Éphéméride du 23 mai
1960 : Mort de Georges Claude, à l'origine de L'Air liquide
1430 : Jeanne d'Arc prisonnière
Jeanne d'Arc est faite prisonnière à Compiègne par Jean de Luxembourg, qui la vendra (!) aux Anglais pour dix mille livres.
Selon les apparences, sa destinée proprement humaine et matérielle semble achevée. Une autre mission s'ouvre pour elle :
"Après le sacre, dit Malraux, elle est écartée, et commande la série des vains combats qui la mèneraient à Compiègne pour rien, si ce n’était pour devenir la première martyre de la France."
L'arrestation de Jeanne d'Arc, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XVème siècle.
La Geste héroïque de Jeanne est un moment fondamental de notre Histoire nationale : ses moments essentiels en sont relatés dans ces Éphémérides aux 25 février (rencontre de Jeanne et du Dauphin, à Chinon), 8 mai (libération d'Orléans),18 juin (victoire de Patay), 17 juillet (sacre de Reims), 23 mai et 21 novembre (capture, et livraison aux Anglais), 30 mai (martyre), 16 mai (canonisation), 10 juillet (instauration de la Fête nationale).
Et, pour la très belle manifestation du retour de l'anneau de Jeanne en France, au Puy du Fou, voir l'Éphéméride du 20 mars.
1431 : Création de l'Université de Poitiers
Une bulle du pape Eugène IV autorise la création de l'Université de Poitiers, voulue par Charles VII, qui souhaitait ainsi récompenser le Poitou pour sa fidélité, alors que tant de personnes et d'institutions étaient "passés aux Anglais" lors de la Guerre de Cent ans...
1498 : Naissance de Sampiero de Bastelica, dit Sampiero Corso
Sampiero Corso, ou Sampieru de Bastelica ( fit une grande partie de sa carrière au service de la France, notamment lors de l'expédition française en Corse de 1553.
Il avait pourtant commencé sa carrière militaire en Italie mais, après la mort de Léon X et son remplacement par Adrien VI (mars 1522), il passa au service de la France (il était à la bataille - perdue - de la Bicoque, le 27 avril 1522). À partir de 1535, il fait partie des proches du cardinal Jean du Bellay, ambassadeur de France à Rome; il se couvre de gloire dans les armées de François 1er, se bat aux côtés de Bayard, et reçoit, en 1547, le grade de Colonel, commandant l’ensemble des bandes corses au service de François 1er (illustration ci-contre : on l'appelait "le colonel aux fleurs de lys") : c'est alors que, selon l'usage de l'époque, il reçoit le surnom de "Corso", qui indique son origine et qui lui est resté attaché...
Cette époque est caractérisée par la lutte de la France de François 1er puis de son fils, Henri II, contre Charles Quint, empereur d'Allemagne, roi d'Espagne, roi de Naples et de Sicile et par celle des Ottomans contre Charles Quint, la France étant en l'occurrence alliée avec le sultan Soliman le Magnifique.
Il est donc très important, pour la France d'alors, en Méditerranée, de prendre le contrôle de la Corse, qui relève alors de la République de Gênes, alliée de l'Espagne : Henri II y envoie Sampiero, pour une première expédition : en 1553, à la tête d'une escadre franco turque, Sampiero débarque dans l'île. Avec ses alliés, les Ornano, famille de son épouse, il remporte quelques succès sur les Génois - commandés par l’amiral Andrea Doria - mais cette guerre tourne court car la France doit faire face au rapprochement entre l’Angleterre et l’Espagne : Henri II rappelle Sampiero en 1555, et un armistice est conclu à Vaucelles en 1556, qui met fin aux hostilités pour cinq ans.
Malgré la réoccupation de Bastia et de Calvi par Gênes, la Corse reste possession française durant quatre années, mais la défaite française de Saint-Quentin - en 1557 - et la signature du traité du Cateau-Cambrésis - en 1559 - entraînent le retour de la Corse sous la domination de Gênes. Lors de la signature du traité, les émissaires français tentent bien de conserver l’île à la couronne, mais ils doivent y renoncer pour conserver Calais, Metz, Toul et Verdun (dans notre Album L'Aventure France racontée par les cartes, voir la photo "les agrandissements de Henri II"...)
Henri II meurt en juillet 1559; la France n'est pas en mesure d'entretenir une flotte conséquente en Méditerranée et ne peut plus agir contre la République de Gênes.
Gouverneur d’Aix-en-Provence en 1560, Sampiero Corso est ensuite nommé ambassadeur extraordinaire à Constantinople, laissant son épouse et ses enfants dans la demeure familiale de Marseille.
