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Rechercher : trois leçons d'économie du pape françois

  • Ils ne la veulent ni Positive ni Ouverte : le tocsin des laïcards...

               Ecoutez-les s'étrangler à nouveau. Sarkozy, qui avait déjà parlé de "laïcité positive", confirme son propos, appuyé cette fois ci par le Pape lui même, qui parle de laïcité ouverte. L'un et l'autre veulent retrouver la vraie laïcité, et en finir avec la fausse, l'hypocrite, celle qui est en fait un laïcisme militant et haineux, destiné à supprimer et remplacer la religion chrétienne, traditionnelle en France.

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              Du culte de la Déesse Raison (célébré dans Notre Dame de Paris, devenue Temple de la Raison sous la révolution), en passant par le petit père Combes et 1905, jusqu'à Chirac, considérant precisément ces principes sectaires de 1905 comme "les colonnes du temple", les laïcards pensaient bien avoir assuré "leur" vision pour l'éternité.

              Le mot temple étant d'ailleurs révélateur : que Chirac l'ait employé consciemment ou non, il indique bien que pour les révolutionnaires -au moins dans un subconscient profond...- la révolution et la république qu'elle a engendrée se veulent une nouvelle religion, la religion, qui doit supplanter l'ancienne et, pour cela, l'éradiquer....

              Et voilà que, du sommet de cet Etat qu'ils pensaient avoir occupé pour toujours, la première autorité de l'Etat, de leur ex-Etat laïciste, vient leur dire maintenant que la république "a eu tort", qu'elle "n'aurait pas dû faire la guerre au catholicisme"! Que, oui, les racines chrétiennes de la France sont la réalité vraie. Et que l'on doit non seulement admettre le catholicisme mais même souhaiter son développement! Car la France a besoin de gens qui espèrent et qui croient!

              Ils espéraient peut-être que tout allait se tasser; qu'effrayé par son audace, et par leurs réactions, le Président ferait machine arrière ou, mieux encore, laisserait s'enliser son propos : oui, c'est peut-être cela qu'ils espéraient secrètement. Or non seulement ce n'est pas ce qui s'est passé, mais il se passe tout l'inverse : les propos sont maintenus et repris par le Président, et appuyés par le Pape qui est là, rencontrant un succès populaire largement supérieur à ce que l'on imaginait il y a quelques jours à peine; un succés d'estime et de sympathie, mais surtout -et c'est cela seul qui compte vraiment, bien plus que les chiffres...- un succès d'attention et d'écoute, d'adhésion à ses idées, à ses propos, à ses paroles.

              Et là c'est le coup de grâce pour les laïcards ! Ils ne peuvent que voir et constater que les choses changent sous leurs yeux; qu'ils sont en train de perdre une position qu'ils croyaient jusqu'à il y a peu inexpugnable; que cette défaite et ce recul portent sur un point majeur et essentiel pour eux, et portent donc forcément en germe d'autres défaites et d'autres reculs à venir; et qu'ils n'ont pas les moyens d'empêcher ce changement dans les mentalités, donc demain dans les faits......

              Il faut admettre que c'est très dur à avaler, pour eux. Cette révolution copernicienne là, ils ne veulent pas et ne peuvent pas la faire, car ils ont très bien compris que si une maille se défait, c'est tout l'habit qui se défera : eh oui, la révolution est un bloc !.....

              Et pourtant, la roue tourne : mais cette fois sans eux, et contre eux....

     

  • Qui est le plus en crise ? Michel Onfray et l’ambulance…

               A l’occasion de la dispute Siné –Val, Michel Onfray, prenant parti dans la bagarre, a déclaré incidemment que critiquer le christianisme c’était tirer sur une ambulance…..

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              Nous avons plusieurs fois égratigné Michel Onfray dans ces colonnes. Non, bien sûr, que nous mettions en doute son intelligence ni ses qualités intellectuelles, qui sont évidemment bien réelles. Mais pour remarquer chez lui une tendance exaspérante, en même temps qu’assez comique en un certain sens. On sait que comme bon nombre de journalistes, intellectuels, écrivains etc… Michel Onfray, grand opposant au christianisme en général, et au catholicisme en particulier, est un ardent adversaire de l’infaillibilité pontificale. Mais c’est pour, immédiatement et comme tous les autres que nous venons d’évoquer, retourner et reprendre à son profit la dite infaillibilité : ce qu’il refuse avec la dernière énergie au Pape, il se l’accorde à lui-même, lui et les autres, et  il pontifie, arrête et décrète souverainement ce qui, puisqu’il le pense, est forcément la vérité, le chemin…. Voilà ce que nous lui reprochons, et non bien sûr ses idées en elles mêmes, qu’il a, bien évidemment, le droit d’avoir et de défendre…..

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              Mais revenons à son propos, qui a motivé cette note : ainsi donc, critiquer le christianisme c’est tirer sur une ambulance ? Mais Michel Onfray, voit-il les choses comme elles sont en réalité ? Qu’est-ce qui s’est écroulé, tout récemment, dans un fracas cataclysmique, sinon le marxisme-léninisme, quintessence des idées  révolutionnaires (on n’ose plus dire des idéaux…) ? Le rejet de la révolution par la Russie, son travestissement caricatural par la Chine, sa pétrification pathético-guignolesque en Corée du Nord ou à Cuba, voilà ce qui devrait interpeller quelque part Michel Onfray ! Critiquer le marxisme, aujourd’hui, là oui ce serait tirer sur une ambulance ! Mais Michel Onfray ne semble pas avoir vu que le marxisme, donc la révolution, était mort . Il préfère faire semblant -pour se rassurer ?...- de répéter que c’est le christianisme qui est mort.

              C’est son droit. Mais force est de constater que, si le christianisme a beaucoup souffert de la lutte sans merci que lui mènent les Lumières et leurs avatars depuis le milieu du XVIII° siècle, l’Eglise elle, au moins , est toujours là. Affaiblie, certes, par rapport à « avant », et comment ne le serait-elle pas, après les coups qu’elle a reçu, auxquels aucune institution purement humaine n’aurait, à coup sûr, résisté ? Mais toujours là, et même conquérante ou, plutôt, re-conquérante.

            «  A bien y regarder, et nous aurons à y revenir -écrivions nous récemment (1)- il n'y a plus guère que le Pape, que l'Eglise Catholique, à tenir tête, héroïquement, au "bazar" qu'est le monde moderne, et à tracer, pour l'humanité toute entière, une autre voie que celles, avilissantes, du matérialisme sanglant des révolutions, ou du libéralisme doux de ce que nous nommons encore, par une singulière inconscience, le "monde occidental".   

