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  • GRANDS TEXTES (2) : L'inoxydable 24ème chapitre de ”Kiel et Tanger”, de Charles Maurras

    De "Kiel et Tanger", Boutang a dit qu'il était "un acquis pour la suite des temps"...

    Nous avons choisi d'en reproduire in extenso le fameux chapitre XXIV, intitulé "Que la France pourrait manoeuvrer et grandir". Son actualité laisse rêveur...

    De nombreuses personnalités de tout premier plan - Georges Pompidou, alors Président de la République en exercice, pour ne prendre qu'un seul exemple... - n'ont pas caché l'intérêt qu'elles portaient à cet ouvrage, ni l'influence que le livre en général, et ce chapitre XXIV en particulier, avaient exercé sur elles : on les comprend, quand on le (re)lit...

    Mais, d'abord, un petit rappel historique : 18 juin 1895, Gabriel Hanoteaux - Ministre des Affaires étrangères - se rapproche de l'Allemagne et cultive l'alliance russe : les escadres allemande, russe et française se rencontrent et paradent devant le canal de Kiel, en mer Baltique. Presque dix ans plus tard, les radicaux ayant pris le pouvoir en France, Delcassé inverse cette politique extérieure, et parvient à l'Entente cordiale avec l'Angleterre.

    En guise de représailles et d'avertissement à la France, Guillaume II débarque à Tanger, le 31 mars 1905, pour manifester sa puissance et contrecarrer les visées françaises dans la région...

    Maurras en tire la conclusion que la République française n'a pas de politique extérieure, entre autres choses parce que ses institutions ne le lui permettent pas...

     

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    Chapitre XXIV : Que la France pourrait manœuvrer et grandir.

     

    Alors, pour n'avoir pas à désespérer de la République, bien des républicains se sont résignés à un désespoir qui a dû leur être fort douloureux : ils se sont mis à désespérer de la France. Résistance, vigueur, avenir, ils nous contestent tout. Ce pays est peut-être absolument épuisé, disent-ils. Sa dégression militaire et maritime n'exprime-t-elle pas un état d'anémie et d'aboulie sociales profondes ? Sans parler des mutilations que nous avons souffertes, n'avons-nous pas diminué du seul fait des progrès de l'Univers ?

    La population de l'Europe s'est accrue. L'Amérique s'est colonisée et civilisée. Nos vingt-cinq millions d'habitants à la fin du XVIIIème siècle représentaient la plus forte agglomération politique du monde civilisé. Aujourd'hui, cinq ou six grands peuples prennent sur nous des avances qui iront bientôt au double et au triple. La terre tend à devenir anglo-saxonne pour une part, germaine pour une autre. Slaves du Nord, Slaves du Sud finiront par se donner la main. L'Islam renaît, le monde jaune s'éveille : à l'un l'Asie, l'Afrique à l'autre.

    Que pourra faire la petite France entre tous ces géants ? Barbares ou sauvages, à plus forte raison si elles sont civilisées, ces grandes unités ne paraissent-elles pas chargées de la dépecer ou de l'absorber par infiltrations graduelles ? Peut-elle avoir un autre sort que celui de la Grèce antique ?

     

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    D'immense Empire macédonien sous Alexandre (ci dessus),
    la Grèce antique est devenue par la suite
    une minuscule portion de l'immense Empire romain (ci dessous) :
     
    un sort de ce type attend-il la France ?...
     
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    Ceux qui font ce raisonnement oublient trop que, des grandes agglomérations nationales qui nous menacent, les unes, comme l'Italie et l'Allemagne, ne sont pas nées de leur simple élan naturel, mais très précisément de notre politique révolutionnaire, et les autres ne sont devenues possibles qu'en l'absence d'une action vigoureuse de Paris. En général, elles sont nées extérieurement à nous, des mouvements nationalistes que notre politique nationale n'a pas été en état de combattre ou même qu'elle a sottement servis et favorisés. Nous avons favorisé l'unification des peuples européens, nous avons laissé faire l'empire britannique.

    L'Amérique avait été séparée par Louis XVI de l'Angleterre, et son histoire ultérieure eût été un peu différente si Louis XVI avait eu quatre ou cinq successeurs réguliers, c'est-à-dire aussi versés dans l'art de pratiquer des sécessions chez les voisins que de maintenir entre les Français l'unité, la paix et l'union…louis xvi independance etats unis.jpg

    L'Amérique avait été séparée de l'Angleterre par Louis XVI...
    (Traité de Versailles, 1783)
     
     
     

    Notre natalité a baissé ? Mais il n'est pas prouvé que cette baisse soit indépendante de nos lois politiques, ces chefs-d'œuvre de volonté égalisante et destructive qui tendent à rompre l'unité des familles et à favoriser l'exode vers les villes des travailleurs des champs. Il n'est pas prouvé davantage qu'on ne puisse y remédier, directement et sûrement, par un certain ensemble de réformes profondes doublées d'exemples venus de haut. Une politique nationale eût changé bien des choses, du seul fait qu'elle eût existé. Elle en changerait d'autres, si elle profitait des réalités favorables qu'une diplomatie républicaine, condamnée à l'inexistence ou à la démence, ne peut que laisser échapper.

    Plus d'une circonstance très propice semble nous sourire aujourd'hui. Il suffirait de voir, de savoir, de prévoir. C'est nous qui manquons à la fortune, nous n'avons pas le droit de dire que l'occasion fera défaut. On se trompe beaucoup en affirmant que l'évolution du monde moderne ne peut tendre qu'à former de grands empires unitaires. Sans doute une partie de l'univers s'unifie, mais une autre tend à se diviser, et ces phénomènes de désintégration, comme dirait Herbert Spencer, sont très nombreux. Les virtualités de discorde, les causes éventuelles de morcellement, les principes de guerres de climats et de guerres de races existent, par exemple, aux États-Unis ; ils y sont moins visibles que l'impérialisme, mais le temps, les heurts du chemin et des brèches adroites pratiquées de main d'homme les feraient apparaître facilement un jour.

    Une foule de petites nations séparées se sont déjà formées au XIXe siècle en Europe, comme en peut témoigner la mosaïque des Balkans, dont nous n'avons su tirer aucun parti pour la France. La Norvège et la Suède ont divorcé. La Hongrie semble parfois vouloir rompre avec l'Autriche, qui elle-même est travaillée des revendications croates et roumaines. Cela fait entrevoir beaucoup de possibles nouveaux.

     
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    L'URSS : création, expansion..., disparition !
     
     
     
     

    Ce serait une erreur profonde que de penser que tout petit peuple récemment constitué doive fatalement se référer, en qualité de satellite, à l'attraction du grand État qui sera son plus proche parent, ou son plus proche voisin, ou le plus disposé à exercer sur lui, par exemple, la tutelle affectueuse de l'Empire britannique sur le Portugal.

    Les Slaves du Sud ne sont pas devenus aussi complètement vassaux de Saint-Pétersbourg que l'indiquaient leurs dispositions d'autrefois. Le tzar blanc les recherche ; il leur arrive d'accepter ses bienfaits comme vient de le faire le nouveau roi des Bulgares. Mais les Slaves sont repoussés par une crainte autant qu'attirés par un intérêt : la monarchie austro-hongroise peut les grouper. À supposer que Budapest devienne indépendante, de sérieux problèmes de vie et de liberté se posent pour les Magyars placés entre le Hohenzollern de Berlin et celui de Bucarest. On soutient que, dans cette hypothèse, le Habsbourg serait vivement dépouillé par le roi de Prusse. C'est bientôt dit. D'autres solutions sont possibles, qui seraient plus conformes au nationalisme farouche des États secondaires, celle-ci notamment : l'addition fédérale ou confédérale de tous ces États moyens tendant et même aboutissant à former un puissant contrepoids aux empires. Il n'y faudrait qu'une condition : cet ensemble ayant besoin d'être organisé, il resterait à trouver l'organisateur, ou, si l'on veut, le fédérateur, car rien ne se forme tout seul.

    Le choc des grands empires, remarquons-le, pourra multiplier le nombre de ces menues puissances qui aspireront ainsi à devenir des neutres. Chaque empire éprouvera une difficulté croissante à maintenir son influence et sa protection sans partage sur la clientèle des nationalités subalternes. La liberté de celles-ci finira par être partiellement défendue par le grave danger de guerre générale qui résultera de toute tentative d'asservir l'une d'elles ou d'en influencer une autre trop puissamment.

    Le monde aura donc chance de se présenter pour longtemps, non comme une aire plane et découverte, abandonnée à la dispute de trois ou quatre dominateurs, non davantage comme un damier de moyens et de petits États, mais plutôt comme le composé de ces deux systèmes : plusieurs empires, avec un certain nombre de nationalités, petites ou moyennes, dans les entre-deux.

     

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    Caricature américaine des années 50 sur l'équilibre de la terreur.

    Sur les missiles est inscrit : "Ne doivent en aucun cas être utilisé, l'ennemi pourrait répliquer."

     

               

    Un monde ainsi formé ne sera pas des plus tranquilles. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu'auront su s'inspirer réciproquement les colosses. Société d'épouvantement mutuel, compagnie d'intimidation alternante, cannibalisme organisé !

    Cette jeune Amérique et cette jeune Allemagne, sans oublier cette vieille Autriche et cette vieille Angleterre qui rajeunissent d'un quart de siècle tous les cent ans, auront des relations de moins en moins conciliantes et faciles. Peu d'alliances fermes, mais un plexus de traités et partant de litiges. La rivalité industrielle entre les empires est déjà très âpre ; il serait utopique de chercher de nos jours leur principe d'accord, ni comment cet accord pourra durer entre eux.

    Quantum ferrum ! On ne voit au loin que ce fer. La civilisation occidentale a fait la faute immense d'armer les barbares, l'Abyssinie contre l'Italie, le Japon contre la Russie. Erreurs qui ne peuvent manquer d'engendrer à la longue de nouvelles suites d'erreurs. On a salué dans Guillaume II le prince généreux qui voulut grouper l'Europe contre les Jaunes. Et c'est lui qui arme les multitudes sauvages de l'Asie blanche et de l'Afrique noire contre l'Angleterre et la France.

    Mais, s'il est le coadjuteur de la Porte et le protecteur de l'Islam, il ne lui serait pas facile de ne pas l'être : les empires contemporains subissent de plus en plus cette loi de travailler contre leur commune racine, la chrétienté et la civilisation. C'est un des résultats de leur progrès matériel. À ne regarder que les intérêts, l'intérêt de la seule métallurgie en Allemagne, en Angleterre et en Amérique suffit à rendre chimérique toute union des civilisés, tout pacte civilisateur. Concurrence : d'où tremblement universel.

     

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    Rivalités industrielles, guerres économiques...
     
     

               

    Eh bien ! dans cet état de choses, entre les éléments ainsi définis, ce tremblement et cette concurrence fourniraient justement le terrain favorable et le juste champ d'élection sur lequel une France pourrait manœuvrer, avec facilité et franchise, du seul fait qu'elle se trouverait, par sa taille et par sa structure, très heureusement établie à égale distance des empires géants et de la poussière des petites nations jalouses de leur indépendance.

    Les circonstances sont propices à l'interposition d'un État de grandeur moyenne, de constitution robuste et ferme comme la nôtre.

  • GRANDS TEXTES (25) : Du Roi, par Vladimir Volkoff. Première partie: Du Roi comme Père / De la Reine

    Voici les deux premières parties de la réflexion de Vladimir Volkoff sur la trinité royale, qu'il a délivrées lors des Rassemblements royalistes des Baux de Provence : Du roi, comme père, et De la reine, ici réunies en un seul Grand Texte, le XXVème; la conclusion de cette réflexion, L'héritier ou Du prince royal constituant le deuxième volet de cette trilogie, et le Grand Texte XXVI. 

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    La royauté est un humanisme, non pas abstrait mais en acte, et cela de trois façons.

    Premièrement, c'est le seul système de gouvernement qui fasse qui fasse ouvertement passer l'homme avant les institutions. Tabler sur la primogéniture plutôt que sur la majorité des suffrages, il y faut une forte dose de foi en l'homme. C'est préférer l'individu incarné à ses qualités hypothétiques. C'est admettre qu'un chose aussi sérieuse que le gouvernement puisse se fonder sur le plus incertain et souvent le moins bien fondé des sentiments : l'amour humain, un amour, de surcroît, posé par définition comme mutuel.

    Là où Racine déclare que l'amour porté au prince va de soi, Ronsard affirme comme une évidence que :

            ...un roi chrétien est doux et débonnaire,

            Et comme son enfant duquel il a  souci,

           Vrai père, aime son peuple et sa noblesse aussi.

     Au reste, cet amour ne doit pas être une passion égoïste :

            Sire, ce n'est pas tout que d'être roi de France....

            Le roi sans la vertu porte le sceptre en vain.

    Conception exigeante des relations politiques. Nous en avons perdu l'habitude, et nous la trouverions peut-être lassante pour les deux parties. Aussi opposée que possible, en tout cas, aux moeurs anonymes de l'isoloir.

    Deuxièmement, le roi apparaît comme l'homme type, l'homme universel, l'Homme tout court.

    Ce n'est pas seulement pour des raisons de convenance que tant de personnages tragiques portent le cothurne royal. Homère, Shakespeare, Racine, Anouilh, Pirandello et combien d'autres ont vu dans la fonction royale un piédestal pour l'homme, comme si les passions chantaient plus clair à ce niveau d'élévation. Eugène Ionesco a retrouvé cette veine éternelle lorsque, voulant dépeindre la mort de l'homme, il a écrit le Roi se meurt : il avait vu que tout homme est roi dans la mesure où tout homme est le centre de son propre univers.

    Il s'agit, bien sûr, de l'homme total, de l'homme hermaphrodite de Platon, de l'Adam de la Bible avant qu'Eve n'ait été tirée de lui. Bertrand de Jouvenel a montré comment le symbole féminin de la couronne et le symbole viril du sceptre faisaient du roi un homme complet. La royauté est le seul régime bisexué. L'animus et l'anima y sont également importants.

    Troisièmement, si le roi, triptyque fermé, reproduit les structures fondamentales de l'homme, le roi, triptyque ouvert, c'est-à-dire apparaissant sous la forme de la famille royale, reproduit les structures de la cellule fondamentale de l'humanité.

    Les candidats des divers partis à tel ou tel emploi de la république peuvent bien, à l'américaine, faire donner femmes et enfants pendant la campagne électorale : on sait qu'une fois élus ils les renverront à leurs études et à leurs bridges. S'ils ne le faisaient pas, on y verrait je ne sais quel abus de l'intégrité républicaine. La femme du chef de l'Etat fait à peine exception : elle n'est là, dans le meilleur des cas, que pour la décoration. Il faudrait qu'elle fût folle pour réclamer la moindre part au gouvernement de la république. Un élu, en tant qu'élu, est un homme seul; une élue, en tant qu'élue, est une femme seule.

    C'est tout à rebours de la royauté. Un roi seul n'est plus roi. Sans père, il est illégitime; sans reine, il est stérile; sans héritier, il est déjà mort.  

     

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    Louis XIII et Anne d’Autriche se marient en 1615 mais ce n'est qu'en 1638 que le couple royal attend un enfant : il sera nommé Louis-Dieudonné, c’est le futur Louis XIV. Celui-ci n’est pas encore né que Louis XIII prononce la consécration de sa personne et de son royaume à la Vierge Marie. Il ordonne que tous les ans il se fasse une procession solennelle à Notre Dame de Paris pour renouveler cette consécration : c'est le Voeu de Louis XIII , à l’origine de la procession qui se fait annuellement dans les églises le jour de l’Assomption.

     

     

                                                         I : Du roi comme père

     

    C'est un lieu commun que le roi est le chef de son royaume comme le père l'est de sa famille.

    Il n'importe pas que, à notre époque, l'autorité soit plus ou moins également répartie entre les deux parents et que la famille constitue, pour ainsi dire, une monarchie bicéphale. Les archétypes ne changent pas en même temps que le code civil, et, quand nous aurons pris acte que les mères sont devenues un peu pères et les pères un peu mères, nous n'aurons pas modifié leurs rôles fondamentaux.

    Comme au roi, l'on s'est toujours accordé à reconnaître au père un caractère sacré. Parce qu'il donne la vie ? Pas seulement.

    Comme le roi, le père a besoin d'être exorcisé parce qu'il est la force physique et peut en être l'abus. Il est la virilité et peut être la violence. Le père apprend à s'endurcir, à se salir. A la chasse, il enseigne le meurtre; si cela se trouve, il l'enseignera aussi à la guerre. Je suis homme parce que j'ai un père : c'est à travers lui que j'ai reçu cette tare mystérieuse que, depuis saint Augustin, on appelle le péché originel. 

    Comme le roi, le père suscite la gratitude. Le père, c'est la nourriture et la sécurité. Le père, c'est le progrès, car c'est de lui - ou d'un autre père semblable à lui - que j'apprendrai mon métier. Le père, c'est la justice, car il me punit et me récompense selon mes actions, ce qui me donne bonne conscience. Mon père, qui est plus fort que moi, n'est pas obligé d'être juste; il pourrait me traiter en esclave; peut-être même en aurait-il le droit, puisque sans lui je ne serais rien. Mais ce n'est pas ainsi qu'il en agit avec moi : m'ayant tiré du néant, il m'aide à devenir moi-même, quelquefois à ses propres dépens. Comme c'est bon d'avoir un père ! Et comme il est naturel d'en remercier le Père des pères !

    C'est ainsi du moins qu'on a senti pendant des siècles. Depuis le début de la civilisation, l'archétype paternel a été partout l'objet d'une vénération constante. Des mots comme patrie, patriotisme, patriarche, patricien, patron, patronage, patrimoine recevaient une adhésion spontanée. Des pères conscrits au père du régiment, de Jupiter à Jéhovah, toute supériorité s'assimilait naturellement à une forme de paternité. Certaines cités antiques prévoyaient les peines les plus atroces pour les parricides; d'autres n'en prévoyaient pas, le meurtre du père étant jugé impossible. 

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    J'ai montré ailleurs qu'Hamlet et Le Cid, tragédies presque contemporaines, avaient des moteurs semblables - dans l'une comme dans l'autre il s'agit avant tout de venger un père - et j'ai cru pouvoir dater de cette époque, le début du XVIIème siècle, l'amorce d'une décadence de l'image paternelle dans la culture occidentale. Sujet de thèse : étudier comment les pères nobles de la tradition sont peu à peu devenus les pères ignobles de Dickens et de Dostoïevsky.

    La société a évolué dans le même sens. Pendant des siècles la cité s'était voulu une reproduction en grand de la famille, mais à mesure que "Je vous dois le jour" était remplacé par "Ils n'ont pas demandé à venir", la notion de libre association, de contrat social s'affermit. Cent ans avant Freud, la révolution oedipéenne a tout naturellement abouti à la décollation du roi et du père par le même couperet. Cela, moins au nom de la liberté et de l'égalité que, paradoxalement, au nom de la fraternité.

    Le paradoxe n'est qu'apparent. Manifestement, des frères sans pères ne pourront être que des infusoires ou des clones, pas des hommes, et c'est justement là le but poursuivi : libérer l'homme non pas d'un quelconque asservissement politique mais, en dernier ressort, des contraintes de sa nature même; le marxisme est parfaitement franc sur ce point.

    Obstacle : le père, qui apparaît comme le garant, l'auctor de la nature humaine. On ne pourra pas jouer à des jeux idéologiques avec des hommes, les conduire vers des avenirs radieux fondés sur des abstractions-panacées, ni même leur faire croire qu'ils sont égaux donc interchangeables, tant qu'ils se rappelleront d'où ils sortent et dans quel ordre ils en sont sortis. Les aînés, les puînés, les cadets forment une structure organique dont la Révolution  s'est précipitamment débarrassée : il lui fallait des alignements indéterminés de jumeaux sortis tout droit de l'incubateur.

    Or, à son niveau, le roi est le père par excellence, le garant explicite de la paternité. Les rois ne naissent pas par l'oreille; on n'imagine pas de dauphin-éprouvette; les reines de France qui accouchaient en public l'ont assez prouvé.

    C'est pourquoi, si jamais nous songions à créer à nouveau la royauté, nous devrions nous appliquer d'abord non pas à fomenter des complots ou à lancer des campagnes de publicité, mais, rentrant en nous-même, à instaurer dans nos familles des relations de père à fils sur qui la royauté, à la fois éternelle et moderne, pourrait se modeler.

    Cela même ne serait pas possible tant que nous n'aurions pas appris à rendre hommage à l'icone de la paternité qui luit au fond de nous. Beaucoup d'entre nous la portent comme père ou comme mère; tous comme fille ou fils. Certains sont satisfaits de leurs parents; d'autres déplorent leurs erreurs ou leurs négligences; mais nous n'avons pas de sujet de méditation qui soit plus profondément gravé en nous que le mystère de notre naissance, auquel celui de la royauét est si intimement lié.

     

     

    II : De la reine

     

    Une reine n'est pas une grise faisane.

    Il est vrai que les reines de France, terre salique, arrivaient d'un pays étranger, ne s'acclimataient pas toujours très bien, se prenaient bientôt les pieds dans les tabourets des maîtresses du roi. Elles en pleuraient, puis elles apprenaient à en rire, condamnées pour leur part à une fidélité rarement mise en doute et à une procréation professionnelle qu'elles exerçaient à un rythme soutenu.

    Pourtant, malgré le handicap de leur sexe, Anne de Russie, Aliénor d'Aquitaine, Blanche de Castille, Marguerite de Bourgogne, Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Marie de Médicis, Anne d'Autriche ont tenu un rôle politique que n'a jamais joué aucune femme d'élu. C'est qu'en effet la reine n'est pas que la femme du roi; elle appartient de son propre chef à la trinité royale; si le roi est Osiris et l'héritier Orus, elle est Isis. 

    Pour bien marquer cela, la basilissa de Byzance était couronnée avant son mariage : elle tenait donc sa couronne de Dieu, comme le basileus, et non de son mari. En Russie, au contraire, c'était le tsar qui effleurait de sa propre couronne la tête de la tsarine avant de poser dessus la couronne qui lui était réservée. Le symbolisme est différent, mais le contact avec la première couronne, reçue des mains du métropolite, indique que c'est le couple qui accède à la souveraineté et non pas simplement un homme qui se trouve être marié.

    En France, les usages étaient différents. Certaines reines furent sacrées le même jour que le roi, d'autres le jour de leur mariage, d'autres encore à un autre moment. Au XVIIème et au XVIIIème siècle, la plupart ne le furent pas : décadence de la conception originelle de la royauté et régression, heureusement temporaire, du rôle social de la femme. En revanche, de 1115 à 1610, période où la royauté française donna le meilleur d'elle-même, neuf reines seulement ne furent pas sacrées, contre vingt-six qui le furent. 

     

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    François II et Marie Stuart : "En France, les usages étaient différents. Certaines reines furent sacrées le même jour que le roi, d'auttres le jour de leur mariage, d'autres encore à un autre moment...."

