entier, eux, conservèrent celui d'accéder aux différents lieux saints, moyennant le paiement d'une taxe.

    Mais, en 1009, le sultan Hakem ordonne la destruction de la basilique du Saint-Sépulcre et inaugure une vague de persécutions : les chrétiens doivent se convertir à l'Islam ou devenir esclaves.

    Puis, plus grave encore, les Turcs Seldjoukides s'emparent de Jérusalem en 1078 et, là, en interdisent carrément l'accès aux chrétiens : comme l'écrit encore Jean Sévillia, "la croisade, c'est une riposte à l'expansion militaire de l'Islam, une réplique à l'implantation des Arabes et des Turcs en des régions dont les villes, berceau du christianisme au temps de saint Paul, ont été le siège des premiers évêchés. Des régions où les fidèles du Christ sont désormais persécutés..."

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    Il est bien clair que l'agression première, la persécution et la provocation première sont le fait des musulmans eux-mêmes, à qui les Chrétiens n'ont fait que "répondre" par les Croisades, même si la réponse ne fut pas forcément - c'est bien clair aussi... - exempte de tout excès et de toute erreur...

    Imaginons, aujourd'hui, que l'Arabie Saoudite mène une guerre contre une puissance étrangère; que l'Arabie perde cette guerre, et se voit intégralement conquise par son adversaire, qui fermerait les lieux saints musulmans de La Mecque et Médine, et en interdirait l'accès aux musulmans du monde entier : que feraient ceux-ci ? Poser la question c'est, évidemment, y répondre, et répondre à cette autre question (en fait, la même) : pourquoi les Croisades ?...

     

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    Prenant encore un peu plus de recul historique, et un peu de hauteur, René Grousset, dans son magistral "Bilan de l'Histoire", ne dit pas autre chose :

    "...La catastrophe de 1453 qui était à la veille de survenir dès 1090 sera reculée de trois siècles et demi… Pendant ce temps, la civilisation occidentale acheva de se constituer et devint capable de recevoir l'héritage de l'hellénisme expirant… La croisade ne fut pas autre chose que l'instinct de conservation de la société occidentale en présence du plus redoutable péril qu'elle ait jamais couru. On le vit bien quand l'Occident renonça à cet effort..."  

     

      Enfin, Chateaubriand a proposé une belle "défense des Croisades" dans son "Itinéraire de Paris à Jérusalem..." : dans notre Album Écrivains royalistes (I) : Chateaubriand, voir la photo "Défense des Croisades"...

  • Grigny : l'état d'urgence

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          Pour celles et ceux qui penseraient -peut être....- que nous parlons trop souvent des problèmes d'insécurité; ou que nous exagérons quand nous critiquons la politique que mène la république, quand nous disons qu'elle conduit à la banalisation et à l'institutionnalisation de la violence et de la délinquance ordinaire (la pire, donc...).....

            Voici -sans autres commentaires- l'article publié dans Le Monde du vendredi 25 avril, sous le titre "Grigny: l'état d'urgence".....

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              Au fond du local des boulistes, béret sur la tête et langue bien pendue, un sexagénaire joue aux dominos avec un ami. A côté, sur une autre table, les copains retraités font une partie de rami. Dehors, au milieu des immeubles, c'est la pétanque de 16 heures au soleil. Ambiance formica, verre de thé et franche rigolade : "On n'est pas heureux, là ?" La petite troupe d'anciens acquiesce généreusement. Bienvenue dans le quartier de la Grande-Borne à Grigny (Essonne).

              Bienvenue ? En fin d'après-midi, au même endroit, où à quelques dizaines de mètres, selon les soirs, l'ambiance peut changer radicalement. Des adolescents ou de jeunes adultes enfilent des cagoules ou se dissimulent sous leurs capuches. Puis ils remplissent des chariots Leclerc avec des pierres ou des cocktails Molotov. Et se lancent à l'assaut des policiers en patrouille. Le ministère de l'intérieur parle de véritables "guets-apens". Convaincus qu'un jour il y aura un mort, les policiers de terrain évoquent, eux, des scènes de "guérilla urbaine".

              De la quiétude du terrain de pétanque à l'émeute et à l'ultraviolence. Des vieux immigrés, qui s'excuseraient presque d'être là, aux jeunes cagoulés clamant leur haine de l'Etat. Du jour à la nuit. Quantitativement, le noyau dur des émeutiers représente une cinquantaine d'"individus". A peine plus, si l'on ose dire, que le noyau dur des boulistes. Une goutte d'eau sur les 11 000 habitants du quartier, coincés entre l'autoroute A6, une route nationale et une zone industrielle. Mais un impact social énorme. L'image d'une ville tout entière, l'image d'une jeunesse enragée.

              Dans le palmarès informel des cités difficiles, la Grande-Borne est au sommet. "Certainement un des quartiers les plus durs d'Ile-de-France", note Michel Lernoux, procureur adjoint de la République à Evry. Toujours précurseur dans les violences urbaines, bien plus sensible, en réalité, que Clichy-sous-Bois (Hauts-de-Seine) ou Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), les stars mondiales des french riots. Les premiers coups de feu contre les policiers pendant des émeutes ? A Grigny, lors des violences de l'automne 2005, puis à nouveau en mars 2008. La mode des incendies de bus ? Grande-Borne, octobre 2006. Les "caillassages" de pompiers ? Les mortiers improvisés avec des feux d'artifice ? Les attaques de particuliers sur la nationale ? Les incendies d'école ? De voitures ? La Grande-Borne, encore et toujours. Le quartier, dont une petite partie se trouve sur le territoire de Viry-Châtillon, était pourtant né d'une utopie. Celle de l'architecte Emile Aillaud de créer une cité-dortoir qui devienne une "cité des enfants". Des immeubles de deux ou trois étages, construits entre 1967 et 1971 pour faire face à la poussée démographique. Des ruelles piétonnières qui serpentent entre les bâtiments colorés. Des places où les anciens prennent le soleil l'après-midi et où les enfants peuvent jouer. Et, au milieu de ce triangle, un immense espace vert - pelouse, pâquerettes, arbres - qui donne un faux air de campus universitaire, en moins bien entretenu.

              Mais cette utopie s'est transformée en cauchemar sécuritaire. Les livreurs ne viennent pas - ou alors, avant 10 heures du matin, avant que les "racailles" qui se couchent tard ne commencent à se réveiller. Des médecins refusent les visites. Une partie des commerçants ont baissé le rideau, fatigués de subir des braquages. Des enseignants ont fait grève après plusieurs agressions. Les employeurs mettent de côté les CV où figure l'adresse de la cité. La police, elle, envoie régulièrement un hélicoptère survoler le quartier. Des patrouilles incessantes en journée. Des fouilles de véhicules, des contrôles d'identité innombrables. Des camionnettes de CRS qui tournent au ralenti le soir et qui donnent le sentiment de se trouver dans un territoire occupé.

              Quelques dizaines d'adolescents face à l'Etat. Une poignée de jeunes face à 11 000 habitants. Le rapport de forces semble déséquilibré. Et pourtant, ce sont les premiers qui tiennent le territoire, qui imposent leur loi. Les anciens comme les mères de famille peuvent certes circuler en toute tranquillité. Y compris la nuit. Mais à condition de ne pas regarder ce qu'ils ne doivent pas voir - ou du moins de faire comme s'ils n'avaient rien vu. Les boulistes peuvent bien jouer, rigoler, plaisanter, vivre leur vie - et ils ne s'en privent pas. Mais à condition de ne pas déranger, de ne pas se mêler des affaires des autres.

              "On est bien ici, mais faut se tenir à sa place", répète le président de l'association des boulistes retraités, dans le quartier depuis 1971. Il refuse que son nom soit publié. On le comprend : derrière le terrain de pétanque, sur les places bétonnées, c'est une autre partie qui se joue, partiellement invisible. Selon la police, la zone est une "plaque tournante" du trafic de stupéfiants, essentiellement du cannabis amené par l'autoroute A6. Un secret de polichinelle dans la cité. "Il y a des centaines de kilos qui transitent par cette place", glisse un commerçant.

              La Grande-Borne, c'est finalement l'histoire d'une prise de pouvoir par une poignée de jeunes. Lorsque commence une émeute, une bagarre, lorsque se déroulent des opérations liées aux trafics, les adultes poursuivent leur chemin, comme si de rien n'était. Agnès Daviau, 77 ans, dont trente-six passés à la Grande-Borne, n'a pas peur de vivre au milieu du quartier. La militante, bénévole dans une association de soutien scolaire, réfléchit. Aucune agression subie. Pas de menaces particulières. Mais une obligation de discrétion qu'elle a intégrée dans sa vie quotidienne. "Faut pas prendre la mouche, ici. Un jeune peut te bousculer parce qu'il a un truc dans les oreilles", raconte cette ancienne "travailleuse familiale". "Quand on leur parle, on met pas de violence dans nos réponses. Quand ils font du bruit à 23 heures, devant nos fenêtres, on est tolérants."

              Sylvie Alipio, 35 ans, six enfants, prend le café chez son amie, Orkia Benaïssa, 39 ans, trois enfants, au milieu de la Grande-Borne. Salon oriental, immense écran plat, appartement briqué. Elles racontent la convivialité et le plaisir d'habiter un "village" qui font oublier la difficulté à boucler les fins de mois avec un RMI. Mais Sylvie Alipio décrit aussi la loi implicite de la cité. Rester discret, laisser faire plutôt que de prendre le risque d'intervenir.

              "Quand on habite ici, il ne faut jamais montrer qu'on a peur. Il faut toujours faire comme si c'était normal. Il y a une arme ? C'est normal. Il y a une bagarre ? C'est normal. Il y a une émeute ? C'est normal." Avec quelques parents d'élèves, les deux mères de famille tentent de faire évoluer cette culture du silence. Courageusement, elles ont organisé une marche contre la violence à l'automne 2007. Mais la reconquête est difficile : "Au fond, les adultes ont peur des enfants. Même des gamins de 10 ans", se désole Sylvie Alipio.

              Le problème, c'est qu'à la Grande-Borne, la jeunesse déborde. Avant d'être la ville des émeutes, Grigny est la ville des poussettes. Près de 800 naissances par an, soit un millième du total des naissances en France pour une commune de 25 000 habitants. Le taux de natalité de la ville se situe exactement entre la moyenne française (13 naissances pour 1 000 habitants) et la moyenne du continent africain (38 pour 1 000). Des gamins partout, dans les crèches, les écoles, le collège, au bas des immeubles, dans les halls, sur les places, au gymnase, sur les stades : 28 % de la population ont moins de 14 ans, 23 % ont entre 15 et 29 ans. "On doit être la ville la plus jeune de France", relève Omar Dawson, 29 ans, titulaire d'un DESS en commerce international, créateur de sa PME dans l'audiovisuel.

              Grigny sert de porte d'entrée aux migrants qui arrivent en provenance d'Afrique noire, notamment. Des zones rurales à la banlieue parisienne, la secousse est rude. Oreillette Bluetooth qui clignote, pantalon et veste en jean, De-Charles Claude Aka, fils de diplomate ivoirien, a longtemps été éducateur spécialisé dans les rues de Grigny. Il s'occupe aujourd'hui d'une association qui propose des cours d'alphabétisation. De ce poste, il observe, au quotidien, le choc culturel pour les parents et les enfants. "Quand les familles arrivent ici, elles sont sur une conception traditionnelle de l'éducation : elles pensent que tout le monde va être responsable des enfants. Que les voisins, les tantes, les cousins vont surveiller les gamins."

              Au milieu de fratries importantes, notamment lorsqu'il s'agit de familles polygames, ces jeunes finissent par s'élever tout seuls ou entre eux. Dans la rue, pour certains. Dans son F5, au 2e étage, Orkia Benaïssa montre du doigt le bâtiment en face de chez elle. "Un soir, il faisait nuit, il y avait des petits de 8 ans qui jouaient sur le toit. Ils pouvaient tomber et se tuer. Les parents, ils sont où ?" Pas démissionnaires, mais dépassés par un mode de vie et des codes sociaux qu'ils ne maîtrisent pas. Dépassés par l'obligation d'assurer la survie immédiate. Déboussolés aussi par leurs enfants qui apprennent le français plus rapidement et qui obtiennent un statut d'adulte en rapportant un peu d'argent grâce au "business". Le résultat est désastreux : une large partie des jeunes quitte le système éducatif sans le moindre diplôme. Donc sans possibilité d'insertion durable.

              A la rupture culturelle s'ajoutent la précarité et la pauvreté. Le chômage est deux fois plus élevé à la Grande-Borne que sur le reste du territoire. Les revenus sont inférieurs de moitié à la moyenne nationale. Une situation connue : depuis trente ans, les pouvoirs publics n'ont jamais cessé d'envoyer dans le quartier les familles les plus en difficulté. "On ramène à la Grande-Borne tous ceux dont on veut pas ailleurs. Et on s'étonne que ça n'aille pas bien !", note le président des boulistes, nostalgique du temps où il y avait encore des "Français" - comprenez des "Blancs" - en nombre. L'Etat a beau avoir la volonté d'investir des centaines de millions d'euros pour la rénovation urbaine, c'est le sentiment d'abandon qui prévaut. "La Grande-Borne, c'est comme le triangle des Bermudes. On vous y met et c'est comme si vous y disparaissiez de la société", résume Omar Dawson.

              Des jeunes, des pauvres, des "sans-avenir". Un cocktail explosif. Avec un acteur qui fait l'unanimité contre lui et fédère les générations : la police. Les jeunes sont les seuls à jeter des pierres contre les forces de l'ordre mais la colère est beaucoup plus vaste. Plus inquiétante aussi. La perte de confiance est totale et générale. "Le manque de respect de la police, c'est pour les habitants le signe du manque de respect de la société tout entière", décrypte Hervé Seurat, l'écrivain public du quartier qui vivote en rendant service à des adultes perdus dans les démarches administratives.

              Vieux, jeunes, hommes, femmes, les habitants ont tous des anecdotes vécues personnellement. Le patron des boulistes, du haut de ses 67 ans : "Quand un policier vous arrête à Paris, il vous salue poliment. Ici, il demande de mettre les mains sur le toit de la voiture." Alain Huillé, 56 ans, le président de l'amicale des locataires, habitant de la Grande Borne depuis trente-deux ans : "L'autre jour, on va acheter une pizza. On passe devant des CRS qui nous contrôlent. On revient par l'autre côté et d'autres CRS nous contrôlent." Orkia Benaïssa : "Il y avait une altercation en bas de chez moi. J'ai dit au policier : "Vous n'y arriverez pas sans discuter." Ils m'ont répondu : "On n'est pas là pour se faire écouter." Comme je parlais avec les mains, un autre policier est arrivé et a pointé son flash-ball sur moi."

              Pour les travaux pratiques, il suffit de suivre une patrouille dans le quartier. Contrôle d'identité, tutoiement de rigueur et dialogue musclé avec deux jeunes sur un parking en milieu d'après-midi. Le policier approche son visage à une dizaine de centimètres de son interlocuteur du même âge : "Tu restes pas là, tu rentres chez toi, maintenant." Un abus d'autorité mais les deux jeunes sans uniforme plient bagage devant le jeune en uniforme. Ils connaissent la règle : un mot de trop, et c'est l'"outrage" avec condamnation quasi automatique. On connaît malheureusement la suite. Pour les plus solides ou les plus raisonnables, un sentiment d'injustice. Pour les plus fragiles ou les plus violents, la tentation des représailles une fois la nuit tombée : la rage au ventre, une capuche sur la tête, une pierre dans la main... Et Grigny explosera à nouveau.

  • Deux Conférences du Cycle d'Yvan Blot : II/II, Chapitre trois : La France et le gouffre de l’insécurité. La montée du cr

            Dans notre Tableau "Activités France entière", nous publions - entre autres... - les lieux, dates et sujets du Cycle de Conférences d'Yvan Blot 2011/2012 :

    LA FRANCE AU BORD DU GOUFFRE OU LE SUICIDE DE LA FRANCE (Face à la trahison des élites irresponsables, le recours au peuple)  

                                 CONF FRANCE au bord gouffre AVEC DATES.doc
     
            Très amicalement, Yvan Blot nous a envoyé le scripte de deux de ces conférences, en nous autorisant à les reproduire : nous avons publié, hier, la Conférence du 17 octobre : Le gouffre des finances publiques

    -         Le gaspillage des fonds publics ou le référendum financier ?

    -         La spoliation fiscale et l’endettement ou le contrôle par l’initiative populaire ?

            Voici, aujourd'hui, la Conférence du 21 novembre : Criminalité, perte des valeurs ou sauvegarde des traditions

    -         Le laxisme des élites envers le crime ou le bon sens populaire ?

    -         Travail, famille, morale et religion, institutions ringardes ou conditions du renouveau ?

    * Yvan Blot, Président de "Agir pour la démocratie directe" - Courriel : atheneion@free.fr

    Chapitre trois :  La France et le gouffre de l’insécurité. La montée du crime en Occident

      

            Les statistiques montrent que le nombre de crimes et délits vers 1946  était de 1,5 millions. Ce chiffre est resté stable pendant des années et s’est mis à augmenter à partir de 1968. Il n’a alors cessé de croître pour atteindre 4,5 millions de crimes et délits aujourd’hui. La montée du crime est un indicateur important du phénomène de « décivilisation » qui atteint aujourd’hui non seulement la France mais l’Occident. Il varie. Le taux de criminalité, par exemple est plus élevé aux Etats-Unis qu’en France. En Allemagne, il est plus faible.

            Officiellement, on parle d’insécurité plutôt que de criminalité car la pensée technocratique des oligarques est toujours tournée vers les causes matérielles et formelles des phénomènes. On préfère ne pas évoquer la responsabilité des hommes (cause motrice) et ne pas s’interroger sur les finalités de la société (cause finale). De même, on parle de politique de la ville pour traiter les problèmes de délinquance issus essentiellement de l’immigration. On déshumanise les concepts pour  éviter les vérités désagréables comme le lien entre l’insécurité et une immigration anarchique et envahissante.

            Dans l’analyse qui suit, nous allons nous inspirer de la théorie des quatre causes qui remonte à Aristote mais qui a été reprise à sa façon par Martin Heidegger. Quelles sont donc les quatre causes de l’insécurité, ou parler de façon plus authentique, de la criminalité ? Les causes matérielles sont économiques et sociales, dit-on dans la vulgate du « politiquement correct ». Ceci n’est pas faux mais ne touche pas l’essence du phénomène. C’est le déracinement qui est la cause matérielle de la criminalité. Ce déracinement ne doit d’ailleurs pas être vu de façon matérialiste mais à ses aspects culturels et spirituels. Les causes formelles de la criminalité sont l’affaiblissement de la morale sociale et tout particulièrement la déresponsabilisation de l’individu. La cause finale de la criminalité est l’enflure de l’ego et la prédominance du gain à court terme dans les préoccupations des individus, phénomènes caractéristiques d’une société matérialiste post chrétienne. La cause motrice de la criminalité est le laxisme législatif et judiciaire favorisé par l’oligarchie au pouvoir, contre les souhaits de la majorité du peuple.

