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  • Un mariage virtuel, par Jean-François Mattéi*

    mattei en attente.jpgLe « mariage homosexuel », cet étrange oxymore, reste sous la dépendance du mariage hétérosexuel, ce curieux pléonasme. Loin d'assurer leur liberté aux couples homosexuels, la juridicisation de leur lien affectif sous la forme d'un mariage les soumet au modèle dominant du mariage hétérosexuel.

    Tous les arguments pro ou contra le mariage gay ont été débattus sans convaincre les opposants au projet de loi ou ses partisans. Chaque camp est resté sur ses positions et a plus pensé à déconsidérer son adversaire qu'à envisager le problème en lui-même. Dans quelle mesure peut-on en effet justifier, non pas le « mariage pour tous », puisque cette formulation trop large buterait sur l'interdit de l'inceste, mais le « mariage homosexuel », c'est-à-dire l'union civile entre deux personnes de même sexe, en grec homoion ? Dans toutes les sociétés, le mariage est une organisation rituelle d'ordre religieux ou juridique entre un homme et une femme. Il permet à un couple d'élever des enfants en se prolongeant en famille, l'ensemble des familles reproduisant à chaque génération la société concernée. L'article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme en convient : « À partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. » Le même article précise que « l'homme et la femme » possèdent « des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution ». Il n'est pas fait mention d'une autre forme d'égalité qui concernerait les personnes de même sexe. Cet article 16 lie naturellement le mariage et l'engendrement des enfants : « La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'État. » Le lien matrimonial entre la femme, qui peut porter des enfants, et la famille se trouve impliqué par le mot latin matrimonium qui signifie la « maternité ». Quant au terme de « mariage », il est dérivé de maritus, le mari, qui a donné au féminin marita, la mariée ou l'épouse. On voit que le mariage, parce qu'il est lié à la rencontre d'un mari qui engendre et d'une épouse qui met au monde, implique que les deux partenaires soient de sexes différents. L'instauration du mariage homosexuel revient ainsi à faire une révolution sémantique qui se prolonge, Madame Taubira en a convenu, en « réforme de civilisation », en fait en révolution anthropologique.

    Quel habitus ?

    Toute société est fondée sur l'imitation par les générations nouvelles des façons de vivre des précédentes générations. On sait que Pierre Bourdieu a conceptualisé ce « système de dispositions réglées » sous le terme d'habitus. Mais l'imitation du mode de vie ancestral peut prendre deux formes d'habitus. D'une part, les enfants peuvent reproduire les paroles, les gestes et les actions de leurs parents, comme le fils d'un paysan, d'un ouvrier ou d'un médecin peut reproduire le métier de son père. L'imitation est ici réelle même si elle prend, à chaque génération, des formes différentes. D'autre part, les enfants peuvent simuler ces mêmes paroles, gestes ou actions des parents, comme lorsqu'ils jouent à la poupée ou au gendarme et au voleur. Toute société fait usage de ces deux formes d'imitation, en reproduisant ses mœurs dans la réalité de la vie publique ou en les simulant dans la fiction de l'œuvre artistique. Œdipe roi, Macbeth ou Tartuffe ne reproduisent pas plus la réalité politique de la Grèce, du Danemark ou de la France que Madame Bovary ne reproduit la vie sentimentale de Flaubert ou la situation de la femme de son époque. Ils la simulent exactement comme la Fête des Fous, au Moyen Âge, simulait la vie religieuse au point d'élire un Pape des Fous, ou comme les Saturnales, à Rome, simulaient la vie publique au point de permettre aux esclaves de s'égaler aux maîtres.

    Ces jeux n'avaient pourtant qu'un temps et leur simulation n'était que virtuelle, et souvent joyeuse, là où la reproduction sociale était bien réelle, et parfois cruelle. Il en va de même pour le mariage homosexuel. Quoi qu'on pense de sa forme juridique, son imitation du mariage hétérosexuel n'appartient pas au mode de la reproduction, mais au mode de la simulation. Pour une raison qui est plus biologique que sémantique : il est impossible que deux personnes de même sexe parviennent à reproduire un être humain. À défaut de réussir cette reproduction réelle, elles en sont réduites à une simulation virtuelle. De ce fait, le « mariage homosexuel », cet étrange oxymore, reste sous la dépendance du mariage hétérosexuel, ce curieux pléonasme. Loin d'assurer leur liberté aux couples homosexuels, qui ont déjà la possibilité de vivre ensemble et de s'aimer, la juridicisation de leur lien affectif sous la forme d'un mariage les soumet au modèle dominant du mariage hétérosexuel. À la différence des personnages de contes de fée qui, après bien des vicissitudes, se marient à la fin du récit et ont beaucoup d'enfants, les homosexuels qui, après bien des efforts, obtiendront le mariage gay n'auront connu qu'un simulacre d'union civile puisqu'ils ne pourront pas avoir d'enfants.

    On pervertit à la fois la nature, la logique et le droit en admettant un « mariage pour tous » qui est en réalité une « parenté pour personne ». Un homosexuel ne peut être un véritable « parent » puisque le terme de « parent », issu du verbe latin parere, désigne celui ou celle qui « enfante ». Aussi les partisans du mariage généralisé substituent-ils au terme de « parenté » le nouveau terme de « parentalité ». Mais le changement de mot ne fait rien à l'affaire. La parenté restera l'affaire des hétérosexuels qui peuvent engendrer, et la prétendue « parentalité » ne sera que l'imitation stérile de la véritable « parenté ». Le droit de se marier ne sera suivi du droit d'élever des enfants qu'à la condition qu'une union hétérosexuelle étrangère au couple homosexuel intervienne. Où se situe alors la différence sexuelle recherchée par les partisans du « mariage pour tous » sinon dans la différence sexuée que ne peuvent assumer les homosexuels ?

    La virtualité, source de droit ?

    La reconnaissance de cette caricature de mariage ouvre la porte à toutes les unions civiles possibles. Pourquoi ne pas légaliser la polygamie et l'inceste ? N'importe quel homme et n'importe quelle femme auraient le droit de se marier avec n'importe qui en bouleversant toutes les filiations. Ce mariage nouveau conviendrait à tous les êtres vivants ou non. Internet indiquait récemment qu'un Australien catholique, Joseph Guizo, s'était marié avec son labrador, Honey. Émily Mabou, au Ghana, s'était déjà mariée avec son chien de 18 mois en présence d'un prêtre en juillet 2009. Quant à Hermione Wayle, une Anglaise de 24 ans, elle a tenté sans succès de se marier, le 31 janvier 2010, avec son ordinateur MacBook nommé Alex.

    Si la réalité est source de droits, la virtualité ne l'est pas puisqu'elle emprunte les droits qu'elle réclame à la réalité. Les homosexuels mariés civilement ne pourront fonder une famille qu'en faisant usage de la Procréation médicalement assistée et de la Gestation pour autrui, à un père géniteur et à une mère porteuse. Mais ils ne pourront se passer d'une reproduction biologique pour compenser leur simulation juridique. Loin de donner des droits réels aux couples homosexuels par la simulation d'un mariage et d'une famille virtuels, le mariage entre deux personnes de même sexe les mettra sous la dépendance de personnes de sexes différents. On a beau jouer, enfant, au papa et à la maman, on n'échappe pas, adulte, à la nécessité de reproduire réellement une humanité qui ne sera pas virtuelle.

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     * Article paru dans le numéro d'été (n° 120) de Politique magazine, pages 10 et 11. 

    Dernier livre paru : La Puissance du simulacre, François Bourin éditeur, 2013.

    On nous permettra de rappeler, suite à cet article, notre "Page", disponible en permanence : DOUZE CONTRIBUTIONS POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS"

  • 8 juin 1795 : Un petit enfant martyrisé cesse enfin de souffrir. Ou : les Rois Martyrs...

                8 juin 1795 : Isolé, en proie aux terreurs nocturnes sans que jamais personne ne vienne répondre à ses détresses, rongé par la maladie dûe à ses conditions inhumaines de détention, le martyr d'un enfant de dix ans cesse enfin. La mort libère le petit Louis-Charles, duc de Normandie, devenu Louis XVII -et deuxième roi martyr- à la mort de son père, Louis XVI, premier roi martyr....

               "L'enfant emmuré tel un cadavre au sépulcre, tenu dans un total isolement affectif et social, rongé par la vermine, ses articulations déformées et semées de tumeurs, passa seul sa dernière nuit en ce monde, sans avoir jamais cessé de croire que sa mère était encore présente à l'étage au-dessus de lui."... (Edmonde Charles-Roux, de l'Académie Goncourt).

    GREUZE LOUIS XVII.jpg

               Portrait de Louis XVII, par Greuze, premiers mois de 1795 (peinture à l'huile, 466 mm x 368).

               Le portrait où l'enflure du visage, le teint blafard, l'attitude affaissée, trahissent un état de maladie avancée, date, selon toute vraisemblance, de 1795. Il ne peut avoir été exécuté que d'après une impression directe.

               Greuze essaie une dernière fois d'idéaliser cette loque humaine que Laurent -le nouveau gardien, créole, que lui a affecté la Convention- a décrassée et revêtue de linge blanc. Mais il devra le peindre enflé, jaune, dos courbé, poitrine rentrée, yeux injectés de sang, assis semble-t-il sur son lit, avec une chemise et des bretelles, manquant de force pour se lever. Comme on n'a jamais retrouvé le profil tracé par Belanger le 31 mai 1795, le portrait de Greuze, où l'on sent une impression directe, est le dernier portrait certain de Louis XVII.

                Le portrait où l'enflure du visage, le teint blafard, l'attitude affaissée, trahissent un état de maladie avancée, date, selon toute vraisemblance, de 1795. Il ne peut avoir été exécuté que d'après une impression directe.

               Greuze essaie une dernière fois d'idéaliser cette loque humaine que Laurent -le nouveau gardien, créole, que lui a affecté la Convention- a décrassée et revêtue de linge blanc. Mais il devra le peindre enflé, jaune, dos courbé, poitrine rentrée, yeux injectés de sang, assis semble-t-il sur son lit, avec une chemise et des bretelles, manquant de force pour se lever. Comme on n'a jamais retrouvé le profil tracé par Belanger le 31 mai 1795, le portrait de Greuze, où l'on sent une impression directe, est le dernier portrait certain de Louis XVII.

              Chateaubriand écrit à propos de Louis XVI, dans ses "Mémoires d'Outre-Tombe": "Le respect que doivent inspirer la vertu et le malheur du Roi saint et martyr rend tout jugement humain presque sacrilège." (Pléiade, tome 1, page 174).

              Comme souvent chez Chateaubriand, la phrase est heureuse. Ne conviendrait-il pas, cependant, de compléter cette formule, "le Roi martyr", et pour la rendre plus juste encore, de l'employer au pluriel: "les Rois martyrs" ?

              En effet, dans sa fureur haineuse, la révolution a bien assassiné "le" Roi en assassinant Louis XVI, et cela suffisait d'après elle, puisque, pour les révolutionnaires, avec et après cet acte, "le charme séculaire de la monarchie"(dixit Jaurès) était rompu.

              Mais ce point de vue, c'est celui des révolutionnaires, et quelqu'odieux qu'ait été cet acte, le Roi ne meurt pas ("Le Roi est mort, Vive le Roi !); à l'instant même où les roulements de tambour de Santerre annoncent le forfait, la Reine qui les entend, prisonnière au Temple, s'agenouille devant son fils, le petit Dauphin; car à cette seconde même, ce petit garçon de huit ans, Louis-Charles duc de Normandie, cesse d'être le petit Dauphin: il est devenu Louis XVII, Roi de France, roi de fait et de plein droit.

              Ce n'est que pour les révolutionnaires qu'il n'y a plus de Roi en France. Pour le Droit et pour la continuité historique, pour la France éternelle, la Royauté continue, même sans gouvernement ni puissance; même sous les traits d'un Roi-enfant né pour souffrir, et lui aussi martyrisé (il  mourut deux ans et quatre mois après son avènement, ce funeste 21 janvier 1793, la légitimité passant alors tout naturellement à son oncle, Louis XVIII). 

             Donc, même si la révolution a prétendu tuer "le" Roi, dans sa folie criminelle (qui a instauré l'ère des effroyables totalitarismes modernes) il y a bien eu deux Rois Martyrs, Louis XVI et son fils Louis XVII. Sans oublier, dans cette trilogie de souffrances et d'inhumanité, la Reine Marie-Antoinette. C'est bien une Famille qui a été volontairement, délibérément, lucidement, massacrée.

             Il ne s'agit plus de pardonner aux bourreaux parce qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, mais bien au contraire parce qu'ils savaient ce qu'ils faisaient .....

             Il s'agit donc de pouvoir enfin regarder ce passé en face, afin de pouvoir le surmonter et le "dépasser". Mais on ne peut "dépasser" qu'une faute reconnue et assumée comme telle, clairement nommée, datée, identifiée. Les russes l'ont fait avec leur famille impériale, qu'ils ont canonisée; ils ont ainsi "tourné la page" de 1917, apaisé et "purifié" leur passé. Or leur révolution vient de la nôtre, qui est la matrice de leur totalitarisme marxiste-léniniste (comme elle est, en Allemagne, la matrice du totalitarisme nazi, tous deux fils jumeaux de la Terreur et de l'idéologie révolutionnaire de la Convention). 

              Ce qu'ont fait les russes là-bas il faut le faire  ici: comme semblait déjà le suggérer Chateaubriand ("le Roi saint et martyr") : il faudra bien, un jour, canoniser la famille royale, Louis XVI, Marie Antoinette et Louis XVII ("les" rois martyrs et non "le" roi martyr). Et ce, non par nostalgie ou folklore, encore moins par esprit de vengeance, mais comme un acte fort et plein de sens. Afin de renouer -comme l'on fait les russes- les fils rompus de notre histoire; afin de "recoudre" après qu'on ait "taillé" (pour reprendre la formule de Catherine de Médicis); afin de pouvoir tourner cette page ouverte en 1793, et qui ne pourra l'être que lorsque les faits qui ont été perpétrés seront reconnus comme tels. Car tant qu'il n'y a pas pleine conscience et plein rejet d'une faute, il ne peut y avoir de nouveau départ, sur des bases assainies et apaisées.

