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  • L’avenir de la nation, l’avenir du nationalisme

    Drapeaux  ...  

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCe sont des concepts fondamentaux que manie Mathieu Bock-Côté - brillamment comme toujours - dans cette tribune du Journal de Montréal [23.0]. On y ressent l'influence que la question québécoise exerce sur sa réflexion. Comme notre attachement à la France dont nous voyons le déclin au fil des deux derniers siècles, fonde notre propre nationalisme. Maurras le définissait, non comme un absolu, mais comme une « douloureuse obligation » du temps présent. L'actuelle évolution géopolitique du monde, si on l'observe bien, nous semble lui donner raison. Au reste, le livre de Gil Delannoi porte un sous-titre : La nation contre le nationalisme, ou : La résistance des nations. L'on peut en débattre !   LFAR  

     

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    La science politique, lorsqu’elle est bien pratiquée et s’abstient de verser dans les modes idéologiques, peut être d’une grande aide pour clarifier notre compréhension de la vie politique et des concepts à partir desquels nous cherchons à la saisir.

    C’est la première réflexion que nous inspire spontanément la lecture de La nation contre le nationalisme (PUF, 2018), le remarquable essai du politiste français Gil Delannoi. Disons-le tout de suite, le titre est un peu trompeur, car si Delannoi n’hésite pas à critiquer les excès du nationalisme, il s’occupe surtout à dissiper le brouillard idéologique qui l’entoure, en rappelant que si la politologie française en entretient une conception exagérément négative, au point d’en faire une pathologie politique immédiatement condamnable, il n’en est pas nécessairement ainsi ailleurs dans le monde. Le nationalisme, nous dit Delannoi, n’a rien de diabolique. Il y en a de bons usages, comme de mauvais. Pour le dire avec ses mots, Delannoi essaie « avant tout de comprendre ce que sous-entendent la natiophobie et la passion d’abolir les frontières qui ont cours aujourd’hui » (p.11). Il ajoute même qu’à « son extrême, cette natiophobie revient aujourd’hui à nazifier tout passé national pour cause d’exclusion de l’Autre » (p.240). Tel est l’air que nous respirons, en effet.

    1517452255_9782130800460_v100.jpgQu’est-ce qu’une nation ? Cette question, attachée à une célèbre conférence de Renan prononcée à la Sorbonne en 1882, continue de travailler la philosophie politique et les sciences sociales ; même elles en proposent rarement une définition satisfaisante, et encore moins exhaustive. La nation, nous dit Delannoi, est à la fois politique et culturelle. C’est une communauté politique avec un substrat historique particulier, qu’on ne juge pas a priori interchangeable avec un autre. Ces deux dimensions ne coïncident pas toujours, ou du moins se recoupent souvent imparfaitement. Delannoi entend d’abord définir la nation comme forme politique singulière, qu’il distingue de la cité et de l’empire, en rappelant qu’elle semble le plus à même d’accueillir et de permettre l’expérience de la démocratie dans la modernité. Mais Delannoi le note bien, « la plupart des théoriciens récents de la nation et du nationalisme ont envers leur objet d’étude une attitude allant de l’hostilité à la condescendance » (p.17). La remarque est très fine : ceux qui étudient la nation sont généralement en mission pour la déconstruire, comme si elle représentait un artifice historique vieilli. L’antinationalisme est habituel dans l’enseignement universitaire en plus d’être la norme chez les intellectuels qui considèrent généralement l’attachement à une nation historique et à sa souveraineté comme une forme de crispation identitaire. Cette absence radicale d’empathie pour ceux qu’on appellera les gens ordinaires attachés à leur patrie fait en sorte qu’on fera passer toute forme de patriotisme pour une forme de xénophobie. La modernité radicale est l’autre nom du refus du particulier.

    À la recherche d’une définition du nationalisme, Delannoi propose la suivante : « le nationalisme est la volonté de faire coïncider la forme culturelle et la forme politique de la nation autant que possible. Telle est l’impulsion qui engendre et entretient le nationalisme : superposer davantage les deux dimensions culturelle et politique de la nation » (p.122). Le nationalisme, nous dit Delannoi, « est la volonté pour un groupe d’endurer l’adversité, de résister à l’extinction sur une base nationale. Au sens culturel, c’est préserver une langue, un territoire, un mode de vie. Au sens politique, ce nationalisme de faible intensité appelle une autonomie politique locale ou provinciale. Il ne parvient pas toujours à accéder à la souveraineté étatique, bien qu’il vise souvent celle-ci comme ultime garantie de l’indépendance Son premier ressort est de craindre que, privé de moyens politiques et de continuité culturelle, le groupe ou le pays identifiés à une nation disparaisse » (p.123). On pouvait ou non approuver la tentation d’accession à l’indépendance des Catalans ces derniers mois : elle n’avait rien de risible, comme ont pu le dire certains commentateurs. Elle n’était pas non plus inintelligible dans les catégories de la modernité. Chose certaine, une communauté politique n’est jamais une association strictement formelle, dépassionnée, où des individus étrangers à la chose publique cohabitent pacifiquement sans rien avoir en partage.

    Si la prose de Delannoi est toujours mesurée, il ne s’interdit pas, néanmoins, de lancer quelques piques aux post-nationaux fiers de l’être qui dominent l’université et les médias. Ainsi, il demande : « un nouveau monde fait de cités financières et d’empires territoriaux présente certainement quelques avantages comparatifs sur un monde international classique fait de nations. Mais pour qui ? Et à quel prix ?» (p.11) Il ajoute que « l’absence de frontière est un luxe d’enfants gâtés, profondément antipolitique » (p.231). De manière audacieuse mais tout à fait lucide, il conteste aussi l’idée souvent reprise qui fait du nationalisme le grand coupable de la seconde guerre mondiale, en rappelant que le nazisme était une doctrine de la race et non pas de la nation. Il conteste même l’idée que la première guerre soit une guerre des nationalismes: il y voit plutôt un affrontement des empires (p.148-156). Ceux qui répètent sans cesse que, « le nationalisme, c’est la guerre » se contentent d’une facilité rhétorique qui leur donne à la fois l’impression de comprendre le mal qui hante l’histoire de la modernité et de se positionner en surplomb sur le commun des mortels encore ignorant des ravages du sentiment national. En fait, ils se condamnent à ne pas comprendre le dernier siècle et certains besoins fondamentaux de l’âme humaine.

    Redisons-le, La nation contre le nationalisme est un essai d’une richesse conceptuelle extraordinaire, et il faut s’y jeter pour apprécier toutes les observations de l’auteur que nous n’avons pas pu noter ici, par souci de ne pas transformer cette recension en long commentaire de l’ouvrage. Sans jamais se transformer en militant, Delannoi nous démontre de manière convaincante qu’un monde sans nations serait probablement un monde moins humain. À la lumière d’une philosophie politique qui se tient loin de l’esprit de système, et qui médite sur la liberté humaine et ses conditions historiques, Delannoi nous offre ici un livre brillant qui passionnera à la fois ses compatriotes soucieux de mieux comprendre le phénomène national et les nôtres qui trouvent trop peu d’ouvrages sur les tablettes capables de fonder théoriquement ce que nous appellerons encore sans gêne le nationalisme québécois.     

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Société • Mai 68 : des histoires dans l’histoire, entretien avec Gérard Leclerc

     

    1237311666.2.jpgEntretien avec Gérard Leclerc Gérard Leclerc est journaliste et écrivain, philosophe et théologien, l’un des meilleurs connaisseurs de la pensée contemporaine. Propos recueillis par Philippe Ménard. 

    Gérard Leclerc, qui avait 26 ans en Mai 68, vient de publier Sous les pavés, l’Esprit aux éditions France-Empire/Salvator, une analyse des événements autant qu’une méditation sur leur sens.

    « Que l’on ne s’y trompe pas : toutes les offensives actuelles, qu’elles concernent aussi bien la déconstruction des liens sacrés du mariage, l’instrumentalisation de la procréation, la légitimation du meurtre en fin de vie, participent toutes d’un vaste mouvement de déshumanisation, en rupture d’un héritage dont les sources sont les lois non-écrites d’Antigone, les commandement du Sinaï et la charte des béatitudes. Mai 68 correspond à l’effondrement de l’héritage, mais il signifiait aussi la possibilité d’un sursaut moral au milieu des convulsions. Il pouvait être la perception d’un sauvetage possible dans l’abîme. »

    Philippe Ménard : Il y a deux Mai 68 : le fourrier du libéralisme libertaire, avec la libération totale du désir et donc la nécessité d’avoir un appareil de production pour satisfaire des désirs sans cesse renouvelés ; et un Mai 68 qui, à travers la remise en cause des effets nocifs du capitalisme, se voulait concret, généreux, solidaire, inventif, et dont on parle moins.

    Gérard Leclerc. Le phénomène Mai 68 est susceptible de plusieurs analyses qui se chevauchent. Il est fomenté par des groupuscules marxo-léninistes qui se trouvent débordés par un mouvement de jeunesse qui leur échappe. La Révolution, on n’en veut plus, on veut les fruits des Trente Glorieuses ! La révolution politique disparaît de l’horizon au profit du gauchisme culturel, comme dit Jean-Pierre Le Goff, le meilleur analyste de Mai 68, à mon sens. Gauchisme culturel qui se cristallise dans le service de la société de consommation : l’idéologie du désir a conforté la société capitaliste, ultra-libérale.

    50 ans plus tard, le Mai 68 capitaliste et libertaire a triomphé, mais le Mai 68 de l’autogestion, du retour à la terre, où en est-il ?

    Le gauchisme violent échoue en France, contrairement aux brigades rouges allemandes ou italiennes. La mort de Pierre Overney en signe la fin. Il y a eu trois rebonds. : le Larzac, cette « proto-ZAD », qui a mobilisé beaucoup de monde ; l’affaire Lip, tentative d’autogestion sans lendemain, dont Maurice Clavel a fait un roman Les Paroissiens de Palente (Grasset, 1974) ; et la candidature de René Dumont aux élections présidentielles de 1974 – mais le système a très vite intégré la dimension écologique, Robert Poujade étant ministre de la Protection de la Nature et de l’Environnement. Et on connaît le destin du mouvement écologique aujourd’hui. Ces trois rebonds ont produit des fruits, mais cela reste très inabouti.

    La « troisième voie » de Mai 68, ni capitaliste ni violente, celle de l’autogestion et de l’écologie, a quand même profondément transformé le paysage sociologique français : les questions environnementales sont centrales.

    Tout à fait mais avec une grosse réserve : c’est la réalité la plus physique qui nous y oblige, et pas vraiment les rêveries soixante-huitardes. C’est l’épuisement des ressources naturelles, le problème de l’eau, la couche d’ozone… C’est la réalité qui contraint l’économie libérale à s’adapter. Toutes les expériences d’agriculture biologique, de commerce équitable, sont très intéressantes mais restent encore très marginales. Il faut surtout considérer le domaine des idées. En 68, on décroche du marxisme, même si on parlait marxien dans la rue, comme disait Clavel. Et d’autres courants apparaissent, même s’ils sont discrets. La pensée de Jacques Ellul, par exemple, qui devient beaucoup plus intéressant à lire que Marx et Lénine, – et qui a eu une influence certaine sur José Bové quand il lutte contre la PMA et la GPA. Ces courants étaient en harmonie avec certaines aspirations de Mai 68.

    Les vainqueurs de Mai 68 ont éliminé du récit de leur triomphe plusieurs « populations » contestatrices, comme les catholiques. Y a-t-il eu un Mai 68 catholique ?

    Le Mai 68 de Maurice Clavel ne correspond pas du tout au Mai 68 des catholiques – et malheureusement. Mai 68 a provoqué une crise catastrophique du clergé, une génération complète de séminaristes s’est évanouie… J’ai eu un récit très complet de ce qui s’était passé par Mgr Pézeril, évêque auxiliaire de Paris à l’époque, aux côtés du cardinal Marty. Selon lui, une telle crise n’avait pas existé depuis la Révolution française. Il m’a dit que c’était les prêtres qui avaient le ministère humainement le plus épanouissant, qui sont partis. J’ai beaucoup aimé sa formule : « Ce sont les laboureurs qui sont restés. » Les gens d’Échanges et dialogue étaient si violents qu’un évêque s’est évanoui en les écoutant ! Clavel, c’était tout le contraire. Il est devenu pratiquant de la messe quotidienne quand les fidèles ont abandonné la messe dominicale. Il s’était converti à la suite d’une profonde dépression. Pour lui, Mai 68 était d’ailleurs une dépression nerveuse, et on ne pouvait s’en sortir que par le haut, par une effusion de l’Esprit, par le retour de Dieu – ce qu’il expliquait par une métaphysique augustinienne. Dieu, chassé par les Lumières, réapparaissait de manière souterraine et intempestive. Les curés de l’époque n’étaient pas du tout dans cet état d’esprit ; ils n’en tenaient que pour Garaudy et le dialogue avec les communistes… Clavel disait que le dernier des communistes serait un curé breton ! Et il a écrit un pamphlet, Dieu est Dieu, nom de Dieu ! (Grasset, 1976), où il les a attaqués de façon frontale. L’Église de France était complètement en dehors du coup…

    Vous définissez Mai 68 par l’émancipation de la médiocrité ambiante, la contestation de la société de consommation, la remise en cause de la civilisation urbaine et même une certain archaïsme avec le retour à la nature. Toute ceci émerge-t-il à nouveau dans les discours politiques de droite comme de gauche, ou chez les jeunes catholiques ?

    Pour ce qui est de l’Église catholique, c’est certain, grâce à l’enseignement des papes Jean-Paul II et Benoit XVI et a fortiori celui du pape François qui y a consacré une encyclique vigoureuse, très mal vue chez les libéraux, même les catholiques. On s’aperçoit aussi que beaucoup de mouvements politiques ont intégré cette dimension, comme Mélenchon ou Marine Le Pen, qui en a parlé dans son discours de Lille, avec même une attaque contre le transhumanisme. On peut y voir un rebond d’une certaine inspiration soixante-huitarde… Il y avait cette insatisfaction profonde d’un monde dans lequel on ne se reconnaissait pas – mais c’est lui qui a triomphé, et qui a intégré les revendications de Mai 68 en en faisant des paramètres de son propre système.   

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    Maurice Clavel quand il écrit Dieu est Dieu, nom de Dieu

     

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    Dans le flot des publications célébrant le cinquantenaire des événements de Mai 68, se détache l’essai du journaliste catholique Gérard Leclerc, Sous les pavés, l’Esprit (France-Empire / Salvator, 148 p., 14 €).

    À 26 ans, immergé dans l’effervescence idéologico-politique parisienne, Gérard Leclerc a été marqué à sa façon par le phénomène de Mai 68. L’éditorialiste de France catholique et chroniqueur de Radio Notre-Dame propose un décryptage intéressant qui ne plaira pas à tous.

  • Bock-Côté : « Pour peu qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut en convenir : la question du régime

     

    2293089609.14.jpgC'est une analyse importante - sous l'angle politique, juridique et institutionnel - que Mathieu Bock-Côté a publiée hier - mercredi 11 juillet - dans Le Figaro. Le grand quotidien du matin l'a fait précéder de la mention suivante : « Pour notre chroniqueur québécois, le Canada constitue l'avant-garde d'un gouvernement des juges hostile à la souveraineté populaire ». Mais, on le verra, Mathieu Bock-Côté parle tout aussi bien pour la France, notamment lorsqu'il mentionne pour la critiquer avec pertinence « la récente décision du Conseil constitutionnel de supprimer le délit de solidarité au nom du principe de fraternité, en limitant considérablement pour l'avenir la possibilité d'œuvrer contre l'immigration clandestine. » Lorsqu'il conclut : « Pour peu [...] qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut convenir d'une chose : la question du régime vient de se rouvrir », nous savons bien que cette remise en cause du régime n'a pas le même sens pour lui que pour nous, qui sommes monarchistes. A nous de faire valoir nos arguments !  Lafautearousseau

     

    tile00x02.jpgDepuis une dizaine d'années, le Québec a amplement débattu du meilleur encadrement possible des accommodements raisonnables. Mais un rappel revenait en boucle: toute tentative de se dégager des contraintes du multiculturalisme fédéral ne passerait pas le «test des tribunaux» qui démonteraient la loi québécoise au nom de la Constitution canadienne. C'est en partie pour cela que le présent gouvernement québécois s'est contenté, avec la récente loi 62, d'un cadre minimaliste rendant obligatoire le fait d'offrir et de recevoir les services publics à visage découvert sans pousser plus loin la quête de la laïcité. Mais c'était encore trop.

    Fin juin, un juge de la Cour supérieure du Québec a invalidé pratiquement le cœur de la loi sous prétexte qu'elle serait discriminatoire à l'endroit des musulmanes en niqab. Cette décision n'est pas surprenante, toutefois, si on tient compte de la transformation de la culture politique canadienne depuis le milieu des années 1980, qui a basculé dans une dynamique de judiciarisation du politique.

    La logique est la suivante : dans une société pluraliste, la souveraineté populaire serait frappée d'obsolescence: elle ne serait rien d'autre que le masque de la tyrannie de la majorité. La figure du peuple elle-même est remplacée par celle de la diversité : la société se présente plutôt comme un rapport de force entre une majorité qu'il faut contenir et des minorités qu'il faut émanciper. La formule est répétée religieusement : on ne saurait soumettre les droits des minorités aux caprices de la majorité. Prises pour elles-mêmes, les revendications minoritaires, traduites en droits fondamentaux, pourraient se déployer sans entraves.