    Le rôle néfaste de l’immigration et du déracinement

            Les causes matérielles sont le chômage, les revenus insuffisants, l’urbanisme inhumain des banlieues : ces causes de la délinquance jouent un rôle mais à notre avis, c’est mineur. J’ai été député de Calais, ville où le chômage était considérable et l’urbanisme catastrophique : pourtant, le taux de violence urbaine était très faible. L’une des raisons était l’absence d’immigration. L’immigration est un facteur important de la criminalité et de la délinquance : il n’est que de visiter une prison pour s’en rendre compte. Les  prisons sont d’ailleurs un des lieux où l’administration organise volontairement la ségrégation entre les races et les ethnies. Mettre un noir dans un quartier arabe ou un chinois parmi les noirs est en effet extrêmement dangereux pour l’intrus « ethnique ».

            L’urbanisme des grands ensembles associé à l’immigration anarchique ont créé, avec l’aveuglement total des politiques, une situation très dégradées dans les banlieues au point qu’on a pu parler de « zones de non droit ». Dans leur ouvrage sur « les politiques publiques de sécurité », Alain Bauer et Christophe Soulez (1) notent : « Les premières émeutes urbaines de l’été 1979, mais surtout celles de 1981, dans la banlieue lyonnaise, vont accélérer la mise en place de nouveaux dispositifs ». Il s’agira des politiques de prévention qui deviendront les politiques de la ville. La ville sera considérée comme la cause des émeutes, tout ceci permettant d’éviter de parler des hommes (la cause motrice).

            Certes, l’urbanisme moderne cosmopolite réalisé par des penseurs aussi mal inspirés que Le Corbusier pour qui le logement est « une machine à habiter » (sic) est aussi facteur de déracinement.

            Selon Bauer et Soulez (2), « début 1973, Olivier Guichard, ministre de l’équipement (gaulliste), entend ralentir la construction de grands ensembles. Le 5 avril 1973, il publie une circulaire, dite « circulaire sur les tours et barres »,  mise au point par les professionnels, par laquelle il entend « empêcher la réalisation des formes d’urbanisation désignées généralement sous le nom de grands ensembles peu conformes aux aspirations des habitants et sans justification économique sérieuse ». On notera que cet urbanisme, qui est aussi celui des pays communiste (Staline confiera à Le Corbusier la reconstruction de Königsberg devenue Kaliningrad) a beaucoup moins pris d’ampleur là où la démocratie directe existe, comme en Suisse ou en Allemagne. Ainsi, les référendums d’initiative populaire ont fait échoué un projet de tours à Munich et un projet de métro à Zurich : on a ainsi éviter de défigurer ces villes et de gaspiller l’argent des contribuables.

            Plus généralement, le déracinement est un facteur de délinquance. L’enracinement dans la famille, le métier, la patrie est responsabilisant. Les gouvernements oligarchiques qui se sont succédés en Occident n’ont guère vu venir les maux liés au déracinement car leur propre vie quotidienne les mettaient bien à l’abri de la délinquance dite urbaine (laquelle se généralise à présent dans les campagnes comme le montrent les rapports de la Gendarmerie). On laissé se constituer de grands ensembles ethniques non intégrés et fragilisés par la perte de leurs repaires traditionnels. Les populations immigrées à fort taux de délinquance sont à la fois causes et victimes de celle-ci. Certaines ethnies ont mieux résistées pour des raisons culturelles comme les Chinois où la famille et la morale confucianiste ont été un barrage à la dérive délinquante (ce qui n’empêche pas l’existence d’une criminalité spécifique avec les fameuses « triades mafieuses ». Les populations africaines ont plus de difficultés car l’éthique familiale et du travail y était plus faible. Quant à l’enracinement patriotique, il s’est avéré inexistant dans un pays donc les oligarques ont répudié depuis longtemps, sinon en paroles, les valeurs nationales désormais considérées comme suspectes car non marchandes. Le marxisme a ici joué un rôle délétère, cherchant à affaiblir le patriotisme dans les pays capitalistes tout en le cultivant là où les communistes étaient au pouvoir.

            L’immigration a été encouragée puis tolérée pour des raisons économiques, l’homme étant considéré dans la société du « Gestell » essentiellement comme une matière première (3). L’idéologie antiraciste cultivée par l’oligarchie pour se donner bonne conscience a contribué à désarmer les pays qui pouvaient avoir la velléité de lutter contre ce que l’ancien Président Valéry Giscard d’Estaing avait appelé une invasion étrangère. Elle a été en France un facteur de déracinement beaucoup plus fort que dans bien d’autres pays, avec l’exception sans doute de l’Angleterre.

            Mais les populations de souche ont été soumises aussi à la dérive de la criminalité car beaucoup de cadres sociaux, la famille, l’église, l’éducation nationale, voire aussi les syndicats et les partis politiques se sont affaiblis, laissant l’individu dans un dangereux isolement. La législation sociale, distribuant de l’argent sans demander de contreparties en travail, a pu aussi contribué à l’affaiblissement de la moralité sociale. Les médias ont suivi le mouvement et n’ont pas cherché à le contrecarrer. Il est vrai que les oligarchies au pouvoir, qui ont des mentalités de gérants à court terme et non de propriétaires à la tête de lignées familiales fortes sont elles-mêmes souvent d’une moralité douteuse et n’ont pas cherché à jouer en la matière un rôle éducatif.

            Car la criminalité est liée à la déresponsabilisation des individus et à la préférence pour le court terme.

    La déresponsabilisation des individus et des dirigeants

            Il s’agit là de la dimension véritablement politique du problème, qui n’est pas traitée par l’oligarchie au pouvoir.

            Le pourcentage d’individus immoraux a tendance à croître aux deux extrémités de l’échelle sociale. Comme dans un verre de vin nouveau, la lie tombe au fonds et l’écume monte à la surface. Aristote avait déjà noté que la moralité était plus répandue dans les classes moyennes. Les très pauvres, pas uniquement en argent mais aussi en capital éducatif, ont plus de chances de devenir délinquant. Les très riches peuvent perdre le sens des responsabilités et certains prendre des habitudes criminelles.

            On a cité souvent les oligarques russes du temps de Boris Eltsine mais les Russes n’ont pas du tout le monopole de ce phénomène. Madoff ou les dirigeants d’Enron sont des américains. DSK est un français. C’est pourquoi la loi doit mettre les hommes en situation de responsabilité. L’endettement délirant de certains Etats en Europe et aux USA est le produit de décisions humaines, à n’en pas douter. Les responsables furent souvent des banquiers managers qui jouent avec l’argent des autres (ils ne sont pas propriétaires des banques) et surtout des hommes politiques soucieux de faire des cadeaux catégoriels pour se faire réélire. Tant que les hommes politiques ne seront pas obligés de rendre des comptes au peuple par des référendums d’initiative populaire, le danger sera présent.

            On constate dans le monde moderne un rôle croissant de véritables mafias. Le criminologue Xavier Raufer pense que les mafias ne sont pas le monopole de pays sous-développées et qu’elles pénètrent mêmes les cercles oligarchiques des nations occidentales, notamment Wall Street aux Etats-Unis (4).

            En évitant de parler de la France, on peut citer deux exemples significatifs de mafieux introduits au plus haut niveau de la politique en Occident avec Giulio Andreotti en Italie et Tony Rezko aux Etats-Unis.

            Andreotti a été sept fois premier ministre italien démocrate chrétien. Il a été 21 fois ministres et surnommé « l’inoxydable ». Nommé sénateur à vie ( !) en 1991, il est accusé d’être lié à la mafia en 1992  et considéré coupable comme commanditaire du  meurtre le 24 septembre1992, du journaliste Mino Picorelli. La cour d’appel de Pérouse le condamna à 24 ans de prison. Du fait de son immunité parlementaire, la peine ne fut jamais exécutée. Le jugement fut annulé quelques mois plus tard par la cour de cassation. En 2004 cette cour de cassation conclut au délit d’association à une association de malfaiteurs (cosa nostra).  Selon wikipédia, « la conclusion de ce procès historique ne fut cependant pas reportée fidèlement par les medias qui parlèrent d’une façon générale d’absolution !

            Tony Rezko a éré emprisonné pour fraudes, blanchiment d’argent et extorsions de fonds et corruption. Selon CBS news, son procès donne un coup d’oeuil sur la politique en Illinois qui a si mauvaise réputation. Or il a été l’un des trois premiers financiers d’Obama dès 2003 ; En 2003 Obama a acheté une maison dont la moitié du lot a été achetée par madame Rezko. Obama après la condamnation de Rezko a dit qu’il ne le connaissait pas sous ce jour et qu’il était déçu ! Je n’e dis pas plus : d’autres détails sont sur wikipédia.

            Tout ceci pour dire qu’au-delà des discours hypocrites, l’Occident n’a pas de leçons à donner en matière de lutte contre la criminalité.

            Là encore, on constate que la démocratie directe permet de corriger certains excès. C’est pour lutter contre la corruption des parlementaires par la compagnie Southern Pacific qu’elle a été introduite en Californie. En Italie, le parlement avait voté une loi spéciale pour que le premier ministre Berlusconi  échappe à la justice. Les Italiens, en rassemblant 500 000 signatures, ont déclenché un référendum en juillet 2011 qui a annulé cette loi. Dans certains Etats des Etats-Unis, la peine de mort a été rétablie ce que n’aurait pas fait un parlement. Le jugement du peuple n’est pas le même que celui des oligarques.      

    L’enflure de l’ego

            La civilisation post-chrétienne dans laquelle nous vivons se caractérise par l’enflure de l’ego individuel. Les régulateurs sociaux de la religion (l’amour d’autrui) et du dévouement patriotique (le sacrifice de soi) ont perdu beaucoup de leur importance. Or, l’homme n’est pas naturellement bon. Les phrénologues, spécialistes du cerveau humain, montrent que nous avons trois cerveaux en un seul : le paléo cortex ou cerveau primitif ou reptilien guide nos instincts de base : agressivité, sexualité, nutrition, notamment. Le cortex intermédiaire, propre aux mammifères, guide notre vie affective et sentimentale. Il est le siège aussi de notre personnalité. Le néo cortex, dont le grand développement est lié à l’hominisation, correspond à la raison abstraite. La civilisation contemporaine cherche en permanence  des raisons pour justifier ses instincts barbares au détriment du cerveau affectif. On peut distinguer entre la sauvagerie (alliance du cerveau reptilien et du cerveau affectif) et la barbarie (alliance du cerveau reptilien et du cerveau rationnel). Heidegger évoque cette dernière combinaison dans son livre « Essais et conférences ». « L’instinct passait jusqu’ici pour être un trait distinctif de l’animal qui dans sa sphère vitale, décide de ce qui lui est utile ou nuisible, qui le poursuit et ne recherche rien d’autre. La sûreté de l’instinct chez l’animal répond au fait que ce dernier est enfermé dans sa sphère d’intérêts et ne voit pas au-delà. Aux pleins pouvoirs donnés au surhomme répond la libération totale du sous-homme. L’impulsion de l’animal et la ration de l’homme deviennent identiques. »

            La structure du cerveau humain montre que le discours rationnel à lui seul est impuissant contre le crime. On peut être à la fois rationnel et criminel. La répression du crime doit jouer sur les trois cerveaux : la répression peut jouer sur le cerveau primitif, c’est ce que fait Singapour avec sa méthose du « caning » (coups de bâtons) pour les petits délinquants. Elle doit aussi jouer sur le cerveau affectif : c’est là que les habitudes morales se prennent ou ne se prennent pas. Enfin, l’argument rationnel joue : si un gangster sait qu’il se fera prendre et que la condamnation sera très dure, il se peut qu’il abandonne ses activités criminelles devenues « non rentables ». Tout ceci suppose comme le dit Xavier Raufer de rompre avec la « culture de l’excuse » pour laquelle ce n’est jamais la faute du criminel mais de la société s’il commet un crime !

            L’homme est bien plus criminel virtuellement que l’animal car il déborde ses instincts. Pol pot, le dictateur génocidaire du Cambodge, est impensable dans le règne animal. Pol Pot a été aimé par la doctrine marxiste qu’il à appris à la Sorbonne à Paris : beau cadeau culturel de la France !

            La montée du mouvement terroriste de l’islam radical doit aussi se comprendre en regard de l’Occident matérialiste. Ce sont des Musulmans qui ont fait des études universitaires, souvent en Occident, qui dirigent les mouvements terroristes et non des pauvres illettrés. Expliquer l’islamisme par les conditions de vie ne permet pas de rendre compte de son essence. L’islamisme radical se développe sur fonds d’échec des régimes nationalistes ou socialistes importés de l’Occident.

            Celui-ci, par son matérialisme est mal armé pour résister, malgré son immense supériorité matérielle.

            Pour combattre ces dérives, il faut sans doute tenter de réintroduire de la spiritualité dans la société, comme le font, de façon différente, la Suisse ou la Russie. La Suisse n’a jamais connu de vraie révolution. Les constitutions cantonales se réfèrent à Dieu. L’assemblée de citoyens à Appenzell commence par une messe catholique.

            Quant à la Russie, la religion orthodoxe est considérée en Russie comme un élément d’identité nationale mais aussi comme un appareil de prévention de la délinquance. J’ai assisté un jour à un déjeuner co-présidé par le patriarche Alexis II de toutes les Russies et

  • L'Eglise catholique et le culte musulman, par Annie Laurent.

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    Le mois dernier, la Petite Feuille Verte n° 72 traitait du thème suivant :« La France et ses mosquées » .

    Voici la PFV n° 73 qui expose le résultat des recherches effectuées par Annie Laurent sur la question délicate de la position de l’Eglise catholique en ce qui concerne les demandes de mosquées.

    A savoir : le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin, a récemment envoyé ses encouragements à Annie Laurent pour « la manière documentée et équilibrée », avec laquelle elle aborde « la question si délicate de l’Islam ».

    La France et ses mosquées - La grande mosquée de Paris, par Annie Laurent

    Annie_Laurent.jpgDans le système français de laïcité, l’autorisation accordée aux représentants des religions pour construire de nouveaux lieux de culte (églises, mosquées, synagogues, etc.) relève exclusivement de la responsabilité de l’État (cf. PFV n° 72).

    L’Église catholique n’a donc aucune compétence ni aucun pouvoir en ce domaine, mais cela ne l’empêche pas d’avoir une doctrine qu’elle s’efforce de défendre.

     

    POSITIONS DE PRINCIPE

     L’enseignement de base se trouve dans la Déclaration Dignitatis humanae de Vatican II (1965). Tout en rappelant que « l’unique vraie religion […] subsiste dans l’Église catholique et apostolique » (§ 1), le Concile déclare « que la personne humaine a droit à la liberté religieuse », celle-ci ayant « son fondement dans sa dignité » (§ 2). Il précise que ce droit « dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil » mais qu’étant « doués de raison et de volonté libre », tous les hommes sont « tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion » (§ 2).

    Vatican II n’a pas reconnu l’équivalence entre les religions. Le « droit civil » sous-entend la responsabilité de l’État. Tout en affirmant le principe du droit à la liberté de culte, l’Église n’a donc pas à s’impliquer dans les projets des autres religions.

     

    LA GRANDE MOSQUÉE DE ROME

    Le 21 juin 1995, une Grande Mosquée, pouvant accueillir 12 000 fidèles, et le centre islamique qui lui était adjoint, ont été inaugurés à Rome. Après l’octroi du permis de construire, le maire de la ville en a informé le pape Jean-Paul II qui n’a émis aucune objection.

    Mgr Michaël Fitzgerald, alors secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, a expliqué la position du Saint-Siège. « La liberté religieuse ne signifie pas seulement être libre de vivre sa foi en privé, personnellement, mais aussi la possibilité de la vivre avec ses coreligionnaires, dans sa dimension communautaire. Pour cela, il faut un lieu de culte […]. La mosquée de Rome peut être perçue comme une offense faite au caractère catholique de la ville. Mais s’il existe une présence musulmane importante à Rome, l’Église ne s’oppose pas à la construction d’une mosquée » (« Pax vobiscum », 30 Jours, n° 6, 1995).

    L’ensemble mosquée-institut est situé dans le quartier de Parioli, éloigné du Vatican, et il est probable que les autorités civiles ont tenu compte de cette distance. Sa localisation respecte une condition émise par Vatican II, à savoir que les pouvoirs publics ne peuvent « refuser à l’homme le libre exercice de la religion sur le plan de la société, dès lors que l’ordre public juste est sauvegardé » (Dignitatis humanae, § 3). On peut penser qu’une proximité avec la basilique Saint-Pierre aurait pu blesser la sensibilité des catholiques romains et entraîner des troubles dans l’espace public.

    La mémoire historique des Italiens est d’ailleurs marquée par le débarquement des armées turques à Otrante en 1480 (813 chrétiens décapités en cette circonstance ont été canonisés par le pape François le 12 mai 2013). Cet assaut était commandé par le sultan Mehmet II, le conquérant de Constantinople (1453) ; vingt-sept ans après s’être emparé de la « seconde Rome » et avoir islamisé la basilique Sainte-Sophie, le tour de la « première Rome » lui semblait venu. Il espérait ainsi accomplir un hadîth (propos) prophétique de Mahomet bien connu des musulmans (cf. Hervé Roullet, Les martyrs d’Otrante, éd. H. Roullet, 2018).

    En 2008, suite à de nombreux incidents avec des imams radicaux en Italie, le ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, envisagea un moratoire sur toute nouvelle construction de mosquées.  Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture, a rappelé le droit de l’État d’intervenir lorsqu’une mosquée adopte des finalités politiques. Réagissant à une démarche du cardinal Dionigi Tettamanzi, archevêque de Milan (+ 2017), qui protestait contre la fermeture d’un lieu de culte illégal, R. Maroni a déclaré : « Je suis le ministre de l’Intérieur, pas un constructeur de mosquée ! Nous sommes intervenus sur la soi-disant mosquée de la rue Jenner (un garage, transformé en “lieu de prière” qui débordait sur la rue, sur le trottoir et la voie publique, car il y avait un problème d’ordre public » (Joachim Véliocas, L’Église face à l’islamentre naïveté et lucidité, Éd. de Paris, 2018, p. 47 et 67).