              Il faut s'accommoder de la révolution-fait, mais se dépêtrer de la révolution-idée. Et le cycle ne sera achevé, la page tournée que lorsque les crimes et la barbarie de la révolution auront été reconnus et établis, donc dépassés, comme tels...

  • La disparition de la famille programmée par le droit fiscal

     

    par Arnaud Le Gall

    La destruction fiscale de la famille traditionnelle est un objectif des idéologues qui nous gouvernent, à défaut de diriger notre pays, depuis des décennies. La politique fiscale des derniers quinquennats a été ouvertement anti-familiale. 

    Ces dernières évolutions apparaissent comme d’aimables plaisanteries en comparaison de ce qui pourrait attendre le contribuable responsable d’une famille nombreuse si les visées idéologiques de la gauche étaient poursuivies jusqu’à leur terme.

    Un  panorama des mesures fiscales anti-familiales significatif

    Sans prétendre à l’exhaustivité, on commencera par la plus visible et la plus sensible de ces mesures : la réduction du plafond du quotient familial. Le quotient familial a pour objectif de prendre en compte les capacités contributives du foyer fiscal, l’idée étant, qu’à revenu égal, un foyer qui comporte plus d’enfants qu’un autre dispose d’une moindre capacité contributive et qu’il est donc logique de réduire sa charge fiscale .

    Le quotient familial aboutit à accorder au foyer fiscal une réduction d’impôt pour chacune des personnes à charge composant le foyer. Plus le nombre d’enfants à charge est important et plus les revenus sont élevés, plus la réduction d’impôt est importante. Pour limiter cet effet, le quotient familial est plafonné depuis l’imposition des revenus de 1982 : la loi fixe chaque année un plafond à la réduction d’impôt accordée par chaque demi-part fiscale se rajoutant à une part pour un parent isolé ou à deux parts pour un couple marié.

    Le plafond de droit commun a connu une hausse significative entre l’imposition des revenus de 2001 et ceux de 2002 pour lesquels il est passé de 11060 FF , soit 1686 €, à 2051 €. Il a ensuite progressé lentement pour atteindre 2336 € pour les revenus des années 2010 et 2011. La gauche l’a brutalement réduit à 2000 € pour l’année 2012 puis à 1500 € pour 2013. Il atteint péniblement 1512 € pour 2016. Cette évolution s’inscrit dans une politique ciblant les familles nombreuses payant l’impôt sur le revenu, le nombre de foyers fiscaux concerné étant, selon les chiffres officiels, estimé à 1,3M dont 0,84 M se situant dans la tranche à 30% .

    Elle s’inscrit également dans une réforme de la politique des allocations familiales visant à réduire l’effet redistributif du système d’allocation. Les victimes sociologiques de cette mesure sont parfaitement ciblées : les familles nombreuses appartenant à la classe moyenne qui ne constituent pas, ordinairement, le fond de commerce électoral de la gauche.

    D’autres mesures plus discrètes et de moindre ampleur ont également accru la charge fiscale des familles nombreuses. C’est le cas de la limitation, depuis l’imposition des revenus de 2012, du barème applicable aux frais kilométriques qui ne dépasse désormais plus 7 chevaux fiscaux, étant précisé qu’une partie significative des voitures indispensables aux familles nombreuses a une puissance fiscale supérieure à ce seuil et que cette limitation réduit ainsi le montant de la déduction pour frais professionnels des foyers ayant opté pour l’évaluation réelle de ces frais .

    C’est également le cas, depuis l’imposition des revenus de 2013, de l’intégration, dans le revenus imposable des retraités, des majorations de pensions de retraite pour charges de famille . C’est la double peine pour les retraités ayant élevé des familles nombreuses : leur revenu disponible ayant été réduit lors de leur activité professionnelle, il est, à nouveau, amputé lors de leur retraite.

    Absence de mesure palliative

    On soulignera également l’absence de toute mesure palliative dans la réduction du nombre de demi-parts lors du départ des enfants. Le départ de l’aîné d’une famille de deux enfants ne fait perdre qu’une demi-part au foyer, contre deux demi-parts pour les foyers de trois enfants, le rang de chacun des enfants se trouvant décalé. Ainsi, jusqu’à ce qu’il ne reste que deux enfants, le départ de chacun des premiers enfants d’une famille nombreuse fait donc perdre une part complète au foyer fiscal.

    Mais tout ceci n’est qu’un avant-goût de ce qui attend les familles si la gauche lance sa dernière bataille contre la famille en imposant l’individualisation de l’impôt sur le revenu.

    Le prélèvement direct s’appuie sur la notion de foyer, c’est-à-dire le feu autour duquel la famille se rassemble. Or la famille constitue, depuis la disparition des corps intermédiaires, le dernier bastion de résistance à un Etat tout-puissant qui a pour objectif de créer une société d’individus atomisés incapables de lui résister et attendant de lui qu’il les prennent en charge de la conception jusqu’à l’incinération. Au plan fiscal, l’outil de suppression de la famille réside dans la suppression du foyer fiscal et l’individualisation de l’impôt sur le revenu : E. Macron veut permettre aux foyers d’opter pour une imposition séparée des conjoints , B. Hamon a prévu de l’imposer .

    Le prélèvement à la source a déjà pour objectif dissimulé de contraindre les contribuables à opter pour une imposition séparée. Ce mécanisme, ahurissant par sa complexité qui provient de l’extrême complexité de l’impôt lui-même, est incohérent en ce qu’il ne supprime pas entièrement l’année de décalage entre le paiement de l’impôt et la perception du revenu. Sa mise en place impliquait, au préalable, de simplifier les règles fiscales. Or, dans une tradition politique bien française, on s’est contenté de modifier le mode de recouvrement, sans toucher à l’impôt lui-même. Le système inventé par le gouvernement ne dispense donc pas des régularisations de fin d’année et de l’imputation des crédits et réductions d’impôt sur l’année suivante.

    Conséquences de la suppression du foyer fiscal

    L’instauration d’un taux de prélèvement proportionnel sur les revenus versés par les tiers (employeurs, caisse de retraite …) risque d’entraîner la disparition rapide du foyer fiscal, dès lors que le législateur a prévu que les conjoints pourront opter pour une imposition séparée, afin que le taux de prélèvement tienne compte du niveau de revenus de chacun de ses membres .

    Une telle mesure vise, en réalité et au regard de l’absence d’égalité salariale entre les hommes et les femmes, à inciter celles-ci à demander une imposition individuelle afin de ne pas supporter un taux de prélèvement identique à celui de leur mari. Au final, le foyer paiera le même montant global d’impôt sur le revenu mais chacun des deux aura le sentiment d’avoir contribué proportionnellement à ses moyens.

    L’individualisation de l’impôt et la suppression du foyer fiscal vont nécessairement s’accompagner d’un alourdissement de l’impôt. La suppression de l’imposition par foyer provoquera mécaniquement la suppression du mécanisme du quotient familial. La prise en charge de la capacité contributive devra alors s’appuyer sur un autre mécanisme. C’est là que les choses se gâtent pour les familles ainsi que le montre l’exemple qui suit.

    Un couple marié dans lequel seul le mari travaille, avec 4 enfants à charge (5 parts) et un revenu net de frais professionnels de 64 800 €, paye actuellement 2275 € d’IR brut. Dans le cadre de l’individualisation de l’impôt, celui-ci s’élèvera à 13 790 € , soit une augmentation de 11 515 €. La jurisprudence actuelle du Conseil constitutionnel exige de prendre en compte la capacité contributive du contribuable au regard de ses charges de famille : on peut donc supposer que le législateur maintiendra le niveau de la réduction résultant actuellement du quotient familial, soit 5864 €.

    Pour que l’individualisation de l’IR se fasse à imposition constante, c’est-à-dire pour que le montant de l’impôt demeure à son niveau actuel (2275 €), le contribuable devrait donc bénéficier d’une réduction d’impôt supplémentaire de 5651 € pour combler entièrement la différence entre les deux impôts (11515 – 5864 = 5651 €) . Dès lors que l’individualisation vise directement les familles, l’octroi d’une telle réduction supplémentaire est hautement improbable.

    Au vu des éléments actuellement disponibles, il est plus que certain que la suppression de l’imposition par foyer se traduira par une augmentation significative de l’impôt sur le revenu.   

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  • Livres & Actualité • Alain de Benoist : Le moment populiste

     

    Une recension par Jean-Paul Brighelli

    Analyse façon Brighelli - fond et forme - d'une grande force d'évocation et d'une toujours évidente lucidité [31.03].

     

    164510964.jpgVoilà deux mois que j’ai sur ma table le Moment populiste, d’Alain de Benoist (Pierre Guillaume de Roux Editeur).

    Deux mois que j’attends le bon moment de parler d’un livre intensément érudit et qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins — sauf qu’il rentre justement en grâce ces temps-ci.

    Populisme : le terme pour ma génération a été longtemps associé à « poujadisme » (certification vintage Pierre Poujade 1953-1958, avec résurgence Gérard Nicoud et CIDUNATI, 1969), et ne concernait guère que les revendications des petits commerçants — à ceci près que l’Union Fraternité Française, qui obtint 52 députés en 1956 (dont Jean-Marie Le Pen, réélu en 1958) dépassa rapidement la stricte défense des Beurre-Œufs-Fromages.

    Puis vint Georges Marchais, maillon indispensable pour comprendre comment un mot longtemps associé à l’extrême-droite a glissé peu à peu sur l’arc politique, au point d’être aujourd’hui l’œil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques. À partir duquel s’est construite, surtout, « l’extraordinaire défiance de couches de la population toujours plus larges envers les « partis de gouvernement » et la classe politique en général, au profit de mouvements d’un type nouveau » : c’est l’attaque du livre d’Alain de Benoist — et j’aimerais beaucoup qu’on lui fasse grâce des étiquettes a priori, dans une France qui justement, comme il l’analyse fort bien, s’ébroue hors du marigot gauche-droite.

    Ce que des journalistes paresseux ont nommé le « trumpisme » (croient-ils vraiment que le peuple américain qui a voté pour le faux blond le plus célèbre au monde croit en ses vertus ?) n’est en fait que la mesure du « fossé séparant le peuple de la classe politique installée ». Inutile donc d’« accumuler les points Godwin » en criant au retour des années 1930 dès qu’un mouvement politique parle au peuple : en fait, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qu’il reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques. Et qui même lui crie aux oreilles.

    A émergé il y a une dizaine d’années un populisme new style. Alain de Benoist évoque la victoire du « non » au référendum de 2005, le référendum confisqué par les pseudo-élites qui nous gouvernent, droite et gauche mêlées — bien la preuve qu’il n’y a plus de droite ni de gauche quand il s’agit de défendre les avantages acquis de l’oligarchie au pouvoir. Je pencherais plutôt pour les élections de 2002, où entrent les 16,86% de Jean-Marie Le Pen (ajoutons-y les 2,34% de Bruno Mégret et sans doute les 4,23% de Jean Saint-Josse) et les 5,33% de Jean-Pierre Chevènement de l’autre côté de l’arc électoral, cela fait quand même près de 30% de voix qui ne se portaient pas sur les deux partis traditionnels qui monopolisent depuis quarante ans les chaises musicales au sommet de la République.

    Mais je comprends le raisonnement d’Alain de Benoist : l’élection de 2005 était la preuve par neuf qu’une seconde oligarchie, européenne celle-là, se superposait à la vieille oligarchie française. De surcroît, le cumul des mandats étant ce qu’il est, c’était pour ainsi dire la même classe politique de l’UMPS qui se partageait les dépouilles électorales, à Bruxelles comme à Paris. « La droite a abandonné la nation, la gauche a abandonné le peuple », dit très bien notre philosophe, citant Pierre Manent. Que la Gauche ne soit plus représentée que par un quarteron de bobos parisiens — qu’elle ait à ce point rompu avec le peuple (et la candidature de Jospin en 2002 est emblématique de cette scission) est une évidence. Que la Droite se soit européanisée, mondialisée, et ait renié le bonapartisme jacobin qui caractérisait la politique gaulliste est une autre évidence.

    Et de citer le célèbre poème de Brecht, « Die Lösung » (« la Solution ») :

    « Ne serait-il pas
    Plus simple alors pour le gouvernement
    De dissoudre le peuple
    Et d’en élire un autre ? » 

    Le populisme moderne est né d’une absence d’alternative. Rien à voir, sinon à la marge, avec le populisme des années de plomb : il ne s’agit pas de revanche (sur le traité de Versailles / les Juifs / les Francs-macs ou que sais-je) mais d’une révolte face à la confiscation de tous les pouvoirs par une minorité qui ne se reproduit qu’en pure consanguinité. D’une offense à la « common decency » chère à Orwell et à Jean-Claude Michéa (dont chaque livre, chaque interview fournit une occasion pour les Saint-Jean-Bouche-d’or de crier à la trahison des clercs). Le modèle en fait du populisme actuel n’est pas 1933, mais 1788.

    Capture-d’écran-2017-03-29-à-14.09.20.pngPour preuve (preuve aussi de la qualité des analyses d’Alain de Benoist, dont je ne vais pas vous faire une lecture exhaustive, achetez-le plutôt), le virage populiste de Jean-Luc Mélenchon, qui est rhétoriquement l’héritier de Marchais, et politiquement sur une ligne fort proche, quand on y pense un peu sérieusement, de celle de Marine Le Pen. C’est même l’opinion de cet imb… de Maurice Szafran, qui écrit désormais dans ChallengesSo long, Marianne

    Oui, oui, je sais, les futurs électeurs de Mélenchon se pincent le nez en lisant cette dernière phrase. Mais ce sont les mêmes qui l’année dernière lisaient l’Ere du peuple, un titre habilement médité par le leader de la France insoumise, sans doute méditait-il déjà le slogan de sa campagne actuelle. Les mêmes qui dénoncent le népotisme de toute la classe politique (et Alexis Corbière, le second de Mélenchon, d’estimer que « l’affaire Fillon heurte le moment populiste où nous sommes »), les mêmes qui depuis quinze ans déplorent l’abandon du peuple par la gauche et « comprennent » que d’anciens communistes aient viré FN, dans les vieux bastions du PCF — dans le Nord notamment. Les mêmes qui lisent avidement Christophe Guilluy (longuement interviewé ce mois-ci dans Eléments, la revue que patronne Alain de Benoist — tiens, tiens), et savent bien que Gauche et Droite méprisent la France périphérique — et d’ailleurs, la France tout court.