     

           

    La reine de France recevait deux onctions : sur la tête et sur la poitrine. L'archevêque lui remettait, comme au roi, le sceptre et la main de justice, et la couronnait de ses mains. L'opération était solennelle et définitive, puisqu'Anne de Bretagne, qui avait déjà était sacrée lors de son mariage avec Charles VIII, ne le fut pas une

  • Éphéméride du 5 mai

    De 1492 à aujourd'hui, le Golfe d'Ajaccio

     

     

    1492 : Fondation d'Ajaccio, achèvement de la construction du "bastion fortifié"... 

     

    (Source : Corse Matin)

    "La citadelle est une silhouette familière aux Ajacciens.

    À l'heure, où elle semble n'être qu'une coquille quasiment vide, il n'est pas inutile de rappeler son histoire.

    La fondation de cette fortification, qui n'était à l'origine qu'un modeste château, fut l'élément déterminant qui, à partir de 1492, permit à la jeune cité d'Ajaccio de s'imposer comme la principale ville du Delà des Monts.

    De nombreux documents d'époque, pour la plupart édités par Jean Cancellieri, Noël Pinzuti et Antoine-Marie Graziani, permettent de reconstituer le contexte historique. 

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    Tout commence en 1483. à cette date, l'Office de Saint-Georges reprend le contrôle de la Corse. L'office est une puissante institution financière, composée d'hommes d'affaires génois, à qui Gênes avait confié, dès 1453, l'administration de l'île. Soucieux de faire fructifier sa possession, il doit soumettre les contre-pouvoirs locaux et disposer de points d'appui sûrs. D'où l'idée d'installer un site fortifié portuaire. Après quelques hésitations entre les golfes de Sagone et d'Ajaccio, le choix se porte sur ce dernier site.

    5 mai,états généraux,louis xv,louis xvi,versailles,parlements,napoléon,bonaparte,bainville,sainte héléne,chateaubriand,rousseauEntre 1491 et 1492, une commission d'experts visite les lieux. Elle est dirigée par le lieutenant du Delà des Monts et bientôt "Surintendant à la construction d'Ajaccio", Domenico de Negrone, assisté d'un architecte lombard, Cristofaro de Gandino. Les hommes hésitent entre deux options : la base du Castel Vecchio ou construire un nouvel édifice, sur un cap dénommé par les Génois "Punta della leccia" (ci contre). C'est ce dernier, plus sain, disposant d'un mouillage capable d'accueillir de gros navires et facile à fortifier, puisque la mer l'entoure sur trois côtés, qui est choisi.

    Le 15 avril 1492, les ouvriers génois débarquent pour dégager le site et entreposer les matériaux de construction. Le 30 avril, la première pierre du château est posée. Le bastion est achevé le 5 mai. En novembre, elle est dotée de pièces d'artillerie. Ajaccio se résume alors à une tour carrée d'une dizaine de mètres de haut, entourée de baraques où sont cantonnées les troupes, le tout protégé par un système de fossés et une enceinte bastionnée. Dès 1494, la place joue son rôle et accueille les troupes envoyées pour mater les féodaux. Le site semble attractif puisque le lieutenant du Delà le préfère souvent à sa résidence habituelle de Vico, pendant que plusieurs soldats de la garnison et même des principali corses fidèles de Gênes comme les Ornano ou les Pozzo di Borgo, achètent des concessions près du château pour y bâtir des maisons.

    Ces modestes édifices, entourés d'un jardin potager ou même d'écuries, s'organisent progressivement autour d'un axe principal qui deviendra plus tard le Carrughju drittu (actuelle rue Bonaparte). En 1502, l'agglomération est suffisamment développée pour que l'office la fasse entourer de murailles qui courent depuis le château jusqu'à l'actuelle place du Diamant, délimitant ainsi l'espace à urbaniser."

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     Ajaccio aujourd'hui, et la citadelle toujours en pointe...

    www.ajaccio.fr/Histoire-de-la-ville-d-Ajaccio_a12.html  

     

     

     

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    1789 : Ouverture à Versailles des États Généraux

     

    Il faudrait tout citer du lumineux chapitre XV de l'Histoire de France de Jacques Bainville, Louis XVI et la naissance de la révolution, chapitre particulièrement remarquable d'un ensemble où tout est, justement, remarquable...

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    I : Commençons par un court extrait de ce qui a rendu obligatoire cette convocation des États Généraux : le funeste rappel des Parlements...

               

    "...Sous Louis XV, la grande affaire avait été celle des Parlements. Choiseul avait gouverné avec eux, Maupeou sans eux. Le coup d'État de Maupeou (ou "renvoi des Parlements", voir l'Éphéméride du 19 janvier, ndlr) - on disait même sa révolution - était encore tout frais en 1774 et les avis restaient partagés. Mais la suppression des Parlements avait été un acte autoritaire et Louis XVI, comme le montre toute la suite de son règne, n'avait ni le sens ni le goût de l'autorité. Le nouveau roi donna tort à son grand-père. "Il trouva, dit Michelet, que le Parlement avait des titres, après tout, aussi bien que la royauté; que Louis XV, en y touchant, avait fait une chose dangereuse, révolutionnaire. Le rétablir, c'était réparer une brèche que le roi même avait faite dans l'édifice monarchique. Turgot, en vain, lutta et réclama... Le Parlement rentra (novembre 1774) hautain, tel qu'il était parti, hargneux, et résistant aux réformes les plus utiles."

    Ainsi, pour l'école de la tradition, la suppression des Parlements avait été une altération de la monarchie, l'indépendance de la magistrature étant une des lois fondamentales du royaume. Mais le recours aux États généraux en était une aussi. Il y avait plus d'un siècle et demi que la monarchie avait cessé de convoquer les États généraux, parce qu'ils avaient presque toujours été une occasion de désordre. L'indépendance des Parlements avait été supprimée à son tour, parce que l'opposition des parlementaires redevenait aussi dangereuse qu'au temps de la Fronde et paralysait le gouvernement.

    Le conflit, qui n'allait pas tarder à renaître entre la couronne et le Parlement, rendrait inévitable le recours aux États généraux. Bien qu'on ne l'ait pas vu sur le moment, il est donc clair que le retour à la tradition, qui était au fond de la pensée de Louis XVI et qui s'unissait dans son esprit à un programme de réformes, sans moyen de les réaliser, ramenait la monarchie aux difficultés dont elle avait voulu sortir sous Louis XIV et sous Louis XV..."

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    Parlementaire, Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil finira lui-même sur l'échafaud; il symbolise bien cette caste de privilégiés qui, par inconscience, par égoïsme et par sordide intérêt, personnel et de caste, s'opposèrent à toutes les réformes indispensables, rendant ainsi la Révolution inéluctable...
     
      
     

    II : Ensuite, tout découle, logiquement, et fatalement, de cette folle erreur initiale du rappel des Parlements.

     

    "...La fin de l'année 1787 eut ceci de particulièrement funeste pour la monarchie qu'elle mit Louis XVI en contradiction avec lui-même : il fut obligé d'entrer en lutte ouverte avec les Parlements qu'il avait rétablis. Refus d'enregistrer les Édits qui créaient les nouvelles taxes, refus de reconnaître les nouvelles assemblées provinciales : sur tous les points, les Cours souveraines se montraient intraitables.

    Elles invoquaient, elles aussi, ces lois fondamentales, ces antiques traditions du royaume en vertu desquelles le roi les avait restaurées : respect des anciennes coutumes provinciales, indépendance et inamovibilité des magistrats, vote des subsides par les États généraux.

    Devant cette opposition opiniâtre, il fallut revenir aux Lits de justice, à l'exil des Parlements, aux arrestations de parlementaires : le gouvernement était ramené aux procédés du règne de Louis XV sans pouvoir les appliquer avec la même énergie et en ayant, cette fois, l'opinion publique contre lui. La résistance des Parlements, désormais liée à la convocation des États généraux, était populaire. L'idée de consulter la nation était lancée dans la circulation et s'associait à l'idée de liberté : l'école philosophique du despotisme éclairé, celle qui avait soutenu Choiseul et Maupeou, avait disparu; le libéralisme mis en vogue par la littérature et propagé par l'exemple américain la remplaçait..."

     

     

    III : Mais rien ne se passa comme prévu... 

     

    "...La vieille outre des États généraux, remise en honneur par les amateurs d'anciennetés, allait s'emplir de vin nouveau. Chose curieuse, qui n'étonne plus après ce que nous avons vu déjà : des retardataires comptaient sur les États pour y faire de la politique, y défendre habilement leurs intérêts, comme à ceux de 1614.

    Certains "cahiers" montrent que la noblesse espérait rejeter le poids des impôts sur le clergé et réciproquement. Il n'y aura qu'un grand balayage, où disparaîtront privilèges, exemptions, vieilles franchises provinciales, Parlements eux-mêmes, gouvernement et monarchie, tout ce qui avait cru, par le retour à l'antique institution, se conserver ou se rajeunir...

    Le langage du temps, particulièrement déclamatoire, les mots célèbres, parfois arrangés, ont donné à ces évènements un caractère héroïque et fabuleux.

    À la vérité, ils surprirent tout le monde et il arriva ce que personne n'avait voulu..." 

     

     

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    1821 : Mort de Napoléon

    5 mai,états généraux,louis xv,louis xvi,versailles,parlements,napoléon,bonaparte,bainville,sainte héléne,chateaubriand,rousseau     Dans notre Album Maîtres et témoins(II) : Jacques Bainville. , voir la photo "15 octobre 1931 : parution du "Napoléon" (I/III)" et les deux suivantes

     

    Dans ce qu'il appelait lui-même sa "brochure", publiée le 31 mars 1815, "De Buonaparte et des Bourbons", Chateaubriand écrit, entre autres :

    "...L'avenir doutera si cet homme a été plus coupable par le mal qu'il a fait que par le bien qu'il eût pu faire et qu'il n'a pas fait....Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble, depuis Néron jusqu'au dernier persécuteur des chrétiens... Né surtout pour détruire, Bonaparte porte le mal dans son sein..."

     

    Il y dénonce les "rêves d'un fou et d'un furieux", qui osait affirmer, devant un Metternich sidéré, cette monstruosité : "J'ai trois cent mille hommes de revenu !"

    Lorsqu'on lit ou relit ce texte, près de deux siècles après sa publication, on comprend mieux le sens des mots pamphlet et polémique, et l'on est saisi par sa force et sa puissance, en constatant qu'il n'a rien perdu ni de l'une ni de l'autre, après tant de temps. On n'a rien écrit de mieux depuis sur le sujet, à part le Napoléon de Jacques Bainville, dans lequel celui-ci prononce ce jugement définitif :

    "Sauf pour la gloire, sauf pour l'Art, il eut probablement mieux valu que cet homme n'eût jamais existé."

    Napoleon_L25.jpg

    On se rappellera - comme en écho de cette phrase de Bainville - que Napoléon lui-même, en visite sur la tombe de Rousseau, à Ermenonville, s'était laissé aller à cette confidence :

    "L'Histoire dira s'il n'eût pas mieux valu pour l'humanité que ni lui ni moi n'eussions jamais existé..." (voir l'Éphéméride du 28 août)

     

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

     

    L'ignorance crasse de monsieur Haziza, qui "ne sait pas" mais qui "parle quand même". Pour proférer soit une erreur, soit un mensonge : au choix...

    À propos de "l'affaire Glucksmann" (chassé de la manif du premier mai par les terroristes de l'extrême-gauche), Haziza s'en prend à Maurras, et se retrouve - on vient de le dire - soit dans l'erreur soit dans le mensonge (ndlr : entre parenthèse, il y a deux "r" à Maurras, monsieur Haziza, mais ce n'est, évidemment, pas le plus important !...).

    Voici ce qu'il déclare (sur RadioJ), et qu'il résume (sur tweeter) :

    • (extrait vidéo 2'39) 

    https://x.com/frhaz/status/1787037944039067690

    • sur tweeter :

    "L’agression de @rglucks1 le 1er mai, c’est un moment grave. C’est un moment qui me rappelle l’agression de Léon Blum dans les années 30. C’est pas Mauras, c’est l’extrême gauche. Mais c’est la même chose. En tant qu’homme de gauche, je suis scandalisé ce cette violence de Ligue, de cagoulards qui n’a rien à faire dans un parti de gauche. Dans la mesure où #Glucksmann reçoit des insultes antijuives depuis des mois, dans la mesure où il a appelé depuis le début à l’arrêt de l’opération israélienne, on ne peut pas être plus pro-palestinien que Glucksmann, donc ce qu’on lui reproche c’est d’avoir un nom juif. Je ne vois pas autre chose. Je trouve ahurissant tous les @FranceInsoumise au garde-à-vous qui disent, ce n'est pas nous alors que tous les gens qui ont agressé Glucksmann avaient des autocollants #LFI. Au moins Charles Mauras, il assumait. Au moins, Charles Mauras, quand il a envoyé lyncher Blum, il a ensuite continué à appeler envoyer lyncher Blum et il a fait de la prison".

    Ouf !

    Tant d'erreurs (ou de mensonges) en si peu de lignes, cela fait beaucoup !

    Nous allons demander pardon au lecteur de répondre d'une façon aussi "mastoque" à ces erreurs ou à ces mensonges, mais nous lançons un défi à monsieur Haziza, et à tout le monde : si on vous la propose, lirez-vous la vérité sur cette "affaire", qui n'est pas du tout que "Mauras" (sic !) ait "envoyé lincher Blum" ? Aurez-vous ce courage, cette honnêteté intellectuelle ?...

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    Allons-y ! En réalité, que s'est-il donc passé ? Ceci : nous sommes en févier 1936. Jacques Bainville, membre du "trio de tête" de l'Action française, et le plus grand historien de tous les temps, vient de mourir, le samedi 9. On l'enterre le jeudi 13. Ce jour-là, Blum organise une misérable machination/provocation : il ne peut ignorer qu'une foule impressionnante se trouve dans la zone du Boulevard Saint-Germain : il y fait passer volontairement sa voiture, et veut "couper" le cortège : tout le monde n'a pas le respect des morts ! Et cet acte insensé s'apparent à un sacrilège... Blum se fait injurier par la foule, et des gens - mais pas de l'Action française - se mettent à s'agiter. Et, monsieur Haziza, ce sont justement les Camelots du Roi, emmenés entre autres par Pierre Juhel, qui vont libérer et sauver Blum, peut-être pas d'un lynchage en règle mais sûrement d'un mauvais pas, dans lequel sa misérable machination/provocation l'a conduit : il voulait, en fait, avoir un prétexte pour dissoudre la Ligue d'Action française, et ce prétexte, maintenant, il l'a, avec sa sordide et lamentable provocation...

    Voilà la simple et misérable vérité, monsieur Haziza.

    Maintenant, voici notre défi, lancé à vous-même et à tout le monde : nous racontons cette "semaine tragique" - qui a vu la mort de Bainville et la dissolution de la Ligue d'Action française - dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française"; il y a huit "grandes Une" en tout, pour comprendre la totalité de "l'histoire" (ce qui fait neuf livraisons au total, puisque l'une est en deux parties : celle qui raconte justement l'incident des obsèques). Aurez-vous le courage, la patience et - surtout - l'honnêteté intellectuelle de les lire ? Fût-ce en prenant votre temps, et en lisant, par exemple, l'ensemble en plusieurs fois ?

    Le défi est lancé : à vous - à tous - d'y répondre, ou pas...

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    • La semaine tragique : mort  de Bainville...

    • numéro du Lundi 10 Février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française (1/8) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Mardi 11 Février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française (2/8) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du mercredi 12 Février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française (3/8) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Jeudi 13 Février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française (4/8) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Vendredi 14 février 1936 (1/2) :

    Grandes "Une" de L'Action française (5/8 - 1/2) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Vendredi 14 février 1936 (2/2) :

    Grandes "Une" de L'Action française (5/8 - 2/2) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Samedi 15 février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française (6/8) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Dimanche 16 février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique (7/8) : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

    • numéro du Lundi 17 février 1936 :

    Grandes "Une" de L'Action française (8/8): Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable machination de Blum, dissolution de la Ligue d'Action française...

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    Joliment dit par Christophe Dickès : rien à rajouter; uniquement, partager...

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    1. "Les valeurs perdues de la gauche...", par Guillaume Bigot :

    "La gauche post-moderne ne se contrefiche pas seulement des plus pauvres, elle leur est hostile. C’est une gauche en toc. Une gauche pour riches et pour obscurantistes."

    En somme, et Bigot a raison, on peut appliquer à "la gauche" le mot de Daudet :

    "Une authentique haute en toc..."

    (extrait vidéo 1'31)

    https://x.com/Guillaume_Bigot/status/1787172284320387573

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    2. On le savait depuis belle lurette, mais il est toujours bon de redire les vérités, à temps et à contre-temps... Si "la base" des restos du coeurs (les vrais bénévoles) est constituée de braves types généreux (hommes et femmes), le "pays légal" des restos du coeur, lui est pourri, comme l'autre...

    De Bruno Attal (sur tweeter) :

    "Je vous révèle comment sont défrayés les "artistes" enfoirés des #restosDuCoeur. Lors des concerts le voyage en 1ere, les restaurants et l’hôtel sont payés par les @restosducoeur. À Lyon 5.000€ de mini bar pour une beuverie dans une chambre. Les "artistes" millionnaires se font rembourser leurs notes de frais et jouent les généreux. Colombe elle, vraie bénévole sera renvoyée car vote pour le RN. À gerber !"

    Image

     

    3. Mort du jeune Merzouk, abusivement appelé par son prénom (Nahel), qui mettait tous ceux qu'il rencontrait en danger par sa "conduite sauvage", et qui refusait d'obtempérer (c'est la mode, chez les délinquants...). Un policier courageux a risqué sa vie pour le mettre hors d'état de nuire, sauvant par là-même, très probablement, la vie d'un(e) ou plusieurs innocents, qui auraient rencontré la route de ce dangereux personnage...

    D'accord avec Matthieu Valet :

    "Inexplicable, inexcusable" disait le Président, M.Macron. "Reconstitution de la mise à mort de Nahel", dit le Député LFI Portes. Je soutiendrai toujours les forces de l’ordre, jamais les délinquants. Soutien à Florian, motocycliste policier. Portrait du "petit ange" Nahel" :

    (extrait vidéo 2'10)

    https://x.com/mvalet_officiel/status/1787141322354065821

    Le policier qui a tué Nahel à Nanterre s'appelle Florian Menesplier et vit  à Bornel dans l'Oise - Oise Hebdo

     

    POUR NOUS AUSSI,

     

    SANS AUCUN DOUTE

     

    NI "ÉTAT D'ÂME" :

     

    SOUTIEN À FLORIAN !

     

     

    4. De Florence Bergeaud-Blackler, sur CNews... :

    "La confrérie des Frères musulmans est déjà installée depuis un demi-siècle dans les pays européens. Elle a comme idéologie d'instaurer le califat partout dans le monde..."

    (extrait vidéo 9'11)

    https://x.com/CNEWS/status/1787360347399115036

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    4 BIS. ...et de Pascal Praud, sur CNews :

    "...Les Frères musulmans sont sur le point de franchir un point de bascule en France..." :

    (extrait vidéo 1'48)

    https://x.com/CNEWS/status/1787377893590351912

    Naissance du « réformisme » des frères musulmans. Par Rachid Benzine. –  France républicaine

     

    6. De Damien Rieu (sur tweeter) :

    "Solidarité avec les Tunisiens qui se révoltent contre leur submersion par les migrants subsahariens. J’espère qu’ils comprendront également que nous refusons la même chose chez nous."

    (extrait vidéo 1'06)

    https://x.com/DamienRieu/status/1787362123842031726

    Sfax (Tunisie) : les tensions entre Tunisiens et migrants s'intensifient ;  des habitants armés de bâtons interpellent eux-mêmes les migrants (MàJ :  1200 clandestins coincés à la frontière tuniso-libyenne) - Fdesouche

     

    7. D'accord avec Fabien Bouglé :

    "ILS VEULENT DÉTRUIRE LA FRANCE !  Mobilisons nous contre ceux comme @rglucks1 qui veulent vassaliser la France  avec un système énergétique intermittent basé sur des #éoliennes couplées au GNL états-unien  et sur le sabotage du #nucléaire français"

    (extrait vidéo 2'50)

    https://x.com/FabienBougle/status/1787188613186302456

     

     

    À DEMAIN !

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  • Éphéméride du 10 mai

    1752 : Jean-Étienne Guettard formule l'hypothèse que les Monts d'Auvergne (les Puys) peuvent être d'anciens volcans éteints... 

     

    Géologue, minéralogiste, naturaliste, Guettard est né le 22 septembre 1715 (à Étampes) et mort le 6 janvier 1786, à Paris.        

    D'Eugène Caustier (dans Les entrailles de la terre) :

    10 mai,louis xv,maupeou,choiseul,fleury,bainville,louis xvi,revolution,1789,parlements"Il n'est personne aujourd'hui qui n'ait entendu parler des volcans d'Auvergne, et cependant leur découverte ne remonte guère à plus d'un siècle. C'est, en effet, en 1751 qu'un membre illustre de l'Académie des Sciences, Guettard, annonça, à la grande surprise du monde savant, qu'il existait au centre de la France des volcans éteints semblables à ceux qui sont en activité en Italie.

    Jusque-là ces montagnes régulièrement coniques, qui constituent la Chaîne des Puys, aux environs de Clermont, et qui se dressent sur le plateau comme de gigantesques taupinières, avaient été considérées comme des amas de scories abandonnées par les métallurgistes de l'Antiquité. Guettard, qui était contemporain de Buffon et qui, le premier, dressa des cartes géologiques, avait parcouru l'Europe en tous sens.

    Et c'est au retour d'un voyage en Italie que, passant par Clermont-Ferrand et Volvic, il fut frappé des ressemblances de ces monts d'Auvergne avec le Vésuve. C'est alors qu'il s'écrie : Volvic, Volcani vicus !

    Voici ce qu'écrit Guettard en 1752 :

    10 mai,louis xv,maupeou,choiseul,fleury,bainville,louis xvi,revolution,1789,parlements"Les montagnes d'Auvergne, qui ont été, à ce que je crois, autrefois des volcans... sont celles de Volvic (ci contre) à 2 lieues de Riom, du Puy-de-Dôme proche de Clermont et du Mont d'Or... Ce fut à Moulins que je vis les laves pour la première fois... et étant à Volvic, je reconnus que la montagne n'étoit presque qu'un composé de différentes matières qui sont jetées dans les éruptions des volcans... Le reste de la montagne n'est qu'un amas de pierres ponces, noirâtres ou rougeâtres, entassées les unes sur les autres sans ordre ni liaison... Les bancs de pierre de Volvic suivent l'inclinaison de la montagne."

     

    Guettard est également le premier à avoir signalé les schistes ampéliteux de la Ferrière-Béchet; ayant acquis à Montpertuis une terre qui fournissait beaucoup de kaolin, il réussit le premier à fabriquer avec cette matière une porcelaine analogue à celles de la Chine et du Japon; enfin, il est aussi le premier à avoir déterminé - en 1775 - la nature de ces débris fossiles nommés encrines, pierres étoilées, entroques.