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    La grande mosquée de Rome

     

    L’ÉPISCOPAT DE FRANCE : DES ATTITUDES CONTRASTÉES

     En 1999, la Conférence des Évêques de France a élaboré une série de fiches définissant sa position sur les diverses questions soulevées par la présence croissante de l’islam, entre autres les demandes de lieux de culte.

    « Comment gérer la symbolique de la mosquée dans l’espace public ? Quel avenir voulons-nous construire ? Le lieu de culte sera-t-il le symbole d’un accueil amical ou celui d’une “victoire à l’arraché” remportée par l’Islam sur une population hostile ? ».

    « Il faut savoir que même si la pratique religieuse pour l’islam ne recouvre pas exactement le sens qu’elle a pour un chrétien, elle garde un caractère d’obligation (en particulier la prière du vendredi). Le droit à la liberté religieuse s’étend non seulement à l’adhésion privée, mais aussi à la profession de foi publique. Ce droit, l’Église le reconnaît aussi pour les autres croyants » (Catholiques et Musulmans. Fiches pastorales, Documents Épiscopat n° 6-7, avril 1999, fiche IV).

     

    Largesses épiscopales

    Dans les années 1970-2000, en France, des évêques ont parfois soutenu publiquement des demandes précises de mosquées, même lorsque celles-ci émanaient de représentants de l’islamisme (p. ex. Créteil, Poitiers, Lyon, Saint-Dié, Créteil, Metz et Strasbourg). Certains diocèses ont autorisé le prêt ou la vente d’églises ou de chapelles désaffectées (p. ex. Lille, Nantes, Clermont-Ferrand, Asnières, Autun, Argenteuil, Amiens, Dole, Bourges). Cf. Véliocas, op. cit.

    En 1977, Mgr Jean Dardel, évêque de Clermont-Ferrand, a « prêté » aux musulmans de la ville une grande chapelle, propriété des Sœurs de Saint-Joseph, qu’ils ont transformée en « grande mosquée ». « Les portes de l’Église s’ouvrent à nous plus aisément que celles de l’administration », nous a confié sur place en 1995 Mohamed Fourati, enseignant tunisien dans cette ville (Annie Laurent, Vivre avec l’Islam ?, Éd. Saint-Paul, 1996, p. 191).

    Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry, répondant au président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, qui proposait que les églises vides soient allouées au culte islamique : « Sur le principe, je préfère qu’elles deviennent des mosquées plutôt que des restaurants » (Le Figaro, 16 juin 2015). Commentaire de l’abbé Pierre Amar (ci dessous, diocèse de Versailles) : « Le fait qu’une église devienne une mosquée serait évidemment un symbole fort. Il sonnerait en quelque sorte la “victoire” du croissant sur la croix » (Famille chrétienne, n° 1954, 27 juin-3 juillet 2015).

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    Réserves et prudences épiscopales

    A Lyon, dans les années 1970, le cardinal Alexandre Renard (+ 1983), favorable à de telles cessions, finit par renoncer à son projet de mettre à la disposition des musulmans l’église Saint-Bernard, certains de ses diocésains lui ayant fait valoir l’inconvenance qu’il y avait à donner aux musulmans un lieu dédié au prédicateur de la croisade (A. Laurent, op. cit., p. 191).

    Mgr Raymond Bouchex, archevêque d’Avignon (+ 2010), estimait que l’Église n’a pas à se mêler de ces questions car « faciliter la propagation de l’islam revient à montrer aux musulmans que l’on considère leur religion comme égale au christianisme » (Ibid.).

    Mgr Pierre Raffin, évêque de Metz : « Quant aux lieux servant au culte, églises ou chapelles, il faut exclure d’emblée l’hypothèse de les prêter, afin d’éviter des situations malencontreuses » (« L’islam en Moselle », Lettre pastorale, 3 janvier 1993, p. 40).

    Mgr Bernard Panafieu, archevêque de Marseille (+ 2017). Tout en admettant qu’il « n’est pas moral que des hommes et des femmes pratiquent dans des conditions irrespectueuses de leur foi », il considérait que les mosquées « doivent être réservées à la prière, non à la propagande ». Pour lui, « la dépendance financière envers des pays étrangers pose un problème grave » (Famille chrétienne, n° 1046, 29 janvier 1998).

     

    Nouvelles recommandations

    La générosité des évêques a fini par s’émousser lorsqu’ils ont compris qu’un sanctuaire cédé provisoirement ne pouvait être récupéré, les musulmans bénéficiaires le considérant dès lors comme patrimoine du domaine de l’Islam (Dar el-Islam). Leurs confrères d’Afrique les avaient mis en garde contre ces pratiques qui pouvaient les gêner dans leur propre apostolat et amener les musulmans à se considérer vainqueurs sur le christianisme en France.

    Des orientations publiées en 2000 par la Conférence des Évêques de France montrent une prise en compte de ces éléments. « Éviter de déclencher une guerre des symboles (clocher contre minaret)Notamment, ne pas transformer une église inutilisée en mosquée car on touche à une symbolique identitaire dont le retentissement nous échappe : blessure à l’identité locale “chrétienne” ou non, perspective d’un islam dont la vocation serait de remplacer le christianisme à plus ou moins long terme. Même le prêt provisoire d’une salle ou d’un édifice n’est pas sans conséquences négatives possibles. Dans l’hypothèse d’un accord, certaines garanties sont nécessaires. Dans tous les cas, consulter l’évêque du lieu » (« L’Église et l’Islam en France », Questions actuelles, n° 15, septembre-octobre 2000, p. 30).

    La première recommandation de ce texte peut cependant entraîner des compromis du côté catholique. Ainsi, en 2007, une nouvelle église, bâtie dans la ville de Sartrouville (ci dessous, Yvelines), a été volontairement privée de cloches, ceci avec le consentement du curé, afin de ne pas « provoquer » les musulmans du quartier (Cf. Thierry Bouclier, La France au risque de l’islam, Via Romana, 2012, p. 65-66). On peut comparer cette position avec la règle imposée aux chrétiens en certains pays gouvernés par l’islam, où leurs églises, quand elles sont autorisées, ne peuvent pas être dotées de cloches.

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    L'église - sans cloches - Jean XXIII de Sartrouville...

     

    L’EXIGENCE DE RÉCIPROCITÉ

    Dans sa première encyclique, Redemptor Hominis (1979), Jean-Paul II a insisté sur la réciprocité en matière de liberté religieuse. « La limitation de la liberté religieuse et sa violation sont en contradiction avec la dignité de l’homme et avec ses droits objectifs. Je désire, au nom de tous les croyants du monde entier, m’adresser à ceux dont dépend de quelque manière, l’organisation de la vie sociale et publique en leur demandant instamment de respecter les droits de la religion et l’activité de l’Église. On n’exige aucun privilège mais le respect d’un droit élémentaire » (cité par A. Laurent, « Ouverture et fermeté », Le Temps de l’Eglise, octobre 1993).

    Or, ce principe n’est pas toujours respecté en Islam au motif que les musulmans sont les « vrais croyants » et constituent « la meilleure communauté suscitée pour les hommes » (Coran 3, 110). Reconnaître des droits aux autres religions et à leurs fidèles, ne fût-ce que du point de vue civil, reviendrait en quelque sorte à accepter la remise en cause de la supériorité de l’islam et de ses membres.

    Dans les États riverains du golfe Persique, où la nationalité se confond avec l’appartenance à l’islam, les très nombreux chrétiens étrangers, qui y résident pour des raisons professionnelles, ont certains droits en ce qui concerne leur culte mais celui-ci fait l’objet de restrictions : les églises, en nombre très insuffisant et souvent très éloignées des lieux d’habitation, sont banalisées à l’extrême, ne peuvent comporter ni croix extérieures ni cloches, et les processions sont interdites.

    En Arabie-Séoudite, où résident plusieurs millions de chrétiens étrangers, seul le culte musulman est autorisé, ceci sur la base d’un hadîth attribué à Mahomet : « Deux religions ne doivent pas coexister dans la Péninsule arabique » (cité par Antoine Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’islam, Imprimerie catholique, Beyrouth, 1958, p. 85). Le culte chrétien, totalement prohibé, ne peut être célébré que dans la clandestinité, en fait dans certaines ambassades. Un chrétien mort dans le pays ne peut même pas y être enterré, sous prétexte que l’Arabie est une « terre sacrée ».

    Le Saint-Siège ne cesse pourtant pas de rappeler aux dirigeants de ces pays le respect du droit à la liberté religieuse, faisant valoir la bienveillance pratiquée en Occident à cet égard. Il espérait que l’ouverture d’une mosquée à Rome (financée par l’Arabie-Séoudite) ouvrirait la voie à la réciprocité. Mais en vain.

    Le sujet a été évoqué avec insistance par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, au cours d’un voyage officiel qu’il a effectué à Riyad, peu de temps avant sa mort, en 2018. Il a proposé à ses hôtes un accord sur « l’élaboration de règles communes pour la construction de lieux de culte » qui permettrait à chaque communauté religieuse « d’avoir une place appropriée pour accueillir la prière publique » (La Croix, 2 mai 2018). Cette demande n’a été suivie d’aucun effet.

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (168), 1962 : L'Algérie française, un essai de Bilan...

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    (Source : le Site de Jean Sévillia. Les vérités cachées de la guerre d'Algérie, article de Jean Sévillia, paru dans Le Figaro Magazine - 10/03/2012) 

    Le 18 mars 1962, la signature des accords d'Evian allait mettre fin à 130 ans de souveraineté française en Afrique du Nord. Un demi-siècle plus tard, il est temps de raconter le conflit qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie sans occulter une part de la réalité.

    1 L'Algérie, une création française...


    "L'Algérie heureuse" : dans la mémoire des Français nés "là-bas", l'expression évoque un art de vivre, des couleurs, des odeurs et des saveurs dont le souvenir, un demi-siècle après, les hante encore. Mais de quand dater cette Algérie heureuse ? D'avant 1954, année de l'insurrection déclenchée par le FLN ? D'avant la Seconde Guerre mondiale quand, dans la foulée du centenaire du débarquement français en Algérie (1930) et de l'Exposition coloniale (1931), l'idée d'« Empire » faisait rêver les Français ?
    Historiquement, l'Algérie est une création de la France. Au début du XIXe siècle, le pays n'est qu'une juxtaposition de territoires peuplés de tribus hétérogènes (Arabes, Kabyles, Chaouias, Touareg...) et de contrées inhabitées. Ce sont les colonisateurs qui, après les dures guerres de conquête menées jusqu'en 1870, dessinent des frontières, tracent des routes, bâtissent des villes et créent des institutions, conférant une unité à un espace organisé en trois départements français.
    A côté des "indigènes" (mot d'époque), l'Algérie devient une colonie de peuplement. Aux habitants venus de métropole s'ajoutent des Espagnols, des Italiens ou des Maltais qui, au fil du temps, acquièrent la nationalité française. Français, les Juifs d'Algérie, eux, le sont depuis 1870. Tous ceux-là, qu'on appelle les Européens, constituent une communauté originale, nourrie par les idéaux de la IIIe République : patriotisme, instruction publique, morale civique, promotion sociale. Les colons proprement dits, parmi eux, ne sont qu'une poignée : moins de 20 000 vers 1950. La plupart sont des citadins dont beaucoup exercent de petits métiers : songeons à l'enfance pauvre d'Albert Camus.

    Cette société est mêlée. Européens et musulmans vivent côte à côte, fréquentant les mêmes bancs d'école. Cependant, alors que les élites indigènes aspirent à l'intégration (voir le parcours de Ferhat Abbas), les milieux dirigeants coloniaux sont hostiles à toute réforme politique. Aussi apparaît-il, à côté d'un authentique loyalisme indigène nourri par la fraternité des batailles de 1914-1918 et de 1943-1945, un courant autonomiste qui se transforme bientôt en courant indépendantiste. Le 8 mai 1945, à Sétif, une émeute aboutit à l'assassinat d'une vingtaine d'Européens, drame qui provoque une impitoyable répression. Vers 1950, deux populations coexistent en Algérie. D'un côté 900 000 Européens, citadins en majorité, jouissant de tous les droits de la nationalité et de la citoyenneté. De l'autre 8 millions de musulmans, majoritairement ruraux, et souffrant du sous-équipement hors des trois grandes villes, Alger, Oran et Constantine.
    « L'assimilation de l'Algérie à la France avait déjà échoué en 1954, avant même le déclenchement de l'insurrection », estime Guy Pervillé, un spécialiste de l'Algérie coloniale (1). L'Algérie heureuse ? La formule est donc vraie, mais ne traduit pas la fragilité de la situation.

    2 Une violence extrême dans les deux camps...


    L'insurrection éclate à la Toussaint 1954. Le 31 octobre, le FLN a annoncé son intention de parvenir à l'indépendance « par tous les moyens ». Les attentats s'enchaînent alors. Le 20 août 1955, à El-Halia, dans le Constantinois, 71 civils européens sont massacrés. De 1955 à 1957, on passe de 5 Européens tués à 50 par mois. De la part des indépendantistes, cette stratégie vise à creuser le fossé entre les communautés. Mais les rebelles exercent également la terreur sur leurs frères musulmans : notables, caïds, anciens combattants ou gardes champêtres sont les premières cibles, victimes d'abominables sévices (mutilations faciales, émasculations, égorgements, éviscérations). En 1956, une moyenne de 16 musulmans pro-français sont assassinés chaque jour. En ville, le FLN pratique le terrorisme aveugle, posant des bombes dans les cafés, les stades, les autobus ou les cinémas. Le 30 septembre 1956, à Alger, on relève 60 blessés ; le 10 février 1957, 9 morts et 45 blessés ; le 3 juin 1957, 8 morts et 90 blessés...

    Le FLN se présente par ailleurs comme un parti révolutionnaire qui a pour vocation, ses buts atteints, d'exercer seul le pouvoir. Dès lors que le Mouvement national algérien de Messali Hadj refuse cette logique, le FLN mène contre lui une lutte féroce, appliquant à ses concurrents les mêmes méthodes que celles utilisées contre les Européens ou les indigènes loyalistes. En 1957, 315 musulmans du village de Melouza, réputé fidèle à Messali Hadj, sont liquidés par le FLN. La violence de ce dernier s'exerce aussi en métropole, tant contre les forces de l'ordre que contre les travailleurs algériens rétifs à ses mots d'ordre.
    Le 3 avril 1955, l'état d'urgence est proclamé en Algérie. Le 12 mars 1956, à Paris, l'Assemblée approuve l'attribution des pouvoirs spéciaux à l'armée, mesure demandée par le chef du gouvernement, le socialiste Guy Mollet, et obtenue grâce au soutien des députés communistes. A Alger, en janvier 1957, les « pleins pouvoirs civils et militaires » sont encore confiés par Guy Mollet au général Massu, commandant de la 10e division parachutiste. Afin de mettre les poseurs de bombes hors d'état de nuire, les soldats remontent les filières, arrêtent les coupables et leurs soutiens musulmans ou européens. Les uns après les autres, les chefs sont capturés : 122 attentats ont été commis à Alger en décembre 1956, 6 en août 1957, aucun en novembre 1957.
    Pour parvenir à ce résultat, quelles méthodes ont été utilisées ? Hélie de Saint Marc, dans ses Mémoires, évoque la bataille d'Alger qui, « dans la suite d'épreuves que ma génération de soldats a eue à affronter, reste sûrement la plus amère : au paroxysme du terrorisme, la France a répondu par le paroxysme de la répression ». Il est aujourd'hui établi que, dans la traque aux terroristes, des interrogatoires violents ont été pratiqués, sans qu'on puisse incriminer globalement toute l'armée française d'avoir utilisé la torture.
    A la guerre, la fin justifie-t-elle les moyens ? Non, répondent la morale et l'honneur. Mais la guerre révolutionnaire bouscule les codes habituels, puisque le terrorisme ignore lui-même la morale et l'honneur. C'est le FLN qui a revendiqué, en 1954, le droit d'employer « tous les moyens ». Chronologiquement, c'est lui qui porte la première responsabilité dans la montée aux extrêmes qui a caractérisé la guerre d'Algérie.

    3 Une guerre gagnée par l'armée française...


    C'est seulement le 5 octobre 1999 que le Parlement français a rétroactivement reconnu l'existence d'un « état de guerre » en Algérie de 1954 à 1962. Une mesure qui a pris en compte la réalité : ce conflit, tous bords confondus, a provoqué environ 300 000 victimes militaires ou civiles.
    A leurs débuts, le FLN et sa branche militaire, l'Armée de libération nationale (ALN), représentent quelques centaines d'hommes, sans prise sur la population. En 1956, l'extension de la rébellion conduit Guy Mollet à faire appel au contingent. Afin de répondre à la stratégie indépendantiste visant à séparer les communautés, la doctrine politique et militaire de la IVe République, a contrario, obéit à deux principes : intégration et pacification. La dimension civile et la dimension militaire de ces deux objectifs étant intimement liées, l'armée se trouve chargée par le gouvernement de la République de missions qui, en métropole, relèvent de l'autorité civile.

    Pour les militaires, les opérations dans les départements algériens font suite à la guerre d'Indochine. Elément capital. D'une part, parce que les officiers ne veulent pas subir une nouvelle défaite. D'autre part, parce qu'ils vont appliquer en Afrique du Nord des recettes expérimentées au Tonkin ou en Annam, en tentant de mettre les autochtones de leur côté. Dans le djebel, pendant que les unités d'élite, légionnaires et parachutistes, traquent les maquisards, la troupe quadrille le pays. De leur côté, les Sections administratives spéciales (SAS) organisent l'autodéfense des musulmans contre les terroristes, et édifient des écoles et des dispensaires là où l'incurie administrative avait délaissé la population rurale indigène.

    En octobre 1956, un détournement d'avion couvert par le gouvernement permet l'arrestation des chefs extérieurs du FLN. L'organisation terroriste urbaine des indépendantistes est anéantie, en 1957, lors de la bataille d'Alger. A partir de 1957, la construction d'une ligne fortifiée le long de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie isole de leurs bases les bandes de l'ALN. Privées d'armes et de renforts, celles-ci sont progressivement mises hors de combat. En 1959, de Gaulle étant président de la République, un nouveau dispositif militaire, le plan Challe, s'emploie à pacifier définitivement le territoire ; 400 000 hommes, contingent compris, et 210 000 supplétifs musulmans servent sous le drapeau français. Au printemps 1960, l'armée a gagné : sur 46 000 fellaghas, l'ALN a perdu 26 000 tués et 10 000 prisonniers.
    Cette indéniable réussite est aujourd'hui occultée. Christophe Dutrône, un historien qui vient de lui consacrer un livre, observe néanmoins que « la victoire militaire acquise sur le terrain n'aurait pu être pérennisée qu'en allant jusqu'au bout de la logique d'intégration amorcée en 1958 (2) » . Le vrai tournant de la guerre d'Algérie sera donc politique.

