Éphéméride du 13 juin
La Comédie française, de nos jours
1643 : Fondation de l'Illustre Théâtre
C'est avec quelques amis, dont la comédienne Madeleine Béjart, que Molière fonde L'illustre Théâtre : un processus est lancé, qui ne s'arrêtera plus, et qui débouchera sur la création de la Comédie Française, par Louis XIV, en 1680.
L'acte officiel (ci-dessous) sera signé le 30 :
Installé d'abord à Paris, L'Illustre-Théâtre fera faillite en 1645. La troupe ira se rôder en province et, de retour à Paris en 1659, elle triomphera avec "Les Précieuses ridicules". Protégé de Louis XIV, Molière donnera alors de nombreuses comédies pour la Cour et le public parisien.
Molière est né le 15 janvier 1622 à Paris, dans le ménage du Tapissier ordinaire du roi Louis XIII. Il fait d'excellentes études de Droit. Avocat à 18 ans, il se lie avec des comédiens et en particulier Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, vedette de la comédie italienne. Il rencontre aussi Madeleine Béjart (24 ans), directrice d'une troupe déjà connue, ainsi que ses frères Joseph et Louis. Fort de ces nouvelles amitiés, il rompt avec son père pour suivre sa vocation de comédien.
C'est ainsi que naît l'Illustre-Théâtre. C'est l'année où meurent le cardinal de Richelieu et le roi Louis XIII et où monte sur le trône le roi Louis XIV (5 ans). Qui se douterait alors de l'aventure en gestation, tant politique que culturelle ?
La petite troupe, composée de Molière, Madeleine et sept autres comédiens, s'établit dans une salle du Jeu de paume dite des Métayers puis dans celle de la Croix-Noire. Mais le succès tarde à venir et la faillite survient deux ans plus tard, en mai 1645. Molière connaît alors la prison pour dettes.
Libéré, il entame avec Madeleine Béjart des tournées à travers la France dans la troupe du duc d'Épernon, sous la direction de Charles Dufresne. Dix ans plus tard, à Lyon, il crée sa première comédie, l'Étourdi. Elle est suivie l'année suivante, à Béziers, du Dépit amoureux.
Le comédien joue dès lors avec sa troupe à Vaux-le-Vicomte, pour le surintendant Fouquet, puis à Versailles, pour le roi Louis XIV en personne. La protection du Surintendant puis du roi lui permet de faire face aux cabales, jalousies et médisances. Elle lui vaut aussi des revenus élevés, qu'il dépense aussitôt que gagnés. Molière assume une fonction équivalente à celle de bouffon du roi, avec le droit de tout dire et de tout jouer.
Les Fâcheux, première ébauche des comédies-ballets, amorce sa collaboration avec le compositeur Lully (ci dessus). La pièce est donnée lors de la fête de 1661 qui sera fatale au Surintendant. Le 26 décembre 1662, peu après avoir épousé Armande Béjart, fille de Madeleine, de 20 ans sa cadette, il donne L'École des femmes.
En 1664, Molière et Lully s'associent pour composer la première comédie-ballet authentique, Le Mariage forcé, qui mêle étroitement l'intrigue théâtrale, la danse et la musique. En sept ans de collaboration, avant que la brouille et la mort ne les séparent, "les deux Baptistes" (ils portent le même prénom) en créeront au total onze, la plus célèbre étant Le Bourgeois gentilhomme.
Le comédien doit faire face à une cabale des dévots autour de la reine mère, Anne d'Autriche, après la première représentation de Tartuffe, sévère critique de l'hypocrisie religieuse, le 12 mai 1664, dans le parc de Versailles, lors des fêtes des "Plaisirs de l'Île enchantée.
La reine mère Anne d'Autriche ayant fait interrompre la représentation, c'est seulement le 29 novembre suivant, chez Henriette d'Angleterre, belle-soeur du roi, que le comédien peut donner l'intégralité de sa pièce. Apparaissent dans la foulée d'autres chefs-d'oeuvre : Dom Juan (pièce en prose), le Misanthrope, l'Avare...