    À l'abri des passions populaires, qui pousseraient toujours au populisme, les juges pourraient librement délibérer de la chose commune et des questions les plus sensibles. Cette forme de sagesse suprême prêtée aux tribunaux réactive le fantasme du despotisme éclairé. Pour emprunter le vocabulaire de l'époque, on dira que le Canada a accouché du régime démophobe par excellence.

    On l'aura compris, le gouvernement des juges ne repose pas seulement sur une extension exagérée du contrôle de constitutionnalité. Les juges ne se voient plus eux-mêmes comme les interprètes, mais comme les producteurs du droit, au nom d'une interprétation créative de ce dernier, ayant peu à voir avec ce qu'on appelait traditionnellement l'intention du législateur. Ils le font au nom de la Charte des droits et libertés inscrits au cœur de la Constitution canadienne, considérée comme une sorte de texte révélé, qui porte une conception radicalisée du droit-de-l'hommisme. On constate aussi qu'ils font reposer leur compréhension de la société sur la sociologie antidiscriminatoire - c'est en son nom qu'ils entendent remodeler les rapports sociaux selon les exigences de l'égalitarisme multiculturel.

    Au rythme où les enjeux collectifs remontent vers eux, les juges étendent leur empire. Les questions les plus fondamentales sont évacuées de la délibération publique. On assiste à un rétrécissement du domaine de la décision politique légitime, désormais condamnée à une forme de réduction gestionnaire. La rhétorique des droits fondamentaux permet ainsi de prendre des décisions politiques majeures sans avoir à les confronter aux préférences populaires, réduites à des humeurs mauvaises. Quel que soit le gouvernement en place, la Cour suprême le surplombe et peut le rappeler à l'ordre, et toujours, le programme diversitaire se déploie.

    Des enjeux liés à la diversité aux salles de shoot en passant par la question du suicide assisté et la reconnaissance de la famille à trois parents, ce sont les tribunaux qui ont le dernier mot et qui exercent la souveraineté. Certains commentateurs ont prétendu que les tribunaux étaient particulièrement activistes dans la mesure où les politiques ne savaient pas suivre le rythme des évolutions sociétales. L'argument est bancal : on postule alors que ce sont les mutations sociétales qui doivent commander le droit, et le politique se disqualifie s'il ne sait pas suivre à bon rythme. Le droit devient dès lors un instrument privilégié d'ingénierie sociale pour forcer la transformation d'une société qui, sans les juges, se refermerait et réactiverait les systèmes discriminatoires qu'ils prétendent combattre.

    On notera toutefois, comme on vient de le voir aux États-Unis avec la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême par Donald Trump, que lorsque l'activisme judiciaire change de camp, une partie du camp progressiste peut se montrer inquiète. On l'a souvent répété ces jours-ci: l'équilibre idéologique de la Cour suprême vient possiblement de basculer. L'histoire des idées nous le rappelle : si une certaine gauche mise sur la supériorité morale des tribunaux lorsqu'elle désespère d'un peuple jugé réactionnaire, elle peut se montrer méfiante devant l'aristocratie juridique quand le gouvernement des juges risque de se retourner contre le progressisme.

    sans-titre  C C.pngSans plaquer la situation française sur celle du Canada, on constatera que la tendance au gouvernement des juges a depuis un bon moment traversé l'Atlantique, comme en témoigne la récente décision du Conseil constitutionnel de supprimer le « délit de solidarité » au nom du « principe de fraternité », en limitant considérablement pour l'avenir la possibilité d'œuvrer contre l'immigration clandestine. D'ailleurs, les souverainetés nationales sont déjà très limitées, pour ne pas dire neutralisées, par la Cour européenne des droits de l'homme, qui croit porter une conception transcendante du droit, alors que sa légitimité semble plus incertaine que ne le croient ses partisans.

    Le gouvernement des juges correspond à une forme de régime post-démocratique et diversitaire qui repose sur un transfert de souveraineté dissimulé derrière les apparences de la continuité institutionnelle. Le théâtre électoral est maintenu, mais les élus disposent d'un pouvoir de plus en plus fictif. Le gouvernement des juges représente moins la nouvelle étape de la démocratie libérale que son dévoiement. Au nom du déploiement sans fin de la logique des droits, il condamne la possibilité pour un peuple de s'autodéterminer. Il programme l'impuissance du politique, qu'on maquille ensuite en forme supérieure d'humanisme. Pour peu qu'on refuse de naturaliser son avènement et qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut convenir d'une chose : la question du régime vient de se rouvrir.  

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politiquevient de paraître aux éditions du Cerf [2016].

  • Vaccin et pass sanitaire : la colère n’est pas un argument, par Elisabeth Lévy.

    Konarzewski/SIPA/2107312333 Manifestation contre le pass sanitaire, Montparnasse, 31 juillet 2021

    On a le droit d’être d’accord ni avec le pouvoir ni avec ceux qui le contestent. Ainsi, je suis pour le vaccin tout en m’opposant au pass sanitaire.

    8.jpgDepuis quelques semaines je reçois des messages indignés. « Comment, Causeur du côté du pouvoir ? » « Pour la dictature sanitaire ?! » « Vous vous soumettez au politiquement correct ? » Certains vont jusqu’à « Collabos ! »

    Si je n’ai pas répondu plus tôt, c’est un peu parce que je ne sais pas comment convaincre des gens qui pensent vraiment que ce que nous vivons s’apparente à l’occupation nazie et au génocide des juifs, à supposer qu’il y en ait, et beaucoup parce que, pour l’essentiel, j’étais en vacances et que, je l’avoue, je suis moins passionnée que la plupart de mes contemporains par cette histoire de pass sanitaire. Je suis bien obligée de constater, cependant, que c’est la grande affaire du moment. Et si elle suscite tant de remous, c’est probablement parce qu’elle révèle autre chose que ses enjeux manifestes.

    Quelques rappels s’imposent.

    Il n’y a pas de ligne de Causeur, chacun dans la rédaction et parmi nos auteurs pense ce qu’il veut. Le point de vue que je défendrai ici est seulement le mien. Et le déterminer en réaction au politiquement correct serait une autre façon de se soumettre à lui. Inutile de le nier, il est plus gratifiant d’être minoritaire mais je ne vais pas changer d’avis parce que je suis (plus ou moins d’ailleurs) d’accord avec la majorité. La France qui se rebiffe a certainement d’excellentes raisons de se sentir oubliée, voire surnuméraire (voir Guilluy), je n’approuve pas pour autant le nouveau combat qu’elle s’est choisie. La colère ne prouve pas qu’on a raison.

    J’aimerais faire entendre à tous les amoureux sincères de la liberté qui manifestent chaque samedi qu’il est paradoxal de vouer aux gémonies (macronistes et/ou totalitaires) tous ceux qui ne partagent pas leur opinion. En clair, j’en ai marre de me faire insulter parce que je n’éprouve pas d’aversion pour le vaccin anti-Covid. Gil Mihaely m’a fait remarquer récemment que, pour la plupart des gens, un débat pluraliste, c’est quand on est d’accord avec eux. Pas ça, pas vous, chers lecteurs de Causeur ! De grâce, contestez mon point de vue, mais épargnez-moi ces conjectures sur mes troubles motivations. Si un labo me propose un pot-de-vin, promis je balance !

    Sur le fond, en résumé, je suis pro-vaccin et plutôt anti-pass sanitaire.

    Alors que nous ingérons quotidiennement et volontairement des tas de cochonneries concoctées par l’industrie agro-alimentaire, que nous sommes les plus gros bouffeurs de médocs du monde (et je ne parle pas de ce que nous nous envoyons quotidiennement dans le cerveau à coups de tweets idiots et de séries stupides ou le contraire), il me parait étrange de considérer qu’un vaccin déjà testé sur 4 milliards d’êtres humains est une menace terrible, pour la santé et pour la liberté. On a le droit d’avoir peur du vaccin. On a aussi le droit de ne pas avoir peur.

    On peut s’inquiéter de notre incapacité collective à accepter le moindre risque et, partant, à accepter la mort comme une circonstance de la vie. Nous ne tolérons plus les morts que nous décrétons « évitables », qualificatif qui mériterait une longue discussion. Quoi qu’on en pense, le précautionnisme ambiant n’est pas une invention ex absurdo de politiciens passablement trouillards mais leur réponse paniquarde à une demande sociale pimentée d’une frénésie de procès. Si nos élus se prennent pour nos mères juives, connues pour s’ingérer dans les moindres recoins de la vie de leurs fils, c’est parce qu’ils entendent toute la journée que les citoyens veulent être protégés et que s’ils ne répondent pas à cette exigence, ils seront traînés au tribunal. L’ennui, c’est que toute cette protection finit par étouffer.  

    Ce n’est pas l’argument de la plupart des contestataires. Au contraire, beaucoup invoquent les dangers inconnus (et qu’on voudrait nous cacher) du vaccin. En somme, on ne prendrait pas assez de précautions et il faudrait attendre d’avoir des certitudes absolues. À ceux-là, on a envie de dire, primo que même les plus cyniques des capitalistes et des gouvernants n’ont intérêt à encourager un produit dangereux, et deuxio que les dangers d’une technique vaccinale utilisée pour bien d’autres maladies sont bien mieux connus que ceux de la Covid, dont certains médecins redoutent les conséquences à long terme, notamment sur les enfants.

    En revanche, l’argument principal contre le pass sanitaire, celui des libertés, ne saurait être rejeté en bloc. La multiplication des contrôles et des personnes habilitées à y procéder représente un changement qu’il ne faut pas sous-estimer. Et aussi légitime soit le motif (enrayer l’épidémie ou minimiser ses conséquences, conformément à l’exigence d’une majorité de la population), une fois le pli pris, on ne sait pas où ça nous mènera. Pourquoi ne pas interdire de restau les fraudeurs fiscaux qui, après tout, font aussi du tort à la collectivité ?  

    Le contrat social suppose l’acceptation de certaines limitations de nos libertés. Personne ne s’offusque de devoir s’arrêter au feu rouge (sinon les libertariens dont parlait Jeremy Stubbs dans Causeur). Encore faut-il que ces restrictions soient justifiées et proportionnées. L’obligation de porter le masque dans la rue ou de présenter un pass sanitaire en terrasse ne répondent à aucun de ces critères. C’est de la com.  Du « vous voyez bien qu’on agit » destiné à rassurer les foules ­ – en leur rappelant en permanence le danger, ce qui est assez paradoxal.

    Je ne serais nullement choquée en revanche que le vaccin soit obligatoire pour les adultes.  Le rôle d’un gouvernement est de faire prévaloir l’intérêt général, parfois en faisant violence (symbolique) à une minorité réfractaire. Il y a pas mal de raisons de penser que la vaccination de tous est le moyen d’y parvenir. La plupart des mesures prises par le pouvoir font des mécontents.

    Seulement, notre Jupiter de comédie a été incapable d’imposer une décision qu’il considère pourtant comme indispensable à la collectivité – la vaccination pour tous. Très mauvais calcul politique : pour ne pas s’aliéner une minorité qui pour l’essentiel, le vomit déjà, Emmanuel Macron choisit de pourrir la vie de tous, y compris celle de ces Français qui sont allés se faire vacciner, parce qu’on leur a dit que c’était la condition de leur liberté. C’est ce que la macronie appelle la persuasion. On n’impose pas, on tracasse, on enquiquine, on flique, bref, on surveille et punit. En plus du pass sanitaire, on a donc le droit, à la carte c’est-à-dire au gré des pulsions protecto-répressives des maires et préfets, au couvre-feu, au masque en extérieur et à d’autres diableries hygiénistes. C’est Macron au pays des merveilles, comme la Reine de Lewis Carroll qui décrète qu’Alice sera pendue et décapitée. Nous, nous sommes vaccinés et fliqués, vaccinés et masqués, vaccinés et protégés à en mourir, pour paraphraser le titre de Neil Postman, Se divertir à en mourir

    L’obligation vaccinale est attentatoire à nos libertés mais beaucoup moins somme toute que l’usine à gaz qui est en train de se mettre en place, usine à gaz à la mise en œuvre de laquelle notre administration pleine de sollicitude apportera certainement une amusante couche de complications. Le vaccin, c’est deux coups de cuillères à pot. L’alternative qu’on nous propose est une litanie d’interdits et d’intrusions dans nos vies.

    Paniquant à l’idée d’imposer une décision brutale, Macron veut nous avoir à l’usure. In fine, il s’agit bien d’obliger les gens à se vacciner sans le dire tout en le disant puisque les ministres ne s’en cachent pas. C’est ajouter l’hypocrisie à la faiblesse. Et en prime, nos dirigeants se prévalent de quelques ultras, éventuellement antisémites, pour disqualifier toute contestation. Dans ces conditions, au risque de mécontenter tous mes lecteurs, je ne me sens en phase ni avec le gouvernement, ni avec ceux qui le contestent chaque samedi.  Reste à comprendre pourquoi ce combat est en train de devenir symbolique. Le diesel, les ronds-points, l’URSAFF, c’était clair. Mais cette détestation d’un médicament, je ne vois pas. Les antibiotiques font peut-être le bonheur du Big pharma, mais qui voudrait vivre sans antibiotiques ? Quoi qu’on pense des décisions, elles sont le fait d’un gouvernement légitimement élu. Et s’il s’agit de dénoncer la démocratie représentative, encore faudrait-il dire par quoi on propose de la remplacer. Pour ma part, je dénie à une assemblée de citoyens que je n’ai pas élus tout droit de s’immiscer dans ma vie. Enfin, alors que la campagne présidentielle approche, je meurs d’ennui à l’idée qu’elle pourrait être focalisée sur cette fichue épidémie. Apprendre à vivre avec elle, c’est d’abord penser à autre chose.

     

    Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.
     
  • Individualisation des peines, sauf pour l’Église ?, par Hil­de­garde.

    « Mais si quelqu’un scan­da­lise un de ces petits enfants qui croient en moi, il vau­drait mieux pour lui qu’on lui attache au cou une meule d’âne et qu’on le jetât au fond de la mer » (Mt 18 – 6)

    Cer­tains peuvent dis­cu­ter le nombre extra­po­lé de vic­times, la pro­bi­té de « l’auteur(e) » des recherches* ou rap­pe­ler que c’est l’Église elle-même qui a dili­gen­té l’enquête, il reste la honte qui s’est abat­tue sur les fidèles tant la faute est grande et le crime odieux.

    Nous savons bien sûr que ce crime n’est mal­heu­reu­se­ment pas seule­ment le fait de prêtres, mais c’est incon­tes­ta­ble­ment une cir­cons­tance aggra­vante et l’on com­prend mal le silence de la hié­rar­chie. Il est vrai que l’on ne peut sépa­rer les faits de l’époque dans laquelle ils se pro­duisent : libé­ra­tion sexuelle sans limites, apo­lo­gie même de la pédo­phi­lie, pro­tec­tion abu­sive des cou­pables plu­tôt que des vic­times, laxisme dans les sémi­naires… Ces cou­rants de pen­sée ont infes­té l’Église, laquelle n’étant pas du monde est bien, et peut-être un peu trop, dans le monde.

    Les pré­lats se sont refu­sés à juger en interne – et pour­tant le droit canon existe, les sanc­tions pou­vant aller jusqu’à l’excommunication ce qui pour un croyant est gra­vis­sime – ni à trans­mettre « au bras sécu­lier » ce qui est objec­ti­ve­ment et juri­di­que­ment un crime.

    Mgr Rat­zin­ger (deve­nu Benoit XVI) a eu le cou­rage d’ouvrir ce dos­sier, il y a une ving­taine d’années. A chaque ins­ti­tu­tion d’avoir ce même cou­rage. Nous pou­vons pen­ser  que quelques élites fran­çaises trembleraient…**

    Nous pou­vons donc nous inter­ro­ger légi­ti­me­ment sur les répa­ra­tions dues aux vic­times. Nous ver­rons quelles en sont les formes dans les mois qui viennent… Mais ce qui nous laisse per­plexes c’est ce qui se passe dans les milieux média­tiques : Les solu­tions pro­po­sées sont pour la plu­part une attaque en règle contre la reli­gion catho­lique elle-même. Tout y passe : le mariage des prêtres, leur fémi­ni­sa­tion, la levée du secret de la confes­sion. Sait-on que bien des prêtres sont morts pour ne pas avoir vou­lu révé­ler ce secret qui relève du sacré, parce que dans la confes­sion, le prêtre Homme s’efface devant Dieu : Il est in per­so­na Chris­ti. Il ne peut donc révé­ler ce qui ne lui appar­tient pas. S’il le fait il est excom­mu­nié ! Ima­gine-t-on la pres­sion des pou­voirs si ce fait n’était pas admis depuis l’origine de l’Église. Un prêtre peut détruire n’importe quelle vie ou car­rière….  La confiance qui est mise en lui doit être totale. Même la démis­sion de tous les évêques est exi­gée par quelque « Tor­que­ma­da » du laï­cisme anti­clé­ri­cal. Ima­gine-t-on, deman­der le licen­cie­ment de tous les direc­teurs d’académie si des pro­fes­seurs étaient coupables ? 

    Pour autant si cha­cun peut com­prendre que le secret de la confes­sion était levé, plus per­sonne n’irait révé­ler ses fautes, il y a chez ces « saint Jean bouche d’or » une hypo­cri­sie toute pha­ri­sienne : Pensent-ils sin­cè­re­ment que 1) le cas se pré­sente dans une époque où peu se confessent 2) que le prêtre n’agit pas sur celui qui vien­drait révé­ler une telle igno­mi­nie ? Tout d’abord il ne peut lui don­ner l’absolution qui impli­que­rait la répa­ra­tion et ensuite il peut peser de tout son poids pour que le péni­tent révèle son crime de lui-même. Vous me direz que cer­tains « confes­seurs » pour­raient être com­plices mais en ce cas ils ne révè­le­raient pas plus ces méfaits s’ils deve­naient « obli­ga­toires » de le faire …

    Cerise sur le gâteau, Libé­ra­tion a le culot de jouer les mora­listes après avoir fait l’éloge de la pédo­phi­lie dans les années 70. Ce jour­nal ne devrait même plus paraître si la même luci­di­té avait ani­mé nos élites dans ces années là !