    Alexis Corbière explique donc dans l’interview pré-citée que le mot « populisme » fait aujourd’hui débat, que le peuple est contre l’oligarchie et le népotisme, et que la situation actuelle est pleine d’une violence potentielle qui l’amène à conclure à la nécessité d’une Assemblée Constituante.

    Cher Alexis Corbière, je crois qu’il est trop tard. Alain de Benoist analyse finement la disparition des « lendemains qui chantent » — et le rôle qu’a joué dans la montée du populisme l’effondrement de l’utopie socialiste, à l’Est. Seule une reddition en rase campagne de Hamon donnerait du sens à une candidature Mélenchon — mais la rue de Solférino maintiendra Hamon, parce qu’ils haïssent Mélenchon, au PS, et surtout parce qu’ils rêvent d’une victoire de MLP, qui permettrait, croient-ils, un sursaut pro-PS aux Législatives et la survie des Eléphants. J’ai bien peur (en fait, je n’ai pas peur du tout) que nous ne soyons plus en 1788, mais déjà en 1791. Ça va mal se passer dans les urnes, et ça va finir dans la rue.

    Je dis « ça », exactement comme Céline au début du Voyage au Bout de la nuit (« Ça a débuté comme ça » — une phrase d’une fabuleuse circularité), non pour écrire populaire, mais parce que c’est le Ça freudien, le refoulé de tant de décennies, qui est en train de remonter. À jouer au plus fin avec le peuple, on finit par perdre — on ne peut pas le tromper tout le temps, même si on l’a trompé longtemps. Voilà, ça va finir comme ça. 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

  • Cinéma • « J’ai vu une jeune fille rire en regardant une vidéo de décapitation »

    Un petit chaperon rouge-sang.

     

    par Olivier Prévôt

    Un dialogue excellent - et instructif - repris du blog Les carnets de Betty Poul, hébergé par Causeur. D'actualité ! LFAR

     

    Sorti en salles mercredi 5 octobre, Le ciel attendra raconte la dérive djihadiste de deux adolescentes et le calvaire de leurs parents, confrontés à l’impensable. Au delà des évidentes qualités cinématographiques du film, au-delà de l’excellence du jeu des acteurs (Sandrine Bonnaire est époustouflante), il nous a semblé que cette fiction qui se veut réaliste s’appuie sur des idées, des parti-pris que nous ne partageons pas.

    Avec la liberté et la passion de témoigner qu’on lui connaît, la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar a accepté le principe d’un dialogue franc, direct, et réellement contradictoire. En exclusivité pour Causeur.

    Vos deux personnages, Mélanie et Sonia, sont radicalisées. L’une est convertie à l’islam, l’autre est issue d’un mariage mixte. Au contraire, les deux personnages qui sont d’origine maghrébine et nés musulmans, qui sont en quelque sorte « pure laine » – le père de Sonia, Samir, et l’amie de Mélanie, Djamila – sont, eux, « modérés ». Avez-vous fait ce choix pour éviter le fameux « amalgame » ?

    D’abord, moi, je ne sais pas ce qu’est un musulman modéré. Et je m’étonne que vous employiez ce terme. Parle-t-on de catholique modéré ? 

    Peut-être parce qu’ils le sont tous ?

    Ça, je ne sais pas. Mais j’ai tenu à ce que mon film soit réaliste, qu’il soit représentatif de ce qui se passe effectivement. Sur le terrain. Et que constate-t-on ? Parmi les jeunes filles candidates au djihad, plus de 40 % sont des converties. Que cela plaise ou non, c’est un fait. Quant aux deux personnages que vous qualifiez de modérés, leurs rapports à l’islam sont très différents. Vous ne pouvez pas les assimiler de la sorte. Samir Bouzaria [interprété par l'excellent Zinedine Soualem, ndlr], le père de Sonia est athée. Il ne pratique pas du tout. C’est ce que Sonia lui reproche, très violemment. Djamila au contraire, l’amie de Mélanie, est croyante et pratiquante, mais elle n’est pas prise dans le vertige, dans la surenchère de Mélanie. Djamila représente la majorité des musulmans. Et pour moi, l’islam est associé à des valeurs de fraternité, de compassion, d’entraide.

    Une autre chose m’a frappé : la dimension sexuelle de l’engagement djihadiste est comme passée sous silence.

    Je ne vois pas bien ce que vous voulez dire. Mélanie est approchée par un rabatteur, sur internet, et celui-ci va l’embrigader. La relation de Mélanie et de son promis est purement virtuelle. Leur dialogue est chaste, pur. Il est l’inverse d’un monde sexualisé. C’est le contraire de « Adopte un mec ». Son correspondant reprend la figure mythique du prince charmant…c’est très étrange d’ailleurs, ce côté « prince charmant barbu ».

    Enfin tout de même… Sans même évoquer ce qui se passe réellement en Syrie, il y a toute une érotique de ces dialogues. Par moments, c’est quasiment Cinquante nuances de Grey… « Tu m’obéiras, dis-le que tu m’obéiras toujours… »

    Oui, à côté de ces dialogues chastes, il y a des questions extrêmement brutales, comme ce moment où, sans la connaître véritablement, il lui demande si elle est vierge. Comme ça. Presque de but en blanc.

    Mélanie n’a pas d’émois.

    Ah bon ? Pas d’émois ? Elle ne cesse de rougir. Elle est bouleversée par ces dialogues. Vous auriez voulu voir quoi, vous ?

    Je ne sais pas. Moi, je suis un garçon, et je ne suis pas cinéaste. J’imagine qu’une jeune fille qui se promet à un homme peut avoir des rêves soudain. Non ?

    (rires) En tout cas, Mélanie est émue, et je pense que cela se voit. Encore une fois : le prince charmant…

    J’étais également étonné que vous ne montriez pas plus la dimension haineuse de cet engagement djihadiste. La haine des Juifs, la haine des homosexuels, des chrétiens, de l’Occident… Ces deux jeunes filles partent rejoindre des garçons qui ont peut-être égorgé eux-mêmes ce malheureux Peter Kassig, ou réduit en esclavage des femmes yazidies. Elles le savent !

    Non ! Vous vous trompez. Ce sont des jeunes filles aveuglées. Moi, j’ai assisté à des séances de désembrigadement. Et notamment à la confrontation de repenties, qui connaissaient la réalité de ce qui se passe en Syrie et en Irak, avec des jeunes filles qui, au contraire, n’avaient encore que le projet de s’y rendre. Ces dernières ne veulent pas croire ce qu’on leur dit. Elles refusent. En bloc. J’ai vu une jeune fille rire en regardant une vidéo de décapitation. Pour elle, c’était faux. Un trucage… Elle refusait d’y croire.

    C’est une défense inconsciente, ça n’élimine pas la pulsion sadique… Au contraire.

    Il faut comprendre deux choses. La première est que ces processus d’embrigadement sont rapides. Du premier contact sur Facebook à la tentative de départ en Syrie, il ne se passe souvent que deux ou trois mois. La seconde chose est que cette propagande commence par décrédibiliser l’information en général, à partir d’exemples de mensonges, de manipulations prouvés – et c’est vrai qu’on nous ment – pour aboutir à un sentiment de défiance globale. Là-dessus, vient se greffer un rêve, une idéalisation de ce qu’elles s’apprêtent à rejoindre, le djihad. Et comprenez bien : c’est très difficile de faire le deuil de ce rêve.

    Un peu comme dans le film de Jane Campion, Holy smoke, ce personnage incarné par Kate Winslet qui s’accroche à son idéal sectaire et qui, d’un seul coup, s’effondre…

    Oui ! Elles font face au même risque d’effondrement. D’où le déni. Le « c’est pas vrai ». Ainsi des filles rentrent de Syrie, racontent ce qu’elles ont vu, enduré. Elles le racontent en détail… tandis que celles qui sont embrigadées, pour protéger leur rêve, ne veulent pas les croire. Comprenez-moi : elles ne peuvent pas.

    Un autre point me « chiffonne », c’est le cas de le dire, puisqu’il s’agit du voile. Dans votre film, vous dîtes que le regard de désapprobation sur les femmes voilées renforce la volonté de porter ce voile. Il ne faudrait pas désapprouver, même d’un regard, ces choix ?

    D’abord ce n’est pas moi qui dit cela. C’est une des participantes à l’atelier de désembrigadement. Nuance. Et ne parlons pas de voile mais de djilbab. Ce vêtement efface les contours identitaires individuels. Les femmes qui le portent deviennent des « soeurs ». En portant le djilbab, elles appartiennent au groupe.

    Le psychanalyste Fethi Benslama évoque cela dans son dernier livre, Ce furieux désir de sacrificie. Il évoque la nécessité intérieure de revêtir « le masque de l’ancêtre »…

    L’autre devient moi. C’est très puissant.

    Dans ce film, les hommes n’ont pas le beau rôle. C’était déjà le cas dans le précédent, Les héritiers.

    Dans Les héritiers, je n’avais rien inventé. Le proviseur ne croyait ni au projet, ni à cette classe, c’est comme ça.

    Mais pour Le ciel attendra, je serais plus nuancée que vous. Prenez le personnage du père de Mélanie… Yvan Attal est bouleversé, ravagé de douleur. Et encore une fois : je raconte ce que j’ai vu dans ces ateliers de désembrigadement. C’est un fait : les mères sont plus présentes. Au fond, elles partent rechercher leur petit enfant, celui qui s’est perdu dans la forêt d’un rêve fou, le petit enfant qui a échappé à leur vigilance. Elles partent le retrouver, le ramener. À elles. Et elles n’ont pas de pudeur par rapport à cette recherche, cet effort. Elles se relèvent les manches.

    Les pères ont plus de mal à s’exprimer, ça ne veut pas dire qu’ils ne ressentent pas les choses. Prenons l’exemple du père de Sonia, Samir. Bien sûr, il est maladroit. Bien sûr, il est agressif. Mais il est surtout en colère contre lui-même car il a le sentiment d’avoir failli à son devoir de protection. Mais en même temps, souvenez vous ! Quand, à la fin du film, il pose la main sur l’épaule de sa fille, il exprime toute sa tendresse. 

    Entretien réalisé au téléphone, le 5 octobre 2016

    Les carnets de Betty Poul

    Cinéma, psychanalyse, actualité

    Bande annonce du film  « Le ciel attendra », de Marie-Castille Mention-Schaar, avec Sandrine Bonnaire, Zinedine Soualem, Clotilde Courau et Yvan Attal.

  • Mauvaise grâce : Du « président citoyen » à la « dérive monarchique »

     

    par Frédéric Rouvillois
    professeur de droit public à l’université Paris Descartes

    Une - comme toujours - excellente réflexion de Frédéric Rouvillois, parue dans Causeur. Sur ce sujet, nous avons déjà publié une réaction de Jean-Philippe Chauvin à laquelle on pourra se reporter : Le droit de grâce, ce droit royal...  LFAR

     

    frederic-rouvillois.jpgComment, lorsqu’on est chef de l’État, échapper à la singularité de la fonction ? Comment faire pour demeurer un « président normal » ? Telle est l’une des questions que pose l’affaire Jacqueline Sauvage, du nom de cette sexagénaire condamnée par deux cours d’assises successives pour le meurtre de son mari, mais graciée le 31 janvier dernier par le président Hollande.

    Prévu à l’article 17 de la constitution de 1958, le droit de grâce est en effet l’une des dispositions les moins « républicaines » – ou si on préfère, les plus monarchiques – de notre Ve République. Ce droit, dit de « rémission », en ce qu’il permet au chef de l’État de remettre tout ou partie de sa peine à une personne condamnée, remonte à l’époque où le roi, « lieutenant de Dieu sur terre », était à la fois souverain et source de justice : et par conséquent, libre de réformer, au nom de la Justice, les effets de décisions prises par les juridictions pénales.

    Cette dimension monarchique avait d’ailleurs conduit la Révolution à supprimer le droit de grâce – en vertu d’un décret pris par l’Assemblée constituante quelques jours  avant la fuite à Varennes, le 4 juin 1791. Tout aussi logiquement, ce droit est absent des constitutions républicaines de l’An I et de l’An III, mais il est rétabli par le Premier consul en 1802 – ce qui, notait Adolphe Thiers, revenait à « assimiler autant que possible son autorité à celle de la royauté » [1]. Par la suite, si on le retrouve dans les constitutions de la IIe ou de la IVe République, c’est de façon encadrée et dépersonnalisée, puisque le président l’exerce après avis du Conseil d’État dans la première, et « au sein du Conseil supérieur de la magistrature » dans la seconde. Un exercice collégial censé retirer à ce droit son caractère monarchique.

    Mais en 1958, les constituants de la Ve République entendent rompre avec cette logique : ils reviennent alors, avec l’article 17, à un exercice personnel et, en fait, discrétionnaire du droit de grâce. À l’époque, lors de l’élaboration de la Constitution, ce retour irrite les représentants de l’autorité judiciaire, qui accusent « cette novation » d’être en réalité une régression qui ramènerait l’État « très haut dans l’évolution historique » [2]. Du côté gaulliste, en revanche, on se félicite de cette personnalisation, qui correspond au fait que « le chef de l’État n’est responsable de l’exercice du droit de grâce que devant sa conscience et devant Dieu (s’il y croit) » [3].

    Le droit de grâce, en ce qu’il remet en cause les conséquences d’une décision juridictionnelle parfaitement régulière, se situe de fait dans la plus totale anormalité. Dans le dérogatoire absolu : ce que conforte encore le fait que le décret de grâce n’est pas publié au Journal officiel, comme s’il devait rester secret, et que sa légalité n’est pas susceptible d’être contestée devant le juge administratif. Une fois pris, le décret de grâce est définitif. Incontestable.