    4 L'indépendance : un choix politique de De Gaulle...


    Georgette Elgey, auteur d'une Histoire de la IVe République, déplore de voir certains jeunes chercheurs se demander pourquoi, après la « Toussaint rouge », Pierre Mendès France, le président du Conseil, n'avait pas parlé de « guerre d'Algérie ». L'historienne dénonce cet anachronisme : en 1954, personne, en France, n'avait idée qu'une guerre commençait sur le territoire national. Car pour tous, de la gauche à la droite, l'appartenance de l'Algérie à la France relevait de l'évidence.
    Après le déclenchement de l'insurrection, le radical Pierre Mendès France tient en effet un discours très ferme : « On ne transige pas lorsqu'il s'agit de défendre la paix intérieure de la nation, l'unité, l'intégrité de la République : les départements d'Algérie constituent une partie de la République française. » Un point de vue corroboré par le ministre de l'Intérieur, un certain François Mitterrand, qui rappelle que « l'Algérie, c'est la France ».
    Jusqu'en 1958, même à gauche, ceux qui songent à l'indépendance sont très minoritaires. Comment en serait-il autrement, dès lors que la IVe République engage des moyens militaires et financiers considérables en Algérie ?

    En vue de ramener le général de Gaulle au pouvoir, ses partisans exploitent le sentiment Algérie française. Le 13 mai 1958, dans une étonnante ambiance de fraternité franco-musulmane, un comité de salut public constitué à Alger engage un bras de fer avec Paris, appelant de Gaulle au gouvernement. Le 29 mai, le président de la République, René Coty, nomme le Général à la présidence du Conseil.
    Le 4 juin 1958, à Alger, devant une foule enthousiaste, le Général lâche sa célèbre phrase : « Je vous ai compris. » En apparence, tout donne à penser qu'il poursuivra la politique algérienne de ses prédécesseurs. En octobre 1958, le plan de Constantine prévoit un programme d'investissements économiques sur cinq ans. Et le Général soutient l'armée dans sa lutte contre la rébellion : « Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur l'Algérie », affirme-t-il encore en août 1959.

    La population européenne, les militaires et les musulmans loyalistes sont dès lors convaincus que la France restera en Algérie. Cruel malentendu. Car le 16 septembre 1959, de Gaulle proclame le droit des Algériens à l'autodétermination.

    A quel moment s'y est-il résolu ? Ce débat divise les historiens. La plupart, aujourd'hui, estiment que le Général est arrivé au pouvoir en sachant qu'il allait donner l'indépendance à l'Algérie. De Gaulle - il le dira à Alain Peyrefitte - ne croit pas à l'intégration des musulmans et il nourrit de grands projets qui, à ses yeux, supposent de tourner la page coloniale de l'histoire de France. Le chef de l'Etat sait de plus que l'opinion métropolitaine le suivra, comme le prouvera le référendum de janvier 1961 (79 % de voix pour l'autodétermination). L'Algérie française est condamnée.

    5 Pieds-noirs et harkis : les drames de l'après-19 mars...


    Ni l'insurrection des pieds-noirs algérois lors de la semaine des barricades (janvier 1960), ni le putsch des généraux (avril 1961), ni l'irruption brutale de l'OAS dans un jeu désespéré ne feront obstacle au processus enclenché par les discussions ouvertes entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Au terme de multiples péripéties, ces négociations conduisent à la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962, et au cessez-le-feu proclamé le lendemain, acte ratifié par référendum, en France métropolitaine, par 90 % des suffrages, le 8 avril suivant.

    Cependant ni Ahmed Ben Bella, prisonnier en métropole depuis 1956, ni le colonel Houari Boumediene, chef de l'ALN basée en Tunisie et au Maroc, n'ont été associés aux pourparlers d'Evian. Ces deux pionniers de l'indépendance, récusant le GPRA, videront de leur contenu les rares clauses de sauvegarde prévues par les négociateurs français à propos des Européens d'Algérie.

    Le 26 mars 1962, une manifestation de pieds-noirs, interdite mais pacifique, est mitraillée par la troupe française, rue d'Isly, à Alger, dans des circonstances controversées : le bilan est de 49 morts et de près de 200 blessés. Dans les villes ou dans le bled, à cette époque, les rapts d'Européens se multiplient. L'historien Jean-Jacques Jordi, qui vient d'étudier ce drame occulté, recense 1 630 personnes enlevées qui n'ont jamais été retrouvées, dont 1 300 entre le 19 mars et la fin de l'année 1962 (3). Selon la formule célèbre, les Français d'Algérie ont le choix entre la valise et le cercueil. Pendant qu'une bataille sans issue entre l'OAS et le FLN embrase les villes d'Algérie, 700 000 pieds-noirs, en quatre mois, franchissent la Méditerranée afin de gagner un pays qu'ils ne connaissent pas et qui ne les attend pas, laissant derrière eux leur véritable patrie, leurs tombes et leurs biens. Le 5 juillet, premier jour de l'indépendance algérienne, 700 Européens sont tués à Oran, sans que l'armée française intervienne (4).

    Parallèlement, une autre tragédie se déroule. A partir du 19 mars, les 150 000 supplétifs musulmans de l'armée française sont désarmés. Pour le FLN, les harkis sont des traîtres. Afin de protéger leurs hommes, certains officiers français les font passer en métropole avec leurs familles. Le 12 mai, Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes et négociateur d'Evian, ordonne de les renvoyer en Algérie. A partir de juillet 1962, les anciens harkis, abandonnés par la France, sont systématiquement assassinés par les vainqueurs, dans des conditions d'une horreur inimaginable. L'historien Maurice Faivre évalue le nombre de victimes de ce massacre entre 60 000 et 80 000 hommes, femmes et enfants (5).

    Cent trente ans de souveraineté française sur l'Algérie ont pris fin dans les larmes et le sang. Ce désastre pouvait-il être évité ? En retracer les tenants et aboutissants, en tout cas, nécessite de dire toute la vérité : dans l'histoire des peuples, le bien ou le mal sont rarement d'un seul côté.

    Jean Sévillia

    (1) La France en Algérie, 1830-1954, de Guy Pervillé, Vendémiaire. 
    (2) La Victoire taboue. Algérie, la réussite tactique de l'armée française, de Christophe Dutrône, Editions du Toucan. 
    (3) Un silence d'Etat. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie, de Jean-Jacques Jordi, Editions Soteca. 
    (4) Oran, 5 juillet 1962. Un massacre oublié, de Guillaume Zeller, Tallandier. 
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  • Le Prince Jean dans le Blog de Benoit de Sagazan....

                Depuis que nous avons présenté ici-même l'excellent blog de Benoit de Sagazan ( http://patrimoine.blog.pelerin.info/esprit/ ) nous l'évoquons régulièrement, n'hésitant pas (c'est pour la bonne cause !...) à utiliser tout aussi régulièrement les informations qu'il donne afin de leur offrir, dans la mesure de nos moyens, la diffusion la plus large possible.

                Nos lecteurs savent la raison pour laquelle nous avons "adopté" ce Blog, et pourquoi et en quoi il est excellent. Il suffit de lire, ou relire, les propos de Benoit de Sagazan par lesquels il présente son Blog à ceux qui le découvrent:

                "Loin de tout esprit nostalgique, les enjeux du patrimoine me paraissent effectivement capitaux tant ils engagent notre avenir : le tissage d’un véritable lien social entre personnes d’âges et de conditions différentes ; la prise en compte de réalités économiques importantes pour notre développement collectif ; l’enjeu politique, au sens noble du terme, que peut porter une Nation réconciliée avec ses racines et son histoire, au sein d’une Europe qui reste à construire : la transmission d’une culture (faite d’art, de savoir-faire et de spiritualités) capable de nous rendre responsables d’un monde durable, en perpétuelle évolution.

                Vous l’avez sans doute compris, c’est d’un patrimoine en pleine vie dont je désire surtout vous parler, d’un patrimoine qui a encore beaucoup de choses à nous dire, d’un patrimoine qui peut nous aider à devenir, à notre tour, des fondateurs et des pionniers, et pas seulement des héritiers."

                 L'accord entre cette conception des choses et notre attachement viscéral à nos Racines (Tout ce qui est Racines est bon !...ne cessons-nous d'écrire) n'est-il pas profond et total ? Ne porte-t-il pas sur l'essentiel ? Évidemment, oui.

                 Et aujourd'hui, nous le citons une  fois de plus car, dans sa livraison du 23 novembre, il propose l'entretien avec le Prince Jean que nous reproduisons ci-après intégralement, et dans lequel on appréciera les précisions que le Prince Jean apporte sur plusieurs sujets, fort différents mais tous fort intéressants....

    Patrimoine en blog


     

    http://patrimoine.blog.pelerin.info/wp-content/uploads/2009/10/9782756402383.jpg PATRIMOINE HISTORIQUE ET CULTUREL – LIVRE

    A côté d’une vie professionnelle, essentiellement accomplie dans la banque, le Prince Jean d’Orléans, duc de Vendôme, sillonne depuis dix ans le pays à la rencontre des hommes et des femmes qui s’engagent à le faire vivre et grandir. Des milliers de personnes ont été ainsi rencontrées, issues des mondes religieux, politiques économiques, sociaux et culturels.

    De ces rencontres sont nées un livre, Un prince français (Pygmalion 2009), dont quelques pages  évoquent la relation que le prince entretient avec les patrimoine historique,  une vie publique et une activité professionnelle au service du patrimoine.

    Jean d’Orléans a bien voulu parler de tout cela pour les lecteurs de Patrimoine-en-blog. Il évoque également l’année Henri IV qui sera commémorée en 2010, son attachement au patrimoine historique de la famille d’Orléans….

    Monseigneur, vous apparaissez de plus en plus souvent sur la scène publique. Comment vivez-vous cette nouvelle phase de votre vie et quelle place le patrimoine historique y tient-il ?

    A côté de ma vie professionnelle, j’ai souhaité depuis dix ans avoir un vrai engagement au service de la France et des Français. Et comme mon grand père, plutôt que d’apprendre les choses dans les livres, j’ai préféré aller voir sur place et m’imprégner de ce qui fait le pays et de rencontrer les personnes qui le font marcher, de voir la relation que la France pouvait entretenir avec les pays de l’espace francophone. J’ai accompli une dizaine de voyages par an,  rencontré chaque année un millier de personnes, et cela durant dix ans. Ce qui doit totaliser plus de 100 000 personnes qui comptent.

    Ces personnes  appartiennent à des milieux très variés. J’ai rencontré des évêques, des prêtres qui ont des actions dans le domaine social, des directeurs de séminaires, des moines. J’ai fait la même chose  dans le monde politique où j’ai échangé avec des maires, des conseillers généraux et régionaux, quelques élus nationaux. Je me suis aussi beaucoup intéressé au domaine social, au monde du handicap et celui de l’enfance en difficulté. Dans le domaine de la culture, j’ai visité des sites restaurés, des musées atypiques, de villes dont le patrimoine ancien et nouveau avaient été mis en valeur, des chantiers d’urbanisme… Je suis allé aussi à la rencontre de chefs d’entreprises familiales, visité des sites de haute technologie, des industries de pointe. J’ai voulu également entendre des enseignants dans les écoles et des responsables éducatifs. J’ai désiré voir ce qui fait véritablement vivre la société française et le vrai engagement de ces hommes et de ces femmes dans le monde d’aujourd’hui qui font de notre pays une société bien vivante ou qui dans leur domaine font référence d’excellence.

    Et l’idée m’est venue de créer une association Gens de France pour y rassembler les personnes intéressées par mon action et de les mobiliser sur certains engagements que j’ai regroupé en quatre axes : l’histoire et le patrimoine, le développement durable, l’économie sociale, la francophonie. Et puis je me suis dit pourquoi ne pas faire d’un de ces axes mon métier. Comme j’ai reçu de mes parents un lien privilégié avec l’Histoire de France, j’ai choisi d’orienter ma vie professionnelle autour de la culture et du patrimoine. C’est pour cette raison que j’ai ainsi quitté la banque il y a trois ans pour fonder Avenir et patrimoine qui oeuvre pour la promotion du patrimoine historique français.

    En quoi consiste votre activité professionnelle ?

    Ce service du patrimoine je l’accomplis par différents moyens : autour d’une activité de conférencier international, d’organisation d’événements culturels et de levée de mécénat.

    Mon activité de conférencier m’amène régulièrement à parler aux Etats-Unis, notamment en lien avec la French Heritage Society, et en France, notamment à Chantilly à destination d’entreprises. En 2010, je serai très sollicité par « l’année Henri IV », à l’occasion de la commémoration du 400è anniversaire de son assassinat.

    Côté événements culturels et mécénat, j’ai participé pour le chateau de Compiègne, sur le montage d’une exposition sur le mariage de Louise, fille du roi Louis-Philippe, avec le premier roi des Belges. Pour cet événement, j’ai pu inviter la famille royale belge et j’ai décroché un mécenat AXA Art pour la restauration d’un tableau qui décrivait la scène. A Francfort, en Allemagne, plus récemment, à l’occasion d’une grande exposition autour de l’ébéniste Boulle, j’ai participé à des recherches de mécénat et aux relations avec les familles princières allemandes. Mon métier c’est d’être une tête de pont.

    En 2010, l’année Henri IV sera donc une année très importante pour vous…

    Effectivement, outre les conférences dont je vous ai déjà parlé, je travaille sur plusieurs projets allant de l’édition d’un livre d’art à la mise à l’honneur de la « poule au pot » lors de la Semaine du goût.  J’envisage d’autre part de susciter des actions de mécénat en faveur du patrimoine de certaines villes liées à la vie de Henri IV, telles Dreux ou Vendôme… Tout cela se faisant en lien avec le comité, constitué autour de la Société Henri IV, qui pilote les événements de cette année  commémorative.

    Quel lien personnel entretenez-vous avec le patrimoine historique ?

    Je ne sais pas si c’est un privilège, mais j’ai reçu un lien naturel avec l’Histoire et son patrimoine historique. Mais ce qui m’intéresse n’est pas seulement de vivre intimement ce lien mais de mettre aussi en lumière ce qu’un monument ou un événement historique et culturel dit de notre pays et de notre civilisation. J’apprécie particulièrement l’art gothique qui est un art purement français, pour ne pas dire de l’Ile-de-France. Il est l’expression d’un certain génie français, créatif et novateur extraordinaire. Il y a un enseignement à tirer de ce patrimoine religieux, parce qu’il a participé au rayonnement culturel, artistique et spirituel de l’Europe. Il a été aussi un centre de l’expression artistique et éducatif. La France a cela d’extraordinaire d’avoir développé ses villages et ses villes autour des églises et des cathédrales qui sont pour la plus part des édifices exceptionnels.
    Bien évidemment m’intéressent aussi personnellement les sites actuellement ou anciennement liés à la famille d’Orléans : Amboise, Compiègne et son théâtre Louis-Philippe, Chantilly…  Sentimentalement, je suis très attaché à Dreux, parce que j’y ai grandi, j’y retourne fréquemment les week-end. C’est un domaine dont l’Histoire se manifeste dans ses murs : la guerre de cent ans, les guerres de religions, la révolution, les guerres mondiales… Y reposent aussi dans la chapelle royale les défunts de la famille d’Orléans. Cette chapelle est une pure merveille de l’architecture du XIXè siècle. Il y a aussi ce parc à l’anglaise, malheureusement très abimé par les tempêtes… Je voudrais par mon métier ouvrir ces lieux qui me sont chers et partager la passion que je leur voue.

    Le président de la République a émis le voeu de créer un musée de l’Histoire de France. Louis-Philippe, un de vos ancêtres, en avait créé un à Versailles. Que pensez-vous de cette idée ?

    J’avais, moi-même, émis cette idée autour du projet de reconstitution du palais des Tuileries, l’aile manquante du Louvre. J’étais intervenu sur l’opportunité de restituer la perspective du Louvre, d’offrir de meilleures conditions d’accueil du public, de proposer dans les salons du premier étage non pas un musée « de l’Histoire de France » mais « des institutions de France ». Car le Louvre et les Tuileries ont été à toutes les époques un lieu de décision. Cette idée du président rejoint un peu celle-là.
    L’idée du musée de l’Histoire de France de Versailles était de retracer l’épopée de notre pays, notamment à travers ses grandes batailles. Est-ce cela qu’il faut moderniser ? Va-t-on déshabiller les musées historiques de province pour celui-là ? Il conviendra de répondre à toutes ces questions. Mais je pense que cette idée est bonne à condition de considérer l’Histoire de France comme un élément vivant et non pas poussiéreux. Un tel musée devra rendre vivant nos racines, il permettra aux Français de savoir d’où ils viennent. Cela me parait très important. Moi-même, j’aime dire que je pense en prince chrétien et que j’agis en prince français.

    Propos recueillis par Benoit de Sagazan

  • Iran : en flânant à travers Téhéran. Voyage d'un érudit dans l'Iran de Rohani

     

    par Thomas Flichy de la Neuville 
     
    Un remarquable article Qui nous renseigne utilement sur l'Iran d'aujourd'hui. Et à travers le récit, sur sa situation sociale, économique, politique et géopolitique [Causeur, 29.08]. Voilà qui devrait concerner la France, si elle avait une politique étrangère. Décidément, Emmanuel Macron, s'il avait le dynamisme et l'esprit d'initiative qu'il revendique aurait quelques voyages à entreprendre sans trop tarder : Par exemple, à Moscou, pour rendre sa visite à Poutine et y rétablir la relation franco-russe ; à Varsovie, après avoir assez sottement insulté la Pologne, afin d'y y restaurer l'amitié franco-polonaise multiséculaire ;  à Téhéran, avant que d'autres, plus puissants, ne l'y précèdent  ...   Lafautearousseau
     

    2520158154.jpgJe fus saisi à ma descente d’avion par cette espèce d’odeur un peu âcre qui me rappelait que j’avais retrouvé Téhéran la miséreuse et son haleine pétrolière. Le temps d’attendre une heure en compagnie d’un acheteur de tapis italien et d’un allemand en mission interlope, je me frayai un chemin dans la rue, égayé par le concert étrange des imperceptibles coups de klaxon qui accompagne le flot anarchique des voitures.

