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  • Éphéméride du 15 octobre

    1505 : Commande des portes sculptées de la cathédrale Saint Sauveur d'Aix en Provence  

     

    15 octobre,poincaré,ulm,mata hari,napoléon,bonaparte,sainte helene,longwood,chateaubriand,meteorCes portes "en coeur de noyer bien sec" furent commandées aux frères Raymond et Jean Bolhit, ouvriers sur bois, pour le prix de "4.000 florins, quatre salmées de blé et douze millerolles de vin".

    Les frères Bolhit s'adjoignirent Jean Guiramand, de Toulon, qualifié fustier, c'est-à-dire ouvrier qui travaille le bois : c'est lui qui exécuta, en deux ans, la sculpture des deux vantaux, dont les dimensions sont de 4,70 mètres sur 2.

    Les vantaux des portes, en bois rougeâtre, sont recouverts de volets de protection, ce qui explique leur étonnant état de conservation : on y voit, au milieu d'une décoration encore gothique et déjà Renaissance, les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, "vêtus à la judaïque", et les douze Sibylles, chacun surmonté d'un dais en grande saillie.

    Chaque vantail est encadré et coupé dans sa largeur par des guirlandes de fleurs et de fruits : les Prophètes et les Sibylles sont vêtus comme les contemporains de Louis XII. 

     

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/aix/aix.html 

     

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  • Éphéméride du 20 août

    2 après J.C. : Mort, à Marseille, de Lucius Caesar, l'un des deux "Princes de la Jeunesse", successeurs désignés de l'empereur Auguste

     

    Petit neveu et fils adoptif de Jules César, Octave (appelé parfois aussi Octavien) n'eut de cesse de le venger, après son assassinat.

    S'étant peu à peu emparé de la totalité des pouvoirs dans l'ensemble du monde romain, il établit le Principat, qui, tout en respectant les formes traditionnelles de la vie politique "républicaine" d'alors, instituait, de fait, l'Empire romain, dont, devenu Auguste, Octave fut le premier Empereur : c'est en 28 avant J.C. que le sénat lui conféra le titre de Princeps senatus, le Premier du sénat (ce qui signifie qu'il est le premier à prendre la parole devant l'assemblée); et l'année suivante que le Sénat lui décerna le titre d’Augustus, qui signifie sacré.

    À dater de ce jour, Auguste, qui n'avait pas d'enfants, fut hanté par le problème de sa succession. Ayant délivré Rome de la guerre civile et de ses horreurs, il souhaitait tout naturellement voir son oeuvre se poursuivre, après lui.

    Sa nièce, Claudia Marcella l'Aînée, avait épousé Marcus Vipsianus Agrippa, brillant général et homme politique de premier plan, lequel, dès le début, mit toutes ses compétences au service d'Octave, durant la guerre civile, pour sa conquête du pouvoir : c'est donc tout naturellement que l'empereur adopta les deux enfants d'Agrippa, Caius et Lucius, à la mort de celui-ci. Caius et Julius, devenus héritiers présomptifs de l'empereur, furent tous les deux nommés consuls et fêtés en tant que Princes de la jeunesse (Principes iuventutis).

    Des statues et des temples furent érigés en leur honneur, comme la Maison Carrée de Nîmes (ci dessus et ci dessous).

    Cependant, ces plans de succession ne se réalisèrent pas : Lucius mourut le premier, prématurément, à Marseille, à dix-neuf ans, d'un mal inconnu, et son frère Caius le suivit, deux ans plus tard, à l'âge de 23 ans.

    Du Figaro hors série, Auguste, les promesses de l'âge d'or  :

    "...Adoptés par Auguste dès leur plus tendre enfance, les fils d'Agrippa et de Julie ressemblaient à des demi-dieux. Beaux, jeunes, téméraires. Leur grand-père n'était pas le moins enthousiaste. Frappé par un mal qu'aucun médecin n'a pu guérir, Lucius est mort le 20 août de l'an 2 après Jésus-Christ, à Marseille, alors qu'il partait pour une tournée d'inspection en Hispanie. Deux ans plus tard, Rome apprenait que son frère Caius n'avait pas survécu à une blessure reçue en Orient au cours d'un guet-apens. Ils avaient respectivement dix-neuf et vingt-quatre ans. Leurs cendres reposent dans le mausolée d'Auguste..."  