En 1667, la troupe de Molière, installée au Palais Royal, se voit trahie par le jeune Jean Racine, nouveau tragédien à la mode, qui lui enlève sa pièce Alexandre le Grand et la confie à la troupe rivale de l'hôtel de Bourgogne. Du coup, le grand (et vieux) Corneille quitte l'hôtel de Bourgogne et se rapproche du comédien, bien que celui-ci l'eut moqué dans une comédie antérieure, L'impromptu de Versailles. Le tragédien poussera l'amitié jusqu'à versifier une pièce de Molière, Psyché, à la demande de celui-ci.
Le 17 février 1673, après avoir donné la quatrième représentation du Malade Imaginaire, Molière s'écroule. Il meurt quelques instants après, ayant atteint l'âge canonique de... 51 ans, usé par le travail, les soucis d'argent et les tourments affectifs. Sa troupe, dite du Théâtre Guénégaud, est la dernière troupe théâtrale qui se soit maintenue, avec celle de l'Hôtel de Bourgogne.
Ainsi, quand Louis XIV, en 1680, décida de fusionner les deux troupes, et signa l’acte de naissance de la Comédie-Française (ci dessous), dans le but de "rendre les représentations de comédies plus parfaites", il faisait aussi œuvre de mémoire. Ce siècle, qui était également le sien, avait été un âge d’or du théâtre.
Une aventure humaine personnelle et collective, qui avait commencé presque quarante ans auparavant, en juin 1643, lorsque Molière fonda L'Illustre Théatre...
On aura en cliquant sur le lien ci-dessous une intéressante biographie de Molière, où l'on fait une bonne place à ses débuts, et à cet Illustre Théâtre, avec lequel tout a commencé, et qui est bien le début d'une assez extraordinaire aventure :
www.bibliolettres.com/w/pages/page.php?id_page=163
1684 : Inauguration de la "Machine de Marly"
Louis XIV assiste à la mise en service de la Machine de Marly, construite par les Liégeois Arnold de Ville et Rennequin Sualem :
• Arnold de Ville, né le 15 mai 1653 à Huy est mort en 1722. En plus de sa gratification et de sa pension, Louis XIV lui fit construire, vers 1684, un manoir, le Pavillon des Eaux, situé Chemin de la Machine au village de Voisins à Louveciennes. En 1768, ce pavillon deviendra le château de Madame du Barry.
• Rennequin Sualem, né le 29 janvier 1645 à Jemeppe-sur-Meuse, est mort le 29 juillet 1708.
Deux reconstitutions en 3D...
"La machine de Marly produisait onze cent cinquante mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures. Louis XIV, qui récompensait grandement les talents , les services et les entreprises utiles ou perfectionnées, donna au sieur Deville une gratification de cent mille livres, une pension annuelle de six mille, et la direction de la machine avec des appointements annuels également de six mille livres; il donna au charpentier Renkin une pension de quinze cents livres avec un logement à la machine, pension et logement qui furent conservés à sa veuve et à sa nièce.
— Dans le siècle dernier, on avait fait croire au peuple que Louis XIV fit crever les yeux à l’inventeur de la machine, de peur qu’il n’allât enrichir d’un pareil monument un pays étranger." (Histoire de Madame de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV, par M le Duc de Noailles, 1848).
La machine de Marly, par Pierre-Denis Martin, 1723
1794 : Installation de la Guillotine sur la "Place du Trône renversé"
Sur l’actuelle Place de la Nation, alors à l’extérieur de Paris, et qui était alors un lieu de jardins et de champs, fut installé un trône, le 26 juillet 1660, pour l'entrée solennelle dans Paris de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche, revenant de Saint-Jean-de-Luz après leur mariage, d'où le premier nom de cette place : la Place du Trône.
Colbert, pour commémorer cet événement, projeta d’élever en ces lieux un arc de triomphe, mais l'argent manqua, et les premières constructions de Claude Perrault furent démolies.
En 1784, Ledoux réalisa deux colonnes pour encadrer la barrière d'octroi, ou Mur des Fermiers généraux ("Le mur murant Paris rend Paris murmurant..."); les statues de Philippe Auguste et Saint Louis furent ajoutées en 1845.
C'est sur cette Place du Trône, devenue lors de la Révolution Place du Trône renversé (avant de s'appeler finalement, aujourd'hui, Place de la Nation) que furent assassinées 1.306 personnes, parmi lesquelles André Chénier (voir l'Éphéméride du 25 juillet) et les seize Carmélites de Compiègne (voir l'Éphéméride du 17 juillet), dont le martyre fit la trame du chef d'oeuvre de Bernanos.
