Conquête de l'Algérie (II)...
La deuxième raison est à chercher dans les problèmes intérieurs de la France elle-même.
Epuisée par les désordres révolutionnaires et par l'aventure napoléonienne, les puissances voisines - qui l'avaient vaincu en 1814 et 1815 - lui interdisaient de poursuivre vers le Rhin sa marche séculaire vers l'agrandissement, par la réunion successive de territoires lui permettant d'atteindre ses frontières naturelles.
Chateaubriand, alors ministre, poussa d'abord à une première intervention extérieure en Espagne - "les cent mille fils de Saint Louis" - pour appuyer Ferdinand VII contre les Libéraux. Comme elle n'inquiétait pas les puissances de l'Europe, et qu'elle allait même dans le sens et les vues de la Sainte Alliance, "on" nous laissa faire.
L'intervention en Afrique du Nord permettait de faire coup double : puisqu'il était impossible à la France de faire quoi que ce soit sur le territoire européen, en terme d'accroissement territorial, l'expédition permettait de contenter les acteurs économiques sur un dossier déjà ancien, et jamais réglé, et de servir en quelque sorte d'exutoire à ceux qui rêvaient encore de gloire et de conquêtes...
L'Amiral Duperré, commandant de la flotte, relate les faits:
"En sautant à terre les premiers, deux marins, emportés par leur courage, s'élancent vers le fort, et y arborent le pavillon du Roi: ce sont les nommés Sion, chef de grande hune de la frégate "La Thétis", et le nommé Brunon, matelot de première classe de la "Surveillante".
L'armée y installa le premier télégraphe "Chappe". Au point du jour, on a débarqué la première division, les autres ont suivi et on a emporté de front les batteries ennemies.
Les jours suivants, nous avons été tourmentés par des escarmouches jusqu'à ce que nous nous soyons emparés du camp de l'agha des Janissaires avec tout ce qu'il contenait...."
Après le bombardement du "Fort l'Empereur" par l'artillerie française, le bey capitula et l'armée occupa Alger.
Dans un ordre du jour le 5 juillet 1830, le général de Bourmont déclara:
"Vingt-trois jours ont suffi pour la destruction d'un Etat dont l'existence fatiguait l'Europe depuis trois siècles".
Guy Victor Duperré avait été nommé le 5 février 1830, par le roi Charles X, commandant de la flotte
sous les ordres du comte de Bourmont, commandant en chef le corps expéditionnaire contre la régence d'Alger.
Cette flotte comportait 103 bâtiments de guerre, 572 navires de commerce transportant 35 000 soldats, 3 800 chevaux et 91 pièces d'artillerie.
En récompense, il fut fait pair de France le 16 juillet 1830.