    Les marchands sont partout

    L’on circule bien la nuit sous les banderoles à la gloire du régime et il me fallut attendre la chaleur du jour suivant pour examiner la façon dont la ville avait changé. Téhéran est sans doute la capitale du bricolage électrique, les compteurs surchargés de fils sont autant de points d’interrogation au sujet des incendies qui ne se déclenchent pas. Les marchands sont partout, étonnamment jeunes, et vendent à peu près tout, jusqu’au débris rouillés d’une cave que l’on a vidée. Les boutiques entassent un bric-à-brac indescriptible où un oiseau en cage chante parmi des pièces de moteur pour moto. De jeunes iraniens poussent des chariots antiques à bras sur lesquels ils entassent de la pacotille de chine ou des bouteilles de soda. L’on vous propose des noix fraîches, des pistaches ou de petites pêches à chaque coin de rue. Mais il faut acheter vite pour éviter d’être écrasé par la moto qui passe. Quant aux vendeurs de melons, ils entassent leurs denrées dans une petite camionnette et déambulent les rues en annonçant le prix à l’aide d’un haut parleur.

    Les sanctions ont conforté le régime

    Du huitième étage d’un immeuble, une femme ouvre sa fenêtre et les interroge sur la qualité de la marchandise. Les affaires ne semblent pas au beau fixe : trop de marchands sans doute et trop peu d’acheteurs. La pauvreté est réelle en tout cas. Il n’est que de voir les malades qui entrent en clopinant dans Sina hospital, un pied bandé entouré d’un sac en plastique. Quant au Muze-ye Melli-ye Irān, le musée chargé de mettre en valeur le passé préislamique de l’Iran, l’on y voit que peu de pièces et encore moins de visiteurs. Après plusieurs décennies de sanctions, qui semblent avoir conforté le régime, l’Iran manque d’investissements et une partie de la jeunesse rêve parfois de partir quelques années ailleurs : en France ou en Corée du Sud et pourquoi pas aux Etats-Unis. Ceci ne la dispense pas de la plus exquise politesse, vestige de la civilisation qui fut. Bref, beaucoup de pauvres parmi lesquels se glissent quelques occidentalisés des quartiers nord. Ces derniers ont leurs endroits : au parc Laleh, par exemple, l’on minaude, ou l’on joue aux échecs à l’ombres des arbres. Une femme s’est parée d’un drapeau américain en guise de voile. A la sortie du métro, qui diffuse des valses viennoises, l’on distingue parfois un jeune Mollah, coiffé d’un turban d’une blancheur surnaturelle et rehaussant sa robe d’une coquette cape de bure lui tombant jusqu’aux pieds. Il a l’élégance et la bonté, en tout cas les passants l’écoutent aujourd’hui et le vénèreront peut être demain. Une jeune fille au tchador rose, passe rapidement à côté de lui, un violon à la main.

    Adieu Facebook, Twitter, Youtube?

    Le gouvernement a supprimé Facebook, Twitter et Youtube depuis 2009, mais toute la jeunesse y accède par le biais de proxys. Quant aux septuagénaires, ils déclament toujours des poèmes lorsqu’ils vous croisent. Ici, la frange fidèle à la révolution estime que Rohani n’a gagné l’élection que par des moyens déloyaux et qu’il a trahi intérieurement son propre régime. Aussi les forces profondes proposent elles de le rejeter à la périphérie. Mais tout est calme et il n’y a rien de plus sûr que la capitale pour flâner. Cela durera-t-il ? Malgré les quelques annonces flatteuses sur les marchés conclus avec l’étranger, le développement semble suspendu. Pourtant les investisseurs sont là, attirés par le gigantesque marché, et ne sachant pas toujours comment l’aborder.

    Entre le loup et le marchand

    Dans ce contexte, l’Iran hésite entre la posture du loup maigre et vindicatif vouant aux gémonies les puissances qui ont provoqué son jeûne forcé et celle du marchand affable, prêt à converser aimablement avec tous ses voisins pourvu que les affaires reprennent enfin. Le guerrier raidi et le marchand malicieux, voici peut être l’héritage antinomique qui se perpétue pour mieux travailler l’Iran par ses contradictions. A l’Université, la créativité inépuisable du professorat se plait à catégoriser, définir les mots et surtout inventer de nouveaux concepts. Tout espace clos tend à sécréter ses propres légendes : l’on entend ainsi dans un cours que les peaux-rouges seraient sur le point de se révolter aux Etats-Unis ou bien que les Israéliens auraient négocier pour obtenir un territoire où se fixer en Australie dans quelques décennies, après que leur Etat se soit effondré. A côté de cela, beaucoup de réflexions sont frappées au coin du bon sens : « Ensani ke robot nist », déclare un professeur : l’être humain n’est pas un robot.

    Nez raccourcis

    Les étudiantes viennent en métro ou elles jouissent du privilège de choisir entre les wagons réservés aux femmes – situés à l’avant et à l’arrière du train – ou bien de se mêler aux hommes. La mode est ici de se faire raccourcir le nez dans les cliniques des quartiers nord de Téhéran. Ce sont en tout cas les seules à prendre des notes et à transmettre des questions sous la forme de petits papiers qui remontent vers la chaire professorale. Elles se promènent avec un port de reine, mais après tout, la révolution les y autorise peut être.

    L’autobus qui se rend de Téhéran à Qom tient à partir plein. Comme il reste quelques places, il part la porte ouverte. Le receveur des billets se place à l’entrée en hélant les passants à tous les carrefours : Qom, Qom ! La municipalité a planté de nombreux arbres, à proximité immédiate des quartiers sud. Mais après quelques kilomètres, toute végétation disparaît pour laisser place à un désert aride, éclairé à un moment par la croûte blanche du lac salé.

    Qom bardée de portables

    A Qom, la ville sainte, les Irakiens chiites ont installé leur bazar, dans un quartier qui jouxte le sanctuaire de Fatima Massoumeh. Ils proposent du jus de melon glacé aux pèlerins qui déambulent vers la mosquée avant de se diriger vers le sanctuaire des Martyrs. La ferveur religieuse a t’elle tendance à croître ? Le succès du pèlerinage vers l’Irak tendrait à le montrer, toujours est il que les Iraniens sont également tentés par d’autres préoccupations. La généralisation des téléphones portables les rend moins volubiles qu’il y a une décennie. Le chargeur de portable est d’ailleurs l’objet qui se vend le plus facilement dans le métro même si les vendeurs n’ont parfois que six à sept ans. Les pouvoirs publics, se préoccupent du grand enfermement électronique et diffusent actuellement des affiches dans le métro montrant un homme gisant à terre dans une prison carrée formée par 4 i-phones. Un médecin, muni d’une trousse de secours se dirige vers lui. Quant à la télévision, elle diffuse à plein régime un modèle consumériste avancé, mettant en vedette des familles réduites de la classe supérieure, dans un décor esthétisé. Dans ce cadre, le voile semble simplement une touche de couleur, faisant partie du décor.

    Le bazar de Téhéran s’est aseptisé

    Le grand bazar de Téhéran a singulièrement changé. Même si l’on peut encore trouver quelques recoins pittoresques à peindre, il s’est progressivement aseptisé et l’on y crie moins fort qu’autrefois. Les échoppes sont devenues de véritables magasins avec vitrines, au moins dans certaines avenues. Cela ne lui ôte pas son charme pour autant car le marché central, grouillant de vie est encore présent. A l’entrée, plusieurs groupes bruyants de marchands achètent des monnaies et enchérissent à la voix avec un téléphone dans la main. Ici, l’on ne recule devant rien pour vendre. Aussi tel marchand de poussins n’a t’il pas hésité à teindre une partie des petits oiseaux en rose ou en bleu pour attirer l’attention des passants, tel autre a peint la tête des cactus à la vente d’une couleur fluorescente afin de simuler une anomalie naturelle. Certaines parties du bazar ont été restaurées ou agrandies avec de jolies briques neuves Le soir, les marchandises restent sur place, simplement recouvertes d’un drap. Tant il est vrai que les voleurs ne sont pas craints. Au nord, l’une des fiertés de la ville est le musée dédié à la guerre Iran-Irak.

    Le long couloir des martyrs

    Devant ses portes sont exposées les quatre voitures de savants nucléaires éliminés par l’usage de bombes magnétiques. Il est adossé à une mosquée et débute par la galerie des papillons une salle dédiée aux âmes des combattants illustres. Un film d’image de synthèse montre un insecte monstrueux dévorant une carte d’Iran. Mais la pièce la plus étrange, est certainement ce long couloir parfumé au dessus duquel sont suspendues des milliers de plaques d’identité militaires éclairées par une lumière rouge. Ce long couloir des martyrs mène tout simplement au paradis, c’est à dire à une pièce monumentale, éclairé par un lustre immense, et dont deux buffets gigantesques, dorés à l’or fin, réfléchissent la lumière. Vous cherchiez un musée, l’Iran a déployé toutes les ressources de sa sensibilité pour vous plonger au cœur d’un mausolée.   

    Enseigne à Saint-Cyr. 
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  • Entrons-nous dans un bas-empire mondial ?, par Yves Morel.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Du Haut-Empire libéral au Bas-Empire confiné et confinant, l'État avait peu à peu envahi la société romaine. On sait la chute de l'histoire. Est-ce ce chemin que prend notre civilisation ?

    La crise mondiale provoquée par la pandémie du coronavirus constitue-t-elle le prélude à un changement de civilisation ? Les bouleversements qu’elle provoque dans tous les aspects de la vie des individus et des peuples donne à le penser. Pour notre part, nous inclinons à comparer cette mutation, encore à l’état de genèse, à celle qui fit passer la civilisation romaine, durant l’antiquité tardive, du Haut-Empire, florissant, prospère et brillant, au Bas-Empire, marqué par le déclin, la crise du pouvoir, la ruine de l’économie, la décadence culturelle, et l’insécurité permanente, tant celle des personnes que celle de l’empire lui-même, menacé puis miné par les invasions.

    Des perspectives peu réjouissantes

    La pandémie planétaire que nous connaissons a déjà provoqué des dégâts humains et économiques considérables. Elle a engendré une situation d’exception, dont nous nous doutons qu’elle durera, même si elle décroîtra en intensité.

    Nous allons tous, désormais, évoluer masqués dans l’espace public, et nous devrons nous interdire de nous serrer la main, de nous embrasser et de nous rapprocher les uns des autres. Peut-être que les hommes ou les femmes mariés ou vivant en couple, prendront l’habitude de présenter à des tiers ou de disposer, encadrée, dans un coin de leur bureau, une photographie de leur « petite famille » montrant une dame (ou un monsieur) en compagnie de deux ou trois jeunes enfants, tous porteurs de masques. Imaginant cela, nous ne prétendons pas faire de l’humour, au contraire. Les Chinois et autres peuples d’Extrême-Orient en sont déjà pratiquement là.

    Le strict enserrement des individus

    En raison de la tragique situation d’urgence, nos si précieuse libertés individuelles – tout particulièrement celles de sortir de chez soi, de circuler, de travailler, d’entrer et de sortir à sa guise d’un magasin, de se restaurer et de se distraire hors de son domicile – ont été suspendues, ce qui ne s’était plus produit depuis l’Occupation, et paraissait absolument inconcevable et attentatoire aux libertés fondamentales des citoyens (et on sait que, pour ce motif, certains maires ont été condamnés par des tribunaux administratifs pour avoir durci les conditions du confinement et imposé le port du masque). Or, au sein de l’Empire romain, à partir du milieu du IIIe siècle (et plus encore à la fin), les citoyens ne pouvaient plus (ou seulement très difficilement) quitter leur ville ou leur village en raison de l’affaiblissement continuel de la population et de la main d’œuvre indispensable à une économie qui s’effondrait. Les habitants des villages, tout particulièrement, étaient de plus en plus liés à la glèbe. Et, dans les villages comme dans les villes, fut instaurée graduellement, sous Dioclétien, à partir de 302, puis sous Constantin (à partir de 325) et ses successeurs, l’hérédité de toutes les professions, que ce fût dans l’agriculture, les métiers de l’alimentation, l’artisanat, le commerce, les transports ou l’administration. Le libéralisme du Haut-Empire, caractérisé par la liberté de mouvement et de choix de vie des individus vis-à-vis de l’État, avait vécu.

    Un État qui modifie son orientation générale et recouvre sa toute-puissance sur la société et les individus

    L’État, naguère grand commis du néolibéralisme mondial sans frontières, régi par la seule loi du marché, s’affranchit de cette dernière et, recouvrant toute son indépendance et sa puissance, oriente son action vers la lutte contre la pandémie, met en œuvre une politique économique on ne peut plus hétérodoxe eu égard au credo européen et libéral, accorde la priorité à la santé sur le PIB et l’équilibre budgétaire, s’efforce de redonner aux hôpitaux des moyens dont il les avait jusqu’ici privés, et envisage une politique de redressement économique on ne peut plus dirigiste. Et il en va de même à l’étranger. Il décide de l’activité économique et de la reprise ou de la cessation du travail et de la production, prend à sa charge le déficit des entreprises et le chômage de leurs salariés, et fixe les conditions de travail de ces derniers. Sous le Bas-Empire romain, l’État, semblablement, dirigeait toute l’activité économique de son peuple, et, par l’intermédiaire de ses gouverneurs, praeses et agents du fisc, contrôlait l’activité de chacun de ses citoyens.

    La crise économique et démographique et la menace d’invasions avaient, au IIIe siècle, contraint l’État à une prise en mains de toute la société.

    Et, ce faisant, l’État, présentement, ne se heurte à aucune critique féroce et dangereuse pour lui de la part des opposants et des syndicats (ou des citoyens eux-mêmes), dans un pays pourtant enclin à la contestation permanente. Au plan étroitement politique, nous sommes arrivés, en France, à cette situation inattendue, en laquelle un exécutif qui traîne avec lui des casseroles aussi bruyantes que la réforme du Code du Travail, les Gilets jaunes, et la réforme des retraites, conserve toute sa force, est écouté, globalement approuvé et obéi par toute la population, à l’abri du discrédit et des contestations, sans opposition susceptible de l’ébranler. Les Français attendent chaque allocution télévisée de leur président comme un oracle propre à leur dicter leur attitude morale, leur conduite et la marche à suivre, tant dans leur vie personnelle et professionnelle que dans celle de la nation. En France, le phénomène reste sans exemple durant la période contemporaine. La Grande-Bretagne, en revanche, connut l’exemple d’un consensus total et inébranlable durant la seconde Guerre mondiale, autour de Churchill. Mais les Britanniques renvoyèrent le vieux lion dans son foyer dès les élections aux Communes de juillet 1945. Rien n’augure d’une telle destinée pour l’actuel locataire de l’Élysée. En 1945, les Britanniques espéraient un État-providence après l’épreuve de la guerre, et les années de crise et de misère de l’entre-deux-guerres, et ils comptaient sur le Labour pour satisfaire leurs aspirations. A contrario, les Français d’aujourd’hui n’attendent ni n’espèrent plus rien, et ne croient plus en rien ni en personne, et surtout pas en une opposition divisée, sans chefs crédibles ou charismatiques. Dépourvus de solution alternative, et ne cherchant même plus à en découvrir une, écœurés du jeu politique et des partis, méprisant Mélenchon comme Marine Le Pen, ils se raccrochent à Macron comme un naufragé à une planche, et le suivent pour la seule bonne raison qu’il est là, et qu’il semble toujours plus fiable que ses adversaires. Sans même en avoir une claire conscience, ils mettent le pouvoir au-dessus de toute critique sérieuse, et ne réalisent même plus que, théoriquement, ce sont eux qui choisissent ceux qui l’exercent. Le pouvoir retrouve ainsi une sorte de transcendance que lui avaient fait perdre depuis longtemps la Révolution française, les révolutions du XIXe siècle, les mouvements sociaux, les révolutions culturelles et morales et le jeu politique démocratique. Macron devient une manière de roi. Sous le Haut-Empire romain, l’empereur était un princeps créé par la coopération du peuple, du Sénat et de l’armée, et il unissait en lui toutes les magistratures républicaines. Sous le Bas-Empire, il devint, surtout à partir de Dioclétien, un dominus, tenant son pouvoir de l’armée seule (anarchie militaire du IIIe siècle), puis de l’armée et des dieux (Aurélien, Dioclétien), puis, à partir de Constantin, de Dieu lui-même, celui des chrétiens, sans le consentement ou la médiation des hommes et des peuples. Il semble que, sans revenir à cette situation, nous vivions en un temps où le pouvoir devient (ou redevient) une autorité indépendante du choix des hommes, une autorité dont ces derniers reconnaissent d’emblée la supériorité éminente et la légitimité, et qu’ils suivent donc spontanément, sans songer à le contester et à lui imprimer une orientation conforme à leurs attentes personnelles ou catégorielles. Les Français se rassemblent, suivant un instinct grégaire, autour du pouvoir, de leur président, qui s’impose à eux plus qu’il n’émane de leurs suffrages. N’oublions pas que déjà, au second tour de la présidentielle de 2017, qui a vu l’élection de Macron, le taux de participation au scrutin n’a été que de 43% des électeurs inscrits. La démocratie semble ne plus représenter grand-chose pour nos compatriotes. Et on observe le même phénomène à l’étranger.

    La redécouverte d’une solidarité communautaire

    Un peuple uni autour de son chef, voilà la situation politique actuelle. Une solidarité grégaire sans précédent et surprenante à notre ère néo-libérale marquée par l’individualisme égoïste et hédoniste. Cette solidarité excède le champ politique et se manifeste à tous les niveaux de la société : entre les soignants, leurs patients et tous les autres, entre les entreprises et la société, entre les associations et les Français, entre ces derniers tout simplement.

    Sous l’empire de la nécessité, le discours macronien a fondamentalement changé : d’inconditionnellement libéral, mondialiste, moderniste, concurrentiel, anti-social, il est devenu humaniste, mettant en avant les valeurs de dévouement, l’entraide, voire la fraternité, et le rôle de l’État dans cette orientation. Et si l’Union européenne reste un credo, les frontières ont de fait retrouvé toute leur raison d’être. Nous assistons au retour à une vie de type communautaire, ce qui ne manque jamais de se produire dans les périodes de catastrophe, surtout lorsque la catastrophe remet en question le mode de vie et de fonctionnement de toute une civilisation. La crise économique et démographique et la menace d’invasions germaniques et perses avaient, au IIIe siècle, ébranlé les fondements politiques et sociaux de l’Empire romain, fondé sur la liberté et la diversité, et une tutelle administrative légère, et avaient contraint l’État à une prise en mains de toute la société et de l’activité de ses sujets afin d’éviter le jeu des forces centrifuges, et de les orienter dans le combat pour la défense du pays et la sauvegarde de la civilisation romaine. Villes et villages devinrent des communautés enserrant solidement leurs membres, les obligeant et les retenant en eux, et tous subirent la tutelle de l’État, incarné par un souverain tenant son pouvoir de Dieu, à partir de Constantin, ce qui signifiait la fin du monde antique et le début du Moyen Age chrétien, celui des monarchies de droit divin.