    Hollande aurait pu détourner le regard mais…

    Voilà pourquoi François Hollande, qui durant des années avait réclamé l’institution d’un « président citoyen » et vilipendé les « dérives monarchiques » de la Vème, s’est toujours senti très mal à l’aise face à cette prérogative héritée des rois. Jusqu’ici, rappelle le site de l’Élysée, il ne l’avait utilisée « qu’une seule fois, en permettant une libération conditionnelle sans éteindre la peine » au profit de Philippe El Shennawy, le plus ancien détenu de France, incarcéré depuis 38 ans – ce qui ne portait qu’une atteinte minime à l’autorité judiciaire. Mais il en allait tout autrement dans le cas de Mme Sauvage – dont la condamnation définitive par la Cour d’assises du Loir-et-Cher était toute récente, puisqu’elle remontait au 3 décembre dernier. Gracier la condamnée revenait ainsi à remettre frontalement en cause les conséquences des jugements des deux Cours d’assises successives lui ayant infligé la peine.

    À cet égard, le président Hollande aurait donc pu détourner pudiquement le regard – en se réclamant de la tradition républicaine, ou de la majesté de la loi, ou du respect de l’autorité judiciaire, ou de la séparation des pouvoirs, ou même du principe démocratique puisque le jugement avait été rendu par des jurys citoyens. Ce qui lui aurait permis, en refusant la grâce, de réendosser d’un seul coup le costume (deux-pièces) du « président normal », et du chef d’État droit dans ses bottes…

    Sauf qu’à cette place et dans cette fonction, c’est cette (pseudo) normalité qui s’avère anormale. D’autant que, comme l’a montré l’expérience de la Révolution, la suppression du droit de grâce profite peut-être à l’institution judiciaire, mais jamais à la justice. Summum jus, summa injuria, dit un adage latin : le droit strict est strictement injuste, ainsi que le prouve d’ailleurs le cas de Mme Sauvage, cette dernière, si l’on s’en tenait à la loi, ne pouvant, malgré les décennies de souffrance infligées par un mari monstrueux, qu’être jugée coupable, et punie en conséquence. Du reste, dans ce jeu à fronts renversés, il est cocasse de constater que les plus farouches adversaires de la monarchie républicaine, comme Jean-Luc Mélenchon, étaient en tête de ceux qui réclamaient à cor et à cri la grâce de Jacqueline Sauvage.

    Et c’est ainsi que François Hollande céda – sans que l’on puisse savoir à quoi, ou à qui : à la pression des comités de soutien, des médias et des 400 000 signatures lui demandant d’agir ainsi ? Ou à la logique monarchique de sa fonction de chef de l’Etat ? Pourtant, s’il y céda, ce fut de mauvaise grâce, non sans hésitations ni réticences avouées : vorei e non vorei… C’est ce qu’indique la communication publiée par l’Élysée, où le président déclare avoir voulu faire face « à une situation humaine exceptionnelle »– comme si une grâce pouvait répondre à autre chose. Et où il conclut (on imagine son demi sourire en dictant cette apostille) n’avoir agi que « dans le respect de l’autorité judiciaire » – alors que la grâce est par définition le moyen ultime de passer, au nom de la justice, par-dessus les limites, les blocages, les pesanteurs inhérents à cette autorité judiciaire.

    Ce qui s’appelle se payer de mots, quand bien même ceux-ci ne trompent personne. Et qu’ils confirment que, même lorsqu’ils prennent de bonnes décisions, certains politiques demeurent toujours un peu à côté, ou en dessous, de leur fonction. 

    1. A. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Paulin, 1845, t. III, p. 540
    2. M Chazelle, Comité consultatif constitutionnel, 31 juillet 1958
    3. Fr. Luchaire, Comité interministériel, 30 juin 1958

    Frédéric Rouvillois [Causeur, 4.02.2016]

  • La liberté d’expression à nouveau foulée aux pieds, par Olivier Perceval.

    Renais­sance catho­lique mis en examen

    Nous appre­nons avec conster­na­tion cette nou­velle effa­rante : Jean Pierre Mau­gendre, pré­sident fon­da­teur de Renais­sance Catho­lique que nous connais­sons bien et qui est venu déjà pré­sen­ter son action de défen­seur des prin­cipes catho­liques dans cer­taines de nos réunions d’Action Fran­çaise est pour­sui­vi par les tri­bu­naux de la Répu­blique pour avoir pro­cla­mé la doc­trine de l’Église

    olivier perceval.jpgNous nous fou­tons comme de nos der­nières chaus­settes du lob­by homo­sexuel et autre LGBTQ+, dans la mesure où celui-ci ne vient pas nous inter­dire de pen­ser autre­ment que lui. L’accusation de pro­vo­ca­tion à la dis­cri­mi­na­tion qui est invo­quée par les plai­gnants pour­rait du reste se retour­ner contre eux, car ce qu’ils remettent en cause est la doc­trine qui est à l’origine de la civi­li­sa­tion occi­den­tale, ils peuvent la contes­ter, mais sou­haitent ils l’interdire et jeter les chré­tiens en pri­son, comme il y a 2000 ans on les lapi­dait ou les livrait aux fauves dans les cirques romains ?

    L’AF reven­dique la liber­té d’expression pour tous, et le droit de contes­ter les lois sus­cep­tibles de cau­ser un grand désordre dans la socié­té. Il peut y avoir débat, mais dès lors que la répres­sion judi­ciaire s’abat sur un sujet qui fait diver­gence, ce sont les liber­tés publiques qui sont en jeu et c’est un devoir pour tous les hommes atta­chés aux liber­tés de se lever contre un pro­cès inique. En outre, c’est contre Rome, ou sa repré­sen­ta­tion en France que devrait avoir lieu un tel pro­cès et non contre un chré­tien pra­ti­quant qui se contente de rap­pe­ler la posi­tion offi­cielle de l’Église. (NDLR)

    « Mer­cre­di 24 février Jean-Pierre Mau­gendre a été mis en exa­men, comme direc­teur de publi­ca­tion du site inter­net Renais­sance catho­lique, par le juge d’instruction pour « pro­vo­ca­tion à la dis­cri­mi­na­tion à l’égard d’un groupe de per­sonnes à rai­son de leur orien­ta­tion sexuelle ». Ceci fait suite à une plainte, avec consti­tu­tion de par­tie civile, dépo­sée par l’association Stop homo­pho­bie le 30 juillet dernier.

            Il est repro­ché à Renais­sance catho­lique d’avoir publié sur son site, le 13 juin 2019, un article inti­tu­lé :L’Église du Dieu vivant : la colonne et l’appui de la véri­té (1 Tim 3 ‚15) tenant « notam­ment les pro­pos sui­vants : « Les auto­ri­tés civiles ne doivent pas éta­blir d´unions civiles ou légales entre deux per­sonnes du même sexe, qui clai­re­ment imitent l´union du mariage, même si de telles unions ne reçoivent pas le nom de mariage, puisque de telles unions encou­ra­ge­raient le péché grave pour les per­sonnes concer­nées et seraient cause d´un grave scan­dale pour d´autres (cf. Congré­ga­tion pour la Doc­trine de la Foi, Consi­dé­ra­tions à pro­pos des pro­jets de recon­nais­sance juri­dique des unions entre per­sonnes homo­sexuelles, 3 juin 2003) ».

                 Le texte incri­mi­né était signé des car­di­naux Burke, patron de l’Ordre de Malte, Pujats, arche­vêque émé­rite de Riga, et des évêques Peta, arche­vêque de Sainte-Marie en Asta­na, Len­ga, arche­vêque émé­rite de Kara­gan­da et Schnei­der évêque auxi­liaire de Sainte-Marie en Asta­na.   L’association Stop homo­pho­bie fait par­tie de cette constel­la­tion d’associations dont la voca­tion est d’assurer « la veille en temps réel sur les réseaux sociaux et inter­net » et de lut­ter « contre les dis­cri­mi­na­tions liées au sexe, au genre ou à l’orientation sexuelle ». Elle inter­vient en milieu sco­laire et pro­fes­sion­nel sur ces pro­blé­ma­tiques et mène des actions judi­ciaires. Cette asso­cia­tion est lar­ge­ment sub­ven­tion­née par la puis­sance publique, en par­ti­cu­lier la région Ile-de-France diri­gée par l’élue ex-LR Valé­rie Pécresse. Le site de la région Ile de France, sous le titre, « La lutte contre l’homophobie, une prio­ri­té pour la Région­so­li­daire » men­tionne Stop homo­pho­bie par­mi les asso­cia­tions béné­fi­ciant régu­liè­re­ment de fonds publics – 1,1 mil­lions d’Euros entre 2016 et 2020 pour 71 associations-. 

                Notre avo­cat sera maître Jérôme Triomphe, bien connu des défen­seurs de la vie humaine inno­cente. Nous espé­rons vive­ment qu’au-delà de la mise en cause de notre modeste asso­cia­tion de nom­breux catholiques : 

    laïcs, prêtres et évêques com­pren­dront que ce pro­cès sera, en fait, celui de la liber­té de l’Église à pro­cla­mer son ensei­gne­ment moral, à la lumière de l’Évangile et à rap­pe­ler ses exi­gences, dans une socié­té sécularisée. 

    Avec l’aide de Dieu nous ne nous déro­be­rons pas ! En ce temps de carême nous confions cette inten­tion à la prière de nos amis, connus ou incon­nus. Nous savons que demain, mal­gré le triomphe appa­rent des méchants, brille­ra sur ceux qui se tiennent au pied de la croix la lumière de Pâques. »

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • LES 3 PIERRES DE TAILLE DE LA MAISON DE L'AMOUR (89), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le quatre vingt neuvième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    comment choisir son conjoint. A VOIR LA NOUVELLE VIDEO...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/61/d7442f20-e9d9-43c8-87ae-90910cfbb636.mp3

    LES 3 PIERRES DE TAILLE

    ou comment choisir son conjoint

    La Maison de l’Amour, que nous avions déjà eu l’occasion d’évoquer, a des pierres de taille sur lesquelles elle repose. Cela nous permettra de mieux comprendre comment choisir son conjoint pour une union qui puisse durer toute la vie et porter de beaux fruits. Voilà déjà les trois pierres de taille fondamentales qui permettent de découvrir les vraies qualités de l’autre. Et les défauts aussi.

    1° LA PREMIERE PIERRE DE TAILLE

    pour faire son choix c’est de découvrir chez l’autre quelque chose que l’on va pouvoir partager et qui va durer aussi toute la vie : c’est Dieu et la Foi. Ou alors au moins les mêmes valeurs. Si on repose sur Dieu ou si on repose sur les mêmes valeurs, on a déjà une pierre solide pour construire cette Maison de l’Amour. La Foi ou des valeurs communes sont des principes qui dépassent nos existences limitées et nous font toucher à l’Infini ; qui transcendent notre quotidien – trop souvent terre à terre ou conflictuel – pour regarder vers En-Haut.

    2° LA DEUXIEME PIERRE DE TAILLE

    qui est importante pour construire dans la durée, c’est un projet commun de vie conjugale. Avec la création d’une famille, l’accueil d’enfants, le mariage, donc une certaine stabilité. Voici un témoignage significatif parmi ceux recueillis auprès de milliers de jeunes auxquels nous avons présenté ces questions d’Amour et de sexualité. Le jeune en question vit d’abord en concubinage pendant plusieurs années, enfin il se marie. Et là au bout de trois - quatre ans on lui pose la question : « Et il n’y pas d’enfant en perspective ? ». Et il répond : « Il faudrait être deux pour ça ». Alors que le voilà déjà en vie conjugale depuis plusieurs années, avec même un mariage, c’est une question qui n’a pas été évoquée au point de départ. Ce n’était pas un projet commun. On parle de beaucoup de choses dans une relation entre un garçon et une fille (en plus des passages à l’acte…). Mais on ne parle quelquefois pas de l’essentiel. Et pourtant c’est le point de départ qui doit permettre de se projeter ensemble dans le même chemin de vie. « Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction » (Saint-Exupéry).

    3° LA TROISIEME PIERRE DE TAILLE

    c’est aussi un projet de vie au quotidien. Pour lequel il faut trouver un commun dénominateur, trouver un accord ou un compromis.C’est par exemple le lieu de résidence : il est important de savoir où on va pouvoir habiter. Etablir son nouveau foyer, tout en coupant le cordon ombilical avec sa famille d’origine (combien d’unions se sont terminées par un échec parce que l’on avait rien fixé au point de départ et que l’un des conjoints était resté sous l’influence et la proximité de ses parents). « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Gen.2.24). C’est le travail qu’il faut avoir déterminé. L’un pense par exemple je suis dans le domaine de l’hôtellerie et je vais devenir directeur de tel ou tel hôtel d’une grande chaîne : une fois je serai à Tokyo, une fois à Paris, une fois à New York. Et la future épouse, quant à elle est institutrice dans son village, elle ne se voit pas du tout apprendre une fois l’anglais, une fois le japonais, pour devenir institutrice à l’autre bout du monde. Pour éviter les conflits futurs, il faut avoir trouvé un accord préalable pour le travail et puis aussi pour toute la vie au quotidien. Cela doit se faire quand on commence à se connaître et que l’on fait des projets communs de vie. Et également pendant le joli temps des fiançailles (aujourd’hui oublié au profit du concubinage) que l’on appelle au Canada les « accordailles », belle expression qui veut bien dire que c’est le temps où l’on va s’accorder (comme un orchestre ) et trouver des accords pour le futur commun. Ces accords à discuter et à trouver (au-delà du lieu de résidence et du travail) portent aussi sur les loisirs. En respectant une part de liberté pour chacun. Prenons un exemple : l’homme aime faire du judo, sa future épouse n’aime pas du tout, ce n’est pas pour autant que le mari n’aurait plus le droit de toute sa vie d’en faire. Il y a une certaine liberté que chacun doit garder et que l’autre doit respecter avec joie. Ça marche bien sûr dans les deux sens, ce n’est pas parce que l’une aime la couture que l’on doive imposer çà à l’autre, que l’homme soit fan de matchs de foot qu’il doive obliger sa femme à les voir.

    Ce sont là les trois premières pierres de taille. Mais il y a aussi du ciment entre ces pierres de taille qui va permettre que dès le début cela soit bien fixé. Quand on va dans un château-fort on s’aperçoit qu’à l’origine il y avait du ciment entre les diverses pierres. Et aujourd’hui on ne voit plus que du sable, le ciment est devenu du sable. Mais les pierres sont comme enracinées dans le sol et ajustées les unes aux autres, si bien que ce ciment n’est plus utile. Ce ciment dans le domaine de l’union conjugale c’est le sentiment amoureux. Selon diverses études publiées, on sait que cela ne dure que 2-3 ans. Après, ce sentiment amoureux devient plutôt comme du sable. Mais si on a bien fixé les pierres de taille dès le point de départ, ensuite ça tient pour très longtemps, pour toute une vie. Et cela s’appelle l’Amour qui va bien plus loin que la passion des débuts.