    10 mai,louis xv,maupeou,choiseul,fleury,bainville,louis xvi,revolution,1789,parlements

    www.annales.org/archives/x/guettard.html 

     

    www.chainedespuys.com/ 

     

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    1774 : Mort de Louis XV, Louis XVI roi de France...

     

    Pourquoi et comment, à partir de cette date fatidique, les évènements s'enchaînent-ils d'une façon aussi implacable, pour aboutir quinze ans après au grand drame national - et international... - de la Révolution ?

    C'est ce qu'explique magistralement le remarquable chapitre XIV de l'Histoire de France de Jacques Bainville, La Régence et Louis XV : en rappelant les Parlements, exilés par son grand-père, Louis XVI stoppe la révolution royale, et rend inévitable - par les insupportables blocages de la société que cela induit - l'autre révolution, celle qui marquera la fin d'un monde...

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    "...Le départ de Choiseul fut suivi du coup d'État de Maupeou (ci dessous; voir l'Éphéméride du 19 janvier). On néglige trop, d'ordinaire, cet évènement dans le règne de Louis XV. Les Parlements, dont les attributions s'étaient grossies au cours des âges, étaient devenus un obstacle au gouvernement. L'opposition des Cours souveraines, celles des provinces marchant d'accord avec celle de Paris, devenait un grand péril politique. Les Cours étaient allées jusqu'à proclamer leur unité et leur indivisibilité. Elles agissaient de concert, repoussaient les édits sous la direction du Parlement de Paris, décernaient même des prises de corps contre les officiers du roi.

    "Cette étonnante anarchie, dit Voltaire, ne pouvait pas subsister. Il fallait ou que la couronne reprît son autorité ou que les Parlements prévalussent." C'était un pouvoir qui se dressait contre le pouvoir et, en effet, l'un ou l'autre devait succomber.

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    Le Vicomte René-Nicolas de Maupeou, Marquis de Morangles et de Bully.
     
    Il est l'artisan du renvoi des Parlements par Louis XV :
    "Y a-t-il un seul souverain ? Ou la France est-elle soumise à douze aristocraties ?"
     
    Apprenant leur rappel par Louis XVI, trois ans après, il eut ce mot : "J'avais fait gagner au roi un procès de trois siècles. Il veut le reperdre, il est bien le maître". Certains de ses proches affirment qu'il aurait ajouté : "il est perdu..."
     

                

    Depuis le temps de la Fronde, la monarchie avait eu à compter avec cette magistrature indépendante, sa propre création, presque aussi vieille qu'elle même et qui, peu à peu, lui avait échappé.

    Louis XIV avait résolu la difficulté par la méthode autoritaire et grâce à son prestige. Pendant son règne, les Parlements avaient été soumis. Ranimés par la Régence, ils s'étaient enhardis peu à peu, et leur opposition, fondée sur le respect des droits acquis, était devenue plus nuisible à mesure que l'État et l'administration s'étaient développés, avaient eu besoin d'organiser et de rendre moderne une France constituée pièce à pièce, reprise, pièce à pièce aussi, sur le vieux chaos de l'Europe féodale.

    Les ministres du dix-huitième siècle, jusqu'au malheureux Calonne, ne tarissent pas sur la difficulté de gouverner un pays qui avait mis huit cents ans à former son territoire, à réunir des villes et des province dans les circonstances et aux conditions les plus diverses, où l'on se heurtait, dès que l'on voulait changer, simplifier, améliorer quelque chose, à des exceptions, à des franchises, à des privilèges stipulés par contrat.

    À la fin du règne de Louis XV, il apparut que les Parlements, en s'opposant aux changements, par conséquent aux réformes et aux progrès, mettaient la monarchie dans l'impossibilité d'administrer, l'immobilisaient dans la routine, et, par un attachement aveugle et intéressé aux coutumes, la menaient à une catastrophe, car il faudrait alors tout briser pour satisfaire aux besoins du temps. La résistance que la monarchie avait toujours rencontrée dans son œuvre politique et administrative, résistance qui avait pris la forme féodale jusqu'au temps de Richelieu, prenait alors une forme juridique et légale, plus dangereuse peut-être, parce que, n'étant pas armée, elle n'avait pas le caractère évident et brutal d'une sédition.

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    "Cette étonnante anarchie ne pouvait pas subsister.
    Il fallait ou que la couronne reprît son autorité ou que les Parlements prévalussent." (Voltaire).
     
    Le même Voltaire qui écrivait à d'Alembert :
     "Quoi, les boeufs-tigres pleurent ? On ne rend plus la justice ? Les plaideurs sont réduits à s'accommoder sans frais..." 
     
     
     

    Choiseul avait essayé de gouverner avec les Parlements en leur donnant les Jésuites en pâture, en flattant leurs sentiments jansénistes, en tirant même de leur sein des ministres et des contrôleurs généraux. L'effet de cette politique était déjà usé. Il ne restait plus qu'à recourir aux grands moyens. En 1771, Maupeou, chargé de l'opération, supprima les Parlements et la cour des aides. À leur place furent institués des "conseils supérieurs". La vénalité des charges était abolie, la justice devenait gratuite. C'était une des réformes les plus désirées par le pays. La suppression des Parlements, acte d'une politique hardie, permettait de continuer cette organisation rationnelle de la France qui, depuis des siècles, avait été entreprise par la monarchie. La voie était libre.

    Ce que Bonaparte, devenu Premier Consul, accomplira trente ans plus tard, pouvait être exécuté sans les ruines d'une révolution. De 1771 à 1774, l'administration de Terray, injustement décriée par l'histoire, mieux jugée de nos jours, commença de corriger les abus. Elle adoucit d'abord, avec l'intention de les abolir ensuite, les impositions les plus vexatoires; elle organisa ces fameux vingtièmes qui avaient soulevé tant de résistances; elle s'occupa enfin de créer des taxes équitables, telle que la contribution mobilière, reprise plus tard par l'Assemblée constituante, en un mot tout ce qui était rendu impossible par les Parlements...

    Si nous pouvions faire l'économie d'une révolution, ce n'était pas en 1789, c'était en 1774, à la mort de Louis XV. La grande réforme administrative qui s'annonçait alors, sans secousses, sans violence, par l'autorité royale, c'était celle que les assemblées révolutionnaires ébaucheraient mais qui périrait dans l'anarchie, celle que Napoléon reprendrait et qui réussirait par la dictature : un de ses collaborateurs, le consul Lebrun, sera un ancien secrétaire de Maupeou. Il y a là dans notre histoire une autre sorte de continuité qui a été malaperçue..." 

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    Charles-François Lebrun (1739-1824) - Troisième Consul, Prince-archi-trésorier, duc de Plaisance     
     
      
        

    "...Nous allons voir comment ces promesses furent anéanties dès le début du règne de Louis XVI par le rappel des Parlements. Alors seulement la révolution deviendra inévitable.

    Lorsque Louis XV mourut, s'il y avait du mécontentement, il n'était pas incurable. S'il y avait de l'agitation, elle était superficielle. L'ancien régime avait besoin de réformes, il le savait, et l'immobilité n'avait jamais été sa devise. Que de fois il s'était transformé depuis Hugues Capet ! Sans doute le succès allait aux faiseurs de systèmes parce qu'il est plus facile de rebâtir la société sur un plan idéal que d'ajuster les institutions, les lois, l'administration d'un pays aux besoins de nouvelles générations. De là l'immense succès de Jean-Jacques Rousseau, le simplificateur par excellence. Mais, depuis le bienfaisant coup d'État de 1771, il n'existait plus d'opposition organisée. Le pouvoir s'était bien défendu, n'avait pas douté de lui-même. Jamais Louis XV n'avait consenti à convoquer les États généraux, comprenant que, ce jour-là, la monarchie abdiquerait. On la blâmait, on la critiquait, ce qui n'était pas nouveau, mais elle ne donnait pas de signes de faiblesse.

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    "le simplificateur par excellence..."  
     
     

    Les "affaires" du temps, celles de Calas, du chevalier de la Barre, de Sirven, de Lally-Tollendal, causes retentissantes que Voltaire plaida au nom de la justice et de l'humanité, n'eurent d'autres répercussions politiques que d'aider au discrédit des parlementaires par qui les condamnations avaient été prononcées. Choiseul fut renvoyé, les parlements cassés sans qu'il y eût seulement des barricades comme sous la Fronde. Quant aux autres plaintes, aux autres accusations, elles étaient de celles auxquelles bien peu de gouvernements échappent. Les réductions de rentes et de pensions, réductions si nécessaires, auxquelles Terray procéda sous Maupeou, furent appelées banqueroutes; d'une disette et de spéculations sur les blés, sortit la légende du "pacte de famine"; les favorites du roi, Mme de Pompadour et Mme du Barry, furent trouvées scandaleuses. Cependant il y avait eu à d'autres époques des moments plus graves pour la royauté, plusieurs fois chassée de Paris. Si des esprits sombres annonçaient des catastrophes, on ne distinguait nulle part les préparatifs ni le désir véritable d'une révolution.

    Gouverner est toujours difficile, mais ne l'était pas plus pour la monarchie à ce moment-là qu'à un autre. Quand on y regarde de près, la situation était plus complexe à l'extérieur qu'à l'intérieur. Louis XV avait encore accru le royaume de la Lorraine et de la Corse. Mais les deux guerres de Sept Ans avaient montré que le problème était de moins en moins simple. Il fallait conserver sur le continent les avantages que nous avait légués le dix-septième siècle, empêcher des bouleversements en Allemagne, nous méfier des ambitions de la Prusse. Cependant, avec l'apparition de la Russie, la question d'Orient prenait un nouvel aspect. La Turquie était menacée de démembrement; la Pologne notre alliée nécessaire, était menacée de ruine (le premier partage est de 1772).

    Enfin nous avions à effacer les plus graves des effets du traité de Paris si nous ne voulions pas renoncer aux colonies et à la mer, au nouveau genre d'expansion que les grands peuples européens recherchaient, si nous ne voulions pas abandonner les océans et le monde à l'Angleterre. Questions maritimes et coloniales, question d'Allemagne, question d'Orient : voilà ce qui va occuper le règne de Louis XVI et, par une grave faute initiale, le rappel des Parlements, provoquer le drame de 1789..."

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    1788 : Naissance d'Augustin Fresnel

     

  • Éphémérides du mois d'avril : Tables des Matières

     

    1157421302.jpg: 1328 : Avènement de Philippe VI. 1565 : les premiers "poissons d'avril". 1753 : Naissance de Joseph de Maistre. 1755 : Naissance de Brillat-Savarin. 1834 : Naissance de François-René de La Tour du Pin. 1921 : Adrienne Bolland réalise la première traversée des Andes en avion... 1933 : Naissance de Claude Cohen-Tannoudji. 1950 : Dans L'Épuration et le délit d'opinion, Marcel Aymé explique son refus de la Légion d'Honneur... 2017 : Ouverture au public des Jardins XVIIIème de Chambord intégralement reconstitués.

    2 : 1715 : Aux origines du Haras du Pin... 1750 : Naissance de Marie-Étienne Nitot. 1791 : Mort de Mirabeau. 1810 : Napoléon épouse Marie-Louise d'Autriche. 1841 : Naissance de Clément Ader. 1915 : Création de la Croix de Guerre.

    : 1367 : Du Guesclin prisonnier du Prince noir. 1369 : Apparition du Tir sportif. 1559 : Traité de Cateau-Cambrésis. 1591 : Naissance d'Yves Nicolazic. 1711 : Découverte de l'île de Clipperton. 1987 : Cérémonie d'ouverture du Millénaire Capétien... 1994 : Mort du Professeur Jérôme Lejeune. 2007 : Nouveau record de vitesse pour le TGV. 2017 : Découverte d'une "petite Pompéi viennoise".

    : 188 : Naissance de Caracalla. 1323 : Arrivée en France de Venceslas de Luxembourg. 1609 : Mort de Jules-Charles de l'Écluse. 1715 : Pose de la première pierre de l'Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence... 1791 : Le Panthéon transformé en Temple civique. 1807 : Mort de Lefrançois de Lalande. 1826 : Naissance de Zénobe Gramme. 1839 : Cherbourg, seule ville de France à posséder une "Rue Louis XVI"... 1856 : Création de L'Oeuvre d'Orient... 1896 : Aux origines du cinéma parlant : le graphophonoscope. 1931 : Mort d'André Michelin.

    : 1254 : Guillaume de Rubrouck, premier occidental à entrer dans Karakorum. 1419 : Vincent Ferrier meurt à Vannes... 1612 : Début des trois journées de fête pour l'inauguration de la Place Royale. 1673 : Mort de François Caron. 1693 : Louis XIV crée l'Ordre royal et militaire de Saint Louis. 1732 : Naissance de Fragonard. 1794 : Danton guillotiné. 1725 : Naissance de Pascal Paoli. 1820 : Naissance de Nadar. 1822 : Mort de Le Play. 2016 : Paris inaugure la Canopée du Forum des Halles...

    : 1199 : Richard Coeur de Lion est tué au siège de Châlus. 1768 : Bougainville débarque à Tahiti. 1804 : Mort de Pichegru. 1814 : Abdication de Napoléon. 1896 : Premiers Jeux Olympiques modernes (suivis par Charles Maurras). 1943 : Parution du Petit Prince. 2010 : Première en France et dans le monde, pour un objet d'histoire naturelle: une fluorite du Mont Blanc est acquise par le Muséum d'Histoire naturelle.

    : 451 : Metz incendiée par Attila. 1699 : Lettres Patentes pour l'édification de la Place Vendôme. 1719 : Mort de Jean-Baptiste de La Salle. 1780 : Inauguration du Grand Théâtre de Bordeaux. 1795 : Adoption du Système métrique. 1823 : Début de l'expédition d'Espagne (les "100.000 fils de Saint Louis"). 1930 : Saint Exupéry Chevalier de la Légion d'Honneur.

    8 : 819 : Louis le Pieux signe la Charte de fondation de l'Abbaye de Conques. 1271 : Baybars, Sultan des Mameluks, s'empare du Krak des Chevaliers. 1364 : Jean II le Bon, second roi de France à mourir à l'étranger. 1431 : Date de naissance possible de François Villon. 1632 : De Versailles à... Versailles : Louis XIII achète la seigneurie de Versailles à Jean-Paul de Gondi. 1820 : Olivier Voutier assiste à la découverte de la Vénus de Milo...

    9 : 1533 : Mort de Rabelais. 1682 : Robert Cavelier de la Salle prend possession de la Louisiane. 1815 : Naissance d'Alphonse Beau de Rochas. 1821 : Naissance de Baudelaire. 1860 : Scott de Martinville réalise le premier enregistrement du monde. 1914 : Léon Bloy dénonce la chienlit... 1968 : Premier lancement à Kourou.

    10 : 1028 : Mort de Fulbert de Chartres. 1677 : Début de la bataille de Cassel... 1707 : Naissance de Michel Corrette. 1916 : Ordre mythique du général Pétain à Verdun : "On les aura !...".

    11 : Évocation : Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un  jour, la France... 1975 : Bernard Pivot reçoit Soljénitsyne dans  Apostrophes...

    12 : 1229 : Fin de la Croisade des Albigeois. 1704 : Mort de Bossuet. 1912 : Mort d'Étienne Duchesne. 1927 : Le château de Villandry et ses Jardins inscrits aux Monuments Historiques.

    13 : 1598 : Henri IV signe l'Édit de Nantes. 1696 : Mort de La Fontaine. 1836 : Mort de Sol de Grisolles. 1895 : Découverte du Trésor de Boscoreale.

    14 : 1136 : Aux origines de l'Abbaye du Thoronet... 1711 : Mort du Grand Dauphin. 1802 : Parution du Génie du Christianisme. 1883 : Création de Lakmé. 1900 : Inauguration de l'Exposition Universelle de Paris. 1922 : Naissance de Georges Fouet, principal "fouilleur" de la Villa gallo-romaine de Montmaurin. 1931 : Première émission de télévision publique. 2009 : Mort de Maurice Druon.

    15 : 1591 : Aux origines du Régiment de Flandre... 1600 : Henri IV homologue la création de la première Chambre de commerce de France, à Marseille. 1808 : Mort d'Hubert Robert. 1719 : Mort de Madame de Maintenon. 1863 : Champoiseau découvre La Victoire de Samothrace. 1874 : Naissance d'Henri Deneux, sauveteur-reconstructeur de la Cathédrale Notre-Dame de Reims. 1874 : Naissance de l'Impressionnisme. 1912 : Roger-Marie Bricoux, violoncelliste de l'Orchestre du Titanic périt dans le naufrage... 2019 : Notre-Dame de Paris est en feu !...

    16 : 1148 : Mort d'Alphonse Jourdain, Comte de Toulouse, fondateur de Montauban... 1646 : Naissance de Jules Hardouin-Mansart. 1656 : Création du Régiment d'Alsace : aux origines des régiments royaux étrangers... 1715 : Mort d'Alexandre-Jean Oppenordt. 1755 : Naissance de Madame Vigée-Lebrun. 1788 : Mort de Buffon. 1844 : Naissance d'Anatole France. 1879 : Mort de Bernadette Soubirous. 1917 : Offensive du Chemin des Dames. 1955 : Jacques Perret invente le mot Ordinateur.

    17 : 1524 : Verazzano découvre, pour François Premier, la baie où s'élèvera New-York. 1666 : Premières Grandes Eaux à Versailles. 1696 : Mort de la marquise de Sévigné. 1942 : Mort de Jean Perrin. 1986 : Mort de Marcel Dassault. 2007 : Lancement du chantier de l'EPR de Flamanville. 2010 : Première édition des Grands Jeux romains, à Nîmes...

    18 : 1601 : Début de la reconstruction de la Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. 1619 : Publication des Voyages de Champlain. 1802 : Premier Te Deum à Notre-Dame de Paris depuis la fermeture de la cathédrale par la Révolution. 1855 : Classification officielle des Vins de Bordeaux. 1878 : Mort d'Eugène Belgrand. 1951 : Traité de Paris instituant la CECA. 1974 : Mort de Marcel Pagnol. 2012 : Création du Parc national des Calanques.

    19 : 49 avant J-C : Jules César entreprend le siège de Massalia... 1054 : Mort de Saint Léon IX. 1164 : Le pape Alexandre III consacre l'autel de Saint Pierre et Saint Paul de la Cathédrale de Sens. 1314 : Épilogue du scandale dit "de la Tour de Nesle"... 1614 : Louis XIII charge Marie de lotir l'Île Saint-Louis... 1906 : Mort accidentelle de Pierre Curie. 1934 : Sortie de la Traction avant Citroën. 1896 : Premier Paris-Roubaix. 2000 : L'expertise ADN révèle que l'enfant mort le 8 juin 1795 dans la prison du Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

    20 : 1120 : Mort de Géraud de Salles. 1251 : Dédicace de la Cathédrale Saint Maurice de Vienne. 1868 : Naissance de Charles Maurras.

    21 : 1581 : Création de la Commune de Martigues. 1671 : Naissance de John Law de Lauriston. 1699 : Mort de Racine. 1745 : Jacques Daviel, chirurgien de peste, réussit la première opération mondiale de la cataracte, à Marseille. 1770 : Marie-Antoinette quitte Vienne, pour aller épouser le futur Louis XVI... 1899 : Naissance de Paul-Joseph Angoulvent, aux origines de la Collection Que sais-je ?... 1918 : L'avion du "Baron rouge" est abattu au-dessus de la Somme... 

    22 : 1370 : Pose de la première pierre de la Bastille. 1769 : Louis XV instaure le "point zéro" des routes de France... 1794 : Malesherbes guillotiné. 1824 : Naissance de Théodore Vacquer, pionnier de l'archéologie parisienne... 1826 : Jules Dumont d'Urville entame son second tour du monde. 1828 : La ville d'Odessa inaugure la statue de son "Duc en or"... 1853 : Naissance de Bertillon. 1915 : Premier emploi des gaz asphyxiants par les Allemands durant la Première Guerre mondiale. 1998 : Mort de Régine Pernoud.

    23 : Vers 305 : Martyre de Saint Georges. 1480 : Consécration de la Cathédrale Sainte Cécile d'Albi. 1671 : Suicide de Vatel. 1810 : Naissance d'Eugène Belgrand. 1833 : Frédéric Ozanam fonde les Conférences de Saint Vincent de Paul. 1889 : Mort de Barbey d'Aurevilly. 1918 : Naissance de Maurice Druon. 1932 : Inauguration du Parc des Princes.

    24 : 1558 : Marie Stuart épouse François II. 1254 : Saint Louis quitte la Terre Sainte pour rentrer en France. 1581 : Naissance du futur Saint Vincent de Paul. 1617 : Assassinat de Concino Concini. 2002 : Les conséquences économiques et politiques de la paix, Bainville contre Keynes...

    25 : 1214 : Naissance du futur Louis IX (Saint Louis). 1507 : Le mot Amérique est employé pour la première fois à Saint Dié. 1566 : Mort de Louise Labé. 1792 : Première exécution au moyen de la Guillotine. 1927 : Inauguration du Tunnel-canal du Rove, le plus long du monde... 2015 : Ouverture au public de la réplique exacte de la Grotte Chauvet.

    26 : 1248 : Consécration de la Sainte Chapelle. 1842 : Le contre-amiral Du Petit-Thouars prend possession des Îles Marquises.

    27 : 1404 : Mort de Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne. 1656 : Aux origines de La Pitié-Salpêtrière... 1702 : Mort de Jean Bart. 1777 : Charles-Axel Guillaumot est nommé Directeur de l'Inspection des carrières de Paris. 1906 : Naissance de Xavier de Langlais. 1946 : Création de l'Insee. 2005 : Premier vol de l'Airbus A 330.

    28 : Évocation : Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien.

    29 68 : Aux origines de Saint Tropez, et de sa Bravade... 1429 : Jeanne d'Arc brise le siège d'Orléans. 1545 : Reconstruction de Vitry-en-Perthois. 1624 : Richelieu devient ministre. 1709 : La Provence sauvée de la faim par Jacques Cassard... 1792 : Destruction du Couvent des Récollets, à Marseille. 1899 : Camille Jenatzy, au volant de La Jamais contente, premier homme à dépasser les 100 km/h. Béatification de Pierre-Adrien Toulorge.

    30 : 1331 : Naissance de Gaston Phoebus. 1524 : Mort de Bayard. 1755 : Mort de Jean-Baptiste Oudry. 1803 : Bonaparte vend la Louisiane aux États-Unis. 1863 : Camerone !. 1876 : La statue de la basilique Notre-Dame d'Afrique d'Alger est couronnée "Reine d'Afrique".

     

    Et pour les Éphémérides des mois de Mai et de Juin :

    Éphémérides du mois de Mai...

    Éphémérides du mois de Juin...

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  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Qui a ”préparé” la Révolution ? La secte des Encyclopédistes. Qui l'a ”lancée”, avant

    1793 : Les Montagnards, ou radicaux, de la Convention décrètent la mise hors la loi des Girondins

     

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    Arrestation des Girondins...