Avec l’accord de Catherine de Médicis, régente, Sampiero revient en Corse en 1564 et, une fois encore remporte quelques combats; mais, sans l’aide significative de la France, il se trouve vite isolé : le 17 janvier 1567, à 68 ans, il est attiré dans une embuscade et tué : sa tête sera exposée par les Génois à Ajaccio...
1648 : Mort de Louis Le Nain
Un certain mystère entoure l’origine de la plupart des tableaux des trois frères Le Nain: Louis, Pierre et Thomas. Les peintres eux-mêmes ont créé cette situation, aucun des tableaux signés Le Nain n’étant précédé d’un prénom.
En 2010, grâce au mécénat d'Axa, un chef d’œuvre caravagesque, le Reniement de saint Pierre (ci dessous), est entré au Louvre.
Le tableau illustre le moment d’une révélation bouleversante pour l’apôtre Pierre. Peu avant d’être arrêté, Jésus avait averti le plus ancien de ses disciples qu’il le renierait trois fois avant l’aube : et malgré ses protestations de fidélité, Pierre vient de répondre par trois fois qu’il ne le connaissait pas. Au chant du coq, il découvre sa lâcheté et pleure. Du fond de la composition, un homme de face semble prendre le spectateur à témoin.
Axel Tisserand a consacré un ouvrage à la correspondance entre Charles Maurras et Jean-Baptiste Penon :
Dieu et le roi, correspondance entre Charles Maurras et l’abbé Penon (1883-1928) :
Axel Tisserand Dieu et le Roi.pdf
Aviatrice hors pair, détentrice de nombreux records, le 11 novembre 1934 elle atteignit le record du monde sur 1.000 km avec 444 km/h.
Au lendemain de la Grande guerre, il entreprit d’aider la France à sauver ses plus précieux monuments, et fit don de près de soixante millions de francs entre 1924 et 1936, ce qui permit d'effectuer au château de Versailles - ainsi qu'à la cathédrale de Reims et au château de Fontainebleau - les travaux nécessaires à leur survie. La ville de Reims bénéficia particulièrement de ses libéralités. Par deux donations successives dont l’ensemble s’élevait à quinze millions de francs, il prit à sa charge une très grosse part des frais de reconstruction de la cathédrale. C’est grâce à lui, notamment, que put être rétablie dans son intégrité la haute toiture dominée par le clocher à l’ange.
Rockefeller Junior contribua aussi pour une très large part à la restauration des palais et parcs de Versailles et Fontainebleau. Il vint à Reims pour l’inauguration de sa rue, le 4 juillet 1936, accompagné de son fils David.
Il est également intimement lié au sauvetage de trésors artistiques par le biais du Musée The Cloisters, à Manahttan (voir l'Éphémeride du 10 mai)...
1960 : Mort de Georges Claude
Physicien et chimiste, il est l'inventeur de l'éclairage au néon, et il est également aux origines de la Société L'Air liquide.
Dans une époque dangereuse, celle de cette re-terreur - pour parler comme Léon Daudet - que fut la sinistre Épuration de 1945, il ne craint pas d'envoyer sa propre pelisse à Charles Maurras, lorsque celui-ci fut, injustement, emprisonné à Clairvaux, avant l'inique procès et la non moins inique condamnation qui s'ensuivit...
• quanthomme.free.fr/energieencore/carnet13.htm
• www.clubdesargonautes.org/histoirestem/etmclaudetu
En Provence, à Marseille, réunion publique avec Charles Maurras (le dimanche 19 novembre 1933)... :
Dans notre Album L'Aventure France racontée par les cartes, voir les trois photos "Conquête de l'Algérie (I)", "Conquête de l'Algérie (II)" et "Conquête de l'Algérie (III)"...
Pour la quatrième génération de Français d'Algérie, cette année 1962 c'est le cataclysme : depuis 1830, la France a fait d'un immense espace vide et désolé le pays le plus prospère, le mieux équipé, et celui qui a les perspectives d'avenir les plus brillantes de toute l'Afrique; elle lui a même donné son nom, Algérie, en l'administrant, en l'organisant, en le traitant exactement comme tous les autres territoires de France métropolitaine ou d'Outre-mer.
Et, d'un coup, le Système va donner les clés de ce pays prospère, à l'avenir prometteur, à une bande terroriste, le FLN, qui n'aura rien de plus pressé que d'aligner ce malheureux pays sur les visions idéologiques dépassés d'une URSS qui se croit encore, à l'époque, avant-garde consciente des prolétaires du monde entier alors qu'elle n'a même plus trente ans à vivre !
Le résultat calamiteux de cette nouvelle domination sera la ruine pure et simple du fruit d'un travail acharné d'un siècle et demi; l'installation, partout, de l'arbitraire, de la nonchalance et de la corruption; de l'analphabétisme et de la pauvreté de masse : un gigantesque et cataclysmique bond en arrière...