    Toutefois faut-il que, dans le sous-sol, les fondations soient elles aussi solides. Voici aussi un élément qu’il est indispensable de voir avant de faire son choix définitif. Le sous-sol c’est la partie obscure, le côté caché de l’autre. Mais cela ne peut pas se découvrir dès le début. On est d’abord séduit par les qualités de la personne. C’est ce qui nous attire. Et si avec le temps (même les années) on trouve des qualités supplémentaires, tant mieux. Mais si des défauts majeurs sont présents, si on ne les découvre que plus tard, une fois qu’on s’est déjà engagé, c’est trop tard. Ca fait s’effondrer le tout. Ainsi pour une maison, quand on veut construire avec les meilleures pierres de taille, avec le meilleur ciment, avec les meilleurs matériaux et qu’on ne regarde pas si dans la cave il y a un champignon qui va tout manger, s’il y a des marécages qui n’ont pas encore été asséchés, s’il y a des galeries d’anciennes mines qui vont déstabiliser le tout. C’est très dangereux, tout risque de se lézarder, puis s’effondrer. Tôt ou tard. Pour construire cette relation durable avec l’autre, pour construire la maison de l’Amour, le principe est le même. Il faut découvrir au fil des mois cette cave de l’autre, c’est-à-dire les défauts. Connaître les qualités, c’est relativement facile, on est attiré par les qualités, on en connaît automatiquement et si on en découvre une de plus dans un an, dans cinq ans, tant mieux. Par contre les défauts c’est plus grave. En effet il y a des défauts qui sont incompatibles. Pour prendre un exemple l’un est hyper ordonné et maniaque et l’autre est hyper désordonné, et bien cela ne fera que des étincelles, des conflits perpétuels. Ou encore l’un est très calme, très cool et n’aime pas les cris sans raison et l’autre susceptible, prêt à s’emporter pour un rien : il faut prendre ses jambes à son coup et éviter ainsi une croix perpétuelle ou une séparation ultérieure (dont pâtiront en plus peut-être des enfants). Pour découvrir ce sous-sol, ces défauts compatibles ou non, il faut du temps, avant un quelconque engagement. Il est important de savoir si on va construire la Maison de l’Amour sur du sable, du gravier ou du roc. En fonction de la nature des fondations et du sous-sol la construction tiendra, l’amour conjugal tiendra toute la vie ou alors seulement quelques mois ou quelques années.

    EN CONCLUSION.

    Des fondations solides, un sous-sol connu, des pierres de taille, le ciment de l’Amour, tout en laissant le temps au temps pour s’accorder, et voici la Maison de l’Amour construite pour le meilleur et pour le pire, prête à résister aux tempêtes, et qui durera toute une vie pleine de joies, de bonheur, de nouvelles vies accueillies et d’Amour partagé.

  • 150ème anniversaire • Gérard Leclerc : un entretien sur Charles Maurras

     
     

     

    Propos recueillis par Olivier François (Mercredi 25 avril 2018). On n'est pas forcément d'accord sur tout. Mais l'on peut débattre ...

    L’œuvre de Charles Maurras suscite de nouveau la curiosité, parmi une jeune génération d’intellectuels - notamment conservateurs. Des éditeurs importants tels Flammarion ou Armand Colin ont récemment publié des études consacrées à l’auteur de L’Avenir de l’intelligence, on citera celles de Stéphane Giocanti ou d’Olivier Dard. La collection Bouquins édite un choix de textes de Maurras.

    Entretien avec Gérard Leclerc qui, lui-même, prépare un recueil de certaines de ses études sur Maurras...

     

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    Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt pour la pensée de Charles Maurras ?

    Gérard Leclerc : Cela s’explique si l’on a conscience du phénomène intellectuel et politique considérable qu’a constitué la pensée de Charles Maurras et son influence dans la première partie du XXe siècle. Même si cette pensée a subi, comme c’est la règle, son moment de purgatoire, il était inévitable qu’elle revienne dans l’actualité, ne serait-ce que pour comprendre l’emprise qu’elle a pu avoir sur les générations précédentes. Il n’y a pas seulement les intellectuels qui ont participé directement au mouvement et au journal de l’Action française, tels Jacques Bainville, Léon Daudet ou, à leur manière, Georges Bernanos et Jacques Maritain. Il y a tous les autres, qu’ils s’appellent Marcel Proust (abonné à L’Action Française, dont il disait que la lecture constituait une cure d’altitude mentale), André Gide, André Malraux (auteur d’une belle préface à un petit ouvrage de Maurras), Jean Paulhan, directeur de la NRF, pour qui le directeur de l’Action française était le seul adversaire sérieux de Marx. On pourrait encore parler de François Mauriac, qui fut d’autant plus un adversaire qu’il était un lecteur passionné de Maurras et Bainville. Et enfin de Walter Benjamin, l’adversaire absolu qui ne pouvait se passer de la lecture du quotidien de Maurras dont il appréciait la haute tenue intellectuelle.

    pierre-boutang.jpgIl faut avoir ces données à l’esprit pour prendre la mesure de l’importance historique du phénomène qui s’est d’ailleurs prolongé après-guerre, avec des héritiers de premier plan comme Pierre Boutang et Pierre Debray.

    Maurras continue de provoquer des polé­miques. Son inscription au livre des commémorations a entraîné pétitions et contre-pétitions. Croyez-vous qu’il sera un jour possible d’étudier cette pensée paisiblement ?

    La démission de 10 membres sur 12 du comité des commémorations nationales, suite à la décision de la ministre de la Culture de retirer Charles Maurras de la liste des anniversaires de 2018, est un signe très important. Des historiens classés à gauche comme Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory n’ont pas supporté ce qu’ils considèrent comme une faute eu égard à l’importance de l’intéressé dans l’histoire récente de la France. Il est vrai qu’une cabale s’était constituée pour dénoncer l’antisémitisme de Maurras et son soutien au maréchal Pétain. Pierre Nora a fait remarquer qu’on ne pouvait réduire Maurras à son antisémitisme et qu’il convenait d’apprécier exactement les motifs de son engagement pendant l’Occupation.

    Cela ne signifie pas que l’antisémitisme maurrassien soit une question mineure, mais il s’agit de l’étudier dans son contexte précis. Il s’agit d’une attitude politique liée à l’affaire Dreyfus et à la constitution de deux camps ennemis, l’un défendant l’innocence du capitaine, l’autre dénonçant une entreprise antimilitariste, au moment où le pays était gravement menacé. Maurras n’a jamais voulu démordre de cette hostilité à l’égard de ce qu’il appelait «  le syndicat dreyfusard  ».

    Et son hostilité a rebondi au moment du Front populaire en 1936, avec Léon Blum. Le directeur de l’Action française ne s’est pas aperçu des conséquences dramatiques de cette hostilité prolongée dans le cadre de l’occupation nazie. Cela ne signifie nullement qu’il ait pactisé le moins du monde avec Hitler, dont il fut le premier adversaire conséquent et dénonça toujours le racisme. Un racisme qu’il considérait par ailleurs comme son plus vieil adversaire intellectuel et qu’il avait combattu en dénonçant aussi bien Gobineau que Vacher de la Pouge. Sur ce sujet on doit se reporter aux travaux de Pierre-André Taguieff.

    Je me suis moi-même intéressé à l’évolution de la pensée de Maurras à propos de l’Ancien Testament. Parti d’une position très hostile à l’inspiration biblique, il l’avait par la suite totalement récusée, en réhabilitant notamment l’esprit prophétique distingué des faux prophètes modernes. On doit signaler également la mutation radicale établie par son disciple Pierre Boutang, qui non content de récuser tout antisémitisme politique considère qu’il y a une primauté de la pensée juive (dont Martin Buber est un représentant majeur) et que l’existence d’Israël constitue peut-être le fait essentiel du XXe siècle.

    Le jeune Maurras se proclamait à la fois antichrétien et ultra-catholique, profession de foi paradoxale qui peut laisser penser que sa défense de l’Église était politique et instrumentale. Quel regard le catholique engagé que vous êtes porte sur le drame spirituel de Charles Maurras ?

    Certains ont voulu faire de Maurras un athée. Je ne connais pourtant aucun texte de lui se réclamant de l’athéisme. En revanche, il est agnostique, mais un agnostique d’une espèce particulière, comme Malraux. Maurras ne professe pas qu’il est impossible de reconnaître l’existence de Dieu. Il marque son incertitude personnelle, qui ne lui a pas permis de conclure. Et il ne s’en fait pas gloire !

    Par ailleurs, c’est quand même vraiment un drôle d’agnostique. Il semble bien qu’il ait gardé sur son cœur, durant toute sa vie, le scapulaire de la Vierge Marie dont il parlait dans un conte célèbre du Chemin de Paradis. Dans son magnifique poème testament intitulé La prière de la fin, lorsqu’il veut définir l’essence même de son patriotisme, il se réfère à «  la France de mesdames Marie, Jeanne d’Arc, Thérèse et monsieur saint Michel  ». On est loin d’Auguste Comte et du positivisme. Et on se rend compte de l’erreur profonde des démocrates chrétiens qui ont toujours défendu la thèse selon laquelle il ne défendait qu’un christianisme formel.

    Maurras est mort en 1952 et ce 20 avril 2018 est le cent cinquantième anniversaire de sa naissance. Maurras a été très engagé dans les débats politiques de son époque. Quelle est la part intemporelle de sa pensée ?

    Maurras peut nous apprendre à penser les institutions, le rapport de l’État et de la société dans des termes qui tranchent avec les principes politiques modernes. Il s’oppose au contractualisme de la démocratie libérale et à la philosophie de Hobbes qui considère que l’État est fondateur de la société. Maurras est en ce sens aussi opposé au libéralisme politique qu’à l’étatisme exacerbé des régimes totalitaires. C’est un penseur de la sociabilité, et il me semble, à ce titre, toujours actuel. • 

    Gérard Leclerc

    France Catholique

    Charles Maurras, L’Avenir de l’intelligence et autres textes, sous la direction de Martin Motte, préface de Jean-Christophe Buisson, Coll. Bouquins, 1 280 pages, 32 e.

    Jacques Paugam, L’âge d’or du maurrassisme, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 296 pages, 25 e.

    Stéphane Giocanti, Charles Maurras : Le chaos et l’ordre, Flammarion, 575 pages, 28,40 e.

    Olivier Dard, Charles Maurras, Armand Colin, 352 pages, 25 e.

    Gérard Leclerc, Un autre Maurras et autres textes, à paraître aux éd. France-Empire.

  • Prince Jean d’Orléans: «L’épopée napoléonienne a contribué à forger notre conscience nationale», par Frédéric de Natal.

    Jean d'Orléans © Kévin Guillot

    Pour le Comte de Paris, il est important de commémorer le bicentenaire

    Le prince Jean d’Orléans jette un regard étonnant sur Napoléon Ier et son œuvre. Loin des polémiques, l’héritier des rois de France se confie sur l’histoire et le destin commun de deux maisons réunies sous le sceau du roman national. À la veille du bicentenaire de la mort de l’empereur, le comte de Paris, descendant direct du roi Louis-Philippe, nous accorde une interview exclusive.

    frédéric de natal.jpgFrederic de Natal. La France va célébrer le 5 mai prochain le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier. Il est le troisième personnage préféré des français après Louis XIV et le Général de Gaulle. Admiré ou détesté, quel regard portez-vous sur l’ensemble de l’héritage laissé actuellement par celui qui fut empereur de la République Française ?

    SAR Jean d’Orléans. Il faut accepter le fait que nous sommes les héritiers d’une histoire complexe, héritiers de la Gaule romaine, de nos 40 rois de France, mais aussi de la Révolution française ou des cinq républiques. L’épopée napoléonienne fait partie de notre histoire et a contribué à forger notre conscience nationale, quelles que soient ses zones d’ombres.Je pense qu’il faut avoir un regard d’historien sur son œuvre et sur sa politique, avant de commenter la façon dont on peut aujourd’hui l’assumer ou l’assimiler. 

    Vous descendez de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français.  Durant tout le Premier empire, il s’exile à Londres puis à Palerme où il épouse Marie-Amélie de Bourbon-Sicile. Une maison royale privée de son trône à Naples par Napoléon. Loin d’être rancunier, une fois sur le trône de France, il mandate son fils, le prince de Joinville, pour ramener les cendres de l’empereur en 1840. Quelle signification revêt cette décision et pourquoi cela a-t-il été important pour votre ancêtre d’honorer la mémoire d’un homme qui fit et défit les monarchies européennes au nom de son ambition personnelle ?

    La volonté politique du roi Louis-Philippe a toujours été motivée par l’unité nationale et la nécessité d’une synthèse entre deux modèles, pré-révolutionnaire et post-révolutionnaire. Je pense que ce retour des cendres procède du même état d’esprit. C’était un geste incroyable à l’époque. Il faut imaginer tout le périple du prince de Joinville qui part chercher les restes de Napoléon à Sainte-Hélène à bord de la « Belle Poule », débarque au Havre, remonte la Seine jusqu’à Courbevoie puis escorte ses restes en calèche jusqu’à l’Hôtel des Invalides. N’oublions pas que Louis-Philippe a fait entièrement restaurer Versailles, qu’il en a fait le château que l’on connaît aujourd’hui et qu’il l’a doté d’une galerie des batailles qui est dédiée à toutes les gloires de la France y compris celles de Napoléon. Il a créé le roman national qui continue de s’écrire depuis.

    Peut-on dire que Napoléon a été la main qui a parachevé les nombreuses réformes entreprises par Louis XVI, brutalement stoppées par la Révolution française, ce génie qui a manqué à la monarchie des Bourbons ?

    Chaque dynastie a sa part de génie, et les Bourbons n’en ont pas manqué! Napoléon a bien sûr bénéficié d’une certaine réflexion entamée au siècle précédent. Il a aussi intégré les leçons de la Révolution, et a effectivement repris un certain nombre de dispositions qui étaient déjà dans les papiers de la monarchie Bourbon.