     

    Il est passionnant, parce que très instructif, de suivre l'histoire des Girondins, tout au long de la Révolution, jusqu'à leur chute finale devant les enragés. Les Girondins symbolisent parfaitement, en effet, les apprentis sorciers de tous les pays et de toutes les époques qui, une fois qu'ils ont lancé des forces qu'ils ne peuvent plus maîtriser, se retrouvent impitoyablement broyés par l'infernale logique mécanique du mouvement qu'ils ont eux-mêmes follement déclenché....

    Mais qui étaient les Girondins ? Quelle fut leur pensée, et quelle fut leur action ?...

    Ils s'imaginèrent qu'ils pourraient faire et contrôler, non pas "la" Révolution mais "une" révolution; ils sapèrent méthodiquement la vieille monarchie, pensant y substituer un régime nouveau dont ils prendraient la tête. Les montagnards restèrent dans l'ombre et les laissèrent faire, jusqu'au moment où, les Girondins ayant suffisamment avancé le travail, et lancé un mouvement irrésistible qu'ils ne contrôlaient plus et qui les débordait partout, les tenants de la vraie Révolution n'eurent plus qu'à éliminer les modérés qui avaient si bien travaillé... pour eux !

    Comme tous les Kerenski de la terre, toujours et partout...

    Une fois de plus, on aura avec Jacques Bainville l'explication lumineuse des choses, malgré leur complexité apparente - et réelle... - grâce au fil conducteur qu'il sait constamment maintenir évident au lecteur: "Pour se guider à travers ces événements confus, il faut s'en tenir à quelques idées simples et claires." Et d'abord cette règle :

    "Tout le monde sait que, jusqu'au 9 thermidor, les révolutionnaires les plus modérés, puis les moins violents furent éliminés par les plus violents. Le mécanisme de ces éliminations successives fut toujours le même. Il servit contre les Constitutionnels, contre les Girondins, contre Danton. Le système consistait à dominer la Commune de Paris, à s'en emparer, à tenir les parties turbulentes de la capitale dans une exaltation continuelle par l'action de la presse et des clubs et en jouant de sentiments puissants comme la peur de la trahison et la peur de la famine, par laquelle une grande ville s'émeut toujours, puis à intimider par l'insurrection des assemblées remplies d'hommes hésitants et faibles."

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    Voici un court extrait seulement (il faudrait, évidemment, tout lire...) du chapitre XVI, La Révolution, de L'Histoire de France de Jacques Bainville :

     

    "Dans la nouvelle Assemblée, composée surtout de médiocres, les hommes les plus brillants, groupés autour de quelques députés du département de la Gironde dont le nom resta à leur groupe, étaient républicains sans l'avouer encore. Parce qu'ils étaient éloquents, ils avaient une haute idée de leurs talents politiques. Ils croyaient le moment venu pour leur aristocratie bourgeoise de gouverner la France; l'obstacle, c'était la Constitution monarchique de 1791 dans laquelle les Feuillants pensaient bien s'être installés. La Gironde était l'équipe des remplaçants. Les Constitutionnels se figuraient qu'ayant détruit l'ancien régime avec l'aide des Jacobins, la Révolution était fixée. Les Girondins s'imaginèrent qu'ils pourraient recommencer à leur profit la même opération avec le même concours. Et pour abolir ce qu'il restait de la royauté, pour en "rompre le charme séculaire", selon le mot de Jean Jaurès, ils n'hésitèrent pas à mettre le feu à l'Europe... C'est à quoi la Gironde, sans s'apercevoir qu'elle travaillait pour les Jacobins et qu'elle conspirait sa propre perte, parvint avec une insidieuse habileté...

    Lorsqu'ils comprirent leur erreur, pour les Girondins, il était déjà trop tard : les vrais révolutionnaires tirèrent les marrons du feu, en envoyant au passage à la Guillotine ces Girondins inconscients qui leur avaient si bien ouvert la voie...

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    Jacques Brissot de Warville

    Dans notre Album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville., lire la note "Brissot la guerre".

     

    On lira donc avec profit l'ensemble du chapitre XVI de L'Histoire de France de Bainville, "la" Bible de toute personne qui veut comprendre l'histoire, mais on pourra, en attendant s'y préparer grâce à l'excellent résumé que propose Michel Mourre, à l'article Girondins de son incontournable Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire :    

     

    • GIRONDINS. Groupe politique qui, pendant la Révolution française, joua un rôle important à la Législative et à la Convention. On les nommait ainsi parce que plusieurs de leurs chefs étaient des députés de la Gironde, mais on leur donnait aussi les noms de Brissotins, Buzotains et Rolandais en les rattachant à Brissot, Buzot, Roland. Outre ces trois personnages, les membres les plus influents du groupe étaient Vergniaud, Isnard, Guadet, Gensonné et le savant Condorcet. Avocats et journalistes pour la plupart, les Girondins appartenaient socialement à la bourgeoisie aisée, aux milieux d'affaires, aux banquiers, aux armateurs des grands ports. Ils représentaient la classe qui avait profité le plus de 1789, qui par conséquent était décidée à empêcher tout retour à l'Ancien Régime, mais aussi toute évolution vers une démocratie sociale. Ils se méfiaient des penchants insurrectionnels du peuple parisien.

    À l'époque de la Législative (1791/92), les Girondins se retrouvaient avec Robespierre au Club des Jacobins, mais Brissot et Robespierre devinrent rapidement rivaux. Les orateurs de la Gironde, jeunes, ambitieux, enivrés de leur propre éloquence, se firent d'abord les champions d'une politique révolutionnaire et belliqueuse. Contre Robespierre, qui mesurait le péril d'une invasion ou d'un césarisme militaire, les Girondins voulurent éperdument la guerre afin de séparer Louis XVI des monarchies européennes et des émigrés, et de le compromettre avec la Révolution. En octobre/novembre 1791, ce furent eux qui imposèrent des mesures rigoureuses contre les émigrés et les prêtres réfractaires. Brissot et Vergniaud se dépensèrent à la tribune de la Législative pour réclamer "la croisade de la liberté universelle". Ainsi les Girondins faisaient, sans s'en rendre compte, le jeu des contre-révolutionnaires car, d'une guerre désastreuse pour la révolution, le roi pouvait espérer le rétablissement de l'autorité royale. Le 15 mars 1792, Louis XVI forma un ministère girondin avec Roland à l'Intérieur et Dumouriez aux Affaires étrangères; la belle, enthousiaste et ambitieuse Mme Roland (ci dessous) fut l'égérie de ce ministère qui, le 20 avril 1792, plongea la France dans une guerre qui devait s'achever, vingt-trois ans plus tard, à Waterloo.

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    La belle "Madame Roland"...
     

    Compromis aux yeux de l'opinion publique par les premiers revers des armées françaises, les Girondins s'efforcèrent de détourner la colère populaire contre le roi. Louis XVI ayant refusé deux décrets révolutionnaires et ayant renvoyé les ministres girondins (13 juin), la Gironde organisa contre lui la journée du 20 juin 1792; celle-ci fut un échec, mais déclencha des forces qui, échappèrent bientôt au contrôle des Girondins. L'élan patriotique contre l'étranger donnait une impulsion nouvelle vers l'extérieur. La journée du 10 Août puis les massacres de Septembre firent comprendre aux Girondins les dangers de la dictature populaire parisienne. Dès lors, ils s'appuyèrent de plus en plus sur la province, sur les administrations locales, ce qui permit aux Montagnards de les accuser de "fédéralisme". Dès le 17 septembre 1792, Vergniaud dénonça dans un discours la tyrannie de la Commune parisienne.

    À la Convention, les Girondins, qui comptaient environ 160 députés, constituèrent la droite de l'Assemblée. Ils commencèrent à quitter le club des Jacobins. Défenseurs de la bourgeoisie aisée et de la liberté économique, ils étaient opposés aux montagnards par des haines bientôt inexpiables. Dès les premières séances de la Convention, ils lancèrent de violentes attaques contre Marat. Le procès de Louis XVI (décembre 1792/janvier 1793) acheva de séparer la Gironde de la révolution : les Girondins tentèrent de sauver le roi en demandant l'appel au peuple, qui fut refusé. Ils s'élevèrent ensuite contre l'institution du Tribunal révolutionnaire, mais la défaite de Neerwinden (18 mars 1793) et la défection de Dumouriez, qui avait été l'un des leurs, les compromirent définitivement.

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    Marat 

               

    La lutte ultime entre la Gironde et la Montagne se déroula pendant les mois d'avril/mai 1793. La Gironde fit décréter par la Convention l'arrestation de Marat (ci dessus, 13 avril), mais celui-ci fut absous par le Tribunal révolutionnaire et ramené triomphalement à la Convention (24 avril). La Gironde tenta alors une dernière manoeuvre en faisant nommer, le 18 mai, la commission des Douze, chargée de veiller à la sûreté de l'Assemblée et d'enquêter sur les exactions de la Commune parisienne. Cette commission fit arrêter Hébert. Mais les Montagnards avaient l'appui de trente-six des quarante-huit sections de Paris. Après une première journée d'émeutes, le 31 mai, la Convention se vit, le 2 juin, cernée par 80.000 insurgés, et, sur les injonctions d'Hanriot, nouveau chef de la garde nationale, la majorité terrifiée vota l'arrestation de trente et un Girondins.

    Plusieurs d'entre eux réussirent à s'échapper et à gagner la province, où ils organisèrent des insurrections fédéralistes. Roland, Pétion, Buzot, Clavière furent acculés au suicide. Brisson, Vergniaud, Gensonné et des dizaines de leurs camarades furent exécutés à Paris le 31 octobre 1793. Huit jours plus tard, Mme Roland périt à son tour sur l'échafaud. Quelques Girondins comme Louvet de Couvray, Isnard,  Lanjuinais, revinrent à la Convention après Thermidor.

     

     Jean-Marie Roland, qui avait réussi à s'enfuir à Rouen, se suicida de désespoir, le 8 novembre, en apprenant la mort de sa femme, dont il était fou amoureux : sur la mort de Manon Roland, dite "madame Roland", voir l'Éphéméride du 8 novembre...

    Eh, oui, il faut le savoir : la Révolution mange toujours les révolutionnaires...

     

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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Sans trop chercher à faire bien, faisons mieux : faisons court...

    La semble-victoire du Pays légal, qui a réussi à étouffer une fois de plus l'indéniable réveil et sursaut populaire et patriotique, n'est qu'une victoire négative; c'est-à-dire qu'en fait elle pose et ouvre plus de problèmes que ce qu'elle croit en résoudre, dans l'immédiateté la plus immédiate.

    Vent de panique après les Européennes, et peur du siècle après le premier tour des Législatives : les Patriotes avaient de réelles chances d'accéder au pouvoir !

    C'était assez pour que ce qu'il reste de "la droite la plus à gauche du monde" appelle à voter communiste à Nice (Estrosi) ! Pour que ce qu'il reste de la "macronie" (?) appelle à voter pour Louis Boyard en région parisienne ! Pour que le soi-disant front popu se ridiculise en faisant voter Borne (la reine, l'impératrice, la papesse du "49.3" dans le Calvados) ! Bref, pour que le front républicain se reformât...

    Et donc, une fois de plus, une fois encore, cela a marché. Et "ils" ont cru avoir gagné. Sans toutefois empêcher l'inexorable marée montante du sursaut national (143 sièges).

    Mais : et maintenant ? Qui va faire quoi, et avec qui ?

    "Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent" a dit Macron, après la dissolution.

    Une fois de plus, il n'a rien compris aux enjeux : ce n'est pas des partis et des privilégiés qu'il s'agit, et dont il faut se préoccuper, mais de la France.

    Et, avec cette Assemblée totalement ingouvernable, c'est la France qui entre dans une zone de turbulences, ou - plutôt- qui s'y enfonce encore un peu plus...

    Le pouvoir est à nous !", clame Mélenchon, sorte de ré-incarnation du Robespierre de la Terreur, jouant - comme l'explique Jacques Bainville - sur l'agitation et l'excitation permanente pour motiver et tenir ses troupes. Mais, pourquoi le pouvoir reviendrait-il à une coalition de quatre partis qui n'atteignent même pas les 200 sièges à l'Assemblé ? Ce qui ferait une moyenne de 50 élus par partis, si le Parti communiste n'était devenu "résiduel", avec sa malheureuse toute petite dizaine de députés ?

    La vérité est que, à moins d'invraisemblables tours de passe-passe et autres fourre-tout hétéroclites non moins invraisemblables - mais qui se briseront/se briseraient au premier écueil -  il ne sera pas possible de constituer une coalition, par exemple pour voter le budget à l'automne (et, l'automne, c'est demain !)...

    Voilà où nous en sommes, après cette victoire négative des malfaisants, qui ne résout aucun problème (à part celui de leur confort personnel à eux, les privilégiés du Système) mais qui, au contraire, en ouvre davantage, et de plus graves...

    En attendant, laissons la marée monter et continuons, inlassablement, à ne pas perdre de vue le Nord que nous a fixé Léon Daudet : mener à temps et à contre-temps

    "une action réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime !"

    NFP : 7 millions de voix, 180 sièges. RN : 10 millions de voix, 143 sièges.

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    "Le" lot de consolation...

    Dans la 13ème circonscription des Bouches-du-Rhône, le candidat du Rassemblement national est élu avec 52,87 % des voix (taux de participation du 2nd tour : 65,33 %).

    • Emmanuel Fouquart (RN) : 52,87 % 

    • Pierre Dharréville (député sortant - Nouveau Front populaire, PCF) : 47,13 %

    Le conseiller municipal de Martigues s'impose dans toutes les villes de la circonscription, sauf à Port-de-Bouc (la 13ème circonscription est composée de Martigues, Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc, Saint-Mitre-les-Remparts, Port-Saint-Louis-du-Rhône et d'une partie de la ville d'Istres).

    Les résultats commune par commune :

    • Martigues : Emmanuel Fouquart (50,48 %), Pierre Dharréville (49,52 %). 65,79 % de participation.

    • Istres : Emmanuel Fouquart (54,20 %), Pierre Dharréville (45,80 %). 65,28 % de participation.

    • Port-de-Bouc : Emmanuel Fouquart (45 %), Pierre Dharréville (55 %). 61,46 % de participation.

    • Fos-sur-Mer : Emmanuel Fouquart (62,78 %), Pierre Dharréville (37,22 %). 62,38 % de participation.

    • Saint-Mitre-les-Remparts : Emmanuel Fouquart (60,61 %), Pierre Dharréville (39,39 %). 69,72 % de participation.

    • Port-Saint-Louis-du-Rhône : Emmanuel Fouquart (50,72 %), Pierre Dharréville (49,28 %). 66,96 % de participation.

    Dimanche dernier, Emmanuel Fouquart (RN) était arrivé en tête avec 47,53% des suffrages exprimés, suivi par Pierre Dharréville (36,02%), candidat du Nouveau front populaire.

    Emmanuel Fouquart (RN) est élu député.

    Emmanuel Fouquart (RN) est élu député : bravo à lui !
    lafautearousseau - qui souhaitait très fortement son élection - s'en réjouit, et ne manquera pas de prendre contact avec lui et ses équipes pour lui expliquer notre point de vue sur "l'affaire de la Bastide du Chemin de Paradis". Et - s'il le souhaite - pour se mettre à sa disposition, non pas pour lui faire visiter la dite Bastide - puisque cette bourrique d'équipe municipale interdit tout accès au lieu - mais au moins, depuis la rue, lui en expliquer tout l'intérêt et la beauté...
    Sa victoire partout dans la circonscription (sauf à Port de Bouc) est, en outre, prometteuse pour les prochaines municipales de 2026 : Martigues libérée ? Enfin libérée ? On y croit ! On fera tout ce qu'on peut "pour" !...

     

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    1. Gabrielle Cluzel démolit MBappé, donneur de consignes de vote politiques et pote de Thuram le cracheur...

    "Mbappé il utilise ses pieds pour jouer c'est raisonnable, mais quand il utilise ses pieds pour raisonner, c'est plus problématique..."

    (extrait vidéo 0'39)

    https://x.com/Europe1/status/1809234062189469893

    Comme dirait Molière, "Ah ! Qu'en termes galants ces choses-là sont dites"

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    Merci et bravo pour le "ces gens-là" : quel mépris !

    Retour à l'envoyeur !!!!!

     

    2. De Philippe de Villiers :

    "Le Français déclassé voit l'usine qui se démonte, la mosquée qui s'installe et le porte-monnaie qui se vide. En 40 ans, l’Etat a perdu le sens du régalien, de l’autorité et de l’ordre. La société a perdu ses voisinages. La Nation a perdu le fil de la continuité historique. Voilà la situation..." 

    • extrait vidéo (4'07) :

    https://x.com/PhdeVilliers/status/1809313478810972634

    • L'émission complète (45'49)

     

    3. Régis Le Sommier a bien répondu à Daniel Schneidermann, qui a fait cette déclaration stupide :

    "Le groupe Bolloré est officiellement un danger pour la démocratie, qu'il faut empêcher de nuire dès lundi. Ça pourrait être la mesure fondatrice d'un gouvernement de front républicain."
     
    La réponse de Le Sommier :

    "Rappelons à @d_schneidermann que 34% des électeurs ont voté pour le RN au premier tour dimanche dernier. Que d’autres qui l’ont pas voté dans ce sens regardent aussi @cnews. Le “danger pour la démocratie” ce sont les Torquemada de l’audiovisuel dans votre genre qui parlent d’interdire des médias au pays de la liberté d’expression…"

     
     
     

    4. Dans La Tribune, citée par OpexNews : cette France qui innove sans cesse... La société toulousaine @Donecle propose une solution innovante d'automatisation de l'inspection des avions grâce à des drones. Ces drones, équipés de caméras et d'algorithmes de traitement d'images, permettent de détecter et classer les défauts sur le fuselage des avions en moins de deux heures, générant ainsi des économies significatives. Donecle propose des contrats de location pour ses drones et a déjà attiré de nombreux clients prestigieux, notamment #Dassault, Air France et United Airlines. L'entreprise investit (2M€) dans de nouveaux locaux à Toulouse pour augmenter sa capacité de production (fabrication d’un à dix drones par mois) et prévoit d'ouvrir une filiale aux États-Unis pour se rapprocher de Boeing et du marché militaire américain.

    https://toulouse.latribune.fr/entreprises/business/2024-07-04/aeronautique-donecle-industrialise-a-toulouse-ses-drones-pour-l-inspection-des-avions-1001454.html

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    5. Les Frères musulmans ? Attention, danger grave et imminent !... De  Florence Bergeaud-Blackler, chez Mathieu Bock-Côté :

    "Les frères musulmans ne sont pas une branche théologique de l'islam, mais une organisation à l'action planifiée et bien réèlle, dont l'objectif est très concret : l'avènement d'une société islamique mondiale, une théocratie, à savoir le califat..." 

    (extrait vidéo 1'30)

    https://x.com/IslamismeFrance/status/1809829700102930552

    Les Arabes ne font plus confiance aux Frères Musulmans - קונטרס

    Au passage, rien compris au mot "martyre" : le martyr est celui qui accepte de donner sa vie pour sa Foi; les terroristes assassins musulmans prennent la vie des autres croyant, par là, faire quelque chose de bien : ils sont fous, c'est tout, mais sûrement pas martyrs; simplement assassins et terroristes... 

     

    6. Fascisme et nazisme viennent de la gauche : un article intéressant d'Atlanitico... Fascisme et nazisme, ces idéologies dites d’extrême-droite alors qu’elles sont nées de l’extrême-gauche révolutionnaire

    https://atlantico.fr/article/decryptage/fascisme-et-nazisme-ces-ideologies-dites-d-extreme-droite-alors-qu-elles-sont-nees-de-l-extreme-gauche-revolutionnaire-histoire-seconde-guerre-mondiale-allemagne-italie-hitler-staline-mussolini-ideologie-conflit-xxe-siecle-yves-roucaute

    On   se demande juste ce que Franco fait "là", mais, bon...

     

    7. Merci à Christophe Dickès de nous l'avoir signalé, sur "X" :

    "Dans l'Ain, ce monastère a joué un rôle majeur pendant la Seconde Guerre mondiale, et plusieurs moines, dont le père Bernard, l’ont payé de leur vie. Un sacrifice reconnu par une décoration rarissime : la Légion d’honneur à titre collectif."

    https://www.lavie.fr//idees/histoire/notre-dame-des-dombes-une-abbaye-dans-la-resistance-95232.php

     

     

    À DEMAIN !

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  • Éphéméride du 11 juillet

    1791 : Voltaire entre au Panthéon

     

     

     

    911 : Traité de Saint Clair sur Epte  

     

    Il scelle l'entente entre Charles III et Rollon (date imprécise, on donne aussi le 20 juillet).

    Charles sut ainsi mettre un terme aux dévastations des Vikings venus du nord (les north men, d'où dérive normands) en les implantant dans ce qui allait devenir la Normandie: tout le pays de Caux fut donné en fief héréditaire à Rollon, qui devait, en échange, se convertir au catholicisme (ce qu'il fit, en prenant comme nom de baptême Robert) et reconnaître la suzeraineté de Charles, dont il épousa la fille.

    Il devait en outre, et surtout, protéger le royaume contre toute nouvelle invasion des Vikings. D'ennemis, impossibles à réduire, les futurs normands devenaient donc, ainsi, des alliés précieux, se chargeant eux-mêmes de défendre le royaume. 

     

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    Écu de Saint Clair sur Epte, sur lequel sont posées les armes de Normandie et celles de l'Île de France.
    Elles sont séparées au milieu du blason par un symbole représentant la rivière Epte
     
     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable maison capétienne règne de père en fils :

    "...Nous n'avons pas encore parlé, pour la clarté du récit, de ce qui était arrivé en 911, au temps des grandes calamités, dans la région neustrienne la plus exposée aux invasions par mer. Incapable de résister aux Normands, l'empereur carolingien avait cédé à leur chef Rollon la province qui est devenue la Normandie. Et l'on vit encore le miracle qui s'est répété tant de fois dans cette période de notre histoire : le conquérant fut assimilé par sa conquête.

    En peu de temps, les nouveaux ducs de Normandie et leurs compagnons cessèrent d'être des pirates. Ils se firent chrétiens, prirent femme dans le pays, en parlèrent la langue, et, comme ils avaient l'habitude de l'autorité et de la discipline, gouvernèrent fort bien; le nouveau duché devint vigoureux et prospère. Les Normands ajoutèrent un élément nouveau, un principe actif, à notre caractère national. Toujours enclins aux aventures lointaines, ils s'en allèrent fonder un royaume dans l'Italie méridionale et en Sicile, portant au loin le nom français.

    Mais, tout près d'eux, une autre conquête s'offrait aux Normands, celle de l'Angleterre, où déjà leur influence avait pénétré. Une seule bataille, celle d'Hastings, livra l'île à Guillaume le Conquérant en 1066. L'Angleterre, qui jusqu'alors ne comptait pas, qui était un pauvre pays encore primitif, peu peuplé, entre dans l'histoire et va singulièrement compliquer la nôtre. Allemagne, Angleterre : entre ces deux forces, il faudra nous défendre, trouver notre indépendance et notre équilibre. C'est encore la loi de notre vie nationale.