La "Foire du trône" d'aujourd'hui conserve, dans son nom, le souvenir de cette appellation primitive de la Place, conçue pour honorer Louis XIV...
1926 : Naissance du Professeur Jérôme Lejeune
Généticien, il est le découvreur de la Trisomie 21 et le père de la cytogénétique (il a publié ses recherches en 1959).
Pierre Chaunu, son confrère à l'Institut, le surnommait "le saint". En 1965, la première Chaire de Génétique fondamentale est créée en France pour lui. Il reçut aux États-Unis la Médaille Kennedy en 1962, et le William Allen Memorial Award en 1969 (la plus haute distinction pour un généticien...).
Il s'engagea dès lors, de fait, dans la lutte contre l'eugénisme et le "racisme chromosomique" car sa découverte - ce qui le désolait... - permettait "l'élimination" des foetus chez qui la Trisomie 21 était décelée...
Élu en juin 1982 à l'Académie des Sciences morales et politiques, il perdit probablement le Nobel pour avoir déclaré devant un parterre de sommités : "La tentation de supprimer par l'avortement des petits d'homme malades va à l'encontre de la loi morale, dont la génétique confirme le bien-fondé...". Il reçut, par contre, le soutien indéfectible du Pape Jean-Paul II dans ce "combat pro-vie"...
En 1996, la Fondation Jérôme Lejeune fut reconnue d'utilité publique...
1958 : Premier Pèlerinage militaire international, à Lourdes...
https://dioceseauxarmees.fr/pelerinage-militaire-international/historique-du-pmi.html
2022 : La BNF acquiert un manuscrit médiéval de Chrétien de Troyes
L’histoire de la découverte de ce manuscrit est digne d’un roman. Mis au jour dans l’étude d’un notaire, ces feuillets faisaient alors office de reliure !
On sait fort peu de choses sur Chrétien de Troyes. L'essentiel est que, dans la littérature française, ses œuvres, de la fin du XIIème siècle, auront une influence majeure sur la diffusion de la légende arthurienne, notamment par le biais de l'histoire des chevaliers de la table ronde...
Les chevaliers de la Table ronde sont au service du roi Arthur, qui les a chargés de mener la quête du Graal et d'assurer la paix partout. Si la première trace écrite de la légende des chevaliers de la Table ronde se trouve dans le Roman de Brut, écrit par le poète normand Wace en 1155, c'est bien Chrétien de Troyes qui a donné au thème toute son importance, et qui reste le poète des légendes arthuriennes...
Chrétien de Troyes naît aux environs de 1130 et sert à la cour de Champagne. Il écrit de nombreux romans chevaleresques, en vers octosyllabiques et en ancien français. S'inspirant des légendes bretonnes et celtes du roi Arthur et de la quête du Graal, Chrétien de Troyes écrit notamment Lancelot ou le Chevalier de la charrette (1177), Yvain ou le chevalier au lion (vers 1176), Perceval ou le Conte du Graal (vers 1180). Ces aventures mythiques sont parfaitement réadaptées à l'esprit du temps et, donc, à la littérature courtoise, dont Chrétien de Troyes devient, en quelque sorte, le grand poète : ses héros sont souvent confrontés à un choix difficile entre leur amour et leur devoir moral de chevalier...
Ses oeuvres sont :
- Érec et Énide (1170)
- Cligès ou la Fausse morte (1176)
- Lancelot ou le Chevalier de la charrette (1175-1181, achevé par Godefroy de Lagny)
- Yvain ou le Chevalier au lion (1175-1181)
- Perceval ou le Conte du Graal (1182-1190, inachevé)
- Guillaume d'Angleterre
• Sur le manuscrit acquis par la BNF :
• Sur Chrétien de Troyes :
https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Chr%C3%A9tien_de_Troyes/113534
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lafautearousseau
Commentaires
Grande passionnée de Molière et de l'Histoire en général j'ai particulièrement apprécié votre article où j'ai appris bien des choses intéréssantes alors que je me croyais très savante sur ce sujet !!!
Continuez vos publications
Merci
Merci pour ce brin d'histoire. J'ai appris plein de choses que j'ignorais et pourtant c'est mon métier!
Bénédicte
Oui. Que de choses intéressantes en vos articles...Merci.