    Quoi qu’il en soit, c’est l’occasion pour les Catho­liques de conti­nuer à balayer devant leur porte et de s’interroger sur les dérives qu’ils constatent depuis une cin­quan­taine d’années. Il est éton­nant de consta­ter que l’ire des auto­ri­tés ecclé­siales semble plus aller vers ceux qui tentent de res­tau­rer la pri­mau­té de la Foi, la rigueur des mœurs (« un homme ça s’empêche ») et le mes­sage évan­gé­lique comme le montre le der­nier motu pro­prio contre les tra­di­tion­na­listes : « Dieu se rit, disait Bos­suet, des hommes qui déplorent les effets dont ils ché­rissent les causes. »

    * Natha­lie Bajos res­pon­sable de l’équipe « genre » à l’INSERM, fémi­niste d’extrême gauche

    ** Voir à ce sujet le docu­men­taire de Karl Zéro « Zand­voort, le fichier de la honte » 2010

    Les pla­teaux télé, les radios, les réseaux sociaux se sont empa­rés du rap­port Sau­vé com­man­dé par l’Église pour faire la lumière sur la pédo­phi­lie en son sein. Il est peu de dire que les catho­liques sont sous le choc. Com­ment admettre que ceux qui ont fait de l’Évangile leur vie aient pu souiller ceux que le Christ pro­tègent entre tous :

  • Éphéméride du 9 mai

    1950 : Lancement du processus d'intégration européenne...

     

     

     

    1769 : Bataille de Ponte-Novu 

     

    9 mai,corse,pascal paoli,ponte novo,bonaparte,nungesser et coli,atlantique nord,ceca,robert schumannn,lindbergh,gribeauvalAinsi nommée car elle s'est déroulée près d'un pont qui franchit le fleuve du Golo, sur la route de Corte à Bastia (ci contre).

    Après cette bataille, le gouvernement de l'île est confié par Louis XV au comte Louis de Marbeuf.

    C'est l'aboutissement final du lent processus de rapprochement entre la France et la Corse, initié et symbolisé dès le XVIème siècle par Sampiero Corso, les deux entités luttant contre les mêmes adversaires, espagnols et génois (nous essayons d'expliquer ce rapprochement et cette vieille amitié entre la France et la Corse dans notre Éphéméride du 23 mai, au sujet de la naissance de Sampiero Corso...). 

    Des esprits à très courte vue politique continuent, après tant de temps, à véhiculer l'ineptie - de plus inutilement blessante pour les Corses... - selon laquelle Louis XV aurait "acheté" la Corse ! En réalité, les Anglais s'intéressaient de très près à l'Île : ils s'étaient déjà emparé de Gibraltar, sous Louis XIV, puis ils s'empareront de Malte (sous Napoléon) et enfin de Chypre... 

    Faire de même avec la Corse ne leur aurait pas déplu : Louis XV, roi de paix en Corse - comme il le fut en Lorraine - trouva un excellent stratagème pour éviter cela, et pour ôter aux Anglais tout prétexte de refuser la réunion de la province à la France, ou, pire, d'intervenir, purement et simplement.

    Dans les deux cas de la Corse et de la Lorraine, on ne peut que louer l'esprit d'habileté et d'intelligence, qui permit à un roi pacifique d'agrandir pacifiquement le royaume (comme ce fut d'ailleurs le cas avec d'autre rois pour d'autres provinces : si certaines furent - et parfois durement... - réunies par la guerre - Normandie, Alsace, Franche-Comté, Roussillon...- plusieurs autres, et non des moindres (Champagne, Provence ou... Corse !) furent "réunies" par des moyens pacifiques (mariages, héritages, diplomatie). 

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    Timbre commémoratif du deuxième centenaire du rattachement de la Corse à la France (voir l'Éphéméride du 15 mai)

     

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    1789 : Mort de Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval

     

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    Gribeauval réorganise l'artillerie française en diminuant le nombre de calibres et en répartissant les pièces entre "campagne" (groupe auquel appartient le canon de 12 ci dessous) et "siège" ou "de place".

    Mais il standardise surtout la production des tubes et des affûts, il améliore le chargement de la pièce par l'usage d'une munition encartouchée qui augmente la cadence de tir et il renforce la mobilité de la pièce (en l'allégeant et en la dotant d'une prolonge qui permet le tir sans dételer).

    Enfin, le pointage (donc la précision) est grandement amélioré par l'utilisation d'une vis réglant l'élévation du tube. Les projectiles sont de deux types : boulet et cartouche à balles. Les premiers permettent d'allonger la portée pratique jusqu'à 500-600 mètres en faisant ricocher le boulet sur le sol.

    Il le fait avec tant de succès que le système Gribeauval appuiera le succès des armes françaises sous la Révolution, sous l'Empire et jusqu'en 1827 (année de l'introduction du système Vallée).

    Gribeauval 2.jpg

    Canon de 12 de campagne Gribeauval (1,6 tonne, affût inclus)

    Date de mise en service : 1765
    Calibre : 129,3 mm - Tirant un boulet de 12 livres i.e. un peu moins de 12 kg à 520 m/s.

    Portée : 3.600 mètres (en pratique 300-400 mètres )
    Cadence de tir : 8 à 12 coups par heure
    Nombre de servants : 15 (5 pour une pièce "de place") 

           

    L'artillerie dont Gribeauval dotera les armées françaises sous Louis XVI sera la meilleure du monde, comme l'avait été l'artillerie des frères Bureau, sous Charles VII (voir l'Éphéméride du 26 mai)...

     

    www.delanglais.fr/Peltier/html/gribeauval.html 

     

     

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    1836 : Naissance de Ferdinand Monoyer

     

    Il est aujourd'hui totalement inconnu du "grand public". Pourtant, chaque année, il voit défiler devant son "échelle" une bonne part du peuple français : c'est en effet Ferdinand Monoyer, ophtalmologue, qui a eu l'idée de créer l' "échelle" que nous connaissons tous...

    Il s'y est amusé à reproduire son nom et son titre de Docteur en médecine : en effet, regardez bien; si vous exceptez le "ZU" final, et que vous lisez de bas en haut la dernière lettre des deux colonnes, vous vous rendrez vite compte que celle de droite donne son prénom - Ferdinand - et celle de gauche son nom : Monoyer.

    Les deux lettres restant, à gauche - un "d" et un "m" - signifiant "Docteur en médecine"...

    Vous penserez à lui la prochaine fois !...

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    1927 : Disparition de Nungesser et Coli

     

    Après trente-cinq heures de vol, dans des conditions très difficiles, l'avion de Nungesser et Coli disparaît au large de Terre Neuve, à quelques kilomètres de l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon.

    nungesser et coli 1.jpg

    Charles Nungesser (à droite) et François Coli.
                Les deux aviateurs sont des héros de la Grande Guerre : le lieutenant Charles Nungesser y a remporté 45 victoires aériennes, et le capitaine François Coli y a perdu son oeil droit.

              

    On cherche encore à percer le mystère de leur dernier vol, mais il semble bien que, douze jours avant Lindbergh, ils aient réalisé la prouesse de traverser l'Atlantique Nord d'un seul coup d'aile, comme le pensait Marcel Jullian, dans un ouvrage paru en 1971 : en 1927, les États-Unis sont en pleine prohibition. Sur terre comme sur mer c'est la guerre entre les gangs à la solde d'Al Capone et les garde-côtes.

    Dépourvus de radio (qu'ils n'ont pas emportée pour gagner du poids) les deux pilotes ont peut-être survolé, sans pouvoir s'identifier, un bateau de trafiquants, qui les aurait pris pour des policiers et les auraient abattu d'une rafale de mitrailleuse... 

    NungesserOiseaublanc.jpg

              L'Oiseau Blanc de Charles Nungesser et François Coli est une une extrapolation du Levasseur PL4, un triplace d'observation de la marine nationale. Le voici ci-dessus peu avant son vol fatal du 8-9 mai 1927.

     

     

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    1950 : Robert Schumann annonce la création de la CECA, la Communauté européenne du charbon et de l'acier

     

    ceca2.jpg
     
    C'est par son discours dit "du Salon de l'horloge" du 9 mai 1950, qui propose la création de la Ceca, que Robert Schumann (à droite sur la photo) inspiré par Jean Monet et appuyé par Konrad Adenauer, alors chancelier d'Allemagne, lance le processus d'intégration européenne.
     
    Dans un livre remarquable, Philippe de Villiers a bien dit ce qu'il convenait de penser de Jean Monet et Robert Schuman, les "pères de l'Europe" (!) : Jacques Trémolet de Villers rend compte de son ouvrage dans lafautearousseau, le 6 avril 2019 :

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    2 fevrier,capetiens,mourre,merovingiens,carolingiens,hugues capet,philippe auguste,plantagenets,croisades,bouvines,charlemagne,saint louis,senlisCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Ephémérides  :

     

    lafautearousseau

     
  • Ils sont les nouveaux privilégiés du nouvel Ancien Régime, et veulent tout bloquer, comme en 1789, pour défendre leurs i

                Il est inutile d'ajouter quoi que ce soit à ces deux documents que publie Le Figaro à propos du déclin annoncé des ports français en général, et du blocage de celui de Marseille en particulier.

                Le Président Sarkozy a beaucoup parlé de rupture, avant de se faire élire et depuis qu'il est élu. Il tient là une occasion inesperée de rompre avec l'héritage empoisonné de 1945, lorsque le pouvoir politique céda aux révolutionnaires l'Enseignement, les Ports, EDF, les Transports... obligé qu'il était de compter avec la puissance immense - à l'intérieur - des révolutionnaires français, aidés - à l'extérieur - par la puissance non moins immense de Staline...

                 Il est juste de reconnaître que ces deux puissances, associées et additionnées, contraignaient de Gaulle à manoeuvrer, à la Libération. Il ne pouvait donc probablement pas faire autre chose que ce qu'il a fait, en 45. Mais il aurait pu - et dû... - supprimer en 58 les privilèges exorbitants qu'il avait été contraint d'accorder 13 ans auparavant : le contexte était radicalement différent, et lui était beaucoup moins défavorable....

                Et, en tout état de cause, on ne voit vraiment pas aujourd'hui pourquoi, 65 ans après 45, un gouvernement - de droite qui plus est... - continue à tolérer une telle anomalie.

                Alors, vous avez dit rupture ?.....

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    Port bloqué, économie asphyxiée... : désolant !

        1/2 : La CGT bloque le premier port de France depuis trois semaines. Les patrons en colère cherchent des solutions alternatives. 

                 La réforme portuaire devait rétablir la compétitivité des ports français. Elle est en train de les tuer à petit feu. Une centaine de salariés CGT du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) bloque depuis le 27 septembre les terminaux pétroliers et, par intermittence, le terminal à conteneurs des bassins intérieurs de la ville. Le syndicat majoritaire refuse l'application de la réforme votée en juillet 2008 qui prévoit le transfert au privé des activités d'exploitation des ports, principalement les grues et leurs conducteurs. La CGT veut préserver sa majorité syndicale dans le GPMM et donc son pouvoir sur le port. Or la réforme, en transférant au privé les activités d'exploitation, la privera des plus importants bataillons de syndiqués. D'où son obstination à réclamer que les 220 salariés qui doivent être transférés dans la filiale créée pour regrouper les terminaux pétroliers conservent des feuilles de paie du GPMM.

                Conséquence: une soixantaine de bateaux et leurs équipages sont bloqués en mer. Et vendredi, en réaction à la libération par les CRS d'un dépôt pétrolier bloqué par des grévistes, la CGT a fermé les accès routiers au port. Ces actions perturbent considérablement l'activité économique de la région. Selon l'UMF, le syndicat patronal du port, elles font perdre trois emplois directs et 350.000 euros par jour sur le terminal à conteneurs de Marseille et 1,5 million par jour sur les terminaux pétroliers. Soit 30 millions en trois semaines. Pour les armateurs, l'immobilisation d'un porte-conteneurs coûte plus de 50.000 euros par jour.

    Conteneurs bloqués

                «Ça fait plus de trente ans que ça dure. L'État ne doit pas laisser une poignée de cégétistes détruire le port», tempête Jean-Luc Chauvin, président de l'Union patronale des Bouches-du-Rhône. Christian Dellaporta, patron d'ERS, une société spécialisée dans le déménagement de cadres expatriés, a vu son activité chuter de 40% ces trois derniers mois. «J'ai des clients qui attendent depuis l'été leur déménagement d'Amérique ou d'Asie, raconte-t-il. Des conteneurs sont bloqués dans d'autres ports et aucun armateur ne veut venir en ce moment à Marseille.» Le fabricant de peinture Thierry Fabre espérait se remettre à flot après une année 2009 difficile grâce à un gros contrat avec les États-Unis. Son premier conteneur est resté sur les quais pendant un mois et le deuxième, pour éviter Marseille, devait être acheminé par le rail jusqu'au Havre où il devait prendre la mer. Hélas, la grève de la SNCF l'a bloqué à Paris. Il doit le faire expédier par la route. Total: un surcoût de 1300 euros pour une cargaison de 40.000 euros. Thierry Fabre peste d'«être livré aux caprices de 36 grutiers surpayés bloquant l'activité économique de toute une région».

                Certains patrons tournent le dos au port phocéen. «Nous avions déjà décidé fin août de faire passer les deux tiers de nos flux par d'autres ports; aujourd'hui, c'est la totalité, regrette Christian Métadier, directeur général adjoint de Canavèse, un des leaders français des fruits et légumes frais. Marseille est en grève permanente, c'est ingérable. Les tarifs de fret sont 20% plus élevés qu'à Anvers. Et en plus, le coût de déchargement du conteneur est 15% plus cher pour un service qui peut prendre jusqu'à une semaine contre 4 heures à Anvers!»

    Du deuxième au quatrième rang européen

                En trente ans, Marseille a déjà rétrogradé du deuxième rang des ports européens au quatrième. Pis, pour les conteneurs, le segment de marché qui a explosé, il est désormais douzième. «Beaucoup de mes clients sont excédés et ne veulent plus passer par Marseille. Ils ont décidé de ne pas y revenir», se désole Véronique Dagan, président de Technotrans, organisateur de transport, qui s'inquiète pour l'avenir de sa société et de ses 48 employés.

                L'armateur Marfret a carrément arrêté sa ligne desservant l'Algérie qui achemine 200 conteneurs par semaine vers ce pays. Il a également dérouté sa ligne des Caraïbes à Sète. «C'est un vrai problème, explique Raymond Vidil, président de Marfret. L'essentiel de ce qu'on achète pour la vie courante vient de Chine mais la moitié ne transite déjà plus par nos ports.»

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    Le beaujolais nouveau transitera par Anvers

                Paroxystique, la situation de Marseille témoigne de la perte de compétitivité de l'ensemble des ports français face à leurs concurrents belges, espagnols ou italiens. «En 1997, un million de conteneurs transitaient par Le Havre, deux millions par Anvers. En 2010, Le Havre a certes doublé de taille, mais celle d'Anvers a été multipliée par quatre», détaille Christian Leroux, président de l'Union maritime et portuaire de France (Umepf).Face aux mouvements sociaux, «un Chinois ne cherchera même pas à comprendre: il expédiera sa cargaison vers Rotterdam ou Anvers. D'ailleurs, la campagne du beaujolais nouveau risque de partir d'Anvers».

                Les détournements de trafic (importations ou exportations françaises réalisées à l'étranger) s'élèveraient à 25% du volume total. Les responsables du puissant port d'Anvers enfoncent le clou. La mission de Danny Deckers, conseiller commercial, est justement d'attirer les Français, deuxièmes clients derrière les Allemands. «Nous sommes devenus importants pour les industriels français, témoigne-t-il. En vingt-cinq ou trente ans, nous n'avons eu qu'une journée de grève. C'est un argument commercial!» Des sociétés comme Leroy Merlin «dépotent» leurs conteneurs en Belgique avant d'envoyer la marchandise en France. Décathlon s'est installé près du port d'Anvers où transitent aussi les produits de grands noms de la VPC. «95% des importations du groupe Mulliez passent par Anvers», note Christian Leroux.

                Des armateurs tels que CMA- CGM refusent ce déclin annoncé des ports français. Le groupe a multiplié les prises de participations via sa filiale Terminal Link dans les terminaux d'une trentaine de ports dont LeHavre, Marseille ou Dunkerque. «Nos concurrents étrangers se concentrent sur des ports qui font rarement grève, explique Nicolas Sartini, directeur central groupe lignes Asie-Europe. Nous, nous sommes fidèles et privilégions l'efficacité des ports français.»

     

          2/2 : «Nous sommes face à un comportement archaïque»  Entretien avec Jacques Pfister, président de la CCI de Marseille Provence.

     

    LE FIGARO - Que vous inspirent les grèves actuelles à Marseille ?

    Jacques Pfister - Que ce soit sur le port ou pour les poubelles, nous sommes face à un comportement archaïque des syndicats. Ils ont une guerre de retard. Grâce à une situation monopolistique, la CGT sur le port et FO à la ville prennent Marseille en otage en toute impunité.

    Nous en avons marre que ce territoire, qui est en train de se prendre en main pour essayer de se redresser, soit le champion du monde des villes qui ne marchent pas et des poubelles de la honte.

    Comment analysez-vous la situation sur le port ?