    Vers un changement de civilisation ?

    Le Haut-Empire romain, socialement libéral, qui disparut graduellement au IIIe siècle, ressemblait beaucoup à notre monde néolibéral, qui va sans doute disparaître à son tour. À n’en pas douter, nous sommes au début du processus d’un changement de civilisation. Les hommes du futur connaîtront-ils une sorte de nouveau Moyen Age, caractérisé par une orientation communautaire, une prééminence du politique et du rôle des États sur la soumission aux lois d’un marché planétaire ? Et nous en porterons-nous mieux ? Ces questions, auxquelles il est difficile de répondre aujourd’hui se posent pourtant dès aujourd’hui avec acuité.

    Illustration : Les Français, enthousiastes, applaudissent leur confinement avec de nouveaux rituels citoyens qui les confortent dans leur soumission.

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  • Les droits du sol Des éléphants dans un magasin de porcelaine, jusqu'à quand?, par Bérénice Levet.

    Source : https://www.causeur.fr/

    La trêve touristique imposée par la crise sanitaire est inespérée. Voici enfin l’occasion de réfléchir à l’avenir d’un secteur mettant en péril les sites et monuments qui font la France

    La Sainte-Chapelle, ou l’« alternative économique… »

    Au lendemain de l’incendie qui a gravement endommagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, on a vu se former à quelques encablures, en face du palais de justice, des grappes de touristes, le regard, ou plutôt le smartphone, prothèse et substitut de l’œil touristique, tourné vers les hauteurs. Qu’observaient-ils ? La flèche de la Sainte-Chapelle. Celle de Notre-Dame venait de s’ébouler et le circuit balisé par les tour-opérateurs promettait une flèche ? Qu’à cela ne tienne, on leur en a dégoté une autre !

    Soupçonnant que ce pas de côté ne relevait nullement de quelque initiative personnelle de guides instruits des beautés parisiennes – car s’il est bien une chose d’inconcevable dans l’univers touristique, c’est l’idée même de pas de côté, d’initiative individuelle –, j’ai mené l’enquête. Et j’ai découvert qu’en vertu de sa proximité avec la cathédrale mutilée, la Sainte-Chapelle avait été élue par l’industrie touristique et la presse spécialisée comme « alternative économique » à Notre-Dame, monument de « remplacement logique » – logique selon la rationalité calculante des officines de tourisme : sise dans l’île de la Cité, la Sainte-Chapelle permet de ne pas trop dévier de l’itinéraire habituel.

    S’enorgueillir du tourisme de masse?

    Cette anecdote condense à elle seule l’esprit du tourisme, activité à l’arrêt dont on souhaite vivement qu’elle ne reprenne pas, du moins dans les modalités dévastatrices qu’on lui connaît.

    Nous ne haïssons pas les voyages, ni les touristes d’ailleurs. Nous haïssons ce que les voyages et les touristes sont devenus. Le tourisme de masse nous a été imposé. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’heure est à la reconstruction matérielle du pays, pas à la reconstruction morale et civilisationnelle espérée par Simone Weil. L’économie triomphe de toute autre considération. Modernisation, rentabilité, efficacité… sont les maîtres mots de cette logique dans laquelle s’inscrit le tourisme de masse. Celui-ci va bouleverser le visage de la France, sans que jamais on ne se demande ce qu’on est en train de faire.

    Alors que le tourisme de masse n’a pas encore repris, nous sommes dans un entre-deux propice à la réflexion, loin des mièvreries de Nicolas Hulot. Aspirons-nous à demeurer la première destination touristique mondiale, statut économique bénéfique et ruineux sous tous les autres aspects ? Y a-t-il là véritablement matière à nous enorgueillir ?

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    La Sainte-Chapelle du Palais de Justice, élue par l’industrie touristique et la presse spécialisée comme « alternative économique » à Notre-Dame-de-paris, juin 2020. Photo: Hannah Assouline

    Demeurer une civilisation

    La démonstration a été faite que l’économie pouvait n’avoir pas le dernier mot, autrement dit, que nous demeurions une civilisation, comme l’a observé Alain Finkielkraut. Or, une civilisation ne saurait ignorer la question de la beauté, non plus que celle du sort réservé à ces témoins de pierre de son passé que sont les monuments, toutes deux mises en péril par le tourisme tel qu’il se pratique aujourd’hui. Ne nous berçons pas d’illusions, si nos responsables politiques ont pu se montrer hardis face à la logique économique, c’est qu’ils lui opposaient la vie biologique, mais la chose est bien plus incertaine lorsqu’il s’agit de prendre fait et cause pour la préservation de la physionomie d’un pays et de faire valoir la beauté des lieux. Cette beauté dont on fait volontiers un argument de vente, mais nullement un principe civilisationnel non négociable.

    La bataille, si elle a lieu, promet d’être rude. Le visage de la France aujourd’hui, et singulièrement son enlaidissement, est en grande partie imputable à l’impératif économique. Notre patrimoine naturel et architectural a besoin de paix, de silence, de solitude… il ne s’agit pas de souhaiter qu’un incendie ou une pandémie nous délivre des touristes, mais de prendre la question au sérieux.

    Réinstallons l’Eglise au milieu du village…

    Dans les semaines qui ont suivi l’incendie de Notre-Dame, j’ai savouré pour elle la tranquillité retrouvée, le halo de silence qui l’enveloppait, je lui prêtais volontiers la réplique, empruntée à Sacha Guitry, par laquelle André Dussollier ouvrait son spectacle Monstres sacrés, sacrés monstres : « Enfin seule ! » Délivrée de ces hordes de touristes, Notre-Dame était comme rendue à elle-même. Cet anthropomorphisme est assurément naïf, mais paradoxalement il remet l’homme à sa place… L’empathie nous rappelle que nous sommes les obligés du monde et non les propriétaires.

    Nous ne souhaitons pas choisir entre ces deux extrêmes, le repos intégral et le tourisme de masse. C’est pourquoi la question doit être mise à l’ordre du jour.

    Réinstallons l’église au milieu du village, la beauté et la physionomie de la France avant l’économie. L’enjeu est impérieux : nos monuments, nos villages, nos villes, nos musées survivront-ils à une version divertissante et touristique de ce qu’ils sont ? Et nous en sortirons tous gagnants, les hommes et les lieux.

    Le tourisme des xxe et xxie siècles s’inscrit dans une longue histoire, une histoire somme toute commencée avec l’homme : l’aspiration à voyager semble bien constituer un invariant anthropologique. On peut, pour brosser les choses à grands traits, distinguer trois moments. Au temps de Montaigne, le ressort du voyage est personnel, aiguillonné par la curiosité, le désir ardent de « frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui », autrement dit se dépayser dans un sens autre. Il le demeure pour le touriste-marchand de fer de Stendhal, cultivant l’art de voir, d’observer et de consigner les mœurs, les caractères des êtres et des lieux visités. Le motif est encore tout personnel chez Proust dont les voyages ont très souvent pour chiquenaude des lectures ou la rencontre avec l’œuvre d’un peintre dont le génie consiste précisément à révéler la beauté du lieu représenté, à le charger de sens, de telle sorte que, face au tableau, on « ne pense plus qu’à courir le monde » afin de « goûter l’enchantement qu’il avait su rapporter, fixer sur sa toile, l’imperceptible reflux de l’eau, la pulsation d’une minute heureuse ».

    Le touriste est le laboureur d’une civilisation

    Au xixe siècle, avec l’avènement de la bourgeoisie, la révolution industrielle et l’essor du chemin de fer, le voyage devient phénomène social. La passivité et le conformisme marquent déjà de leur sceau le voyageur. L’heure est à M. Perrichon. Il faut lire l’extraordinaire et impitoyable portrait que Taine peint des « touristes » qu’il qualifie précisément de « dociles » : « On les voit aux sites remarquables, les yeux fixés sur le livre, se pénétrant de la description et s’informant au juste du genre d’émotion qu’il convient d’éprouver […] ont-ils un goût ? On n’en sait rien : le livre et l’opinion publique ont pensé et décidé pour eux » This triggers the tooltip.

    Vient enfin, dans la seconde moitié du xxe siècle, le tourisme de masse. Cette nouvelle figure d’humanité importe dans le domaine du voyage, du consommateur, de l’homme qui réclame, des produits toujours frais, toujours neufs, ne requérant de surcroît nul effort. Sa logique est purement consumériste et quantitative. Le touriste, c’est le lapin blanc d’Alice, hanté à l’idée de prendre du retard sur son programme, il ne s’attarde nulle part, reste partout à la surface des choses et de lui-même. Afin de s’imprégner d’un lieu, si l’on veut qu’il vienne enrichir le vocabulaire de notre sensibilité – et n’est-ce pas là la raison d’être même du voyage –, il n’y a pas d’autres voies que de l’arpenter, de le labourer, de s’y aventurer – « Les villes dont on se souvient, disait Hannah Arendt, sont celles que les pieds connaissent par cœur. »

    La grande industrialisation du tourisme

    Or, le touriste ne visite pas un lieu, il « fait » des lieux, et c’est à celui qui dévidera le chapelet le plus long. Or, « faire », l’un des verbes les plus indigents de la langue française, est accordé à la sécheresse, l’aridité, la stérilité de l’expérience touristique contemporaine. De la même façon, le beau mot de « villégiature », chargé d’une temporalité douce et lente, et empli d’échos à Goldoni et Tchekhov, ne mord plus sur aucune réalité.

    Le tourisme, c’est le contraire même de l’expérience. Pour devenir véritablement nôtres, être approchés dans leur singularité et leur beauté, un monument ou un village, une œuvre ou une ville réclament une longue et lente fréquentation, ils demandent de l’attention, de la disponibilité, de la liberté. Ce que Hannah Arendt disait de la culture vaut pour le tourisme : de la même manière que la culture n’est pas simplement une question d’objet, mais de dispositions, la visite d’un lieu suppose qu’on se libère de soi afin d’être libre pour une réalité autre et plus grande que soi. Or, le touriste est comme enkysté en lui-même, il ne se laisse pas inquiéter par ce qu’il rencontre, il demande au contraire aux lieux de se conformer à l’idée qu’il s’en fait, à son propre découpage du réel, il réclame du pittoresque.

    C’est, du moins, l’idée que les industriels du tourisme se font du touriste, si bien qu’ils reconfigurent les lieux, et c’est par là qu’ils les détruisent, afin de répondre à cette prétendue attente. C’est peut-être à ce niveau-là qu’il faudrait agir. Car à force de postuler un homme réductible à son être consumériste, il l’est devenu. « L’homme, cet être flexible […] est également capable de connaître sa propre nature, lorsqu’on la lui montre, et d’en perdre jusqu’au sentiment, lorsqu’on la lui dérobe », écrivait Montesquieu.

    Reprendre racines, un impératif

    Et si, fort de cette conviction, on essayait une autre idée de l’homme, si l’on faisait le pari de dispositions et de facultés plus hautes et plus nobles ? Tout nous enjoint à inaugurer une nouvelle phase, ou plutôt à renouer avec la première : faire de la rencontre avec un lieu une expérience en première personne.

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    Cette année, les Français resteront en grande majorité en France, trompette-t-on. La nouvelle n’est pas en soi et nécessairement une bonne nouvelle pour la France, le Français est un touriste comme les autres. Est-il besoin de le préciser, ce n’est pas qu’il vienne de l’étranger qui rend le touriste nuisible, mais bien la manière dont il se rapporte aux lieux qu’il visite, et cette manière est de tous les pays, y compris du nôtre. Heureuse nouvelle en revanche s’il s’agit de tirer les leçons de quarante années de mondialisation et de fuite en avant, et de reprendre racines dans un sol et une histoire, autrement dit de signer les retrouvailles avec une patrie délaissée et inlassablement conspuée. L’identité est affaire de géographie. Mais en sommes-nous vraiment là ?

    « Nation française, tu n’es pas faite pour recevoir l’exemple mais pour le donner », proclamait magnifiquement Rabaut Saint-Étienne en 1789. La France est confiée à nos soins : montrons-nous à la hauteur ! Cessons de nous comporter comme des éléphants dans un magasin de porcelaine ! La France est belle, fragile et périssable.

    Bérénice Levet

  • La France périphérique et les oubliés de la politique : quel remède ? (partie 3), par Fabrice VALLET (Juriste).

    OPINION. La France des oubliés identifiée par le géographe Christophe Guilluy a explosé à la figure d’un système médiatique aveugle à travers les Gilets jaunes. Comment ce phénomène de déclassement géographique a-t-il été enclenché ? Cette France des gens ordinaires parviendra-t-elle à se faire entendre en 2022 ? Éléments de réponse dans cette analyse en trois volets.

    L’enfermement d’une élite dans son arrogance technocratique ou clanique revient à culpabiliser les laissés-pour-compte de la mondialisation néolibérale, sans solution de rechange depuis 40 ans. Cet autisme venu d’en haut implique une reformulation des propositions citoyennes, notamment celles des Gilets jaunes, pour leur donner une légitimation institutionnelle, mais aussi dans les actes de la vie quotidienne, qui puisse répondre au besoin actuel, d’équité sociale et de défense du bien commun. Si la croissance est nécessaire à la survie du capitalisme, elle apparaît de plus en plus contradictoire avec la survie de l’humanité.

    Il est primordial que se réalise, à l’échelle internationale, une réappropriation du capital, en renationalisant tout ou partie du crédit. La maîtrise du crédit constitue l’un des leviers les plus efficaces dont dispose une collectivité autonome pour orienter la production des biens fondamentaux à travers un cahier des charges lié aux prêts (dans le sens de l’intérêt collectif). Notre société doit offrir aux PME tous les moyens de s’intégrer au marché, par le biais d’un système de crédit populaire destiné à favoriser les investissements les plus bénéfiques pour la collectivité, c’est-à-dire les investissements privilégiant la valeur d’usage réelle et la qualité finale du produit.

    Quelles solutions aux défis de la France périphérique

    D’ores et déjà, dans la formation aux métiers recherchés, il est nécessaire de créer des universités des métiers et arts de vivre, croisant les savoirs et techniques, pour revaloriser la restauration, l’habitat, l’ameublement en transmettant l’histoire de l’art aux jeunes générations. Dans cet esprit, il est temps d’investir dans la rénovation externe, interne et énergétique du bâti ancien en cours d’abandon. La transmission des savoir-faire et expérimentations est à encourager dans le BTP dans le cadre d’un vaste plan de restauration du patrimoine architectural de notre pays. En matière de construction, la rénovation du bâti ancien pourrait s’opérer selon des normes techniques allégées qui prendraient en compte la durabilité des bâtiments, leur esthétique et leur adaptation à des normes écologiques intégrées aux paysages. Une industrie du bâtiment pourrait susciter un plan de mise en valeur des carrières ce qui permettrait de relancer les métiers de la pierre, en lien avec la restauration du patrimoine et d’éventuelles techniques mixtes de construction. De même, reconstruire une filière bois qui soutienne le bâtiment dans toutes ses exigences n’est pas utopique, comme dans la ferronnerie. De plus, on pourrait affecter, de plus, aux opérateurs touristiques des villages anciens et des hôtels à rénover et subventionner les réalisations de maisons végétalisées et de bâtiments à énergie positive.

    Dans les périphéries urbaines et dans les campagnes, un nettoyage et un démontage des installations commerciales ou industrielles pourraient donner lieu à une reconversion de ce tissu économique révolu, en des zones de services de proximité. On pourrait, dans le même sens, réallouer à des entreprises commerciales des pâtés de maisons pour relocaliser des activités de banlieue en centre-ville. En effet, l’installation de populations pauvres au sein des centres des villes moyennes accentue la répulsion touristique, surtout dans les pays, à l’écart des grands flux.

    Dans la filière agricole, il faut défiscaliser la production jusqu’à un certain chiffre d’affaires pour maintenir une agriculture paysanne. Mais aussi favoriser la reconquête des champs et pâturages par le bétail, tout comme favoriser l’abattage local des animaux. Dans ce sens, la recréation d’une filière viande de gibier, comme d’une pêche et d’un élevage fluvial est parfaitement envisageable. En outre, il faut associer les agriculteurs, en réorientant les primes européennes sur la production des paysages, la diversité biologique, la qualité ou la protection des patrimoines ruraux. Bien entendu, il est nécessaire de mettre un moratoire sur les nouvelles destructions de terres agricoles afin de lutter contre l’artificialisation des sols. Dans le domaine de l’aménagement du territoire, il doit revenir aux structures intercommunales de planifier localement les investissements et la répartition des activités économiques en plafonnant les mètres carrés commerciaux de banlieue par un ratio raisonnable relatif au nombre d’habitants des communes.

    Il serait utile, face au modèle économique de la métropolisation, de façonner un autre paysage, en délocalisant plusieurs centaines de milliers d’emplois et d’activités publics au profit des petites villes et moyennes (universités, casernes, hôpitaux, services techniques, prisons, maisons de retraite et centres sociaux). D’ailleurs, l’État pourrait inciter fiscalement les entreprises non exposées à la concurrence internationale à (re)créer des milliers d’emplois de services à la personne, comme des concierges, des gardiens, des pompistes, des contrôleurs, des surveillants, des manœuvres, des transporteurs. Enfin, l’État pourrait soutenir une réindustrialisation sectorielle et régionale dans une douzaine de secteurs prioritaires (matériaux, agroalimentaire de qualité, machines, électronique).

    La pandémie internationale du Covid-19 nous incite à redoubler de vigilance concernant les expérimentations médicales et les manipulations génétiques qui induisent une foultitude d’intérêts étatiques, privés et de groupes d’influence. C’est pourquoi il est absolument essentiel que la recherche sur laquelle se fonde la légitimité alléguée des laboratoires pharmaceutiques soit nationalisée et que les produits médicaux soient contrôlés par la sécurité sociale qui contrôle de bout en bout la validité de la production médicale, son efficacité, son innocuité, et son prix de vente.

    Revenu d’une classe politique gestionnaire de droit divin, autosatisfaite & sourde au malaise populaire, un nouveau comportement politique doit apparaître. Cette nouvelle attitude, faite d’attention, de dialogue, de sympathie et de main tendue, permettra, seule, qu’une alliance de la France entreprenante et du tiers état composé des exclus ou de la France smicardisée advienne lors des prochaines élections présidentielles en France. Concilier « fin de mois » et « fin du monde » est la condition sine qua non pour créer les conditions de la croissance et de la compétitivité au regard des limites des ressources planétaires et des risques écologiques afin de redonner l’espoir qu’un ordre plus juste est possible.