             Oui c’est la révolution qui est morte, pas le christianisme. Que Michel Onfray médite sur ces deux photos, dérisoires et finalement grotesques, où l’on voit des statues de Lénine déboulonnées et s’en allant, pour où ? pour la fonte, pour la décharge ? Quelle dérision ! Tout ca, pour ca ! Et sur cette dernière photo, reproduction de la couverture d'un livre récent:

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    On sait que les faits sont têtus, que l’Histoire se venge parfois et qu’elle peut être cruelle : la fameuse question de Staline, mais c’est inversée qu’elle se pose maintenant : "La révolution ? Combien de divisions ?....."     

     

    (1)   : Voir la note "Les matérialismes s'effondrent, les nuées se sont transformées en cauchemar..... Mais le Pape trace la voie....." dans la catégorie « Politique et Religion ».       

  • A propos des ravages de la consommation...

              .....voici quelques extraits de l'éditorial de Marie-Joëlle Guillaume, dans Famille Chrétienne du 9 Août (n° 1595). Il s'intitule, justement, Les ravages de la consommation.L'éditorialiste y fait preuve, comme d'habitude, d'un bon sens et d'une profondeur qui ne sont pas sans rappeler assez souvent la grande sagesse de Gustave Thibon.....  

              « …..La question des droits de l’homme, qui nous obsède, est un faux nez : c’est l’attitude entière de la Chine en développement qui pose un problème de fond. Consumériste, pollueur, l’éveil de la Chine sortant du communisme coïncide avec la montée des inquiétudes quant au destin de la planète, mise en danger par l’exploitation effrénée de ses ressources. Nous sommes tentés de faire la morale aux chinois.

              Sommes-nous crédibles ? La Chine n’est jamais que le miroir grossissant des tares et des folies de la consommation moderne. Pourquoi le pillage éhonté des ressources naturelles apparaît-il aux pays émergents comme le nec plus ultra de l’art de vivre, sinon parce que l’Occident développé en a fait une idole ? Sommes-nous prêts à nous libérer de cette frénésie de consommation qui nous pousse à posséder toujours plus, jusqu’à déboucher sur le rien ? Bien sûr, il y a les produits bio, le souci de l’écologie, la volonté de « sauver la planète ». Mais jusqu’à quel point ces orientations marquent-elles une conversion de l’esprit et du cœur ?

              A Sydney, le Pape n’a pas parlé de  « sauver la planète », mais de respecter et servir la beauté de la Création.  Il y a là plus qu’une nuance…..

             …..Sans un retournement spirituel et moral, il est à craindre que l’écologie même soit récupérée par la consommation….. »

  • Passe de trois pour Louis Schweitzer...

              Notre implacable censeur de la Halde devrait commencer à s'inquiéter. Il vient d'être éclaboussé pour la troisième fois par une décision de justice...

              La cour d'appel de Versailles a en effet reconnu Renault coupable de discrimination raciale envers deux ex-salariés, qui estimaient avoir eu des carrières moins intéressantes que leurs collègues blancs à cause de leur origine.

              L'ancien président de Renault, qui dirige actuellement la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), a réagi aussitôt en expliquant que l'entreprise "avait toujours condamné le racisme sous toutes ses formes", et ne pratiquait "en aucun cas la discrimination raciale"...

              Peut-être, mais cela reste à prouver, vu la décision de la cour d'appel. Et cette décision "fait désordre", comme on dit familièrement...

              Les 2 ex-salariés "discriminés" (horresco referens...) étaient employés chez Renault de 1971 à 2003 pour l'un et de 1983 à 2004 pour l'autre. Or Louis Schweitzer fut Pdg du groupe de 1992 à 2005 (il en reste président du conseil d'administration): il ne peut donc s'éxonérer de toute responsabilité dans cette "sale affaire" qui lui tombe dessus après qu'il ait été condamné une première fois fois par la justice belge (à l'occasion de la liquidation de l'usine Renault de Vilvorde), et une deuxième fois par la justice française (dans l'affaire des écoutes téléphoniques de l'Elysée)...

              Comme quoi certains donnent des leçons aux autres, qui feraient mieux de balayer devant leur porte...

  • Le pape et le populisme, par Gérard Leclerc.

    © Antoine Mekary / Godong

    L’encyclique Tous frères est désormais disponible en librairie, et chacun est donc en mesure d’apprécier sur pièce la pensée du pape. Il est vraisemblable que vu la longueur et la densité du texte, les avis des uns et des autres seront contrastés en fonction de ce qui aura le plus polarisé l’attention. Un critique à fait remarquer – et ce n’était pas un compliment de sa part – que le texte de François représentait en volume le triple de la célèbre encyclique Rerum novarum de Léon XIII, qui inaugura l’enseignement social de l’Église catholique.

    gerard leclerc.jpgCette longueur s’explique par le souci de François de donner une analyse exhaustive du monde actuel, celui de la globalisation. Le propos de Léon XIII se rapportait certes à la réalité sociale de la fin du XIXe siècle, mais il était de nature plus normative que descriptive.

    La volonté de décrire le plus exactement possible la complexité de notre monde oblige le pape François à entrer dans des explications qui relèvent de différentes disciplines, avec des aspects multiples. Ainsi, on peut relever ce qui concerne le phénomène populiste jugé très péjorativement. Ce qui peut étonner de la part de celui qui fut marqué dans son pays d’origine, l’Argentine, par l’expérience péroniste que le populisme définit assez adéquatement. Mais ses pires côtés sont ressentis désormais parce qu’il consisterait dans l’exacerbation « des penchants les plus bas et égoïstes de certains secteurs de la population ».

    Cependant, ce jugement très critique a sa contrepartie, parce que le pape refuse également un universalisme niveleur qui ne ferait pas sa place à la diversité et détruirait « la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple ». Le pape est également sévère à l’égard de l’effacement de « la conscience historique », celle qui contient « la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations ». Voilà de quoi faire réagir, notamment à l’heure où l’excellent géographe qu’est Christophe Guilluy entend montrer que la résistance populaire, solidaire de tout un patrimoine transmis, manifeste de plus en plus sa voix [1].

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Chine, Japon, États-Unis. L’euro et la bande des Trois, par François Reloujac

    (Article paru dans Politique Magazine n° 93 de février 2011).

            Entre le risque d’explosion sociale en Chine et celui de l’effondrement monétaire aux États-Unis l’euro flotte au gré de décisions qui ne lui appartiennent pas. 

            Depuis le second semestre de l’année 2010, l’euro est ballotté au rythme des décisions américaines relatives au dollar et des difficultés rencontrées par les États du Sud de l’Europe pour refinancer leur dette sur les marchés financiers, quoique l’importance des dettes de ces États, eu égard à leur produit intérieur brut, n’est pas significativement plus élevée que celle de la France ou des États-Unis. La différence de traitement, face à des situations objectivement très voisines, s’explique par la marge de manœuvre dont disposent les fonds spéculatifs : elle leur permet de gagner quasiment à coup sûr de l’argent sur les mouvements qu’ils provoquent sur les économies des États sud-européens alors que pour les économies plus importantes les espérances de gain seraient pour l’instant moins élevées. Dans la mesure où les États ne peuvent plus continuer à s’endetter, ils sont contraints de diminuer leur train de vie et donc de limiter leurs importations. 