    Le port est triplement pris en otage: au niveau national, comme ces gens sont impunis et ne prennent aucun risque, ils n'hésitent pas à en rajouter, ils n'ont plus le sens des mesures. Ces nantis en sureffectif qui gagnent 4000 euros par mois pour 18 heures de travail hebdomadaire et partent à la retraite à 55 ans dans le cadre du plan amiante veulent continuer à partir à 55 ans. Je demande solennellement au directeur du port qu'on ne leur paie pas les jours de grève. Au niveau local, la CGT, qui a pourtant toutes les garanties et tous les parachutes possibles, bloque la réforme pour sauver la mise. Il y a un compte à rebours. La réforme des ports a été négociée, votée au Parlement et acceptée par une large majorité. Elle doit être mise en application par le port d'ici à la fin de mars, sinon on revient à la situation initiale. Nous demandons les transferts au privé avant la fin de l'année. Rien n'empêche de le faire. Enfin, il y a au port un conflit entre la CGT agonisante des bassins est (NDLR, ceux situés dans la ville) et la CGT des bassins de Fos, qui est plus entreprenante et plus positive sur cette réforme car elle comprend le développement qu'on peut en attendre.

    Et pour les terminaux pétroliers ?

    Là aussi, c'est un scandale. Ces terminaux devaient comme les autres passer au privé. La CGT a réussi à obtenir du gouvernement qu'une filiale, où le GPMM sera majoritaire, soit créée. Et maintenant, ils se mettent en grève pour qu'elle soit à 100% GPMM.

    Pouvez-vous chiffrer l'impact de ces grèves ?

    C'est difficile pour le moment, mais il s'agit de plusieurs dizaines de millions d'euros, en pénalités pour le GPMM, pour les pétroliers, en manque à gagner de chiffre d'affaires pour les entreprises, et en pénalisation pour les entreprises qui ne savent plus où se trouvent leurs conteneurs… Et pour l'image de la ville et du port, c'est désastreux! Le port est à un tournant. Le jour où la SNCM disparaîtra, car cela finira par arriver au train où vont les choses, le jour où l'activité conteneurs disparaîtra des bassins est, c'est ce qui se profile avec le genre de conflit qu'on est en train de vivre, ces derniers seront livrés à la plaisance et aux paquebots de croisière!

  • Rebondissement sensationnel dans l'afffaire de l'incendie de Marseille.....

                Nous avons longuement parlé, en septembre, (1) du Légionnaire Fontaine, livré en pâture "aux chiens" (comme l'a dit, en son temps Mitterand), jugé et condamné en un cllin d'oeil, et en direct, par les élus et une très large part du monde médiatique. Son crime ? Il aurait mis le feu aux calanques. Mon oeil ! Son vrai crime: être un soldat loyal et fidèle. La presse -aux ordres du politiquement correct- préfère les "jeunes". On venait justement, peu de temps avant, d'en relâcher deux qui, eux, avaient vraiment mis le feu. Mais comme ce sont des "jeunes"....

                Or, voilà que la même Provence -qui avait, sans retenue ou sans précaution, participé à la curée- lance une nouvelle sensationnelle. Il faut attendre encore un peu, certes, mails il semblerait qu'un rapport d'expertise remette en cause la précipitation et la suprême injustice -coupable, évidemment, forcément coupable, comme dirait l'autre- dont ont fait preuve -Jean-Claude Gaudin en tête- ceux qui ont hurlé à la mort contre l'adjudant Fontaine.

                Si le rapport s'avère vrai -répétons-le, il faut attendre encore un peu, ne faisons pas, justement, comme "ils" ont fait, "eux"...- que va-t-il se passer ? France info, benoîtement, disait au flash de 6h30, ce vendredi 16, peut-être faudra-t-il qu'ils s'excusent.

                Quoi, ce serait tout ? De simples excuses ? Pour tout ce mal, pour tout ce tort causé à un sodat exemplaire ? Et pourquoi pas de lourdes amendes ? Et pourquoi pas des peines de prison -au moins avec sursis- ? Et pourquoi pas des démissions ? Sont-ils au-dessus des lois parce qu'ils sont journalistes, députés et sénateur-maire ?

                D'un côté on libère des "jeunes" qui, sitôt sortis, sont accueillis en triomphateurs dans leurs cités, où ils passent pour des héros, et, de l'autre, on se contenterait d'une ou deux excuses envers quelqu'un qu'on a failli laminer ?

                Nous préférons penser que la Justice doit passer. Envers les "jeunes", d'un côté (qu'on les déchoie et qu'on les expulse !); envers les lyncheurs de l'autre, s'il s'avère que le rapport en question dit vrai et innocente l'adjudant.....

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    (1) : Voici la note que nous avons publiée le 12 septembre, sous le titre "Deux feux à Marseille: deux poidsn deux mesures...."

               Si nous n'en avons pas parlé avant, c'est que nous préférions d'abord y voir plus clair, et non parce que cela ne nous intéressait pas. Le dilemme est bien connu: ou on réagit tout de suite, mais on court le risque d'être démenti par un fait nouveau, ou on attend un peu, par prudence et honnêteté intellectuelle, pour vérifier les infos, mais alors on court le risque d'être catalogué moins réactif.

               Pierre nous avait envoyé le texte d'une lettre ouverte à Jean-Claude Gaudin sur l'affaire du feu déclenché à Carpiagne, suite -disait-on- à un exercice de la Légion étrangère, pendant le mois de juillet. Juste après l'avoir reçu, l'AFP publiait le communiqué que nous reproduisons ci dessous. Et, pour finir, le vendredi 11 septembre, le principal intéressé prenait la parole dans La Provence. On peut donc considérer maintenant que les faits commencent à être établis avec assez de précisions pour demander des comptes, formuler quelques critiques, et lancer des accusations.....

     

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    Vite accusées: la Légion, l'Armée. Et plus qu'accusées: lynchées....

                Voici, dans l'ordre, et constituant un mini-dossier sur l' "affaire", le communiqué de l'AFP, la lettre ouverte à Jean-Claude Gaudin et l'entretien à La Provence

    I : Feu à Marseille. Les mineurs en liberté.

    Les deux adolescents de 14 ans interpellés hier (samedi 6 septembre, ndlr) sur le site de l'incendie qui a détruit six hectares de végétation basse aux portes de Marseille (ci dessous) ont été remis en liberté à l'issue de leur garde à vue, a-t-on appris dimanche de source policière. Ils feront l'objet d'une convocation ultérieure devant le tribunal pour enfants pour "incendie involontaire".

    Ils avaient été surpris la veille par un policier hors service et un apprenti-cuisinier, alors qu'ils jetaient des pétards. Ils avaient ensuite tenté d'éteindre le feu, qui s'est finalement arrêté à quelques dizaines de mètres des habitations à La Batarelle, dans les quartiers nord de Marseille. Les deux mineurs ont un casier judiciaire vierge et sont présentés comme "des jeunes sans histoire".

    Un dispositif terrestre de 150 hommes et la mobilisation de six Canadair avaient été nécessaires samedi pour maîtriser le sinistre, attisé par un fort mistral, qui s'était déclaré vers 16h30 dans une zone péri-urbaine.

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                A la lecture de ce communiqué, le texte envoyé par Pierre est encore plus parlant:

    II : Monsieur le Maire,  

     

                Vous avez publiquement, et sur toutes les chaînes des médias, accusé l’Armée qui a déclenché un feu de broussailles après avoir tiré, à balles traçantes, lors des exercices d’entraînement au camp de Carpiagne. Connaissant votre affection pour Marseille, vous avez dû avoir très peur en voyant le feu arriver aux portes de la Cité. Très en colère, vous avez demandé lors de ces interviews, une punition exemplaire pour le « contrevenant » qui avait commis « une stupide erreur » en entraînant ses hommes dans cette région à risques en cette période. Mais pourquoi crier si fort aujourd'hui contre notre Armée, alors que votre silence complaisant nous a atterrés lorsque, quelques jours plus tôt, le 14 juillet exactement,  ce sont des bandes de vos cités dites défavorisées qui ont mis Marseille en feu créant des incendies - quatorze selon La Provence – tout près des habitations et simultanément aux quatre coins de la ville. 

                Ces  bandes de jeunes ou moins jeunes avaient volontairement mis en péril la vie de vos administrés puisqu’ils avaient jugé important d’allumer leurs incendies près des habitationset leur dessein, à n’en pas douter, était de tuer sans distinction d’âge ou de sexe. Nous savons tous et vous aussi certainement, que, ce faisant, ils répondaient à un appel, sur Internet,  de ces immigrésqui peuplent la France mais la haïssent autant qu’ils haïssent les français. Comment se fait-il,  qu’après ces violences, autrement plus graves, le premier magistrat que vous êtes, ne se soit pas révolté contre ces hordes de dangereux pyromanes ? Vous aviez pourtant matière à demander aux Chef de l’Etat de sévir avec la plus grande fermeté et à l’Armée, Gardes mobiles et autre CRS,  de les déloger manu-militari afin de les traduire devant la justice française. Vous avez préféré passer sous silence les débordements qui s’étaient déroulés dans votre ville, et « vos médias » se sont contentés d’annoncer le nombre de voitures incendiées dans tout l’hexagone, précisant, comme s’il s’agissait d’une banalité, que le bilan avait été bien supérieur à l’année précédente pour la même occasion. 

     

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    Après la virulente "sortie" du Maire de Marseille, François Fillon lui-même....

                Par contre, ayant trouvé un coupable tout désigné pour  "noyer le poisson de la veille", en la personne d’un honnête soldat qui entraînait ses hommes, vous êtes apparu comme par enchantement, drapé dans votre indignation, réclamant réparation  à la stupide Armée qui avait osé menacer Marseille. A vous regarder piquer vos colères devant toutes ces caméras qui passaient près de vous, nous en avons eu le sang tout retourné comme on dit cheznous en Provence.  Car nous, aussi,  nous sommes très en colère ….. Contre vous Monsieur Gaudin. Car nous sommes marseillais et nous aimons Marseille autant,  sinon plus,  que vous. Et Marseille n'est pas seulement qu'un ramassis de voyous qui sèment la terreur dans Notre ville, Monsieur, elle nous appartient également.  Mais il nous semble que vous êtes bien plus zélé à protéger vos  délinquants, même s’ils sont des assassins en herbe,  qu’à protéger et défendre tous vos administrés. Ne verriez-vous en eux que des voix électorales potentielles qui vous aideraient à préserver votre siège lors des futures consultations qui auront lieu dès les premiers mois de 2010 ?

                 Nous vous rappelons que, nous aussi, nous votons. Et nous sommes nombreux à être fatigués de lutter contre cette délinquance qui a envahi notre ville. Nous vivons dans l’insécurité la plus totale à Marseille pendant que vous faites des effets de manches et poussez des coups de gueule pour attirer l’attention des marseillais et des pouvoirs publics contre un homme, un soldat de France,  dont le
    courage et l’honneur ne sont plus à prouver. Votre théâtralisme, votre partialité, votre irresponsable attitude, nous font honte. Ces deux
    affaires ayant eu le même résultat : des incendies, l’un causé volontairement,  l’autre accidentellement dans l’exercice d’une profession, il est encore temps que vous en appeliez à l’Etat, aux ministres et à tous les médias pour revenir sur vos déclarations tonitruantes et rétablir la vérité. L’adjudant Fontaine, de la Légion étrangère,  en entraînant ses hommes aux futurs combats qu’ils livreront contre les ennemis de la France d’abord et de la paix dans le Monde en général n’est pas responsable, SEUL, de cet accident terrible, soit, mais non criminel. Vos protégés, eux, ont provoquédes incendies criminels et vous ne les avez, en aucune manière, condamnés ni poursuivis. 

                 Y aurait-il, pour la ville de Marseille que vous représentez, deux sortes d’administrés ? Deux poids, deux mesures ? Des blancs coupables et  des immigrés innocents ?  Nous attendons rapidement votre réponse, Monsieur le Maire.   

                 III : et que dire, alors, du son de cloche que l'on entend avec l'entretien accordé à La Provence par l'adjudant Fontaine, lynché en direct, plusieurs jours durant, dans la plupart des médias ?

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    La Provence, vendredi 11 septembre
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    détaillée ci dessous, pour une meilleur lecture
     I
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    III
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  • Sur le site de Libération, Covid-19 : est-il vrai que le taux de personnes testées à Marseille est le plus important du

    Devant l'IHU Méditerranée Infection, à Marseille le 23 mars. Photo Gérard Julien. AFP

    C'est ce qu'affirme Didier Raoult dans un tweet. Mais si l'IHU de Marseille a effectivement une politique de dépistage très large, certains (petits) pays font mieux.

    Bonjour,

    Votre question renvoie à un tweet du professeur Didier Raoult datant de vendredi dernier.

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    Affirmant que le pourcentage de personnes testées dans la ville est de 2,5%, le professeur évoque la population la plus testée au monde. Le tweet renvoie à un communiqué de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) dans lequel on lit : «A l’IHU Méditerranée Infection, à Marseille, nous avons réalisé 54 957 tests (29 613 patients) depuis le début de l’épidémie de Covid. Parmi ces personnes testées, 20 987 personnes étaient des résidents de Marseille. Cela signifie que 2,5% de la population marseillaise a été dépistée depuis le début de l’épidémie. Les Marseillais sont donc, de loin, la population qui a été la plus testée au monde, bien davantage que ce qui a été rapporté en Corée du Sud ou en Italie où actuellement, le nombre de prélèvements a augmenté de manière très spectaculaire.»

     

    Un graphique illustre le propos, comparant le nombre de dépistages par million d’habitants pour Marseille, la Corée du Sud, l’Italie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

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    Marseille, champion de France

    Ce qui est certain, c’est que commune des Bouches-du-Rhône remporte le championnat de France. La capacité de tests de l’IHU du professeur Raoult a fait de Marseille (surtout au début, quand les capacités ailleurs en France étaient très faibles) une ville à part en matière de tests. Le bulletin épidémiologique de Santé publique France daté du 3 avril faisait état, au 27 mars, de 195 408 tests par les laboratoires hospitaliers au niveau national, et de 19 011 tests dans les laboratoires de ville. A cette date là, l’IHU affichait dans son tableau de bord quotidien 38 436 tests réalisés à Marseille. Environ un cinquième du total des tests en France.

    Mais surtout, profitant de ses capacités importantes, l’IHU a pratiqué très vite une politique de tests singulière, autorisant n’importe qui ou presque à se faire dépister, là où c’est essentiellement les cas graves qui pouvaient prétendre à un dépistage ailleurs. Une stratégie locale assumée depuis le début par Didier Raoult, qui avait critiqué la politique de tests nationale, trop parcimonieuse à son goût.

     

    S’il n’existe pas de ventilation du nombre de tests effectués par ville en France (outre Marseille), il est probable, sinon évident, que la population de Marseille a donc effectivement été davantage testée que celle de toute autre commune en France. Mais est-ce suffisant pour en faire la population la plus testée du monde ?

    Ne pas confondre nombre de tests réalisés et nombre de personnes testées

    La comparaison est plus complexe qu’il n’y paraît. Car il faut distinguer le nombre de tests pratiqués du nombre de personnes dépistées. 1 000 tests pratiqués ne signifient pas que 1 000 personnes ont été dépistées. Une même personne peut être testée plusieurs fois, dans le cadre de son diagnostic mais aussi, en tant que patient, dans le suivi de sa maladie, à des fins de recherche, etc. Le bulletin épidémiologique de Santé publique France en date du 3 avril indiquait par exemple qu’au 27 mars, environ 215 000 tests avaient été réalisés pour 50 000 résultats positifs. Un total de tests positifs qui excédait de loin le nombre de cas confirmés de Covid-19 en France au même moment (un peu moins de 33 000). En Allemagne, l’Institut Robert-Koch (RKI), l’établissement allemand responsable de la lutte contre les maladies à l’échelle fédérale, le confirme noir sur blanc : «Il convient de noter que le nombre de tests n’est pas le même que le nombre de personnes testées, car les chiffres peuvent inclure des tests multiples de patients.»

    Même chose à Marseille : l’IHU, dans sa communication du 3 avril, distinguait d’ailleurs le nombre de tests (54 957) du nombre de patients (29 613), et avait même isolé les patients marseillais (20 987). Mais la majorité des pays communiquent en général uniquement sur le nombre de tests réalisés, et pas le nombre de personnes testées (ce qui serait un décompte autrement plus complexe). Le seul indicateur pour comparer – imparfait donc – demeure le nombre de tests effectués par rapport à la population. C’est d’ailleurs l’indicateur que reprend l’IHU dans son graphique.

    A ce concours, l’IHU se félicitait donc que Marseille, avec près de 25 000 tests par million d’habitants, se situe bien au-dessus de l’Italie, la Corée du Sud (les deux pays étaient alors à moins de 10 000 tests par million d’habitants), des Etats-Unis ou encore du Royaume-Uni (qui étaient sous les 5 000 tests par million d’habitants). Notons que la France, à ce moment-là, se trouvait autour de 4 000 tests par millions d’habitants (en incluant Marseille).

    Dans son communiqué, l’IHU se basait sur les données du 31 mars. Dix jours plus tard, ces chiffres ont évolué, parfois fortement (de plus en plus de pays adoptant une stratégie de dépistage massif). Mais Marseille affiche encore un ratio supérieur aux quatre autres pays cités, même si l’écart se réduit : l’Italie, qui teste de plus en plus, se situe par exemple aujourd’hui, avec 853 359 tests réalisés, à plus de 14 000 tests par million d’habitants.

    Les Iles Féroé en tête du classement

    Mais l’équipe de Didier Raoult a en revanche oublié quelques petits pays qui étaient déjà, et demeurent, largement devant.

