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  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

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    1099 : Les Croisés s'emparent de Jérusalem

    Comme le dit Jean Sévillia :

    "la croisade, c'est une riposte à l'expansion militaire de l'Islam, une réplique à l'implantation des Arabes et des Turcs en des régions dont les villes, berceau du christianisme au temps de saint Paul, ont été le siège des premiers évêchés. Des régions où les fidèles du Christ sont désormais persécutés..."

    lafautearousseau

  • 2 août 1914 : Notes liminaires de Jacques Bainville, en introduction au ”Journal inédit 1914”

    de_schoen.jpgLe vendredi 24 juillet, la France était occupée par le drame le plus saisissant de toutes nos guerres civiles depuis l'affaire Dreyfus : la Cour d'assises jugeait Mme Caillaux (1). Innombrables furent les Français qui lurent distraitement ce jour-là une dépêche, reproduite en caractères ordinaires dans les journaux et qui annonçait que le gouvernement austro-hongrois avait décidé d'envoyer un ultimatum au gouvernement serbe (2)

    Le gouvernement n'était ni moins distrait ni moins ignorant que le public, puisque M. Poincaré et M. Viviani se trouvaient en Russie (3)...

    Pendant les journées qui suivirent, la France, avec une stupéfaction mélangée d'incrédulité, vit le conflit austro-serbe prendre les proportions d'une immense affaire  européenne qui, en faisant jouer toutes les alliances, conduirait directement à la guerre.

    On douta jusqu'au dernier moment. Le 1er août encore, en ordonnant la mobilisation générale, le gouvernement affichait sur les murs : "La mobilisation n'est pas la guerre." Un petit avoué de province, ancien Garde des Sceaux, du nom de Bienvenu-Martin, qui faisait l'intérim des Affaires étrangères en l'absence de Viviani, avait si peu compris la démarche comminatoire de M. de Schoen, ambassadeur d'Allemagne, qu'il remerciait "M. le baron de son aimable visite". Il avait fallu que le spirituel Philippe Berthelot (4), qui assistait le vieillard effaré, lui poussât le coude pour l'avertir de l'erreur, lui faire comprendre que M. de Schoen était aimable comme une patrouille de uhlans. Au Quai d'Orsay, les fonctionnaires, renseignés, s'étonnaient de l'indifférence de la presse, multipliaient les avis que la situation n'avait jamais été aussi grave, qu'elle était désespérée.

    Le jeudi soir, une manifestation socialiste contre la guerre n'éveilla, ni pour ni contre, presqu'aucun écho. Ce fut le vendredi seulement, à la nuit, que l'on commença de comprendre que les choses se gâtaient. 

    Ce jour-là, à 9h45, comme je venais d'être informé que les Allemands avaient fait sauter les ponts et coupé les voies entre Metz et la frontière, je m'étais rendu au Télégraphe de la Bourse. Je sortais du bureau déjà encombré et bruissant, lorsqu'un homme dit rapidement en passant près de moi :
    - Il se passe quelque chose de très grave : Jaurès vient d'être assassiné.
    - Où, et quand , demandai-je à l'inconnu.
    - Au Café du Croissant , il n'y a pas dix minutes.

    Le Café du Croissant, dans la rue du même nom, la rue des journaux, est à cinquante mètres de la Bourse.
    Je m'y rendis en courant.
    C'était vrai : Jaurès dînait avec quelques rédacteurs de l'Humanité, lorsqu'un inconnu, par la fenêtre ouverte, lui avait tiré deux coups de révolver dans la nuque.
    Déjà la rue Montmartre était pleine d'une foule agitée et murmurante que les charges des agents ne parvenaient pas à disperser.
    On eut à cet instant l'illusion qu'un mouvement révolutionnaire commençait.
    La journée avait été chaude, la soirée était étouffante.
    Ce sang répandu, cette guerre civile surgissant après les secousses données aux nerfs de Paris depuis quatre jours, tout faisait redouter le pire...
    Allons-nous voir une Commune avant la guerre ?
    L'ennemi aurait-il cette satisfaction ?...

    L'auteur de cet assassinat - un jeune homme inconnu (5) - était-il un exalté, un fou ou un agent provocateur ? 
    L'enquête a prouvé que c'était un solitaire qui ne se réclamait d'aucun parti ni même d'aucune idée politique précise.
    Tuer Jaurès au moment où la politique de Jaurès s'effondrait, au moment où sa conception internationaliste et pacifiste du socialisme s'abimait dans le néant, au moment où de toute sa pensée, de toute sa carrière d'orateur, la brutalité des faits ne laissait rien, au moment où la responsabilité de l'homme public de ce temps rempli d'erreurs commençait à n'être plus un vain mot, au moment aussi où il importait à l'esprit public que la France conservât tout son calme oubliât ses divisions - tuer Jaurès c'était plus qu'un crime, c'était une faute.
    La suite nous a appris les calculs et les espérances que Berlin avait fondés sur cet assassinat : dès le lendemain, les journaux allemands répandaient à travers l'Empire, en Autriche et jusqu'en Orient, la nouvelle que le drapeau rouge flottait sur Paris et que le président de la République avait été assassiné.
    Mais il était dit que, dans cette guerre, toutes les machinations allemandes devaient avorter misérablement.
    Deux heures après l'assassinat de Jaurès, Paris était redevenu calme, avait remis ce tragique épisode à sa place.
    Chacun, en cherchant le sommeil, évoquait non pas le drame du Café du Croissant, mais les dépêches des chancelleries et des états-majors courant à travers toute l'Europe les fils télégraphiques décidant de la paix ou de la guerre: déjà personne ne doutait plus que ce fut la guerre. Devant la grande tragédie européenne, l'assassinat de Jaurès s'effaçait, ne gardait plus que la valeur d'un fait divers.

    Cependant le gouvernement tenait conseil. Transfuge du socialisme unifié par scepticisme, Viviani s'était mis tout à coup à croire à la révolution, à en avoir peur. Il passa la nuit à rédiger une proclamation au peuple français pour le supplier de rester calme, promettant que l'assassin de Jaurès n'échapperait pas au châtiment. Le président Poincaré, dans le même temps, écrivait une lettre publique à Mme Jaurès, et Maurice Barrès, sollicité au nom de la patrie de collaborer à la cause de l'apaisement, en adressait une autre à la fille de la victime (6).

    Le lendemain matin, la proclamation était affichée sur les murs de Paris, les journaux publiaient les deux lettres destinées à conjurer la révolution. Mais qui donc eût pensé à la Commune ? Jaurès fût mort d'une congestion ou d'un accident de voiture qu'on n'en eût pas parlé davantage. Tous les hommes valides étaient sur le point de répondre à l'ordre de mobilisation, et la seule question était de savoir si, oui ou non, c'était la guerre.

    Une chose paraît étrange quand on se reporte à ces journées suprêmes, c'est la difficulté avec laquelle l'esprit acceptait que c'était la guerre... La guerre ? Tout le monde en parlait. Combien se la représentaient, acceptaient d'y croire ?

    Depuis six jours, j'étais averti qu'au Quai d'Orsay on savait l'Allemagne résolue à la guerre, qu'on s'y étonnait de l'optimisme des journaux. Cependant cet optimisme était entretenu par les hommes du gouvernement. Y avait-il à ce point séparation, divorce entre les services ? L'Intérieur - et la Guerre aussi, peut-être - ignoraient donc ce que faisaient, ce que pensaient les Affaires étrangères ? Du Quai d'Orsay à la place Beauvau et à la rue Saint-Dominique, la distance était-elle si grande ?   

    Cependant, le mercredi 29 juillet, à sept heures du soir, on était venu nous dire que tout s'arrangeait; que l'Allemagne mettait cartes sur table et demandait le moyen de s'entendre; que le secrétaire de M. Briand ne se cachait pas d'en répandre la bonne nouvelle. D'autre part - côté autrichien - on nous avisait que l'Autriche hâtait son entrée en campagne de façon à pouvoir exercer rapidement une action "punitive" à Belgrade et se déclarer contente d'une satisfaction d'amour-propre remportée sur la Serbie. Dans cette contradiction réside la grande énigme de ces journées.  

    Ainsi le public voyait monter l'orage avec un arrière-fonds d'incrédulité. Mais quoi ? Le samedi 1er août dans la matinée, M. de Schoen ne négociait-il pas encore ? Il tentait sans doute de faire pression pour tenter d'obtenir la neutralité de la France. En tout cas, derrière le paravent des pourparlers, il donnait à l'Allemagne le temps de hâter ses préparatifs. A je ne sais quoi de lourd, d'angoissant et de mystérieux qui pesait dans l'air, on sentait l'arrivée de la grande catastrophe.

    A midi, on apprenait à la fois, par les journaux, la proclamation du Kriegsgefahrzustand (état de danger de guerre) en Allemagne et la remise d'un ultimatum allemand à la Russie. En France, des mesures militaires étaient certainement ordonnées déjà, car Paris se vidait étrangement, et, comme s'il eût perdu son sang goutte à goutte, de ses hommes, de ses voitures, de son mouvement. Dans le silence croissant de la ville, on entendait les portes du temple de Janus s'ouvrir lourdement sur l'Europe.   

    Je reverrai toujours le papier blanc officiel qui, vers 4 heures, parut au bureau de poste le plus voisin de ma maison et qui, au même instant, porté par le télégraphe, parcourait toute la France. Le laconisme en était tragique : "Extrême urgence. La mobilisation générale est ordonnée; le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août." Ce télégramme officiel est resté longtemps sur les murs des mairies et des gares. Ceux qui ont vécu ces journées n'ont jamais pu en évoquer les termes dans leur souvenir sans penser : "Voilà les quelques mots si simples et si terribles qui ont décidé de la vie de milliers et de milliers d'hommes, la carte sur laquelle la nation jouait son sort."

    Comme si Paris n'eût attendu que ce signal, on s'aperçut soudain que la solitude s'était faite dans la grand'ville. Les voitures publiques avaient disparu, les boutiques s'étaient fermées. L'accomplissement rapide de la tâche fixée à chacun sur son livret militaire venait de nous donner immédiatement confiance dans l'organisme souple et rapide de la mobilisation. Des femmes, les yeux rouges, mais la tête droite, rentraient seules au logis désert. Une heure plus tard, nous traversions la gare Saint-Lazare pleine d'une foule de réserviste en route pour leurs dépôts. Je ne sais quelle détermination calme se lisait sur tous les visages. Henry Céard nous a cité ce mot d'un ouvrier parisien à qui l'un de ses camarades venait d'apprendre, comme il était en plein travail, que la mobilisation était ordonnée :

    - C'est bon, dit l'autre. On va prendre ses outils.

    Ce fut, ce jour-là, le mot du Paris travailleur, de tout le peuple de nos champs et de nos villes...

    Une des grandes fautes que l'Allemagne avait commises entre tant d'autres, ç'avait été de pousser à bout le peuple français. Depuis neuf ans - depuis le coup de Tanger (7), en 1905 - les provocations avaient été si nombreuses, si insolentes, qu'elles avaient fini par donner aux plus timides, aux plus doux, à cette population française qui ne demandait qu'à vivre tranquille, une ferme résolution de ne plus supporter le retour d'affronts pareils. Cette résolution était presque devenue de l'envie d'en finir. Avec ce mot sur les lèvres : "Il faut en finir", deux millions d'hommes, dans ces journées du mois d'août, allèrent rejoindre leur dépôts.

    Le soir de ce samedi 1er août, dans le grand silence de la ville, fut solennel. Paris, cette nuit-là, eut sa veillée des armes...  

     

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    (1) : Le 16 mars 1914, Henriette Raynouard, épouse du ministre des Finances Joseph Caillaux, avait tué à coup de révolver, dans les bureaux du Figaro, le directeur du journal, Victor Calmette (né en 1858), qui menait une violente campagne de presse contre son mari. Calmette menaçait de publier des lettres qu'elle avait envoyées à Joseph Caillaux alors qu'elle n'était encore que sa maîtresse. A l'issue du procès (20/28 juillet), elle fut acquittée. 

     

    (2) : Après l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand et de son épouse à Sarajevo, le 28 juin 1914, l'Autriche-Hongrie avait exigé de la Serbie d'être associée à l'enquête sur ses responsabilités. Tout en acceptant les termes de l'ultimatum, sur instances franco-russes, le gouvernement de Belgrade refusera ce point. Vienne rompit ses relations diplomatiques. La Russie décida alors une prémobilisation générale.

    (3) : Raymond Poincaré (1860-1934) était président de la République depuis 1913. René Viviani (1863-1925), socialiste indépendant, était président du Conseil et ministre des Affaires étrangères depuis juin 1914  à la suite des élections législatives de mai qui avaient donné une claire majorité à la gauche. Partis de Paris le 15 juillet, ils séjournèrent en Russie du 20 au 23 juillet et ne furent de retour que le 29 juillet.

    (4) : Philippe Berthelot (1866-1934), futur secrétaire général des Affaires étrangères était alors directeur adjoint des affaires politiques.

    (5) : Raoul Villain (1885-1936). Son procès n'eut lieu qu'en mars 1919. Il fut acquitté.

    (6) : Maurice Barrès, Mes Cahiers, Plon, 1963, pages 735-737.

    (7) : "Le coup de Tanger" : Guillaume II, empereur d'Allemagne, avait débarqué à Tanger le 31 mars 1905 pour contester les droits de la France sur le Maroc. Le président du Conseil, Maurice Rouvier, choisit l'apaisement contre son ministre des Affaires étrangères, Théophile Delcassé, qui dut démissionner le 6 juin 1905.

  • Retour de bâton Afghanistan : cet accord « secret » avec les Talibans que les Occidentaux risquent de payer très très ch

    Les talibans ont promis d’être plus tolérants qu’avant, en particulier envers les femmes et leurs opposants, de ne pas servir de refuge aux djihadistes, de préférer la coopération à la subversion. Des promesses qui dureront le temps de leurs intérêts.

    5.jpgAtlantico :  Professeur Yves Roucaute, vous avez été le seul intellectuel au monde invité pour fêter la victoire contre les talibans, à Kaboul, en novembre 2001, et vous aviez noué des relations d’amitié avec Ahmed Chah Massoud dans les combats en Afghanistan, quel regard portez-vous, en philosophe et en spécialiste des questions internationales, sur la situation actuelle ? 

    Yves Roucaute : 20 ans après avoir célébré la victoire contre les talibans, je ne sais si j’aurais un jour l’occasion de retourner de mon vivant à Saricha pour me recueillir et prier sur la tombe de celui qui reste vivant dans mon cœur, le commandant Massoud. En raison de l’accord passé, et en partie secret, entre les équipes de Joe Biden et les talibans, je crains hélas ! que le pire ne soit devant nous. Le pire non seulement pour les Afghans mais aussi pour ceux qui ont cru pouvoir sceller la paix au prix d’un sacrifice de cette partie de la population qui croit aux droits individuels et au pluralisme démocratique et qui va subir les foudres d’un État totalitaire.Ces Daladier et Chamberlain qui pullulent dans les démocraties, et qui se félicitent de pouvoir sauver la paix, comme hier à Munich, sont la honte des démocraties ! 

    Avant d’en venir aux conséquences pour les Afghans et pour nous de cette défaite, j’entends bien certains tenter de justifier leur poltronnerie en évoquant la corruption des gouvernements successif, leur incapacité, leurs divisions, leurs double-jeux, leurs complicités avec les talibans … Cela est vrai. Mais que penser de la façon dont les gouvernements occidentaux ont largement contribué à tout cela, ignorant même la base : la particularité de la vie afghane, ces maillages locaux, ces groupes de solidarité (« qawm ») locaux et régionaux propres aux tribus, clans, réseaux de villes des vallées, groupes religieux... Une ignorance des nécessités d’analyse concrète dans laquelle les États-Unis excellent ici, comme en Irak ou au Liban. Allant jusqu’à légitimer les talibans, jusqu’à négocier avec eux, comme s’ils étaient une composante de la société afghane semblable à toute autre, brisant le ciment idéologique fragile qui tenait les composantes anti-talibanes, poussant aux pactisations et préparant les défections.  

    Les Américains ignoraient même le nationalisme pachtoune parce qu’ils en ignoraient l’histoire pachtoune, la principe ethnie afghane. Ainsi, qu’est-ce que l’empire Durrani des Pachtounes pour les « experts » américains ? Rien. Alors qu’il fut le plus grand empire musulman durant le XVIIIème siècle, allant du Cachemire au nord-est de l’Iran, dominant le Pakistan et une grande partie des pays du Caucase. Alors qu’il est l’une des clefs du nationalisme sur lequel s’appuie les totalitaires talibans, alors qu’il est l’une des clefs des solidarités nouées avec eux par les trois États du Pakistan qui bordent l’Afghanistan et qui élisent, oui élisent, des talibans. Ils ignoraient même l’histoire plus proche, qui est faite d’instabilités dues aux difficultés de trouver de subtils équilibres entre les groupes de solidarité, tribaux, claniques, religieux, locaux… sinon entre la moralité, la démocratie et la culture du pavot…

    Ils ignoraient aussi les différences entre talibans, notamment la puissance des courants les plus extrémistes, qui ont même, pour certains, refusé les accords acceptés par les talibans « modérés ». Ainsi, ont été présents aux médias, les talibans les plus présentables qui ne sont pas nécessairement les plus influents, pour vendre la résignation à l’opinion.

    Quelles sont les conséquences pour les Afghans ? 

    Il n’est pas un seul moment et acte de la vie sur lesquels les talibans n’aient, prétendument au nom du Coran, un avis, avec interdits et obligations. Et je ne vois aucune raison pour qu’ils abandonnent leur vision totalitaire du monde même s’ils ont abandonné la perception djihadiste du mollah Mohammad Omar qui avait accepté Al-Qaida. 

    Ils ont promis qu’il n’y aurait pas d’exactions. Il y en a moins, c’est vrai, que lors de leur précédente prise de pouvoir, mais qui a la naïveté de les croire ? Je me souviens qu’arrivé à Kaboul 26 novembre 2001, je vis les immenses poternes dressées où les talibans pendaient sans discontinuer les infidèles et les opposants, catégories indifférenciées… j’ai survolé les puits empoisonnés par les Talibans pour tuer les habitants du Panchir, les toits des maisons soufflés, les charniers, les survivants des tortures et des viols… 

    Demain, ils iront massacrer ceux qui leur résistent, jusque dans le Pandshir, avec des armes autrement plus redoutables que celles qu’ils possédaient en 2001. Déjà, tous ceux qui ont eu des relations avec la coalition sont aujourd’hui répertoriés. Enfants inclus. Doit-on supposer que c’est pour une distribution de jouets ? Dans les zones occupées, ils présentent deux visages. D’une part, comme dans l’Ouest, un visage modéré, laissant partir certains hauts fonctionnaires. D’autre part, dans les régions du Sud-Ouest et de l’Est, où ils sont traditionnellement plus influents, coups de fouets mutilants, membres coupés, pendaisons, lapidations sont de retour. 

    Chacun songe à la situation des femmes dont quelques-unes ont, avec un courage inouï, manifesté ce 16 août à Kaboul pour réclamer leur droit d’étudier, de travailler, de voter, d’être élues. Lors des conférences de Moscou (mars 2021) et de Doha de juillet, selon le porte-parole des talibans, Suhail Shareen, les femmes auraient « seulement » l’obligation de porter un hijab (voile) pour couvrir, corps, tête et épaules « impudiques ». Obligation, sous peine de flagellation publique et de mise sous tutelle. Faut-il le croire ? Oui, le hijab est obligatoire mais déjà la burqa est « conseillée » dans toutes les régions occupées par les talibans et elle est évidemment portée, les sanctions tombent ne sont pas loin. Le même porte-parole a indiqué que les talibans n’interdiraient plus aux jeunes filles d’aller à l’école. Faut-il le croire ? Je me souviens lors de la libération de Kaboul de cette école de jeunes filles, par ailleurs financée par la France, puante et remplie de produits chimiques, transformée en dortoir pour talibans. Aujourd’hui, déjà, il est conseillé aux femmes de rester chez elles, de sortir avec l’agrément d’un parrain (mahram) et de préparer leurs filles à une vie de future mère, soumise à son mari. Ce qui sera enseigné dans les écoles autorisées à ouvrir à celles qui seront autorisées à y aller ? Ce que les talibans décideront. Pour faire risette aux Tartuffe d’Occident, une filière universitaire en éducation morale sera-t-elle créée ?

     

    Que sait-on de l’accord entre talibans et occidentaux ? Dans quelle mesure a-t-il eu un impact décisif sur la prise de Kaboul et le départ des occidentaux via l’aéroport de la ville ?

    Pour aller vite, disons que d’un côté, les talibans ont promis d’être plus tolérants qu’avant, en particulier envers les femmes et leurs opposants, de ne pas servir de refuge aux djihadistes, de préférer la coopération à la subversion et de laisser partir les ressortissants étrangers et ceux qui travaillaient pour eux. En contrepartie, ils exigent coopération économique, reconnaissance internationale et armements.

    Les armements sont la clef. Ils sont aussi la marque du cynisme répugnant accepté par l’administration de Joe Biden. Ce qui fut au centre des accords cachés, c’est en particulier la fourniture des avions sophistiqués donnés au gouvernement précédent par les Américains.  

    Car l’administration Biden sait que ces avions vont permettre d’exterminer l’opposition militaire, en particulier celle des Hazara et des Tadjiks restés fidèles à l’esprit de Massoud et conduits notamment par son fils, le courageux Ahmad Massoud. 

    Comment résister à une telle puissance de traque et de feu ? Ahmed Massoud, son père, n’avait en face de lui que des armements archaïques qui n’avaient rien à voir avec ceux-ci. Son fils appelle à l’aide. Il la faut. Mais le défi est phénoménal. Et il le sait. 

    On a vendu nos amis pour un plat de lentilles car avec une présence militaire plus intense, qui peut sérieusement penser que l’on ne serait pas venu à bout de 60 000 talibans ? Ou, si l’on voulait seulement fuir, que l’on n’aurait pu organiser cette fuite avec une intervention militaire tranchante comme la liberté ? 

    Paradoxalement, je sais qu’il a actuellement mauvaise presse, mais la vérité consiste aussi à dire que la France fut, de toutes les démocraties, celle qui a le moins à se reprocher.  Ce qui ne signifie pas qu’elle soit au-dessus de tout reproche. Emmanuel Macron a eu le courage d’envoyer deux avions militaires pour sauver, dans cette débâcle, non seulement des Français mais aussi ces fidèles Afghans qui ont si bien servi la France. Oui, la France fut le seul pays démocratique à le faire avec les États-Unis. Il a évité la honte de la guerre d’Algérie, où furent livrés à la haine et à la mort les harkis, à l’exception de 45 000 d’entre eux. 

    Qu’en Europe, nul autre ne l’ait suivi, est symptomatique de la débandade idéologique de l’occident. Le pompon revenant au Canada, donneur de leçons toutes catégories, qui n’a pas même envoyé un seul avion mais, qui a généreusement proposé un millier de visas aux Afghans, sous condition : qu’ils soient d’abord réservés au LGBT, en insistant sur les transgenres. On imagine le tollé si un gouvernement avait exigé la priorité pour les hétérosexuels ! Je me suis toujours battu pour le droit des homosexuels mais au nom d’un droit égal pour tous, de la non-discrimination, de l’universalisme des valeurs, de tout ce qui faisait la puissance de séduction des démocraties et qui est jeté à l’eau. 

    Ce que je trouve d’ailleurs insensé, c’est le refus de la proposition russe d’envoyer des dizaines d’avions, de construire un pont aérien pour sauver ceux qui veulent fuir ce totalitarisme. Et cela alors que les talibans, peut-être intéressé au départ de leurs opposants, étaient d’accord ! Pour ma part, que m’importe la couleur du chat pourvu qu’il sauve des vies et préserve la liberté contre les rats. 


    L’alliance entre Joe Biden et Kamala Harris, sa vice-présidente, peut-il permettre d’expliquer en partie la position tenue par le président des Etats-Unis ?

    Oui, bien entendu, c’est la clef de la politique internationale américaine. Kamala Harris, comme nos écologistes et l’extrême-gauche est l’héritière du courant wilsonien pacifiste. Elle se dit féministe et parle des minorités opprimées, idées qu’elle a trouvé au supermarché de la démagogie américaine, mais elle préfère voir les femmes dans les fers, les minorités tadjik, ouzbeks, harrara…exterminées et plutôt que de soutenir une intervention militaire pour les protéger. C’est une moraliste en peau de lapin (rire). Joe Biden, en hériter du courant hamiltonien, en homme typique du Delaware, ne voit pas plus loin que le business américain et la balance commerciale. L’Afghanistan coûte plus qu’il ne rapporte, et son alliance avec Harris risquerait d’avoir du plomb dans l’aile, donc sacrifice humain. 

    Qu’il n’ait pas même eu un regret, un mot pour dire la souffrance de ceux qui croient aux valeurs universelles de liberté en Afghanistan en dit long sur sa moralité.

     

    A long terme, cet accord trouvé entre les talibans et les Occidentaux risque-t-il de se retourner contre ces derniers ? 

    Oui, où se torve la bulle promise ? J’aime beaucoup les Tartuffe qui essayent de se persuader du contraire.

    La victoire des talibans est un formidable soutien et un accélérateur de recrutement pour les groupes djihadistes dans le monde qui commençaient à péricliter après la défaite de l’État islamique, les divisons internes, les coups des démocraties. 

    Ensuite c’est un appui à la déstabilisation des États de la région. Trop loin de Washington peut-être et des campus occidentaux ? Certes, al Qaida et les talibans sont fâchés, mais le Pakistan, première puissance de la région, 210 millions d’habitants, déjà largement gangréné par l’islamisme radical, est fragilisé. A présent, le gouvernement d’Islamabad est menacé sur son propre territoire à partir de ses propres provinces de l’Est qui fêtent la victoire. Et le gouvernement indien a peur évidemment de ce que signifie cette déstabilisation rampante à ses portes.

    Le Tadjikistan qui sait que les Tadjiks d’Afghanistan vont être attaqués, s’arme pour protéger ses frontières. L’Ouzbékistan a peur lui aussi, comme ces 200 000 habitants de Termez qui vivent à la frontière, et il s’arme. En vérité, tout le Caucase est en effervescence. La lucidité.

    La Chine croit avoir un accord de non-agression ? Certes, elle l’a. Il durera le temps des intérêts talibans. Qui peut croire que l’Afghanistan refusera d’être un asile pour certains groupes djihadistes chinois alors qu’ils ont des connexions avec eux ? Les investissements chinois suffiront-ils ? Pas certain. Il en va de même pour la Russie qui paraît néanmoins ne croire qu’à demi aux promesses talibanes. 

    Quant aux démocraties occidentales, il n’existe pas de bulle protectrice dans un tel environnement. 

    Source : https://atlantico.fr/

  • Éphéméride du 29 septembre

    29 septembre,françois premier,chambord,leonard de vinci,salamandre,renaissance,charles quintIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-choseou bien pour lesquels les rares évènements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'évocations :  

     1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

     2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

     3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

     4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

     5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

     6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France (11 avril)

     7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

     8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

     9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)

     10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

     11. Le Mont Saint Michel (11 août)

     12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord (29 septembre)

     13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

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    Aujourd'hui : Quand François Premier a lancé le chantier de Chambord 

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    Septembre 1519 :
    François Premier ordonne la construction du Château de Chambord.
     Le roi donne commission à François de Pontbriand, son chambellan, d' "ordonner toutes les dépenses qu'il y aurait à faire pour la construction du château..."
     
     
     
     
    I : Le Château 
     
     
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    "Allons chez moi !..." aimait à répéter le Roi, qui fut, pour Monique Chastenet, "l'un des plus enragés bâtisseurs de toute l'histoire de France."

    Auteur d'un remarquable Chambord (Éditions du Patrimoine) Monique Chastenet pense, d'ailleurs qu "il est probable que, parmi les nombreux projets qui nourrirent la réflexion du Roi, ceux de Vinci eurent une importance primordiale".... mais que le Roi, "passionné d'architecture... maniait lui même le crayon, et son bon plaisir, sans cesse changeant avait force de loi. Plus que tout autre, François Premier est l'auteur de Chambord...".

    Édifié au milieu de nulle part, dans un style qui marie influences les plus diverses et harmonie, Chambord semble un mirage. "On se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire", écrit Alfred de Vigny, que ce rêve de pierres et de tourelles captivait. Tout en exaltation et démesure, cette demeure qu'imagina un François Premier entouré des plus grands génies de la Renaissance, n'a cessé de fasciner. On a souvent dit, à juste titre, que dans le domaine du grandiose Chambord annonçait déjà, et préfigurait, le Versailles du Roi Soleil.

    Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, devant ce château encore imparfait et inachevé évoquait déjà le "ravissement de l'esprit". Car Chambord n'est pas un château de plus. C'est un manifeste royal autant qu'une vision du monde.

    En un mot : un chef-d'oeuvre...

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    ...dans le domaine du grandiose Chambord annonce déjà, et préfigure, le Versailles du Roi Soleil...

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    Les principaux maîtres maçons engagés pour la réalisation de cette demeure furent Jacques Sourdeau, un des bâtisseurs de Blois, et Pierre Trinqueau. Plus de 1.800 ouvriers y ont été employés. Le château sera terminé par Charles IX et Henri III. 

    Merveille de la Renaissance, le château de Chambord compte 440 pièces, 365 cheminées, 14 escaliers principaux, dont le célèbre escalier à double révolution surmonté de la grande lanterne, et 70 secondaires. L'ensemble mesure 156 mètres sur 120 mètres.

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    François Premier y recevra son grand adversaire de toujours, Charles Quint, le 18 décembre 1539. Émerveillé, celui-ci aura ce mot célèbre :

    "Chambord est un abrégé de ce que peut effectuer l'industrie humaine".

    Louis XIV y assistera à la Première du Bourgeois Gentilhomme, de Molière (musique de Lully) en octobre 1670. 

    Le château appartiendra ensuite au Maréchal de Saxe (à qui Louis XV l'offrit, comme récompense pour la victoire de Fontenoy) puis sera offert par souscription nationale au duc de Bordeaux, petit-fils de Charles X et dernier représentant de la branche aînée des Bourbons (qui deviendra du coup le Comte de Chambord).

    L'UNESCO l'a classé en 1981 au Patrimoine mondial de l'humanité.

     

              http://www.chambord.org/Chambord-fr-idm-80-n-Au_chateau.html

     

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     C'est le 30 mai 1952 qu'eut lieu, à Chambord, le premier spectacle Son et Lumière de France... Vincent Auriol, président de la République, viendra y assister, le 5 juillet suivant.

    Cinq ans plus tard, en 1957, on associera, au château du Lude, des personnages en superposition au spectacle Son et lumière proprement dit. 

     

     

     

    II : Le Parc 

     

    Autre merveille du lieu, autre facette du songe du Roi François, et inséparable de lui : le Parc !

    Le Parc de Chambord couvre 5.440 hectares (le plus grand domaine forestier clos d'Europe !...). Il est ceinturé d'un mur de 32 Km (le plus long mur de France !...), qui clôture quelques 5.440 hectares de superficie (c’est-à-dire la superficie de la ville de Paris intra-muros) et qui est ouvert par 6 portes (il y en avait trois à l'origine)...

     

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    Commencé en 1542 - sous le règne de François 1er - par François de Pontbriand (voir l'Éphéméride du 11 septembre), le mur fut terminé en 1645 : des factures de 1556 attestent qu’Henri II, le fils de François premier, donna l’ordre aux riverains de continuer les travaux en son absence. Ce mur de 2,50 m de hauteur moyenne repose sur des fondations de 70 cm de profondeur. Il est constitué de petites pierres sèches de calcaire de Beauce.

    Dès 1542, François 1er créa des capitaineries royales chargées d’assurer "très estroittement la garde et conservaction des boys et buissons, bestes rousses et noires d’icellui parc, pour nostre plaisir et passe temps ou faict de la chasse".

     

    http://www.chambord.org/wp-content/uploads/2013/04/dossierenseignantchambord.pdf

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    Classé réserve nationale de chasse en 1947, le domaine est peuplé de nombreux représentants de la faune de Sologne. Le cerf, figure emblématique de la réserve, est présent en grand nombre (environ 700 adultes). L'installation de miradors permet au public  l'observation de cette faune :

    http://www.chambord.org/decouvrir-chambord/le-milieu-naturel/

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    III : En 2015, 500 ans après son introduction par François premier, le cépage royal "Romorantin" revient à Chambord...
     
     
    "Nous recréons la vigne de François 1er et nous élaborerons le vin de Chambord"

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    Le cépage Romorantin, le plus vieux cépage au monde ? 
     

    Le cépage Romorantin, François 1er l’avait fait planter à partir de ceps bourguignons. Le directeur du Domaine de Chambord (en 2015, Jean d’Haussonville), a décidé de replanter ce cépage à l’intérieur du domaine - sur 8 hectares, autour de la ferme de l’Ormetrou, proche du mur d’enceinte, et sur le haut d’un versant - et de vendre dès 2019 un prestigieux vin blanc “Château de Chambord“...

    Ce retour est bien la sauvegarde d’un patrimoine historique, la sauvegarde du cépage Romorantin, unique survivant de vignes authentiques non greffées, et qui n’est pas un cépage ordinaire puisque, pour une raison qui échappe aux spécialistes, il a traversé les siècles sans être tué par le redoutable Phylloxéra qui décima les vignes françaises en 1870.

    Cépage de vin blanc, le Romorantin est toujours présent en Sologne où il est le cépage unique de l’appellation Cour-Cherverny, mais les vignes que replante le domaine de Chambord sont des vignes historiques retrouvées dans une parcelle bicentenaire d’un viticulteur de Soings-en-Sologne, Henry Marionnet (ci dessous), qui explique :

    "Ces vignes ont été plantées il y a 200 ans, à partir des sarments prélevés sur une des vignes plantées à la demande de François 1er; en quelques sortes, ces vignes sont les petites filles de celles de François 1er. Elles ont dans leurs gènes cette faculté de résister au Phylloxera, maladie de la vigne qui sévit toujours. Ce sont ces vignes qui produisent sur mon domaine de la Charmoise notre cuvée Provignage, sans ajout de soufre, le même vin que François 1e

  • Éphéméride du 30 Juillet

    Arles, de nos jours

     

    1178 : Frédéric 1er Barberousse est couronné en Arles Empereur du Saint Empire Romain Germanique   

     

    La cérémonie est présidée par l'archevêque d'Arles, Raimon de Bollène.

    À cette époque, la Provence ne faisait pas encore partie du Royaume de France, mais était une province du Saint Empire, lequel avait le Rhône pour frontière. Et la ville d'Arles jouissait d'un prestige certain : favorisée par Jules César, puis par Constantin le Grand, elle accueillit plusieurs conciles, dont celui qui, en présence de l'Empereur Constantin lui-même, condamna le Donatisme.

    À partir de la chute de l'Empire romain, l'histoire de la région fut marquée par les diverses invasions (wisigoths, ostrogoths, sarrasins...), puis l'intégration à l'Empire de Charlemagne et, à la dislocation de celui-ci, une certaine indépendance, plus ou moins maintenue, jusqu'à l'absorption, en 1032, dans le Saint Empire. 

    En 1365, le 4 juin, un autre empereur germanique, Charles IV, se fera couronner comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, roi d'Arles, à la cathédrale Saint-Trophime.

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeEn ce temps-là, les bateliers qui descendaient le Rhône ne disaient pas "à droite/à gauche", ni "babord/tribord" mais, s'ils voulaient aller à droite, "Reiaume" (parce qu'il fallait aller du côté du Royaume de France); ou, s'ils voulaient aller à gauche, "Empèri" (parce qu'il fallait aller du côté du Saint Empire : on trouve là l'origine du nom du Château de l'Empèri, à Salon (ci contre).

    Malgré un premier rapprochement, esquissé par le mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence, il faudra attendre plusieurs siècles pour que la France atteigne sa "frontière naturelle" du côté des Alpes. La première réunion fut celle du Dauphiné, en 1349, réunion à partir de laquelle l'héritier du royaume devait porter le titre de "Dauphin".

    Il faudra attendre Louis XI, en 1481, pour que la Provence devienne française à son tour.

    Enfin, il faudra attendre Napoléon III et les plébiscites de 1860 pour que Nice - détachée de la Provence en 1388 - et la Savoie (le Val d'Aoste ayant été malencontreusement "oublié" par les négociateurs français) intègrent à leur tour la communauté nationale. 

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    1589 : Les deux Henri III, de France et de Navarre, mettent le siège devant Paris

     

    Nous sommes à la huitième et dernière des Guerres de religion qui, de 1562 à 1598, ont déchiré la France.

    Les deux rois - tous deux "Henri III" - ont réuni une armée de plus de 30.000 hommes. Le duc d'Épernon les rejoint avec un renfort de 15.000 hommes principalement composés de Suisses. Paris est alors défendue par 45.000 hommes de la milice bourgeoise, armée par le roi d'Espagne Philippe II.

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeParis est alors en proie à une véritable hystérie "religieuse", et La Sorbonne vient de relever tous les Français - et pas seulement les Parisiens... - de leur devoir de fidélité au roi légitime, sacré à Reims, Henri III de Valois (ci contre). Le roi d'Espagne, Philippe II, se fait un plaisir d'intervenir dans nos affaires et soutient la Ligue catholique, opposée à Henri III de France, catholique mais allié à Henri III de Navarre, réformé, qu'il a reconnu comme son successeur, puisqu'il n'a pas d'enfant.

    À 261 ans de distance, l'histoire, en effet, se répète : en 1328 mourait - sans enfant - le troisième et dernier héritier de Philippe le Bel, Charles IV le Bel. Avec lui s'éteignait la lignée des Capétiens directs (voir nos Éphémérides des 1er février et 2 février) et il fallut trouver un remplaçant : ce fut Philippe VI de Valois qui fut choisi, ce qui fut l'un des prétextes de la Guerre de Cent ans.

    En 1589, il se passa exactement la même chose qu'en 1328 :

    en 1328, après un règne brillant (Philippe le Bel) les trois fils du roi régnèrent successivement, mais aucun n'eut d'héritier mâle (seul Louis X eut un fils, qui mourut à l'âge d'un an);

    en 1589, après le règne brillant d'Henri II, fils de François premier, ses trois enfants régnèrent eux aussi, l'un après l'autre, mais sans avoir d'héritiers mâles non plus : François II, Charles IX et Henri III.

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeLa logique dynastique, déjà suivie en 1328, voulait que l'on choisît le plus proche cousin d'Henri III de France - fût-il très lointain... - c'est-à-dire Henri III de Navarre. Mais Henri III de Navarre était réformé, et donc rejeté par la grande majorité des Français, partout en France et surtout à Paris, la ville-capitale, totalement acquise à la Ligue catholique. On fit même sacrer, sous le nom de Charles X, un autre Bourbon, qui était cardinal, mais qui mourut sur ces entrefaites...

    C'est le grand mérite d'Henri III - dont Bainville a bien souligné le dévouement - que d'avoir eu une vision politique des choses : "...la France avait failli se dissoudre et tomber aux mains de l'étranger. Henri III avait tout sauvé en exposant sa vie pour le respect du principe héréditaire, fondement de la monarchie et de l'indépendance nationale..."

    En effet, le siège de Paris ne sera pas long pour Henri III, dernier représentant de la dynastie des Valois : arrivé le 30 juillet, il sera frappé par le poignard de Jacques Clément deux jours après, le 1er août, et décédera dans la nuit du 2 au 3...

    Henri III de Navarre, du coup, devient Henri IV, premier "Roi de France et de Navarre", cette province n'ayant plus, désormais, de roi particulier, son souverain étant désormais confondu avec le roi de France...

    Il réussira à ramener la paix dans un royaume qui se déchirait atrocement depuis près de quarante ans : il mourra pourtant, lui aussi (le 14 mai 1610) assassiné par le poignard d'un fanatique, après un règne bienfaisant et réparateur d'un peu plus de vingt années.

     

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeLes deux "Henri III" sont les deux seuls rois de France assassinés, exception faite, bien sûr de Louis XVI et Louis XVII, ainsi que de la reine Marie-Antoinette, dont l'essence même de l'assassinat était radicalement différente :

    • en tuant Henri III, puis Henri IV les forcenés fanatiques ne voulaient pas détruire la religion chrétienne, ils pensaient au contraire - à tort, évidemment... - en préserver la pureté;

    • et ils ne remettaient pas en cause le principe monarchique, ils pensaient au contraire le confier à un roi, selon eux, plus digne.

    Les terroristes révolutionnaires de 89/93, eux, avec l'assassinat du roi sacré - continué par le martyre de l'enfant-roi - jetèrent à la tête de la France et du monde le défi que représentait "l'acte le plus terriblement religieux de notre Histoire" (selon le mot si juste de Prosper de Barante); ils voulaient éradiquer - du point de vue spirituel - la religion traditionnelle de la France, chrétienne depuis Clovis (c'est-à-dire depuis avant même que "la France" ne fût "la France"; et ils voulaient éradiquer  - du point de vue temporel - la royauté traditionnelle, pour remplacer l'une et l'autre par leur nouvelle religion républicaine, abstraction idéologique dont l'Histoire a amplement montré la nocivité mortifère...

     

     Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides :

    pour les rois morts à l'étranger, voir l'Éphéméride du 8 avril;

    pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'Éphéméride du 11 février;

    pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'Éphéméride du 21 mars;

    pour les rois assassinés, voir l'Éphéméride du 30 juillet...

     

     

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    1867 : la Coupo santo      

     

    Voici un sujet qui, s'il concerne bien sûr, au premier chef, les Provençaux, revêt une importance symbolique et politique pour l'ensemble des cultures françaises, et européennes.

    En effet, il montre bien que, si l'amour de la "petite patrie" est le meilleur moyen d'aimer "la grande", le nationalisme bien compris n'est nullement un repli sur soi mais, bien au contraire, une ouverture aux autres. On le voit ici, à travers l'amitié et la solidarité trans-frontalières entre Catalans et Provençaux : il s'agit, en l'occurrence, de solidarité historique, culturelle et linguistique, mais ces solidarités peuvent s'étendre à tous les autres domaines...

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      Les abstractions ne font rêver personne : c'est parce qu'il est enraciné dans une culture particulière - la provençale - que Mistral est universel, et qu'il chante, à travers la provençale, toutes les cultures soeurs et solidaires de l'Europe...      

     

    Lorsque Mistral compose l'Ôde à la Race latine (qu'il récite pour la première fois, en public, à Montpellier, voir l'Éphéméride du 25 mai), il est bien évident qu'il ne le fait pas dans un esprit d'exclusion des autres cultures qui composent l'Europe, mais qu'au contraire, en en exaltant une, il les exalte toutes, et les appelle toutes à se fédérer autour de leurs héritages communs, spirituels, religieux, historiques etc... : à travers l'Idéal que Mistral fixe À la Race latine, c'est toute l'Europe, chrétienne et gréco-latine qui, malgré ses déchirements, est appelée à rester greffée sur ses fondamentaux civilisationnels, qui sont les mêmes pour tous les Européens...

    Voici donc, rapidement rappelées, l'histoire - et le sens - de la Coupo santo...

    L'amitié de coeur et d'esprit entre les Catalans et les Provençaux est une constante chez ces deux peuples frères, qui sont deux des sept branches de la même raço latino.

    En 1867 en Catalogne un puissant mouvement fédéraliste se dresse contre l'État espagnol : il est conduit par Victor Balaguer, Jacinto Verdaguer et Milos y Fontals. Pendant quelques temps ces derniers sont déclarés indésirables en Espagne et la reine Isabelle II les exile. Jean Brunet, lié à certains des exilés catalans, leur offre l'hospitalité, avec les Félibres provençaux. Les Catalans passent quelques mois en terre provençale puis regagnent leur pays.

    Le 30 juillet 1867, les Catalans sont invités par les Félibres : un grand banquet se déroule à Font-Ségugne. C’est à ce moment là que les catalans, en remerciement de l'accueil fait par les félibres lors de leur exil, leur offrent la coupe en argent.

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    La Coupo, offerte par les Catalans 

    Dans notre Album Maîtres et témoins...(I) : Frédéric Mistral. voir la photo "La Coupo (I)" et la suivante

     

    Il s'agit d'une conque de forme antique, supportée par un palmier :

    debout contre le tronc du palmier deux figurines se regardent : ce sont les deux sœurs, la Catalogne et la Provence;

    la Provence a posé son bras droit autour du cou de la Catalogne, pour lui marquer son amitié; la Catalogne a mis sa main droite sur son cœur, comme pour remercier;

    aux pieds de chacune des deux  figurines, vêtues d'une toge latine  et le sein nu, se trouve un écusson avec les armoiries de sa province;

    autour de la conque  et  au dehors, écrit sur une bande tressée avec du laurier, on lit l'inscription suivante :

    "Souvenir offert par les patriotes catalans aux félibres provençaux pour l'hospitalité donnée au poète catalan Victor Balaguer. 1867"

    Sur le piédestal sont finement gravées les inscriptions suivantes :

    "Elle est morte, disent-ils, mais je crois qu'elle est vivante" (Balaguer) - "Ah ! s'ils savaient m'entendre ! Ah ! s'ils voulaient me suivre !" (F.Mistral)

     

    Cette coupe a été ciselée par le sculpteur Fulconis d'Avignon, lequel refusa d'être payé pour son travail, lorsqu'il apprit la destination et le sens de cette Coupo, beau symbole de l'amitié entre deux peuples, auquel il a ainsi grandement contribué.....

  • Solidarité Kosovo ! Retour sur le Convoi de Noël 2024...

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

    CONVOI DE NOËL 2024 : CHALEUR ET AMITIÉ FRANCO-SERBE

    Chaque convoi apporte son lot de joie, d’émotion et aussi d’indignation pour les volontaires qui découvrent la situation des Serbes du Kosovo en partageant un peu de leur quotidien.

    J’accroche sur mon réfrigérateur un dessin offert par une enfant de Donja Brudika. Derrière une maison à la cheminée fumante, un sapin de Noël tout illuminé égaye ce qui semble être un rude hiver compte tenu de l’épaisse couche de neige sur le toit. Cela fait près de cinq ans que je participe chaque hiver au convoi de Noël de Solidarité Kosovo et le retour est toujours aussi difficile. Je sais que durant plusieurs jours je vais assommer mes proches de phrases qui commencent invariablement par « vous savez, au Kosovo… » et qui donnent un détail historique, gastronomique, une anecdote amusante ou émouvante. Bien souvent, je relativise les petits inconforts du quotidien quand je compare mes soucis avec les conditions de vie des Serbes des enclaves. La vague de froid a fait chuter le mercure et refroidi mon appartement ? Ce n’est rien à côté de ces maisons mal ou pas isolées où la seule source de chaleur est un poêle à bois dans la pièce à vivre.
    Si ma famille écoute avec indulgence les récits de ce convoi, il est grand temps de partager ce récit avec les donateurs et les soutiens de Solidarité Kosovo dont la mobilisation a permis une année de plus de répandre la joie dans les enclaves serbes.

    Nous sommes le 26 décembre, la volontaire la plus matinale s’est levée à trois heures du matin pour prendre l’avion jusqu’à Belgrade où toute l’équipe a rejoint Mladen qui nous attend avec le minibus pour entreprendre la longue route vers le Kosovo. L’immense plaine qui entoure Belgrade se transforme peu à peu au fil des kilomètres pour devenir une chaîne de montagnes qu’il faut traverser en suivant le cours de la rivière Ibar. Il fait nuit depuis longtemps quand nous arrivons au poste administratif, comme une plaie béante qui rappelle qu’une partie de la communauté internationale veut arracher le Kosovo à la Serbie.

    Le passage se fait sans encombres mais quelques nouveautés sur la route laissent entrevoir les stigmates des tensions autour du monastère de Banjska. Les forces spéciales kosovares en ont bloqué les accès avec des postes de garde suréquipés. Le trajet nocturne permet aux nouvelles recrues de faire la différence entre les villages serbes où les maisons s’étalent des deux côtés de la route et les villes albanaises construites le long des voies de communication dans une débauche d’enseignes lumineuses, de magasins luxueux et de stations essence. Après ce long périple, nous sommes heureux d’arriver à l’auberge à Gracanica où nous profitons d’une bonne nuit de sommeil avant d’entamer les distributions.

    Retrouvailles avec nos amis serbes

    Les retrouvailles – chaleureuses – entre les volontaires français et les volontaires serbes se font aux aurores devant l’entrepôt du bureau humanitaire au monastère de Gracanica. Les nouveaux connaîtront bien vite l’humour de Milovan, la joie de vivre du père Serdjan, la gentillesse de Slavko et le rire de Marko.
    Cette année, les enfants recevront un grand paquet plein de surprises, de jouets et de fournitures scolaires. Comme ils ont déjà été préparés par les équipes de Solidarité Kosovo, nous n’aurons pas besoin cette année de reconstituer des paires de chaussures, d’atteindre avec difficulté des cartons aussi grands que moi pour récupérer les derniers vêtements… cela libèrera du temps que nous pourrons passer dans les écoles et auprès des familles que nous visiterons. Une fois les camions chargés, nous prenons la route de Kamenica, l’ancienne paroisse du père Serdjan, où les élèves de l’école de Korminjane nous attendent de pied ferme. Alors que nous descendons les quelques marches qui mènent à la cours, les enfants sortent de l’école avec de grands sourires. Milovan leur donne les directives et ils se mettent en rang d’oignon pour recevoir leurs cadeaux, puis ils s’installent sur les marches de l’entrée pour les déballer avant de poser pour la photo.
    Plus tard, nous allons à la crèche du village où, par un grand soleil, de jeunes enfants ont revêtus leurs plus beaux habits de Noël. Pulls de saison et bois de rennes en peluche sur la tête, ils seront pris en photo avant de partir pour les vacances. Nous voyons la première moitié des enfants et nous revenons l’après-midi pour distribuer leurs cadeaux au deuxième groupe. Pour les cinq absents pour cause de varicelle, les responsables de la crèche choisissent quelques jouets qui leur seront offerts une fois qu’ils iront mieux.
    Entre-temps nous avons livré un poêle à bois à la famille Pesic. En arrivant au pied de la maison, nous avons vu flotter un drapeau noir en haut du porche et le portrait funéraire du père de famille nous a accueillis tandis que sa veuve et sa fille nous ont offert un verre de rakija, l’eau de vie locale que chaque famille distille. Elles ont tenu à remercier les donateurs de Solidarité Kosovo grâce auxquels elles peuvent remplacer leur vieil appareil défectueux.

    Le témoignage de François-Marie

    J’étais enchanté de participer à un nouveau convoi de Noël avec Solidarité Kosovo. Si ce n’est que la deuxième fois que je passe une fin d’année aux côtés des Serbes du Kosovo, j’ai l’habitude de l’aide aux populations chrétiennes avec des associations françaises, notamment au Liban et en Arménie. Une nouvelle fois, je suis impressionné par la qualité de l’organisation du convoi. Rien n’est laissé au hasard par les volontaires chevronnés, Serbes du Kosovo eux-mêmes pour la plupart. Dès le premier jour de donation, après avoir distribué des fournitures scolaires dans des écoles de Korminjane, l’équipe de Volontaires, guidée par le père Serdjan, prêtre orthodoxe de Gracanica habitué des convois, se rend dans une très modeste maison dans le village de Kamenica. Le temps est magnifique en ce début d’hiver, les paysages agréables, des collines arborées entoure de très sobres demeures. Nous sommes accueillis par une vieille dame devant une de ces dernières. Les murs de l’habitation sont en parpaings enduits d’une fine couche de mortier et peints. L’isolation est très sommaire comme dans toutes les maisons serbes que j’ai vues au Kosovo. Nous sommes venus afin d’offrir un poêle à bois neuf à cette dame seule. Grâce à celui-ci, la dame pourra se chauffer et cuisiner.

    Je pense encore à cette dame. Isolée, avec quelques voisins, elle fait partie des derniers Serbes de ces collines, des derniers Serbes du Kosovo aussi. Elle ne se plaint pas mais, à la détresse de son peuple, à sa pauvreté visible, la vétusté de sa demeure a ajouté un récent drame : son fils est mort en 2023, électrocuté ici par la mauvaise installation de courant de sa maison. Peut-être cherchait-il à améliorer le confort de sa mère en bricolant.


    Avant de rentrer à Gracanica, le père Serdjan nous fait les honneurs de son ancienne église à Kamenica, une des rares à avoir été construite sous domination ottomane. De ce fait, elle devait respecter certaines règles : ne pas être plus haute que la mosquée, pouvoir se confondre avec une maison ou encore avoir un espace pour les femmes, en hauteur, derrière un claustra.

    L’école comme vecteur de lien social

    Le lendemain, nous retournons dans la région de Kamenica. Cette fois, la brume s’est levée et le froid est mordant, mais cela n’entame ni notre enthousiasme, ni celui des cinquante-huit élèves de l’école de Donja Brudika ! Dans la cour de cet établissement entièrement rénové par Solidarité Kosovo en 2018 et en présence de la presse locale, nous avons installé nos cartons et remis un paquet à chaque enfant un colis avec un cadeau et des fournitures scolaires. Qu’elles n’ont pas été notre surprise et notre joie quand les plus jeunes nous ont offert des dessins réalisés avec soin ! À la fin de la distribution, les enfants ont entonné en chœur la chanson traditionnelle « Oj Kosovo, Kosovo » et des élèves de quatrième ont récité un poème de bienvenue que Mladen nous a traduit dans la soirée.

    La directrice a souligné l’importance de cette école pour les Serbes de Donja Brudika qui peuvent ainsi s’assurer que leurs enfants recevront une bonne éducation, ce qui les encourage à rester et à ne pas quitter la région.

    Cernica, un village martyr

    Le contraste avec l’école de Cernica est saisissant ! On entre dans la cour par un porche qui ressemble plutôt à celui d’une maison, et pour cause ! Cela fait vingt-quatre ans qu’une maison individuelle a été adaptée en établissement scolaire pour accueillir les élèves des alentours. Une fois les cartons déchargés, huit classes se succèdent devant nous avec de grands sourires pour recevoir leurs cadeaux, dont des fournitures scolaires. Il y a quatre ans, l’école ne comptait que trois classes.

    Le directeur de l’école nous reçoit ensuite dans son bureau, une petite pièce qui fait également office de salle des professeurs et où le psychologue scolaire reçoit les élèves qui le souhaitent. Le curé de la paroisse nous raconte l’histoire tragique de ce village. En 1999, sept Serbes dont Milos, un enfant de 7 ans, ont été tués par des tirs de kalachnikov perpétrés par des Albanais qui sont venus d’ailleurs troubler l’harmonie qui régnait jusqu’alors entre les deux communautés. Il nous explique qu’il n’y a pas une seule maison, pas une seule ruelle qui n’a pas vu le sang couler. Depuis, les Serbes subissent d’importantes pressions pour vendre leurs terres, mais ils tiennent bon. Comme à Donja Brudika, c’est l’école qui fait rester la communauté de chrétiens. Comme le dit le directeur : « chacun de vos passages nous donne la volonté et le courage de rester. Je vous remercie pour votre aide, n’oubliez pas les enfants du Kosovo et de Métochie. »

    Le poêle à bois, le cœur du foyer

    Nous quittons l’école pour rendre visite à deux familles du village, éleveurs de moutons, et leur apporter un poêle à bois. Le poêle à bois est un élément indispensable dans chaque maison serbe. Il sert aussi bien à se chauffer qu’à cuisiner sans craindre des coupures de courant ou d’acheminement du gaz.
    Quand nous avons demandé au premier couple de quoi il avait besoin, le père nous a simplement répondu qu’avec plus de moutons ils vivraient probablement mieux.
    Ensuite, il nous a fallu traverser un ruisseau et avancer sur un chemin pour rejoindre un couple déjà âgé dont la maison se cache derrière une lourde porte de bois sculpté qui date certainement d’un autre siècle. Le poêle est déposé au pied de l’escalier qui mène à l’entrée, ce sont leurs cinq enfants qui les aideront à l’installer.
    Nous repartons le lendemain à l’est du Kosovo. À l’école Buivojce, il fait aussi froid que la veille, mais le soleil et les cadeaux réchauffent bien vite l’atmosphère. Ici, l’établissement est entouré par des maisons albanaises, mais la cohabitation se passe bien. Il y a même des enfants de la communauté rom qui viennent étudier ici. Les élèves reçoivent leurs cadeaux et prennent la pose avec plaisir avant de retourner en classe. Nous sommes invités à prendre un café avec les enseignants qui nous racontent leur parcours, l’évolution de la situation entre la doyenne qui prend sa retraite cette année et la plus jeune qui vient d’arriver. Nos échanges sont interrompus par une petite délégation d’élèves de CM1 qui nous remets un papier avec écrit « merci » en plusieurs langues et toutes leurs signatures.

    La musique comme langage universel

    C’est émus que nous nous dirigeons vers Novo Brdo, non pas pour visiter le complexe agricole qui s’agrandit chaque année, mais pour distribuer des poêles à bois.

    Nous sommes reçus par le père Stevo qui nous fait visiter son église à l’histoire extraordinaire. Pour la protéger des exactions des Ottomans, il a fallu dix mille personnes pour la déplacer pierre par pierre en trois jours depuis la forteresse sur les hauteurs de la ville jusqu’à son emplacement actuel. Malheureusement, les fresques du XIVe siècle n’ont pas pu être conservées. Le jour de notre venue, une iconographe que nous avions rencontrée il y a deux ans continuait son superbe travail. Ne travaillant que l’hiver, il lui faudra encore deux ans pour terminer les nouvelles fresques.
    Le père Stevo nous accueille ensuite chez lui et son fils interprète quelques chansons traditionnelles en s’accompagnant à la guitare. Ceux qui connaissent les paroles l’accompagnent volontiers et c’est à un véritable concert qui nous est offert.
    Cela nous a donné des forces pour livrer un poêle dans les hauteurs du village. Trois générations vivant sous le même toit avaient bien besoin de remplacer le leur. J’ai été particulièrement touchée par la grand-mère, vacillant sur ses deux jambes mais tellement digne !

    La Métochie, terre menacée

    Sur le chemin de Gracanica, nous nous arrêtons pour un moment de grâce au monastère de Draganac situé à flanc de montagne, au bout d’une route sinueuse dans la forêt. Le père Xhristof nous fait visiter l’église et nous reçoit à l’hôtellerie où nous goûtons avec délice à une tisane préparée par les moines ainsi que du poisson fumé, de l’ajvar et d’autres mets adaptés aux règles du carême : pas de produits laitiers ni de viande.
    Si depuis le début du convoi nous sommes restés dans l’est du Kosovo, le quatrième jour nous partons pour la Métochie. Dans cette région dont le nom signi

  • Éphéméride du 5 mai

    De 1492 à aujourd'hui, le Golfe d'Ajaccio

     

     

    1492 : Fondation d'Ajaccio, achèvement de la construction du "bastion fortifié"... 

     

    (Source : Corse Matin)

    "La citadelle est une silhouette familière aux Ajacciens.

    À l'heure, où elle semble n'être qu'une coquille quasiment vide, il n'est pas inutile de rappeler son histoire.

    La fondation de cette fortification, qui n'était à l'origine qu'un modeste château, fut l'élément déterminant qui, à partir de 1492, permit à la jeune cité d'Ajaccio de s'imposer comme la principale ville du Delà des Monts.

    De nombreux documents d'époque, pour la plupart édités par Jean Cancellieri, Noël Pinzuti et Antoine-Marie Graziani, permettent de reconstituer le contexte historique. 

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    Tout commence en 1483. à cette date, l'Office de Saint-Georges reprend le contrôle de la Corse. L'office est une puissante institution financière, composée d'hommes d'affaires génois, à qui Gênes avait confié, dès 1453, l'administration de l'île. Soucieux de faire fructifier sa possession, il doit soumettre les contre-pouvoirs locaux et disposer de points d'appui sûrs. D'où l'idée d'installer un site fortifié portuaire. Après quelques hésitations entre les golfes de Sagone et d'Ajaccio, le choix se porte sur ce dernier site.

    5 mai,états généraux,louis xv,louis xvi,versailles,parlements,napoléon,bonaparte,bainville,sainte héléne,chateaubriand,rousseauEntre 1491 et 1492, une commission d'experts visite les lieux. Elle est dirigée par le lieutenant du Delà des Monts et bientôt "Surintendant à la construction d'Ajaccio", Domenico de Negrone, assisté d'un architecte lombard, Cristofaro de Gandino. Les hommes hésitent entre deux options : la base du Castel Vecchio ou construire un nouvel édifice, sur un cap dénommé par les Génois "Punta della leccia" (ci contre). C'est ce dernier, plus sain, disposant d'un mouillage capable d'accueillir de gros navires et facile à fortifier, puisque la mer l'entoure sur trois côtés, qui est choisi.

    Le 15 avril 1492, les ouvriers génois débarquent pour dégager le site et entreposer les matériaux de construction. Le 30 avril, la première pierre du château est posée. Le bastion est achevé le 5 mai. En novembre, elle est dotée de pièces d'artillerie. Ajaccio se résume alors à une tour carrée d'une dizaine de mètres de haut, entourée de baraques où sont cantonnées les troupes, le tout protégé par un système de fossés et une enceinte bastionnée. Dès 1494, la place joue son rôle et accueille les troupes envoyées pour mater les féodaux. Le site semble attractif puisque le lieutenant du Delà le préfère souvent à sa résidence habituelle de Vico, pendant que plusieurs soldats de la garnison et même des principali corses fidèles de Gênes comme les Ornano ou les Pozzo di Borgo, achètent des concessions près du château pour y bâtir des maisons.

    Ces modestes édifices, entourés d'un jardin potager ou même d'écuries, s'organisent progressivement autour d'un axe principal qui deviendra plus tard le Carrughju drittu (actuelle rue Bonaparte). En 1502, l'agglomération est suffisamment développée pour que l'office la fasse entourer de murailles qui courent depuis le château jusqu'à l'actuelle place du Diamant, délimitant ainsi l'espace à urbaniser."

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     Ajaccio aujourd'hui, et la citadelle toujours en pointe...

    www.ajaccio.fr/Histoire-de-la-ville-d-Ajaccio_a12.html  

     

     

     

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    1789 : Ouverture à Versailles des États Généraux

     

    Il faudrait tout citer du lumineux chapitre XV de l'Histoire de France de Jacques Bainville, Louis XVI et la naissance de la révolution, chapitre particulièrement remarquable d'un ensemble où tout est, justement, remarquable...

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    I : Commençons par un court extrait de ce qui a rendu obligatoire cette convocation des États Généraux : le funeste rappel des Parlements...

               

    "...Sous Louis XV, la grande affaire avait été celle des Parlements. Choiseul avait gouverné avec eux, Maupeou sans eux. Le coup d'État de Maupeou (ou "renvoi des Parlements", voir l'Éphéméride du 19 janvier, ndlr) - on disait même sa révolution - était encore tout frais en 1774 et les avis restaient partagés. Mais la suppression des Parlements avait été un acte autoritaire et Louis XVI, comme le montre toute la suite de son règne, n'avait ni le sens ni le goût de l'autorité. Le nouveau roi donna tort à son grand-père. "Il trouva, dit Michelet, que le Parlement avait des titres, après tout, aussi bien que la royauté; que Louis XV, en y touchant, avait fait une chose dangereuse, révolutionnaire. Le rétablir, c'était réparer une brèche que le roi même avait faite dans l'édifice monarchique. Turgot, en vain, lutta et réclama... Le Parlement rentra (novembre 1774) hautain, tel qu'il était parti, hargneux, et résistant aux réformes les plus utiles."

    Ainsi, pour l'école de la tradition, la suppression des Parlements avait été une altération de la monarchie, l'indépendance de la magistrature étant une des lois fondamentales du royaume. Mais le recours aux États généraux en était une aussi. Il y avait plus d'un siècle et demi que la monarchie avait cessé de convoquer les États généraux, parce qu'ils avaient presque toujours été une occasion de désordre. L'indépendance des Parlements avait été supprimée à son tour, parce que l'opposition des parlementaires redevenait aussi dangereuse qu'au temps de la Fronde et paralysait le gouvernement.

    Le conflit, qui n'allait pas tarder à renaître entre la couronne et le Parlement, rendrait inévitable le recours aux États généraux. Bien qu'on ne l'ait pas vu sur le moment, il est donc clair que le retour à la tradition, qui était au fond de la pensée de Louis XVI et qui s'unissait dans son esprit à un programme de réformes, sans moyen de les réaliser, ramenait la monarchie aux difficultés dont elle avait voulu sortir sous Louis XIV et sous Louis XV..."

    d'epremesnil-Jean-Baptiste_Lefebre_mg_8461.jpg
    Parlementaire, Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil finira lui-même sur l'échafaud; il symbolise bien cette caste de privilégiés qui, par inconscience, par égoïsme et par sordide intérêt, personnel et de caste, s'opposèrent à toutes les réformes indispensables, rendant ainsi la Révolution inéluctable...
     
      
     

    II : Ensuite, tout découle, logiquement, et fatalement, de cette folle erreur initiale du rappel des Parlements.

     

    "...La fin de l'année 1787 eut ceci de particulièrement funeste pour la monarchie qu'elle mit Louis XVI en contradiction avec lui-même : il fut obligé d'entrer en lutte ouverte avec les Parlements qu'il avait rétablis. Refus d'enregistrer les Édits qui créaient les nouvelles taxes, refus de reconnaître les nouvelles assemblées provinciales : sur tous les points, les Cours souveraines se montraient intraitables.

    Elles invoquaient, elles aussi, ces lois fondamentales, ces antiques traditions du royaume en vertu desquelles le roi les avait restaurées : respect des anciennes coutumes provinciales, indépendance et inamovibilité des magistrats, vote des subsides par les États généraux.

    Devant cette opposition opiniâtre, il fallut revenir aux Lits de justice, à l'exil des Parlements, aux arrestations de parlementaires : le gouvernement était ramené aux procédés du règne de Louis XV sans pouvoir les appliquer avec la même énergie et en ayant, cette fois, l'opinion publique contre lui. La résistance des Parlements, désormais liée à la convocation des États généraux, était populaire. L'idée de consulter la nation était lancée dans la circulation et s'associait à l'idée de liberté : l'école philosophique du despotisme éclairé, celle qui avait soutenu Choiseul et Maupeou, avait disparu; le libéralisme mis en vogue par la littérature et propagé par l'exemple américain la remplaçait..."

     

     

    III : Mais rien ne se passa comme prévu... 

     

    "...La vieille outre des États généraux, remise en honneur par les amateurs d'anciennetés, allait s'emplir de vin nouveau. Chose curieuse, qui n'étonne plus après ce que nous avons vu déjà : des retardataires comptaient sur les États pour y faire de la politique, y défendre habilement leurs intérêts, comme à ceux de 1614.

    Certains "cahiers" montrent que la noblesse espérait rejeter le poids des impôts sur le clergé et réciproquement. Il n'y aura qu'un grand balayage, où disparaîtront privilèges, exemptions, vieilles franchises provinciales, Parlements eux-mêmes, gouvernement et monarchie, tout ce qui avait cru, par le retour à l'antique institution, se conserver ou se rajeunir...

    Le langage du temps, particulièrement déclamatoire, les mots célèbres, parfois arrangés, ont donné à ces évènements un caractère héroïque et fabuleux.

    À la vérité, ils surprirent tout le monde et il arriva ce que personne n'avait voulu..." 

     

     

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    1821 : Mort de Napoléon

    5 mai,états généraux,louis xv,louis xvi,versailles,parlements,napoléon,bonaparte,bainville,sainte héléne,chateaubriand,rousseau     Dans notre Album Maîtres et témoins(II) : Jacques Bainville. , voir la photo "15 octobre 1931 : parution du "Napoléon" (I/III)" et les deux suivantes

     

    Dans ce qu'il appelait lui-même sa "brochure", publiée le 31 mars 1815, "De Buonaparte et des Bourbons", Chateaubriand écrit, entre autres :

    "...L'avenir doutera si cet homme a été plus coupable par le mal qu'il a fait que par le bien qu'il eût pu faire et qu'il n'a pas fait....Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble, depuis Néron jusqu'au dernier persécuteur des chrétiens... Né surtout pour détruire, Bonaparte porte le mal dans son sein..."

     

    Il y dénonce les "rêves d'un fou et d'un furieux", qui osait affirmer, devant un Metternich sidéré, cette monstruosité : "J'ai trois cent mille hommes de revenu !"

    Lorsqu'on lit ou relit ce texte, près de deux siècles après sa publication, on comprend mieux le sens des mots pamphlet et polémique, et l'on est saisi par sa force et sa puissance, en constatant qu'il n'a rien perdu ni de l'une ni de l'autre, après tant de temps. On n'a rien écrit de mieux depuis sur le sujet, à part le Napoléon de Jacques Bainville, dans lequel celui-ci prononce ce jugement définitif :

    "Sauf pour la gloire, sauf pour l'Art, il eut probablement mieux valu que cet homme n'eût jamais existé."

    Napoleon_L25.jpg

    On se rappellera - comme en écho de cette phrase de Bainville - que Napoléon lui-même, en visite sur la tombe de Rousseau, à Ermenonville, s'était laissé aller à cette confidence :

    "L'Histoire dira s'il n'eût pas mieux valu pour l'humanité que ni lui ni moi n'eussions jamais existé..." (voir l'Éphéméride du 28 août)

     

  • Éphéméride du 6 Janvier

    Notre-Dame de Paris, clôture du choeur, partie nord, XIVème siècle : La Visitation, L'Annonce aux bergers, La Nativité, L'Adoration des Mages...

     

     

    6 janvier : Date traditionnelle de la célébration de l'Épiphanie 

     

    La Marche des Rois, composée - et toujours jouée - à cette occasion fait incontestablement partie de ce très important fond de traditions populaires qui, par leur richesse et leur variété, sont l'une des sources de la culture et de la civilisation française.

    On l'écoute ici dans la version élégante et raffinée qu'en propose Lully (et qui servit également de marche au Régiment de Turenne) :  


    Lully Marche des Rois Marche pour le Régiment de Turenne.mp3 

     

    C'est en Provence que furent composées les paroles de la Marche des rois, reprise par Georges Bizet pour son Arlésienne : la tradition les attribuent à Joseph-François Domergue, curé-doyen d'Aramon, dans le Gard, entre 1724 et 1728; le texte en fut publié pour la première fois dans un Recueil de cantiques spirituels provençaux et françois, publié en 1749. 

     

      
     

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    1286 : Sacre de Philippe le Bel

     

    De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre cinq, Pendant 340 ans, l'honorable maison Capétienne règne de père en fils) :

    "Philippe le Hardi mourut en 1285 au retour d'une deuxième expédition, cette fois en Catalogne. Son fils, Philippe le Bel, n'avait que dix-sept ans, mais il était singulièrement précoce. Il jugea bientôt que cette affaire de Sicile était épuisante et sans issue et il s'efforça de la liquider avec avantage et avec honneur. Il appliquait déjà sa maxime : "Nous qui voulons toujours raison garder..."

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    5 juin 1286 : Édouard 1er, roi d'Angleterre rend hommage Philippe le Bel.
    La scène a lieu dans une salle du palais royal en présence de la Cour.
    (Tiré des Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet). 

                

    "...Il n'était pas raisonnable de courir des aventures lointaines lorsque la France n'était pas achevée. Et puis, les dernières croisades, suivies de ces affaires italiennes et espagnoles, avaient été dispendieuses. Il fallait créer des impôts qui mécontenteraient le contribuable et demander de l'argent à tout le monde, même au clergé, ce qui fut l'origine des démêlés du nouveau roi avec le pape.

    C'est la première fois que nous avons à parler d'une crise financière. Mais la monarchie avait créé des finances, organisé l'administration. Ce qui se faisait autrefois au hasard, les dépenses qu'on couvrait par des moyens de fortune, par des dons plus ou moins volontaires, tout cela devenait régulier. La machine de l'État commençait à marcher, à distribuer de la sécurité, de l'ordre, mais elle coûtait cher. Faire la France coûtait cher aussi. Ces difficultés, que nous connaissons de nouveau aujourd'hui, dureront des siècles.

    À beaucoup d'égards, il y a une curieuse ressemblance entre le règne de Philippe le Bel et celui de Louis XIV. Tous deux ont été en conflit avec Rome. Philippe IV a détruit les puissances d'argent, celle des Templiers surtout, comme Louis XIV abattra Fouquet. Philippe le Bel, enfin, a été attiré par la Flandre comme le sera Louis XIV, et cette province, d'une acquisition si difficile, l'engagera aussi dans de grandes complications. Il y a comme un rythme régulier dans l'histoire de notre pays où les mêmes situations se reproduisent à plusieurs centaines d'années de distance..."

     

    Roi puissant, régnant sur un royaume puissant - le plus puissant de l'Europe d'alors... - le grand roi Philippe le Bel, le "roi de fer", ignore pourtant, et tout le monde avec lui, que "l'honorable famille capétienne" vit ses dernières décennies, et la fin de cette longue période de 340 ans où elle "règne de père en fils" : père de quatre enfants, dont trois garçons, l'avenir de la dynastie paraissait bien assuré.

    Pourtant, sa fille Isabelle épousera le roi d'Angleterre, et donc le fils de celui-ci aura pour grand-père le roi de France : il revendiquera ce droit - même infondé - lorsque la dynastie s'éteindra; et les trois garçons régneront l'un après l'autre, aucun d'entre eux n'ayant de postérité mâle : avec le dernier des trois, Charles IV, ce sera le fin des "Capétiens directs" (voir l'Éphéméride du 1er février).

    De plus, ce long règne, dont la France sortira considérablement renforcée, sera marqué par deux épisodes pénibles :

    l'affaire des Templiers (voir l'Éphéméride du 13 octobre),

    et celle dite "de la Tour de Nesles" (voir l'Éphéméride du 19 avril)...

     

     

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    1558 : François de Guise reprend Calais aux anglais

             

    C'est François de Guise qui reprend la ville aux anglais, qui l'occupaient depuis 211 ans.

    Avant de mourir, Marie Tudor, reine d'Angleterre, déclara : "Si on ouvrait mon cœur, on y trouverait gravé le nom de Calais".

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     Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "...et de son fils Henri II".

     

     

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    1585 : Naissance de Claude Favre de Vaugelas

              

    L'illustre grammairien s'inscrit dans la lignée de Ronsard et de la Pléiade, qui voulaient défendre et illustrer la langue française...

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    "Le grand dessein de Vaugelas était de doter la langue française de l'instrument qui lui manquait encore et qui devait être utilisé par tous les grands classiques. Plusieurs, avant lui, avaient compris cette nécessité : parmi eux les écrivains de la Pléiade, et en particulier du Bellay dans sa "Défense et Illustration de la Langue Française". Pour ceux-là, il s'agissait surtout de trouver un langage suffisamment riche et expressif, capable de rivaliser avec les illustres modèles de la Grèce et de Rome. Puis Malherbe vint, qui souhaita corriger les excès et les désordres, mais avec un souci d'épuration sans doute excessif... 

    Le but de Vaugelas fut de créer un mode d'expression à la fois claire et noble... Ses moyens : ne rien imposer de façon doctrinale, mais énoncer de simples remarques dictées par l'observation. Et cette observation concerne l'usage, c'est-à-dire "la façon de parler de la plus saine partie de la cour, conformément à la façon d'écrire de la plus saine partie des auteurs du temps".

    Ce sera en humaniste qu'il considérera la grammaire, avec pour premier souci que la langue devienne un élément de la vie sociale : parler pour se faire comprendre d'autrui. D'où ses efforts contre le laisser-aller et l'anarchie de la prononciation, contre le flottement dans l'orthographe et la conjugaison, contre les incertitudes de la syntaxe et en particulier des accords...
    (Paul Guichard : Histoire littéraire des Pays de l'Ain)

     

     

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    1649 : Louis XIV, enfant, quitte Paris afin d'échapper à la Fronde

     

    6 janvier,philippe le bel,braille,croisades,louis xiv,calais,fronde,vaugelas,montgolfier,riesenerLe futur Louis XIV, enfant (il a à peine plus de onze ans, et ne sera sacré roi que le 7 juin 1654...), quitte Paris précipitamment, de nuit, pour Saint Germain en Laye, où il est d'ailleurs né, le 5 septembre 1638, afin d'échapper aux troubles de la Fronde.

    Il n'oubliera jamais ce très mauvais souvenir...

    Louis XIV est le quatrième roi à avoir dû quitter Paris menaçant, afin d'y rentrer plus tard en maître : avant lui, Charles V et Charles VII, puis Henri III et le futur Henri IV avaient choisi la même tactique, même si Henri III, de fait, fut assassiné avant d'avoir pu pénétrer dans la ville, laissant son héritier, Henri III de Navarre devenu IV, "Roi de France et de Navarre", accomplir ce dessein.

    C'est pour ne pas avoir eu - ou voulu avoir... - la même attitude que Louis XVI, qui s'était laissé enfermer dans Paris, perdit son trône, sa vie et celle des siens, et aussi la monarchie...

    On peut en dire autant de Charles X et de Louis-Philippe qui - même si l'on ne refait pas l'histoire... - auraient très bien pu abandonner temporairement la capitale, où leurs opposants n'étaient même pas majoritaires, puis y revenir ensuite avec leurs partisans, Paris seule n'étant, de toutes les façons,  absolument pas représentative de l'immense majorité de l'ensemble de l'opinion publique d'alors, très largement royaliste. 

    Thiers aura bien tout cela en tête lorsqu'il n'hésitera pas - devant l'ennemi prussien médusé et ironique... - à encercler puis envahir la capitale, rue par rue et maison par maison, afin d'y asseoir le nouveau pouvoir : on était bien loin de la pusillanimité de Louis XVI, refusant de faire tirer sur une populace qui ne représentait absolument pas le peuple français...

    Et l'on se rappelle que, le 20 juin 1792, témoin de l'invasion des Tuileries par la populace - qu'il appelle "canaille" !... - Bonaparte confia à ses amis :


    "Comment a-t-on pu laisser entrer cette canaille ? Il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore !
    Deux badauds se trouvent là, à deux pas; Napoleone les aborde en s’écriant :
    - Si j’étais roi, cela ne se passerait pas de même !..." (Extrait de "Bonaparte", André Castelot, Perrin, Paris, 1996, pages 103/104.)

     

    Sur les sentiments de Napoléon à propos de cette funeste journée, voir l'Éphéméride du 20 juin

     

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    Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un desti

  • Éphéméride du 27 Mars

    Le théâtre romain d'Orange, "la plus belle muraille de mon Royaume" (Louis XIV)

     

     

    1660 : Louis XIV visite Orange 

     

    Le 28 juillet 1659, Louis XIV a quitté Paris pour Saint Jean de Luz : l'une des clauses du Traité des Pyrénées, en cours de signature avec l'Espagne, stipulait en effet que le Roi de France devait épouser la fille du Roi d'Espagne.

    En réalité, les pourparlers et la signature du traité traînant en longueur - le mariage espagnol manquant même d'échouer, et le Roi étant presque sur le point d'épouser une autre princesse ! - le voyage durera quasiment un an, le Roi ne rentrant à Paris, avec sa jeune épouse Marie-Thérèse, que le 13 juillet 1660.

    La Cour quitta d'abord Fontainebleau pour Bordeaux, où elle resta du 19 août au 5 octobre ; elle alla ensuite à Toulouse, du 14 octobre au 27 décembre, puis à Montpellier, du 5 au 8 janvier 1660 ; elle arriva à Nîmes le 9 janvier, et le Roi visita le Pont du Gard le lendemain, 10 janvier (voir l'Éphéméride du 10 janvier). Ensuite, le 17 janvier, la Cour arriva à Aix-en-Provence, où elle resta 12 jours, avant de se rendre à Toulon, pour douze jours également.

    Louis XIV en profita pour aller en pèlerinage à Cotignac pour témoigner sa reconnaissance à Notre-Dame de Grâce, à qui il devait sa naissance. Le 2 mars, le Roi entra dans Marseille, mais pas par la Porte de la Ville : il fit ouvrir une brèche dans le rempart, afin de punir l'indocilité des habitants (le 17 octobre précédent, un Ordre du Roi avait en effet été déchiré en pleine séance à l'Hôtel de Ville (voir l'Éphéméride du 11 février).  

    Le 27 mars, le Roi était à Orange : c'est là que, visitant le Théâtre antique, il eut le mot fameux : "Voici la plus belle muraille de mon royaume !" 

    Enfin, les choses finissant par se dérouler comme prévu au départ, et le mariage espagnol se précisant, après avoir manqué d'échouer, le Roi, avec toute la Cour, se rendit à Saint Jean de Luz, pour s'y marier, le 9 juin 1660 (voir l'Éphéméride du 9 juin), avant de retourner à Paris, presque un an après l'avoir quittée...

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    Le Théâtre antique le mieux conservé au monde, inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco :
    http://www.theatre-antique.com/
    Depuis 1869, le Théâtre d'Orange accueille le festival français le plus ancien : les Chorégies d'Orange (voir l'Éphéméride du 17 juin)...
     

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    1785 : Naissance de Louis-Charles, duc de Normandie

     

    Terrible destin que celui de l'enfant qui naît ce jour-là :

    • il sera l'Enfant massacré, qui ne devint jamais grand;

    • il sera le deuxième Roi martyr... 

    Louis_XVII_dix_ans2.jpg

    "Les Français le savent-ils ? Au coeur de leur Histoire, il y a un infanticide. Cet infanticide fonde la légitimité de leur État moderne. Un enfant-roi a été sacrifié volontairement sur l'autel du Moloch républicain. La Terreur ? Un procédé de gouvernement inventé par la République, recopié jusqu'aujourd'hui et on sait comment. Des têtes coupées pour exprimer un nouveau droit absolu de diriger le monde ? C'est qu'il fallait que le sang royal et populaire giclât pour fonder l'ordre nouveau. C'est ainsi que la France se dit encore aujourd'hui un modèle pour le monde. Effectivement ! Et l'Enfant-roi Louis XVII ? Eh bien, ce fut pire : après avoir tué le roi parce qu'il était roi, la bande qui prétendait diriger la Révolution, comité de salut public en tête avec Robespierre et Commune de Paris avec son procureur et son substitut, Chaumette et Hébert, décidèrent de faire du petit Capet l'instrument de la condamnation de sa mère et il eut à cet effet pour précepteur Simon l'alcoolique. Puis l'horreur, savamment voulue, ayant été accomplie, il fallait, en enfermant l'enfant de manière ignoble, le réduire en rebut de l'humanité. Ce fut consciemment voulu, strictement exécuté. Thermidor ne le sauva pas. Mais, du moins, un peu d'humanité entoura ses derniers moments. Il mourut, il avait dix ans... Le crime est là, injustifiable" (Hilaire de Crémiers)

     

    Le martyre du petit Roi constitue "le" crime absolu, l'horreur suprême. A la tache indélébile qu'il représente pour ceux qui l'ont accompli s'ajoute, comme pour le rendre pire encore, sa négation même. Le fait qu'il soit totalement occulté, totalement nié, est constitutif du délit de négationnisme, qui se mue en mémoricide, exactement comme pour le génocide vendéen, jamais reconnu, toujours ignoré dans l'histoire officielle, qui repose sur le mensonge...

    Pour évoquer sobrement l'enfant-martyr, voici la splendide Ôde à Louis XVII que lui a consacré Victor Hugo, et le terrible portrait de Greuze, des tous premiers mois de 1795, soit très peu de temps avant la mort du petit Roi... 

     

    I : L'Ôde à Louis XVII, de Victor Hugo

     

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    I

    En ce temps-là, du ciel les portes d'or s'ouvrirent;
    Du Saint des Saints ému les feux se découvrirent;
    Tous les cieux un moment brillèrent dévoilés;
    Et les élus voyaient, lumineuses phalanges,
    Venir une jeune âme entre de jeunes anges
    Sous les portiques étoilés.

    C'était un bel enfant qui fuyait de la terre;
    Son œil bleu du malheur portait le signe austère;
    Ses blonds cheveux flottaient sur ses traits pâlissants;
    Et les vierges du ciel, avec des chants de fête,
    Aux palmes du martyre unissaient sur sa tête
    La couronne des innocents.

    II

    On entendit des voix qui disaient dans la nue :
    – "Jeune ange, Dieu sourit à ta gloire ingénue;
    Viens, rentre dans ses bras pour ne plus en sortir;
    Et vous, qui du Très-Haut racontez les louanges,
    Séraphins, prophètes, archanges,
    Courbez-vous, c’est un roi ; chantez, c'est un martyr !"

    – "Où donc ai-je régné ? demandait la jeune ombre.
    Je suis un prisonnier, je ne suis point un roi.
    Hier je m'endormis au fond d'une tour sombre.
    Où donc ai-je régné ? Seigneur, dites-le moi.
    Hélas ! mon père est mort d'une mort bien amère;
    Ses bourreaux, ô mon Dieu, m'ont abreuvé de fiel;
    Je suis un orphelin ; je viens chercher ma mère,
    Qu'en mes rêves j'ai vue au ciel."

    Les anges répondaient : – "Ton Sauveur te réclame.
    Ton Dieu d'un monde impie a rappelé ton âme.
    Fuis la terre insensée où l'on brise la croix,
    Où jusque dans la mort descend le régicide,
    Où le meurtre, d'horreurs avide,
    Fouille dans les tombeaux pour y chercher des rois"

    – "Quoi ! de ma lente vie ai-je achevé le reste ?
    Disait-il ; tous mes maux, les ai-je enfin soufferts ?
    Est-il vrai qu'un geôlier, de ce rêve céleste,
    Ne viendra pas demain m'éveiller dans mes fers ?
    Captif, de mes tourments cherchant la fin prochaine,
    J'ai prié ; Dieu veut-il enfin me secourir ?
    Oh ! n'est-ce pas un songe ? a-t-il brisé ma chaîne ?
    Ai-je eu le bonheur de mourir ?

    Car vous ne savez point quelle était ma misère !
    Chaque jour dans ma vie amenait des malheurs;
    Et, lorsque je pleurais, je n'avais pas de mère
    Pour chanter à mes cris, pour sourire à mes pleurs.
    D'un châtiment sans fin languissante victime,
    De ma tige arraché comme un tendre arbrisseau,
    J'étais proscrit bien jeune, et j'ignorais quel crime
    J'avais commis dans mon berceau.

    Et pourtant, écoutez : bien loin dans ma mémoire,
    J'ai d'heureux souvenirs avant ces temps d'effroi;
    J'entendais en dormant des bruits confus de gloire,
    Et des peuples joyeux veillaient autour de moi.
    Un jour tout disparut dans un sombre mystère;
    Je vis fuir l'avenir à mes destins promis
    Je n'étais qu'un enfant, faible et seul sur la terre,
    Hélas ! et j'eus des ennemis !

    Ils m'ont jeté vivant sous des murs funéraires;
    Mes yeux voués aux pleurs n'ont plus vu le soleil;
    Mais vous que je retrouve, anges du ciel, mes frères,
    Vous m'avez visité souvent dans mon sommeil.
    Mes jours se sont flétris dans leurs mains meurtrières,
    Seigneur, mais les méchants sont toujours malheureux;
    Oh ! ne soyez pas sourd comme eux à mes prières,
    Car je viens vous prier pour eux."

    Et les anges chantaient : – "L'arche à toi se dévoile,
    Suis-nous ; sur ton beau front nous mettrons une étoile.
    Prends les ailes d'azur des chérubins vermeils;
    Tu viendras avec nous bercer l'enfant qui pleure,
    Ou, dans leur brûlante demeure,
    D'un souffle lumineux rajeunir les soleils !"

    III

    Soudain le chœur cessa, les élus écoutèrent;
    Il baissa son regard par les larmes terni;
    Au fond des cieux muets les mondes s'arrêtèrent,
    Et l'éternelle voix parla dans l'infini :

    "Ô roi ! je t'ai gardé loin des grandeurs humaines.
    Tu t'es réfugié du trône dans les chaînes.
    Va, mon fils, bénis tes revers.
    Tu n'as point su des rois l'esclavage suprême,
    Ton front du moins n'est pas meurtri du diadème,
    Si tes bras sont meurtris de fers.

    Enfant, tu t'es courbé sous le poids de la vie;
    Et la terre, pourtant, d'espérance et d'envie
    Avait entouré ton berceau !
    Viens, ton Seigneur lui-même eut ses douleurs divines,
    Et mon Fils, comme toi, roi couronné d'épines,
    Porta le sceptre de roseau."

    Décembre 1822.

     

     

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    II : Le portrait de Greuze

     

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               Portrait de Louis XVII, par Greuze, premiers mois de 1795 (peinture à l'huile, 466 mm x 368).

              

    L'enfant a les yeux d'un bleu vif, les cheveux blonds, chemise blanc crème; bretelles gris brunâtre.

    Le portrait où l'enflure du visage, le teint blafard, l'attitude affaissée, trahissent un état de maladie avancée, date, selon toute vraisemblance, de 1795. Il ne peut avoir été exécuté que d'après une impression directe.

    Greuze essaie une dernière fois d'idéaliser cet enfants que ses bourreaux ont transformé en loque humaine, que Laurent a décrassée et revêtue de linge blanc. Mais il devra le peindre enflé, jaune, dos courbé, poitrine rentrée, yeux

  • Éphéméride du 12 janvier

    Plat rustique aux reptiles et écrevisses (Bernard Palissy, 1550)

     

     

    1587 : Bernard Palissy est condamné au bannissement 

     

    12 janvier,charles perrault,querelle des anciens et des modernes,louis xiv,homère,boileau,racine,auguste,antiquité,la fontaine,louis le grand,siècle d'auguste,grand siècleLa vie de Bernard Palissy fut à l'image de son époque : troublée à l'extrême par les horreurs des Guerres de religion.

    Pourtant, les paradoxes n'y manquent pas : converti à la Réforme, il fut constamment protégé par de grands seigneurs catholiques, comme le connétable Anne de Montmorency, qui l'emmenait fréquemment chez lui, à Écouen (et c'est la raison pour laquelle la majeure partie de son œuvre est exposée au Musée national de la Renaissance du château d'Écouen); mais aussi par Catherine de Médicis, et par le roi lui-même : c'est tout simplement parce qu'il se trouvait dans ses appartements, le jour de la Saint-Barthélemy, qu'il échappa, lui, réformé, au massacre quasi général...

    À partir de 1530, cet autodidacte - "peintre sur verre et faïence" - étudia la technique de cuisson des émaux. La découverte d'une coupe de céramique émaillée, d'un superbe blanc, dans la collection d'un grand seigneur, décida de sa carrière : il voulut à tout prix découvrir le secret de sa fabrication. De 1536 à 1556, il consacra vingt ans de sa vie à tenter de reproduire la glaçure de cette coupe qu'il avait vue : qui ne connaît l'histoire de Palissy ruiné, brûlant ses meubles et son plancher pour y parvenir ?

    C'est en 1555, après une vingtaine d'années d'épreuves physiques et morales, endurant les reproches de sa femme et les moqueries de ses voisins, qu'il put enfin couvrir ses poteries d'un émail jaspé. Il innova en adaptant à la céramique le goût des grottes (d'où le terme de grotesques) importé d'Italie vers le milieu du XVIème siècle. Ses pièces les plus connues sont des céramiques (vases, bassins, plats ou ustensiles divers) qui incluent des fruits, des feuilles ou des reptiles dans leurs décors naturalistes en relief (ci-dessous, son célèbre "plat à bestioles" du Musée de Sèvres).

    Anne de Montmorency, grand esthète, le fit travailler à la décoration de son splendide château d'Écouen, et le protégea comme de nombreux autres artistes tels que Jean Goujon.

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    Plat "à bestioles", Musée de Sèvres

    De l'Encyclopédie Larousse :

    "Céramiste, écrivain et savant français (Agen vers 1510 - Paris 1589 ou 1590).

    Beaucoup ne voient en lui qu'un céramiste obstiné brûlant ses meubles dans son four pour essayer de réaliser des plats émaillés aussi beaux que ceux fabriqués alors par les Italiens. Derrière l'image simpliste qu'il a lui-même contribué à forger se cache une personnalité autrement complexe et fascinante. Autodidacte devenu encyclopédiste, cet homme issu du peuple, qui sera le protégé des rois de France, tout en étant persécuté pour sa foi protestante, et qui possédait une force et une vitalité peu communes, est le premier à comprendre que les fossiles sont des restes de plante12 janvier,charles perrault,querelle des anciens et des modernes,louis xiv,homère,boileau,racine,auguste,antiquité,la fontaine,louis le grand,siècle d'auguste,grand siècles et d'animaux, et qu'ils constituent la preuve du déplacement des mers.

    On sait peu de chose sur sa jeunesse. Il fait son apprentissage de peintre-verrier à Saintes. Il s'installe dans cette ville après avoir accompli le traditionnel tour de France des compagnons, qui lui permet de se perfectionner dans son art et aussi d'observer la nature dont tous les aspects l'intéressent. Il se marie (il aura de nombreux enfants) et se convertit au protestantisme. Vers 1539, il délaisse le verre pour la poterie et, durant de longues années, s'adonne à de multiples expériences afin de trouver le secret de l'émail blanc. Il sacrifie tout à ses recherches, allant de son propre aveu jusqu'à brûler les planchers et les tables de sa maison pour alimenter son four. Comme il doit faire vivre sa nombreuse famille, il exerce parallèlement la profession d'arpenteur-géomètre. En parcourant, sa chaîne à la main, les marais salants de Saintonge, il observe la faune aquatique dont il s'inspire pour la décoration de ses plats.

    Ayant acquis la maîtrise des émaux (ci dessous, cruche, ndlr), il commence à produire la fameuse vaisselle qui a fait sa réputation à partir de 1555. Ses "bassins rustiques" sont de grands plats ornés d'animaux ou de coquillages en relief : un lièvre qui court, une écrevisse qui étend ses longues pattes, un lézard qui grimpe... Il fait la connaissance du connétable Anne de Montmorency, pour lequel il réalise notamment, à Écouen, une grotte à décor céramique représentant plantes et animaux marins. Le connétable le présente à la reine mère Catherine de Médicis qui l'invite, en 1566, 12 janvier,charles perrault,querelle des anciens et des modernes,louis xiv,homère,boileau,racine,auguste,antiquité,la fontaine,louis le grand,siècle d'auguste,grand siècleà venir travailler à la décoration du nouveau palais des Tuileries. Bénéficiant de la protection royale, B. Palissy échappe au grand massacre des protestants en 1572, mais doit quitter Paris. Il se réfugie à Sedan, d'où il revient bientôt pour donner, à Paris, des cours publics d'histoire naturelle qui attirent savants et érudits. Tandis que ses fils continuent à fabriquer des pièces de céramique dans son atelier, il rédige ses Discours admirables dont un chapitre, intitulé "Art de terre", livre son expérience de potier. Il forme également un "cabinet de curiosités", ébauche d'un musée d'histoire naturelle, qui abrite toutes sortes de "choses admirables et monstrueuses".

    En 1586, il est de nouveau emprisonné à cause de ses convictions religieuses. Sommé de se convertir, le vieillard refuse de plier.

    Il meurt en prison, à la Bastille, vraisemblablement victime de la faim et des mauvais traitements.

    Ses poteries émaillées, dites figulines, ornées d'animaux et de plantes moulés au naturel sur des plats et des vases et recouverts de glaçures brillantes, ont été très imitées par ses disciples, puis au XIXème siècle, notamment par Ch. Avisseau. Ses recherches ont amené de notables progrès techniques dans la diversification et le mélange des glaçures.

     

    http://www.museepalissy.net/

     

    http://www.cosmovisions.com/Palissy.htm

     

    et, un peu austère, un peu "sec", mais très riche d'informations :

    http://www.alienor.org/publications/palissy/texte.htm

     

     

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    1628 : Naissance de Charles Perrault

     

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    S'il est bien sûr connu pour ses Contes, il ne faut pas oublier le rôle de  Perrault dans une "affaire" qui devait finalement avoir beaucoup plus d'importance qu'on ne l'a cru à l'époque, et qu'on ne le croit encore parfois aujourd'hui : c'est lui qui ouvrit la Querelle des Anciens et des Modernes...
     
    En apparence, le débat est simple : Perrault, chef de file des Modernes, pense que l'Antiquité n'offre pas de modèles insurpassables, et que les Arts en général, la littérature en particulier, brillent d'un plus vif éclat sous Louis XIV que sous Homère.
     
    Boileau (ci dessous), chef de file des Anciens, pense au contraire que les auteurs de l'Antiquité (et Racine et La Fontaine sont de son avis) ont atteint une fois pour toutes la perfection artistique.
     
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     Dans notre Catégorie "Lire Jacques Bainville", voir la note : Boileau... royaliste 
     
     
              
    La bombe éclate le 27 janvier 1687, lorsque Perrault présente à l'Académie Française, à l’occasion d’une guérison de Louis XIV, son poème Le siècle de Louis le Grand, dans lequel il fait l’éloge de l’époque de Louis XIV comme étant une époque idéale, tout en remettant en cause la fonction de modèle de l'Antiquité. Il y écrit entre autres :
     
    "La docte Antiquité dans toute sa durée
     À l’égal de nos jours ne fut point éclairée."
               
    Pensée qu'il précisera dans un autre ouvrage :

    "La belle Antiquité fut toujours vénérable;
    Mais je ne crus jamais qu’elle fût adorable.
    Je voy les Anciens sans plier les genoux,
    Ils sont grands, il est vray, mais hommes comme nous;
    Et l’on peut comparer sans craindre d’estre injuste,
    Le Siècle de Louis 
    au beau Siècle d’Auguste..."

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    La Porte Saint-Denis, bâtie en 1672 par Nicolas-François Blondel, afin de célébrer les victoires du Roi sur le Rhin et dans sa guerre contre la Hollande. 

    Inspiré de l’arc de Titus à Rome, ses deux bas-reliefs sont de Michel Anguier et représentent - au Sud - le passage du Rhin et des figures allégoriques du Rhin et de la Hollande vaincus, sous les traits d'une femme affligée; au Nord, Louis XIV qui soumet la ville de Maastricht.

    Dans la frise de l'entablement est inscrite en lettres de bronze la dédicace "Ludovico magno, À Louis le Grand" (pour d'autres informations sur ce beau monument, voir l'Éphéméride du 15 juin). 

               

    Ceux qui ont lancé cette Querelle n'en avaient probablement pas conscience, mais La Querelle des Anciens et des Modernes revêtit en réalité une portée beaucoup plus profonde. On n'en était qu'aux débuts, mais, pour la première fois, c’était l’idée même d'autorité qui était attaquée, au nom de ce qu'on ne tardera pas à appeler, bientôt, "le progrès". 

    Ce qui semblait n'être qu'une aimable disputatio, entre de beaux esprits, se doublait donc, en le préfigurant, du débat philosophique que déclencheront les tenants des Lumières, lorsqu'ils opposeront progrès et tradition..... 

    Un mouvement était lancé, dont encore une fois on n'a probablement rien perçu lors de son déclenchement. L’attaque de l’autorité dans le domaine de la critique littéraire aura des équivalences avec les progrès de la recherche scientifique. Et le défi jeté à l’autorité par les Modernes dans le champ littéraire annonçait déjà les remises en question dont la politique et la religion (ou "le politique" et "le religieux"...) allaient faire l’objet...

     

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  • Elite médiatique et coup de force, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (13/14)

    Le coup «  par le haut »

    Au début 2016, pour déployer son scénario dégagiste, l’Etablissement à besoin d’un présidentiable incarnant son projet. Les influenceurs Alain Minc et Jacques Attali lui proposent Emmanuel Macron, Technocrate sortie de l’ENA, banquier d’Affaire, ancien secrétaire-adjoint de l’Élysée et actuel ministre de l’économie. Celui-même qui au mois de mars 2016 présente François Hollande comme « le candidat légitime » de son camp.

    philippe germain.jpgPourtant, un mois après, Macron annonce sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle. Minc et Attali ont exécuté la phase décisive du scénario. Une équipe de campagne est discrètement constituée de technocrates issus des cabinets ministériels. Fin aout Macron démissionne du gouvernement. L’acteur du futur «  hold-up démocratique  » est en place.

    La seconde phase du scénario est celle du déblaiement. Celle du «  modèle de révolution gantée  » dirait Charles Maurras. C’est une séquence très courte. En novembre 2016 Macron annonce formellement sa candidature et à la stupéfaction générale, quatorze jours plus tard Hollande renonce à se représenter. Les amateurs de Si le coup de force est possible (1908), reconnaissent dans le président de la République, le Monk permettant à la Technocratie de sauver le pays légal affaibli. Effectivement le désistement du Président de la V° République s’apparente au «  coup n° 1  ». Celui-ci, précise Maurras, est «  frappé d’en haut  » soit par le maitre de l’heure, le chef d’Armée, ou par le chef de l’Etat. Par son renoncement inédit dans l’histoire de la V° République, le chef de l’Etat ouvre la voie au scénario dégagiste des dynasties républicaines.

    Pour Maurras, une révolution par le haut suppose «  un minimum d’action secrète joint à un capital d’efforts antérieurs  ». L’action secrète  ? Probablement celle des commis de l’Etablissement persuadant Hollande qu’il était préférable pour lui de miser sur une réélection en 2021. Le capital d’efforts antérieurs  ? C’est la mise au point par Hollande, d’une cellule clandestine à l’Elysée et d’une «  bande de conspirateurs vigilants  » s’appuyant sur quelques policiers et juges. Ces « comparses d’histoire rodant derrière le théâtre  » permettront de disqualifier l’adversaire conservateur dès le premier tour pour faire profiter Macron au second, de l’effet plafond de verre du national-populisme.

    2.jpg

    Structure clandestine et moralisation

    Comme le centre-gauche, le centre-droit à organisé des primaires pour redorer l’image ternie de l’élite politique. Entre la candidature de Macron et le renoncement de Hollande, «  la Droite et le Centre  » s’est choisi François Fillon comme incarnation.. C’est une surprise car les sondages ont longtemps donné une large avance pour Juppé-Sarkozy et la remontée du vote Fillon a atteint son score le plus haut avec 30  % d’intentions de vote, restant 14,1 points en dessous de son résultat au premier tour. Au second 66,49 % des votes militants se portent sur lui. L’homme a utilisé les catholiques de la Manif Pour Tous – réduite à Sens Commun – pour gagner la primaire de la droite. Les catholiques conservateurs savent se montrer efficaces depuis que leur échec face au mariage homosexuel leur a fait comprendre la nécessité de s’organiser en minorité active. En réalité Fillon est leur faux champion et Mathieu-Bock-Côté peut dire  : «  C’est ainsi qu’on a transformé en certains milieux la candidature de François Fillon en occasion de renaissance conservatrice pour la France. C’était un peu malgré lui : I ‘homme ne s’était jamais reconnu dans cette vocation providentielle de sauveur de la civilisation. On I ‘a pourtant imaginé dans ce rôle… Étrangement, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy devenait I ‘homme du grand refus. On misait sur lui pour renverser l’époque.1  »

    Pour réaliser la troisième phase de son coup de force démocratique, l’Etablissement va solliciter l’élite médiatique. Celle-ci recevra les dossiers occultes de la «  police politique  » jadis dénoncée par Léon Daudet2. Les accusations seront étayées par une judicature «  aux ordres  », validant le précepte d’Action française  : par tous les moyens, même légaux . Le dossier a déjà été constitué par la structure clandestine montée par l’Elysée qui a la capacité d’orchestrer des affaires judiciaires pour éliminer des adversaires. Cette structure démasquée par l’ouvrage Bienvenue place Beauveau3, articule le service de renseignement financier de Bercy, la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces, des magistrats – recevant de l’Elysée des consignes orales – alimentés et épaulés par des d’officiers de police judiciaire en poste à l’Office central de lutte contre la corruption, les infractions financières et fiscales. Comme les choses sont bien faites – ne parlons pas de complot car le mot est réservé aux ennemis du Système –, le patron de Bercy est Michel Sapin, un ami de quarante ans de Hollande ; le coordinateur du renseignement est Yann Jounod, un préfet socialiste ; le patron de la DACG, Robert Gelli, a partagé la chambrée de Hollande et Sapin lors du service militaire. Cette structure, Hollande va la mettre au service du scénario «  dégagiste  », pour éviter qu’un successeur mal intentionné ne cherche à faire un bilan de son quinquennat.

    Le dossier servira de point d’appui au levier de la campagne électorale. Celui-ci a été déterminé par une méthode de la technocratie américaine. Les algorithmes, appliqués sur le Big Data constitué par enquêtes auprès du pays réel, conseillent la moralisation politique comme levier. Pour dégager l’élite politique, ce vieux monde des «  tous pourris  », il faut un «  nouveau monde  » qui moralisera la vie politique. Voilà le levier que l’élite médiatique doit actionner sur le point d’appui des dossiers fournis par la structure clandestine à la judicature aux ordres. Les médias placeront au premier plan les problèmes de morale politique de Fillon en minimisant ceux de Macron. Une fois au pouvoir il sera toujours temps de  renoncer à l’expression «  moralisation de la vie publique  », qui avait quelque chose de noble, de grand, annonçant comme une vaste opération de nettoyage des écuries d’Augias.4 pour le transformer en un vaseux projet de «  loi pour la confiance dans notre vie démocratique  ».

    La prophétie réalisée

    Pour actionner le levier moralisation, les servants seront ceux de l‘artillerie médiatique, les intellectuels de notre époque. Si l’on veut comprendre l’élite médiatique on doit visualiser le documentaire Les nouveaux chiens de garde5 réalisé en 2012. Non pour son évocation d’Alain Minc et de Jacques Attalli mais parce qu’il confirme le bien fondé du livre prophétique (1903) de Maurras L’avenir de l’Intelligence, dans lequel il annonça le temps ou «  les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion  : plus que jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint  : jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens 6 ». Les intellectuels sont bien ces histrions se roulant tellement au niveau des chiens que dans sa présentation Les nouveaux chiens de garde, il les symbolise se jetant sur les sucres lancés… l’élite financière, ces «  maitres de l’Or  ».

    Cette artillerie médiatique sera financée par certaine entreprises et personnalités du monde des affaires, identifiées dans le dossier «  Le Système et ses connivences7  » du mensuel Monde et Vie de Guillaume de Tanouarn, qui ne fait pas mystère de son maurrassisme. Il cite Pierre Bergé, Xavier Niel (Free), Marc Grossman (Célio), Claude Bébéar (Axa), Matthieu Pigasse (Banque Lazare), Marc Simoncini (Meetic), Didier Casas (Bouygues), Alexandre Bompard (Darty, FNAC), Henry Hermand et ceux qui ont placé leurs hommes auprès de Macron  : Drahi (numéricable, SFR) avec Bernard Mourad ( Morgan Stanley), puis Bernard Arnault (LVMH) avec Denis Delmas (TNS Sofres). Avec leur soutien, Macron n’aura pas à bourrer les urnes car les médias vont bourrer le crane des citoyens. Ces médias sont  : La dépêche du Midi, le Groupe Canal+, BFMTV, Libération, L’Express, Stratégies, Le Parisien, les Echos, Les Inrocks, radio nova, Le Monde et l’Obs…. Et Richard Dalleau précise dans Monde&Vie  : «  La majorité des médias est désormais entre les mains de huit grands groupes industriels et financiers, pour qui ils sont de naturels débouchés publicitaires, mais surtout de formidables outils d’influence.8 »

    L’artillerie médiatique

    Sans fantasmer, apprécions la cohérence des dates, quant à la préparation d’artillerie médiatique et juridique contre Fillon. Le Canard enchaîné du 25 janvier 2017 utilise le dossier de la structure clandestine pour affirmer que Penelope Fillon, est rémunérée fictivement pour un emploi d’attachée parlementaire auprès de son mari. Le jour même, le levier de la moralisation de la vie publique est activé par le parquet national financier (PNF) ouvrant une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics, abus de biens sociaux. Le 1er février, le dossier permet au Canard de revoir à la hausse les salaires de Penelope et de mentionner une somme versée à deux de ses enfants. Fillon est mis en examen le 14 mars pour « détournements de fonds publics » et « manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». Grace au dossier, l’enquête s’étend le 16 mars aux costumes de luxe offerts avec un réquisitoire pour « trafic d’influence ». Les juges nourrissent les médias leurs permettant de discréditer le principal obstacle de l’élite politique entre Macron et l’Élysée. Cela crée un bruit médiatique évitant d’aborder le débat sur les soucis du pays réel. Pour alimenter le spectacle, des manifestation «  citoyennes  » accueillent Fillon dans ces déplacements avec cris, pancartes et concert de casseroles. Si nous suivons Dalleau dans Monde&Vie d’avril 2017  : «  Le traitement médiatique des affaires pendant la campagne aura été particulièrement révélateur de ce soutien [à Macron]. Trafic de médailles, déclaration de patrimoine à trous, frais de bouche de Bercy… la litanie des casseroles macronniennes, sitôt sorties dans la presse, sitôt enterrées par des démentis du candidat pris pour argent comptant par nos confrères donne le vertige…À l’inverse, pour Fillon, pas une semaine sans que Le Canard ne sorte un nouvel épisode du Penelope s’Gate, du Costume s’Gate et pourquoi pas du Caleçon s’Gate. Il fallait en général moins de 24 heures pour que le moindre rebondissement judiciaire aboutisse dans les médias… et là, le sens critique de nos confrères vis-à-vis de la défense était bien affûté.  »

    A la date symbolique du lundi de Pâques, Monseigneur le comte de Paris – s’inscrivant ainsi dans la «  ligne  » protectrice et conservatrice d’Henri V, de Philippe VII, de Philippe VIII, de Jean III – apporte officiellement son soutien au candidat conservateur, «  compte tenu de la gravité de la situation pour notre pays  ». Ce grain de sable de la vieille France n’est pas en mesure d’enrayer le coup n°1. Au premier tour de la présidentielle, les conservateurs atteignent 20,01 % et sont donc dégagés de justesse. C’est l’heure de vérité sur l’état véritable de la guerre culturelle et Mathieu Bock-Cotê explique  : «  La candidature Fillon était aussi perçue comme I ‘aboutissement d’un bouillonnement idéologique de plusieurs années, ayant entrainé la renaissance politique du conservatisme. On se racontait des histoires. Car si la présidence Hollande constituait une image navrante de la gauche, le progressisme n’en conservait pas moins l’hégémonie idéologique. La multiplication des éditorialistes et intellectuels en dissidence avec le politiquement correct témoignait certainement de la contestation de ce dernier mais pas de son effondrement.9  » Pour gagner la Guerre culturelle, la métapolitique est insuffisante et il faut disposer d’une doctrine politique cohérente, issue d’une synthèse idéologique adaptable aux évolutions du temps. Ce n’est pas le cas du conservatisme. L’ouvrage est devant lui. En revanche si nous suivons Bock-Coté  : «  Si l’effondrement de la campagne de François Fillon a été une catastrophe pour le camp conservateur renaissant, il a surtout permis au système médiatique de reprendre le contrôle des termes du débat public qui lui avait échappé. Depuis quelques années, la vie politique avait été à ce point réoccupée par les préoccupations populaires que les médiacrates en devenaient fous. Ils avaient décrété que les aspirations identitaires et sociétales mobilisées dans la vie politique traduisaient des paniques morales encouragées par le machiavélisme populiste. L’immigration, l’identité, la mutation anthropologique : ils voyaient dans ces thèmes émergents la preuve de l’offensive conservatrice qu’il faudrait contenir et renverser. 2017 a permis ce renversement.  » Le jugement est rude mais peut-être salutaire.

    Pôles idéologiques

    Le candidat sorti du chapeau du pays légal atteint 24,01 %. La candidate national-populiste n’est qu’en seconde position avec 21,30 %. L’élite politique socialiste est spectaculairement dégagée avec 6,6 % tandis que la France Indigéniste crée la surprise avec 19,58 %. Il faudra nous interroger sur le pole idéologique qui l’a rallié  ; ce pole que Michel Michel nomme «  le pôle islamiste10  ».

    Le second tour ne va être qu’une formalité compte tenu de l’instrumentalisation de la peur mise au point par certains clubs de pensée et laboratoires d’idées comme Bruegel ( think-tank européiste), la Fondation Jean Jaurès ( du P.S.), Terra Nova (progressiste), mais aussi par des tètes chercheuses comme Jacques Attali (libéral libertaire), Louis Gallois (gauche), Alain Minc (libéral), Laurent Brigogne (patronat). La dernière phase du coup de force démocratique s’appuie obligatoirement sur le combat culturel préparé idéologiquement par une minorité active. Cette minorité soutient l’externalisation des fonctions souveraines de l’État vers des instances supranationales (Union européenne, OTAN, TAFTA, etc.). Son libéralisme/libertarisme s’accorde avec la philosophie contractualiste de ce que l’Action française nomme le «  pôle idéologique des valeurs républicaines  » qui «  réactualise le vieux courant du «  contrat social  » du XVIIIe siècle. Il s’agit d’émanciper l’individu des déterminations qu’il n’a pas choisies  : déterminations sociales, culturelles, familiales, voire «  naturelles  » (cf. la dénonciation des «  stéréotypes de genre  »). Pour ceux-ci, la nationalité française ne se fonde pas sur l’appartenance à un groupe humain déterminé, mais sur l’adhésion aux grands principes du mouvement révolutionnaire : universalisme, égalitarisme, laïcisme… La France est moins la patrie des Français que celle des «  droits de l’Homme  » (avec un H majuscule) 

  • Identité française: un sursaut est-il encore possible ?, par Nicolas Lévine.

    Incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019 © Diana Ayanna/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22325038_000006

    Source : https://www.causeur.fr/

    Il y a coïncidence entre l’écroulement de notre culture et celui de l’Église.

    A un an d’intervalle, des incendies ont ravagé Notre-Dame de Paris puis la cathédrale de Nantes. Les réactions à ces drames ont démontré notre profond malaise identitaire. Alors qu’un changement de peuple est en train de s’opérer, le catholicisme peut-il renaître de ses cendres?

    Qu’est-ce que la République en France ? C’est la IIIème. Qu’est-ce que la IIIème République ? Une alliance des minorités franc-maçonne, protestante et, dans une moindre mesure, juive contre les masses catholiques qui étaient aussi, du moins jusque dans les années 1880, monarchistes. Pour les hommes qui ont bâti ce régime, la laïcité devait rompre définitivement le lien qui unissait la nation à l’Eglise ; la loi de 1905, promulguée dans un climat délétère, contre la volonté d’un peuple encore très majoritairement attaché à sa religion, fit du catholicisme un culte parmi d’autres dans la désormais « patrie des droits de l’homme » issue d’une déclaration abstraite et léguée par le Grand Architecte.

    Disons-le tout net : l’Eglise en France n’a pas volé le triste destin qui est le sien aujourd’hui. En tant qu’institution, elle œuvre sans relâche, avec une admirable constance, à sa propre destruction

    On ne peut pas comprendre la médiocrité – quand ce n’est pas carrément l’absence – des réactions de notre personnel politique face aux permanents actes anti-chrétiens si l’on oublie que la République s’est construite contre l’Eglise. Pour parler comme les libéraux, c’est son « logiciel », dans son « ADN ». Un an avant la loi de 1905, l’affaire des fiches révélait, au sein de l’armée, un vaste système de fichage – commandé par le ministère – visant à brider l’avancement des officiers catholiques. Cependant que les anticléricaux, athées, libre-penseurs en tout genre menaient virilement le combat culturel dans les gazettes et les écoles, l’Etat expulsait les congrégations, soutenait les loges et, donc, abattait enfin « l’infâme ». On le sait, durant une génération, l’Eglise tenta de résister, cherchant un modus vivendi avec la République qui la haïssait. Mais, après le catholicisme social d’un Lamennais qui était un aberrant compromis avec l’air du temps, l’affreux sulpicianisme dans lequel elle sombrait à la veille de la guerre disait combien elle manquait déjà de chair. Elle se soumit et commença à produire un nouveau genre de catholiques, honteux, plus obsédés par les œuvres que par leur salut. Victorieuse, la République s’amusait des querelles qui animaient son ancienne ennemie héréditaire.

    Triste destin et sursaut d’absolu

    Cela dit, il y avait les fidèles, qui continuaient de se rendre à la messe. En 2018, dans Comment notre monde a cessé d’être chrétien, l’historien Guillaume Cuchet démontrait comment, jusqu’au début des années 1960, les églises étaient encore pleines ; c’est à ce moment-là, en quelques années seulement, qu’elles se vidèrent. Les enfants du baby-boom furent donc les premiers à refuser le rituel. Parce que leurs parents furent également les premiers à ne plus les y contraindre. Vatican II, qui est l’introduction de l’esprit du protestantisme dans l’Eglise, justifia ce reniement en promouvant la liberté de conscience. En réduisant pour ainsi dire la foi à une affaire personnelle, ce concile péteux, cornaqué par des personnes extérieures à l’Eglise, fut un prodigieux accélérateur du déclin de celle-ci. Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes ; c’est en suivant ce principe que, durant deux millénaires, l’Eglise put traverser cent hérésies et révolutions ; en s’arrimant au monde par peur de se l’aliéner, elle perdit sa force, sa grandeur et son charme. De nos jours, il n’y a plus que dans certains monastères et dans le mouvement dit traditionnaliste que l’on trouve encore des clercs érudits, souriants, combattifs, plus préoccupés par les âmes du peuple de Dieu que par le sort des migrants et avec qui l’on peut prier sans être perturbé par d’immondes dessins d’enfants ou des chants qu’on dirait écrits par une chaisière fan de Calogero.

    Disons-le tout net : l’Eglise en France n’a pas volé le triste destin qui est le sien aujourd’hui. En tant qu’institution, elle œuvre sans relâche, avec une admirable constance, à sa propre destruction. Face à l’effondrement de la pratique religieuse, elle continue de servir la soupe insipide qui fait fuir tant de jeunes gens qui, à un âge où l’on est souvent saisi par un magnifique sursaut d’absolu, préfèrent logiquement se tourner vers d’autres religions, à commencer bien sûr par l’islam. La crise des vocations, elle, découle directement du célibat des prêtres devenu insupportable non pas du fait de tentations plus nombreuses mais de l’acceptation de ces dernières, d’une miséricorde mal comprise et encore plus mal professée. Comme l’Eglise réformée dont elle suit le pathétique chemin, l’Eglise catholique se transforme en une sorte d’association où, le dimanche, par habitude plus que par conviction, des CSP+ hagards viennent prendre leur dose hebdomadaire d’« humanisme » en écoutant beugler de girondes Africaines évadées de Sister Act. Tous les fidèles ou presque commettent ce qui, pour le saint curé d’Ars, était un grave péché : en public, ils n’osent jamais affirmer leur foi, et vont même jusqu’à rire d’elle avec les autres afin de ne pas être ce « signe de contradiction » qui est pourtant leur glorieuse croix. En vérité, rejoindre l’Eglise réclame bien du courage. Dans la plupart des paroisses, surtout les progressistes, on décourage le catéchumène, on lui demande de « bien réfléchir », on lui dit qu’il devra être patient, trouver un parrain, remplir un CERFA. Il devra en outre entendre ses coreligionnaires lui expliquer que la Résurrection est une « métaphore », comme l’est la virginité de Marie, et que l’eucharistie est un « moment de partage » à l’instar des « goûters » organisés chaque mois par Elisabeth, « la maman de Sixtine ». Pour se faire accepter par « la communauté paroissiale », il faudra moins faire oraison qu’apporter des vêtements pour les Roms. Si, malgré ces nombreux écueils, le postulant s’obstine, il devra ensuite errer longtemps avant de trouver une église correcte, où le curé ne versera pas, pour composer ses homélies, dans la paraphrase ou l’apologie d’SOS Méditerranée.

    Les actes anti-chrétiens sont à peine relevés, en général en dernière page des journaux gratuits!

    Sans cesse moquée sur l’antenne de Radio Paris, pardon, France Inter et ses humoristes « impertinents » payés par nos impôts, décrite comme une réserve de pédophiles, d’abrutis qui croient que la Terre est plate et d’obscurantistes qui ont brûlé par millions ces « femmes libres » que l’on appelait autrefois sorcières, l’Eglise baisse la tête. Pire ! non contente d’accepter les insultes, elle promeut le changement de peuple avec un enthousiasme digne des Verts ou de RESF. En effet, il ne se passe pas un mois sans que la Conférence des évêques de France ne se fende d’un communiqué en faveur de l’accueil des hordes de miséreux, pour la plupart musulmans, qui se pressent aux portes de l’Europe. Elle croit ainsi être charitable alors qu’elle contribue à l’ensauvagement du continent ; d’en être victime, elle et ses fidèles, ne la perturbe pas. Pas plus que ne le font les actes qui visent ses cimetières et ses lieux de culte. Car si chaque lardon lancé contre une mosquée et chaque croix gammée dessinée sur une tombe juive engendre un drame national avec ministres qui se dépêchent sur place afin d’exprimer la « solidarité » de la République et promettre de nouvelles lois pour « lutter contre la haine », les actes anti-chrétiens, eux, sont à peine relevés, en général en dernière page des journaux gratuits. Or, ces derniers sont de très loin les plus nombreux – à hauteur de 90%, pour être précis. Tombes souillées par des métaleux « satanistes » en fin de soirée, sacristies incendiées par des punks à chien ayant abusé de la 8.6, objets liturgiques volés partout et en particulier dans les petites églises laissées à l’abandon : ce vandalisme-là n’indigne personne, pas même l’Eglise qui semble tétanisée.

    Le brasier de Notre-Dame

    Il y a un an de cela brûlait Notre-Dame de Paris. Là, pour le coup, il s’agissait d’un « événement ». Les profanes apprirent à cette occasion que l’entretien des lieux de culte chrétiens, du moins ceux bâtis avant la loi de 1905, étaient à la charge de l’Etat. Et que celui-ci, radin, comptait chaque sou. Considérées comme des monuments historiques au même titre que la maison de vacances de Sarah Bernhardt ou quelque baisodrome d’Alexandre Dumas, les églises ne jouissaient, dans le PLF 2019, que d’une partie des 346 millions d’euros dédiés par le ministère de la Culture à la sauvegarde de ces mêmes monuments, soit à peine 10% du budget de ce dernier. Tous les spécialistes s’accordent à dire que cette somme est dérisoire ; pour l’Etat républicain, il est de toute évidence plus important de subventionner les cracheurs de feu et les lanceurs de diabolo que de rénover ces endroits étranges où des gens bizarres vénèrent un Juif cloué sur une croix.

    C’est très clairement dans les années 1960 que la France a commencé à ne plus être la France

    L’« émotion » parfaitement artificielle que cet incendie a produite dans les médias – un peu à la manière du saccage de l’Arc de Triomphe durant le mouvement des Gilets jaunes – disait moins, en tout cas chez les politiques, le chagrin de voir fondre la mère des cathédrales du pays que celui de perdre une fraction de ces dizaines de millions de touristes sans lesquels la France ne serait plus le bronze-cul de l’Europe et le musée du monde. D’ailleurs, l’attentif aura remarqué que, dans la langue politico-journalistique, Notre-Dame était appelée « monument » ; sa qualité d’église était secondaire et même accessoire ; à travers ce spectaculaire brasier, c’étaient pour les revenus tirés du patrimoine qu’éditocrates, économistes et parlementaires pleuraient. Certes, il y eut bien quelques brefs « sujets » sur des catholiques à serre-tête qui, à l’instar des impuissants « Veilleurs » de la Manif pour Tous, faisaient leur chapelet à Saint-Michel. Mais ils ne firent rien d’autre, animés par un fatalisme que leur envient les bouddhistes auxquels ces vétérans des JMJ et de Taizé ressemblent tant sans le savoir.

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    A Nantes, des policiers empêchent l’approche de la cathédrale en feu, samedi 18 juillet 2020 © Laetitia Notarianni/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22474389_000011

    Le 18 juillet, c’était au tour de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de cramer. La multiplicité des foyers d’incendie oriente les enquêteurs vers un acte criminel. Un migrant rwandais, hébergé par le diocèse, fut d’ailleurs suspecté avant d’être renvoyé dans la nature ; entre-temps, son avocat, malin au sens propre du terme, exigea que l’Eglise fasse preuve, si son client était bien coupable, de « miséricorde », la « communauté catholique » étant à ses yeux « la meilleure » en la matière – si par miséricorde on entend faiblesse et même lâcheté, c’est très vrai. Infiniment moins célèbre et lucrative que Notre-Dame, la cathédrale de Nantes fut du reste rapidement chassée de l’actualité par la saison II de la série Tous à la maison et le retour du string-ficelle sur les plages. Quatre jours après, l’affaire est déjà oubliée. Par la voix du nouveau Premier ministre, ce pauvre Jean Castex qui nous ramène aux heures les plus sombres de la IVe République, l’Etat s’est engagé à réparer les dégâts comme l’avait fait, avec son emphase coutumière, Macron pour Notre-Dame. Je n’ai pas vérifié, je le confesse, mais je parie que, face à cet énième sacrilège, l’Eglise s’est contentée de pondre une déploration sans âme, « équilibrée », qui n’accuse personne et ne réclame rien, et qui doit même remercier, en plus des vaillants pompiers, les autorités venues pour une fois soutenir les catholiques en tant que minorité.

    Notre culture brûle aussi

    A l’heure où une jeune aide-soignante lyonnaise, certaine Axelle, vient de mourir sous les coups de la « diversité », il convient de noter qu’il y a coïncidence entre l’écroulement de notre culture et celui de l’Eglise. C’est très clairement dans les années 1960 que la France a commencé à ne plus être la France. L’immigration africaine de masse, l’internationalisme socialo-communiste, la construction européenne, la sous-culture américaine, la colère des petits-bourgeois libertaires s’allient alors pour nous faire basculer dans une autre temporalité, un autre paradigme. On assiste à une grande inversion des valeurs. Comme une digue, l’Eglise contenait ce mouvement ; en tombant, elle entraîne le pays dans sa chute. Car comme l’écrit Malraux, une « civilisation est tout ce qui s’agrège autour d’une religion ». C’est le catholicisme qui a fait la France, modelé ses mœurs et forgé ses coutumes. Le principe libéral selon lequel une société tient par le contrat est un échec total, hormis pour de rares privilégiés qui, dans leur Aventin de Montreuil, profitent égoïstement des fruits de leurs idéaux cependant que le peuple, lui, vit dans une constante insécurité culturelle et une insécurité tout court. La nature ayant, bien entendu, horreur du vide, l’islam, par le truchement du regroupement familial et d’une natalité exubérante d’abord, vient remplacer le catholicisme. Et ce ne sont pas les risibles « valeurs de la République » qui vont l’en empêcher ; au contraire, elles se mettent à son service. Durant cinq décennies, les libéraux ont cru que les musulmans finiraient par apostasier, par se convertir eux aussi à la poursuite du bonheur, c’est-à-dire au néant ; désormais, en plus de ceux qui continuent d’y croire contre toute évidence, contre les faits – mais il est vrai que le réel ne les intéresse, que pour eux le faux est un moment du vrai – nombre d’entre eux s’accommodent de l’islamisation du pays et la subséquente violence qu’elle engendre. Ces derniers sont comme le personnage principal du Soumission de Houellebecq : ils font avec, convaincus en leur for intérieur, comme tout bon libéral qui se respecte, que tout change, évolue, qu’il faut s’adapter, et que l’on n’y peut rien.

    Seule la tradition est révolutionnaire, n’est-ce pas. Il ne saurait y avoir de reconquête sans réveil de l’Eglise – n’en déplaise à l’excellent Michel Onfray. Ceux qui, dans notre camp, prétendent que nous pourrons nous en sortir sans sueur et sans larmes sont soit d’une naïveté criminelle, soit des imbéciles, soit des pleutres. Français, combien d’entre vous devront mourir avant que vous le compreniez ?

  • Le Système et son Panthéon qui sent mauvais, de plus en plus mauvais : à quand le ”clip de fin”, et sa fermeture ?

    C'est le 4 avril 1791 que - sur ordre de la Constituante - le Panthéon devint... "le Panthéon",  officiellement temple civique destiné à accueillir les cendres des grands hommes de la Patrie, en réalité, "extravagant salmigondis", comme dit Léon Daudet, qui se voudrait le Temple gardien des "valeurs républicianes, dont on sait ce qu'il faut en penser, avec Simone Weil, Franck Ferrand et Denis Tillinac.

    Avec cette bonne blague d'inscription à son fronton : "Aux grands hommes, la République reconnaissante" : 

    pantheon fronton.jpg

     

    Bonne blague - et qui s'amplifie aujourd'hui, on va le voir... - car, en fait de "grands hommes", qui repose au Panthéon, sous la monumentale croix de plusieurs tonnes qu'il a été impossible à notre République idéologique férocement antichrétienne de retirer, car, par son poids même, elle contribue à la stabilité de tout l'édifice ?

    D'abord, pas mal d'illustres inconnus, mais aussi quelques personnes "très bien" : Soufflot, l'architecte du bâtiment; Bougainville, le navigateur, à qui nous devons les bougainvilliers (ou bougainvillées) de nos jardins; François Tronchet, qui osa défendre Louis XVI lors de son pseudo-procès, devant la meute hystérique des "bourreaux barbouilleurs de lois", dénoncés par André Chénier, l'une de leurs victimes; Louis Braille, qui fit tant pour les aveugles; Alexandre Dumas, qui enchanta tant et tant de générations d'adolescents (de 7 à 77 ans, comme dit la formule...) avec ses Trois mousquetaires... et quelques autres encore, comme Félix Eboué ou Portalis, qui osa lui aussi, depuis Lyon, défendre un Louis XVI dont la mort était résolue d'avance par les terroristes, ce qui lui valut d'être emprisonné, et sauvé uniquement par la chute (enfin !...) de Robespierre...

    Il y eut aussi le grand Mirabeau, la première personnalité inhumée au Panthéon, où il ne resta guère : le 21 septembre 1794 sa tombe futt profanée et ses cendres jetées aux égouts...

    Oui, mais, à côté des illustres inconnus inoffensifs et de ces quelques "gens très bien", il y a d'autre personnes beaucoup moins reluisantes...

    Il y a d'abord ce grand esprit, cette grande intelligence dont les travaux, dans son domaine, honorent la France et la culture française : Lazare Carnot. Le problème, le gros problème, c'est que, à côté de ces travaux scientifiques qui illustrent le nom français, Lazare Carnot est aussi - une paille !... - l'organisateur du Génocide vendéen, le premier des Temps modernes (par ses deux décrets des 1er août et 1er octobre 1793) : voyez, dans notre Album  Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants"... les deux photos "Lazare Carnot organise le génocide (I)" et "Lazare Carnot olrganise le génocide (II)"...

    Si le mot "amusant" convenait pour un tel sujet, on l'emploierait ici, en pensant que dans ce Temple républicain, sous l'inscription Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante, à côté de ce brillant/sinistre Carnot repose aussi Voltaire, le furieux antisémite qui était aussi joyeusement raciste, et cyniquement "anti-peuple" : eh, oui, c'est ainsi ! Le Système qui, par réflexe quasi pavlovien, accole systématiquement le mot "antisémite" au nom de Charles Maurras, honore et propose à la vénération des foules un homme -Voltaire - qui a tenu des des propos cent fois pires, furieusement antisémites et joyeusement racistes "anti-noirs" (on les a "sortis" souvent, et on peut les retrouver dans notre Dossier : M. le Maudit,) : nous reprendrons donc, pour changer un peu, ces trois propos sur "le peuple" du sieur Voltaire. N'allez pas demander à Madame Taubira ce qu'elle en pense - pas plus que de ses propos "anti-nègres" - : elle vous répondra qu'elle ne savait pas, qu'elle n'était pas au courant... : 

    1. "Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes... Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu..." (Lettre à M. Damillaville, 1er avril 1766, dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Lefèvre, 1828, t. 69, p. 131);

    2. "A l’égard du peuple, il sera toujours sot et barbare...Ce sont des bœufs auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin." (Lettre à M. Tabareau, A Ferney, 3 février 1769, dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Delagrave, 1885, t. 69, p. 428);

    3. "Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit; il n’est pas digne de l’être." (Lettre à d’Amilaville, 19 mars 1766, dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1862, t. 31, p. 164);

    Pas mal, non ? La République idéologique propose de ces "grands hommes" à l'admiration des foules !...

    Mais, tout récemment, les choses se sont encore accélerées, et pas dans le bon sens...

    Les Princes qui nous gouvernent (si mal !...) ont peut-être voulu faire diversion, pour tenter de faire oublier leurs échecs monumentaux, et, pour cela, ils ont décidé de ré-animer le Panthéon, en y plaçant de nouvelles personnalités.

    On a même parlé d'y mettre Olympe de Gouges, guillotinée par Robespierre car elle l'avait couvert de moqueries, lui et sa clique de terroristes; elle avait aussi proposé de défendre le roi Louis XVI, lors de son pseudo-procès (chose refusée, bien évidemment...); elle avait, enfin, dédicacé "à Marie-Antoinette" sa "Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne" ! Une telle royaliste au Panthéon, évidemment...

    Finalement, avec François Hollande, on a descendu encore une marche dans l'ignominie : au son du clairon et de la fanfare militaire, le cadavre de Jean Zay, ministre de l'Education nationale (!) du Front Populaire a été transféré au Panthéon : or, le-dit Jean Zay est l'auteur d'un texte immonde, que nous ne souhaitons pas reproduire ici, tant il est moche et tant il pue, mais que les lecteurs qui ne nous croiraient pourront lire ici, si bon leur semble : Jean Zay.pdf.

    Après Carnot et Voltaire, et maintenenat Jean Zay, la trilogie de l'ignominie est complète.  Dans son "lundi" du 24 février dernier, Mémoire sélective ?  Louis-Joseph Delanglade avait pointé l'erreur que commettait François Hollande, qui versait dans un communautarisme de mauvais aloi : "...En inaugurant à la Grande Mosquée de Paris, ce mardi 18 février, le « mémorial du soldat musulman », M. Hollande a choisi délibérément de s’inscrire dans un « mémoriel » discriminatoire..."

     
    Il s'agissait évidemment d'un geste politique envers un électorat ("noir et arabe", comme dit Louis-Georges Tin, président du CRAN !...) qui a voté "Hollande" à 93%, mais qui se trouve fort dépité depuis que le gouvernement de ce même Hollande vient lui expliquer que le petit Mohamed pourra s'appeler Leïla, et que "Mehdi met du rouge à lèvres", théorie du genre oblige ! Hollande pensait probablement rassurer "son" électorat musulman, qui a tourné les talons, en commettant cet impair politique. Las ! Le florentinisme a ses limites, et il arrive assez souvent à celui qui veut être machiavélique de se prendre les pieds dans le tapis. En "mettant" Jean Zay au Panthéon, les "soldats musulmans" et leurs familles savent, maintenant, qu'ils sont morts pour un "torche-cul" : effet désastreux sur le-dit électorat garanti...
    Il est temps, maintenant, d'en finir avec ce carnaval de mauvais aloi, avec cette clownerie de très mauvais goût.
    Il faut fermer "ce" Panthéon, rendre les corps aux familles et ayants-droit, restaurer le momnument dans son état d'origine, et le rendre à sa destination première, à ce pourquoi il a été fait : au service du culte catholique, et non à la promotion du Totalitarisme et du Génocide; du racisme, de l'anti-sémitisme et de "l'anti-peuple"; et, maintenant, de la bave sur ceux qui sont morts pour le pays; il faut cesser de les insulter, car,  comme le dit Victor Hugo, qui dort à côté :
     
    "Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie / Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie"
  • Le Journal du Dimanche rend compte du séjour toulonnais du Prince Jean....

                A lafautearousseau, on l'a décidé une fois pour toutes: on se réjouit de tout le bon et de tout le positif dans ce qui arrive, même si, pour le reste, en notre for intérieur, on n'en pense pas moins... Cela nous vaut, régulièrement, d'être appelé blog optimiste, ce qui ne nous gêne pas, à cette nuance près -de taille, tout de même...- que nous préférons le terme d'Espérance, mais, bon...

                 Le dimanche 31 janvier, le motif de satisfaction est venu de la bonne demie page que le Journal du Dimanche a consacrée au séjour toulonnais du Prince (la page 12, pour être précis). Certes, deux ou trois choses, dans l'article, sont ce qu'elles sont. Mais, appliquons notre principe, et ne boudons pas notre plaisir. Il est positif -et révélateur- que le JDD, sans qu'on lui demande rien, ait jugé que la visite du Prince à Toulon méritait qu'on l'évoquât, et qu'on en rendît compte. Et ce qui transparaît, dans cette demie-page, à côté d'un ton parfois moqueur, ironique ou condescendant, c'est que le Prince agit, travaille, va à la rencontre des gens; même modestes, même de ceux qui vivent dans des HLM; et qu'il parle aussi -et qu'il écoute: très important, l'écoute...- avec des animateurs socioculturels....

                Une chose malgré tout, pour Mathieu Deslandes, le journaliste qui a écrit l'article: Nous ne rêvons pas d'un "retour de la Monarchie". La Monarchie de Saint Louis, de François premier, d'Henri IV et de tous les autres rois, la Monarchie appartient à l'Histoire. De la France et de l'humanité. Ce à quoi nous rêvons -et travaillons...- c'est à une ré-instauration de la Monarchie. C'est radicalement différent. Pas de restauration, d'une chose qui est derrière nous; une instauration, ou ré-instauration, de ce qui apparaît de plus en plus comme le recours, quand on voit l'état désastreux dans lequel la république idéologique à mis la France.

                Et, là, la Monarchie n'est pas derrière nous, elle est devant nous. La république idéologique a vieilli, terriblement vieilli, et -surtout- terriblement mal vieilli. Il n'a pas tenu ses promesses, ce merveilleux système au nom duquel les Révolutionnaires ont causé la mort de 700.000 personnes, instauré le Totalitarisme et organisé le premier Génocide des temps modernes, matrice de ceux d'Hitler, de Staline, de Mao, de Pol Pot.... 

                Et c'est parce que nous constatons ce désastre; parce que nous voyons qu'on a fait tout ça, pour ça; que les Bastille se comptent maintenant par dizaines et par centaines; que les féodalités de tous ordres dictent leur loi à un "semble Etat", qui, de toutes façons, n'a plus guère de pouvoir; que les dettes et déficits colossaux du Système font précisément de ce Système un voleur... etc... etc... que nous voulons, non pas restaurer quelque chose d'hier, mais instaurer quelque chose de nouveau, pour aujourd'hui et pour demain.

                Le nouvel Ancien Régime, monsieur Deslandes, c'est aujourd'hui, et c'est cette république idéologique à bout de souffle.

                Comme le dit le Prince Jean , dans son livre, que vous citez: "La Monarchie est une idée neuve en Europe..." (page 214, chapitre XI, Institutions).

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    La belle jardinière, caricature de Forain

    (1) : Est-ce l'émotion: dans la version internet, pendant quelques heures, ce fut une photo du Prince Eude, avec son épouse Marie-Liesse, qui apparut, sous-titrée Jean d'Orléans ! Là aussi: mais, bon....

    Voici l'article de Mathieu Deslandes:
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    Deux fois par mois -dit la légende, illisible ici- Jean de France parcourt l'Hexagone;
    Dans le Var, il s'est rendu dans une cité difficile (ci dessus),
    puis a rencontré des notables (à gauche)
    La tournée du "vrai Prince Jean"

    Mieux connaître ses sujets, telle est la volonté de l'héritier des princes de France. Et c'est ainsi que Jean d'Orléans a grimpé les étages d'une HLM de Toulon.

    Des mains baguées de chevalières tapotent des applaudissements: Son Altesse Royale le prince Jean de France vient d’achever sa conférence. Dehors, la nuit camoufle la rade de Toulon. Une dame perdue dans une immense fourrure bondit sur ses Mephisto: elle veut une dédicace du " vrai Prince Jean". Le vrai ? "Pas celui de Neuilly", glousse-t-elle.

    Pour s’adresser à l’héritier du trône de France, les silhouettes se font raides et les voix pointues. "Lors de ce genre de séances, il y a toujours des monarchistes, des curieux et des zinzins, énumère le Prince. Beaucoup veulent me toucher... " Qu’ils sachent donc que Jean d’Orléans (son nom civil) n’a pas hérité du pouvoir de guérir les écrouelles.

    "Quelque chose de sacré émane de lui", affirme pourtant un jeune entrepreneur varois, au bord de l’asphyxie dans son nœud Windsor. "Vous réalisez qu’il a dans son sang des traces des gènes de saint Louis ?" Peu de gens reconnaissent dans la rue ce grand garçon au front large et à la gentillesse hors d’âge. Mais ceux qui savent qu’il est l’arrière-petit-fils de l’arrière-petit-fils de Louis-Philippe disent ressentir un effet particulier. Et cela, partout où il passe.

    A raison de deux visites par mois en moyenne, Prince Jean parcourt la France à la rencontre de ses sujets. Ce week-end, il est à Lille. La semaine dernière, il était à Toulon. Dans chaque ville, les militants de son association Gens de France (humour princier !) assurent la logistique. Les consignes sont toujours les mêmes. Servir au Prince des repas sans gluten ni lactose ("sinon vous aurez un régicide sur la conscience"). Et lui composer "un patchwork de rencontres", afin de mieux connaître les réalités "politiques, spirituelles, sociales et militaires de notre pays". Y compris ses marges.

    "La France est monarchiste de coeur et républicaine de raison"

    Un brin fébrile, son comité d’accueil toulonnais le conduit donc "au cœur d’un quartier difficile", Sainte-Musse. Grande première: le Prince monte dans un appartement d’une tour HLM, où vivent des animateurs socioculturels. Il les écoute parler de leur mission. Ceux qui viennent à sa rencontre voudraient des oracles et des grands discours. Mais la plupart du temps, Prince Jean reste silencieux. "Il est sans cesse en rétention verbale", confirme le docteur Jean Gugliotta, un de ses conseillers. "Il est un citoyen ordinaire. En même temps, il a mille ans d’histoire familiale sur les épaules et tout ce qu’il dit se trouve chargé d’une portée particulière." Aussi entre-t-il plus que prudemment dans la vie. A 44 ans, l’héritier des Capétiens vient seulement de se marier, d’avoir un enfant, Gaston, et de ramasser dans un livre* ses convictions, globalement fidèles aux enseignements de l’Église.

    " Et le retour de la monarchie ?" Aristocrates et roturiers, royalistes et républicains, tous finissent par formuler la question. Au risque de décevoir ses plus fervents soutiens, Jean d’Orléans dresse un constat lucide: "Pour moi, la monarchie est une espérance. Il me manque cependant les circonstances et la volonté populaire. Pour l’instant, la France est monarchiste de cœur et républicaine de raison..."

    En attendant que l’histoire sonne à sa porte, ce fan de U2 est sollicité pour évoquer son aïeul Henri IV: on célèbre cette année le quatre centième anniversaire de la mort du Vert-Galant. C’est un début. "Jean IV" préférerait exercer un magistère moral. Mais entre la protection de l’environnement "à la manière d’un Al Gore", la défense du patrimoine culturel, de la francophonie ou celle des personnes handicapées (il a un frère et une sœur concernés), son cœur balance encore.

    Comme son grand-père avant lui, il rêve de la présidence de la Croix-Rouge, "en tout cas d’une grande institution où je pourrais délivrer une vision à long terme, alors que les politiques ont le nez dans le guidon". Entre une bruschetta au foie gras et un mignon de veau aux morilles, il précise: "Je pourrais apporter de la sérénité et… oui, me faire connaître."

    * Un Prince français, Pygmalion, 240 pages, 19,50 euros.

  • Hijab Day : quand Sciences-Po hisse les voiles du politiquement correct

     

    Des étudiants de Sciences-Po Paris ont lancé l'opération «Hijab Day», invitant leurs camarades à « se couvrir les cheveux d'un voile le temps d'une journée », ce mercredi. Une initiative idéologique et déconnectée des réalités, estime Laurent Cantamessi. [Figarovox 20.04] Dans une tribune faite d'humour, d'imagination et de bon sens ...  LFAR

     

    A Sciences-Po chaque jour est une fête. Grâce à un bureau des étudiants hyperactif, l'année est plus rythmée qu'une semaine au Club Med. On connaissait bien sûr la Queer Week, «espace d'action et de réflexion autour des genres et des sexualités», organisée depuis 2010, dont la marraine était cette année la «lesbienne invisible» Océane RoseMarie. Cette année, durant une semaine en mars 2016, les étudiant-e-s et leurs professeur-e-s ravi-e-s ont pu admirer les stands de la Brigade du Stupre, ou celui du collectif GARCES dont l'animatrice confie « arpenter les manifs pour crier des misandries intersectionnelles et emmerder les mascu ». Après Océane Rosemarie, il se dit que le Concombre Masqué parrainera l'édition 2017, placée sous le signe de l'intersectionnalité heureuse et du mascu vaincu.

    Si le mois de mars était celui de la guerre des genres, du dévoilement transgressif et de la chasse au mascu, en avril en revanche on ne se découvrira pas d'un fil à Sciences-Po puisqu'un autre collectif « d'étudiant-e-s » a décidé d'organiser cette fois un « hijab day » dans les murs de la vénérable institution qui doit quelquefois se fatiguer elle-même d'être de tous les combats. Après la récente polémique de la mode islamique, les étudiants de Sciences-Po ont dû penser qu'il était temps d'inverser la vapeur et de hisser les voiles pour voler au secours des minorités opprimées tout en restant trop tendance. Non mais c'est vrai quoi : H&M se lance dans le burkini et le petit hijab fashion et Sciences-Po devrait rester les bras croisés sans réagir ? Pas question, quand on étudie à deux pas des plus jolies enseignes parisiennes, de laisser passer la sortie d'une nouvelle collection printemps-été ! Et puis afficher sa solidarité avec les femmes voilées c'est bien, Esther Benbassa l'avait dit et Europe-Ecologie-Les Verts avait organisé une ‘journée hijab' contre la voilophobie il y a près de trois ans, en août 2013, dans le sillage de la styliste américaine Nazma Khan qui a lancé l'initiative reprise aujourd'hui dans 140 pays… sauf la France, se désolaient il y a quelques mois les initiateurs du World Hijab Day Lyon, « un événement destiné à déconstruire les préjugés », malheureusement interdit en janvier dernier par le méchant préfet Delpuech et la préfecture de Lyon, sous couvert d'état d'urgence. Heureusement que Sciences-Po Paris est là pour rattraper le coup ! Quand on pense que 116 pays ont pu tranquillement organiser une journée du hijab, que la ville d'Ottawa a même accepté que s'organise une journée d'ateliers d'essayage pour inviter les non-musulmanes à « porter le foulard islamique pour mieux comprendre la réalité des hijabis, leurs sœurs voilées », on comprend qu'un collectif d'étudiants de Sciences-Po ait décidé qu'il était temps que la patrie d'Yves Saint-Laurent, Dior et Chanel soit moins voilophobe et textilorétrograde. Et puis même Geneviève de Fontenay est d'accord : « Moi je les soutiens ces femmes musulmanes ! Quand on voit la mode française avec ses jeans troués et rapiécés, tout cet exhibitionnisme, soyons au moins tolérants ! » Avec une caution pareille, comment ne pas se sentir légitime ? Pour remercier Geneviève, les étudiants de Sciences-Po auraient dû imposer en sus du hijab celui du chapeau à large bord pour toutes les étudiantes. Que les réfractaires se rassurent cependant, Fatima Elo, présidente-fondatrice de l'association Politiqu'Elles, association féministe soutenant l'initiative du Hijab Day de Sciences-Po, expliquait ce mercredi matin à l'antenne de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, que « personne ne sera forcé à porter le voile, c'est du volontariat ». Par contre, on ne s'assiéra plus à côté des grincheux voilophobes à la cantine.

    Fatima Elo expliquait également ce matin chez Bourdin que derrière l'initiative du Hijab Day de Sciences-Po, « l'idée était d'aborder la question du voile avec humour ». Apporter son joli foulard pour aborder avec humour le traitement des femmes voilées et même dans certains coins de banlieue de France où le port du voile n'est pas vraiment présenté comme du volontariat, c'est vrai que la blague était à faire, et les nombreuses intéressées qui subissent menaces, insultes et violences quand elles refusent de porter le voile ont dû bien rire à cette bonne blague et être soulagées que les étudiants de Sciences-Po s'intéressent enfin à leur sort. Comme les y invitait ce matin une twitto : « Aux nanas de @sciencespo qui font le #HijabDay n'oubliez pas de servir les garçons à table à midi et de mettre des gants pour serrer la main. »

    Mais la blagounette a l'air d'être mal passée, à en juger par l'avalanche de réactions négatives qu'elle a provoqué dans la presse. On pourrait presque croire que le sujet est devenu ces derniers temps un peu sensible… Et comme on n'est jamais aussi bien trahi que par les siens, voilà que l'antenne FN de Sciences-Po Paris produit un communiqué assassin : « Ce geste relève de l'imposture politique d'une bourgeoisie parisienne déconnectée des réalités sociales, qui exacerbe par ce jeu naïf les tensions communautaires ». Maudit Richard Descoings ! En instituant ses antennes ZEP et ses bourses à destination des étudiants plus défavorisés, l'ex-vénéré directeur de Sciences-Po a fait rentrer dans les murs une cohorte de jeunes loups qui ont grossi les rangs du parti lepéniste et lui ont permis de faire une entrée fracassante dans le pré carré du progressisme éclairé où il vient désormais s'autoriser à gâcher la fête en toutes occasions.

    Et puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, voilà qu'un collectif d'empêcheurs de voiler en rond s'est rassemblé contre le Hijab Day pour proposer de contrecarrer l'initiative de l'association Politiqu'Elles, en organisant une odieuse agitprop' vestimentaire : « En réaction au « Hijab Day », qui propose aux étudiants de Sciences Po de venir voilés, nous proposons une journée pour s'habiller comme on veut : du crop top à la jupe longue, tout est permis ! (Sauf les collants chairs, évidemment depuis la jurisprudence Cristina Cordula). Pour les plus audacieux, un bikini peut même se tenter ! », proclame la page Facebook du « Bikini/Jupe/Robe/Whatever Day à Sciences-Po », organisé aujourd'hui à partir de 8h.

    Au XVIIe siècle, Miguel de Cervantès s'était moqué de la querelle des Anciens et des Modernes, opposant les partisans de l'imitation des modèles antiques à ceux qui voulaient s'en détacher:

    «Dans ce grand tumulte tous ensemble se jettoient leurs Livres à la teste, & se faisoient des armes de leurs Ouvrages. Vous jugez bien que les auteurs de petite taille, comme vous pourriez dire les In-Douze, n'eurent pas l'avantage dans ce démêlé ; certains géants qu'on appelle les Infolio les battirent à plate couture, et c'étoit une pitié de voir comme on en accabloit d'autres, qui n'avoient que des feuilles volantes pour leur défense.»

    La civilisation de l'écrit étant sur le déclin, nous voici parvenus à l'ère du bout de tissu politisé et médiatisé. A l'image des auteurs de Cervantès, verra-t-on à Sciences-Po, en ce jour de confrontation entre Hijab Day et N'importe quoi Day, les porteuses de voiles et leurs adversaires se battre à coups de foulards et de minijupes, le petit top skinny se confrontant au burkini, les hijabs volant dans les plumes des robes à frou-frou et la bretelle apparente lutter pied à pied contre la tunique musulmane de chez Mark&Spencers? L'affrontement promet d'être tendu comme une ficelle de string.

    Pour leur prochain coup d'éclat, les assos étudiantes de Sciences-Po devront en tout cas faire encore plus assaut d'originalité pour être à l'avant-garde de la subversion. Après la Queer Week et le Hijab Day, il va falloir sérieusement se creuser les méninges pour trouver quelque chose de nouveau et d'innovant. A l'approche de la clôture des primaires américaines, on pourra leur proposer d'organiser en juin un «Donald Trump Day». Chaque étudiant sera invité à venir coiffé d'un postiche blond pour rendre hommage au tribun new-yorkais d'avoir déconstruit de manière foucaldienne l'establishment politique de nos voisins d'outre-atlantique et fichu un fameux boxon au parti Républicain. Après la Queer Week, le Hijab Day et les Class Actions de tout acabit, ce serait la classe américaine, tout simplement. 

    Laurent Cantamessi    

    Laurent Cantamessi est co-animateur du site Idiocratie.