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    On pense que le roi de France ne vit pas sans inquiétude le duc de Normandie grandir de cette manière formidable, et, devenu roi en Angleterre, avoir un pied à Londres et l'autre à Rouen. L'Angleterre a d'abord été comme une colonie de la France. C'étaient notre langue, nos mœurs que Guillaume avait portées dans l'île, avec ses barons, ses soldats et les aventuriers qui, de toutes nos provinces, avaient répondu à son appel.

    Pourtant un danger nouveau commençait avec cette conquête. Les Capétiens n'auraient un peu de tranquillité que le jour où ils auraient repris la Normandie. En attendant, ils profitaient de la moindre occasion pour intervenir dans les querelles des Normands et pour susciter à leur duc autant de difficultés qu'ils pouvaient..."  

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    1302 : Bataille de Courtrai, dite des Éperons d'or

     

    Du même Jacques Bainville, et du même chapitre V :

    "...Mais la Flandre était désormais le principal souci de Philippe le Bel. Conduit à la conquérir par le développement de la guerre avec les Anglais, il se heurtait à la résistance des Flamands. Ce peuple de tisserands battit à Courtrai la chevalerie française : ce fut la "journée des éperons" (1302). Il fallut organiser une véritable expédition pour venir à bout de la révolte. De ce côté, l'expansion de la France rencontrait des limites. Alors que presque partout les nouvelles provinces s'étaient données joyeusement, une nation se manifestait en Flandre : un jour ce sera la nation belge. Philippe, toujours judicieux, le comprit. Il se contenta de confirmer sa suzeraineté sur le pays flamand et de garder en gage les parties les plus proches de la France, Lille et Douai, plus accessibles à l'influence française : nul ne serait Français par force..."

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    1791 : Voltaire entre au Panthéon
     
     
    Il est mort treize ans auparavant, le 30 mai 1778. Pas plus que Rousseau, ni que la plupart des Encyclopédistes et philosophes auto-proclamés, il n'aura vu la chute de cet ancien monde et de cette ancienne société qu'il aura - comme eux - contribué à mettre à bas.
     
    Et, probablement, sans savoir à quoi ils travaillaient, de fait.
     
    Il disparaît aux débuts du règne de Louis XVI, en un moment où, comme l'écrit Chateaubriand dans ses Mémoires d'Outre-tombe (Première partie, Livre IV) : "...le trône, si près de sa chute, semblait n’avoir jamais été plus solide..."
     
    Sur son tombeau se lit l'épitaphe suivant :
     
    "Il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance, il réclama les droits de l'homme contre la servitude de la féodalité. Poète, historien, philosophe, il agrandit l'esprit humain, et lui apprit à être libre."
     

    On aurait pu tout autant mettre ces citations de lui :

    1. Sur les Juifs : 

    "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent..."

    2. Sur les "nègres" (sic) :

    "Nous n'achetons des esclaves domestiques que chez les nègres. On nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité. Celui qui se donne un maître était né pour en avoir". (Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, 1756)...

    ..."Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu'ils ne doivent point cette différence à leur climat, c'est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce..." (idem).

    ..."Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Amériques ne soient des races entièrement différentes..." (idem)

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    Voltaire, le raciste joyeux, l'antisémite furieux, repose, tranquillement honoré, au Panthéon. Non loin de Lazare Carnot, organisateur du Génocide vendéen, le premier des Temps modernes...

    Maurras, lui, est ostracisé, entre autres, pour son "antisémitisme".

    Ainsi fonctionne un Pays légal pas plus troublé que cela par ses "contradictions internes" ! 

    Sur ce que le Système a "fait" du Panthéon, voir, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet la photo "Le Panthéon".

     
     
     
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    1791 : Profession de foi royaliste de Choderlos de Laclos...
     

     

    "Je veux une monarchie pour maintenir l'égalité entre les différents départements, pour que la souveraineté nationale ne se divise pas en souveraineté partielle, pour que le plus bel empire d'Europe ne consomme pas ses ressources et n’épuise pas ses forces dans des discussions intéressées, nées de prétentions mesquines et locales; je veux aussi, et principalement une monarchie, pour que le département de Paris ne devienne pas, à l'égard des 82 autres départements ce qu'était l'ancienne Rome à l'égard de l'empire romain… Je voudrais encore une monarchie pour maintenir l'égalité entre les personnes, je voudrais une monarchie pour me garantir contre les grands citoyens ; je la voudrais pour n'avoir pas à me décider un jour, et très prochainement peut-être, entre César et Pompée; je la voudrais pour qu'il y ait quelque chose au-dessus des grandes fortunes, quelque chose au-dessus des grands talents, quelque chose même au-dessus des grands services rendus, enfin quelque chose encore au-dessus de la réunion de tous ces avantages, et ce quelque chose je veux que ce soit une institution constitutionnelle, une véritable magistrature, l’ouvrage de la loi créé et circonscrit par elle et non le produit ou de vertus dangereuses ou de crimes heureux, et non l'effet de l'enthousiasme ou de la crainte… Je ne veux pas d'une monarchie sans monarque, ni d'une régence sans régent, je veux la monarchie héréditaire…"

    Et il poursuit :

    "Je veux une monarchie pour éviter l'oligarchie que je prouverais, au besoin, être le plus détestable des gouvernements; par conséquent, je ne veux pas d’une monarchie sans monarque et je rejette cette idée, prétendue ingénieuse, dont l'unique et perfide mérite est de déguiser, sous une dénomination populaire, la tyrannique oligarchie ; et ce que je dis de la monarchie sans monarque, je l'étends à la régence sans régent, au conseil de sanctions, etc... Dans l'impossibilité de prévoir jusqu'où pourrait aller l'ambition si elle se trouvait soutenue de la faveur populaire, je demande qu'avant tout on établisse une digue que nul effort ne puisse rompre. La nature a permis les tempêtes, mais elle a marqué le rivage, et les flots impétueux viennent s’y briser sans pouvoir le franchir. Je demande que la constitution marque aussi le rivage aux vagues ambitieuses qu’élèvent les orages politiques. Je veux donc une monarchie; je la veux héréditaire; je la veux garantie par l'inviolabilité absolue; car je veux qu'aucune circonstance, aucune supposition, ne puisse faire concevoir à un citoyen la possibilité d'usurper la royauté."

    (Choderlos de Laclos, Journal des Amis de la Constitution, organe officiel des Jacobins, 12 juillet 1791, n° 33.) 

     

    De Patrick Barrau (Historien d

  • 14 juillet, la Fête nationale ambigüe...

                (Ceci est une réponse à Antiquus, qui a envoyé  le commentaire que nous avons tous pu lire le 15 juillet).

     

                Loi du 6 juillet 1880: article unique: La République adopte la date du 14 juillet comme date de fête nationale annuelle.

     

                L'ambigüité vient de là: Qui célèbre quoi ? On peut penser à une date (14 juillet 89) ou à l'autre (14 juillet 90), ou tenter un improbable mélange des deux, lorsqu'on célébre le 14 juillet. Et c'est là qu'est le problème....

     

                Si l'on célèbre le 14 juillet 1789, il s'agit d'une journée intégralement pourrie, perverse dans son intégralité et de laquelle il n'y a rien à conserver. Sauf une utilité : le fait qu'elle sert, justement, à marquer le début des monstruosités à venir. Tout à fait d'accord, donc, avec Antiquus, là dessus : dès cet épisode du massacre de la Bastille et des têtes promenées au bout des piques, la Terreur est en gestation; Furet l'a très bien dit : "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires".

     

                 Par contre, si l'on célèbre le 14 Juillet 1790, c'est-à-dire la Fête de la Fédération, là on célèbre une espérance, vite déçue certes, qui n'a débouché sur rien, et qui fut entâchée de profanation et de sacrilège. Mais qui fut, aussi, enthousiasmante et belle, malgré tout : au moins l'intention, dans l'opinion, était-elle bonne. Rien à voir avec l'ignoble massacre populacier de l'année précédente. Pour Marc Bloch, repris par Max Gallo, tout Français véritable ne peut que vibrer à l'évocation de la Fête de la Fédération, qui n'a son pendant que dans le Sacre de Reims....

     

                 Voilà pourquoi nous parlons de bon grain et d'ivraie, et d'ambigüité. Car chacun peut mettre -et met effectivement- ce qu'il veut dans l'actuelle Fête nationale. Et comment savoir si tel célèbre 89 alors que tel autre célèbre 90 ? Et, même si l'on célèbre le 14 juillet 1790, l'épisode n'est pas aussi consternant que celui de l'année précédente, mais il est loin d'être totalement propre.

     

                 Il n'est pas inutile, et pas inintéressant, de relire à cette occasion le document ci dessous.....

     

    Sénat, séance du 29 juin 1880

    Discussion du projet de loi ayant pour objet l'établissement d'une fête nationale

    M. Le président. La parole est à M. le rapporteur.

    M. Henri Martin, rapporteur. Messieurs, nous ne pouvons que remercier l'honorable orateur, auquel je réponds, de l'entière franchise, de l'entière loyauté avec laquelle il a posé la question comme elle doit être posée, entre l'ancienne société et la société nouvelle, issue de la Révolution.

    Cette ancienne société, cette monarchie, messieurs, nous vous l'avons dit bien des fois, nous en acceptons tout ce qui a été grand, tout ce qui a été national, tout ce qui a contribué à faire la France.

    Mais où en était-elle, à la veille du 14 juillet 1789 ?

    Vous le savez : la royauté, arrivée au pouvoir le plus illimité qu'on ait vu en Europe, était devenue incapable d'en user ; elle-même se vit contrainte d'en appeler à la nation, après un siècle et trois quarts d'interruption des Assemblées nationales de l'ancien régime. (C'est vrai ! - Très-bien ! à gauche.)

    Je n'ai pas la prétention de vous refaire l'histoire de cette grande année 1789 ; mais enfin, puisqu'on vient de faire ici le procès du 14 juillet, puisqu'on a symbolisé, dans ce petit acte de guerre qu'on appelle la prise de la Bastille (Rires ironiques à droite) et qui est un très-grand événement historique, tout l'ensemble de la Révolution, il faut bien que nous nous rendions compte, en quelques mots, de la situation où étaient alors Paris et la France.

    Le 17 juin 1789, le Tiers Etat s'était déclaré Assemblée nationale. Le 20 juin, la salle de l'Assemblée nationale fut fermée par ordre de la cour. Vous savez où se transporta l'Assemblée, à la salle du Jeu de Paume ! Vous savez aussi quel serment elle y prononça ! L'ère moderne tout entière est sortie de ce serment.

    Le 23, déclaration du roi annulant tous les actes de l'Assemblée nationale et la sommant de se séparer.

    L'Assemblée ne se sépara pas. La cour parut céder. Mais, le 11 juillet, le ministre populaire, qui était l'intermédiaire entre la cour et le pays, M. Necker, fut congédié, remplacé par un ministère de coup d'Etat ; en même temps, on appela, on concentra autour de Paris une armée entière, une armée, ne l'oubliez pas, messieurs, en très-grande partie étrangère.

    (A gauche. C'est vrai ! Très-bien !)

    M. le rapporteur. Et le même jour, le nouveau conseil décida l'émission de cent millions de papier-monnaie, attendu qu'il ne pouvait plus espérer obtenir des ressources de l'Assemblée nationale. C'était la préface de la banqueroute, comme la préface d'un coup d'Etat.

    Le malheureux Louis XVI était retombé dans les mains de ceux qui devaient le mener à sa perte. Eh bien, le même jour, dans Paris, vous vous rappelez ce qui se passa au Palais-Royal, cet épisode fameux d'où sortit le grand mouvement des trois journées qui suivirent. Cette petite action de guerre à laquelle je faisais allusion tout à l'heure, en manifestant la force populaire, mit à néant tout les projets arrêtés contre l'Assemblée nationale ; cette petite action de guerre sauva l'avenir de la France. Elle assura l'existence et la puissance féconde de l'Assemblée nationale contre toutes les tentatives de violence qui la menaçaient (Nouvelle approbation sur les mêmes bancs).

    On parlait de conflit du peuple et de l’armée, dont il ne fallait pas réveiller le souvenir ; mais contre qui le peuple, soutenu par les gardes françaises, avait-il été engagé, dans les rues, sur les places de Paris, durant les deux journées qui ont précédé le 14 juillet ? Qu’est-ce qu’il y avait autour de Paris et surtout dans Paris ? De l’infanterie suisse, de la cavalerie allemande, de la cavalerie hongroise, dix régiments étrangers, peu de troupes françaises, et c’est contre ces régiments étrangers que les gardes-françaises avaient défendu le peuple et l’Assemblée.

    Laissons donc ces souvenirs qui ne sont pas ceux d’une vraie guerre civile.

    Il y a eu ensuite, au 14 juillet, il y a eu du sang versé, quelques actes déplorables ; mais, hélas ! dans tous les grands événements de l’histoire, les progrès ont été jusqu’ici achetés par bien des douleurs, par bien du sang. Espérons qu’il n’en sera plus ainsi dans l’avenir. (Très bien ! à gauche. - Interruptions à droite.)

    A droite. Oui, espérons !

    M. Hervé de Saisy. Nous n’en sommes pas bien sûrs !

    M. le rapporteur. Nous avons le droit de l’espérer. Mais n’oubliez pas que, derrière ce 14 juillet, où la victoire de l’ère nouvelle sur l’ancien régime fut achetée par une lutte armée, n’oubliez pas qu’après la journée du 14 juillet 1789 il y a eu la journée du 14 juillet 1790. (Très-bien ! à gauche.)

    Cette journée-là, vous ne lui reprocherez pas d’avoir versé une goutte de sang, d’avoir jeté la division à un degré quelconque dans le pays, Elle a été la consécration de l’unité de la France. Oui, elle a consacré ce que l’ancienne royauté avait préparé.

    L’ancienne royauté avait fait pour ainsi dire le corps de la France, et nous ne l’avons pas oublié ; la Révolution, ce jour-là, le 14 juillet 1790, a fait, je ne veux pas dire l’âme de la France, - personne que Dieu n’a fait l’âme de la France, - mais la Révolution a donné à la France conscience d’elle-même (Très-bien ! sur les mêmes bancs) ; elle a révélé à elle-même l’âme de la France. Rappelez-vous donc que ce jour-là, le plus beau et le plus pur de notre histoire, que d’un bout à l’autre du pays, les Pyrénées aux Alpes et au Rhin, tous les Français se donnèrent la main. Rappelez-vous que, de toutes les parties du territoire national, arrivèrent à Paris des députations des gardes nationales et de l’armée qui venaient sanctionner l’œuvre de 89. Rappelez-vous ce qu’elles trouvaient dans ce Paris : tout un peuple, sans distinction d’âge ni de sexe, de rang ni de fortune, s’était associé de cœur, avait participé de ses mains aux prodigieux préparatifs de la fête de la Fédération ; Paris avait travaillé à ériger autour du Champ-de-Mars cet amphithéâtre vraiment sacré qui a été rasé par le second empire. Nous ne pouvons plus aujourd’hui convier Paris et les départements sur ces talus du Champ-de-Mars où tant de milliers d’hommes se pressaient pour assister aux solennités nationales.

    M. Lambert de Sainte-Croix. Il faut faire dire une messe !

    M. le rapporteur. Nous trouverons moyen de remplacer le Champ-de-Mars. Un peuple trouve toujours moyen d’exprimer ce qu’il a dans le cœur et dans la pensée ! Oui, cette journée a été la plus belle de notre histoire. C’est alors qu’a été consacrée cette unité nationale qui ne consiste pas dans les rapports matériels des hommes, qui est bien loin d’être uniquement une question de territoire, de langue et d’habitudes, comme on l’a trop souvent prétendu. Cette question de nationalité, qui a soulevé tant de débats, elle est plus simple qu’on ne l’a faite. Elle se résume dans la libre volonté humaine, dans le droit des peuples à disposer de leur propre sort, quelles que soient leur origine, leur langue ou leurs moeurs. Si des hommes associés de sentiments et d'idées veulent être frères, ils sont frères. Contre cette volonté, la violence ne peut rien, la fatalité ne peut rien, la volonté humaine y peut tout. Ce qu’une force fatale a fait, la libre volonté le défait. Je crois être plus religieux que personne en proclamant cette puissance et ce droit de la volonté humaine contre la prétendue force des choses qui n’est que la faiblesse des hommes. (Très-bien ! très-bien à gauche.)

    Si quelques-uns d’entre vous ont des scrupules contre le premier 14 juillet, ils n’en ont certainement pas quant au second. Quelles que soient les divergences qui nous séparent, si profondes qu’elles puissent être, il y a quelque chose qui plane au-dessus d’elles, c’est la grande image de l’unité nationale, que nous voulons tous, pour laquelle nous nous lèverions tous, prêts à mourir, si c’était nécessaire. (Approbation à gauche.)

    M. le vicomte de Lorgeril. Et l’expulsion de demain ? (Exclamations à gauche.)

    M. le rapporteur. Oui, je ne doute pas que ce soit là un sentiment unanime, et j’espère que vous voterez unanimement cette grande date qu’aucune autre ne saurait remplacer ; cette date qui a été la consécration de la nationalité française et qui restera éternellement gravée dans le cœur des Français.

    Sans doute, au lendemain de cette belle journée, les nuages s’assemblèrent de nouveau, la foudre en sortit : la France, en repoussant d’une main l’étranger, se déchira de l’autre main, mais, à travers toutes les calamités que nous avons subies, à travers tous ces courants d’action et de réaction qui ont si longtemps désolé la France, cette grande image et cette grande idée de la Fédération n’ont pas cessé de planer sur nos têtes comme un souvenir impérissable, comme une indomptable espérance.

    Messieurs, vous consacrerez ce souvenir, et vous ferez de cette espérance une réalité. Vous répondrez, soyez-en assurés, au sentiment public, en faisant définitivement du 14 juillet, de cette date sans égale qu’a désignée l’histoire, la fête nationale de la France. (Applaudissements à gauche.)

    Rapport

    fait au nom de la commission chargée d’examiner le projet de loi, adopté par la Chambre des députés, ayant pour objet l’établissement d’un jour de fête nationale annuelle, par M. Henri Martin, sénateur.

    Messieurs, le Sénat a été saisi d’une proposition de loi votée, le 10 juin dernier, par la Chambre des députés, d’après laquelle la République adopterait la date du 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle.

    La commission, qui m’a fait l’honneur de me nommer son rapporteur, a délibéré sur le projet de loi dont vous avez bien voulu lui confier l’examen.

    Deux de nos collègues ont combattu, non la pensée d’une fête nationale, mais la date choisie pour cette fête. Ils ont proposé deux autres dates, prises dans l’histoire de la Révolution, et qui, toutes deux, avaient, suivant eux, l’avantage de ne rappeler ni luttes intestines, ni sang versé. L’un préférait le 5 mai, anniversaire de l’ouverture des Etats généraux en 1789 ; l’autre recommandait le 4 août, dont la nuit fameuse est restée dans toutes les mémoires.

    La majorité, composée des sept autres membres de la commission, s’est prononcée en faveur de la date votée par la Chambre des députés. Le 5 mai, date peu connue aujourd’hui du grand nombre, n’indique que la préface de l’ère nouvelle : les Etats généraux n’étaient pas encore l’Assemblée nationale ; ils n’étaient que la transition de l’ancienne France à la France de la Révolution.

    La nuit du 4 août, bien plus caractéristique et plus populaire, si grand qu’ait été le spectacle qu’elle a donné au monde, n’a marqué cependant qu’une des phases de la Révolution, la fondation de l’égalité civile.

    Le 14 juillet, c’est la Révolution tout entière. C’est bien plus que le 4 août, qui est l’abolition des privilèges féodaux ; c’est bien plus que le 21 septembre, qui est l’abolition du privilège royal, de la monarchie héréditaire. C’est la victoire décisive de l’ère nouvelle sur l’ancien régime. Les premières conquêtes qu’avait values à nos pères le serment du Jeu de Paume étaient menacées ; un effort suprême se préparait pour étouffer la Révolution dans son berceau ; une armée en grande partie étrangère, se concentrait autour de Paris. Paris se leva, et, en prenant la vieille citadelle du despotisme, il sauva l’Assemblée nationale et l’avenir.

    Il y eut du sang versé le 14 juillet : les grandes transformations des sociétés humaines, - et celle-ci a été la plus grande de toutes, - ont toujours jusqu’ici coûté bien des douleurs et bien du sang. Nous espérons fermement que, dans notre chère patrie, au progrès par les Révolutions, succède, enfin ! le progrès par les réformes pacifiques.

    Mais, à ceux de nos collègues que des souvenirs tragiques feraient hésiter, rappelons que le 14 juillet 1789, ce 14 juillet qui vit prendre la Bastille, fut suivi d’un autre 14 juillet, celui de 1790, qui consacra le premier par l’adhésion de la France entière, d’après l’initiative de Bordeaux et de la Bretagne. Cette seconde journée du 14 juillet, qui n’a coûté ni une goutte de sang ni une larme, cette journée de la Grande Fédération, nous espérons qu’aucun de vous ne refusera de se joindre à nous pour la renouveler et la perpétuer, comme le symbole de l’union fraternelle de toutes les parties de la France et de tous les citoyens français dans la liberté et l’égalité. Le 14 juillet 1790 est le plus beau jour de l’histoire de France, et peut-être de toute l’histoire. C’est en ce jour qu’a été enfin accomplie l’unité nationale, préparée par les efforts de tant de générations et de tant de grands hommes, auxquels la postérité garde un souvenir reconnaissant. Fédération, ce jour-là, a signifié unité volontaire.

    Elles ont passé trop vite, ces heures où tous les coeurs français ont battu d’un seul élan ; mais les terribles années qui ont suivi n’ont pu effacer cet immortel souvenir, cette prophétie d’un avenir qu’il appartient à nous et à nos fils de réaliser.

    Votre commission, pénétrée de la nécessité de donner à la République une fête nationale ;

    Persuadée par l’admirable exemple qu’a offert le peuple de Paris le 30 juin 1878, que notre époque est capable d’imprimer à une telle fête un caractère digne de son but ;

    Convaincue qu’il n’est aucune date qui réponde comme celle du 14 juillet à la pensée d’une semblable institution,

    Votre commission, messieurs, a l’honneur de vous proposer d’adopter le projet de loi voté par la Chambre des députés.

    L’un de nos collègues avait pensé qu’il serait utile d’ajouter la qualification de légale à celle de nationale que la Chambre des députés a appliquée à la fête du 14 juillet, et ce afin de préciser les conséquences juridiques qui découleront de l’adoption de la présente loi.

    Comme une fête consacrée par une loi est nécessairement une fête légale, votre commission a pensé que cette addition n’avait point d’utilité, et qu’il n’y avait pas lieu de modifier la rédaction du projet de loi qui vous est présenté ainsi qu’il suit.

    Projet de loi

    Article unique. - La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle.

  • Sur le blog de Michel Onfray, ” voici venu le temps des assassins”.