    Les réformes institutionnelles nécessaires à notre temps

    La religion du transhumanisme qui infuse dans nos sociétés nous incite à revenir à la base même de la démocratie. Ainsi, nous devons instituer des assemblées populaires permanentes dans les quartiers, les villages et les entreprises pour surveiller l’activité des élus du peuple, avec droit de révocabilité. La reconnaissance du vote blanc et de l’abstention au moyen d’un quota minimum de votants en deçà duquel l’élection est invalidée, est une proposition valable. Tout comme l’institutionnalisation pour les questions d’organisation des pouvoirs publics, l’indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire, les libertés fondamentales, la protection sociale et le droit du travail, d’un Référendum d’initiative citoyenne. Assurer une représentation élue sur une base territoriale et une représentation proportionnelle, sur une base programmatique nationale à tous les niveaux de décision, trace un autre chemin. Convoquer une chambre représentative des mouvements associatifs et syndicaux en lieu et place du Sénat est une nécessité participative. Il existe, enfin, dans nos sociétés, une multitude de fonctions collectives où le recours au tirage au sort parmi les volontaires permettrait de redonner au peuple le sentiment qu’il peut participer au gouvernement de la cité.

    De nouvelles méthodes de gestion des services publics doivent se développer pour faire face à la sclérose d’une administration aux mains d’une féodalité notabiliaire ou de technocrates coupés de la réalité. La logique de projet consiste à construire un champ de forces autour d’un problème et autour d’un individu porteur de projets. Cela permet une gestion de la demande sociale et un partage des risques afin de réduire les coûts. Cela permet de construire un dispositif ad hoc labellisé a posteriori par l’obtention de financements publics. Une autre voie est de traiter les problèmes sociaux au cas par cas. Le système du case manager présente une double caractéristique : d’une part, l’individualisme du cas ou des besoins et d’autre part l’ouverture au privé. Cela permet non seulement d’ouvrir des droits qui tiennent compte des situations personnelles, mais aussi de minimiser les coûts pour la collectivité en instaurant une concurrence entre producteurs de services. Ces deux méthodes de gestion permettent in fine de concevoir des objectifs et de dégager des moyens propres à les atteindre. Il est enfin temps d’établir une corrélation des moyens mis à disposition des services aux résultats escomptés pour satisfaire les besoins du public. Cette prise en considération des personnes avant celle des biens correspond à une exigence fonctionnelle : disposer d’autorités jouissant à la fois de la confiance des populations et de la connaissance précise de leurs territoires d’application, pour établir un nouveau contrat social.

    Retrouver l’appartenance à la collectivité

    Après avoir voulu changer la vie, la politique nationale a changé d’avis, naviguant au gré des vents contraires de la globalisation libérale entre vouloir combattre la finance ou « karcheriser » les racailles, sans que ni l’un ni l’autre ne produise de résultats. Aujourd’hui, après avoir remplacé la solidarité sociale par la charité, en installant un nouveau peuple de damnés dans le chômage à perpétuité, la nouvelle oligarchie tend à substituer, à la question sociale, la question ethnique, par une lutte des races. Revenus de dirigeants dont les promesses n’engagent que ceux à qui elles sont faites, les citoyens entendent faire confiance à une véritable élite qui pense la société et agit, au-delà de ses intérêts immédiats. C’est l’inégalité considérable face au risque qui provoque le ressentiment à l’égard d’autres groupes et de leurs représentants politiques qui tirent les bénéfices du changement en se désintéressant du sort des perdants.

    Depuis 40 ans, les citoyens ont l’impression de se sentir étrangers dans leur propre pays par une perte d’appartenance à la collectivité et la blessure de se trouver sur le marché du non-travail comme des articles en solde, ni repris ni échangé. Dès lors, un leader courageux, simple, audible, accessible, proche des gens, un véritable contrepoids aux puissants, peut devenir le recours. Comprendre la nature véritable d’une société donnée est plus aisé lorsqu’on est contraint de l’observer d’en bas. Sans nul doute, l’année prochaine, la reconstruction en profondeur de la vie politique française passera par des personnalités n’ayant pas exercé de responsabilités politiques, économiques ou administratives. C’est la condition sine qua non pour combler le déficit démocratique et réduire le gouffre entre ceux qui vivent dans le même pays, deux existences distinctes, à l’école, dans la rue, dans le train, dans le hall d’immeuble, derrière la porte de l’appartement.

    Il est temps que chacun soit l’enseignant de son prochain en lui apprenant le secret de ce qu’il est, différent, unique, irremplaçable, et enfin, une culture révélant à chacun comment accueillir la force de résister à la tentation de la haine, le courage du geste fraternel et le pouvoir libérateur de l’amour.

     

    Fabrice VALLET
    Juriste
    Juriste de formation et doté de cinq diplômes d’enseignement supérieur, il dirige actuellement une association d’insertion dans les quartiers prioritaires de Clermont-Ferrand. Il a travaillé pour le Ministère de la Cohésion sociale, de la Justice et pour la Présidence de la République.Il est l’auteur de plusieurs articles, notamment « Sauver notre modèle social aujourd’hui » et « L’Euro : croissance ou chômage ? ». Il a participé à Nuit debout et aux Gilets Jaunes.

    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • Éphéméride du 12 août

    Cathédrale Notre-Dame de Reims, l'Ange au sourire, du groupe de la Visitation, du portail central...

     

     

     

     

     

    1271 : Couronnement de Philippe III, le Hardi  

     

    Comme Louis XIII, fils de Henri IV et père de Louis XIV, Philippe III est parfois négligé, entre son père Saint Louis et son fils Philippe le Bel, tant leurs deux règnes sont importants.

    Pourtant, comme celui de Louis XIII, le règne de Philippe III fut très loin d'être négligeable. Le Poitou, l'Auvergne et le Comté de Toulouse viennent agrandir le royaume, qui se développe et s'enrichit fortement.

    Les mentalités évoluent, et l'optimisme est général : c'est l'explosion du beau XIIIème siècle.

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    Enluminure des Grandes chroniques de France
     

    I. Le sourire du "beau XIIIème siècle"

     

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    "Ange au sourire", cathédrale de Reims
     
     

    Au cours de la soixantaine d'années qui sépare le début du règne de Louis VIII de la fin de celui de Philippe III, le visage de la France s'est profondément modifié.

    Progrès de la circulation des hommes et des biens, développement du commerce et de la prospérité marchande, épanouissement urbain, tels sont les principaux aspects de la période. Les gens s'accoutument à vivre mieux.

    Dans des maisons plus confortables, dotées d'une cheminée bâtie, les premiers meubles font leur entrée. Comme les greniers sont pleins et qu'on ne redoute pas la famine, on fait davantage attention à la qualité de l'alimentation : le vin, la viande, le poisson et les épices, achetés dans les foires, sont consommés plus fréquemment. L'habillement fait l'objet de soins attentifs : on recherche les tissus lourds aux couleurs chaudes ou violentes, on fait preuve d'élégance dans l'arrangement du costume.

    Les villes, dont la population ne cesse de croître et qui s'entourent de murailles les séparant du "plat pays" voisin, sont le lieu des transformations les plus spectaculaires. Comme la consommation de biens s'est accrue et que les acheteurs sont plus nombreux et plus riches, certaines professions comme les drapiers et les marchands d'eau à Paris se sont renforcées et ont pris une importance nouvelle; dans toutes les villes, les artisans spécialisés dans la fabrication d'un même produit se regroupent et s'unissent dans le cadre des Corporations.

    Disposant de revenus incomparablement plus élevés que ceux des artisans, les riches bourgeois, qui ont fait fortune dans le commerce des produits de luxe, se font construire des "hôtels" en pierre dans le centre des villes. Cultivés et ambitieux, ils consacrent une partie de leur temps et de leurs revenus aux affaires de la communauté urbaine. Ils y accaparent le plus souvent les fonctions municipales : maire, échevin, consul...

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    Il y a dans la civilisation française du XIIIème siècle quelque chose d'épanoui, à la fois de souriant et de fort, qui est le signe d'une grande époque. Les façades et les chapiteaux, que les artistes romans avaient peuplés de bêtes et de monstres inquiétants, sont désormais éclairés par les visages rayonnants d'anges (voir, plus haut, l'Ange au sourire...) ou de Christs.

    Dans les oratoires, comme la Sainte-Chapelle, ou dans les vastes cathédrales, comme Reims (ci dessus) ou Notre-Dame, partout l'élégance s'allie à la puissance de la conception, au jaillissement de l'élan créateur.

    Il émane de ces architectures fortes une plénitude sereine, symbolisant l'accord trouvé entre l'intelligence et la sensibilité, entre le divin et les choses de la terre. 

     

     

    II. De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V: Pendant 340 ans, l'honorable famille capétienne règne de père en fils :

      

    "...À sa mort (1270) (de saint Louis, père de Philippe III, ndlr), il y a près de trois cents ans que règnent les Capétiens. Les progrès sont considérables, et le plus sensible, c'est que l'État français, dont les traits principaux sont fixés, a pris figure au-dehors. Il est sorti victorieux de sa lutte avec les Plantagenêts, la menace allemande a été conjurée et maintenant l'Angleterre et l'Allemagne sont en pleine révolution. Saint Louis, en, mourant, laissait à son fils (ci dessous), avec des "enseignements" dignes de lui, une situation excellente, mais qui allait comporter des développements imprévus.

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    Ce qui fait la complexité de l'histoire, c'est que les événements sortent sans fin les uns des autres. La dernière croisade de Louis IX, en coûtant la vie à plusieurs princes et princesses, ouvrait des héritages à son successeur Philippe III. La monarchie, depuis Louis VIII, appliquait un système qui avait ses avantages et ses inconvénients. Quand des provinces étaient nouvellement réunies, elles étaient données en apanage à des princes capétiens afin de dédommager les fils puînés et d'éviter les jalousies et les drames de famille où s'était abîmée la dynastie des Plantagenêts. On pensait que cette mesure transitoire aurait en outre l'avantage de ménager le particularisme des populations, de les accoutumer à l'administration royale, tout en formant autour du royaume proprement dit des principautés confédérées, destinées tôt ou tard à faire retour à la couronne à défaut d'héritiers mâles. Ce calcul ne fut juste qu'en partie, ce qui arrive souvent en politique : quelques-uns des apanagés, en petit nombre d'ailleurs, furent ingrats et indociles.

    Toutefois le fils de saint Louis recueillit tout de suite plusieurs héritages, dont celui de Toulouse. Mais le comte de Toulouse avait des vassaux qui refusèrent de reconnaître la suzeraineté du roi de France. Ils appelèrent le roi d'Aragon à leur aide. Philippe III, qui gagna à ces campagnes le nom de Hardi, fut obligé de défendre la frontière des Pyrénées. L'Espagne entrait dans nos préoccupations politiques.

    À peu de temps de là, ce fut la succession de Navarre qui mêla le roi de France aux affaires espagnoles. Nos frontières méridionales ne pouvaient être atteintes sans conflit avec l'Aragon et la Castille.

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    En même temps, Philippe III était attiré en Italie par d'autres circonstances. Nous avons déjà vu que Charles d'Anjou était devenu roi de Naples et de Sicile. Le frère de saint Louis avait été appelé par un pape français désireux de mettre fin en Italie à l'influence gibeline, c'est-à-dire allemande. Charles d'Anjou avait accepté, après de longues hésitations de Louis IX, et son succès fut complet. Pour en finir avec les intrigues allemandes, il fit condamner à mort le jeune Conradin, l'héritier des Hohenstaufen, dont les Allemands, six cents ans plus tard, au dire d'Henri Heine, ne nous avaient pas encore pardonné l'exécution.

    La révolte des Siciliens restée fameuse sous le nom de Vêpres siciliennes commença la décadence du royaume français de Naples. La France elle-même s'en trouvait atteinte et Philippe III dut venir au secours de son oncle. Le roi d'Aragon s'en mêla et l'on eut ainsi la première image des futures guerres d'Italie avec leurs complications germaniques et espagnoles. Pour être tranquille sur les Pyrénées, pour garder la Méditerranée libre, la France se trouvait entraînée trop loin. Il allait falloir se dégager.

    Philippe le Hardi mourut en 1285 au retour d'une deuxième expédition, cette fois en Catalogne. Son fils, Philippe le Bel, n'avait que dix-sept ans, mais il était singulièrement précoce..."

      

     

            III. Philippe III, à l'origine des Mont-joie :

     

    Sept Monts-joie, répartis le long de la route de Notre-Dame de Paris à la Basilique de Saint-Denis, furent élevés aux endroits où Philippe III le Hardi, portant le corps de son père Louis IX - bientôt saint Louis... - le 12 mai 1271, arrêta le convoi pour se reposer.

    Par la suite, tous les cortèges funèbres royaux s'arrêtèrent traditionnellement aux Monts-joie de Saint-Denis. Ce monument (ci dessous) passe pour être une mont-joie, mais il correspond probablement au pinacle d'une culée de l'église abbatiale.

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    On appelait autrefois Mont-Joye un monceau de pierres entassées pour marquer les chemins; la coutume des pèlerins était de faire des Mont-Joyes de monceaux de pierres, sur lesquels ils plantaient des croix, aussitôt qu'ils découvraient le lieu de dévotion où ils allaient en pèlerinage :
     
    Constituunt acervurn lapidum, et ponunt cruces, et dicitur Mons gaudii.
    La même chose est attestée des pèlerins de Saint-Jacques en Galice : Lapidum songeries … Galli Mont-Joyes vocant.

     

    Ce nom de Montjoies fut donné aux sept croix élevées au bord de la route de Paris à Saint-Denis sous le règne de Philippe III (1270 à 1285) : petits monuments gothiques, elles furent démolies comme “signes de la religion et de la royauté” en 1793. Cette gravure anonyme à l’eau-forte de la fin du 17ème siècle (ci-dessous) en restitue l’aspect : hexagonales, trois niches aveugles sur la plaine, trois niches avec trois grandes statues de rois orientés vers la route :

    montjoies.jpg
     
     
     

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    1527 : Mort de Semblançay

     

    Jacques de Beaune, baron de Semblançay, Surintendant des finances de François Premier, est pendu à Montfaucon.

    Son supplice, et la fermeté d'âme qu'il manifesta, ont inspiré à Clément Marot son célébrissime épigramme :

     

    Lorsque Maillart, juge d'Enfer, menoit

    À Monfaulcon Samblançay l'âme rendre,

    À votre advis lequel des deux tenoit

    Meilleur maintien ? Pour vous le faire entendre,

    Maillart sembloit homme qui mort va prendre

    Et Semblençay fut si ferme vieillart

    Que l'on cuydoit, pour vray, qu'il menast pendre

  • Éphéméride du 31 octobre

    1793, la République naît au rythme de la guillotine et de la guerre

     

     

     

     

     

    Vers 290 : Martyre de Saint Quentin  

     

    Le 31 octobre est la date traditionnellement admise pour le martyre de Quentin - apôtre originaire de Rome - qui eut lieu sous le règne des empereurs Dioclétien et Maximien.

    Quentin s'était rendu dans le nord de la Gaule, durant la seconde moitié du IIIème siècle, pour l’évangéliser, en compagnie de Lucien, futur martyr de Beauvais.

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    Manuscrit du XIVe siècle, Le martyre de Saint Quentin 

     

    Est-ce de « la petite histoire » ? Bien involontairement, et très indirectement, saint Quentin se trouve être à l'origine... de l'Escorial, le Palais-monastère des Rois d'Espagne, bâti après le désastre militaire subi par les Français, face aux troupes de Philippe II, roi d'Espagne, aux alentours de la ville de Saint Quentin : voir l'Éphéméride du 10 août...

     

    • https://sanctoral.com/fr/saints/saint_quentin.html

     

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    1355 : Le Prince Noir détruit Castelnaudary

     

    Castelnaudary a été marquée comme bien d'autres villes du Languedoc par l'expédition du Prince de Galles (dit le prince Noir). Le 31 octobre 1355, la ville a été presque entièrement détruite, mais on ne peut pas réellement parler de bataille, tout juste d'un massacre et d'un pillage.

    Le pays n'avait pas connu de guerre depuis bien longtemps et se trouvait sans défense. Selon Froissart, célèbre chroniqueur de l'époque, "le pays regorgeait de richesses, fruit d'une longue prospérité et d'une profonde quiétude. Ce ne fut pas une expédition militaire, ce fut l'invasion d'une forte troupe de brigands."

    Le Prince de Galles débarqua en Gascogne en été 1355 et se mit en mouvement durant le mois d'octobre. Parti de Bordeaux, il commença à ravager la Gascogne, il traversa la Garonne au niveau de Portet, en amont de Toulouse et ravagea le Lauragais : Mongiscard, Avignonet, Villefranche de Lauragais, Fanjeaux, le Mas Saintes-Puelles furent incendiées et mises à sac.

    Il continuera ainsi jusqu'à Narbonne, en se gardant bien d'attaquer les places les mieux défendues...

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    Fils aîné du roi Édouard III d'Angleterre, Édouard  de Woodstock était donc Prince de Galles, c'est-à-dire héritier du trône : mort avant son père, il ne règnera pourtant pas, et c'est son fils qui deviendra roi sous le nom de Richard II. On a surnommé Édouard "le Prince noir" à cause de la couleur de son armure, certains chroniqueurs de l'époque parlant aussi volontiers de sa cruauté et de sa "noirceur d'âme"...

    • https://www.herodote.net/Le_Prince_Noir_-synthese-1804.php

     

     

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    1793 : Jacques Pierre Brissot, dit de Warville, est guillotiné

     

    De tous ceux qui ont "fait" la Révolution, et qui ont abattu la royauté, Brissot (ci dessous) n'était certes pas le plus excité, le plus cruel, le plus sanguinaire, le plus fou.... C'était peut-être, même, le plus intelligent. Comme la plupart de ces Girondins, bourgeois enrichis et esprits brillants, persuadés que leur heure était venue, et qu'après l'élimination de fait de la noblesse par la Royauté, c'était maintenant au tour de la Royauté elle-même de disparaître, pour leur laisser la place, à eux, et à leur génie organisateur et rationnel.

    Car, c'est vrai, brillants et intelligents, ils l'étaient, les Girondins. Et éloquents. Ils s'enivrèrent eux-mêmes de leurs beaux discours, et se persuadèrent eux-mêmes que tant de talents - bien réels... - devaient être employés pour tout mettre et tout remettre en ordre.

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    Mais il y avait la Royauté...