    Ce qui est remarquable chez cet empereur, c’est qu’il assume tout notre passé et s’inscrit résolument dans une histoire complexe et multiple, dont il se veut l’héritier. C’est d’ailleurs un trait de caractère commun aux grands hommes qui furent à la tête de notre pays, quel que soit le régime. Le meilleur exemple de cette logique de continuité étant son mariage avec la nièce du roi Louis XVI, Marie-Louise d’Autriche.

    A qui  appartient au final la figure marquante de Napoléon ? A la France ou à l’Europe qu’il a conquis menant ses troupes jusqu’à Moscou ?

    Napoléon reste une figure universelle, que l’on aime le personnage ou non. Pour nous Français, on s’y rattache comme à un souvenir glorieux de ce qu’a été la France, à un sursaut incroyable, à une époque où nous en avons besoin. Malgré la dureté des guerres, il reste encore aujourd’hui un sujet d’admiration pour les peuples d’Europe qu’il a vaincus. Il suffit de voir tous les ouvrages et les films qui sortent régulièrement sur ce grand nom de notre histoire, et la fascination dont il fait l’objet dans le monde entier.
    D’après moi, la France est plus un royaume qu’un empire et le modèle monarchique capétien me semble plus pertinent. Mais Napoléon reste un symbole de cette gloire dont nous espérons bientôt retrouver le chemin.

    Napoléon Ier a laissé derrière lui un  héritage patrimonial important. Vous êtes vous-même investi dans la préservation de notre riche patrimoine national. Pour vous, quel est le monument qui symbolise et  caractérise le plus le Premier Empire. Pourquoi ce choix ?

    Je retiens surtout l’Hôtel des Invalides fondé par Louis XIV et renouvelé par la geste napoléonienne, par ses batailles, comme le musée en fait état aujourd’hui. Je trouve que ce monument est une bonne synthèse politique, militaire, sociale, un monument qui fait honneur à notre passé, au caractère des Français, à l’art, à notre engagement envers les plus faibles, envers ceux qui ont servi la Nation.
    Même s’ il est postérieur, je nommerais également le château de Compiègne, un joyau de notre architecture qui est aussi un témoignage de continuité historique par-delà les régimes.

    Pensez-vous qu’il soit important que les plus hautes autorités de l’Etat assistent aux cérémonies de ce bicentenaire qui seront également accompagnées de l’inhumation des restes retrouvés en Russie du général Gudin ? Une absence de leur part  serait-il une erreur au regard de tout l’héritage laissé aux Français par le Premier empire ?

    Je pense que nos représentants politiques doivent être présents à cette commémoration et encore plus le président Emmanuel Macron. Autant en tant que dépositaire de ce destin français qu’en tant que chef des armées. Ce bicentenaire doit être soutenu, porté et assumé par le gouvernement.

    Je serai pour ma part présent aux cérémonies du 5 mai à l’Hôtel des Invalides.

    Certains politiques, faisant le jeu d’un certain communautarisme indigéniste, accusent aujourd’hui Napoléon Ier d’avoir été un esclavagiste. Un combat qui semble anachronique pour beaucoup. Chef de la Maison royale de France, selon vous, quels sont les dangers à analyser l’histoire sans aucune re-contextualisation ? 

    Ces dérives idéologiques me dépassent quelque peu.  Il est anormal que l’on tente de faire disparaître des pans de notre histoire en les jugeant sur la base de nos mœurs présentes. Au cœur d’une grave crise sociale, alors que le pays est plus morcelé que jamais, on ne fait que casser au lieu de recoller. Des personnes profitent de ce chaos pour exister. Qu’elles se demandent comment à leur tour, les siècles futurs les jugeront.
    Ce n’est en tout cas certainement pas ainsi que nous aurons ce destin commun que l’on ne cesse de nous vanter. Il n’y a tout simplement pas de débats à avoir et on doit accepter les bons comme les mauvais côtés de notre Histoire.

    Votre grand-père Henri d’Orléans entretenait des rapports conflictuels avec le grand-père du prince Jean-Christophe Napoléon, chef de la maison impériale de France. Vous descendez tous deux d’Henri IV. Quels sont vos liens actuels avec votre cousin ?

    Je n’ai pas connaissance d’un conflit particulier entre mon grand-père et celui de Jean-Christophe Napoléon. Nous gardons avec lui des liens étroits et amicaux, d’autant que sa mère, Bourbon-Sicile, est aussi ma tante.
    N’oublions pas non plus que nos deux maisons ont été exilées en 1886 par la IIIème République. C’est un souvenir douloureux que nous partageons.
    Nous partageons aussi cette idée que la France doit pouvoir compter sur ses princes. Des princes modernes qui assument leur destin, et qui s’inscrivent résolument dans cette histoire à plusieurs visages. Pourquoi ne pas imaginer que nous en ferons une synthèse qui permettra de dessiner une suite à cet héritage national qui nous est commun.

    Source : https://www.causeur.fr/

  • la marque de Dieu: les animaux & les hommes (3e) (70), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le soixante dixième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Dieu qui est Créateur a lui aussi laissé sa marque sur toute sa Création: dans cette troisième partie voici les animaux et les HOMMES...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/94/3faa01c4-07c3-4b11-a582-d8ccd0f4e36c.mp3

    LES ANIMAUX

    Cette même attraction, cette même marque du Créateur que l’on a vu pour les plantes, on la retrouve également chez les animaux. C’est là aussi une union sexuelle qui répond à cette loi de l’attraction universelle qui est de l’ordre biologique. Cette union entre le mâle et la femelle qui donne vie aux petits participe à la grande œuvre de la nature qu’est la transmission de la vie.

    Pour les oiseaux, par exemple, c’est une union qui est durable. Le couple d’oiseaux construit un nid pour y accueillir d’abord les œufs qu’il va couver et puis –une fois éclos- ce seront les oisillons qu’il va nourrir pendant des semaines. Avant que ces derniers ne puissent voler de leurs propres ailes. Et cette union des trois (père, mère, petits) peut se nommer famille. Ici c’est la « famille oiseau ». « Union » qui est ici aussi un reflet du Ciel et du Créateur, reflet de la « Communion » de la « Famille Dieu » qu’est la Sainte-Trinité (Père, Fils et Esprit-Saint).

    Pour les mammifères, les temps seront beaucoup plus longs et notamment l’éducation des petits pourra durer quelques mois, voire quelques années avant qu’ils ne soient autonomes. Et puissent à leur tour fonder une famille. Mais c’est le même principe qui régit cette loi pour l’ensemble des animaux (avec quelques variantes, mais l’exception ne confirme-t-elle pas la règle ?). Aussi bien pour les mammifères, que pour les sauriens ou les insectes… Et pour l’ordre animal cette attraction, cette union est mue par ce que l’on appelle « l’instinct sexuel » ou de reproduction.

    Mais on retrouve toujours cette union pour développer la Création et la Vie, véritable marque du Créateur. Qui cependant n’avait rien d’obligatoire, puisque aussi bien pour les plantes que pour les animaux, on aurait très bien pu concevoir une Création qui se fasse sans cette forme de partage, sans cette union des trois.

    Cette marque du Créateur et cette attraction universelle donnent ici aussi une union de trois pour l’accueil et la transmission de la Vie. La Vie, merveille essentielle de la Création. A travers un tableau, qui est l’œuvre d’un peintre, on comprend mieux et on admire le peintre. Quand on contemple le « Livre des Merveilles de la Création » on peut comprendre et louer le Créateur. *On contemple Dieu à travers la beauté de son œuvre, de sa Création. *

    LES HOMMES :

    « HOMME ET FEMME IL LES CREA  »

    (Gen. 1,27)

    Au sommet de la Création, celui qui est le résumé de l’ensemble, résumé, à lui tout seul, de toute l’histoire de l’Univers, c’est l’HOMME. Il est à la fois matière, donc il participe de l’ordre de cette attraction physique et chimique; il est végétal, il participe à l’attraction biologique aussi ; et également animal, et lié à l’attraction qui est ici de l’ordre de l’instinct. Et il a une dimension supplémentaire qui est l’ordre humain (avec conscience, intelligence et âme), si on s’en réfère à la Bible l’Homme est au sommet de la Création: « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre… » (Gen 1,28).

    L’Homme est à la fois matière (composé d’atomes), corps animé (d’où le mot animal : qui se meut, à la différence des plantes) et âme (humaine et spirituelle – immortelle). Il est la somme et le sommet de la nature et à l’image de Dieu-Trinité.

    L’homme est à la fois corps par la nature – donc une union de l’ordre sexuel pour transmettre la vie, comme pour les animaux - mais il est aussi esprit et âme (don et image de Dieu), et là cette union, homme-femme-enfants, devient communion grâce à l’Amour. Quand un garçon devient amoureux d’une fille, on dit qu’il est attiré par cette fille. Pour l’homme la loi de l’attraction universelle ne se résume pas à une union liée à une attirance électrique et chimique (comme pour les atomes), de gènes (comme pour les plantes) ou d’instinct (comme pour les animaux) mais elle est aussi l’Amour, et cette union-là on peut l’appeler communion comme pour Dieu. Car l’Amour est la caractéristique de Dieu-Trinité, de Dieu qui est Amour. C’est l’attraction universelle qui aboutit ainsi pour l’Homme, créé à l’image de Dieu, à l’Amour – avec un grand A bien sûr - entre l’homme qui va aimer la femme, la femme qui va aimer l’homme, qui vont tous deux aimer les enfants, les enfants qui vont aimer leur père et leur mère. C’est une communion d’Amour qui existe ainsi entre les trois personnes de la Famille à l’image de Dieu-Trinité. « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre,… » comme le rapporte la Genèse (1,28). On pourrait même résumer cela : « à l’image de Dieu, homme et femme et enfants, il les créa ». Car cette union des trois, cette communion est un fruit de l’Amour et un don de Dieu. Cette loi de l’attraction universelle devient pour l’homme la loi de l’Amour.

    Et sur terre Dieu a choisi une icône parfaite de l’image de Dieu-Trinité que devrait devenir toute famille unie par l’Amour. C’est la Sainte-Famille, Jésus-Marie-Joseph, un exemple pour toutes les familles du monde. Dieu-Trinité (Père, Fils, Esprit-Saint) a voulu s’incarner dans une famille. Une personne de la Sainte Trinité qui est le Fils, Jésus, est devenu aussi une personne de la famille humaine, en devenant un membre de la Sainte-Famille. Voici Jésus-Marie-Joseph qui sont comme le reflet sur un lac de la Sainte-Trinité qui se trouve au Ciel. L’image 2D du 3D que l’on trouve au Ciel. Jésus est à la fois membre de la Sainte Trinité et membre de la Sainte-Famille, Dieu (le Fils) fait Homme (le nouvel Adam).

    L’homme est ainsi l’addition et l’accomplissement de la Création, avec la matière, le végétatif, l’animal et l’humain. Et il retrouve Dieu, son Créateur, par l’intermédiaire de cette Sainte-Famille. Une image représentant ce que doit pouvoir faire l’homme qui est aussi de l’ordre du divin. Puisque Jésus est venu réconcilier l’Homme avec Dieu et le faire accéder à cette vie divine qui peut devenir une vie éternelle.

    EN CONCLUSION

    La loi de l’attraction universelle, marque de Dieu-Trinité (infini de l’Amour), donne en l’Homme, à la fois ce lien entre Dieu-Trinité et l’ensemble de la Création - l’Homme étant façonné à partir de la matière et de tous les stades de la Création - mais aussi l’image de Dieu avec une âme destinée à être éternelle en se reposant sur l’Amour. Amour - qui est débordement de Création et de Vie - issu de la communion entre les trois personnes de la Sainte-Trinité.

    A VOIR AUSSI SUR NOTRE SITE:

    -la 1ère partie: de l'atome à l'étoile

    - 2eme partie: les plantes

  • Éphéméride du 25 octobre

    2007 : Premier vol commercial pour l’A 380

     

     

     

     

     

    732 : Charles Martel repousse les Maures 

     

    Probablement sur le territoire de la commune de Moussais (rebaptisé depuis Moussais-la-Bataille), les Francs commandés par Charles Martel ont repoussé une razzia menée par Abd el Rahman, lors de la bataille de Poitiers : 

     

    https://www.herodote.net/25_octobre_732-evenement-7321025.php 

     

    charles martel.JPG

    Partis de Pampelune, les musulmans - qui ont envahi l'Espagne en 711 - ont conquis le Sud-ouest et ravagé Bordeaux; ils ont aussi fait des incursions dans le Sud-est : des légendes locales (comme celle de la Cabro d'Or, aux Baux-de Provence) et la toponymie en gardent quelques souvenirs (le massif des Maures; la Garde-Freinet...).

    Ils remontent maintenant vers le Nord-ouest, pour y piller les riches monastères. C'est là que Charles Martel - y gagnant son surnom... - stoppera définitivement leur avancée.  

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    Charles Martel mourra neuf ans plus tard, en 741 : sur son importance et le rôle politique qu'il a joué, voir l'Éphéméride du 22 octobre. 

     

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    1415 : Désastre d'Azincourt

     

    La chevalerie française est écrasée par les troupes du Roi d'Angleterre Henri V.

    Après 35 ans de victoires françaises (avec Charles V et du Guesclin), les Anglais reprennent l'avantage, Azincourt ayant été précédée par les désastres de Crécy (voir l'Éphéméride du 26 août) et de Poitiers (voir l'Éphéméride du 19 septembre).

    Et pourtant, les français étaient supérieurs en nombre...

    De fait, la bataille d'Azincourt marque la fin de l'ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée (ci dessous, reconstitution historique : les archers gallois du Roi d'Angleterre).

    Suprématie qui ne fera que se renforcer par la suite grâce à l'invention des armes à feu...

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     Dans notre album L'Aventure France racontée par les Cartes, voir la photo La Guerre de Cent Ans (3/4) : deuxième effondrement...