    Ce virus risque de précipiter la mort de plus que des hommes… Il accélère le processus de décomposition de nos fausses démocraties qui montrent dans la lumière aveuglante des scialytiques hospitaliers ce qu'elles sont véritablement: de véritables autocraties libérales -pour ne pas dire des dictatures.

    A l'heure où j'écris, une loi dite d'urgence permet à l'employeur d'imposer à son salarié de prendre ses congés pendant la durée du confinement. Le sénat a limité la disposition à six jours ouvrables et l'Assemblée nationale a confirmé la chose en commission! Quel humanisme! Quelle humanité! Quelle générosité! Quelle grandeur d'âme!

    Ce sont les mêmes élus du peuple qui, il y a peu, crachaient sur la douleur de parents qui avaient perdu un enfant et auxquels il était refusé l'aumône de quelques jours de congés supplémentaires afin qu'ils puissent tenter de faire face, un peu, au malheur.

    Quand les gilets-jaunes se sont dirigés un samedi vers l'Assemblée nationale pour y faire entrer enfin le peuple, même symboliquement, ils visaient juste: car le peuple n'est pas dans cette enceinte dans laquelle on ne trouve plus que des politiciens professionnels qui prétendent le représenter mais qui se contentent de jouir du pouvoir et de ses avantages.

    Ce qui veut dire que la facture de cette épidémie, qui va être terriblement salée, va être partagée entre les pauvres et ... les pauvres -ne parlons pas des assureurs dont le métier consiste toujours à échapper aux remboursements des dommages par des finasseries contractuelles. Les riches y échapperont car leur argent est déjà ailleurs, inaccessible à ce qui reste d'un pouvoir d'État qui, de toute façon, sous régime maastrichtien, ne leur cherchera pas noise!

    Macron et les siens, les maastrichtiens de droite et de gauche, n'ont en effet pas décidé de réquisitionner les fortunes planquées dans les paradis fiscaux. Pas question que les riches paient alors qu'ils ont constitué leurs fortunes en fraudant le fisc, ce qui veut dire: en ne payant pas l'impôt avec lequel on peut, entre mille autres choses, construire des hôpitaux et les maintenir en état de marche... Tout citoyen français qui dispose d'un compte en Suisse ou dans un quelconque paradis fiscal doit être tenu pour responsable de la mort de qui n'aura pas pu bénéficier d'un respirateur hospitalier, responsable et coupable. On lira la liste de quelques-uns de ces assassins en appendice.

    Il serait pourtant légitime de dénoncer enfin ce qui a mis la santé publique dans cet état que des soignants se trouvent dans l'obligation de trier les vieux à l'entrée des services d’urgence, une terrible responsabilité qui réactive une pratique de sinistre mémoire: à droite ceux qui vont vivre, à gauche ceux qui vont mourir. Le personnel hospitalier n'a pas fait autant d'années d'études pour sélectionner dans un genre de Jugement Dernier dont ils seraient les dieux des élus à sauver et des damnés à tuer! Ils n'ont pas vocation à travailler dans un abattoir! Il en va pour eux d'une insupportable souffrance psychique, mentale et spirituelle qui s'ajoute à leurs fatigues professionnelles, à leur épuisement. Eux ne disposent pas de ces pitoyables cellules psychologiques qui sont envoyées sur place pour toute une classe, comme quand une diarrhée de cantine envoie six enfants d'une école en observation hospitalière pour une demi-journée...  

    Car, ceux qui tuent, ce ne sont pas ceux qui, sur le terrain, sont obligés de tourner le pouce vers le bas en présence d'un corps trop atteint, de poumons ravagés comme jamais, ce ne sont pas ceux qui, sans masques, se retrouvent au contact de la mort, ce ne sont pas ceux qui, couverts de sang et de bave, de morve et des postillons des grabataires, touchent et portent ces corps comme la piéta le corps de son enfant mort, mais ceux qui, dans les bureaux, depuis des années, ont rayé des lignes comptables sur des budgets sous prétexte de rentabilité.

    Ce genre de criminel tue avec un silencieux: en fermant les hôpitaux après avoir estimé qu'ils perdaient de l'argent ou qu’ils ne dégageaient pas assez de bénéfices; en donnant l'ordre de privilégier les actes rentables, au risque de les multiplier sans raisons véritables; en décrétant que, dans les petites villes de province, ces structures de proximité sont trop dangereuses sous prétexte que les chirurgiens n'y effectuent pas assez d'actes pour être professionnels et efficaces; en incitant les hôpitaux à développer l'activité ambulatoire parce qu'elle réduit la durée des séjours, ce qui expose les malades aux complications faute de suivi; en traitant par le mépris l'appel au secours des personnels soignants qui manifestent depuis plus d'un an et à qui Macron promet d'agir sans procéder autrement qu'en saupoudrant ici ou là, mais sans jamais entamer la véritable révolution qui consisterait à découpler la santé publique du critère de rentabilité.

    Ce qui doit primer dans un hôpital n'est pas qu'il soit rentable, mais qu'on y soigne tout le monde, riches et pauvres. De même, ce qui doit primer dans une école n'est pas qu'elle soit rentable, mais qu'on y fasse triompher l'instruction publique sans distinctions sociales. Mais aussi: ce qui doit primer dans la police ou dans l'armée n'est pas qu'elles soient rentables, mais qu'elles disposent des moyens d'assurer partout l'ordre public et républicain. Et l'on pourrait ajouter à la liste la culture, le renseignement, la justice, etc.

    La République, c'est cela: le souci de l'intérêt général et du bien public avant l'intérêt privé de quelques-uns, d'un groupe ou d'une aristocratie de milliardaires. Hélas, le marché a gangrené la totalité du corps social au point qu’il a évincé la politique et qu'il se fait passer pour une politique, pour la seule politique d'ailleurs: or, il n 'est pas une politique mais le seul intérêt du Capital.

    Voilà pourquoi Macron, qui ne connait que ce logiciel, ignore ce qu'est la politique et se retrouve chef de l'État alors qu’il n'a pas quarante ans -c'est d'ailleurs pour cette raison, son innocence, que l'État profond a tout mis en oeuvre pour le placer là où il se trouve, c'est un formidable pantin désarticulé, un pion jadis rutilant, un second couteau ébréché. Voilà aussi pourquoi, dans cette situation exceptionnelle, il décide tout et le contraire de tout, n'importe quoi, c'est le triomphe historique du "en même temps"! On ne craint pas le virus mais on le craint, on ne confine pas mais on confine, on ne ferme pas les frontières mais on les ferme, on ne sort pas mais on peut sortir pour voter, on ne porte pas de masques, c'est inutile, mais on en fait fabriquer des millions, etc...

    Dès lors, quand Ségolène Royal, tout au gonflement de sa propre baudruche, attaque Olivier Veran, l'actuel ministre de la santé , pour sa responsabilité passée, elle oublie juste de dire qu'avant de grossir le rang des macroniens, ce monsieur vient lui aussi, comme tant d'autres, du Parti socialiste, dont elle fut la candidate aux présidentielle, et que ce Parti socialiste n'a plus de socialiste que le nom depuis qu'en 1983 un certain François Mitterrand l'a jeté à la poubelle afin de pouvoir rester au pouvoir -ce qui lui a d'ailleurs plutôt bien réussi puisqu'avec cette forfaiture il a effectué deux septennats qui ont initié la casse de tout ce qui était public, hôpital compris, et qu'on lui doit aussi, comme autre héritage notable, d'avoir a mis la famille Le Pen au-devant de la scène politique...

    Nous avions des millions de masques, nous n'en avons plus, où sont-ils passés? Guéguerre picrocholine pour savoir si c'est à l'impéritie passée de la "gauche" qu’on doit cette pénurie ou à celle de la "droite": mais c'est au deux, à la droite maastrichtienne et à la gauche maastricthienne qui, l'une et l'autre, en même temps comme dirait l'autre, copines comme cochonnes, ont mis la France dans cet état: merci Mitterrand! Merci Chirac! Merci Sarkozy! Merci Hollande! Merci Macron! Car ce sont eux qui ont rendu possible cette incroyable monstruosité que, dans cet hôpital public qu’ils ont tué pour en faire des usines à fric, le résultat soit qu'on trie les gens pour diriger les malades les plus atteints, dont les vieux, vers les pompes funèbres, pour ne soigner que les cas les moins préoccupants.  De sorte qu'avec ces hôpitaux libéraux, le plus malade est le plus vite mort.

    L'hôpital libéral, c'est un nouveau concept orwellien: on pourrait imaginer des slogans peints sur les murs de ces usines de mort que sont devenus ces hôpitaux-là, nos hôpitaux: "Plus vous serez malade, plus vite on vous expédiera au fond du trou!". Ou bien, sur la porte du bureau des personnels soignants: "Aux urgences, évitez ce qui est urgent". Au bureau des soignants: "Aux mourants, prodiguez la mort". Au bureau du comptable: "Un bon patient est un client à tondre". Et puis, à l'entrée du funérarium, ceci : "Aux morts, Maastricht reconnaissant", car l'action des PFG doit se trouver bigrement en hausse.

    Un dernier mot: chaque soir, au journal de vingt-heures, les journalistes, qui disposent ainsi de leur séquence "vivre-ensemble" (c'est leur moment homéopathique positif) nous montrent les gens qui, aux fenêtres, applaudissent le personnel soignant en faisant des pitreries, en tapant sur des casseroles, en chantant, en criant. Ils manifestent, nous dit-on, leur solidarité avec ces héros de notre époque qui bravent la mort dans leur métier! Très bien, très bien... Tout cela est vrai.

    Mais combien, parmi ceux-là, postillonnant du haut de leurs balcons, gavés par la propagande maastrichtienne, ont voté pour des candidats qui, droite libérale et gauche libérale confondues, ont justement fabriqué cet hôpital kafkaïen où l'on contraint de pauvres soignants à distribuer la mort ou à conférer la vie en vertus de plans de route décidés depuis un quart de siècle par cette Commission européenne, qui n'est pas élue, et qui impose sa loi, aujourd’hui dans le sang et les larmes, les glaires et les crachats, aux sujets de l'Empire maastrichtien?

     Combien?

    Je n'ai pour ma part pas envie d'aller sur mon balcon pour bêler avec les moutons. Je pense à ces gens formidables, en effet, qui m'ont sauvé d'un infarctus quand j'avais vingt-huit ans, qui ont été près de moi lors de mes deux AVC, qui ont si bien accompagné ma compagne pendant les dix-sept années de son cancer et de ses chimiothérapies avant qu'elle finisse par mourir, et qui, de fait, méritent notre profond salut. Mais pas depuis dix jours...

    J'ai plutôt envie de pleurer sur ce qu'est devenue la France tuée par ces assassins qui, eux, se portent bien...

    Michel Onfray



    Appendice 1:
    Dans la Notice Wikipédia intitulée "Évadés fiscaux", on peut lire ceci :"Challenges a fourni dès juin 2013 une liste de 86 contribuables apparaissant sur cette liste et faisant l'objet de poursuites. On comptait notamment Nina Ricci, Arlette Ricci, Jean-Claude Guidicelli, Simon Benharrous. Le 27 janvier 2014, le journal Le Monde a publié d'autres noms, dont Christian Karembeu, les frères Christian et François Picart, Alain Afflelou, Cédric Klapisch, Gérard Miller, Michel Tubiana, et Richard Prasquier. Tiens tiens, Gérard Miller, psychanalyste chez Drucker et Drucker chez les psychanalystes!

    Arlette Ricci, héritière des parfums Nina Ricci, est condamnée le 13 avril 2015 à trois ans de prison dont un ferme et un million d'euros d'amende, pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et organisation frauduleuse d'insolvabilité pour échapper à l'impôt".

    Appendice 2

    Français établis fiscalement à l'étranger

    Sportifs:
    – Jean Alesi, réside en Suisse

    – Marion Bartoli, réside en Suisse

    – Julien Benneteau, réside en Suisse

    – Arnaud Boetsch, réside en Suisse

    – Arnaud Clement, réside en Suisse

    – Nicolas Escudé, réside en Suisse

    – Guy Forget, réside en Suisse

    – Richard Gasquet, réside en Suisse

    – Jean-Claude Killy, réside en Suisse

    – Henri Leconte, réside en Suisse

    – Sébastien Loeb, réside en Suisse

    – Paul-Henri Mathieu, réside en Suisse

    – Gaël Monfils, réside en Suisse

    – Christophe Moreau, réside en Suisse

    – Amélie Mauresmo, réside à Genêve en Suisse

    – Stéphane Peterhansel, réside en Suisse

    – Cédric Pioline, réside en Suisse

    – Alain Prost, réside en Suisse

    – Fabrice Santoro, réside en Suisse

    – Florent Serra, réside en Suisse

    – Gilles Simon, réside en Suisse

    – Jo-Wilfried Tsonga, réside en Suisse

    – Vincent Rives, réside en Irlande

    – Jean-Philippe Gatien , réside au Delaware aux Etats Unis

    Chanteurs:

    – David Hallyday, réside en Suisse

    – Patricia Kaas, réside en Suisse

    – Florent Pagny, réside en Patagonie (Argentine)

    – Michel Polnareff, réside aux Etats-Unis

    – Yannick Noah, réside aux USA (le « personnage préféré des français… !!!)

    Acteurs

    – Daniel Auteuil, réside en Belgique

    – Emmanuelle Béart réside en Belgique

    – Laetitia Casta, réside au Royaume-Uni

    – David Habibi, réside au Canada

    – Alain Delon, résident et citoyen Suisse

    Auteurs:

    – Anne Marie Mitterrand (3), réside en Begique

    – Christian Jacq, réside en Suisse

    – Marc Levy, réside au Royaume-Uni

    Patrons et Actionnaires

    – Jacques Badin (Carrefour) réside à Bruxelles en Belgique

    – Thomas Bata (marque de chaussures Bata) réside en Suisse

    – Famille Baud (dont Jean Baud), (marques Franprix et Leader Price), résident en Suisse

    – Lotfi Belhassine, (président d’Air Liberté), réside en Belgique. Il a fui la France car l’ISF représentait 93% de ses revenus

    – Claude Berda, (AB Groupe), réside à Cologny en Suisse

    – Des membres de la famille Bich (Groupe Bic) résident en Suisse

    – Michèle Bleustein-Blanchet, une des héritières de Publicis, réside à Cologny en Suisse

    – Corinne Bouygues, réside à Genève en Suisse

    – Pierre Castel, PDG du groupe Castel Frères (Cristalline, Thonon, Vichy Célestins, 33 export, Saint-Yorre) réside près du Lac Leman en Suisse

    – Des membres de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Mondial Moquette, Norauto et Kiabi), résident en Belgique

    – Georges Cohen, groupe Sogeti, (informatique et armement), réside en Suisse

    – Bernard Darty, fondateur de Darty, réside en Belgique

    – Jean-Louis David, fondateur des salons de coiffure, réside en Suisse.

    – Des membres de la famille Defforey, à l’origine de la société Carrefour, résident en Belgique

    – Des membres de la famille Despature, dont Paul-Georges Despature, propriétaire des marques Damart et Somfy, résident en Suisse et en Belgique

    – Paul Dubrulle, (co-créateur du Groupe Accor) et ancien sénateur-maire de Fontainebleau, réside à Cologny en Suisse

    – Des membres de la famille Ducros résident à Cologny en Suisse

    – Pierre-François Grimaldi (iBazar), réside en Belgique

    – Eric Guerlain, (Groupe Christian Dior), réside en Grande-Bretagne

    – Daniel Hechter, créateur réside en Suisse

    – Philippe Hersant, (groupe Hersant presse) réside en Belgique

    – Philippe Jaffré, (ancien président dElf)

    – Robert Louis-Dreyfus et des héritiers Louis-Dreyfus (Groupe Louis-Dreyfus, Olympique de Marseille) résident à Zurich en Suisse

    – Des membres de la famille Mimram, dont Jean-Claude Mimram, (Compagnie sucrière sénégalaise…) résident à Gstaad en Suisse

    – Alexandra Pereyre de Nonancourt et des membres de la famille, (propriétaire des champagnes Laurent-Perrier), résident en Suisse

    – Denis Payre (1), (fondateur de Business Objects), réside en Belgique ou il a démarré une nouvelle société, Kiala, qui a embauché 100 personnes

    – Des membres de la famille Peugeot, (Groupe PSA), résident en Suisse

  • Sur le blog de Michel Onfray : penser le virus.

    Le plus notable dans la dernière intervention du Premier ministre flanqué de son ministre de la santé, d’une épidémiologiste et du croque-mort qui, pour ouvrir l’appétit du citoyen, chaque jour que le covid fait, donne le chiffre des décès quotidien au moment de l’apéritif, fut qu’elle a duré si longtemps! Plus de deux heures, un record français, et ce pour accoucher dans les forceps… de pas grand chose! Des broutilles, des détails, des bagatelles.

    Certes, je ne mésestime pas le fait que les personnes âgées confinées dans les hospices vont pouvoir, sous condition, revoir un peu leur famille. Ni que les modalités d’enterrement vont se trouver aménagées. Tout ce qui augmente l’humanité, ou, du moins, tout ce qui entame l’inhumanité de la situation, est à saluer. Je salue donc.


    Mais pourquoi diable ces deux ou trois informations ont-elles été noyées dans un flot de mots à faire craindre à la famille Castro de perdre le monopole du discours fleuve?

    Parce que, d’un point de vue rhétorique, le poison était concentré dans les premières secondes dont le reste, comme un excipient, fut ce qui a permis de faire passer le venin. De la même manière que le gras du suppositoire autorise l’avancée donc l’efficacité du principe pharmacologique, cette logorrhée visait à faire oublier l’essentiel – qui fut pourtant dit, c’est tout le talent de ce Premier ministre bien plus habile que son supérieur hiérarchique…


    Qu’est-ce que cet essentiel? Il a été formulé dans la première minute, dans les premières secondes même : «Notre vie à partir du 11 mai ne sera pas celle d’avant le confinement, pas avant longtemps». Dans cette séquence, il fallait surtout entendre pas avant longtemps. Autrement dit: le 11 mai est un enfumage, car c’est après que tout commence, du moins: ça continuera et pour un bout de temps. Cet à-venir appelle une multiplication du nombre de morts. 20.000 est hélas un début – les médecins médiatiques qui, en janvier, ont défendu la fiction d’une grippette devraient, au minimum, se confiner pour l’éternité dans leurs sous-sols...


    Le confinement est évidemment la meilleure solution; c’était même déjà la meilleure à l’époque où Emmanuel Macron moulinait le vent chinois en dépêchant notre armée pour aller chercher des expatriés français avant de les disperser partout en France; ou qu’il ne trouvait pas anormal d’autoriser l’arrivée d’une vingtaine d’avions chinois chaque jour; ou qu’il renvoyait en permission les militaires impliqués dans les rapatriements et non en quarantaine; ou qu’il estimait que les masques n’étaient pas nécessaires, pas plus que les dépistages massifs qui auraient permis de décréter des confinements ciblés - etc.


    Emmanuel Macron se cache derrière les scientifiques et, quand il confesse quelques ratés, c’est pour s’en dédouaner bien vite et faire savoir que la science planétaire (la fameuse science de Greta…) babille, qu’elle tâtonne, qu’elle avance de façon empirique – tout pourvu qu’il n’ait pas à faire un mea culpa personnel, le jeune homme en est totalement incapable. Son psychisme ne le lui permet pas. Jupiter est inaccessible à la résipiscence.
     

    Cette façon de se cacher derrière les scientifiques, comme un couard ou un pleutre, n’est pas digne d’un chef de l’Etat. Imagine-t-on qu’avant d’appuyer sur le bouton nucléaire français, après que l’alerte d’un missile du même type arrivant sur la France lui fut signalée, le président de la République estimerait urgent de créer un comité scientifique de blouses blanches spécialisées dans le nucléaire afin de décréter la nécessité de réunions dans le bunker de l’Elysée avant… de ne rien décider?
     

    Cette absence de stratégie présidentielle montre en pleine lumière, pour ceux qui l’ignoraient encore, que l’homme n’est pas taillé pour la fonction: c’est un bon ministre de l’Empire libéral et de l’Etat profond, un honnête sous-préfet de l’Etat maastrichtien, il se montre zélé , propre sur lui, mais aucunement l’homme qui tranche pour la pays parce qu’il ne sait pas qu’il a été investi de la souveraineté nationale et qu’il ignore plus encore qu’il est là pour protéger son peuple. Il a été promu pour abolir la France afin de faire avancer le projet d’Etat universel et de gouvernement planétaire.
     

    Il a beau pécher le gogo en affirmant, l’air grave, qu’on ne sait rien ou pas grand chose de cette épidémie et que c’est ce qui explique, justifie, légitime des atermoiements qu’il n’eut pas (c’est l’un des effets de la dialectique du «en même temps»!), on sait depuis longtemps sur toutes les épidémies, peste comprise, comment elles fonctionnent!
     

    Lui qui ne perd pas une occasion de nous faire savoir qu’il serait aussi un littéraire, y compris dans les colonnes hospitalières et généreuses de la Nouvelle Revue française sise ex-rue Sébastien-Bottin dans la prestigieuse maison d’édition Gallimard, il aurait pu, faisons simple, se souvenir de La Peste d’Albert Camus, qui a considérablement travaillé la documentation de son sujet pour écrire ce roman magnifique ou, plus recherché, citer Daniel Defoe, qui n’est pas que l’auteur de Robinson Crusoé, et à qui l’on doit également le Journal de l’année de la peste à Londres (1664-1665). Ceci suffisait pour savoir que l’épidémie de coronavirus obéit aux lois qui régissent toutes les épidémies contre lesquelles on ne dispose d’aucun traitement: elles surgissent, elles ravagent, puis elles disparaissent, bien que le principe actif subsiste dans le virus sous forme d’une espèce de sommeil dont il peut se trouver réveillé.


    J’ouvre une parenthèse en passant pour inviter les béats de l’écologie vue des villesà penser à nouveau frais leur théorie de la nature bonne et des hommes méchants! Cette vieille scie musicale rousseauiste et préromantique qui a repris de l’activité après la disparition des grands discours, gagnerait à être rangée au grenier. Quels délires on doit à ce plus français des penseurs suisses!
     

    Je n’ignore point qu’il y a débat pour savoir s’il faut ranger le virus dans la catégorie du vivant, ou pas. Je ne tergiverserai pas longtemps: le virus relève tellement du vivant qu’il s’en montre la formule la plus radicale. Il est programmé pour naître, être, vivre, se reproduire, et mourir, sinon muter c’est-à-dire s’assurer d’une immortalité certaine. Ce programme est celui de nous tous – métaphysique, gastronomie, érotisme, philosophie, religion, art, spiritualité, morale en moins, car voilà tout ce qui distingue, à des degrés divers, certains mammifères, véganes compris, des virus…


    La nature est un grand tout dont nous n’avons pas encore pénétré les mécanismes régulateurs. Faute de n’avoir pas assez lu ou médité le Bergson de l’élan vital et de l’énergie spirituelle, de l’évolution créatrice et de l’effectivité de l’intuition, nous ne savons pas penser hors hypothèses théologique non pas ce qui est mais ce qui fait ce qui est- ou ce qui fait que ce qui est est ainsi et pas autrement.