    Depuis 1.000 ans, entre elle et le peuple, malgré des mésententes, des brouilles, quelques assassinats et même des révolutions (Étienne Marcel, la Fronde...) rien n'avait pu rompre "le charme séculaire de la Royauté", pour reprendre la si juste expression de Jaurès. 

    Et, même en 89, même avec "la" Révolution, les esprits avisés voyaient bien qu'il y avait toujours moyen que les choses tournent de différentes manières : Robespierre, et Danton lui-même, ont failli, et auraient pu, tourner du côté de la Cour; sans parler, évidemment de Mirabeau, dont on peut dire, pour paraphraser Pascal : la vie de Mirabeau, si elle eut été moins courte, la face de la révolution en eut été changée....

    Et c'est là qu'intervient, mais pour le pire, Brissot.

    Ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, ni personne n'avait trouvé le moyen de déraciner la Royauté du peuple. L'idée de génie, mais génie mis au service du mal, fut trouvée par Brissot. C'est là que, n'étant ni le plus sanglant ni le plus scélérat des révolutionnaires, il peut être regardé comme étant probablement celui qui a réussi à mettre à bas l'édifice millénaire. Lui, et pas les autres. Et, donc, de ce point de vue, lui qui ne fut pas le pire dans son comportement personnel, fut bien le pire dans son action, et dans ses résultats.

    C'est probablement lui, le vrai tombeur de la monarchie...

    Au fond, le seul, le vrai révolutionnaire...

    En effet, malgré tout, même malgré Varennes, Louis XVI restait "le roi". Encore aimé par beaucoup, encore craint par d'autres, encore respecté par la plupart : la Révolution n'était décidément pas possible tant qu'il était là. Alors, dans le cerveau de Brissot, peut-être le plus brillant de cette Assemblée, qui n'en manquait pas - en tout cas chez les Girondins... -  naquit l'idée "géniale", celle qui allait permettre de tout renverser, et aux Girondins, enfin, de prendre le pouvoir et d'organiser le monde, selon les principes de la Raison.

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    Il faut se souvenir que le renversement des alliances, chef d'oeuvre d'intelligence politique de la part d'une royauté française qu'on appellerait volontiers progressiste, si le mot n'était pas connoté (voir l'Éphéméride du 16 mai); il faut se souvenir, donc, que ce renversement des alliances ne fut pas vraiment compris, et encore moins partagé, par une bonne partie de l'opinion, et par ce qu'il faut bien appeler, malgré leur aveuglement et leur erreur sur le sujet, une bonne partie des élites. Louis XV, puis Louis XVI restèrent, sinon seuls, du moins incompris d'une grande part du public qui, raisonnant au passé prolongé, continuait par habitude, par facilité, par routine, bref, par conservatisme, de voir en l'Autriche et en la personne des Habsbourgs l'ennemi qu'elle et ils avaient effectivement été, pendant deux siècles. 

    La France étant sortie victorieuse de cette lutte si longue, il fallait maintenant s'allier à l'adversaire vaincu d'hier, contre la puissance montante, représentant le nouveau danger : la Prusse. Mais, cette politique intelligente et visionnaire de la Cour de France, Louis XV et Louis XVI ne réussirent pas à l'expliquer suffisamment, et en tout cas à la faire partager.

    Brissot eut alors "l'idée" lumineuse, et, de tous les révolutionnaires, empêtrés dans leurs discours grandiloquents, creux et souvent ridicules, il fut le seul à l'avoir. Et c'est en cela qu'il peut être regardé, probablement, comme nous l'avons dit plus haut, comme le vrai et le seul père de la Révolution en tant que destructrice de la Royauté.  Son idée, lumineuse pour lui, qui ne rêvait que d'abattre la royauté, était criminelle pour la France, mais il ne s'en rendit pas compte, malgré sa grande intelligence, aveuglé qu'il était par ses talents multiples, et persuadé qu'il était par ses capacités évidentes, qu'il était l'homme de la situation.

     

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    "Signé Louis; et plus bas, Roland", c'est-à-dire le Ministre de l'Intérieur du gouvernement girondin d'alors, celui chez qui sa femme - la belle Madame Roland - avait permis au "parti girondin" de se constituer.

    Le piège diabolique s'est refermé sur Louis XVI, contraint de signer une déclaration de guerre que tout lui commande de refuser : les Girondins ont bien "trahi" la Patrie, leur stratagème a réussi, la Révolution est en marche, et plus rien ne l'arrêtera.

    Ils ont juste oublié que la révolution mange toujours les révolutionnaires, et qu'ils seront les premiers à être mangés, après la chute de la Royauté - leur oeuvre - et l'assassinat du Roi...

     

     

    Elle était simple, cette idée, si simple qu'on s'étonne que les autres grands ténors ne l'aient pas eu avant lui, ou en même temps que lui : ni Danton, ni Marat, ni Robespierre, ni personne....; cette idée consistait à mettre en opposition frontale l'action du roi et les sentiments profonds du peuple.

    Comment ? En déclarant la guerre à l'Autriche, tout simplement.

    Cette guerre serait forcément populaire dans l'opinion, conservatrice, mais serait forcément combattue par le Roi, qui en verrait toute l'absurdité, et son côté diamétralement opposé aux intérêts profonds du peuple français. Faire s'opposer frontalement le Roi et le Peuple, c'était pouvoir accuser le Roi de trahison et, là, rompre "le charme séculaire".

    C'était machiavélique, c'était diabolique, mais c'était bien vu : et c'est en effet ce qui se passa....

    L'intérêt national, le Bien commun, étaient des notions étrangères à Brissot. Puissamment brillant, il n'imaginait pas une seconde que les choses pourraient lui échapper, et il ne poursuivait qu'un but : éliminer la Royauté, qui, par sa seule présence, l'empêchait, lui et les Girondins, de prendre, enfin, le pouvoir, et d'organiser, enfin, le monde comme leur brillantissime intelligence l'imaginait.

    Brissot voulut donc la guerre, il la fit, et il avoua même que sa seule crainte était que le Roi ne "trahisse" pas, c'est-à-dire ne s'y oppose pas. Et c'est ainsi que, pris dans ce piège machiavélique, Louis XVI, qui ne pouvait que s'opposer de toutes ses forces à cette folie, put être présenté comme un traître à ceux qui étaient tout disposés à se laisser berner. À partir de là, Louis XVI ne pouvait qu'être emporté, et Brissot savourer "son" triomphe...

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    Une guerre stupide, contraire aux intérêts les plus élémentaires et les plus évidents de la Nation française; une guerre qui durera vingt-trois ans; qui fera mourir un millions et demi de français, jeunes pour la plupart; qui amènera par deux fois l'étranger dans Paris et l'invasion du territoire; et qui laissera la France plus petite après la Révolution qu'avant.

    C'est Brissot qui l'a pensé; c'est Brissot qui l'a voulu, c'est Brissot qui l'a fait.

    Et c'est cette guerre qui a été le "levier" machiavélique ayant permis de faire tomber le Royauté.

     

    Mais, son triomphe, Brissot ne le savoura pas longtemps. Malgré toute son intelligence, il n'avait sans doute pas assez médité la fable de l'apprenti sorcier.

    Le mouvement qu'il déclencha le dépassa bien vite, au profit des révolutionnaires vrais, les Robespierre, Marat, Danton et autres. Et, lorsqu'il s'en rendit compte, on vit Brissot - faut-il en rire ou en pleurer ? - tâcher de sauver ce Roi qu'il avait volontairement perdu, pour prendre sa place, lorsqu'il se rendit compte, mais trop tard, que ce ne serait pas lui qui prendrait sa place : il suivit d'à peine plus de neuf mois sur l'échafaud ce bon Roi qu'il y avait fait envoyer... 

     

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     Dans sa remarquable note Brissot la guerre, Bainville l'assassine une seconde fois, littérairement parlant, s'entend; mais, cette fois, c'est vraiment la bonne :

     

            Dans notre album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville voir la photo "Brissot la guerre"

     

    Voir aussi notre PDF Les Girondins : intelligents, brillants, mais, surtout, "idiots utiles"...

     

     

     

  • Éphéméride du 20 août

    2 après J.C. : Mort de Lucius Caesar, l'un des deux "Princes de la Jeunesse", successeurs désignés de l'empereur Auguste

     

    Petit neveu et fils adoptif de Jules César, Octave (appelé parfois aussi Octavien) n'eut de cesse de le venger, après son assassinat.

    S'étant peu à peu emparé de la totalité des pouvoirs dans l'ensemble du monde romain, il établit le Principat, qui, tout en respectant les formes traditionnelles de la vie politique "républicaine" d'alors, instituait, de fait, l'Empire romain, dont, devenu Auguste, Octave fut le premier Empereur : c'est en 28 avant J.C. que le sénat lui conféra le titre de Princeps senatus, le Premier du sénat (ce qui signifie qu'il est le premier à prendre la parole devant l'assemblée); et l'année suivante que le Sénat lui décerna le titre d’Augustus, qui signifie sacré.

    À dater de ce jour, Auguste, qui n'avait pas d'enfants, fut hanté par le problème de sa succession. Ayant délivré Rome de la guerre civile et de ses horreurs, il souhaitait tout naturellement voir son oeuvre se poursuivre, après lui.

    Sa nièce, Claudia Marcella l'Aînée, avait épousé Marcus Vipsianus Agrippa, brillant général et homme politique de premier plan, lequel, dès le début, mit toutes ses compétences au service d'Octave, durant la guerre civile, pour sa conquête du pouvoir : c'est donc tout naturellement que l'empereur adopta les deux enfants d'Agrippa, Caius et Lucius, à la mort de celui-ci. Caius et Julius, devenus héritiers présomptifs de l'empereur, furent tous les deux nommés consuls et fêtés en tant que Princes de la jeunesse (Principes iuventutis).

    Des statues et des temples furent érigés en leur honneur, comme la Maison Carrée de Nîmes (ci dessus et ci dessous).

    Cependant, ces plans de succession ne se réalisèrent pas : Lucius mourut le premier, prématurément, à Marseille, à dix-neuf ans, d'un mal inconnu, et son frère Caius le suivit, deux ans plus tard, à l'âge de 23 ans.

    Du Figaro hors série, Auguste, les promesses de l'âge d'or  :

    "...Adoptés par Auguste dès leur plus tendre enfance, les fils d'Agrippa et de Julie ressemblaient à des demi-dieux. Beaux, jeunes, téméraires. Leur grand-père n'était pas le moins enthousiaste. Frappé par un mal qu'aucun médecin n'a pu guérir, Lucius est mort le 20 août de l'an 2 après Jésus-Christ, à Marseille, alors qu'il partait pour une tournée d'inspection en Hispanie. Deux ans plus tard, Rome apprenait que son frère Caius n'avait pas survécu à une blessure reçue en Orient au cours d'un guet-apens. Ils avaient respectivement dix-neuf et vingt-quatre ans. Leurs cendres reposent dans le mausolée d'Auguste..."  

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    La Maison Carrée est un temple romain hexastyle (six colonnes en façade), édifié au début du 1er siècle. Il fut dédié par Auguste à la gloire de ses deux petits-fils, les consuls et chefs militaires Lucius Caesar et Caius Julius Caesar.

    Il s'agit aujourd'hui d'un des temples romains les mieux conservés au monde. 

    http://www.nimes.fr/index.php?id=2258 

     

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    1153 : Mort de Bernard de Clairvaux      

               

    S'il n'est pas le fondateur de l'Ordre de Cîteaux (les Cisterciens...), comme on le pense souvent, il est le fondateur de l'Abbaye de Clairvaux (ci dessous) et celui qui a donné à l'ordre son extraordinaire essor... 

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    Et, dans notre album L'aventure France racontée par les cartes , voir la photo "L'empire de Cîteaux"

     

    Pour le 850ème anniversaire de la canonisation de Bernard, la chaîne KTO a diffusé ce magnifique reportage (le mercredi 17 Janvier 2024) :

    Les fondations de l'abbaye de Cîteaux sont ancrées en Côte-d'Or au coeur de la Bourgogne. Elle est le berceau de l'ordre cistercien, l'un des ordres monastiques les plus importants de l'histoire occidentale. Très vite, la puissance de cet ordre va se manifester par un réseau de monastères considérable qui se développe à partir du XIIe siècle pour conquérir toute l'Europe. « Vous ne pouvez traiter d'aucun sujet de ce Moyen Âge central sans les rencontrer, c'est impossible, ils sont partout ! ». Fidèles au Ora et Labora de la Règle de Saint Benoît tout en étant plus ascétiques que les bénédictins dont ils sont une branche réformée, les cisterciens ne négligent pas le travail déployant, à leur rythme, une agriculture et une industrie ainsi qu'un réseau commercial très actif. Aujourd'hui, à l'abbaye Notre-Dame de Cîteaux, même si les jours semblent s'écouler selon un rite immuable, les moines cisterciens continuent de faire fructifier cet héritage, entre prière et travail. 

     

     

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    1348 : La Peste noire arrive à Paris...

     

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    La peste bubonique sévissait de façon endémique en Asie centrale, où les guerres répétées entre Mongols et Chinois provoquèrent les conditions sanitaires permettant le déclenchement de l'épidémie, qui se déclara en 1334, dans la province chinoise du Hubei, puis se répandit dans toute la Chine....

    En 1346, les Mongols de la Horde d'or assiégèrent Caffa, comptoir et port génois des bords de la mer Noire, en Crimée. L’épidémie, qu'ils apportaient d'Asie centrale, toucha bientôt les assiégés, car les Mongols catapultaient les cadavres des leurs par-dessus les murs pour infecter les habitants de la ville. Mais les Génois furent aussi contaminés par les rats, passant de l'armée mongole à la ville...

    Également décimés par la peste - qui, elle, ne connaît pas les frontières !... - Génois et Mongols signèrent une trêve. Les bateaux génois purent donc, de nouveau, quitter Caffa, mais disséminèrent évidemment la peste dans tous les ports où ils faisaient halte : Constantinople fut  la première ville touchée, en 1347, puis Messine fin septembre 1347, Gênes et Marseille en novembre.

    Pise fut atteinte le premier janvier 1348, puis Raguse, et ensuite Venise, le 25 janvier 1348.

    En un an, la peste se répandit sur tout le pourtour méditerranéen...

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    En France, et depuis Marseille - où elle était arrivée en  l'épidémie gagna rapidement Avignon, en : la venue de fidèles en grand nombre dans la Cité papale, centre du monde chrétien, contribua largement à sa diffusion. Début février, la peste atteignit Montpellier, puis Béziers. Le , Narbonne. Début mars elle était à Carcassonne, fin mars à Perpignan. Fin juin, l'épidémie atteignit Bordeaux, d'où elle se diffusa rapidement, à cause du transport maritime. L'Angleterre fut touchée le . Le , la peste apparut à Rouen, puis à Pontoise et Saint-Denis.

    C'est le elle se déclara à Paris. En septembre, elle atteignit le Limousin et l'Angoumois, en octobre le Poitou, fin novembre Angers et tout l'Anjou. Au nord du royaume, en décembre, elle fut apportée à Calais depuis Londres.

    L'hiver 1348-1349 arrêta un peu sa progression, avant qu'elle ne resurgisse, à partir d'avril 1349.

    Ayant ravagé toute l'Europe de l'Ouest puis l'Europe centrale, le fléau continua sa progression vers l'est et vers le nord, dévastant la Scandinavie en 1350, et ne s'arrêtant que dans les vastes plaines inhabitées de Russie, en 1351...

     

    Parmi les conséquences inattendues de ce fléau : le manque de main d’œuvre conduisit à l’abolition du servage, à une diminution de la toute-puissance du féodalisme et à l’émergence des structures urbaines. Mais aussi à une réelle amélioration des conditions d'existence des petites gens et des travailleurs : le prix des loyers chuta considérablement, avec "l'offre" de demeures désormais vides, qui augmenta considérablement, ce qui permit aux pauvres de se loger plus facilement; et, la main d'oeuvre étant devenue plus rare, ces mêmes pauvres se virent octroyer des salaires plus importants car, là aussi, le nombre de travailleurs étant devenus moins importants, on se les disputait et il fallait les payer mieux pour les attirer...

    En somme, d'une grande catastrophe sortit un réel progrès économique et une amélioration notable des conditions de vie pour l'ensemble de la population !

     Dans notre Album L'Aventure France racontée par les cartes, voir la photo "La Grande Peste de 1348"...

     

     

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    1350 : Mort de Philippe VI

     

    Premier roi de la Dynastie des Valois, c'est sous son règne que commence la Guerre de Cent Ans : en 1340, en effet,  le roi d'Angleterre Édouard III, fils d'Isabelle de France - elle-même fille de Philippe le Bel - fit porter un défi solennel à Philippe VI, et prit le titre et les armes de Roi de France...

    La guerre s'engagea mal pour le royaume (désastre de Crécy, perte de Calais...), qui connut également la terrible épidémie de Peste noire (1348, voir ci dessus).  

    Pourtant, à sa mort, Philippe VI laissait le royaume agrandi de la Champagne et du Dauphiné (à condition que le fils aîné du Roi de France porte, à l'avenir, le titre de Dauphin).

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    Philippe VI reçoit l'hommage d'Édouard III
     
     
     
     
    La Dynastie des Valois succède aux derniers "Capétiens directs" (qui régnèrent durant 340 ans, voir l'Éphéméride du 1er février), et elle régnera jusqu'à l'assassinat d'Henri III, en 1589, soit durant 261 ans (voir l'Éphéméride du 2 août); elle passera alors le relais à la Dynastie des Bourbons...
    Premier roi de France assassiné, Henri III verra en effet lui succéder son lointain cousin, Henri III de Navarre, devenu Henri IV, "roi de France et de Navarre", et premier Bourbon à monter sur le trône : les représentants actuels de notre Maison de France (le Comte de Paris et son fils, le Dauphin Gaston) descendent en ligne directe de celui que l'on appelle aussi, souvent, le "Béarnais", et qui périra, lui aussi assassiné par un fanatique, après un règne bienfaisant et réparateur...
     
     
     
     
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    1451 : Le "signe de Bayonne"...
     
     
    Le 6 août 1451, alors que la Guerre de Cent ans touche à sa fin mais dure encore, le siège de Bayonne débute. Les français l'emportent, l'ennemi capitule par traité le 19 août 1451 et accepte de payer une rançon de 40.000 écus d'or. Ainsi, pour la première fois depuis bien longtemps, le royaume de France n'a plus qu'un seul souverain (si l'on excepte Calais, qui ne sera libérée que bien plus tard, en 1598). 

    C'est le lendemain matin, vers les 7 heures, dans un ciel clair et pur, au-dessus du camp de Gaston de Foix, un peu à l'ouest, vers l'Espagne, que se produisit "le miracle de la Croix Blanche", visible pendant une