     

    Au premier rang de ce classement figurent les Iles Féroé. Au 31 mars, le petit pays, territoire autonome du Danemark, revendiquait plus de 4 000 tests pour 52 000 habitants. Soit plus de 78 000 tests par million d’habitants. Très loin au-dessus de Marseille. Au dernier bilan, le 9 avril, les autorités locales évoquaient 5 299 tests. Soit, près de 102 000 tests par million d’habitants. Les autorités revendiquent d’ailleurs d’avoir testé 10% de la population. Le bilan du Covid-19 y est pour l’heure de 184 cas positifs, pour 0 décès.

    Suit de près l’Islande. Le pays, qui a détecté à ce jour 1 616 cas positifs et déplore 6 décès, revendique de «faire beaucoup plus de tests que dans tout autre pays», à l’exception donc des îles Féroé, reconnaît le gouvernement, beau joueur. Avec 30 947 tests pour 364 000 habitants, l’Islande affiche aujourd’hui 85 000 tests par million d’habitants.

    Dans le détail, en Islande, le National University Hospital of Iceland a pratiqué 12 777 tests sur des individus symptomatiques ou susceptibles d’avoir contracté le virus en raison de la proximité d’individus infectés ou pour d’autres raisons. En plus de quoi 18 170 tests ont été effectués par la société deCode Genetics, cette fois sur la population générale, principalement sur des individus qui n’avaient pas été mis en quarantaine et qui étaient généralement asymptomatiques ou présentaient de légers symptômes de rhume ou de grippe. Un peu comme ce qui a été fait à Marseille.

     

    Grâce notamment à ces tests massifs (relativement aux autres pays) et à une stratégie de traçage pour identifier les cas possibles, l’Islande se targue d’avoir su limiter la propagation de l’épidémie parmi la population âgée, contribuant ainsi à un faible taux de mortalité. Sur les 977 infections actives, 54 concernent des personnes de plus de 70 ans (5,2%).

    Le Luxembourg devant Marseille

    Le Luxembourg, enfin, annonçait jeudi 27 521 tests. Sur ce total, 4 871 ont été pratiqués sur des non-résidents. En ne comptabilisant que les tests pratiqués sur les résidents, le pays affiche, compte tenu de la population du pays (626 000 habitants), un ratio de 36 200 tests par million d’habitants. Le pays compte 3 115 cas positifs et 52 décès.

    En résumé : Il est indéniable que l’IHU de Didier Raoult, en raison de ses capacités et de sa politique de dépistage large, a fait de Marseille une ville singulière en matière de tests. Même si plusieurs petits pays ayant eux aussi opté pour le dépistage massif présentent des ratios supérieurs et empêchent d’affirmer que la population marseillaise est la plus testée au monde.

     

    Cordialement

  • Violences de rue : quand le réel s’impose, par Régis de Castelnau.

    Source : https://www.vududroit.com/

    L’affaire « Augustin » du prénom de ce jeune garçon frappé pour avoir voulu défendre des jeunes filles harcelées a provoqué un débat furieux, à l’occasion duquel les belles âmes ont joué leur rôle habituel, sans mesurer la nouveauté de la situation due à l’irruption d’une violence incontrôlable dans les centres-villes jusqu’alors à peu près épargnés et dans tous les lieux estivaux ou les Français souhaitaient pouvoir récupérer un peu du confinement.

    2.jpgLe problème, c’est que l’affaire Augustin, dans sa banalité a été révélatrice, d’abord d’une rage exaspérée de l’opinion publique face à la réalité de cette explosion violente et à l’incapacité volontaire ou pas de l’État de jouer son rôle de protection de la population. Ensuite, la technique qui consiste fort classiquement à disqualifier le messager pour faire sortir du réel ce qu’il raconte, a été porté à un paroxysme tellement grotesque qu’il ne peut plus marcher. On va quand même rappeler que l’agression physique dont a été victime le jeune homme, aboutissant une fracture de la mâchoire et probablement l’obligation d’une opération des vertèbres cervicales, est intervenue alors qu’il prenait la défense de jeunes filles lourdement harcelées par cinq individus bardés dans leur arrogance et leur sentiment d’impunité. La « bobo-sphère », d’abord un peu sonnée est ensuite montée à l’assaut en faisant état des opinions politiques d’un gamin de 17 ans. Paraît-il royaliste, ce qui permet instantanément de le transformer en pétainiste, antisémite, fasciste et pour finir évidemment nazi. Ce qui avait pour conséquence de prétendre que l’agression et le harcèlement n’avait pas eu lieu. Ou en tout cas, n’était qu’une vague « incivilité » comme le raconte l’actuelle novlangue. Marlène Schiappa et Jacques Toubon nous avaient pourtant expliqué que le harcèlement de rue était quasiment un crime contre l’humanité. Et dans l’affaire Clément Méric les belles âmes avaient acclamé un verdict de condamnation d’Esteban Morillo à 11 ans de réclusion criminelle, alors que celui-ci n’avait porté qu’un seul coup à la malheureuse victime. Fort heureusement, le jeune Augustin n’a pas heurté un trottoir en tombant, il en sera quitte pour une alimentation à la paille pendant quelque temps, mais le féminisme et la non-violence des belles âmes se révèlent une fois de plus drôlement à géométrie variable.

    RT m’a posé quelques questions. Je reproduis l’entretien ci-dessous

    Régis de Castelnau

     

    RT : Rebondissant sur la récente agression du jeune Augustin, amplement commentée dans la presse, l’avocat Régis de Castelnau s’exprime auprès de RT France sur l’«ensauvagement» du pays et le «sentiment d’insécurité» des Français. RT France : On assiste depuis plusieurs semaines à une succession de cas de violences plus ou moins relayés dans les médias. L’agression d’Augustin est-elle un énième fait divers ?

     Régis de Castelnau : Ce que le président de la République, suivi ensuite par son nouveau ministre de l’Intérieur, a qualifié d’incivilités, est la conséquence d’un phénomène particulier qui s’est produit cet été dans notre pays. On connaissait déjà et depuis longtemps, les banlieues abandonnées, territoires perdus de la république et laissés à la gestion commune de la pègre, de l’islamisme et du clientélisme politique le plus cynique. La lecture de la presse vous confronte à une litanie de soi-disant fait divers qui présentent tous les mêmes caractéristiques : émeutes, vols avec violences, agressions en bande, trafic de drogue à ciel ouvert, harcèlements sexistes etc. etc. La nouveauté, c’est que les centres-villes, ainsi que les lieux de loisirs estivaux, et ce dans toute la France, ont eux aussi été abandonnés à une délinquance de rue particulièrement violente. Toute la panoplie de ce qui pourrit la vie des couches populaires déjà secouées par le confinement est au rendez-vous. Et en général, on est confronté à une absence d’intervention policière digne de ce nom, et lorsque les voyous sont interpellés, la justice fait preuve d’une absence de réaction tout à fait stupéfiante. Rappelons-nous cette agression au marteau contre un père de famille, ou celle de ce maire demandant de faire moins de bruit et dont les auteurs pourtant identifiés et arrêtés immédiatement été relâchés dans la nature avant même que les victimes aient été entendues. Cette présentation est malheureusement conforme au réel, dans la mesure où tout ceci ne se déroule plus seulement dans les « quartiers » mais dans les centres-villes de tout le pays, pourtant jusqu’à présent à peu près protégés. L’agression du jeune Augustin n’est donc pas un fait divers, mais relève d’un phénomène de masse sur les causes et les conséquences duquel il conviendrait de travailler sérieusement. Alors il est probable que cette partie délinquante de la jeunesse s’est retrouvée complètement disponible compte tenu de la disparition des occupations estivales et de la possibilité des voyages à l’étranger. Il y a également une autre caractéristique que l’on retrouve dans chacune des agressions, c’est l’incroyable sentiment d’impunité qui habite les voyous, et une arrogance liée à ce qui s’est produit avec l’affaire Traoré et l’importation en France des débats américains après la mort de Georges Floyd. La complaisance initiale d’Emmanuel Macron, demandant à sa ministre de la Justice et à son ministre de l’Intérieur de prendre le parti de la famille Traoré, les interventions d’un certain nombre d’intellectuels indigénistes considérant ces violences comme quasiment justifiées par le passé esclavagiste et colonial de la France. Ce qui s’est produit dans notre pays pendant ces longues semaines est un fait politique extrêmement important, qui a élargi la question de l’insécurité en lui donnant des caractéristiques ethniques qu’il est difficile de nier. Ces questions vont constituer un enjeu considérable dans les débats politiques qui s’amorcent dans la perspective de la prochaine présidentielle.

     RT France : Comment interpréter l’absence de réactions (du moins dans l’immédiat) des membres du gouvernement dans cette affaire ?

    Régis de Castelnau : Cette absence de réaction est liée justement à l’ambiguïté de celle d’Emmanuel Macron au moment de la manifestation du comité Adama Traoré au sortir du confinement. La complaisance qu’il a manifestée validant en quelque sorte le récit pourtant mensonger faisant d’Adama Traoré un martyr de la violence systémique et raciste de la police française. Il a quand même demandé, en pleine procédure judiciaire et en violation de la séparation des pouvoirs, à la garde des Sceaux de recevoir la famille plaignante ! Et ensuite, Christophe Castaner, dont il est difficile de penser qu’il agissait de sa propre initiative, a déclaré officiellement que la loi républicaine était d’application à géométrie variable, et que les interdictions de manifestation pour cause de pandémie et par nécessité de protection de la population, n’étaient pas applicables dès lors qu’il s’agissait de défiler pour Traoré ! Il y a probablement d’autres raisons à la discrétion des membres du gouvernement, avec tout d’abord la terreur qui les habite d’être critiqués par les belles âmes et les peoples. Les opinions d’Omar Sy ou de Virginie Despentes ont beaucoup plus d’importance que celles des couches populaires confrontées à cette violence. Ensuite, chez eux aussi, bien placés pour savoir l’incroyable affaiblissement de l’Etat dans ses fonctions régaliennes, la peur que ces interventions répressives voulues par les Français provoquent un embrasement qui deviendrait incontrôlable. Cela en dit long sur la situation que 30 ans de gabegie ont permis d’installer.

     RT France : La droite a largement réagi à cette agression, en usant notamment du slogan «Justice pour Augustin», tandis que la gauche s’est faite plus discrète. Y a-t-il un risque de récupération politique de cette affaire ?

    Régis de Castelnau : La « récupération politique » est chose normale et souhaitable dans un régime démocratique. Les opinions doivent pouvoir se confronter, et les différents courants doivent pouvoir s’exprimer. Le présenter comme un risque est une manœuvre habile visant à éviter d’en parler pour masquer le réel ou à disqualifier l’événement pour lui retirer ses caractéristiques qui permettent de le rattacher justement à cet « ensauvagement » dénoncé par le nouveau ministre de l’Intérieur sous les clameurs indignées de la police du langage, toujours soucieuse de prendre la pose et d’exhiber ce signe extérieur de richesse qu’est son antiracisme. Exprimé en général depuis ses quartiers où elle voit furtivement les travailleurs issus de l’immigration dès lors qu’ils viennent ramasser ses poubelles, faire la plonge dans ses restaurants, tenir les caisses de leur Carrefour City ou garder leurs enfants. On se moque des opinions politiques du jeune Augustin, la seule question qui est posée : a-t-il été passé à tabac à cinq contre un dans un de ces centres-villes abandonnés à la violence ? Je renvoie à Christophe Guilluy décrivant ce phénomène de façon savoureuse. Alors, dans l’affaire Augustin, avec un peu de retard à l’allumage, la bobosphère a essayé de déconstruire la réalité en pointant la personnalité et les opinions politiques du jeune homme. Et ensuite en relevant que des commentateurs qualifiés « d’extrême droite » s’étaient indignés de l’agression. Méthode tout à fait classique, et d’une malhonnêteté confondante que l’utilisation de cet « ami imaginaire » de la « fachosphère », sorte de doudou confortable sur lequel ces braves gens se précipitent pour pratiquer un de leurs sports favoris : le déni du réel. En mettant pour cela en avant opinions politiques du jeune Augustin, alors que la seule question posée est : a-t-il été passé à tabac à cinq contre un dans un de ces centres-villes abandonnés à la violence, parce qu’il intervenait verbalement pour s’opposer à un harcèlement de rue ? Tout le reste n’est que du bavardage.

    RT France : Assiste-t-on à un « ensauvagement » de la société française, comme l’estiment certains politiques et observateurs ; ou s’agit-il d’un effet de loupe dû à l’accroissement de la circulation de l’information?

    ​Régis de Castelnau : Il me semble que ce que l’on appelle « ensauvagement » est la forme particulière qu’a prise la délinquance violente cet été dans un espace public élargi et sur l’ensemble du territoire. La violence délinquante n’est pas nouvelle, et toutes les sociétés en connaissent. La question de son augmentation, surtout en ce qui concerne la délinquance qui affecte la vie des couches populaires, permet un débat sans fin. Statistiques contre ressenti, ce qui permet de prétendre que cette violence diminue, et que l’insécurité n’existe pas et qu’il s’agit simplement d’un « sentiment d’insécurité ». Le problème, c’est que dans une démocratie, ce qui compte c’est justement le « sentiment d’insécurité ». Et que cette prétention à traiter les gens comme des demeurés incapables de prendre en compte la réalité des chiffres est finalement d’une arrogance sociale assez stupéfiante. Il y a environ 243 000 cambriolages par an en France [de résidences principales, chiffre du ministère de l’Intérieur pour 2016], et les professeurs de maintien vous diront à la publication d’une statistique identifiant une diminution de 10 % par exemple, que c’est bien la preuve de la baisse de l’insécurité. Le problème c’est qu’il va falloir l’expliquer aux 218 000 familles restantes qui ont été cambriolées. On leur souhaite bon courage. Je ne pense pas que l’on puisse prétendre à un effet de loupe des réseaux, qui dans l’information ne font que rééquilibrer l’attitude des médias qui, parfois pour des raisons honorables ont tendance à masquer et à minorer Je ne pense pas que l’on puisse prétendre à un effet de loupe des réseaux, qui dans l’information ne font que rééquilibrer l’attitude des médias qui, parfois pour des raisons honorables, ont tendance à masquer et à minorer. Ce qui est incontestable en revanche c’est que les réseaux sont un espace de débat qui reflète les tensions qui travaillent durement la société française. Et il ne faut pas s’imaginer, comme le faisaient les promoteurs de la loi Avia, que c’est en cassant le thermomètre qu’on fera reculer la maladie. Ce qui compte sur cette question, c’est bien justement «le sentiment d’insécurité» qu’il n’est pas possible de traiter en qualifiant d’imbéciles ceux qui le ressentent. Et c’est lui qui aura des conséquences politiques.

    Et compte tenu de ce qui s’est passé cette année, ce sera un sujet majeur.

  • Éphéméride du 27 Février

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    Capture d'écran, film "Jésus de Nazareth", de Franco Zefirelli

     

    36 : Date possible du départ de Judée de Ponce Pilate, qui doit aller se justifier devant l'Empereur Tibère...

     

    Ponce Pilate ne le sait pas encore, mais, arrivé à Rome en 37 - Tibère étant mort entre-temps - le nouvel empereur, Caligula, va le nommer en Gaule, à Vienne, où il mourra; et le même Caligula va également exiler en Gaule - à Saint Bertrand de Comminges -  le roi Hérode Antipas, qui y mourra également.

    Ainsi, deux des trois puissants qui ont eu à juger Jésus de Nazareth viendront-ils finir leurs jours dans ce pays qui n'est pas encore la France, mais qui va le devenir peu à peu...

    Seul le Grand prêtre Joseph Caïphe restera à Jérusalem, pour y mourir. Encore son sort se trouve-t-il - d'une certaine manière - associé à celui des deux autres puisqu'il fut, lui aussi, déchu de sa fonction par le même légat de Syrie, Vitellius - nommé par l'empereur Tibère - qui contraignit Ponce Pilate à aller rendre compte de sa gestion, très critiquée, devant l'empereur, à Rome.

    Petit retour en arrière...

    Ponce Pilate avait été nommé Préfet de Judée par Tibère. Qui nomma également, par la suite, Lucius Vitellius Légat de Syrie.

    Vitellius, mécontent de Pilate et de Caïphe - le Grand Prêtre - destitua le second et obligea le premier à aller se justifier devant l'empereur Tibère, à Rome.

    À la même époque, mais de sa propre initiative, l'ambitieux roi Hérode partit aussi pour Rome, afin de se concilier les bonnes grâces de l'empereur; mais, on l'a vu, mal lui en prit.

    Cet Hérode Antipas est le fils du roi Hérode le Grand, celui qui reçut les Mages, cherchant le roi des Juifs, dont ils avaient vu se lever l'étoile. Il leur demanda de venir le voir, une fois qu'il l'auraient trouvé, afin qu'il puisse, lui aussi, aller l'adorer, mais eux - disent les Évangiles - avertis en songe, rentrèrent dans leurs pays par un autre chemin. Furieux, Hérode fit périr tous les nouveaux-nés : ce fut le massacre des innocents...

    Son fils, Hérode Antipas, avait une personnalité et des moeurs assez troublantes : il fit décapiter Jean le Baptiste, afin de complaire à sa nièce et  épouse, Hérodiade - qu'il avait enlevée à son demi-frère... -  mais aussi et surtout à Salomé, la fille qu'Hérodiade avait eue avant de l'épouser, et dont il était secrètement amoureux.

    Puis c'est à lui que le Sanhédrin et Caïphe envoyèrent Jésus,  pour le juger (photo ci-dessus).  

    Mais comme le vrai pouvoir appartenait aux Romains, et que ni le Sanhédrin ni le roi fantoche Hérode n'avaient le pouvoir de condamner Jésus, Hérode l'envoya à Pilate...