    Je prends un exemple.


    Le monde est un vaste enchevêtrement de copulations et de trépas. Quoi qu’on fasse, peu ou prou, toutes les coucheries de la planète, quelles que soient leurs durées, leurs degrés de raffinement, leur sauvagerie, leurs intensités, leur place sur une échelle du consentement, la nature et la qualité de leurs acteurs, l’âge des partenaires, pourvu qu’il s’agisse d’un homme et d’un femme opérant selon les modalités classiques, les couples produiront des enfants dont, grosso modo, une moitié de garçons et une moitié de filles…


    Dans un éjaculat, il y a deux cents millions de spermatozoïdes. Dans cette armée de prétendants, un seul pénètre l’ovule. Dès que l’élu a trouvé place dans l’ovocyte, un mécanisme le rend impénétrable pour les autres qui n’ont plus qu’à mourir. Le spermatozoïde et l’ovule font un oeuf dont mitose et méiose produiront à un moment donné un être sexué – mâle ou femelle. Or, toutes ces fornications cumulées de la planète, un fois l’addition faite, produisent autant de garçons que de filles! Les tatillons argueront d’un pour cent d’écart en faveur des femmes, ils auront raison: mais là aussi, là encore, c’est toujours un pour cent, jamais moins, jamais plus…


    A l’évidence, là où ils se trouvent, au fin fond primitif des bourses ou dans le salon velouté d’un utérus, les spermatozoïdes ne peuvent communiquer avec tout ceux de leurs semblables qui, sur la terre, entament une carrière vers la création d’un humain. C’est la jurisprudence du solipsisme de la semence. Pas question d’une entente préalable sur le principe d’un plan quinquennal qui, via le syndic du sperme ou le syndicat des gamètes, déciderait qu’il faut équilibrer la production annuelle entre les femelles et les mâles!


    Il existe, dans la nature, un principe homéostasique selon lequel de l’a priori désordre et du chaos naît a posteriori un ordre sans qu’on sache pour quelles raisons il s’agit plutôt de celui-ci que de celui-là. Pourquoi 51 % de femelles tout le temps et pas une année, une décennie, un siècle, un millénaire avec des variations du genre 70 % de femelles? Il faut un équilibre, mais qu’est-ce qui, dans la nature, veut cet équilibre? Comment s’établit-il? Pour quelles raisons? Selon quelles logiques?
     

    Si l’on ignore tout des causalités et des généalogies, on peut au moins en constater les effets: on ne sait pourquoi, mais c’est un fait constatable, mesurable, quantifiable – c’est ainsi.

     

    Revenons aux épidémies: elles ont également leurs logiques, mais on ignore souvent lesquelles. Pourquoi ce virus apparaît-il (le VIH par exemple) dans ces circonstances et dans ces occasions? Rien pendant des siècles, puis surgissement sans raison apparente alors que les hommes n’ont rien changé de leurs comportements! Quelle énigme, et pas seulement pour la science!

     

     

     

    Devant l’impossibilité de répondre, et parce qu’ils ont horreur du vide, les hommes ont trouvé la réponse quand aucune autre n’existe: Dieu l’a voulu! Il a voulu la peste pour punir les hommes de leur manque de foi, puis il a arrêté la pandémie parce que sa miséricorde est grande. Il se montre terriblement méchant d’abord afin de pouvoir démontrer ensuite qu’il est bon … C’est la conclusion de Defoe dans son Journal de l’année de la peste: «Le Poison fut retiré de l’aiguillon d’une manière étonnante et les Médecins eux-mêmes en furent surpris». Puis, la phrase suivante: «Au milieu de leur misère, et quand la condition de la Cité de Londres se trouvait si vraiment calamiteuse, il plut à Dieu de désarmer notre Ennemi par l’action immédiate de sa Main, pour ainsi dire.» J’ai lu ici ou là que quelques prêtres et quelques imans souscrivaient encore à cette lecture – sinon quelques évangélistes américains, une poignée d’intégristes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ou une noria de musulmans des banlieues…


    Cette logique moyenâgeuse a fonctionné pendant des siècles… elle fonctionne encore! Le même mécanisme s’est retrouvé activé lors de l’épidémie de sida. Le fait que la communauté homosexuelle ait d’abord été décimée a semblé une preuve pour les croyants que c’était un virus divin destiné à punir les hommes de leur sexualité dite contre-nature.


    Quelques écologistes intégristes font parti du lot des primitifs qui anthropologisent la nature. Ils estiment qu’elle se venge – c’était, on s’en souvient peu, la façon de penser de Michel Serres dans son Contrat naturel. Ce qui suppose qu’elle conserve la mémoire des offenses qui lui sont infligées et qu’en vertu d’une logique du ressentiment elle mette en place une stratégie de la punition qui prendrait la forme de catastrophes naturelles. La nature les déclencherait volontairement, sciemment, délibérément – tsunamis, éruptions volcaniques, tornades, ouragans, disparitions d’îles ou de falaises avec l’augmentation du niveau de la mer, incendies, épidémies donc. Or, conférer à la nature mémoire, souvenir, décision, volonté, ressentiment, désir de vengeance, voilà qui renvoie aux pensées magiques des premiers temps de l’humanité. Normalement, au moins depuis De la nature des choses de Lucrèce qui réduit le réel à des effets de réel et non à des fictions, autrement dit depuis deux millénaires, cette façon de penser ne devrait plus être possible… Hélas!
     

    Le virus n’a rien à voir avec un Dieu qui l’utiliserait pour donner des leçons de piété aux hommes; pas plus avec une nature romantique inventée par le Rousseau des Rêveries du promeneur solitaire ; ni même avec une nature susceptible de passer un contrat fictionné par Michel Serres. Dans tous ces cas de figure, il en va de pensées régressives.
     

    Le virus qui tue, voilà le prototype du vivant! Ce coronavirus est une machine vivante emblématique. Car, tout ce qui vit sur la planète ne vit qu’en tuant: chacun est le prédateur d’un autre et c’est à ce prix qu’il vit et survit. Pour parler le langage de Nietzsche, tout ceci s’effectue par-delà le bien et le mal. Quiconque me lit, sauf végane ou végétarien, a mangé dans la journée le cadavre d’un animal qu’un humain a tué pour lui… C’est au prix de la mort que la vie va!
     

    Le virus est un parasite opportuniste qui colonise une cible pour se reproduire, donc vivre. Quand il a colonisé, au-delà du bien et du mal, car ce peut être au prix de la mort, il a réalisé ce pour quoi, comme vous et moi, il est programmé: vivre, copuler, se reproduire et mourir, y compris avec l’humain qu’il a tué – le programme existentiel majeur chez la plupart, du virus à l’infectiologue, en passant par le philosophe, sans oublier le lecteur du philosophe…
     

    Les lois inconnues qui réalisent l’homéostasie lors de l’équilibre des sexes sont les mêmes qui déclenchent les épidémies et les arrêtent. Sauf médicaments efficaces, les hommes n’y peuvent pas grand-chose, sinon assister au carnage et, comités scientifiques et classe politique, faire les malins en disant qu’ils maîtrisent…
     

    C’est quand le virus a assez copulé, qu’il a fait son festin de sang et de morts pour vivre sa vie, qu’il a suffisamment parasité pour être, pour exister, qu’il s’arrête, repus. Goinfré, il entre dans un sommeil qui n’est pas la mort. Il attend l’heure de revenir.
     

    Le même message, dont on ne sait quels canaux il utilise, passe à tous ses semblables; les virus sommeillent, mais dans un état de veille particulier – comme les grains de blé déposés dans les coupes des tombeaux égyptiens qui, une fois remis en terre et arrosé, réactivent leurs principes de vie qui leur permettent, à eux aussi, d’être et de persévérer dans leur être – comme nous.

     

    Le coronavirus obéit donc aux logiques de ce que Nietzsche nomme la volonté de puissance: en aveugle, il veut exister, et ce dans la plus pure innocence de son devenir. Il colonise, il parasite, il infecte, il contamine – c’est sa façon d’être; il fait une orgie de vie, même s’il doit la payer de la mort d’humains qui n’en peuvent mais; il abîme, il endommage, il tue donc il vit, il vit donc il tue.
     

    Une fois la satiété survenue, sans qu’on sache quand il l’obtient, donc quand on l’obtient, le virus va s’arrêter de lui-même. Sur toute la planète, en même temps, comme obéissant à un même signe, il rentrera dans un sommeil que je dirai paradoxal – disons-le autrement: il ne dort que d’un oeil. Quand cela aura-t-il lieu? Edouard Philippe a répondu : «pas avant longtemps»… C’était tout ce qu’il avait à dire lors de cette dernière allocution, voilà pourquoi il a parlé plus de deux heures.
     

    La gestion politique de cette épidémie est simple: il est impossible de l’arrêter, de la stopper, car ça n’est pas, pour l’heure, dans le pouvoir des hommes. Qu’on cesse donc d’espérer en une solution miracle qui foudroierait le dragon dans les meilleurs délais – même si cette hypothèse n’est pas non plus nulle…
     

    Reste à ceux qui nous gouvernent cette solution cynique impossible à avouer: faute de pouvoir anéantir le mal, l’objectif du pouvoir consiste à en réguler les attaques et à bricoler dans l’incurable. Entre confinement encadré par la police et déconfinement géré par les entrepreneurs, il y a désormais p

  • Quelques réflexions sur le terme : extrême-droite, par Jean Mon­ne­ret.

    Un terme ou une expres­sion peuvent être uti­li­sés dans leur sens usuel, consa­cré par une longue his­toire et réper­to­rié dans les dic­tion­naires. Ils peuvent aus­si être uti­li­sés de façon arti­fi­cieuse, fourbe, spé­cieuse. On est alors en face d’une opé­ra­tion de dés­in­for­ma­tion. Dans ce cas, un mot ou une expres­sion d’apparence claire cachent, en fait, une réa­li­té floue, obs­cure, équi­voque. Ain­si en va-t-il du terme extrême-droite.

    1.jpgC’est sans doute une des expres­sions les plus usi­tées dans la vie poli­tique fran­çaise. Très péjo­ra­tive, elle désigne des gens déplo­rables, indignes de toute consi­dé­ra­tion morale. Ils sont ce qu’il y a de pire dans l’univers poli­ti­co-média­tique : des êtres dan­ge­reux, immo­raux, infré­quen­tables. Ils sont les parias de la Répu­blique, qui s’affirme démo­cra­tique, sans pou­voir se pas­ser de boucs-émis­saires.

    ​L’utilisation de ce terme agit comme un répul­sif. Gare au poli­ti­cien, à l’écrivain ou au jour­na­liste qui en est affu­blé. Il sera stig­ma­ti­sé. Comme les lépreux du Moyen-Age, il devra évi­ter les contacts. Il n’est pas acci­den­tel que M. Macron ait, un jour, dénon­cé la lèpre du popu­lisme (syno­nyme pour lui d’extrême-droite). Autre méta­pho­reà suc­cès, l’extrême-droite est « nau­séa­bonde ». Elle tient d’ailleurs des pro­pos­con­formes. Bref, elle est à fuir. On par­le­ra même de dres­ser, contre elle, un cor­don sani­taire.

    Mais une ques­tion se pose d’emblée : qu’est-ce au juste que l’extrême-droite ? Là, que de com­pli­ca­tions ! Ques­tion­nez votre entou­rage. Pas une défi­ni­tion ne cor­res­pon­dra à une autre. Comme disent les Anglais : sous chaque bon­net une opi­nion dif­fé­rente.

    ​Faut-il s’en éton­ner ? Non, car, ce que l’on désigne par extrême-droite est une nébu­leuse : elle peut dési­gner des nazillons, des monar­chistes, des cathos tra­dis, des conser­va­teurs, des patriotes, des anti-immi­gra­tion­nistes, des nos­tal­giques du gaul­lisme, des laïques anti-isla­mistes, des éco­los atta­chés au ter­roir. La liste n’est pas exhaus­tive.

    ​Essayons d’y voir clair. Jadis, droite et gauche cor­res­pon­daient à une posi­tion dans l’hémicycle par­le­men­taire. Ulté­rieu­re­ment, l’habitude s’est enra­ci­née de consi­dé­rer la gauche comme plus sou­cieuse de jus­tice sociale et la droite comme plu­spor­tée au conser­va­tisme. Avec, bien enten­du, tout ce que ce cli­vage a d’irréel et de trom­peur. Ajou­tons qu’au fil du temps, sont appa­rues des gauches et des droites.

    ​Or, s’il est admis que la gauche fran­çaise est rami­fiée et scin­dée en fac­tions ; elle se féli­cite de sa diver­si­té. Un Jos­pin a ain­si pu se dire « fier » d’avoir des com­mu­nistes dans son gou­ver­ne­ment.

    ​Plai­gnons ce mal­heu­reux !

    ​En revanche, la droite offi­cielle dite clas­sique, répu­bli­caine ou modé­rée se veut ramas­sée et homo­gène. Elle a très peur d’être conta­mi­née par « l’extrême-droite ». Elle s’en méfie, s’en tient éloi­gnée et, pour tout dire, ne recule devant aucune mesure pro­phy­lac­tique pour évi­ter la conta­gion.

    ​La droite s’impose de n’être que légè­re­ment tein­tée de conser­va­tisme. Elle se doit d’être, ô oxy­more, « fer­me­ment cen­triste » ou « modé­rée ». Trop de tra­di­tio­na­lisme ou de fier­té patrio­tique sont mal vus de cette droite-là, car ils mènent à l’étiquette infâ­mante : « extrême-droite ».

    ​La droite offi­cielle n’est ferme que sur un point : elle est atta­chée aux valeurs répu­bli­caines. Qu’est-ce au juste ? N’essayez pas de savoir : là encore, sous chaque bon­net un avis diverge. Néan­moins, il y a une grande césure : les valeurs répu­bli­caines, c’est le Bien emblé­ma­tique, l’extrême-droite, c’est le mal abso­lu, l’antithèse même de ce qui est res­pec­table. Cette consi­dé­ra­tion, un peu floue, n’empêcha pas M. Gau­din de Mar­seille d’appeler à voter, loca­le­ment, pour un com­mu­niste contre un « extrême-droite ».

     Plai­gnons aus­si ce mal­heu­reux.

    ​Long­temps, le cri­tère de l’appartenance à « l’extrême-droite » fut l’antisémitisme. Celui-ci a bien recu­lé en France, depuis la seconde guerre mon­diale, jusqu’à une époque très récente où il a resur­gi, por­té cette fois par le dji­ha­disme. Alors, pata­tras ! Il a fal­lu redis­tri­buer les cartes, car, lier anti­sé­mi­tisme et dji­ha­dis­me­ris­quait de stig­ma­ti­ser la com­mu­nau­té musul­mane. Donc, l’on s’est conten­té de lier anti­sé­mi­tisme et anti­sio­nisme. Le pré­sident de la Répu­blique l’a fait offi­ciel­le­ment.

    ​L’extrême-droite a été, de ce fait, reje­tée dans les pho­bies : homo­pho­bie, isla­mo­pho­bie, xéno­pho­bie, euro­pho­bie. En somme, tou­jours le voca­bu­laire médi­cal. Mais le racisme est dif­fi­cile à défi­nir. Cer­tains le dis­tinguent mal de la simple fier­té natio­nale, et tendent à le dénon­cer dans toute mani­fes­ta­tion d’opposition à la poli­tique (cer­tains diront la non-poli­tique) d’accueil des immi­grés légaux ou illé­gaux. Bref, le cri­tère per­met­tant d’identifier cette déplo­rable extrême-droite est très flou.

    ​Tou­te­fois, l’accusation de racisme n’est pas tou­jours bran­die à tout va. Sou­vent, les media domi­nants qui sont, certes, mas­si­ve­ment favo­rables à l’immigration, se contentent d’euphémismes ou d’allusions. Vous êtes oppo­sé à l’accueil des étran­gers, alors vous n’êtes pas « ouvert à l’autre ». Vous êtes pour le réta­blis­se­ment des fron­tières, alors vous êtes pour une France « fri­leuse ». Atten­tion aux rhumes ! Cou­rez à votre Acti­fed !

    ​Mais l’accusation de rele­ver de l’extrême-droite est bien plus infâ­mante que ces petites accu­sa­tions euphé­miques pour­raient le lais­ser croire. Quelles que soient vos convic­tions réelles, seriez-vous un simple éco­lo, un simple laïque, un simple dis­ciple de De Gaulle, un brave fran­çais de base râleur ou une vic­time d’agression n’ayant jamais fait de mal à per­sonne, vous serez immé­dia­te­ment assi­mi­lé à ce que le sigle extrême-droite couvre de plus igno­mi­nieux : le nazisme. Vous serez vu, au moins par ceux qui bran­dissent le sigle à tout va, comme un natio­nal-socia­liste. Et alors, ceci mar­che­ra, le réflexe pav­lo­vien de méfiance s’installera, car, en France, cette mani­pu­la­tion fonc­tionne.

    ​Quelques décla­ra­tions absurdes, intem­pes­tives, de quelques nazillons eux-mêmes mani­pu­lés, ou de quelques per­son­nages éga­rés ou ineptes, par­achè­ve­ront la manœuvre. Pour reprendre une expres­sion amu­sante : vous serez « adol­phi­sé ».

    ​Dans les milieux de gauche dits « pro­gres­sistes », le réflexe pav­lo­vien est bien en place. L’extrême-droite a beau être une nébu­leuse touf­fue, trouble, le terme a beau être fumeux, filan­dreux, vaseux à sou­hait, ou pré­ci­sé­ment à cause de cela, il fonc­tionne. L’expression désigne un empi­le­ment de gens n’ayant rien en com­mun, cha­cun, jus­te­ment, croit savoir de quoi l’on parle. On amal­game sans état d’âme. Cette dés­in­for­ma­tion est loin d’être inef­fi­cace. Por­tée par les media confor­mistes domi­nants, elle influence bien des milieux et bien au-delà de la gauche. Sur­tout en période élec­to­rale, ça marche et ça fait mar­cher. Sui­vez mon regard.

    ​En résu­mé, si vous n’êtes ni com­mu­niste, ni socia­liste, ni répu­bli­cain modé­ré, ni conser­va­teur cen­triste paten­té, pre­nez garde : vous ris­quez la flé­tris­sure. Vous vous retrou­ve­rez lépreux, conta­gieux, nau­séa­bond et de plus mora­le­ment indigne. Car, la morale, il faut s’en per­sua­der est à gauche, et un tout petit peu au centre sans plus. Le reste appar­tient aux démons.

    ​La dés­in­for­ma­tion est là. A qui pro­fite-t-elle ?

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Le président exalte les passions identitaires, par Bérénice Levet.

    Alors qu'une liste de nouveaux noms de rue issus de l'immigration devrait prochainement être rendue publique, avec Emmanuel Macron, à la fin, ce sont toujours les indigénistes, les minorités et autres activistes qui gagnent, dénonce la philosophe et essayiste. Tribune

    2.jpgSouvenons-nous, le 14 juin dernier, sur fond d'appels enfiévrés au déboulonnage des statues de nos grands hommes, le verbe haut, énergique, solennel, le président Macron déclarait : « La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle ne déboulonnera pas de statue. » Enfin ! Enfin une parole forte, ferme, résolue, soupirions-nous, rassérénés. Et trois mois plus tard, le 4 septembre 2020, à l'occasion de la célébration des 150 ans de la proclamation de la République, même détermination, même panache, même solennité, le chef de l'État confirmait : « La République ne déboulonne pas de statues, ne choisit pas simplement une part de son histoire, car on ne choisit jamais une part de France, on choisit la France. »

    Sauf que, ce que nous ignorions alors et que nous avons appris récemment par la voix de Nadia Hai, ministre déléguée à la Ville, dans le même temps, très exactement à l'issue de ce dernier discours, le président Macron ourdissait l'instauration d'une commission chargée d'élaborer un « catalogue » de « héros » issus de l'immigration afin de leur attribuer statues et noms de rue, devant être rendu public au début de l'année 2021. Une sorte de donnant-donnant. C'est bien ainsi, en tout cas, que l'établissement de ce comité fut interprété par celui que le président a nommé à sa tête, Pascal Blanchard - désignation qui est à elle seule, nous allons y revenir, un programme -, dont les propos ont tout de l'ultimatum : « On ne peut pas dire qu'il ne faut pas démonter les statues si on ne propose pas une alternative. »

    Ce n'est que trois mois plus tard, le 4 décembre, qu'Emmanuel Macron devait rendre publique l'existence de cette commission, et il en réservait l'annonce au média en ligne Brut, plate-forme plébiscitée par une jeunesse poreuse à l'idéologie diversitaire. Ce choix n'a évidemment rien de fortuit puisque c'est bien à cet îlot de l'archipel français que pareille initiative s'adresse : j'ai demandé, expose-t-il alors, qu' « on essaie [sic] d'identifier 300 à 500 personnalités issues de l'immigration » afin qu' « on puisse décider ensuite d'en faire des rues et des statues » - on notera la tonalité volontiers puérile (syntaxe et vocabulaire) qu'affecte ici le président.

    Revenons sur le choix de Pascal Blanchard. L'homme n'en fait nullement mystère : il est pleinement acquis aux thèses indigénistes et notamment à ce qui en constitue le cœur, l'idée que la colonisation a peut-être pris fin dans les années 1960 mais que, perfide, elle se poursuit par d'autres moyens dans notre société : « La “culture coloniale” est toujours à l'œuvre en France aujourd'hui. Une évidence que beaucoup se refusent à reconnaître » , écrivait-il ainsi dans une tribune en soutien au Mouvement des indigènes de la République ( le Monde , 16 mars 2005).  Le militant est volontiers présenté comme historien. Il a certes soutenu une thèse de doctorat d’histoire, mais il est d’abord connu comme coordinateur d’ouvrages réunissant universitaires, historiens, historiens de l’art et autres spécialistes dont l’objet est moins d’établir des réalités factuelles que de vérifier une hypothèse, et très exactement de soutenir une thèse, celle de la domination des peuples africains par les Occidentaux, c’est-à-dire “les Blancs”. Le concept de domination étant en effet cette idée à partir de laquelle ces dits spécialistes vont dévider tout le fil de l’histoire des relations entre colonisateurs et colonisés. Véritable lit de Procuste dans lequel la réalité doit, quoi qu’il en coûte de complexité, d’ambivalence, de nuances, entrer de toute force. Et c’est ainsi que, quel que soit le livre dirigé par Pascal Blanchard que vous lisiez ou le documentaire réalisé par ledit “historien” que vous visionniez, ne varietur, une même histoire vous est racontée, une même intrigue narrée, mettant systématiquement aux prises des dominants et des dominés.

    Voilà, à trop grands traits – mais on complétera l’esquisse en lisant l’Imposture décoloniale de Pierre-André Taguieff (Éditions de l’Observatoire) -, le portrait de l’homme du président Macron.