     

     

     

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    1653 : Mort de Théophraste Renaudot

     

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    À Paris, qui se souvient...

    http://www.histoire-pour-tous.fr/biographies/3848-theophraste-renaudot-1586-1653-biographie.html

     

     

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    1685 : Début de la construction du Pont Royal

     

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    D'abord, en 1550, il y eut le Bac des Tuileries, qui reliait la rive gauche (d'où le nom de Rue du Bac) à la rive droite, à hauteur de l'actuel Pavillon de Flore. Puis, en 1632, on construisit un pont en bois, à péage, le Pont Sainte Anne (pour Anne d'Autriche), ou Pont rouge (d'après sa couleur).

    Trop fragile, constamment emporté par des crues et devant être refait à répétition, il sera finalement remplacé - entre le 25 octobre 1685 et le 13 juin 1689 - par un pont en pierre de cinq arches, entièrement financé par Louis XIV, d'où son nom de Pont Royal.

    Très élégant, avec ses cinq arches en plein cintre, c'est le troisième pont le plus ancien de Paris, après le Pont Neuf et le Pont Marie.

     

    http://paris1900.lartnouveau.com/ponts/pont_royal.htm

     

     

     

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    1722 : Sacre de Louis XV

     

    Illustration du Temps long dont disposent les monarques : il est l'arrière-petit-fils de Louis XIV, et le grand-père de Louis XVI.

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    Louis XV à six ans, par Hyacinthe Rigaud 
              
    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre XIV, La Régence et Louis XV :
     
    "...C’est cependant par un acte d’autorité que débuta Louis XV, à seize ans, lorsqu’il renvoya le duc de Bourbon, à peu près comme Louis XIII avait secoué la tutelle de Concini. Le jeune roi avait donné sa confiance à son précepteur Fleury, évêque de Fréjus. Choix heureux : ce sage vieillard dirigea les affaires avec prudence. Il y eut, pendant quinze ans, une administration intelligente, économe, qui remit les finances à flot et rétablit la prospérité dans le royaume, preuve qu’il n’était pas condamné à la banqueroute depuis la guerre de succession d’Espagne et le Système de Law.
     
    De tout temps, la France n’a eu besoin que de quelques années de travail et d’ordre pour revenir à l’aisance et à la richesse. Notre éclatante civilisation du dix-huitième siècle ne s’expliquerait pas sans cette renaissance économique qui fut singulièrement aidée par les traditions bureaucratiques que le siècle précédent avait laissées. Il ne faut pas dire trop de mal des bureaux : leurs abus ne les empêchent pas d’être indispensables. Orry, dont le nom est resté obscur, fut un digne successeur de Colbert dans la gestion des deniers publics. D’Aguesseau, qui est illustre, continua l’œuvre législative que Colbert avait commencée, et, pour une large part, ses ordonnances ont été reproduites par le Code civil, car la Révolution a continué au moins autant qu’elle a innové.

    25 octobre,louis philippe,azincourt,louis xv,a 380,concorde,obélisque,bizet,carmen,charles martel,poitiers,maures,pont royalAppliqué au relèvement de la France, Fleury (ci contre), au-dehors, évitait les aventures. Il n’avait pas de grandes vues de politique européenne mais un sens assez juste de l’utile et du nécessaire. Le point noir de l’Europe, à ce moment-là, c’était la succession d’Autriche qui se présentait d’ailleurs autrement que la succession d’Espagne. L’Empereur Charles VI, n’ayant que des filles, se préoccupait de laisser ses États héréditaires à l’archiduchesse Marie-Thérèse et il cherchait à faire signer et garantir ses dispositions testamentaires, sa "Pragmatique sanction", par toutes les puissances. En France, un parti déjà nombreux représentait que la maison d’Autriche était l’ennemie du royaume, que nous n’avions pas intérêt à la perpétuer et que l’occasion de l’abattre définitivement ne devait pas être perdue. On était antiautrichien au nom de la tradition et des principes de Richelieu. Ainsi naissait, sur une question de politique étrangère, une controverse qui devait dégénérer en conflit, un conflit qui, un jour, deviendrait fatal à la monarchie elle-même..."

     

    Pierre Gaxotte a consacré au grand règne de ce grand roi un livre majeur : Le siècle de Louis XV (voir l'Éphéméride du 21 novembre)...

     

     

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    1791 : Dernière messe à l'abbaye de Cluny

     

    Ce chef d'oeuvre absolu de l'art roman, le plus grand édifice religieux de la chrétienté jusqu'à la construction de Saint Pierre de Rome va être démoli par les vandales révolutionnaires...

    Véronique Prat raconte (Le Figaro Magazine, 24/12/2010), n° 20652) :

    "...Les objets précieux, le mobilier liturgique, les grandes tentures brodées de fil d'or de celle qui fut la maior ecclesia du Moyen-Âge ont été réquisitionnés. Tout ce qui pouvait être vendu a été bradé. Tout ce qui pouvait être arraché à la pierre a été saisi. Seule reste la colossale et majestueuse carcasse du bâtiment, toujours imposante avec ses 187 mètres de long, ses cinq nefs, son choeur multiple, ses grand et petit transepts, ses 300 chapiteaux principaux, ses sept clochers.

  • Éphéméride du 1er décembre

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    2001 : professionnalisation totale de l'Armée française

     

     

     

    660 : Mort de Saint Éloi 

     

    Né en 588 près de Limoges, Éloi est un orfèvre au service du roi qui entre dans les ordres et devient à la fois évêque de Noyon et Ministre des Finances du "bon roi Dagobert" 1er.

    Intègre, travailleur et grand organisateur, le roi le charge d’importantes négociations et l’envoie en 636 auprès du Duc de Bretagne, Judicaël, qui s’est révolté et a pris le titre de roi : Éloi l’amène à faire sa soumission...

    Doué pour les arts, attentif aux besoins des pauvres comme au service de l’État, alors balbutiant, Éloi a été choisi comme saint patron par les mécaniciens, par les orfèvres et par ceux qui travaillent le fer...  

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    Missel de Saint Éloi (IXème siècle) - très antique Missel originaire de Corbie (Bibl. Nat., lat. 12051) 
     

     

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    1420 : Entrée d'Henri V, roi d'Angleterre, dans Paris

     

    Triste temps : la Guerre de Cent Ans, après des désastres et un spectaculaire redressement français est, de nouveau, vraiment mal repartie : la France est, de nouveau, au plus bas; il semble bien que les jeux soient faits et que les Anglais doivent, cette fois, l'emporter...

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, La Guerre de Cent ans et les révolutions de Paris. : 

     

    "...Le désastre d'Azincourt ne ranima pas la France, elle se dissolvait. Par un autre malheur, les chances de l'avenir reculèrent. En quelques mois, trois dauphins moururent. Seul resta le quatrième fils de Charles VI, un enfant. La longue incapacité du roi fou ne finirait que pour une nouvelle minorité : Henri V pouvait se proclamer roi de France. D'ailleurs les Français se battaient entre eux devant l'ennemi. La reine elle-même, la Bavaroise Isabeau (ci dessous), avait passé au duc de Bourgogne, de plus en plus populaire parce que son parti était celui de la paix à tout prix avec les Anglais. Bientôt les Bourguignons ouvrirent à Jean sans Peur les portes de Paris.

    Ce fut une terrible revanche pour les exilés, pour les vaincus des journées cabochiennes qui revinrent avides de vengeance. Des milliers de personnes du parti armagnac avaient été arrêtées : il ne fut pas difficile de réveiller la furie des écorcheurs et de la foule. À deux reprises, des massacres eurent lieu dans les prisons. Étrange ressemblance de ces scènes avec celles de septembre 1792. Plus étrange encore le soin des historiens de ne pas la marquer, comme si la révolution du dix-huitième siècle avait été un phénomène miraculeux ou monstrueux, mais unique et gigantesque, au lieu d'être un épisode à sa place dans la suite de nos crises et de nos renaissances, de nos retours à l'ordre et de nos folies.

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    Christine de Pisan présente son livre à Isabeau de Bavière
     

             

    Jean sans Peur (ci dessous) finit par rétablir un peu d'ordre dans Paris, mais la France était dans le chaos. La confusion des idées était extrême. Il n'y avait plus de gouvernement. Le duc de Bourgogne tenait en son pouvoir le roi fou, parlait en son nom et avait pour complice la reine Isabeau, l'indifférente et obèse Bavaroise. Le dauphin Charles s'était retiré avec ses partisans au sud de la Loire. Cependant Henri V procédait méthodiquement à la conquête de la France, prenait Rouen et s'installait en Normandie.

    On reprochait à Jean sans Peur de trahir. Sans doute ne voulut-il pas conclure avec l'Angleterre une paix qui ne pouvait être que honteuse et s'exposer à la protestation du dauphin : l'âme de la résistance nationale se fût réfugiée chez le futur roi. Jean chercha donc à se rapprocher du jeune prince. Deux entrevues eurent lieu. À la seconde, à Montereau, une altercation éclata. Le duc de Bourgogne fut assassiné, ainsi que lui-même jadis avait fait tuer le duc d'Orléans (1419).

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    Ce nouveau crime politique, commis en présence du dauphin bien que celui-ci ne l'eût pas commandé, précipita la fin du drame. Comme jadis le parti d'Orléans, le parti bourguignon cria vengeance, en appela au pays. Cette vengeance, le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, l'exerça contre la France. Il la livra à Henri V qui épousa une fille de Charles VI et qui deviendrait roi de France à sa mort, les deux couronnes devant alors être confondues. Ainsi la France était conquise par l'Angleterre, elle perdait son gouvernement national puisque le dauphin Charles, le "soi-disant dauphin" était déchu de ses droits au trône par un document signé de Charles VI privé de ses dernières lueurs de raison.

    Dans ces mots "soi-disant dauphin" il y avait une imputation terrible : celle que Charles VII n'était pas le fils de son père. Tel fut le honteux traité de Troyes (20 mai 1420). Plus honteuse l'acceptation de l'Université, du Parlement, de tous les corps constitués de France. La signature de Charles étant nulle, les États généraux consentirent à donner la leur. Paris même, ce fier Paris, acclama Henri V, "moult joyeusement et honorablement reçu". Henri V s'empressa de prendre possession de la Bastille, du Louvre et de Vincennes. De ces forteresses, un roi étranger commanderait les Parisiens. Voilà ce que les révolutions leur avaient apporté : elles sont la seule cause de cet incroyable abaissement. La misère, la famine étaient telles, à la suite de ces longs désordres, que Paris, après avoir perdu le sens national dans ses disputes, avait perdu la dignité..."

     

     Après son grand-père, le futur Charles V, lui aussi Dauphin quand il quitta Paris aux mains d'Étienne Marcel, le Dauphin Charles - futur Charles VII - est ainsi  le deuxième des quatre rois - ou détenteurs de fait du pouvoir royal ou de la légitimité royale... - à devoir quitter Paris pour sauver sa vie et son trône, avant d'y revenir en maître, après avoir vaincu les factieux...

    Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides :

    pour les rois morts à l'étranger, voir l'Éphéméride du 8 avril;

    pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'Éphéméride du 11 février;

    pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'Éphéméride du 21 mars;

    pour les rois assassinés, voir l'Éphéméride du 30 juillet...

     

    Et, pour en revenir à la Guerre de Cent ans : 

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      Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "Guerre de Cent Ans (3/4) : deuxième effondrement"

     

     

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    1684 : Création du Régiment de Béarn

     

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     Il s'agit de l'un des dix plus anciens régiments de l'armée française.

    Au début, ceux-ci n'étaient qu'au nombre de quatre : le Régiment de Picardie, le Régiment de Champagne, le Régiment de Navarre et le Régiment de Piémont. On appelait familièrement ces régiments les "Vieux corps"...

    En 1620, le nombre de régiments fut porté à dix : aux 4 "Vieux corps" initiaux, un cinquième fut d'abord ajouté : le Régiment de Normandie; puis 5 autres régiments : le Régiment de Bourbonnais, le Régiment de Béarn, le Régiment d'Auvergne, le Régiment de Flandre et le Régiment de Guyenne : ces six nouveaux régiments reçurent le surnom de "Petits Vieux"...

    Dans notre Album Drapeau des Régiments du Royaume de France voir la photo "Les plus anciens régiments sont d'infanterie", puis toutes les photos de la Partie 1, dont celle concernant "Le Régiment de Béarn"...

     

    Un premier décembre également, mais en 1684, sera créé le Régiment de Cambrésis :

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    1760 : Naissance de Marie Tussaud

     

    C'est elle qui est la fondatrice du fameux Musée de Cire de Londres.

    Très proche de la famille Royale (elle fut invitée à vivre à Versailles...) elle faillit être guillotinée à la Révolution pour sympathies royalistes, et finit par s'exiler en Angleterre.

    Elle réalisa les effigies de Louis XVI et de Marie Antoinette (ci dessous, au musée de cire de Londres).

    Le Musée Grévin, à Paris, fut crée en 1882 à l'imitation de celui qu'elle avait crée à Londres.

  • Éphéméride du 9 juin

    1664 : Fondation, à Strasbourg, de la Brasserie du Canon, devenue Kronenbourg

     

     

     

     

    721 : Eudes d'Aquitaine écrase les envahisseurs musulmans à Toulouse

     

    Il a à peine dix ans que des troupes musulmanes venues de l'actuel Maroc et de l'actuelle Mauritanie ont envahi l'Espagne, et se sont emparés de toute la péninsule, à l'exception des endroits les plus reculés des Pyrénées basques et cantabriques, que les Espagnols appellent toujours avec fierté, aujourd'hui, "el rincón sagrado", le recoin sacré,la Croix n'a jamais été soumise au Croissant.

    Ces troupes, obéissent à leur chef Tarik, qui à donné son nom à Gibraltar ("Djebel al Tarik", la montagne de Tarik) et provoqué quasi instantanément la chute de la royauté wisigothique.

    Refoulés en Espagne par Clovis, après sa victoire de Vouillé (voir l'Éphéméride du 25 mars) les Wisigoths ont, d'abord développé une brillante civilisation, mais celle-ci s'épuisera très vite, notamment à cause de ses luttes intestines incessantes; un affaiblissement que l'Islam  - en pleine expansion, lui... - mettra à profit pour agrandir ses territoires.

    Et, après l'Espagne presque toute entière, les musulmans essaieront d'envahir ce qui sera, un jour, la France : à la fois vers l'est et la Provence, et vers le nord.