Et, pour les Français d'Algérie, brutalement, un choix très simple : "la valise ou le cercueil !". Quelques uns choisiront de s'établir dans l'Espagne de Franco, surtout dans la région d'Alicante, ce qui peut s'expliquer à la fois par des motifs idéologiques et par le fait que, historiquement, une ville comme Oran, par exemple, a été plus longtemps espagnole que française. Mais l'immense majorité des réfugiés (et non des rapatriés, terme impropre...) referont leur vie - aux prix de mille difficultés et d'amères déconvenues - en Métropole, où ils débarqueront sur la côte, de Port-Vendres à Nice mais essentiellement à Marseille, un certain nombre arrivant en avion...
Et c'est précisément à Marseille qu'un personnage va s'illustrer - si l'on peut dire !... - d'une façon qui ne l'honore certes pas, ni lui ni ses compagnons d'idéologie qui, jamais, ne condamneront ses propos : le député-maire de Marseille de l'époque, Gaston Deferre, fit preuve d'une sécheresse de coeur, d'une dureté et d'une inhumanité proprement stupéfiante dans un pays réputé civilisé. Et, le pire, c'est qu'il ne formula jamais le moindre regret, ne renia jamais ses propos et, à fortiori, ne fit jamais rien pour tenter de réparer un tant soit peu... Il fut même récompensé, si l'on ose dire, puisqu'il devint, plus tard, Ministre de l'Intérieur !...
Qu'on en juge...
Dans un entretien accordé au Figaro, le 26 juillet 1962, il répond aux questions de Camille Gilles (ses mêmes propos seront tenus ailleurs, dans d'autres journaux - notamment Paris-Presse, repris par le quotidien marseillais de droite Le Méridional - et devant d'autres journalistes) :
* (à propos de la scolarité des enfants des Pieds-Noirs) : "Il n'est pas question de les inscrire à l'école car il n'y a déjà pas assez de place pour les petits marseillais..."
* (question) : Voyez-vous une solution au problème des rapatriés de Marseille ?
(réponse) : Oui ! Qu'ils quittent Marseille en vitesse ! Ils fuient ? Tant pis ! En tout cas je ne les recevrai pas ici. D'ailleurs nous n'avons pas de place, rien n'est prêt. Qu'ils aillent se faire pendre où ils voudront. En aucun cas et à aucun prix je ne veux des pieds-noirs à Marseille..."
Le moins que l'on puisse dire est que ce représentant éminent du Parti socialiste et de la Gauche française, si volontiers moralisatrice et moralisante, si prompte à donner des leçons de "droits de l'homme" à la terre entière, avait une bien curieuse conception du troisième terme de la devise du Système : "Fraternité" !...
Et, c'est à noter, son parti versera très vite, après s'être si radicalement fermé à nos compatriotes, dans le pire des immigrationnismes, migrantisme, sans-papiérisme, sans-frontiérisme : tous "noms" largement employés pour dissimuler la réalité : l'invasion de la France ...!
À bord du Ville de Marseille, ce 23 mai 1962, "1.068 passagers et 53 enfants de moins de 3 ans", détaille le journal socialiste local Le Provençal. Sur les 700.000 Pieds-Noirs qui gagnèrent la Métropole cette année-là, 450.000 débarquèrent à Marseille...
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• la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),
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Commentaires
Votre commentaire simpliste sur la fin de la guerre d'Algérie me déconcerte. Soldat " appelé" comme on disait de janv 61 à oct 62 là-bas, mon vécu pendant 22 mois ne cadre pas avec votre simplisme. Et Deferre n.est qu'une cerise sur ce terrible gâteau.
Votre commentaire est incompréhensible : pouvez-vous dire où se trouve le "simplisme" de notre "commentaire sur la fin de la guerre d'Algérie" que nous n'évoquons pas, ici, en tant que telle ? Dans l'attente de votre réponse, nous nous contentons de regretter la sottise d'une attaque surprenante et faite sur un ton moralisateur et supérieur inacceptable.
Et dire qu'en 2017, j'avais pas lu ce morceau de bravoure. Et de beaux mots bien sentis. Je vais l'apprendre par coeur.
De la même manière qu 'un auteur russe observait ,dans un de ses romans ( Dostoïevski ? - c'est si ancienne lecture - ) que " tous les polonais en voyage sont comtes " , on ironisait , un peu , sur le fait que les " pieds noirs " avaient été tous riches là bas ; par contre , apport du couscous en métropole !
Mais là aussi , tout n'est pas uniquement blanc ou noir ; on vit bien arriver- pour ne citer que cela- dans les classes , des gamins et même des instits venant des départements laissés ; preuve par les faits , sinon par les mots ; que la France d'alors était assez forte pour " caser " ses enfants retrouvés .
Bien entendu , il fallut du temps pour entrevoir d'autres aspects .