    Cette nomination heurte de plein fouet, et la chose n’a guère été relevée, les vaillantes déclarations du ministre de l’Éducation nationale au lendemain de la décapitation de Samuel Paty. Jean-Michel Blanquer a en effet eu le courage de dénoncer ceux qu’il a appelés les « complices intellectuels » des islamistes, ceux qui travaillent à rendre la France haïssable en l’accusant de tous les maux. Le ministre s’inquiétait, à très juste titre, du crédit exorbitant dont jouissent les thèses indigénistes et décoloniales dans les universités et dans les grandes écoles, et voici un de leurs intercesseurs médiatiques intronisé au sein même de l’État.

    La désignation de Pascal Blanchard indique clairement l’esprit qui préside à la création de cette commission et qui est l’esprit même d’Emmanuel Macron : convertir la France au multiculturalisme, à la “société inclusive”, autrement dit à un modèle de société qui nous est fondamentalement contraire. Étranger, aimerait-on dire, mais on ne le peut plus puisque le communautarisme et l’archipellisation sont des réalités françaises bien documentées. Mais c’est une chose d’en faire le constat, c’en est une autre de s’en proclamer le bras armé, ainsi que s’y emploie le président dans l’entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire l’Express au mois de décembre dernier.

    Sans doute, dans cet entretien, le chef de l’État conteste-t-il l’épithète de multiculturaliste – incompréhension, mauvais procès, caricature, proteste-t-il -, sauf que, là encore, dans le moment même, ou presque, où il réfute le mot : « On a dit que j’étais un multiculturaliste, ce que je n’ai jamais été », il valide la chose, déclarant : « Je crois à une politique de la reconnaissance [des identités] » – ce qui est la définition même du multiculturalisme.

    Assurément, devenu président, le candidat de 2017 s’est mis à parler, non sans éloquence, de la France charnelle, de la France qui n’est pas née avec la République, d’une France définie par sa langue, son histoire, sa littérature, ses paysages, du modèle français de sociabilité que le port du voile offense, mais ce n’est pas cette France qu’il juge impérieux de servir : « Le fleuve principal est là, bien présent » , soutient-il, contre toute évidence, dans l’Express. Bien présent ? Trop présent même à ses yeux. Le temps est venu de faire place à ses « affluents » , et n’allez pas croire qu’Emmanuel Macron fasse ici profession de foi girondine, exaltant une France des régions. Non ! Par affluents, le président entend « la richesse » que sont les « diasporas pour nous-mêmes » . Et le chef de l’État se veut le président des affluents, de « chaque affluent qui alimente le fleuve France » et notamment de « la part d’Afrique » de la France.

    Et Emmanuel Macron, dans ce même entretien, d’agiter le chiffon rouge d’une France assimilationniste inamicale et même hostile aux différences, colportant l’idée inique et sans fondement d’un modèle français d’intégration exigeant l’immolation des attachements et des fidélités particulières. Or, jamais l’assimilation n’a signifié pareil sacrifice et même sacrilège. Assurément, ainsi que l’écrit l’historien Marc Bloch, est-ce « un pauvre cœur que celui auquel il est interdit de renfermer plus d’une tendresse » , mais la France n’a jamais rien imposé de tel à ceux qui aspiraient à devenir français. Si elle proclame la préséance de l’identité nationale sur les identités particulières, elle n’exige pas l’oubli et le mépris des origines, elle n’interdit pas le culte des morts et des ancêtres, elle en circonscrit seulement l’exercice à l’espace privé. L’assimilation, comme la laïcité, vit de la frontière que nous traçons rigoureusement et vigoureusement entre la sphère publique et la sphère privée.

    Dans un monde en proie à la furie des identités, exalter, ainsi que le fait le président, les passions identitaires, flagorner les militants et partisans de l’idéologie diversitaire, est coupable et irresponsable. D’autant que présider aux destinées de la France, c’est avoir la chance de posséder dans sa besace cette arme seule capable de faire rentrer les identités particulières dans leur lit qu’est le modèle français de société et de citoyenneté, un modèle qui fait de la langue, de l’histoire, de la littérature le seul ciment du peuple français. Le président dont nous avons impérieusement besoin est celui qui saura prendre appui sur cette formidable ressource française pour sonner la fin de la récréation. « Le crime de nos politique s, disait Bernanos, n’est pas de n’avoir pas servi la France, mais de ne pas s’en servir » , ne pas se servir de la passion française du monde commun, de notre répugnance à voir les parties qui composent la France posées l’une à côté de l’autre comme l’huile et l’eau, est un crime en effet, a fortiori , je le redis, dans le contexte qui est le nôtre.

    En dépit des allures de preux chevalier, de cow-boy solitaire qu’il aime à se donner – se flattant d’aller expliquer urbi et orbi la singularité française et soutenant qu’ « être président français » , c’est défendre « une voie qui nous est propre » -, Emmanuel Macron reste désespérément de son temps, et de son âge. Il ne conçoit pas un monde où les identités particulières sont indifférentes dans l’espace public. Le courage d’incarner un autre modèle de civilisation que celui qui, importé des États-Unis, tend à prévaloir partout dans le monde, le courage autrement dit de la dissidence civilisationnelle, fait cruellement défaut au chef de l’État. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, devenir américain reste bel et bien notre destin.

    Bref, comme avec les statues, si l’ordre du discours est pour lesdits conservateurs, les amoureux de la France et de sa continuité historique, l’ordre du discours et des faits est pour la “diversité”, les “minorités” et les Français de généalogie impatients, à l’image de Virginie Despentes, d’être rachetés du péché d’être nés “blancs” de peau. Le “en même temps”, ruse de la raison macronienne, profite immanquablement à ceux qui jugent que la France a fait son temps ; lorsque sonne l’heure du choix – et selon le mot magnifique de Paul Ricœur, « la peine d’être homme commence avec le choix » -, le président tranche inexorablement en faveur de leurs revendications.

    Avec la martingale électorale et électoraliste du “en même temps” et aussi grâce à cet opium du peuple français, et singulièrement des intellectuels dits conservateurs que le président aimerait tant s’attacher, qu’est le goût de la langue, des « mots ingénieux » , des « tableaux intéressants » , du « bien jouer et du bien dire des acteurs indépendamment des conséquences de la pièce » qu’a su si bien décrire Tocqueville, le président, comptant sur les vertus dormitives de ce savant cocktail, escompte bien rallier à lui tous les suffrages.

    L’entretien à l’Express offre un autre exemple plus anecdotique, mais non moins significatif, de cet art présidentiel de mêler paroles douces aux oreilles des Français exaspérés de la mise en accusation perpétuelle de leur histoire et actes qui finalement donnent gain de cause aux procureurs de la France : après avoir dénoncé une société gangrenée par l’émotion, l’indignation, l’idéologie victimaire, le président Macron prend l’exemple de Charles Maurras : « Je combats toutes les idées antisémites de Maurras mais je trouve absurde de dire que Maurras ne doit plus exister. » Et le lecteur de se réjouir de cette fière réplique, de ce refus hardi de la “cancel culture” . Sauf que, très vite, la mémoire lui revient : qui décida en janvier 2018 d’effacer, de biffer, d’annuler (sens même du verbe to cancel ) du livre des commémorations le nom de Charles Maurras et précisément sous la pression de ces âmes indignées ici dénoncées ? Le chef de l’État lui-même, via certes sa ministre de la Culture d’alors, Françoise Nyssen.

    On a réellement le sentiment d’un président esthète, d’un président qui joue avec la France et se joue d’elle, se joue des Français. 

     

    Bérénice Levet

     

    Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie. Elle a fait paraître Libérons-nous du féminisme !  aux éditions de l’Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016). 

    Source : https://www.valeursactuelles.com/

  • La mort de la fraternité, par Michel Onfray.

    Sur quelques prédateurs contemporains

    Nul ne l’ignore, la devise de la République française est Liberté, Égalité, Fraternité. La triade a son importance car la Liberté sans l’Egalité, c’est la licence; l’Égalité sans la Liberté, c’est la tyrannie; or la Liberté et l’Egalité avec la Fraternité, voilà qui évite les impasses dans lesquelles conduisent la Liberté seule ou l’Égalité seule.

    michel onfray.jpgLes États-Unis, par exemple, ont le souci de la Liberté sans l’Egalité et Cuba celui de l’Egalité sans la Liberté. La droite aime la Liberté mais ne se soucie guère de l’Egalité; la gauche vénère l’Egalité mais se moque bien souvent de la Liberté.

    Mais qui parle de la Fraternité? Qui et quand? C’est le parent pauvre de la République, or ce devrait être la valeur cardinale autour de laquelle réconcilier les français des deux bords et d’ailleurs. Si l’on veut, comme c’est mon cas, défendre la liberté comme la droite et l’égalité comme la gauche, alors une politique de la Fraternité permet de réunir les deux rives du même fleuve.

    Le covid révèle nombre de choses sur l’état de notre pays, de l’Europe et de notre civilisation, dont cette évidence que la Fraternité est devenue le cadet des soucis de la plupart. On sait que le gouvernement au service de l’État maastrichtien a failli. La débandade de cet empire néo-libéral en formation apparait désormais dans le plein jour de l’Histoire: les pays se sont repliés sur eux-mêmes pour faire face au traitement de la pandémie. A la première pluie, chaque État est rentré chez lui pour se sécher… Face à l’Italie qui sombrait et la France qui perdait pied, l’Allemagne a retrouvé le chemin du nationalisme intégral.

    Le chef de l’État français a tergiversé, c’est le moins qu’on puisse dire… Depuis janvier 2020, il y a donc tout juste un an, quiconque voulait savoir pouvait savoir: ce serait bel et bien une pandémie planétaire, la Chine n’aurait pas, sinon, confiné une ville de onze millions d’habitants…

    Macron n’a pas protégé les Français, aveuglé par son idéologie doublée par son incroyable égotisme: il donne l’ordre d’aller chercher les expatriés français en Chine et offre une permission aux militaires ayant assuré le rapatriement sanitaire; il laisse les avions en provenance d’un pays contaminé effectuer leurs innombrables rotations en déversant chaque jour des centaines de touristes chinois potentiellement contaminés sur le territoire français; il proclame avec force l’inutilité des masques parce que l’impéritie des gouvernements maastrichtiens, dont il est solidaire, a renoncé aux stocks; il aurait pu affirmer que cette pénurie dont il n’était pas directement responsable nous obligeait à fabriquer des masques maisons à partir d’un tuto fourni par le ministère de la santé, c’eut été une variation sur le thème des taxis de la Marne, il ne l’a pas fait; il n’a pas fermé les frontières sous prétexte que le virus les ignorait, aujourd’hui il reconnait les frontières: entre les individus, entre les villes, entre les régions, entre les pays, entre les continents; il décrète l’interdiction des remontrées mécaniques au sport d’hiver et celle des salles de spectacle en même temps qu’il autorise l’entassement dans les avions et les aéroports, mais aussi dans les gares et dans les trains; il laisse les supermarchés ouverts, il ferme les petits magasins; il décrète une vaccination massive avant d’inviter à se hâter lentement faute d’avoir prévu, là encore, l’achats des doses; il décide seul dans un bunker entouré de Diafoirus à la Légion d’honneur dans un total mépris des élus (maires, conseillers départementaux, conseillers régionaux, présidents de région, députés, sénateurs), et dans le plus profond mépris et de la démocratie et de la république; il contracte le virus dans une soirée de politique politicienne donnée à l’Élysée qui jette par-dessus bord les mesures sanitaires - plus nul que ça, tu meurs…

    On dira que la Fraternité n’est pas le souci prioritaire de ce président de la République. Il est vrai que cette vertu suppose sympathie, empathie, estime d’autrui, affection, et que toutes ces qualités ne passent pas pour saillantes chez cet homme glacial quand on n’a pas un genou en terre devant lui.

    Mais il est plus étonnant de voir que cette Fraternité semble également le cadet de soucis du moraliste André Comte-Sponville assez remonté (contre moi à qui il a envoyé un mail de remontrance très professoral…) qu’on comprenne bien, hélas, ce qu’il dit! Car il n’a pas été fuyant, il écrit et parle clairement, c’est d’ailleurs l’une de ses vertus, quand il s’adresse aux jeunes dans la matinale d’Europe 1 en leur disant: «Ne vous laissez pas faire! Obéissez à la loi mais ne sacrifiez pas toute votre vie à la vie de vos parents et de vos grands-parents. Résistez au pan-médicalisme, au sanitairement correct et à l'ordre sanitaire qui nous menace.» Avant de conclure: «On ne peut pas sacrifier indéfiniment les libertés à la santé des plus fragiles, donc des plus vieux.» (15.X.2020)

    Il remet le couvert à France-Info: «On vit dans une société vieillissante. Or, plus on vieillit, plus on est fragiles en termes de santé. On a donc tendance à faire passer la santé avant tout, car nous sommes à mon âge plus fragiles que les jeunes. Il y a un cercle vicieux: puisqu’on fait de la santé l’essentiel, on privilégie les plus fragiles, c’est-à-dire à nouveau les plus âgés. Mais l’avenir de nos enfants est pour moi encore plus important. Je me fais davantage de souci pour l’avenir de nos enfants que pour ma santé de quasi septuagénaire.» (10.XI.2020)

    Pas besoin d’être agrégé de philosophie pour comprendre qu’André Comte-Sponville invite les jeunes à ne pas se sentir concernés par «l’ordre sanitaire», autrement dit: le confinement, les gestes barrières, le port du masque, l’usage du gel hydro-alcoolique. Certes, en bon sophiste qui manie à ravir la rhétorique normalienne, il a pris soin de préciser en amont qu’il fallait obéir à la loi. Mais comment obéir et résister en même temps? Sans la citer, il emprunte cette idée au philosophe Alain, dont il est l’un des disciples, et qui, dans l’un de ses célèbres Propos d’un Normand daté du 4 septembre 1912, invitait à «obéir en résistant». Or, on sait par la récente publication de son Journal longtemps inédit qu’Alain obéissait plutôt sans vraiment résister ce qui lui fait opter pour de mauvais choix dans les années d’Occupation… Sachant cela, on devrait éviter d’utiliser l’outil d’Alain, il est ébréché, émoussé, pas fiable.

    Quand l’impératif catégorique sponvillien lancé à destination des jeunes est: «ne vous laissez pas faire», que croit-il que les jeunes en question vont comprendre eux qui ne possèdent pas les Propos d’un Normand sur le bout des doigts?Qu’ils vont obéir en résistant? Il se trompe lourdement, voilà qui est trop subtil et d’ailleurs intenable, sauf à résister mentalement tout en se soumettant dans les faits… Non, ils vont résister en désobéissant et ils auront pour eux la caution de l’auteur du Petit Traité des grandes vertus.

    Par ailleurs, André Comte-Sponville écrit: «On ne peut pas sacrifier indéfiniment les libertés à la santé des plus fragiles, donc des plus vieux.» Autrement dit: d’abord la liberté, ensuite la santé des vieux. Ce qui veut dire, plus clairement: je revendique l’exercice de ma liberté, c’est-à-dire le pouvoir de faire ce que je veux, fut-ce au détriment de la santé des vieux! S’ils doivent mourir, ils mourront, il est de toute façon pour eux l’heure d’y songer prestement. Et le philosophe de faire semblant de se sacrifier en rappelant qu’il est quasi septuagénaire et qu’il «préfère attraper la covid-19 dans une démocratie plutôt que de ne pas l’attraper dans une dictature». Mais il ne lui est pas venu à l’esprit qu’il pouvait aussi préférer ne pas attraper le covid dans une démocratie qui l’en protégerait? Il semble que non…

    Car on ne peut exciper du peu de morts dus au covid, comme le fait André Comte-Sponville pour asseoir sa démonstration, et oublier que, c’est justement parce qu’il y a confinement et politique sanitaire planétaire qu’on peut à cette heure, fin janvier 2021, ne déplorer que deux millions de morts dans le monde. C’est une erreur de causalité de dire: la mortalité étant très basse, cessons donc cette politique sanitaire qui ne sert à rien puisque c’est très exactement cette politique sanitaire qui produit ce taux de mortalité bas. Paralogisme dirait-on rue d’Ulm. Nul besoin de mettre le chiffre des morts du covid en relation avec ceux de la peste au moyen-âge, des morts par cancer, des accidents vasculaires cérébraux ou des infarctus contre lesquels il n’existe pas de prévention possible, sauf salamalecs de nutritionnistes et prêches des vendeurs de statines… Quant à confisquer les morts de faim, il n’est pas très cohérent de les déplorer quand on proclame son engagement aux côtés des socio-démocrates en général, et de Macron en particulier, une sensibilité libérale dont les morts par malnutrition dans le monde sont le cadet des soucis puisque la paupérisation est le premier de ses effets!

    La même logique anime Nicolas Bedos qui, le 24 septembre 2020, publie un texte explicite sur les réseaux sociaux: «Vivez à fond, tombez malades, allez aux restaurants, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales. Nous devons désormais vivre, quitte à mourir (nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions). On arrête d’arrêter. On vit? On aime. On a de la fièvre. On avance. On se retire de la zone grise. Ce n’est pas la couleur de nos cœurs. En ce monde de pisse-froids, de tweets mélodramatiques et de donneurs de leçons (!), ce texte sera couvert d’affronts, mais peu m’importe mes aînés vous le diront: vivons à fond, embrassons-nous, crevons, toussons, récupérons, la vie est une parenthèse trop courte pour se gouter à reculons.» Il avait raison, probablement au-delà même de ce qu’il imaginait: ce texte de donneur de leçons fut en effet couvert d’ordures par les donneurs de leçons…

    Inutile d’en rajouter. L’argumentation s’avère toujours préférable.

    On ne saurait comme le fait Nicolas Bedos opposer la tendresse et les précautions parce que, pour nos aînés justement, la tendresse est une précaution et la précaution une tendresse.

    De même, quand il invite à ne pas respecter le confinement, sauf avec des parents très fragiles, il oublie qu’il n’y a pas que soi et les parents au monde quand on est avec eux, car il y a aussi sur son visage, ses mains, ses vêtements, ses cheveux, sa peau, les virus du restant du monde qu’on aura côtoyé, touché, caressé, tripoté, croisé, palpé, trituré avant de visiter ses anciens qu’on risque ainsi de contaminer. Dans le tête-à-tête avec un parent âgé, il y a entre lui et nous ce que l’on aura rapporté du métro, du taxi, des poignées de portes, des boutons d’ascenseur, des touches de digicode, des pièces et des billets récupérés chez les commerçants, des courses rapportées du marché, du journal: la charge virale mortelle pour les plus fragiles, mais pas seulement.

    Idem pour Frédéric Beigbeder qui, dans Les Grandes Gueules (5.V.2020), affirme: «Je ne comprends pas cette soumission des citoyens qui ont obéi de manière aussi docile… En voulant se protéger de la mort, on supprime la vie en ce moment. Cette trouille nous empêche de vivre alors moi je pense que… on l’a fait pendant deux mois, c’était très utile, c’était très bien, (…) mais maintenant ça fait deux mois ça fait plus qu’au Moyen Age les gars, au Moyen Age c’était quarante jours, là on en est à cinquante! Il faut exiger de récupérer toutes nos libertés le plus tôt possible, le prix à payer est trop cher pour cette maladie: je prends un exemple, quand y’a eu des terroristes qui ont descendu tout le monde au Bataclan et qui ont attaqué les terrasses des cafés, qu’est-ce qu’il s’est passé, on a continué à vivre comme avant, on n’a pas arrêté d’aller aux terrasses des cafés. Pourquoi est-ce qu’un virus obtient plus de résultats que des terroristes assassins, y’a un moment il faut prendre conscience de ce qu’on est en train de perdre!»

    Laissons de côté l’usage un peu obscène de la tragédie terroriste du Bataclan effectuée par l’écrivain, car elle n’a pas causé deux millions de morts sur la planète et ne menace pas d’en faire autant si rien n’est fait - comparaison n’est pas raison, ici, c’est même franchement déraison. Frédéric Beigbeder ajoute: «Ne supprimons pas toute notre civilisation pour une pneumonie»! On peut se demander: qu’est-ce que «toute (sic) notre civilisation» pour l’auteur de 99 euros? Il donne sa réponse même s’il glisse de la civilisation à la culture (les philosophes allemands n’aimeraient pas…): «C’est la fin de la culture des bars, des terrasses, des discothèques.»

    Si la civilisation ici confondue à la culture ce sont les bistrots où l’on picole la «vodka haut-de-gamme» écoresponsable qu’il vient de mettre au point et qu’on trouvera, nous dit-on, à La Closerie des Lilas, les terrasses germanopratines où l’on mate les filles et les discothèques où l’on sniffe de la coke, en effet, le confinement est blâmable comme la prison des fascismes rouges ou bruns parce qu’il met en péril nos libertés fondamentales de boire, de draguer, de se camer, autrement dit: de se civiliser et de se cultiver selon la définition qui s’en trouve donnée dans les beaux quartiers de Paris!

    Que périssent en effet les plus fragiles si les plus forts peuvent vivre à leur guise, boire, manger, sortir, danser, flamber leur argent, sniffer de la poudre, en confondant licence, qui est   revendication de faire ce qu’on veut, quand on veut, comme on veut, et liberté, qui est pouvoir de faire ce que la loi issue de la souveraineté populaire a édicté ou n’a pas interdit. La licence est le tropisme de l’enfant roi; la liberté, la conquête du citoyen après que la révolution française eut aboli la théocratie et le pouvoir des seigneurs sur leurs serfs.

    Autre philippique contre le confinement, le court livre de BHL, moins de cent petites pages avec gros caractères qui semblent destinés aux malvoyants: Ce virus qui rend fou. La thèse est simple: ce virus n’est pas le problème, le problème c’est «le virus du virus», autrement dit la réaction inappropriée du monde entier avec ses mesures sanitaires pensées, via Foucault abondamment sollicité, comme une menace pour les libertés fondamentales.

    On a vu que, chez Nicolas Bedos ou Frédéric Beigbeder, ces fameuses libertés fondamentales qui, menacées, autorisent qu’on en appelle à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et, c’est nouveau chez BHL, à La Boétie, sont: la possibilité de s’installer aux terrasses des cafés pour y boire de l’alcool, celle de craquer son argent dans des restaurants, celle de danser et de draguer, sinon de se camer dans des boites de nuit, ajoutons à cela celle de prendre des avions pour voyager partout sur la planète tout en invitant à en prendre soin bien sûr... La trace carbone, c’est tout juste bon pour ces nazis de Gilets Jaunes!

    BHL écrit sous quel signe il réfléchit aux raisons de «cette extraordinaire soumission mondiale». Révolutionnaires de tous les pays, amusez-vous, voici une révélation, c’est Lui qui parle: « j’avais avec moi, toujours précieux, mon (sic) Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie». J’aime que, dans son domicile de Saint-Germain-des-Prés, son Ryad marocain, son appartement new-yorkais, son autre domicile à Tanger, l’ancien nouveau philosophe qui affirme « J’ai trop de maisons et il y a trop d’endroits où il me faut être dans le monde», nous apprenne qu’il ne se déplace jamais sans son La Boétie dans la poche. Lui qui ne côtoie que des puissants, on imagine qu’il se sert souvent de cet auteur que les puis