    Ils seront définitivement brisés à Poitiers, en 732, par Charles Martel (voir l'Éphéméride du 25 octobre).

    Mais, dix ans avant, la résistance à leur progression était déjà très forte, et le processus de leur expulsion avait déjà commencé. 

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    Au cours de la bataille, l'armée d'Eudes réussit à tuer le chef musulman, Al-Samh ibn Malik al-Khawlani... 

    https://www.herodote.net/9_juin_721-evenement-7210609.php 

     

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    1109 : Ré-organisation de la Foire du Lendit à Saint-Denis  

     

    1.200 loges de bois y accueillaient les marchands, venus de toute l'Europe. Cette foire gardera toute son importance pendant six siècles (l'Université de Paris y venait, en corps, pour y acheter du parchemin...) jusqu'à ce que la Révolution la supprimât, en 1793.

    Elle durait deux semaines (du 11 juin, jour de la Saint-Barnabé, jusqu'au 24 juin, jour de la Saint-Jean)... 

    Foire_Lendit.jpg
    Pontifical de Sens, XIVème siècle
    Paris, Bnf, Département des manuscrits, Latin 962, fol. 264 
     
     
     
     
     
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    1231 : Louis IX ordonne la construction du premier Quai de Paris : le Quai des Grands Augustins...

     

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    Avant le règne de Louis IX, le lieu, situé en face de Notre-Dame, n'était qu'un terrain planté de saules, régulièrement inondé et d'accès difficile. Le roi ordonna au Prévôt des marchands de Paris - par Lettres du  d'y faire construire un quai, qui ne fut achevé qu'en... 1389 !

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    Le premier quai bâti en pierres est le Quai des Grands Augustins au début du XIVe par le prévôt Étienne Barbette; il est suivi en 1369 du Quai de la Mégisserie (refait en 1529, élargi en 1769). François 1er fait aménager le Quai du Louvre (1530). Le Quai des Tuileries suit à la fin du siècle. En 1642/1643  est bâti le quai de Gesvres, aux frais du marquis de Gesvres, entre le pont Notre-Dame et le pont au Change. Ce quai était construit sur une galerie voûtée ouverte par des arcades sur la Seine. Il est prolongé en 1675 entre le pont Notre-Dame et la place de Grève. Le Quai de Conti est bâti lors de la construction du Collège des Quatre-Nations (1662).

     Cet ensemble magnifique contribue largement à ce que l'UNESCO ait classé l'ensemble des "Rives de Seine" :

    https://whc.unesco.org/fr/list/600

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    1660 : Mariage de Louis XIV
     
     
    Le roi de France Louis XIV et l'infante d'Autriche Marie-Thérèse, tous deux âgés de 21 ans, se marient à Saint-Jean-de-Luz.

    Cette union scelle la paix signée dans les Pyrénées, sept mois plus tôt, qui mit fin à l'interminable guerre qui opposait - depuis les années 1500 - la dynastie française des Bourbons et la dynastie espagnole des Habsbourgs.

    En 1667, parce que l'Espagne n'a toujours pas payé la dot de Marie-Thérèse, Louis XIV revendiquera ses droits sur la succession espagnole, entraînant la Guerre de Dévolution et, finalement, la réunion de la Franche-Comté à la France (1667-1668, voir l'Éphéméride du 5 février).

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     Louis XIV avait quitté Paris en juillet de l'année précédente (voir l'Éphéméride du 28 juillet) : après le très long voyage que représenta ce mariage de Louis XIV, le couple regagna Paris par la Place du Trône, actuelle Place de la Nation, le 26 août 1660. On avait érigé, pour l'occasion, un Trône de grandes dimensions sur la Place, d'où son nom : Place du Trône...
    Sous la funeste Révolution, cette place sera appelée d'abord "Place du Trône renversé", et elle recevra, un temps,  la guillotine (voir l'Éphéméride du 13 juin), sur laquelle périront les Carmélites de Compiègne, qui ont inspiré Bernanos (voir l'Éphémeride du 17 juillet).
    Aujourd'hui, la Foire du Trône, qui a conservé son nom originel mais ne se tient plus sur la Place, perpétue le souvenir de ce premier nom de la Place du Trône... (sur la Foire du Trône, voir l'Éphémeride du 1er Mai).
     
     
     
     

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    1664 : Aux origines de "la Kronenbourg"

     

    Jerôme Hatt, maître brasseur, fonde à Strasbourg, Place du Corbeau, près de la cathédrale, la Brasserie du Canon, qui deviendra Kronenbourg.

    L'une des bières de cette maison porte toujours, comme nom, cette date de 1664.

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    www.kronenbourg.fr/

     

     

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    1793 : L’armée Vendéenne s’empare de Saumur

     

    Il est décidé de traverser la Loire : jusqu’ici, la progression des "Blancs" de la Grande Armée Catholique et Royale avait eu pour limite nord le fleuve, tandis qu’elle avait progressé au sud jusqu’à Fontenay-le-Comte.

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    Les chefs hésitent alors : doivent-ils remonter la Loire jusqu’à Tours puis marcher sur Paris ? Ou doivent-ils étendre leur contrôle sur l’Ouest ?

    Jugée plus raisonnable, la décision de marcher sur Nantes est prise. Angers tombera sans poser trop de difficultés, mais Nantes ne sera pas prise...

    Il est facile d'écrire l'Histoire après coup, et de juger ou condamner, de dire qu'il fallait faire ceci plutôt que cela. On se bornera à citer Napoléon :

    ...Mais si, profitant de leurs étonnants succès, Charette et Cathelineau eussent réuni toutes leurs forces pour marcher sur la capitale... c'en était fait de la République, rien n'eût arrêté la marche triomphante des armées royales; le drapeau blanc eût flotté sur les tours de Notre-Dame..." (Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène, tome 6, 1825, Paris : Firmin Didot, pp. 221-222.)

     

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    Voir notre Feuilleton Vendée, Guerre de Géants... et/ou notre Album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, Guerre de Géants...

     

     

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    1815 : Fin du Congrès de Vienne

             

    Entre octobre 1814 et juin 1815, au Congrès de Vienne, les puissances européennes victorie

  • Éphéméride du 18 février

     1921 : Premier vol en hélicoptère

     

     

     

    1800 : Louis de Frotté est fusillé  

     

    Au plus fort de ses succès, il avait réussi à entraîner une troupe de plus de dix mille hommes.

    Le Premier Consul - Bonaparte... - avait fait presque une affaire personnelle de l'élimination du "Général des royalistes de Normandie".

    Arrêté par traîtrise à Alençon, alors qu'on lui avait délivré un sauf-conduit pour aller négocier, il sera condamné par une commission militaire, sans avocat ni témoin. 

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    À la guerre de Vendée - "Guerre de Géants", pour citer Napoléon - ont succédé des guérillas de l'ombre, les chouanneries, qui, par landes et forêts, harcèlent les gouvernements de la République, de la Convention jusqu'au Consulat, de 1793 à 1800.

    Partout, pour Dieu et pour le Roi, l'Ouest se rebelle, au sud de la Loire, en Bretagne, dans le Maine et l'Anjou. La Normandie n'est pas en reste. Dès l'automne de 1793, des bandes s'y organisent : Louis de Frotté en prend le commandement en 1795.

    Il sera le dernier Général des Chouans, "ce Frotté à l'écharpe blanche, tué par le fusil des gendarmes, avec un sauf-conduit sur le cœur" qu'évoque Barbey d'Aurevilly dans L'Ensorcelée.            
     

    Dans notre album : Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants" voir les deux photos, "Frotté" et "La stèle de Louis de Frotté" 

     

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    1858 : Deuxième apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous

     

    Ce jour-là, la Vierge demanda à Bernadette, alors âgée de quatorze ans, de revenir tous les jours pendant les quinze jours suivants, ce qu'elle fit.

    Les apparitions furent déclarées authentiques par l'Église catholique et la grotte de Lourdes devint un lieu de pèlerinage. En 1866, Bernadette entra chez les Soeurs de la Charité de Nevers, prononça ses voeux en 1867, fut béatifiée en 1925 et canonisée en 1933. 

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    1868 : Naissance de Marie-Joseph Gilg, le curé qui sauva Chambord en 1944...

     

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    En août 1944, les nazis ont voulu détruire Chambord. Et c’est grâce à un curé alsacien, l’abbé Joseph Gilg (1868-1960), que cette catastrophe patrimoniale, couplée à un drame humain, ont été évités.

    Joseph Gilg est né à Guebwiller, et a été ordonné prêtre à Blois, en 1900. En 1944, il a déjà 76 ans. Le château de Chambord abrite à ce moment-là encore plus de trésors que d’ordinaire : des œuvres d’art venues des Musées du Louvre et de Compiègne y ont été mises en sécurité (la Joconde elle-même y a séjourné : voir notre Éphéméride du 3 décembre, jour de la naissance de Jacques Jaujard, qui a organisé ce gigantesque "transfèrement"...).

    Mais son parc cache aussi des résistants, et les Allemands en ont été prévenus : "Furieux, le lundi 21 août 1944, de trois côtés à la fois, ils se dirigent vers Chambord, avec chars d’assaut et canons", a raconté le curé Gilg, après-guerre. Des combats ont lieu "sur la pelouse même du château historique". Des armes sont découvertes, un soldat allemand est tué. Des représailles sont décidées. Les nazis, poursuit l’abbé, "bondissent en criant : "Le château sera rasé, les demeures détruites, la population doit payer !" "

    La population est parquée dans le château, les hommes dans une cour, les femmes et les enfants dans une salle. Une quarantaine d’otages est saisie; ils doivent être traduits devant un Conseil de guerre. Des incendies sont allumés. Le massacre et la destruction semblent en route quand le curé alsacien entre en scène.

    Il demande, en allemand, à parler "au chef", qui est le major Ley. L’Alsacien promet qu’il n’y a pas de terroristes à l’intérieur du château et que ceux-ci n’ont rien à voir avec la population. Comme le major ne le croit pas, le curé s’offusque : "Prendriez-vous le prêtre pour un menteur ?" Le major lui répond : "D’où vient que vous parlez si bien l’allemand ?" et le curé répond qu’il fut aumônier pour des prisonniers allemands en 14-18.

    Avec la discussion, la fureur s’estompe. Le major finit par ordonner : "On peut épargner !" Le château et les personnes sont fouillés : ne sont trouvés ni armes, ni suspects. Les départs d’incendie sont arrêtés.

    Mais tout danger n’est pas encore écarté : les otages doivent comparaître devant le Conseil de guerre. L’abbé sert alors d’interprète lors de la quarantaine d’interrogatoires. "Comme par miracle", dit-il, il trouve les réponses qui éteignent tous les soupçons. Il propose en outre de célébrer des obsèques religieuses pour le soldat allemand tué.

    Cinq maquisards seront, malgré tout, fusillés, et quelques maisons et bâtiments annexes du château - dont la ferme - brûlés. La "semaine martyre de Chambord", selon l’expression du curé, ne cesse que le vendredi 25 août, avec le départ des troupes allemandes vers l’Est.

    "Le bilan certes est désastreux : il y a des morts et des ruines. Mais en définitive, l’ensemble de la population, ainsi que le château et ses trésors, ont échappé à l’extermination", conclut l’abbé dans une brochure qu'il a consacrée à cet évènement : La tragique histoire de Chambord, vécue de 1941 à 1944, éditée en 1950.

    Son récit s'y achève par un vibrant : "Vive la France et vive l’Alsace ! Et revive Chambord, qui fut en si grand danger !"

    Pour cette action, l’abbé Gilg fut décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille d’argent de la Reconnaissance française, le 14 juillet 1949. 

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    L'abbé Marie-Joseph Gilg ? L'un de ces "Français illustres et méconnus" dont parle François Bluche : que cette modeste Ephéméride contribue à lui rendre l'hommage qu'il mérite, amplement...

     

     

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    1921 : Premier vol en hélicoptère

     

    Le français Étienne Oehmichen réussi pour la première fois à faire décoller un appareil à la verticale à 10 mètres de hauteur...

    Son hélicoptère est équipé d'un moteur de plus de 100 kg développant une puissance de 25 chevaux. Il entraîne deux rotors sous un ballon sphérique de 144 mètres cubes. Le premier vol libre de l'hélicoptère durera une minute seulement.

    Le 4 mai 1924, Étienne Oehmichen améliorera son exploit en parcourant une distance de un kilomètre.

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     Le mot "hélicoptère" fut inventé par le français Gustave de Ponton d'Amécourt, à partir des deux mots grecs "έλιξ, έλικος" - ou helix - (spirale, hélice) et "πτερὸν" - ou "pteron"  - (aile)...
     

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    2010 : La BNF acquiert le manuscrit de l' "Histoire de ma vie", de Casanova
     
     
    18 fevrier,frotté,bernadette soubirous,lourdes,helicoptere,oehmichenGrâce au mécénat, le manuscrit original du Vénitien est acquis pour 7 millions d'euros.
     
    La vie mouvementée et la personne même de Casanova n'intéressent que peu la France : Casanova ne fit que deux séjours à Paris, de cinq puis de deux ans. L'intérêt de son oeuvre est ailleurs : il réside dans le fait qu'elle illustre parfaitement cette francisation de l'Europe, à l'époque de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI : même après la funeste Révolution et les folies révolutionnaires et napoléoniennes, le Traité de Vienne de 1815 - qui consacrera l'abaissement définitif de notre pays, qui ne sera plus "la Grande nation"... - sera rédigé en français !
     
    Cette francisation de l'Europe, si on en parle ici pour un Italien, vaudra tout autant - et, là, en un sens, c'est un peu plus surprenant pour certains - pour les habitant de ce qui n'était pas encore - pour notre malheur - l'Allemagne, et qui, grâce à la sagesse des rois de France et aux bienfaisants Traités de Westphalie, n'était qu'une poussière de plus de trois cents micros États, qui ne nous menaçaient plus en rien et nous donnaient la paix sur notre frontière Est, et la prépondérance en Europe.
     
    Sur ce sujet, même si, ce faisant, l'on s'éloigne un peu de la personne de Casanova, et puisque c'est le fond qui compte, à savoir cette francisation de l'Europe, à l'époque, on lira avec profit "La margrave", assez courte note tirée des Lectures de Jacques Bainville (Fayard, page 193)...
     

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),