    Les deux acteurs/témoins non-chrétiens de l'Affaire Jésus restèrent à peine deux ans en Gaule : arrivés en 37, ils disparurent tous deux dans le courant de l'année 39 :

    Ponce Pilate à Vienne, où il serait tombé d'une falaise ("aidé à tomber", il aurait plutôt été poussé, selon de tenaces traditions orales...) : le mont Pilat perpétuerait son souvenir;

    et Hérode Antipas à Saint-Bertrand de Comminges (appelée alors Lugdunum Convenarum). 

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    Dion Cassius, Eusèbe de Césarée et Flavius Josèphe (dans ses Antiquités judaïques et dans La Guerre des Juifs) sont les principales sources traitant de ces événements lointains; s'ils se contredisent parfois, ou émettent des affirmations confuses ou incomplètes, le recoupement de leurs affirmations permet cependant d'arriver à une certitude d'ensemble : ainsi, par exemple, Flavius Joseph indique d'abord (dans les Antiquités judaïques) qu'Hérode fut exilé "à Lugdunum", et donc certains pensèrent qu'il fut exilé avec - ou "à côté de" - Ponce Pilate, dans l'actuelle ville de Lyon; mais, ensuite, dans La guerre des Juifs, le même Flavius Josèphe affirme que c'est "en Hispanie" que fut exilé Hérode : les frontières étant moins précises à l'époque qu'aujourd'hui, il ne peut donc plus s'agir que de Lugdunum convenarum, devenue Saint-Bertrand de Comminges, tout à côté de l'Espagne actuelle, et non pas de la "grande" Lugdunum, la Lyon d'aujourd'hui...

    Ainsi donc, parmi les autres nations chrétiennes, c'est un sens particulier que prend, en Gaule - puis en France - l'expression "racines chrétiennes" : car, on vient de le voir, dès les débuts de la religion chrétienne, la Gaule fut associée, si l'on peut dire, et quelle qu'en soit la façon - en l'occurrence, paradoxale, pour employer un terme philosophique - à la nouvelle religion, qui n'allait pas tarder à devenir celle du peuple presque tout entier, par l'évangélisation : avec Saint Irénée, qui avait connu Polycarpe, disciple de Saint-Jean l'évangéliste (voir l'Éphéméride du 28 juin), ce sont des représentants des tous premiers disciples - et non plus seulement deux des trois acteurs/témoins des débuts du christianisme - qui arrivent en Gaule : saint Irénée, arrivé en 157, rejoint Pothin, à Lyon, dont il devint le deuxième évêque, puisqu'il succéda à Pothin, victime (avec Blandine et ses compagnons) de la grande persécution de Marc-Aurèle en 177. 

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    Le mont Pilat est situé dans le département de la Loire, au sud-est de Saint-Étienne et au sud-ouest de Vienne et Givors :  simple accident, suicide, ou bien "aidé à tomber", c'est de ce mont Pilat que Ponce Pilate - qui lui a donné son nom - aurait "chuté" en 39, cette même année qui vit disparaître également son comparse/complice dans "l'affaire Jésus" : le roi Hérode Antipas...

    27 fevrier,chartres,henri iv,reims,guyanehttp://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2007/arc_070316.htm 

     

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    303 : Célébration de Sainte Honorine

     

    Martyrisée  au IVème siècle, durant la dernière persécution romaine, Honorine était originaire de la tribu gauloise des Calètes (Pays de Caux). Mise à mort à Lillebonne, son corps fut jeté dans la Seine toute proche, puis recueilli à Graville (actuel quartier du Havre) où elle fut enterrée.

    Elle serait restée fort peu connue du grand public - à l'exception des diocèses de Rouen et Bayeux - s'il n'y avait eu... les invasions Vikings, dans ce qui n'était pas encore la Normandie, et beaucoup plus loin encore : pour échapper aux envahisseurs, les habitants remontèrent le fleuve, dépassèrent Paris, et apportèrent le corps de "leur" sainte à Conflans, au confluent de la Seine et de l'Oise, qui devint ainsi Conflans-Saint-Honorine, et demeure aujourd'hui la capitale française de la batellerie...

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    Dans "la première ville de province à deux pas de Paris", les reliques de Sainte Honorine se trouvent dans l'église Saint Maclou... 

     http://www.conflans-sainte-honorine.fr/decouvrir-et-sortir/decouvrir-la-ville/histoire/

     

     

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    1594 : Henri de Navarre est sacré roi en la cathédrale de Chartres, et devient Henri IV

     

    Après l'assassinat d'Henri III, avec qui il assiégeait Paris (voir l'Éphéméride du 30 juillet), Henri III de Navarre est devenu roi légitime de France, sous le nom d'Henri IV, premier "roi de France et de Navarre"...

    Mais il lui est impossible d’organiser la cérémonie à Reims puisque la ville se trouve encore sous l’autorité des Guise, maîtres de Paris et chefs incontestés de la révolution catholique de la Ligue.

    Le roi, qui vient de se convertir, agit dans une logique politique : il espère ainsi mettre fin au pouvoir de la Ligue, qui ne pourra plus s’opposer à un roi devenu catholique.

    Dans cette optique, il recevra l’absolution du pape en 1595 (voir l'Éphéméride du 18 septembre).

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    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XI, Henri IV restaure la monarchie et relève l'État :   

    "...La ligue fut une révolution catholique mais une révolution. Et Michelet a écrit ce mot qui va loin : "La Ligue donne pour deux cents ans l'horreur de la République." Au siècle suivant, cette horreur sera renouvelée par la Fronde.

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    À la mort d'Henri III , la France, au fond d'elle-même, aspirait au retour de l'ordre. On se représente ce que trente ans de guerres civiles avaient déjà coûté. Quatre millions d'hommes peut-être. Et que de ruines ! "Pitié, confusion, misère partout", disait Henri IV. Le plus grand des maux, cause de tout, c'était encore l'anarchie. Qui gouvernerait ? La Ligue à Paris, et dans la plupart des grandes villes. Et l'esprit républicain des ligueurs ne le cédait guère à celui des protestants. Dans les provinces, des gouverneurs se taillaient des principautés. Le gouvernement légitime, régulier, n'était plus qu'un parti, celui des royalistes, et il s'en fallait de beaucoup qu'il fût le plus fort. Il avait pourtant l'avenir pour lui, comme le distingua tout de suite le Sénat de la République de Venise, qui fut la première puissance en Europe à reconnaître Henri IV.

    Sans l'affaire de la religion, Henri de Bourbon n'aurait pas eu de peine à reconquérir son royaume. Il dut à la fin se convaincre que, si la France désirait un roi, elle ne voulait qu'un roi catholique. Choisir l'heure de la conversion, c'était la difficulté. Henri IV eût préféré ne se convertir que vainqueur, librement. S'il avait abjuré dès le lendemain de la mort d'Henri III, comme on l'en pressait, tant de hâte eût été suspecte. Il n'eût pas été sûr de désarmer les ligueurs et de rallier tous les catholiques, tandis que les protestants, qui déjà n'avaient en lui qu'une confiance médiocre, l'eussent abandonné. Pour ne pas tout perdre, il devait courir sa chance, attendre d'être imposé par les événements.

    La joie de Paris à la nouvelle du crime de Saint-Cloud, l'exaltation du régicide par la Ligue, l'avertissaient assez que l'heure n'était pas venue. Dans sa déclaration du 4 août, il se contenta de jurer que la religion catholique serait respectée et que, dans les six mois, un concile déciderait de la conduite à tenir. Cette demi-mesure, peut-être la seule à prendre, ne contenta pas tous les royalistes dont certains refusèrent de le servir tandis qu'un grand tiers de l'armée protestante s'en alla, reniant ce parjure. Sans la noblesse, qui lui fut généralement fidèle et mérita bien de la France, il n'eût gardé que bien peu de monde autour de lui..."

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    Abjuration d'Henri IV
     
     

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    1984 : Le Belem classé Monument historique...
     
     
    Cet impressionnant navire sera observable des côtes du Golfe.
     

    https://www.fondationbelem.com/belem/histoire

    Entièrement restauré dans les années 1980, alors qu'il était dans un bien triste état, et près de sombrer dans l'oubli, voire la destruction, le Belem apporta la flamme olympique à Marseille, depuis la Grèce, à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris, en 2024...

     
     
     
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    2007 : Création du Parc national de Guyane

     

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

     

     

    lafautearousseau

  • Éphéméride du 21 mars

    21 mars 1908 : Premier numéro de L’Action française quotidienne

     

     

     

    1098 : Fondation de l'Abbaye de Cîteaux   

            

    Robert, de l'Abbaye de Molesme, avec une vingtaine de compagnons, veut en revenir à une observance plus stricte que celle qui était pratiquée dans les monastères de l'époque... 

    citeaux.JPGPour bien mesurer l'importance que devait revêtir cette fondation : de Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, pages 980/981) :

    "...Cîteaux.... ne prit vraiment son essor qu'avec l'arrivée au monastère (printemps 1112) du jeune Saint Bernard, accompagné d'une trentaine de parents et d'amis...

    ...Dans le monde monastique du XIIème siècle où l'influence des "moines noirs" de Cluny était prédominante, Cîteaux se distinguait à la fois par sa spiritualité et par son organisation. Au nom d'un retour à la lettre de la règle de saint Benoît, les "moines blancs" s'insurgeaient contre la richesse excessive des monastères clunisiens, contre le luxe de leurs églises, contre l'alourdissement de la liturgie et l'abandon du travail manuel, laissé de plus en plus à des serfs. Les cisterciens revenaient à la simplicité et à la pauvreté primitive dans leurs vêtements, dans leur nourriture comme dans l'aménagement des églises et l'ordonnance du culte; vivant uniquement du travail manuel, cultivant eux-mêmes leurs terres, ils n'acceptaient ni terres données en bénéfice, ni serfs, ni dîmes. Établis à l'écart des villes, dans des endroits inhospitaliers, ils essayaient de faire revivre l'idéal des anciens Pères du désert...

     

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    Deux vues des galeries du Cloître, ci-dessus et ci-dessous...
     
     

    Un puissant mouvement de ferveur, dû, pour une large part, au rayonnement personnel de Saint Bernard, qui avait pris la direction de Clairvaux dès 1115, fit faire au nouvel ordre des progrès très rapides... Le nombre des abbayes cisterciennes passa de 19 en 1119 à 34 à la mort de Saint Etienne Harding (1134), à 343 en 1153, date de la mort de Saint Bernard. À la fin du XIIème siècle, auquel on a pu donner le nom de "siècle cistercien", on comptait 525 abbayes, et près de 700 à la fin du XIIème siècle...

     

    Dans le domaine économique, les cisterciens contribuèrent au grand effort de défrichement qui animait l'Europe du XIIème siècle. Disposant de domaines beaucoup moins étendus et beaucoup moins propices (forêts, régions marécageuses) que les clunisiens, ils les mirent en valeur, pour l'agriculture et surtout pour l'élevage, par un travail systématique dévolu non à des serfs, mais à des religieux laïcs, les frères convers; ceux-ci oeuvraient généralement dans les terres les plus éloignées des monastères, où ils ne revenaient que chaque dimanche, après avoir passé la semaine dans des exploitations appelées "granges".

     

    D'une égale importance fut l'action artistique des cisterciens, surtout dans l'architecture... À partir de 1150, les architectes de l'ordre adoptèrent sans restriction la voûte d'ogives. Dans ce domaine, "la grande importance de l'ordre cistercien vient du fait qu'il a transmis de Bourgogne dans toute l'Europe des conceptions architecturales françaises".

     

    citeaux 2.JPG

    http://www.citeaux-abbaye.com  

    http://www.citeaux.net/familia.htm  

     

    voir la photo "L'Empire de Cîteaux"
     
     
     

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    1358 : Le Dauphin Charles quitte Paris, aux mains de la révolution d'Étienne Marcel

     

    Il est le premier des quatre rois - ou détenteurs de fait du pouvoir royal ou de la légitimité royale... - à devoir quitter Paris pour sauver sa vie et son trône, avant d'y revenir en maître, après avoir vaincu les factieux...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawEn 1358, le jeune Dauphin Charles n'a que vingt ans. Son père, Jean II le Bon étant prisonnier des Anglais (il mourra d'ailleurs en captivité, à Londres...), le Dauphin est Régent du Royaume, mais un royaume vaincu, ruiné, pillé, et dans lequel les Grands vont tâcher de profiter des difficultés de la monarchie pour reprendre et étendre leurs pouvoirs...

    Le 22 février 1358 (ci contre), sous les yeux du Dauphin épouvanté, les émeutiers conduits par Étienne Marcel massacrent les seigneurs de Conflans (Maréchal de Champagne) et Robert de Clermont (Maréchal de Normandie), dans la salle même où se trouve le futur Charles V. Mais Étienne Marcel - le Prévôt des marchands, qui conduit la révolution - est trop sûr de lui, et trop tôt : il fait reculer les émeutiers; s’adressant au jeune prince, il lui affirme qu'il n'a rien à craindre; et, pour mettre le Dauphin définitivement à l’abri, il le coiffe de son propre chapeau rouge et bleu, aux couleurs de la ville de Paris - le signe de ralliement des émeutiers - tandis que, lui, s’empare de la toque à glands dorés de Charles pour la poser sur sa propre tête... (voir l'Éphéméride du 22 février).

    435 ans plus tard, c'est presque la même scène qui se déroulera, lorsque Louis XVI sera contraint de s'affubler d'un bonnet rouge et de boire avec les révolutionnaires...

    Ce 21 mars de la même année, le Dauphin juge donc plus sage de s'éloigner de sa capitale, aux mains des émeutiers, et se dirige vers les "bonnes villes" de Champagne, ralliant aussi les barons de l'Artois et de la Picardie : Étienne Marcel ayant été assassiné le 31 juillet, le Dauphin réussit à revenir dans Paris, triomphant, cinq mois plus tard, le 2 août. 6 ans après, à la mort en captivité de son père en 1364, le Dauphin devint Charles V, le Sage, redonnant au royaume puissance et prospérité : bien servi par Jacques Coeur et du Guesclin, à sa mort, les Anglais ne possédaient plus que Calais et la Guyenne en France...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawUn demi-siècle plus tard, un autre Dauphin Charles quitta Paris, en mai 1418, à l'âge de quinze ans : il s'agissait du futur Charles VII, fils de Charles VI et petit-fils de Charles V, dont nous venons de parler. Si elle est personnellement moins violente et brutale que celle de son grand-père, la situation politique du Dauphin est certainement plus catastrophique : après douze années d'un règne prometteur, le roi Charles VI, son père fut subitement atteint de démence intermittente. Une guerre civile éclata entre Armagnacs et Bourguignons, tandis que les Anglais en profitaient pour reprendre pied dans le royaume : ils s'allièrent aux Bourguignons, et trouvèrent dans la propre femme de Charles VI une alliée inespérée, qui signa le Traité de Troyes (21 mai 1420), déclarant "bâtard" le Dauphin Charles, acceptant le mariage d'Henri V d'Angleterre avec une fille de Charles VI, et le reconnaissant comme héritier du royaume de France...

    Deux ans auparavant, le Dauphin avait quitté Paris, aux mains des Bourguignons - donc, des Anglais... -  et s'était réfugié à Bourges, d'où le sobriquet de petit roi de Bourges, reconnu seulement par le Midi de la France, quelques terres dans l'Est et une partie du Centre du pays. Tout le reste du royaume, y compris bien sûr Paris, reconnaissait le roi Anglais.

    C'est alors que tout semblait perdu, et que la dernière grande ville, Orléans, la ville symbole de la fidélité à la légitimité allait tomber, que parut Jeanne d'Arc, reçue par Charles en février 1429, et qui, trois mois plus tard, libérait Orléans et emmenait le Dauphin à Reims, pour y devenir Charles VII : le nouveau roi fit son entrée triomphale dans la capitale le 12 novembre 1437...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawAlors que les futurs Charles V et Charles VII n'étaient que Dauphins, et Lieu-tenants du royaume lorsqu'ils jugèrent bon de quitter Paris, Henri III, lui, fut le premier roi régnant à devoir quitter la capitale, pour sauver sa vie et son trône : l'hystérie "religieuse" était telle que La Sorbonne était allé jusqu'à délier les Français de leur devoir d'obéissance au roi légitime, sacré à Reims !

    Le 13 mai 1588 - on en est alors à la dernière des huit Guerres de Religion qui ont ensanglanté la France - le roi se dirige vers Chartres, puis fait sa jonction avec l'autre Henri III : Henri de Navarre, un Bourbon, descendant du dernier fils de Saint Louis, et qui sera appelé à lui succéder. Henri III, en effet, bien que catholique - et Bainville l'a bien expliqué -  n'a pas transigé sur le principe de légitimité dynastique, qui faisait la force de la monarchie. Henri III paiera de sa vie ce que Bainville appelle, en toute justice - son "dévouement".

    Un peu plus d'un an après avoir quitté Paris, Henri III y revient pour l'assiéger, avec Henri III de Navarre, le 30 juillet 1589 : deux jours après, il est assassiné par Jacques Clément, Henri III de Navarre devient Henri IV, premier Roi de France et de Navarre...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawLe dernier roi régnant à avoir quitté Paris dans des conditions tragiques - c'est l'époque de La Fronde... - est un enfant : une première fois, dans la nuit du 5 au 6 janvier 1649, terrorisé, le petit Louis XIV - il n'a pas onze ans... - est emmené par sa mère et par le cardinal Mazarin à Saint-Germain, où il est mis en sécurité.