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            A l’inverse, les fonds spéculatifs savent qu’à la technique d’Horace pour triompher des Curiace, ils peuvent ajouter la règle qui préside aux jeux électroniques modernes : chaque fois que l’on triomphe d’un ennemi, on s’empare de sa force. Demain, ils pourront donc s’attaquer à des économies plus puissantes, qui rapporteront encore plus.

            De son côté, la politique américaine dite de « quantitative easing » cherche à faire baisser la valeur du dollar, notamment vis- à-vis des monnaies asiatiques et contribuer ainsi au ralentissement des exportations chinoises. Pris dans ce tourbillon, les pays de l’Union européenne sont acculés et, quoique président du G 20, Nicolas Sarkozy à lui tout seul aura du mal à faire plier la politique américaine. L’année 2011 s’annonce donc difficile pour l’ensemble des pays de l’Union européenne qui devront aller sur les marchés financiers pour renouveler les emprunts arrivant à échéance pour environ 900 milliards d’euros. Ils seront, sur ces marchés, en concurrence directe avec leurs banques nationales qui devront, quant à elles, faire face à quelque 400 milliards d’échéances de dettes et trouver en plus 260 milliards de fonds propres supplémentaires pour satisfaire aux obligations du Comité de Bâle. Autant dire que l’Union européenne n’a plus la maîtrise de la valeur de l’euro, ni même de sa politique économique.

     

    Le jeu nippon

            C’est dans ce contexte que l’on a appris, en début d’année que l’Europe pourrait désormais compter sur le soutien de la Chine et du Japon qui ont décidé de refinancer ses dettes. Les situations des ces deux pays n’étant pas les mêmes, leur décision n’est donc pas dictée par les mêmes motifs. Fondamentalement, si les deux pays disposent de liquidités, alors que la Chine n’est pas endettée, la dette du Japon est très largement supérieure à celle des Etats qu’il s’apprête à soutenir. Comment cela est-il possible ? Et surtout, pourquoi le font-ils ? Car si l’on comprend sans difficultés l’intérêt immédiat des États européens – à défaut de comprendre leur intérêt à long terme –, on ne peut en dire autant pour le Japon et la Chine. En réalité, les deux ne suivent pas la même stratégie, car leurs intérêts ne sont pas les mêmes.

            Le Japon a décidé de financer la dette européenne en utilisant les euros dont il dispose. Il ne va donc ni augmenter, ni diminuer sa dette, laquelle est quasi intégralement financée par ses nationaux. 

            Il va se contenter d’utiliser les euros dont il dispose et qui contribuent à gager la valeur du Yen pour acheter des obligations d’États européens. Au mieux, il ne devrait donc pas y avoir dans les réserves de change de substitution entre les créances libellées en dollar et celles libellées en euro. Le Japon a cependant des difficultés du fait de la surévaluation du Yen, difficultés qui pèsent d’autant plus sur son économie que la vigueur de celle-ci repose essentiellement sur les exportations. Comment donc faire pour obtenir une baisse de valeur du Yen sans donner l’impression que l’on a déclenché une véritable guerre des monnaies, si ce n’est en achetant des titres dont on pense que leur valeur va se détériorer plus vite ? Paradoxalement, on peut imaginer que le Japon a pris une telle décision parce qu’il ne croit pas en la valeur de l’euro à long terme… tandis, qu’à court terme, sa décision contribue à maintenir élevé le cours de cette devise ce qui permet une dévaluation relative du Yen sans pour autant déclencher les hostilités avec les Américains. Il convient à ce propos de noter que le Japon a pris sa décision le lendemain de la visite de Nicolas Sarkozy à Barack Obama au cours de laquelle le président français avait plaidé pour une réforme du système monétaire international passant par « une diversification des devises de réserve ». Une façon comme une autre de lui montrer qu’il n’est pas le maître du jeu... Par la même occasion, et cela compte aussi beaucoup, sur le théâtre économique asiatique, le Japon ne laisse ainsi pas la place libre à la Chine.

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    Chine : des raisons précises

            Le cas de la Chine est tout différent et, d’ailleurs, la Chine ne recourt pas aux mêmes moyens pour soutenir les Etats européens. Elle semble vouloir se placer dans une perspective à plus long terme tout en cherchant à éviter une explosion sociale interne à court terme. 

            Pour la Chine, les objectifs politiques fondamentaux peuvent donc être au nombre de cinq : sécuriser ses approvisionnements en matières premières et ressources alimentaires en évitant une baisse trop rapide et brutale de la valeur du dollar ; stériliser une partie des excédents commerciaux actuels pour éviter que l’inflation n’entraîne une explosion sociale ; profiter de sa suprématie commerciale pour rattraper son retard technologique et assurer son indépendance économique, car aujourd’hui, plus de 50 % de ses exportations proviennent d’entreprises à capitaux étrangers et utilisent des technologies étrangères ; diversifier les contreparties de sa masse monétaire de façon à se préparer à faire face, demain, à un risque d’effondrement du dollar ; plus fondamentalement, essayer de détendre un peu les liens qui font étroitement dépendre la production chinoise du seul appétit des consommateurs américains. C’est pourquoi Antoine Brunet remarque que « à chaque fois que la Chine arrive en sauveur, c’est en échange de lourdes contreparties dont aucun responsable politique ne perçoit véritablement la portée. (…) Elle exige des pays auxquels elle prête qu’ils ne s’associent pas aux exigences de réévaluation du Yuan des Etats-Unis, qu’ils se déclarent hostiles à tout protectionnisme douanier, qu’ils la laissent acheter des actifs stratégiques en Europe, ainsi que des infrastructures, comme le port du Pirée ou l’aéroport de Châteauroux » (La Tribune, 4 janvier 2011). Subsidiairement, la Chine vient d’envoyer un message fort aux États-Unis en faisant précéder le voyage à Washington du président Hu Jintao de la révélation de leur avion furtif.

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            Pékin n’autorise plus les entreprises étrangères à investir comme elles l’entendent en Chine ; il faut, pour celles qui s’y risquent, obtenir d’une part une licence et d’autre part un quota d’investissement. Il faut par la suite respecter les règlements tatillons de l’administration chinoise. La Chine n’a pas à sacrifier la recherche de capitaux à la logique industrielle et elle en profite. Les industriels chinois ne disposent pas de la même indépendance que les industriels européens : dans le vieux monde, un investisseur n’est préoccupé que de la rentabilité des capitaux qu’il investit, à l’exclusion de toute autre considération. En Chine, aucun investissement ne se fait sans prendre en compte la dimension politique du projet ; aucune entreprise ne peut suivre un intérêt individuel qui mettrait en cause, immédiatement ou à terme, l’intérêt politique du pays. C’est que, comme vient de le rappeler Henry Kissinger, si les Américains ont toujours comme objectif premier de résoudre au plus vite des problèmes quels qu’ils soient, les Chinois ne cherchent qu’à « gérer des contradictions » dont ils savent qu’elles ne seront jamais totalement résolues. Cela leur donne une autre vision du temps.