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    La Maison Carrée est un temple romain hexastyle (six colonnes en façade), édifié au début du 1er siècle. Il fut dédié par Auguste à la gloire de ses deux petits-fils, les consuls et chefs militaires Lucius Caesar et Caius Julius Caesar.

    Il s'agit aujourd'hui d'un des temples romains les mieux conservés au monde. 

    http://www.nimes.fr/index.php?id=2258 

     

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  • Éphéméride du 24 juillet

    1439 : Achèvement de l'octogone et de la flèche de la cathédrale de Strasbourg   

     

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    "Prodige du gigantesque et du délicat", selon Victor Hugo. 

     
     
     
     
     
    Enfin, si vous n'avez pas le vertige, ces magnifiques minutes offertes par Des Racines et des Ailes :
     
     
     
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  • 15 août 1914 ... Impressions des premiers jours de la mobilisation dans le Nord

    L'ASSA~1.JPGLongue lettre de G..., parti avec sa batterie pour la grande bataille de Belgique. Je transcris ces impressions des premiers jours de la mobilisation dans le Nord.

    "Mardi, troisième jour de la mobilisation. Reçu réservistes. Habillement. Bien des choses manquent : résultat des économies idiotes faites il y a quatre ans. Mais tout le monde a l'indispensable, un caleçon au lieu de deux, pas de bretelles. Il est vrai qu'ils s'en passent dans la vie civile. Au total, très bon esprit. Quant à la tenue, elle va se perfectionner.

    Mercredi. - Réunion des capitaines par chefs d'escadrons. Tout le monde se plaint sauf moi.

    Jeudi. - Je m'impatiente. Chevaux, harnachement, matériel à percevoir. Mes hommes aussi sentent que cela ne va pas vite...

    Vendredi. - J'espère embarquer dimanche. Si j'ai encore huit jours avant la bataille, je suis sûr de faire de bon ouvrage. Je ne craindrai aucune batterie et mon chef d'escadron le sait. Pourvu seulement qu'on nous laisse saigner l'Allemagne !... 

    Mes hommes hier n'étaient pas contents. Le bruit court que 4.000 Allemands ont été tués, 5.000 faits prisonniers. Ils ont peur qu'il n'en reste plus. Ils promettent tous des chapelets d'oreilles de Prussiens : j'ai quelques Marocains qui sont pour quelque chose dans cet état d'esprit.

    Jusqu'ici la mobilisation semble s'opérer très régulièrement. Encore quatre ou cinq jours et nous sommes sauvés..."

    Brave ami ! Il laisse une femme et une petite fille de douze jours qu'il n'a fait qu'entrevoir et embrasser entre deux trains !...

    Si les appelés sont bien partis et si l'état d'esprit général est très bon, c'est qu'en peu de jours on a remonté un dur courant. Le jeune X... me dit que, dans le village de Seine-et-Marne où il passe ses vacances, le premier mouvement, à l'annonce de la guerre, a été d'accuser le président Poincaré de tout le mal. Un journal de province, le Briard, je crois, menait depuis deux ans et plus grossièrement que les journaux radicaux et socialistes de Paris une campagne contre la Présidence. Le Briard ayant cessé de paraître, tout s'est calmé.

    C'est en spéculant sur notre anarchie que l'Allemagne nous a déclaré la guerre. "Quelle désillusion !" se serait écrié ces jours-ci un officier allemand prisonnier qui s'attendait à trouver la France à feu et à sang. Comme Capus l'observe dans Le Figaro, c'est la fable de notre La Fontaine : "Biaux chires loups, n'écoutez mie..." Les Allemands ont trop écouté nos discordes civiles et n'ont pas assez médité le mot de l'archiduc François-Ferdinand, celui dont l'assassinat a été le principe ou le prétexte de cette guerre : "Avec les Français, on ne comprend jamais tout à fait." 