    Une autre fois, dans la nuit du 9 au 10 février 1651, il a du faire semblant de dormir, lorsque des Frondeurs ont pénétré dans sa chambre pour s'assurer de sa présence : toute sa vie, il se souviendra de ces épreuves, de ces terreurs d'enfant face à cette agitation incompréhensible pour le petit garçon qu'il était, de ces humiliations; et il n'est pas exagéré de dire que le très mauvais souvenir de la Fronde est l'une des clés majeures permettant d'expliquer le règne du plus grand roi du monde...

    Louis XIV ne reviendra définitivement à Paris que le 21 octobre 1652 : mais ce sera en maître absolu, cette fois, et pour remettre de l'ordre dans le Royaume et le Royaume en ordre : le Grand Siècle peut commencer...

     

    Ici, deux mentions spéciales doivent être faites : pour Louis XVI, d'une part, et pour Charles X et Louis-Philippe, d'autre part...

     

  • Une utile recension de citations - vérifiées... - sur la théorie du genre, par LL2B

    gender.jpgNous avons reçu le courrier suivant :

    "...Très fidèle lecteur de votre lettre quotidienne, et observateur critique de nos "avancées sociétales", un constat s'impose : la Toile est souvent truffée de citations à charge - ou à décharge -.

    Selon le degré de bonne ou mauvaise foi dans l'argumentation, force est de constater que nombre de ces citations sont soit tronquées, soit sont opportunément complétées, soit purement inventées.

    Le débat sur la Théorie du Genre donne lieu à des salves de citations qui desservent leurs promoteurs lorsqu'il s'avère qu'elles sont "arrangées" ou fausses. La liste que je vous joins a été épurée (de celles dont les références précises sont introuvables ou douteuses). Nul n'est à l'abri d'erreurs, mais en l'occurence, pour ce petit travail de recherches, elles ne seraient pas volontaires.

    Je vous adresse donc ce petit fichier qui pourrait étoffer vos archives... LL2B"

    Merci à notre lecteur, et voici donc son très utile travail de recension : La théorie du Genre - Le totalitarisme condescendant des sociologues - Morceaux choisis et …vérifiés.

    1. "Ce qui est en cause, c'est l'hétérosexualité en tant que norme. Il nous faut essayer de penser un monde où l'hétérosexualité ne serait pas normale". Éric Fassin, sociologue. Parcours : Parti Communiste; voir http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Fassin; professeur à l’Université Paris-8 Vincennes-Saint Denis (Département de science politique et Centre d’études féminines et d’études de genre) dans « Homme, femme, quelle différence ? La théorie du genre en débat », avec Véronique Margron, coll. Controverses, éditions Salvator, septembre 2011, p. 25

     

    2. "La laïcité, c'est ce qui protège l'enfant et garantit aux enfants les mêmes droits et l'accès aux mêmes valeurs. Les enfants n'appartiennent pas à leurs parents." Laurence Rossignol, sénatrice PS. Parcours : LCR, CGT; voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Rossignol; 5 avril 2013, en direct sur France 2, émission "Ce soir ou jamais".

     

    3. "Le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité, c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pouraprès faire un choix." Vincent Peillon, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Peillon; entretien au "Journal du dimanche", 1er septembre 2012.Et, du même :

    http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Vincent-Peillon-veut-enseigner-la-morale-a-l-ecole-550018 :                                                                 

    * "Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église. Non pas seulement l’Église catholique, mais toute Église et toute orthodoxie." Vincent Peillon, dans "Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson", Le Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2010, p. 277.

    * "Il faut donc à la fois déraciner l'empreinte catholique qui ne s'accommode pas de la République et trouver, en dehors des formes religieuses traditionnelles, une religion de substitution qui arrive à inscrire jusque dans les moeurs, les coeurs, la chair, les valeurs et l'esprit républicain sans lesquels les institutions républicaines sont des corps sans âme qui se préparent à tous les dévoiements." Vincent Peillon, dans "Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson", Le Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2010, p. 34.

    * "La laïcité française, son ancrage premier dans l'école, est l'effet d'un mouvement entamé en 1789, celui de la recherche permanente, incessante, obstinée de la religion qui pourra réaliser la Révolution comme promesse politique, morale, sociale, spirituelle. Il faut pour cela une religion universelle : ce sera la laïcité. Il lui faut aussi son temple ou son église : ce sera l'école. Enfin, il lui faut son nouveau clergé : ce seront les hussards noirs de la république." Vincent Peillon, dans "Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson", Le Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2010, p. 48.

     

    4. "Je voulais pouvoir faire un film qui milite à un endroit où ça allait fonctionner, où je n'allais pas m'adresser à des gens déjà convaincus, parce qu'il y a une promesse de cinéma derrière. J'ai le souci de ces équilibres : il faut toucher un maximum de gens avec des messages subversifs et politiques. Pour ça, il faut se soucier de la forme." Cécile Sciamma (http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9line_Sciamma), réalisatrice de "Tomboy", film projeté en classes de CE2, CM1 et CM2, dans le cadre du programme "École et Cinéma", destiné à sensibiliser (sic) les élèves au septième art, et mis en place par les ministères de l'Éducation nationale et de la Culture. Interview le 13 septembre 2011 par Thomas Hadjukowicz : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-17660--Il-y-avait-urgence-alegiferer-sur-l-enseignement-des-questions-de-genre-.htm (site de la chaîne TV5 Monde)

     

    5. * "Une femme doit pouvoir y recourir (à la PMA, ndlr), soit parce qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, soit parce qu’elle ne souhaite pas avoir une relation avec un homme." François Hollande ; interview à "Grazia", 24 février 2012.

        * "Êtes-vous favorable à l’ouverture de la procréation médicale assistée (PMA) aux couples de lesbiennes ? Oui, je l’ai dit". François Hollande ; interview à "Têtu", 29 avril 2012. 

     

    6. "Je suis pour la GPA accessible à tous les couples." Jean-Pierre Michel (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Michel ), sénateur PS, rapporteur du texte de loi sur le "Mariage pour tous"; 31 janvier 2013.

     

    7. "Encadrer la gestation pour autrui, c'est reconnaître que cette liberté et ce projet ne s'arrêtent pas aux frontières biologiques. Des parents, des géniteurs, une gestatrice peuvent permettre, ensemble, la venue au monde d'un enfant. Il revient à la société de fixer le cadre nécessaire à la protection de cette liberté." Najat Vallaud Belkacem (http://fr.wikipedia.org/wiki/Najat_Vallaud-Belkacem ), alors Secrétaire nationale du PS ; co-signataire de la tribune parue dans "Le Monde", le 13 décembre 2010 :

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/13/gestation-pour-autrui-un-cadre-contre-lesderives_1451958_3232.html

     

    8. "Il faut en finir avec la filiation biologique pour en venir à une filiation volontaire" *. Erwan Binet, député PS de l’Isère(http://fr.wikipedia.org/wiki/Erwann_Binet ), rapporteur de la loi Taubira; déclaration à l’Assemblée nationale; voir http://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r0922.asp

    * "volontaire", c’est-à-dire imposée sans débat par les idéologues (ndla)

     

    9. "(Cet amendement a pour objet) l'intégration dans la formation dispensée dans les écoles élémentaires d'une éducation à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la déconstruction des stéréotypes sexués. Il s'agit de substituer à des concepts tels que "le sexe" ou "la différence sexuelle" le concept de "genre" qui montre que les différences entre le différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature mais sont historiquement construites et socialement reproduites." Julie Sommaruga, député PC des Hauts-de-Seine (http://fr.wikipedia.org/wiki/Julie_Sommaruga ), dans "Compte-rendu du projet d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République"; Assemblée nationale, 28 février 2013. Voir : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/cr-cedu/12-13/c1213031.pdf

     

    10. "Quelle idéologie véhiculerait donc la théorie du genre ? Elle se borne à dire que des hommes et des femmes ne se retrouvent pas dans leur état biologique et se construisent autrement. Ce n'est que le constat d'un vécu, qu'il faut prendre en compte. Nous demandons l'égalité des genres." Marie-Geoges Buffet (http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-George_Buffet); Assemblée nationale, 28 février 2013. Voir : http://www.nosdeputes.fr/marie-george-buffet/interventions?page=20

     

    11. "(Je ne vois) aucun inconvénient à la polygamie, ni à l'inceste, ni au mariage avec les animaux s'il y a consentement mutuel, ce qui est plus compliqué avec les animaux… Loin de s’achever aujourd’hui, les politiques minoritaires ouvrent une brèche dans laquelle il importe de s’engouffrer pour repenser l’ordre sexuel et social." Ruwen Ogien, "philosophe" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ruwen_Ogien ), directeur de recherches au CNRS; Journée d’étude IRIS (CNRS) sur le thème "Au-delà du mariage : de l’égalité des droits à la critique des normes", colloque à l’EHESS d’Angers le 8 avril 2013. Cité dans "Famille chrétienne", n° 1844 (24 mai 2013), p. 11.

     

    12. "La subversion des normes est intrinsèquement liée à la transformation du droit, car c’est par le droit que les normes sont imposées à tous." Didier Éribon, sociologue et philosophe (!), (http://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Eribon ), professeur à la Faculté d’Amiens; Journée d’étude IRIS (CNRS) sur le thème "Au-delà du mariage : de l’égalité des droits à la critique des normes", colloque à l’EHESS d’Angers le 8 avril 2013.

     

    13. "Nous ne pouvons pas faire de disti

  • Livres & Société • Quel est celui que l'on prend pour Michel Houellebecq ?

     

    Par Sébastien Lapaque           

    TRIBUNE - La parution du Cahier de L'Herne consacré à l'auteur de Soumission permet de mieux connaître l'écrivain le plus célèbre et le plus méconnu de son époque, estime Sébastien Lapaque, dans cette remarquable tribune [Figaro - 4.01]. Analyse foisonnante, où tout retient l'attention, provoque la réflexion, suscite l'adhésion, fût-elle partielle. Un certain nombre d'entre nous se souviendront, à lire ces lignes, que la jeunesse de Sébastien Lapaque fut d'Action française. A la manière de Bernanos, dont il ne s'est, semble-t-il, jamais éloigné. Tout mérite l'intérêt du lecteur dans cette tribune. S'il faut en détacher un seul élément, nous retiendrons celui-ci :  « Michel Houellebecq est français par toutes les fibres de son être. »  LFAR

     

    XVM0873a6c0-d2ad-11e6-a9e9-ec8855ae56b6.jpg« Lapaque, tu n'arriveras pas à faire de moi un écrivain catholique !» m'avertissait un jour Michel Houellebecq, avec lequel j'essayais sans doute de reparler de saint Paul, de Pascal et de Péguy. C'était en avril 2013 au moment où Configuration du dernier rivage paraissait en librairie. Dans ce recueil, il me semblait avoir trouvé des poèmes où passait l'ombre de la foi. Par exemple celui-ci : « Disparue la croyance / Qui permet d'édifier / D'être et de sanctifier, / Nous habitons l'absence. » J'en parlais à l'écrivain. Mais il était tard, à Paris, je ne me souviens plus de tout. Après les verres de blancs, descendus tout seuls, Houellebecq avait bu deux, trois, de nombreux verres de Grand Marnier, simplement accompagné de glaçons.

    La première fois que j'avais vu Michel Houellebecq, c'était en 1996, au premier étage du café de Cluny, où Arthur Rimbaud calligraphia jadis un quatrain scatologique sur les murs des toilettes. Aujourd'hui, les sauvageons ont moins souvent l'insolence rimeuse et le café de Cluny a cédé la place à une pizzéria qui régale des touristes japonais de plats réchauffés par des Pakistanais sous-payés. N’importe ! Je revois comme si c'était hier Houellebecq assis dans la grande salle où Verlaine s'étiola à l'absinthe. Avec Luc Richard, nous étions venus interroger pour la revue Immédiatement le poète signalé de La Poursuite du bonheur (1991) et du Sens du combat (1996), qui n'était pas encore le romancier couvert de gloire des Particules élémentaires (1998), de La Carte et le Territoire (2010) et de Soumission (2015). Le succès d'estime de son roman Extension du domaine de la lutte (1994) avait cependant commencé d'établir sa réputation parmi les vrais lecteurs ; et celle-ci n'était pas encore mauvaise chez les agents de la circulation idéologique.

    Avec Michel Houellebecq, nous avions parlé du Christ, de la malédiction de Babel, de la liberté et de la grâce, de la raison raisonnante, du péché originel, de la Réforme protestante, de la gloire de Dieu et du salut du monde. Notre entretien, publié dans le n°2 d'Immédiatement, en décembre 1996, avait déclenché des orages. « Nazifacho », « national-révolutionnaire » et tout le tremblement… Ça nous apprendra d'aller à la messe le dimanche. Stratège prudent entouré d'une cour de vigilants, Michel Houellebecq l'avait prudemment fait disparaître du volume de « réflexions théoriques » intitulé Interventions, publié avec Les Particules élémentaires, roman choc destiné à obtenir le prix Goncourt à l'automne 1998.

    Cette pièce à conviction reparaît à deux décennies de distance, dans le Cahier de l'Herne consacré à Michel Houellebecq. On le découvrira pour vérifier mon obstination. « Lapaque, tu n'arriveras pas à faire de moi un écrivain catholique !» A l'époque, déjà, j'essayais vainement de lui faire parler d'une montée transgressive vers le dieu qui s'élucide notamment dans ses poèmes. « A rebours », comme dirait Huysmans, Michel Houellebecq semble cheminer vers le porche du mystère, recherchant l'abondance du péché pour provoquer la surabondance de la grâce.

    Depuis notre conversation de 1996, et malgré le moment « bouddhiste » de Platerforme (2001) et de La possibilité d'une île (2005) destiné à amuser les cancres des Inrockuptibles, l'écrivain a souvent expliqué qu'il avait essayé de se convertir au catholicisme mais que Dieu ne voulait pas de lui. Dieu n'en voudrait pas ? Je ne critique pas le côté farce, mais pour le fair-play, il y aurait quand même à redire.

    Dans L'Herne, c'est à Maurice G. Dantec, écrivain prodigue mort en juin 2016, qu'il revient de répondre à Michel Houellebecq. « La foi est une grâce. Là-dessus Michel, tu n'y peux rien. Mais bizarrement, nous catholiques, on est du côté de la raison. On n'est pas des fidéistes comme les islamistes. Tu peux te faire baptiser sans avoir une foi foudroyante. Si tu crois à l'Ancien et au Nouveau Testament, si tu penses que le peuple juif est probablement le peuple le plus important de l'histoire humaine, si tu crois que la civilisation occidentale, pas celle décadente d'aujourd'hui mais celle de ses fondations, celle du Moyen Age, celle de la haute Antiquité, les Grecs, les Romains, ça a une valeur, fais-toi baptiser, et confirmer. Je te le dis comme ça. On n'est pas des fidéistes, tu n'es pas obligé d'avoir, je te répète, une foi mégatonnique. Mais si tu es du côté de la raison, tu comprendras que la foi catholique, c'est la seule vraie. Et donc dans ce cas-là, va voir un prêtre, fais-toi baptiser et confirmer, tu seras sauvé. Ça sera un beau cadeau pour toi, je dirais. » Romancier démiurge, génial et fou, Dantec avait des intuitions lumineuses et surprenantes. Et sa fusée d'outre-tombe établit un lien nécessaire entre l'Ancien et le Nouveau Testament, partant entre juifs et chrétiens. Seule une lecture incomplète de Soumission, sorti le 7 janvier 2015, le jour de la tuerie islamiste à la rédaction de Charlie Hebdo, peut laisser penser que « ce roman fantasme (…) une réconciliation entre les courants identitaires de tradition catholique et un Islam rigoriste », ainsi que le fait Marc Weitzmann dans L'Herne. C'est dommage, car la subtile réflexion de Weitzmann sur l'œuvre de Houellebecq et sa route d'écrivain est par ailleurs une des plus libres et des plus intéressantes. Comment peut-il évacuer de manière si légère le personnage central de Myriam, le dernier amour de François, le narrateur de Soumission, qui la regarde avec désespoir s'exiler en Israël avant de céder à la proposition islamique et à la volonté de puissance subséquente ? Comme Marie, mère de Jésus, Myriam en hébreu, fille juive de Judée, héritière d'une longue lignée de matriarches illustrée par Sarah, Rebecca, Rachel et Léa, figure centrale de la foi catholique qui appartient cependant entièrement à la Bible hébraïque, la Myriam de Soumission ne sépare pas les juifs et les chrétiens. Elle les unit.

    Dans notre entretien de 1996, Houellebecq avouait son émerveillement pour la place faite par l'Eglise à Marie-Myriam, « Celle qui pleure », comme disait Bloy. « J’ai d'ailleurs la plus profonde estime pour le catholicisme. (…) Il a attribué un rôle très important à la Vierge, à tel point qu'on peut se demander si à certaines époques comme le Moyen Age, on ne mettait pas la Vierge au centre de tout. » L'homme qui parle ainsi ne peut pas souhaiter voir « les Juifs en Israël », comme le suggère Marc Weitzmann. Qui a lu La Carte et le Territoire, prix Goncourt 2010, sait que Michel Houellebecq est français par toutes les fibres de son être. Or un Français ne peut pas ignorer ce que le philosophe Michaël Bar-Zvi rappelle avec passion dans Israël et la France, l'alliance égarée (éd. Les Provinciales, 2014). La rencontre entre juifs et chrétiens, dans le cher et vieux pays, n'est pas circonstancielle. Elle est consubstantielle. Israël n'est pas une greffe sur l'arbre français. C'est le tronc lui-même, ainsi que Charles Péguy, que Michel Houellebecq aime plus qu'il n'ose généralement le dire — ce qu'il aurait dû rappeler à Bernard-Henri Lévy à l'occasion de leur dialogue de sourds —, s'est acharné à l'expliquer aux antisémites dans Notre Jeunesse. Les Capétiens n'étaient-ils pas réputés descendre directement d'une des tribus perdues d'Israël, ainsi que Colette Beaune l'a expliqué dans Naissance de la nation France ? Et le roi de France nommé novus David, nouveau David, au moment où il recevait l'onction sacrée dans la cathédrale de Reims ?

    Avec le départ de Myriam pour Israël et l'échec de la conversion de François au catholicisme, la défaite mise en scène dans Soumission est double et la France y perd doublement son âme. Pour éviter d'être « soit dans l'anathème, soit dans la génuflexion », ainsi que le déplore Marc Weitzmann, qui se désole d'avoir assisté à l'apparition d’ « un phénomène de cour autour de lui », il faut savoir lire Michel Houellebecq sans être dupe de son art de jouer avec les situations d'énonciation.

    Quel est celui que l'on prend pour Michel Houellebecq ? C'est la question qui venait à l'esprit en visitant l'exposition « Rester vivant » présentée au Palais de Tokyo entre juin et septembre 2016 ; elle continue d'être posée par le Cahier de l'Herne qui est présentement consacré à l'écrivain, avec des interventions, des contributions, des documents et des témoignages venus d'horizons très variés — mais tous parfaitement under control, ainsi qu'on le pressent. Comme l'exposition du Palais de Tokyo, L'Herne Houellebecq est une façon d'installation conçue par l'écrivain lui-même pour modifier la perception de son œuvre et de sa vie. Pourquoi pas ? S'élaborer soi-même est le privilège de l'artiste, qui est libre de s'inventer et de se réinventer en faisant « de son corps, de ses comportements, de ses sentiments et passions, de son existence une œuvre d’art » ainsi que l'avait observé Michel Foucault à propos de Charles Baudelaire. Nous préférons voir Houellebecq et son œuvre déconstruits par lui-même, et par quelques-uns de ses amis, plutôt que ses romans soumis à un interrogatoire de police. Il y a des gens qui savent lire, au sommaire de ce Cahier d'un genre un peu particulier : Michka Assayas, Frédéric Beigbeder, Sylvain Bourmeau, Emmanuel Carrère, Pierre Cormary, Dominique Guiou, Jérôme Leroy, Michel Onfray, Lydie Salvayre et Marin de Viry. D'autres dont l'intelligence nous manque, comme Bernard Maris et Philippe Muray. Outre celle de Jean-Marc Quaranta, auteur de l'excellent Houellebecq aux fourneaux (éd. Plein Jour, 2016), l'écrivain a par ailleurs la chance d'avoir suscité l'attention d'universitaires de grande qualité. Ainsi Agathe Novak-Lechevalier, patiente maître d'œuvre de la somme biobibliographique présentée aujourd'hui. Ou Bruno Viard, auteur d'une passionnante contribution intitulée « Situation politique et historique de Houellebecq » dans laquelle il insiste sur les stratégies de brouillage d'un artiste largement « antiphrasique » et « ironique ». Orfèvre du contrepied, l'homme est également doué pour faire coïncider les opposés. « L’antilibéralisme systématique de Houellebecq le place à l'extrême gauche au plan socio-économique mais à droite au plan de la morale. » C'est ce qui nous plaisait à l'époque de la revue Immédiatement, où nous savions par cœur les vers du Sens du combat : « Nous refusons l'idéologie libérale au nom de l'encyclique / de Léon XIII sur la mission sociale de l'Évangile et dans le / même esprit que les prophètes antiques appelaient la ruine / et la malédiction sur la tête de Jérusalem ».

    Après le café de Cluny, il y eut d'autres rencontres, notamment un dîner dans le XVe arrondissement, conclu par une partie de baby-foot au bar Le Cadran Breton, du côté de Montparnasse. Elle opposait une doublette d'Immédiatement au duo Michel Houellebecq/Benoît Duteurtre. Ce soir-là, on découvrit que le Michel de la vie réelle ressemblait au Michel des Particules élémentaires. Non seulement il aimait porter des anoraks et des bonnets ridicules, mais il ne savait pas jouer au baby-foot. 

    « Qui a lu La Carte et le Territoire, prix Goncourt 2010, sait que Michel Houellebecq est français par toutes les fibres de son être. »

    Sébastien Lapaque      

    Sébastien Lapaque est romancier, essayiste et critique littéraire au Figaro. Prix François Mauriac de l'Académie française en 2000 et prix Goncourt de la nouvelle en 2002, il a récemment publié La Convergence des alizés (éd. Actes Sud, 2012) et Théorie d'Alger (éd. Actes Sud, 2016). Il a lu pour le FigaroVox le nouveau Cahier de l'Herne consacré à Michel Houellebecq.

  • Petite Feuille Verte n°70 : La mosquée, église des musulmans ?, par Annie Laurent.

    Dans les pays régis par la laïcité, la tendance, accentuée par la sécularisation, est de porter un regard indifférencié sur toutes les religions. Cela se vérifie particulièrement en Occident où le christianisme, majoritaire depuis des siècles, est désormais concurrencé par l’islam. Ainsi, au nom du principe d’égalité et du droit à la liberté religieuse, les Etats concernés, et donc la France, cherchent à doter cette religion d’un statut équivalent à celui du christianisme, mais sans tenir compte de la dimension idéologique de l’islam, inséparable de sa dimension religieuse.

    Dans la Petite Feuille Verte n° 70, que vous pourrez lire ci-dessous, Annie Laurent s’emploie à mettre de l’ordre dans les définitions relatives aux cultes respectifs du christianisme et de l’islam. Elle sera complétée par la Petite Feuille Verte n° 71 qui examinera les retombées sociales et politiques entraînées par ces confusions.

    4.jpgContrairement à une idée répandue, la mosquée ne doit pas être définie comme l’équivalent de l’église. De même, l’imam des musulmans ne correspond pas au prêtre des chrétiens (catholiques et orthodoxes). Ces différences essentielles reposent sur les conceptions respectives des deux religions quant au rapport de leurs fidèles avec Dieu et donc de la nature de leur culte.

    L’ÉGLISE ET LA MOSQUÉE

    L’architecture de l’église et celle de la mosquée illustrent la manière dont le christianisme et l’islam envisagent le rapport entre Dieu et ses créatures humaines.

     Un Dieu proche

    L’« église », du grec ekklesia, « assemblée par convocation », est un édifice sacré où les fidèles se rassemblent pour le culte et la liturgie (Code de droit canonique, canon 1214).

    L’église est la Demeure de Dieu, qui s’y trouve sous la forme de l’hostie consacrée, conservée dans le tabernacle ou exposée dans l’ostensoir offert à l’adoration des fidèles. C’est pourquoi une église doit être consacrée par l’acte de dédicace, qui est un sacramental particulièrement solennel, avant d’accueillir le culte. C’est aussi pourquoi toute dégradation du lieu équivaut à une profanation qui mérite d’être réparée par des prières de pénitence.

    Le plan de l’église rappelle la croix du Christ, il symbolise la Révélation et l’Incarnation (cf. Michel Feuillet, Lexique des symboles chrétiens, PUF, 2004, p. 48). Cela justifie la présence de crucifix, d’images et de statues représentant les Personnes divines (Dieu le Père, le Christ et l’Esprit Saint), la Vierge Marie et les saints, mais aussi de fresques, tableaux, vitraux et retables illustrant des scènes bibliques ou historiques.

     Un Dieu lointain

    La « mosquée », masjid en arabe, est « le lieu de la prosternation », allusion à la gestuelle des musulmans pendant la prière rituelle.

    Aucune forme architecturale spécifique n’est requise pour le bâtiment qui l’abrite. La seule obligation est la qibla, sorte de niche qui indique l’orientation vers La Mecque, appelée « Mosquée sacrée » par le Coran (2, 144). La qibla fut imposée en 634 par Mahomet dont la maison à Médine constituait la première mosquée. Les autres éléments ont été établis au fil du temps. Il s’agit du minbar, chaire de prédication, de fontaines pour les ablutions rituelles et du minaret, du haut duquel est lancé l’appel à la prière cinq fois par jour. Cet appel, en langue arabe, se fait par voix humaine directe ou enregistrée et transmise par haut-parleur selon une pratique qui s’est développée dans le monde entier.

    Quant aux murs intérieurs et extérieurs de la mosquée, ils sont dépourvus de toutes représentations humaines. Puisqu’Il est « inconnaissable » (Coran 6, 50 ; 7, 188 ; 11, 31 ; 27, 65) et « inaccessible » (42, 4), Allah ne peut pas habiter parmi les hommes, donc s’incarner. C’est pourquoi Il ne saurait être représenté. Le principe de non-représentation s’applique aussi à ceux qui, parmi les êtres humains, occupent un rang primordial dans l’islam. Il s’agit pour l’essentiel de Mahomet qui fait pourtant l’objet d’une réelle vénération, compte tenu de son inscription dans la chahâda (profession de foi islamique) : « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah et Mahomet est son Prophète ».

     Le culte des images

    Comme le judaïsme, l’islam est une religion aniconique (hostile aux icônes). De son point de vue, le culte des images s’apparente à de l’idolâtrie ; il est donc satanique. En 721, le dirigeant omeyyade Yazid II, qui siégeait à Damas, alla jusqu’à interdire les images religieuses dans les églises situées sur le territoire de son califat. Cet événement préluda à la crise iconoclaste qui affecta l’Eglise de Byzance de 730 à 843 (cf. Marie-France Auzépy, « Iconodoules et iconoclastes », Le Monde de la Bible, mai 2006). En réaction à l’édit de l’empereur Léon III l’Isaurien, qui mettait les images hors-la-loi (730), décision refusée par le patriarche Germain de Constantinople – il fut déposé pour cela – et désapprouvée par le pape Grégoire II, saint Jean Damascène, Père et docteur de l’Eglise (676-749), développa une théologie justifiant la vénération des images par le fait que Dieu s’est rendu visible en prenant la condition humaine, touchant ainsi de son rayonnement la Vierge Marie et les saints (cf. Jean Damascène, Le visage de l’invisible, éd. Migne, 2009).

    La doctrine traditionnelle de l’Eglise sur les « saintes images » fut confirmée par le 7ème concile œcuménique, tenu à Nicée en 787. « En effet, plus on les voit, grâce à leur représentation par l’image, plus en contemplant leurs images on est amené à se rappeler et à aimer les modèles originaux et à leur donner salutations et respectueuse vénération […]. Car l’honneur rendu à l’image s’en va au modèle original, et celui qui vénère l’image vénère en elle la personne de celui qu’elle représente ». Et le concile frappait d’anathème « quiconque ne salue pas ces images, faites au nom du Seigneur et de ses saints » (Denzinger, Symboles et définitions de la foi catholique, Cerf, 1996, p. 221-224).

    Ce n’est en aucun cas la matière (pierre, bois, peinture, vitrail, mosaïque, tissu) qui est vénérée par les chrétiens, comme le disent souvent les musulmans. D’ailleurs, leur religion comporte un rite ayant de la matière pour objet : pratiqué durant le pèlerinage à La Mecque, il consiste à porter un geste de vénération sur la Pierre noire protégée dans un disque d’argent, le tout encastré dans l’angle oriental de la Kaaba (Cube), ancien temple païen dont Mahomet a fait la « Maison d’Allah ». Cette pierre aurait été posée là par Dieu lors de la création. « Tout croyant qui la touche ou l’embrasse fait serment de fidélité définitive à Dieu. Le jour du Jugement dernier, elle témoignera en sa faveur », a noté Slimane Zeghidour, journaliste franco-algérien, au retour de son pèlerinage (La vie quotidienne à La Mecque, de Mahomet à nos jours, Hachette, 1989, p. 158).

    A cause de son iconoclasme, l’islam, sauf dans sa version chiite, ne tolère comme éléments décoratifs dans les mosquées que l’écriture en calligraphie arabe de versets coraniques. Lors de la conquête arabe de Damas (634), la basilique abritant le tombeau de saint Jean-Baptiste, devenue Mosquée des Omeyyades, fut dépouillée de ses fresques et icônes et surmontée de quatre très hauts minarets. Un sort identique fut réservé à Sainte-Sophie lors de la chute de Constantinople aux mains des Turcs (1453) et à bien d’autres églises encore, notamment en Espagne, qui fut sous domination musulmane de 711 à 1492.

    Enfin, contrairement à l’église, la mosquée n’étant pas un espace consacré, toutes sortes de rencontres et d’activités profanes peuvent s’y tenir : débats, transactions, enseignement, révisions de cours, règlements de justice, repos, etc.

     LE PRÊTRE ET L’IMAM

    Dans le christianisme, le culte rendu à Dieu passe par la médiation du Christ, Verbe incarné. Cette mission est déléguée aux prêtres.

    Le mot « prêtre » vient du grec presbyteros. Son office propre, ou sacerdoce, qu’il reçoit par le sacrement de l’ordre, « est d’être médiateur entre Dieu et le peuple », notamment lorsqu’il célèbre le sacrifice de la messe et annonce l’Evangile. C’est lui qui transmet la grâce divine au moyen des sacrements (baptême, communion, confirmation, mariage, pardon des péchés, onction des malades). Le prêtre, appelé par Dieu, agit in persona Christi (« en la personne du Christ »). Cf. Dominique Le Tourneau, Les mots du christianisme, Fayard, 2005, p. 502 et 554.

    Cette vocation nécessite une préparation longue et approfondie qui est dispensée dans les séminaires, en général sous le contrôle des évêques, seuls habilités à conférer le sacrement de l’ordre.

    Pour sa part, le musulman étant seul face à Allah n’a pas besoin d’un médiateur. L’imam, de l’arabe « celui qui est devant », est un laïc et non un clerc. Il est certes un homme de religion mais il n’est pas un religieux car il ne s’engage pas par des vœux ou des promesses ; il ne représente ni Allah ni Mahomet, n’intercède pas, ne célèbre aucune liturgie, n’est soumis à aucune discipline institutionnelle et n’est en rien indispensable à la communauté des fidèles, laquelle peut d’ailleurs s’en passer (cf. Henri de Saint-Bon, L’islam à la lumière de la foi chrétienne, Salvator, 2016, p. 177-181). Cette conception se rapproche de celle du pasteur dans le protestantisme.

    La fonction principale de l’imam est de conduire la prière collective, surtout celle du vendredi, à la mosquée ou en tout autre lieu, par exemple dans les prisons pour ce qui concerne ceux qui sont aussi aumôniers. Cette prière, bien plus longue que toutes les autres, est prescrite par le Coran, qui ne justifie pas le choix de ce jour.

    • Ô vous les croyants ! Quand on vous appelle à la prière du vendredi, accourez à l’invocation d’Allah ! Interrompez tout négoce : c’est un bien pour vous, si vous saviez ! (62,9).

    Pour accomplir sa mission, quelle que soit son origine, l’imam doit connaître l’arabe, gage de validité de la prière puisque cette langue, étant celle du Coran, est réputée être celle d’Allah. Certes, les communautés chrétiennes ont elles aussi leurs langues liturgiques propres qui varient selon les rites et les cultures (latin, grec, syriaque, arménien, copte, etc.) ; mais si elles expriment le sacré, aucune Eglise ne les a jamais qualifiées de « divines ».

    Au cours de la grande prière hebdomadaire, l’imam prononce un prêche (khotba) qui peut traiter de sujets religieux, mais aussi politiques ou éthiques, par exemple le rapport avec les non-musulmans, le sort à réserver aux femmes ou aux apostats, le djihad, etc. Là où l’imam a le statut de fonctionnaire de l’Etat, le texte de ce sermon peut lui être imposé par son ministère de tutelle qui entend ainsi contrôler cet exercice.

    Traditionnellement, l’imam était choisi au sein de sa communauté, voire auto-proclamé, pratiques qui subsistent en certains lieux. Cependant, dans la plupart des pays musulmans, il existe désormais des instituts spécialisés supervisés par les Etats. Mais l’absence de hiérarchie religieuse et d’autorité magistérielle unique dans l’islam sunnite favorise l’éparpillement idéologique dû à la multiplicité des interprétations des textes sacrés.

     POUR CONCLURE

    Une partie des imams qui officient en France sont formés à l’étranger (en particulier au Maroc, pays avec lequel Paris a signé un accord dans ce domaine) ou dans des instituts privés financés par les pétromonarchies arabes. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), considéré par l’Etat comme l’instance officielle de l’islam, n’exerce en fait aucun contrôle sur les enseignements dispensés dans ces derniers. En 2017, sa tentative d’imposer une Charte unifiée de l’imam s’est soldée par un échec (cf. PFV n° 50).

    En outre, chaque année pendant le mois de Ramadan, quelque 300 imams étrangers, venus de Turquie et du Maghreb, sont autorisés à séjourner en France pour répondre aux besoins des mosquées mais un grand nombre d’entre eux ne sont pas francophones.

    Dans un discours prononcé à Mulhouse le 18 février 2020, le président Emmanuel Macron a annoncé son intention de renforcer le contrôle sur les financements étrangers des lieux de culte musulmans ainsi que l’arrêt des « imams détachés », sans préciser quelles modalités il entendait adopter pour la mise en œuvre de ce plan.

    Par ailleurs, l’Etat évoque régulièrement la nécessité de créer une sorte de séminaire officiel pour les futurs imams, afin de garantir la compatibilité de leur formation avec les principes de la laïcité. Mais une telle mesure de contreviendrait-elle pas à la neutralité de l’Etat en matière religieuse ?

    L’absence de solution à ces problèmes s’ajoute aux retombées sociales et politiques résultant des définitions respectives de la mosquée et de l’imam telles qu’elles ont été expliquées ici. Ces retombées seront présentées dans la Petite Feuille Verte n° 71.

    Annie LAURENT

    Déléguée générale de CLARIFIER