UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Quelques réflexions sur le terme : extrême-droite, par Jean Mon­ne­ret.

Un terme ou une expres­sion peuvent être uti­li­sés dans leur sens usuel, consa­cré par une longue his­toire et réper­to­rié dans les dic­tion­naires. Ils peuvent aus­si être uti­li­sés de façon arti­fi­cieuse, fourbe, spé­cieuse. On est alors en face d’une opé­ra­tion de dés­in­for­ma­tion. Dans ce cas, un mot ou une expres­sion d’apparence claire cachent, en fait, une réa­li­té floue, obs­cure, équi­voque. Ain­si en va-t-il du terme extrême-droite.

1.jpgC’est sans doute une des expres­sions les plus usi­tées dans la vie poli­tique fran­çaise. Très péjo­ra­tive, elle désigne des gens déplo­rables, indignes de toute consi­dé­ra­tion morale. Ils sont ce qu’il y a de pire dans l’univers poli­ti­co-média­tique : des êtres dan­ge­reux, immo­raux, infré­quen­tables. Ils sont les parias de la Répu­blique, qui s’affirme démo­cra­tique, sans pou­voir se pas­ser de boucs-émis­saires.

​L’utilisation de ce terme agit comme un répul­sif. Gare au poli­ti­cien, à l’écrivain ou au jour­na­liste qui en est affu­blé. Il sera stig­ma­ti­sé. Comme les lépreux du Moyen-Age, il devra évi­ter les contacts. Il n’est pas acci­den­tel que M. Macron ait, un jour, dénon­cé la lèpre du popu­lisme (syno­nyme pour lui d’extrême-droite). Autre méta­pho­reà suc­cès, l’extrême-droite est « nau­séa­bonde ». Elle tient d’ailleurs des pro­pos­con­formes. Bref, elle est à fuir. On par­le­ra même de dres­ser, contre elle, un cor­don sani­taire.

Mais une ques­tion se pose d’emblée : qu’est-ce au juste que l’extrême-droite ? Là, que de com­pli­ca­tions ! Ques­tion­nez votre entou­rage. Pas une défi­ni­tion ne cor­res­pon­dra à une autre. Comme disent les Anglais : sous chaque bon­net une opi­nion dif­fé­rente.

​Faut-il s’en éton­ner ? Non, car, ce que l’on désigne par extrême-droite est une nébu­leuse : elle peut dési­gner des nazillons, des monar­chistes, des cathos tra­dis, des conser­va­teurs, des patriotes, des anti-immi­gra­tion­nistes, des nos­tal­giques du gaul­lisme, des laïques anti-isla­mistes, des éco­los atta­chés au ter­roir. La liste n’est pas exhaus­tive.

​Essayons d’y voir clair. Jadis, droite et gauche cor­res­pon­daient à une posi­tion dans l’hémicycle par­le­men­taire. Ulté­rieu­re­ment, l’habitude s’est enra­ci­née de consi­dé­rer la gauche comme plus sou­cieuse de jus­tice sociale et la droite comme plu­spor­tée au conser­va­tisme. Avec, bien enten­du, tout ce que ce cli­vage a d’irréel et de trom­peur. Ajou­tons qu’au fil du temps, sont appa­rues des gauches et des droites.

​Or, s’il est admis que la gauche fran­çaise est rami­fiée et scin­dée en fac­tions ; elle se féli­cite de sa diver­si­té. Un Jos­pin a ain­si pu se dire « fier » d’avoir des com­mu­nistes dans son gou­ver­ne­ment.

​Plai­gnons ce mal­heu­reux !

​En revanche, la droite offi­cielle dite clas­sique, répu­bli­caine ou modé­rée se veut ramas­sée et homo­gène. Elle a très peur d’être conta­mi­née par « l’extrême-droite ». Elle s’en méfie, s’en tient éloi­gnée et, pour tout dire, ne recule devant aucune mesure pro­phy­lac­tique pour évi­ter la conta­gion.

​La droite s’impose de n’être que légè­re­ment tein­tée de conser­va­tisme. Elle se doit d’être, ô oxy­more, « fer­me­ment cen­triste » ou « modé­rée ». Trop de tra­di­tio­na­lisme ou de fier­té patrio­tique sont mal vus de cette droite-là, car ils mènent à l’étiquette infâ­mante : « extrême-droite ».

​La droite offi­cielle n’est ferme que sur un point : elle est atta­chée aux valeurs répu­bli­caines. Qu’est-ce au juste ? N’essayez pas de savoir : là encore, sous chaque bon­net un avis diverge. Néan­moins, il y a une grande césure : les valeurs répu­bli­caines, c’est le Bien emblé­ma­tique, l’extrême-droite, c’est le mal abso­lu, l’antithèse même de ce qui est res­pec­table. Cette consi­dé­ra­tion, un peu floue, n’empêcha pas M. Gau­din de Mar­seille d’appeler à voter, loca­le­ment, pour un com­mu­niste contre un « extrême-droite ».