     

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  • 6 août 1914 ... La confiance est générale

    soldat%20francais%201914.jpgLa confiance est générale. Lea antimilitaristes d'hier sont les premiers à réclamer un fusil.

    - En quoi cet enthousiasme-là n'est il pas capable de se transformer ? demande sagement Lucien M...

    On continue à faire confiance à tout ce qui effrayait hier. La bourgeoisie admire Gustave Hervé, que l'assassinat de Jaurès, disent les mauvaises langues, a rendu patriote. Albert de Mun pleure d'attendrissement devant le patriotisme de la Chambre. Il appelle la journée parlementaire de mardi, le "jour sacré". Quand on connaît la coulisse, il faut en rabattre. Hier, Bernard de Vesins était à la réunion du syndicat de la presse parisienne. Clemenceau ne veut déjà plus admettre que l'autorité militaire contrôle les épreuves des journaux, établisse une censure de salut public.

    - Mais c'est la loi que nous avons votée hier au Sénat, a objecté Henry Bérenger.

    - Cette loi que j'ai votée, je jure d'être le premier à lui désobéir, a répondu Clemenceau, qui veut pouvoir continuer à faire de l'opposition, à renverser des ministères.

    A-t-on cru sérieusement que la France guérirait en quarante-huit heures de son anarchie ?

     

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  • 5 août 1914, l'Angleterre s'est décidée

    WWI-SirEdwardGrey.jpgL'Angleterre s'est décidée : ce n'est pas sans que nous ayons passé vingt-quatre heures d'anxiété mortelle. Lundi, au Parlement, sir Edward Grey n'avait pas été très catégorique. On sentait une hésitation chez les ministres, une résistance dans la majorité radicale des Communes, une indifférence dans l'opinion. La violation de la neutralité belge a tout emporté en donnant à l'Angleterre le plus puissant des motifs pour déclarer la guerre à l'Allemagne. Car l'Angleterre sera la seule des puissances de la Triple Entente qui ait envoyé un ultimatum à l'Allemagne, tandis que la Russie et la France en ont reçu chacune un...

    Le propre de cette guerre, c'est qu'elle sera soutenue, du côté anglais et du côté français, par des gouvernements non seulement pacifiques, mais pacifistes, c'est-à-dire doctrinalement persuadés que la phase guerrière était close dans l'histoire de l'humanité. Du côté ennemi, c'est un état militaire dont toutes les forces sont tendues vers la préparation de la guerre. Comment les conséquences d'un conflit éclatant entre deux conceptions, deux mécanismes politiques aussi différents, n'alarmerait-il pas ceux qui observent, ceux qui réfléchissent, ceux qui savent ? Et nous, nous disons que toutes les guerres européennes pour l'équilibre et contre la suprématie d'une puissance auxquelles l'Angleterre a été mêlée se sont étendues sur une durée considérable. Moins l'Angleterre est préparée à frapper un coup décisif, plus le conflit menace de durer, et de durer à nos dépens : car, en France, tout le monde sert. La France n'a pas pour se protéger contre l'invasion le "ruban d'argent", le magique anneau des mers qui protège le Royaume Uni...

    En France, tout est pour le mieux et le patriotisme a surgi de toutes parts... Le gouvernement a une attitude honorable. Il se tient aussi bien que possible. Le message de Poincaré n'a pas paru tout à fait assez chaleureux. L'expression en est terne.

    Le public attendait des paroles qui fussent à l'unisson de son bel enthousiasme. Mais ce sont des jurisconsultes, des hommes de bureau qui lui parlent, et au nom de quoi élèveraient-ils le ton ?... Nos homme d'Etat s'efforcent d'imiter le flegme et la tenue du parlementarisme à l'anglaise. Combien de temps cela durera-t-il ? Hier, à la Chambre (anniversaire de la nuit du 4 août), il y a eu réconciliation enthousiaste, communion de tous les partis. Mais, dans les coulisses, les partisans s'agitent, prononcent l'exclusive contre tels et tels. C'est ainsi que la reconstitution d'un grand ministère avec Delcassé, Léon Bourgeois, Briand, etc a échoué. Peut-être cela est-il meilleur : ces grands chefs se fussent dévorés entre eux...

    Au ministère de la Marine, la nomination d'Augagneur produit le plus mauvais effet. "Est-ce une plaisanterie ?" a demandé à pleine voix à travers le téléphone un haut fonctionnaire de la rue Royale à qui on apprenait le nom du nouveau ministre...

    Tout ce qui n'est pas mobilisé cherche à s'engager, à se rendre utile pour la durée de la guerre. Qui n'est pas soldat a le sentiment d'une diminution, d'une sorte de honte. Du reste, il n'y a  rien à faire pour la moment. Aux plus impatients, on offre de renforcer la police de la banlieue. Il faut laisser la mobilisation se faire sans trouble. Elle s'annonce bien, et le déchet (insoumis, déserteurs) est inférieur à toutes les prévisions : 6 pour cent au lieu de 20 pour cent régulièrement prévus, annonce-t-on. Les hommes ne manquent pas.

    J'ai rencontré X..., qui, malgré ses cheveux blancs et les années, a gardé l'élégance et la politesse d'un homme du monde qui  a vu le second Empire. Ce vieux Parisien tient à rester à Paris quoi qu'il arrive. Son héroïsme à lui, ce sera de ne pas quitter sa ville.

     

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  • D'où viennent les technocrates?...

              Prenons le "cas" de Colbert: avec Louis XIV et parce qu'il y a Louis XIV, Colbert reste à sa place, et avec lui les nombreux services qu'il dirige...; il n'est "que" Colbert -ce qui est en soi énorme...- et il rend pleinement le service pour lequel il a été appelé à la fonction qu'il occupe; mais il ne devient pas le technocrate que peuvent devenir ses successeurs d'aujourd'hui, et leurs services: car eux n'ont plus Louis XIV au-dessus d'eux: et comme la Nature a horreur du vide, principe de physique élémentaire bien connu, les grands commis, les techniciens, les services et les bureaux etc... ont tout naturellement tendance, depuis qu'il n'y a plus de Roi, a remplir tout l'espace laissé libre par l'absence de celui-ci; l'exemple le plus parlant de cette excroissance anormale, monstrueuse et inquiétante est le Ministère de l'Éducation Nationale: on peut bien changer tous les ministres qu'on voudra, c'est d'une réforme structurelle qu'a besoin ce Ministère: il faut d'abord "casser" cet empilement, cet amoncellement ahurissant de mini Bastilles toutes plus idéologiques (de gauche évidemment) les une que les autres; elles se fichent bien pas mal du nom du nouveau ministre: ce sont elles qui dirigent et qui dirigeront tant qu'on ne les aura pas démolies...

              Ce qui se passe dans l'Éducation se passe aussi ailleurs, simplement parce qu'un président élu, qui change souvent voire très souvent, et qui n'est que "de passage", ne représente qu'une présence éphémère la où le souverain représentait la Permanence de la Nation et limitait de fait, par sa seule présence, les empiètements, les dérives possibles; "les dirigeants passent, les bureaux restent" dit-on avec justesse: le problème est là! maintenant que la république est installée depuis 130 ans et que l'on dispose donc du recul nécessaire, on voit bien que le poids des présidents de la république n'a pas été le même, sur la durée, que celui des Rois; et peu à peu la république en est arrivé a générer cette caste des technocrates; elle a fini par favoriser le passage du technicien au technocrate, ce qui n'a été bénéfique pour personne...

              En réalité, dans l'intérêt de la France et dans leur propre intérêt, les responsables politiques ou économiques doivent avoir à côté d'eux et autour d'eux, pour les recadrer en permanence et les empêcher de sortir de leur rôle, un pouvoir qui les dépasse dans ses fondements et dans sa légitimité; un pouvoir qui pourrait le faire parcequ'il incarne la Nation Éternelle, bien supérieure aux politiques contingentes, aussi indispensables et respectables soient elles...Dans ce domaine aussi la réflexion de Poincaré, au soir de sa vie, est pleine d'enseignements: "Maintenant que j'ai le temps de réfléchir, je me demande si l'erreur initiale de la France ne date pas du moment où elle a coupé la tête à son Roi..."