    L’oncle sam en action

            Alors que les Chinois soutiennent l’euro parce que cela leur paraît un moindre mal dans la conjoncture actuelle, sans pour autant les obliger à sacrifier quoi que ce soit de l’avenir, les États-Unis approuvent, car, à court terme, ils évitent de voir les Chinois laisser monter les taux d’intérêt au risque d’exporter leur inflation. C’est, dans cet esprit que lors de la visite du président Hu Jintao de nombreux contrats « ont été signés » entre les Chinois et les Américains. Pour les Chinois, cela leur permet d’utiliser des dollars dont la valeur n’est plus assurée dans le temps et qui est actuellement facteur d’inflation, contre des biens réels alors que, pour le président Obama, cela permet de calmer une opinion publique qui reproche aux Chinois de voler l’emploi des Américains. Par la même occasion, cela permet à Boeing de prendre un nouvel avantage sur son rival européen, Airbus. 

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            Pour autant, cela ne change pas fondamentalement la donne puisque, d’une part, certains contrats étaient déjà acquis depuis un certain temps et, d’autre part, leur montant total de 45 milliards de dollars ne représente qu’un peu plus de 15 % du déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine.

            Entre le risque d’explosion sociale en Chine et celui de l’effondrement monétaire aux Etats-Unis l’euro flotte au gré de décisions qui ne lui appartiennent pas. Tim Geithner avait bien prévenu le monde, juste avant l’arrivée sur le sol américain du président chinois : pour lui, il s’agit aussi d’équilibrer le jeu au profit des « entreprises américaines qui sont en concurrence avec les sociétés chinoises en Chine, aux États-Unis et dans le reste du monde ». Les entreprises européennes ne comptent déjà plus.

            En soutenant l’Europe, les Chinois donnent simplement un peu de répit à l’industrie allemande dont ils sont encore tributaires. À ce jour, ils ont encore besoin d’acheter à l’Allemagne les machines-outils qui leur permettent d’inonder de leurs produits les marchés européen et américain. Cette politique durera tant qu’ils ne maîtriseront pas totalement la technologie allemande. Après ? Il n’est pas évident qu’avec la « guerre des monnaies » contre la Chine, le président Obama réussisse ce que le président Reagan avait réussi avec la « guerre des étoiles » contre l’URSS. ■

    1 Selon le théorème de Triffin, tout pays émetteur d’une monnaie de réserve est tenté d’inonder le monde de liquidités – du fait de la demande constante du reste du monde – jusqu’à ce que sa monnaie ait perdu toute valeur.

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  • Notre ami Jean-François Mattéi, présent ! : 4. Le premier des Trois Grands Textes tirés de Le Regard vide

    MATTEI 1.jpgA partir de ce mardi, 24 mars, lafautearousseau rendra hommage à son ami, Jean-François Mattéi, disparu trop tôt, et brutalement, ce triste 24 mars 2014. 

    Au moyen de textes et de vidéos, nous remettrons en première place, en cette triste période anniversaire de son décès, ce que nous proposons en permanence sur notre quotidien qu'il aimait et qu'il lisait, et pour lequel il avait accepté de tenir une chronique, promesse que la maladie seule l'empêcha de tenir...

    Nous remettrons donc "en avant" la magistrale vidéo de sa dernière prise de parole en public (ainsi que deux autres vidéos, enregistrements des Cafés politiques de lafautearousseau auxquels il participait chaque année); et des extraits significatifs de son non moins magistral Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne, dont trois constituent autant de nos Grands Textes...

    En ces temps de confinement, la remise "en première place" de ces documents en stock dans le magasin, si l'on nous passe l'expression, nous permettra d'abord de marquer la fidélité à nos amis, dont - la formule est de Maurras - "le meilleur... subsiste lorsque le matériel disparaît tout entier" et de montrer que nous n'oublions, pas, que nous n'oublions personne...

    Mais aussi, le lectorat de lafautearousseau ayant fortement augmenté depuis septembre dernier, nous pensons que ce sera là une bonne occasion pour les jeunes - qui n'ont pas eu la possibilité de connaître Jean-François Mattéi - de parfaire et d'approfondir leur formation doctrinale, en écoutant un Maître, tout simplement. Et, ainsi, nous pensons faire oeuvre utile...

    Aujourd'hui, le premier de nos trois Grands Textes tirés de Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne... :

    GRANDS TEXTES XIV

    Demain : la première des deux vidéos de Jean-François Mattéi au Cafés politiques de lafautearousseau : L'avènement de la sous-culture...

    -------------

    Il faut être reconnaissants à Jean-François MATTEI d’avoir écrit "Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne". Il y dit un grand nombre de choses tout à fait essentielles sur la crise qui affecte notre civilisation – et, bien-sûr, pas seulement la France – dans ce qu’elle a de plus profond.  

    Ce livre nous paraît tout à fait essentiel, car il serait illusoire et vain de tenter une quelconque restauration du Politique, en France, si la Civilisation qui est la nôtre était condamnée à s’éteindre et si ce que Jean-François MATTEI a justement nommé la barbarie du monde moderne devait l’emporter pour longtemps.

     

    Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne, de Jean-François Mattéi. Flammarion, 302 pages, 19 euros.

    lafautearousseau

  • Notre ami Jean-François Mattéi, présent ! : 6. Le deuxième des Trois Grands Textes tirés de Le Regard vide

    MATTEI 1.jpgA partir de ce mardi, 24 mars, lafautearousseau rendra hommage à son ami, Jean-François Mattéi, disparu trop tôt, et brutalement, ce triste 24 mars 2014. 

    Au moyen de textes et de vidéos, nous remettrons en première place, en cette triste période anniversaire de son décès, ce que nous proposons en permanence sur notre quotidien qu'il aimait et qu'il lisait, et pour lequel il avait accepté de tenir une chronique, promesse que la maladie seule l'empêcha de tenir...

    Nous remettrons donc "en avant" la magistrale vidéo de sa dernière prise de parole en public (ainsi que deux autres vidéos, enregistrements des Cafés politiques de lafautearousseau auxquels il participait chaque année); et des extraits significatifs de son non moins magistral Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne, dont trois constituent autant de nos Grands Textes...

    Cet excellent article de Benjamin Fayet, paru le 19 novembre 2014 sur le site Histoire Philit :

    Kiel et Tanger de Charles Maurras : essai géostratégique visionnaire et source intellectuelle de la Vème République

    En ces temps de confinement, la remise "en première place" de ces documents en stock dans le magasin, si l'on nous passe l'expression, nous permettra d'abord de marquer la fidélité à nos amis, dont - la formule est de Maurras - "le meilleur... subsiste lorsque le matériel disparaît tout entier" et de montrer que nous n'oublions, pas, que nous n'oublions personne...

    Mais aussi, le lectorat de lafautearousseau ayant fortement augmenté depuis septembre dernier, nous pensons que ce sera là une bonne occasion pour les jeunes - qui n'ont pas eu la possibilité de connaître Jean-François Mattéi - de parfaire et d'approfondir leur formation doctrinale, en écoutant un Maître, tout simplement. Et, ainsi, nous pensons faire oeuvre utile...

    Aujourd'hui, le deuxième de nos trois Grands Textes tirés de Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne... :

    GRANDS TEXTES XV

    Demain : la deuxième vidéo de Jean-François Mattéi enregistrée lors des Cafés politiques de lafautearousseau : ...

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    Il faut être reconnaissants à Jean-François MATTEI d’avoir écrit "Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne". Il y dit un grand nombre de choses tout à fait essentielles sur la crise qui affecte notre civilisation – et, bien-sûr, pas seulement la France – dans ce qu’elle a de plus profond.  

    Ce livre nous paraît tout à fait essentiel, car il serait illusoire et vain de tenter une quelconque restauration du Politique, en France, si la Civilisation qui est la nôtre était condamnée à s’éteindre et si ce que Jean-François MATTEI a justement nommé la barbarie du monde moderne devait l’emporter pour longtemps.

     

    Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne, de Jean-François Mattéi. Flammarion, 302 pages, 19 euros.

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  • Le Pape et Macron, par Gérard Leclerc.

    © Antoine Mekary / Godong

    Quand le président et le pape se téléphonent, un autre terrain de préoccupations se dessine, qui ne concerne plus seulement les responsabilités des politiques par rapport au souci médical. C’est celui de la charité et de la morale.

    gerard leclerc.jpgMardi, Emmanuel Macron a donc eu une conversation téléphonique avec le pape François. Quelques images ont été diffusées de l’événement depuis le bureau du président à l’Élysée. On en a retenu l’invitation réitérée au Saint-Père de venir en France, mais la communication présidentielle a aussi insisté sur les convergences qui ont été réaffirmées sur des points importants, ceux que François avait mis en avant dans son allocution de Pâques : solidarité européenne, soutien au continent africain, abolition de la dette dans les pays les plus pauvres, arrêt total des conflits guerriers en cours. On ne sous-estimera pas l’importance de ces points d’accord, qui ont encore besoin d’être concrétisés en projets applicables sur le terrain.

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    Incontestablement, cet entretien nous permet de comprendre comment la crise mondiale actuelle impose une réflexion où le politique et le moral se recoupent. Et le Pape est dans sa pleine mission lorsqu’il intervient ainsi auprès d’un chef d’État. Mais il n’est pas inutile de prendre un peu de distance pour mesurer la mission du successeur de Pierre dans la conjoncture mondiale. Un excellent papier de Marie-Lucile Kubacki dans l’hebdomadaire La Vie, nous en donne une idée judicieuse, ne serait-ce qu’en rappelant un propos de François qui trouve sa peine signification dans les circonstances présentes : « Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. » Peut-être sommes-nous encore en pleine bataille, mais la mission n’en est que plus urgente : « Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer les cœurs des fidèles, la proximité, la convivialité. »

    Il n’y a pas que l’arbitrage entre les connaissances médicales et les responsabilités politiques qui compte. Il y a aussi cette dimension caritative au sens fort, qui rejoint d’ailleurs les préoccupations des penseurs qui tentent de définir les défis éthiques du présent. Je pense notamment à Jürgen Habermas, qui s’est exprimé, il y a quelques jours dans Le Monde, en s’opposant à ce qu’il appelle l’utilitarisme. Le même met en garde contre une primauté de l’économie qui justifierait la levée de certaines protections : « Les droits fondamentaux interdisent aux institutions étatiques toute décision qui s’accommode de la mort de personnes physiques. »

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 avril 2020.

  • Dialogue entre ”François”...

    - Bonjour, je suis François 1er, le Pape des pauvres !

    - Enchanté, je suis François Hollande, l'un de vos fournisseurs.

  • Migrants : ce que dit (vraiment) le Pape

       Photo: Sipa 

    Une analyse de Frédéric Rouvillois 

    Frédéric Rouvillois analyse ici - pour Causeur -  l'actuel problème des migrants du point de vue de la logique et de la spiritualité chrétiennes. Lesquelles n'ignorent ni la charité que l'on doit aux autres ni celle qu'on se doit à soi-même et à la communauté politique à laquelle on appartient. Cette analyse conduit à proposer en quelque sorte une ligne de crête, conciliant l'une et l'autre exigence, fussent-elles ou sembler être contradictoires. Les lignes de crête, on le sait, ne sont pas de celles que l'on tient le plus aisément. Peut-être même ne sont-elles compréhensibles et tenables que par quelques uns. Nous ne les critiquerons pas. Toutefois, comme nous limitons notre réflexion au domaine politique, nous ne manquerons pas de signaler que les gestes, paroles ou écrits de l'Eglise et du Pape dans l'interprétation qui en sera inévitablement donnée par notre Système politico-médiatique, constituent pour la France et l'Europe un risque supplémentaire considérable dont ces autorités pourraient sans-doute avoir un plus grand souci. Dont elles pourraient traiter avec davantage de prudence. D'un point de vue politique, notre position inchangée est qu'un accueil massif de migrants - s'ajoutant au très grand nombre de ceux que nous avons déjà reçus depuis des décennies - met à l'évidence en péril les sociétés européennes. Dont celle qui nous concerne le plus, la nôtre. Lafautearousseau    

     

    frederic-rouvillois.jpgLe Pape François qui, le 6 septembre 2015, du balcon de Saint-Pierre, demandait à chaque paroisse catholique d’accueillir une famille de réfugiés et suppliait l’Occident d’ouvrir ses portes à la masse des migrants, ne serait-il qu’un doux illuminé ? Un utopiste prêt à tout sacrifier, et notamment les frontières, les Etats et les peuples, au rêve d’une improbable fraternité universelle ? C’est évidemment ce que certains voudraient faire croire, soit pour le lui reprocher, soit pour l’en applaudir. Et c’est en effet ce que ses interventions, astucieusement sorties de leur contexte, semblent parfois laisser croire.

    Pourtant, si François peut être considéré comme révolutionnaire, il ne l’est pas plus que le christianisme lui-même, ni que la sainteté. Et pas plus que le christianisme, il n’entend répudier le « réalisme politique », dont il s’est même explicitement réclamé dans son encyclique Laudato si'*. Réalisme politique qui le conduit à des positions moins stéréotypées, moins simplistes et surtout moins émotionnelles que celles que l’on présente, la réalité ainsi prise en compte n’étant jamais toute d’une pièce, mais constituée d’éléments complexes.

    Et c’est justement ce que l’on constate à propos du problème des migrants, le Pape, et l’Église, s’efforçant de concilier deux impératifs apparemment incompatibles dans le creuset d’un même réalisme évangélique.

    Le première impératif, aime ton prochain comme toi-même, conduit à ouvrir les bras à l’autre. Et en l’occurrence, à refuser l’engrenage de la terreur qui conduit des millions de personnes, créatures de Dieu et faites à son image, à quitter leurs maisons et à demander l’hospitalité. Ceux-là, en tant que chrétien, je ne puis les laisser à la porte, sauf à ressembler au mauvais riche que son égoïsme condamne irrémédiablement au tourment éternel. À l’égard de mes frères souffrants, un devoir s’impose sans discussion, celui que le Pape rappelait à Rome le 6 septembre : « être le plus prochain des plus petits et des plus abandonnés ». Concrètement, ce précepte justifie une pratique de l’accueil qui ne distingue pas entre une migration politique et une migration économique – distinction  moralement contestable, celui qui s’enfuit avec sa famille pour ne pas mourir de faim n’ayant pas moins le droit d’être accueilli que celui qui émigre parce qu’il estime que sa liberté d’expression ou son droit de vote étaient violés dans son pays d’origine. En somme, l’opposition à  la « culture de mort » suggère une politique d’ouverture et de charité.

    Mais à ce premier impératif s’en ajoute un second, qui commande de s’aimer soi-même en tant que l’on est une créature de Dieu, et que l’on a par là-même des devoirs envers soi. Benoît XVI soulignait à ce propos que « l’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter »**. Or sa nature est d’être un animal social, qui va constituer avec ses proches un groupe particulier, une société dotée de certaines caractéristiques dont procèdera sa propre identité.

    On ne saurait en effet confondre le Peuple de Dieu, composé de tous les hommes en tant qu’ils sont frères, puisqu’issus du même Père céleste, et les peuples humains, qui s’y découpent comme les pièces dans un puzzle, chacune d’entre elles étant dotée de sa propre forme, de sa couleur et de sa place. Tout homme, appartenant au Peuple de Dieu, appartient aussi, simultanément, à un peuple particulier, à une patrie où généralement il est né, à une culture qui l’a modelé, à une terre et à une histoire où il s’enracine.

    Cette réalité, les papes contemporains en ont souligné l’importance dans la construction de l’homme : sans elle, expliquent-ils, l’homme est déraciné, perdu, privé de ce qui le constitue, un être sans ombre et sans épaisseur, victime idéale des nouveaux marchands d’esclaves.

    Or, ce second impératif s’oppose, lui, à ce que les portes soient ouvertes de façon inconsidérée à des masses de plus en plus considérables. Si les identités sont indispensables, on ne peut en effet accepter un processus qui conduit de façon certaine des millions de personnes, séduites par le miroir aux alouettes du consumérisme, à rompre avec leurs racines, et des millions d’autres à subir ce qu’ils ressentent comme une invasion, une dilution de leur identité et une mise à mal de leur culture.

    Mais comment concilier ces deux impératifs ? Le christianisme distingue à cet égard quatre vertus cardinales, la prudence, la tempérance, le courage et la justice : toutes les quatre sont à l’œuvre pour résoudre cette difficulté.

    La justice, qui vise à donner à chacun le sien, pousse à aider ceux qui ont tout perdu et à leur rendre une dignité, celle qui leur appartient en tant que créatures de Dieu ; mais sans pour autant léser ceux qui, ici, souffrent également de la pauvreté sous toutes ses formes.

    La prudence consiste à peser le pour et le contre. Et à constater qu’il faut bien entendu recueillir, au moment présent, ceux qui se noient à quelques encablures des côtes européennes. Il faut les recueillir, tout en faisant comprendre aux autres, à tous les autres, qu’il s’agit d’un cas d’exception, d’un moment transitoire. Bref, qu’il n’y a pas de place ici pour les dizaines de millions qui, un jour peut-être, seraient tentés de venir s’installer en Europe. Pas de place, parce qu’un afflux excessif, à la libanaise, entraînerait à coup sûr un surcroît de misère et, à terme, de violence, voire de guerre civile, les envahis ne pouvant accepter indéfiniment l’injustice de leur propre situation. Même Saint Martin ne donna au pauvre que la moitié de son manteau. La prudence consiste donc, du côté des décideurs, à refermer progressivement mais fermement les frontières, tout en agissant dans les pays d’origine de telle sorte que le flux migratoire finisse par se tarir. Bref, à agir en véritables politiques, qui savent que leur rôle est de traiter les causes du mal, pas simplement ses symptômes les plus visibles.

    La tempérance, elle, consiste accepter de restreindre notre train de vie afin d’aider, là-bas, des populations si misérables que sans cette aide, elles seraient tentées de tout quitter pour venir chez nous. Elle enseigne qu’en perdant un peu en confort matériel, nous pouvons espérer sauver l’essentiel : notre identité spirituelle, et peut-être notre vie.

    Le courage, enfin, est ce qui peut nous conduire, d’une part à ne pas baisser les bras, et de l’autre à ne pas craindre d’intervenir – en prenant une part active à l’éradication des causes du problème. « L’espérance chrétienne est combative », déclarait encore le pape François le 6 septembre. Le christianisme n’est pas une religion de la passivité, et il y a des moments où, au nom de la justice et même de la prudence, le courage commande d’agir. Avant qu’il ne soit trop tard.

    Et les catholiques de France, dans tout ça ? Il leur revient, pour rester fidèles à ce réalisme évangélique, de tenir fermement les deux bouts de la corde sans sacrifier l’un à l’autre – le devoir d’amour d’un côté, qui leur commande d’ouvrir les bras et, de l’autre, le devoir de maintenir la cité conditionnant la réalisation de cet amour, qui les pousse à la vigilance. Ni oublier que tous deux constituent des formes complémentaires de la charité.   

    Frédéric Rouvillois

     

  • Notre politique migratoire relève de notre souveraineté, pas de celle du pape !

     

    En deux mots.jpgQue le sermon de Noël du pape François ait contenu des passages propres à provoquer le scandale, ce qui n'est gère douteux, ne nous empêchera pas de garder envers le Souverain Pontife le ton et le respect dûs au chef d'une Eglise qui pendant tant de siècles a façonné notre Civilisation. Cela ne nous empêchera pas davantage de dire notre désapprobation de son propos au soir de Noël. 

    Nous n'imiterons pas le pape François lorsqu'il empiète sur le terrain politique : nous n'entrerons pas dans l'exégèse théologique ... 

    Cependant, comme la plupart des Français, nous connaissons suffisamment les évangiles pour savoir que Joseph et Marie se rendant de Nazareth à Bethléem pour s'y faire recenser n'y sont pas présentés comme des migrants mais comme des voyageurs. Ils obéissent en l'espèce non pas directement à la loi de Dieu, des prêtres ou des rabbins, mais au pouvoir politique, en l'occurrence celui de l'empereur romain, païen ; les Ecritures ne disent pas non plus, nous semble-t-il, qu'ils ont été rejetés par les gens de Bethléem mais qu'ils ont dû être logés dans une grotte attenante à la salle commune où simplement il n'y avait plus de place. Quant à la fuite en Egypte, elle est celle d'une famille de trois personnes ; pas de millions de réfugiés ou de migrants  ; elle est de courte durée avec esprit de retour des trois réfugiés dans leur patrie sitôt le danger passé. Elle n'a rien à voir en tout cas avec une migration massive de peuplement. 

    On ne peut pas faire reproche au pape de prêcher la charité personnelle aux fidèles catholiques. On peut en revanche s'opposer comme citoyens à ses empiétements dans le domaine politique qui est celui des peuples et des gouvernants.  

    Remercions donc le Saint-Père, si nous sommes chrétiens, de nous inviter à la charité ; mais portons à sa connaissance en tant que membres de la communauté française que nous avons déjà accepté de recevoir chez nous un très grand nombre d'étrangers, sans nul doute un beaucoup trop grand nombre ; que nous en avons payé chèrement le prix ; que, même, nous devrions nous préoccuper d'organiser le retour dans leur pays d'origine d'un grand nombre d'entre eux indésirables chez nous ; et qu'en conséquence, nous ne sommes nullement disposés à en recevoir de nouveaux contingents ; enfin  que cette politique relève de notre souveraineté et non, en l'espèce, de la sienne. 

    Rassurons les catholiques : ce langage n'est ni iconoclaste ni nouveau. C'est celui que nos rois tenaient aux papes lorsqu'ils prétendaient intervenir dans les affaires de la France. Cela non plus, d'ailleurs, n'est pas nouveau.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Leçon de Chambord..., selon Jean-Philippe Chauvin

    CHAUVIN VERSAILLES.jpgNous avons aimé cette "leçon de Chambord", qui est aussi une balade estivale, des références à l'Histoire, des souvenirs personnels, et une réflexion politique, royaliste, qui n'est pas théorique mais vécue. On sait que ce genre d'engagement, commencé souvent très jeune et poursuivi toute une vie, est, souvent, plus convainquant que les meilleurs des raisonnements... D'aucuns se souviendront que c'est là ce que disait Péguy à propos de Maurras : ses démonstrations les plus rigoureuses n'emportaient pas forcément l'adhésion; mais, disait Péguy, quand on savait que cet homme là était prêt à mourir pour ses idées, pour ce Roi qu'il voulait pour la France, alors là, on s'arrêtait, on écoutait, on devenait attentif ... C'est en quelque sorte en ce sens que nous publions, en toute amitié d'esprit et convictions partagées, ces lignes de Jean-Philippe Chauvin.

    Et puis, nous sommes ces jours-ci dans une suite d'images et de réflexions royalistes, sans compter, pour ce qui est de notre engagement et de sa valeur, que nous sommes aussi dans une année Péguy, Bouvines, et Saint-Louis.

    Lafautearousseau 

        

    J’ai profité des premiers jours de juillet pour me promener en France qui, partout, a quelque beauté à nous dévoiler, même lorsque le soleil se fait hésitant ou fragile. Ma première étape était le château de Chambord, magnifique joyau de la Renaissance, indissociable du règne du roi François Ier mais aussi de la prétendance du comte de Chambord, celui-là même qui aurait pu être roi sous le nom d’Henri V : en ces heures de congés scolaires, je n’oublie pas la politique qui, elle, ne prend pas de vacances, et je dois avouer que la comparaison entre l’œuvre du roi François et celle du président du même prénom est facile et instructive

    Bien sûr, M. Hollande n’est que dans la 3ème année de son quinquennat quand François Ier a régné une trentaine d’années, de 1515 à 1547 ; bien sûr, le contexte n’est pas le même et succéder à Louis XII qui avait « préparé » le terrain à son successeur en menant une grande aventure militaire et géopolitique en Italie semble plus facile que prendre la suite d’un rival au milieu d’une crise de la zone euro et dans un contexte de mondialisation agressive ; bien sûr, surtout, le roi François pouvait espérer, au 1er janvier 1515, avoir le temps long d’un règne que seule la monarchie permet quand le président, élu des uns contre les autres, pense déjà à préparer sa réélection

    Je repensais à tout cela en parcourant les grandes salles du château qu’admiraient aussi des touristes venus parfois de loin, des groupes de jeunes élèves qui, à la première pause, pianotaient sur leurs téléphones portatifs ou des familles qui me rappelaient celle que nous formions avec mes parents, frère et sœurs, au début des années 1980, à la découverte des trésors de notre histoire. Depuis ce temps déjà ancien, Chambord a continué de vivre, d’embellir encore malgré les échafaudages nouveaux, et d’attirer toujours plus de curieux, étrangers ou compatriotes, et c’est tant mieux !

     

     

    Je remarque d’ailleurs que « l’histoire attire » et que l’une des grandes chances de la France est de posséder un riche patrimoine issu de cette longue suite de siècles de formation de la nation française : sans cette lente, longue et parfois rude histoire, sans la maîtrise du temps et de l’espace par les hommes et par l’Etat, en particulier sous sa forme monarchique, la France ne serait pas aujourd’hui ce pays qui reste la première destination touristique d’Europe et du monde ! Voilà un héritage à entretenir mais aussi à faire prospérer : or, il semble que la République, piégée par ses coûts de fonctionnement trop élevés et par les contraintes budgétaires que l’Union européenne lui rappelle constamment sans beaucoup de délicatesse ni de tact, n’investisse plus assez dans l’entretien et la promotion de ce magnifique patrimoine et n’attire pas assez de mécènes pour financer de nouvelles mises en valeur de nos joyaux historiques et paysagers. Surtout, l’Etat ne joue pas suffisamment son rôle de coordonnateur ou de soutien des initiatives locales, publiques ou privées, qui pourrait, lorsque le besoin s’en fait sentir, être le sien, mais, en revanche, il apparaît parfois trop « réglementariste », pour des raisons qui ne sont pas forcément très bonnes, et tente même de gêner des initiatives bénévoles et/ou privées qui lui échappent (y compris par le moyen fiscal…), ce qui me semble la manifestation d’un mauvais étatisme contreproductif sur le plan touristique, économique et social. 

    Alors qu’il nous faudrait reprendre l’esprit du roi François Ier, celui d’un mécénat d’Etat intelligent qui valait au roi le titre de « père et protecteur des arts et des lettres », la République s’enferme dans une logique comptable et, parfois, idéologique… J’ai toujours trouvé surprenant que le spectacle du Puy du Fou, qui s’autofinance intégralement depuis sa création à la fin des années 70, ne bénéficie d’aucune promotion de la part de l’Etat et du Ministère de la Culture alors qu’il a été le premier à obtenir les récompenses internationales touristiques les plus prestigieuses du monde, comparables aux Oscars pour le cinéma ! Bien sûr, le Puy du Fou n’en a guère besoin, mais ce désintérêt de la République pour ce qui fonctionne et rapporte beaucoup à l’économie locale et nationale est révélateur d’un état d’esprit, tout comme les attaques incessantes d’une certaine presse et de quelques historiens robespierristes contre le spectacle lui-même, considéré comme une exaltation de la Contre-Révolution et de la « Vendée rebelle »…

    Le roi François Ier a montré l’exemple d’une politique culturelle qui mariait le prestige royal à la beauté des formes, le goût du spectacle au plaisir de tous, et cela est à l’origine de la Renaissance française qui, aujourd’hui encore, attire des foules venues de partout pour admirer cette synthèse des arts et de la politique, voulue par le souverain, éminemment politique quand il promouvait les arts et les architectes

     

     

    Le soir même de mon passage à Chambord, j’entendais les journalistes évoquer les menaces des intermittents sur les festivals de l’été et le désarroi du gouvernement face à cette situation qui lui pourrissait ce début de juillet : décidément, le président François n’est pas le roi François, et la comparaison tient encore plus aux régimes qu’aux hommes…

     

     

     

  • Une leçon du Covid-19 : le mondialisme est mort !, par Christian Vanneste.

    Et si dans la guerre des civilisations, le vainqueur était l’Extrême-Orient ? L’idée que le monde convergeait vers une civilisation universelle et pourquoi pas un jour vers un gouvernement planétaire, vers la fin de l’Histoire avec l’avènement d’une démocratie éclairée fondée davantage sur le règne conjoint du droit et du marché que sur celui de la volonté populaire, avait séduit au lendemain de l’effondrement du bloc soviétique. La liberté s’était montrée plus forte que le centralisme étatique, miné par ses contradictions et écrasé par son propre poids.

    christian vanneste.jpgCette interprétation des événements réjouissait la caste qui domine en Occident et qui se croit la maîtresse du monde lorsqu’elle se réunit à Davos ou ailleurs. Elle n’avait pas suffisamment perçu que les identités civilisationnelles avaient été les auteurs de l’estocade portée à l’empire soviétique : le catholicisme d’un pape polonais, la résistance des islamistes afghans… Le terrorisme islamiste qui a pris son essor ensuite a incarné, depuis, la guerre des civilisations : sous des formes diverses, la présence de l’islam signifiait guerre et violence, entre musulmans, à la frontière des pays où cette religion est dominante et à l’encontre des majorités ou des minorités auxquelles l’islam est confronté à l’intérieur d’un même Etat. La France a été particulièrement touchée par cette réalité qui remet en cause la politique d’immigration assimilatrice qu’elle pratiquait depuis la fin du XIXe siècle. L’oligarchie qui règne dans notre pays sous l’apparence de la démocratie a toujours voulu minimiser la question. Les intérêts électoraux des uns, économiques des autres sacrifiaient volontiers l’identité nationale dans la perspective illusoire d’un effacement des frontières et d’une fusion de l’humanité. Le mondialisme des échanges, le relativisme des idées, le cosmopolitisme des hommes étaient pour la techno-structure dirigeante en Occident des évidences qui s’imposeraient à tous y compris aux musulmans. Le populisme n’était à ses yeux qu’un mouvement stupidement rétrograde.

    Paradoxalement, c’est la mondialisation qui a tué le mondialisme comme la centralisation avait tué le communisme. Le Covid-19 joue en effet ici le rôle destructeur qu’avait joué la résistance afghane à l’encontre de l’URSS : il pointe les contradictions, souligne les faiblesses cachées de ce qui apparaissait fort, et précipite les fractures. Et cette fois, l’opposition ne se situe pas entre l’islam resurgi du passé grâce au djihadisme, au pétrole, à la démographie et l’Occident, mais entre celui-ci et l’Extrême-Orient, entre le monde chinois et le Japon d’une part, les pays les plus riches et les plus développés du monde occidental, d’autre part. La pandémie est venue de Chine, ce qui n’est pas nouveau, mais elle y a été contenue, et n’a guère atteint les autres pays qui composent cette famille civilisationnelle. La discipline des comportements imposée par un régime totalitaire mais aussi volontairement acceptée dans les Etats apparemment libéraux a limité les effets de la contagion et a endigué sa propagation. Le holisme qui prévaut dans ces pays s’est montré plus efficace que l’individualisme forcené qui l’emporte chez nous. Il suffit de comparer les foules denses et masquées des immenses conurbations asiatiques au spectacle délirant que Paris a offert hier encore sur le bord de la Seine : une masse compacte de joyeux drilles se trémoussant sans distance ni protection sans penser ni aux autres, ni au lendemain, ni encore moins au pays. Ce dernier ne sort pas d’une gestion désastreuse de la crise où ont alterné l’impréparation et la pénurie, puis le confinement rigide et aveugle, puis une libération illusoire que l’on peine aujourd’hui à démentir. L’Occident se perd entre démagogie confondue avec la démocratie, et pédagogie timorée : elles ne peuvent inciter à une discipline, à un ordre légitimes et consentis dès lors que l’idéologie sourdement dominante invite à l’épanouissement individuel et sans frontière. Le visage sympathique de l’hédonisme ne peut brutalement laisser la place à la rigueur confucéenne. La décadence est souriante : elle correspond à ce bonheur de vivre dont Talleyrand parlait à propos des dernières années de l’Ancien Régime… pour les homme de son rang tout au moins. Que Paris-Plage ait lieu quand le Festival d’Avignon est supprimé, qu’on préfère dans notre pays le divertissement vain à la culture, est un signe qui ne trompe pas sur ce qu’est devenue la France. Dieu merci, Philippe de Villiers a sauvé le Puy-du-Fou !

    Le Covid-19 est venu de Chine avec des travailleurs ou des touristes Chinois, comme viennent aussi les produits chinois. L’inconscience occidentale particulièrement aveugle en France a minimisé son arrivée, puis surtout a fait oublier que beaucoup des armes nécessaires pour le combattre n’étaient plus fabriquées chez nous, que nous étions même devenus incapables de les produire. Devant la pénurie, les égoïsmes nationaux se sont légitimement réveillés. Des Etats se sont souvenus que leur première mission était la protection du peuple qu’ils ont en charge. L’Europe sans frontières, le monde sans murs et avec des ponts, se sont estompés chez la plupart des dirigeants responsables. L’idée que l’individu n’a pas que des droits mais aussi des devoirs envers la collectivité qui l’a nourri devrait s’imposer à nouveau. Et cette idée n’est pas plus étrangère à Socrate qu’à Confucius, malgré leurs énormes différences par ailleurs.

  • Ce professeur d'économie nous explique l'arnaque sur les retraites

    « On a 150 milliards de réserve pour les retraites ! » Gilles Raveaud, professeur d'économie.

    Extrait de l'émission « Les Experts », diffusée sur BFM Business le 25 Novembre 2019.