 Plai­gnons aus­si ce mal­heu­reux.

​Long­temps, le cri­tère de l’appartenance à « l’extrême-droite » fut l’antisémitisme. Celui-ci a bien recu­lé en France, depuis la seconde guerre mon­diale, jusqu’à une époque très récente où il a resur­gi, por­té cette fois par le dji­ha­disme. Alors, pata­tras ! Il a fal­lu redis­tri­buer les cartes, car, lier anti­sé­mi­tisme et dji­ha­dis­me­ris­quait de stig­ma­ti­ser la com­mu­nau­té musul­mane. Donc, l’on s’est conten­té de lier anti­sé­mi­tisme et anti­sio­nisme. Le pré­sident de la Répu­blique l’a fait offi­ciel­le­ment.

​L’extrême-droite a été, de ce fait, reje­tée dans les pho­bies : homo­pho­bie, isla­mo­pho­bie, xéno­pho­bie, euro­pho­bie. En somme, tou­jours le voca­bu­laire médi­cal. Mais le racisme est dif­fi­cile à défi­nir. Cer­tains le dis­tinguent mal de la simple fier­té natio­nale, et tendent à le dénon­cer dans toute mani­fes­ta­tion d’opposition à la poli­tique (cer­tains diront la non-poli­tique) d’accueil des immi­grés légaux ou illé­gaux. Bref, le cri­tère per­met­tant d’identifier cette déplo­rable extrême-droite est très flou.

​Tou­te­fois, l’accusation de racisme n’est pas tou­jours bran­die à tout va. Sou­vent, les media domi­nants qui sont, certes, mas­si­ve­ment favo­rables à l’immigration, se contentent d’euphémismes ou d’allusions. Vous êtes oppo­sé à l’accueil des étran­gers, alors vous n’êtes pas « ouvert à l’autre ». Vous êtes pour le réta­blis­se­ment des fron­tières, alors vous êtes pour une France « fri­leuse ». Atten­tion aux rhumes ! Cou­rez à votre Acti­fed !

​Mais l’accusation de rele­ver de l’extrême-droite est bien plus infâ­mante que ces petites accu­sa­tions euphé­miques pour­raient le lais­ser croire. Quelles que soient vos convic­tions réelles, seriez-vous un simple éco­lo, un simple laïque, un simple dis­ciple de De Gaulle, un brave fran­çais de base râleur ou une vic­time d’agression n’ayant jamais fait de mal à per­sonne, vous serez immé­dia­te­ment assi­mi­lé à ce que le sigle extrême-droite couvre de plus igno­mi­nieux : le nazisme. Vous serez vu, au moins par ceux qui bran­dissent le sigle à tout va, comme un natio­nal-socia­liste. Et alors, ceci mar­che­ra, le réflexe pav­lo­vien de méfiance s’installera, car, en France, cette mani­pu­la­tion fonc­tionne.

​Quelques décla­ra­tions absurdes, intem­pes­tives, de quelques nazillons eux-mêmes mani­pu­lés, ou de quelques per­son­nages éga­rés ou ineptes, par­achè­ve­ront la manœuvre. Pour reprendre une expres­sion amu­sante : vous serez « adol­phi­sé ».

​Dans les milieux de gauche dits « pro­gres­sistes », le réflexe pav­lo­vien est bien en place. L’extrême-droite a beau être une nébu­leuse touf­fue, trouble, le terme a beau être fumeux, filan­dreux, vaseux à sou­hait, ou pré­ci­sé­ment à cause de cela, il fonc­tionne. L’expression désigne un empi­le­ment de gens n’ayant rien en com­mun, cha­cun, jus­te­ment, croit savoir de quoi l’on parle. On amal­game sans état d’âme. Cette dés­in­for­ma­tion est loin d’être inef­fi­cace. Por­tée par les media confor­mistes domi­nants, elle influence bien des milieux et bien au-delà de la gauche. Sur­tout en période élec­to­rale, ça marche et ça fait mar­cher. Sui­vez mon regard.

​En résu­mé, si vous n’êtes ni com­mu­niste, ni socia­liste, ni répu­bli­cain modé­ré, ni conser­va­teur cen­triste paten­té, pre­nez garde : vous ris­quez la flé­tris­sure. Vous vous retrou­ve­rez lépreux, conta­gieux, nau­séa­bond et de plus mora­le­ment indigne. Car, la morale, il faut s’en per­sua­der est à gauche, et un tout petit peu au centre sans plus. Le reste appar­tient aux démons.

​La dés­in­for­ma­tion est là. A qui pro­fite-t-elle ?

Source : https://www.actionfrancaise.net/

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel