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Rechercher : trois leçons d'économie du pape françois

  • Le Pape et les vaccins : par action et par omission, par Yvan FALYS Juriste.

    OPINION. En affirmant que se vacciner était « un geste d’amour », le Pape François a, selon notre lecteur, outrepassé son rôle en s’imposant au débat scientifique. De sa position d’autorité religieuse, il a ainsi éludé de nombreuses interrogations pourtant légitime.

    3.jpegDevenir Jésuite est un vrai parcours du combattant intellectuel. Le Pape François est jésuite. Il a fait des études en chimie, théologie et philosophie. Il parle couramment plusieurs langues. Il doit donc être capable d’exprimer sa pensée de manière claire et précise. Moi qui ne suis ni aussi érudit, ni jésuite, ni Pape, j’y arrive bien (je suis pour la vaccination obligatoire de tous ceux qui statistiquement prennent le risque de venir engorger nos hôpitaux et pour qu’on fiche la paix aux autres, et notamment aux moins de trente ans sans comorbidités). Ce n’est pas si compliqué. Partant de ce constat, quand le Pape fait une allocution pro vaccin, qui ressemble à s’y méprendre aux sermons mielleux des études du matin d’un pensionnat catholique, il faut rester vigilant et se dire que les non-dits et les allusions sont peut-être lourds de sens.

    Le Pape a pris la parole le 18 août, dans un contexte de passe sanitaire en France et en Italie exigé à partir de 12 ans, de rentrée scolaire, de tests et de débats (préparation des esprits) sur la vaccination des enfants dès l’âge de 3 ans. Reprenons son message : « grâce à Dieu nous disposons de vaccins contre le covid 19, ils donnent l’espoir de mettre fin à la pandémie. » Le dogme du tout vaccinal est posé d’emblée, aucune allusion à l’accès aux soins ou à la prévention.

    « Se faire vacciner avec des vaccins autorisés par les autorités compétentes est un acte d’amour, et contribuer à faire vacciner la majorité des gens est un acte d’amour. L’amour de soi, de sa famille et de ses amis, l’amour de tous les hommes. »Nous avions mal compris, ce n’est pas le Pape François, mais le pape Pfizer. Laissez venir à moi les petits enfants et les jeunes sans comorbidités qui ne risquent rien de la maladie, que j’en fasse des cobayes de traitements toujours en phase de tests. Vaccinez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. Quant à sa soumission aux « autorités compétentes », c’est décidément une manie chez lui.

    « L’amour est aussi social et politique. Il y a un amour social et un amour politique. » Là, en revanche, c’est très clair, c’est même répété. Nous avions fait sortir le religieux de la politique et du social par la porte de la laïcité, il le fait rentrer par la fenêtre de l’amour. Et moi qui croyais naïvement qu’il fallait laisser à César ce qui revient à César, c’était sans compter sur l’amour. Quelle contradiction pouvons-nous apporter à l’amour ? Quelle place pour le débat démocratique ou le doute scientifique ? Si vous n’êtes pas pour « faire vacciner la majorité des gens », vous n’êtes pas dans l’amour… que pouvez-vous répondre à ça ?

    « Se faire vacciner est un moyen simple, mais profond pour promouvoir le bien commun et pour prendre soin les uns des autres, notamment des plus vulnérables. Je prie pour que chacun d’entre nous puisse apporter son petit grain de sable, son petit geste d’amour. » Ite Missa est, chacun, à risque ou non, doit se faire vacciner, quitte à construire sur du sable et à utiliser des doses qui pourraient être plus utiles aux personnes à risques des pays pauvres. Je ne peux m’empêcher de penser que s’il avait eu des enfants, s’il avait ressenti une seule fois cette angoisse que les parents ressentent quand leurs enfants font face à un risque, il les aurait inclus dans sa réflexion sur les « plus vulnérables ».

    Alors bien sûr, mea maxima culpa, je fais un procès d’intention, j’interprète les silences et les formules vagues. Mais à l’heure où 3 vaccins (Astra Zeneca, Johnson et Moderna) soulèvent des doutes sur leurs possibles effets secondaires chez les moins de trente ans, je n’implore pas miséricorde, mais clarification. « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites… » Puisse l’esprit « sain » lui rappeler que quand il les omet sciemment de son message, ce n’est pas seulement aux enfants et jeunes sans comorbidités qu’il dit en creux : je m’en lave les mains.

    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • Le Pape face à la tempête, par Gérard Leclerc.

    La scène est unique dans l’histoire. Le Pape s’adresse au monde entier, depuis une place Saint-Pierre absolument vide de tout public. Il est vrai qu’en l’occurrence, c’est l’humanité entière qui se trouve symboliquement présente entre les colonnades du Bernin largement ouvertes comme deux bras tendus à tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Dans ces circonstances exceptionnelles, le successeur de Pierre ne peut répercuter que le pur message de l’Évangile. En l’espèce, il a choisi le passage de l’évangile de saint Marc (4, 35-41) désigné habituellement comme celui de la tempête apaisée.

    gerard leclerc.jpgJésus et ses disciples se trouvent surpris par une tempête sur le lac de Génésareth. Le maître s’est endormi à l’avant de la barque, alors que les siens sont en proie à la plus vive angoisse : «  Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ?  » Jésus va ramener la sérénité en commandant aux éléments.

    « Apeurés et perdus  »

    François a songé qu’il y avait analogie directe entre la tempête et la situation actuelle. «  Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires. Tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement.  » Mais le Saint-Père creuse plus loin sa réflexion en invitant son auditoire à se poser les questions qu’impose une profonde remise en cause suscitée par la force déstabilisante de l’événement. «  La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos habitudes et priorités.  » Il s’agit d’en finir avec «  le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos “ego” toujours préoccupés de leur image  ».

    Âme en examen devant Dieu

    On retrouve bien là le disciple d’Ignace de Loyola, toujours préoccupé de l’exercice spirituel qui met l’âme en examen devant Dieu. Le Christ nous invite à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix, «  le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas  ». En un mot, «  c’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres  ». Face à la parole papale, c’est l’unité de la communion ecclésiale qui devrait prévaloir, au-delà de tous les désaccords et loin de toutes les polémiques. Notre Église a connu, ces dernières années, bien des querelles et François lui-même n’a pas été indemne des critiques les plus vives, ce qui peut se comprendre dans le climat de crise qui a été le nôtre ces dernières années. Mais aujourd’hui, c’est l’impératif de rassemblement qui doit prévaloir en faveur d’un commun témoignage sur l’essentiel. Un essentiel qui se traduit notamment par des gestes sacramentaux dont celui de la bénédiction du Saint-Sacrement. Sans oublier le service du prochain à l’image de l’héroïsme de tous les soignants. «  La prière et le service sont nos armes gagnantes.  »

  • Ne soyons pas plus papiste que le Pape !, par Guy Adain.

    Il ne faut pas être plus papiste que le Pape !

    On connaissait la citation royale : « ne pas être plus royaliste que le Roi ! » et l’on peut ces temps-ci l’appliquer au Pape.

    Chaque jour, sur les réseaux dits sociaux on peut lire de vives critiques à l’encontre du Pape François, et la plupart viennent de ceux qui devraient être de son camp ! Les catholiques les plus pratiquants, souvent les plus sévères s’entendent à vilipender notre Pape François. Ils n’ont que blâme et réprobation au bord des lèvres ! Et pourtant, ils ne sont guère légitimes ni crédibles !

     

    Les autres, ceux qui se disent catholique non pratiquants…

    Ils n’ont bien souvent de catholique que le nom ; baptisés par tradition, et encore pas toujours ! Pour le reste, leur religiosité se limite à célébrer outrageusement :

    • La Fête de la Consommation, Noël !

    • Et la Fête des Chocolats, Pâques !

    Un petit passage à l’église pour des obsèques éventuellement ou un mariage. Mais en revanche, très informés et concernés par tout ce que ne va pas dans l’Église, et tout ce que ne fait pas son chef et ce qu’il fait mal !

    A les entendre, ces censeurs qui savent tout, il faudrait renvoyer ce Pape, iconoclaste à leurs yeux et en élire un autre, plus sensible aux sondages et à la dictature des électeurs…

    Ils apprécieraient sûrement un pape élu par referendum, imaginez la pagaille avec 1 milliard d’électeurs ?

    Aujourd’hui, tout le monde a un avis sur tout, alors pourquoi pas la Religion ? Les Experts, les Monsieur Je SaisTout contestent le Président qu’ils ont élu, et toute autorité.

    Après le Pape, en montant dans la hiérarchie, il y a Dieu !

    Lui non plus ne fait pas toujours ce que nous attendons de lui !

    Et ce serait pourtant simple d’après les Experts et les YaKa.

     

    Dans toutes les grandes villes du Monde se hérissent des insolents gratteurs de Ciel, c’est à qui aura le plus haut et le plus sophistiqué…Aujourd’hui la Burj Khalifa, mais demain…Babel II !

    Attention, Dieu n’aime pas les tours !

    Les tours ont toujours un coté…Malin !

    Sans doute faudrait-il rajouter à la devise des Illuminés par les Lumières ; après Fraternité : HUMILITÉ !

     

    Alors, moi qui ne suis qu’un Croyant, je ne suis sûr de rien, mais je crois !

    Je crois que le Pape est un envoyé de Dieu !

    Je crois qu’il fait ce qu’il faut pour l’ Église !

    Je crois qu’il exerce sa formidable responsabilité au mieux de ce qu’il faut pour les Enfants de Dieu que nous sommes.

    Je ne me permettrai pas de juger ce que je crois comprendre, et encore moins ce que je ne comprends pas.

    C’est le Pape, le Roi du Monde (c’est ce que je crois), et parce que je ne suis sûr de rien, je lui fais entièrement confiance !

     

    Je crois seulement !

     

    Guy Adain

    22/07/2021

  • Leçons de ces élections européennes

    Café Hervé PASQUA Invitation & message - Copie.jpgAmour de la France ; refus de la voir effacée par une immigration démentielle et la perte du contrôle de ses frontières; affirmation des nations comme seul fondement solide de l'Europe; rejet, non de l'Europe, mais de cette Europe bureaucratico/technocratico/ultralibérale et uniquement gestionnaire des choses et des gens; qui plus est, pleinement inféodée aux Etats-Unis, dont elle est le faux-nez; cette Europe là que – partout en Europe,  à l’exception de l’Allemagne - les peuples ont rejetée au nom de leur indépendance et de leurs identités ; enfin, et peut-être surtout, un Pays légal français sonné et très mal en point. 

    Notre rôle ne change pas : il est de pousser à la roue pour, à travers ce vacillement du Pays légal, faire vaciller le Système lui-même et proposer l'alternative royale.

    C'est ce qui fonde notre originalité depuis les débuts de l'aventure Action française : nous sommes les seuls révolutionnaires du désordre établi. Le Système, qui joue contre la France, vient de recevoir un fort coup de boutoir : à nous de montrer aux Français que le remède - retrouver les intuitions des origines royales de la nation française - est à côté du mal.

    Lafautearousseau

  • Maroc : La leçon faite au Monde.

    tel quel.jpg
    une des "Une" de Tel Quel....

    On connaît l’arrogance des journalistes et le crédit qu’il convient d’accorder à une information qu’ils contribuent autant à créer qu’à diffuser. On sait aussi en quoi consiste l’inquisition des esprits aux mains des grands prêtres de la démocratie et l’inclination de ces derniers pour l’opinion publique, celle justement que contribuent à façonner les journalistes. L’« affaire » du sondage récemment interdit de publication au Maroc vient illustrer de façon caricaturale la prétention des uns et des autres à diriger les consciences en disant le bien et le mal.

    L’édition du 4 juilllet du journal Le Monde a été interdite au Maroc, le magazine marocain Tel Quel ayant lui-même été mis au pilon. Les bonnes âmes crient au scandale. Comment ? On n’a pas le droit d’écrire ce que l’on veut ? On n’a pas le droit de publier un sondage ?  Et Mohamed VI d’être condamné pour entrave à la prétendue libre circulation de l’information. Florence Beaugé, la journaliste qui signe l’article « Maroc : le sondage interdit » ajoute ce qu’elle doit penser être le coup de pied de l’âne (de l’ânesse devrait-on dire puisqu’il faut toujours « féminiser ») : « Le plus étonnant est que le résultat de ce sondage est extraordinairement favorable à Mohamed VI ».

    Les autorités marocaines avaient pourtant, par avance, répondu à toute critique en donnant comme motif de l’interdiction que « la monarchie ne peut être mise en équation, même par la voie d’un sondage ». D’ailleurs, qu’est ce qui autorise Madame Beaugé, intellectuelle « parisienne » à faire la leçon aux Marocains ? Mais sa foi en la démocratie, bien sûr. Elle y croit et a donc divisé le monde en deux : les élus et les damnés.

    Ce qu’elle feint sans doute de ne pas comprendre et qu’elle se garde bien de dire, c’est l’essentiel : quelle que soit la proportion de Marocains qui se diraient satisfaits de leur roi, celui-ci ne saurait être considéré comme une marque de yaourt ou une chaîne de télévision. Car c’est de cela qu’il s’agit : donner aujourd’hui la bénédiction démocratique à Mohamed VI pour mieux lui reprocher demain une éventuelle baisse dans les sondages. Le baiser qui tue, en quelque sorte.

    Mais madame Beaugé a oublié une chose : son idéologie se heurtera toujours au principe de réalité, lequel en l’occurrence tient en quelques mots : de par sa dimension historique et religieuse, le souverain chérifien n’a que faire de l’onction des étrangers, son pouvoir est véritablement enraciné dans la terre et la population marocaines. Alors, Madame Beaugé, on n’a pas besoin de vous au Maroc. Retournez à vos casseroles, qu’elles aient nom Ségolène ou Nicolas et sondez, sondez, sondez tant que vous pourrez.

     Louis-Joseph Delanglade 

    MarocLasurpriseduMonde.pdf

  • Et ça donne des leçons, et ça reprend les autres !...

              Ségolène Royal a bien tapé sur Sarko, après l'affaire du Salon de l'Agriculture.

               Mais, pas gênée pour deux sous, elle a par la suite paradé aux côtés de Georges Frêche, et pas d'une façon fortuite mais bien dans le cadre d'une visite d'amitié et de soutien (élections obligent, municipales et cantonales...). Or on se souvient que Georges Frêche avait traité les harkis de "sous-hommes".

               Il en a rajouté, dans la provocation, en se vantant d'avoir contourné la loi: "...A Montpellier, j'ai fait la démonstration qu'on pouvait faire des mosquées en contournant facilement la loi. J'ai construit des bâtiments à usages divers et je les ai confiés à des associations qui les utilisent comme des mosquées...".

              Joli monde, belle mentalité: et bien sûr ça va dire aux autres, après, que ce qu'ils ont dit ou fait - eux, les autres... - c'est pas beau...

  • La double leçon corse

     

    Par Jean-Baptiste DONNIER

    Corse. La France, la Corse, il est possible de parler : l’histoire est là. Mais « ouverture », « fermeture », « République », « grand marché » et « métissage » universel et généralisé, sont des considérations qui ne font qu’aggraver les problèmes.

     

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    Lors de son voyage en Corse, les 6 et 7 février, Emmanuel Macron a choisi un discours de fermeté face à des élus nationalistes dont toutes les revendications ont sèchement fait l’objet d’une fin de non-recevoir. Il n’y aura ni « co-officialité » de la langue corse, ni statut de résident, ni autonomie fiscale et encore moins législative ; la Corse est « au cœur de la République » et si une place peut lui être accordée dans la constitution, ce n’est qu’au titre d’une collectivité territoriale métropolitaine au sein d’une République qui, bien que « décentralisée », reste avant tout unitaire. Comme hier pour la Catalogne ou naguère à l’égard de l’Écosse, on voit ici ceux qui s’attachent à « déconstruire » les vieux États pour les intégrer à une Europe fédérale, prendre subitement la défense de l’intégrité de ces mêmes États face aux velléités séparatistes, voire simplement autonomistes, de peuples à la forte identité.

    Un tel retournement de la part des chantres d’une mondialisation qui paraissait devoir renvoyer les constructions étatiques séculaires dans le « monde d’avant », voué à une disparition inéluctable, peut séduire ceux qui ne se sont jamais reconnus dans ce projet des « élites » mondialisées. Mais cette séduction serait trompeuse. Loin de défendre la réalité historique de l’État, ce discours centralisateur s’intègre en fait dans une opposition binaire entre « ouverture » et « fermeture » au sein de laquelle l’État peut être présenté tour à tour comme un signe de « repli identitaire » ou comme l’instrument efficace d’une ouverture aux échanges économiques mondialisés. L’État qu’a défendu en Corse Emmanuel Macron est un État désincarné, détaché de la nation, mis au service d’un projet global de nature essentiellement économique. Mais ce projet, clairement exposé par le président de la République, se voit opposer, de manière de plus en plus claire aussi, un refus déterminé de la part non seulement des élus mais de la société corse tout entière ; un refus qui est de nature politique. Ce pourrait être la double leçon à tirer de ce voyage présidentiel ; une leçon qui dépasse largement la seule question régionale corse.

    L’ignorance des réalités

    Ce qui frappe d’emblée dans les discours prononcés par Emmanuel Macron en Corse, c’est son ignorance des réalités. La Corse n’est pour lui qu’un « territoire », « une île-montagne faiblement peuplée où il n’est pas aisé de circuler » et dont la particularité tient essentiellement à la position géographique qu’elle occupe et qui semble à peu près son seul atout : celui d’être un « poste avancé de la Méditerranée » ou un « poste avancé de la France en Méditerranée », à moins que ce ne soit les deux « en même temps »… Tout cela semble très flou et au fond de peu d’importance ; dès lors que l’essentiel est « l’ouverture », le sens de celle-ci importe peu.

    S’il sait donc situer la Corse mieux que la Guyane, Emmanuel Macron ne la connaît visiblement pas. En dehors de quelques lieux communs, il n’a pas eu un mot sur sa culture, son histoire, ses traditions, l’âme et la foi de son peuple. Sa vision de l’histoire de la Corse se limite aux deux empires napoléoniens, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne se sont guère préoccupés de la Corse, et à la participation des insulaires à la grandeur de la France à travers son empire colonial. On apprend certes sans déplaisir que la colonisation qualifiée à Alger de crime contre l’humanité se métamorphose à Bastia en un élément de la grandeur de la France, mais cela reste anecdotique. Quant à la langue corse, il dit lui-même ne la « regarder » (!) qu’à travers les chiffres… Il aurait mieux fait de chercher à l’entendre !

    Mais s’il n’a rien vu de la Corse, Emmanuel Macron n’a rien dit non plus de la France. Comme la Corse, la France n’est pour lui qu’un espace – elle peut être à ce titre continentale ou méditerranéenne –, l’objet de plans – comme le plan « France Très Haut Débit » dont il veut faire bénéficier la Corse – ou, le plus souvent, la métaphore d’une action politique sur la scène internationale. Ce n’est pas de la France qu’il a parlé aux Corses, mais uniquement de la République, une République vengeresse qui poursuit sans relâche ceux qui, en se dressant contre elle, « ont perdu, dans cette entreprise, leur honneur et même leur âme » et dont la cause ne peut pas se plaider ; on n’a pas pitié des damnés. Cette « mystique » républicaine, qui frise toujours le ridicule, ne méritait sans doute pas le déplacement, mais elle n’était que le préambule du message qu’Emmanuel Macron entendait délivrer.

    Le message de Macron

    Qu’est-il donc venu apporter à la Corse ? Outre quelques propos dont la dureté était sans doute destinée à satisfaire d’autres auditoires, il est venu non pas même avec des promesses, mais avec une tentation. Il a fait miroiter aux yeux des Corses tout ce qu’il était en son pouvoir de leur donner, toutes ces choses indispensables pour « améliorer leur quotidien », des connections haut débit, des maisons de retraite, des « filières d’avenir » et des fonds européens pour financer l’ensemble. Pour obtenir tous ces trésors sans lesquels on se demande bien comment il est possible de vivre, une seule condition est requise : « l’ouverture ». Là se trouve le cœur du discours, la clef qui permettra de « régler les problèmes du quotidien » auxquels se borne nécessairement la vue – et la vie – des gens qui « ne sont rien ». Le sermon est appuyé et c’est une certitude de foi qui répond à l’interrogation rhétorique : « Est-ce que l’identité corse n’est pas méditerranéenne ? Est-ce que cette identité méditerranéenne n’est pas faite consubstantiellement d’ouverture, d’échanges, de métissage permanent ? Je crois que oui ». La conclusion pratique de cet article de foi s’impose dès lors avec la force de l’évidence : c’est cette « ouverture » « qu’il nous faut savoir collectivement organiser » et la République y est prête puisque son chef a reçu à cette fin l’onction sacrée de « toute la nation française » qui, ayant eu le choix « entre l’ouverture et la fermeture », a choisi l’ouverture.

    L’irréductible souci politique

    Cette tentation qu’est venu porter sur l’île Emmanuel Macron se voulait une réponse habile aux revendications proprement politiques des élus corses, mais elle n’a suscité que leur silence remarqué à la fin du discours présidentiel. Un peuple qui a choisi pour fête nationale l’Immaculée Conception et qui ouvre les séances de son Assemblée au chant du Dio vi salvi Regina est immunisé contre ce genre de tentation. Le silence opposé à la proposition d’abandonner son âme contre un plat de lentilles a un sens politique autant que symbolique. Il manifeste avec une fermeté qui n’exclut pas une forme de déception le souci politique des élus corses que ne saurait satisfaire le discours qu’ils venaient d’entendre.

    Il est à craindre que, ce souci n’étant pas assumé par ceux qui sont en charge de l’État, les Corses en viennent à en tirer des conséquences politiques qui les conduiraient à s’éloigner d’une France qui aurait renoncé à sa mission. Si tel devait être le cas, la visite d’Emmanuel Macron en Corse ne serait pas seulement, comme l’a dit Gilles Simeoni, « une occasion manquée » mais, pire, peut-être une occasion perdue.    

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    À Bastia, face à Mme Colonna, Macron affronte avec courage, mais a-t-il compris la France et la Corse ? 

    Jean-Baptiste DONNIER

  • La leçon de Davos

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgM. Macron avait sans doute raison de chercher à profiter du sommet de Davos pour réunir, en guise d’introduction, quelque cent-quarante patrons de grands groupes internationaux à Versailles, lieu hautement symbolique de la grandeur française. Il a cependant commis une faute grave en privilégiant la langue anglaise (« Choose France») portant ainsi un coup très dur à une langue, le français, pour laquelle on avait cru comprendre précédemment qu’il ambitionnait un bel avenir. Parler anglais à Versailles pour mieux intégrer le club forcément anglo-saxon de la mondialisation, constitue un acte d’allégeance linguistique, reniement qui pourra coûter cher sur le plan politique - beaucoup plus que les résultats purement comptables d’un show qui restent très limités. 

    On pouvait donc attendre le pire à Davos, devant un public par avance sous son charme. Surprise : après une vingtaine de minutes en anglais et un « France is back » hollywoodien, M. Macron s’est exprimé une demi-heure en français pour sa leçon du jour. Notre président, ce « libéral, partisan de l’économie de marché, de la désinflation réglementaire et de la limitation de la pression fiscale » (M. Guetta, France Inter, 25 janvier), explique donc aux maîtres du monde que le processus actuel dit de « mondialisation » va à l’échec, parce qu’il génère chaos, misère et révolte, et qu’il faut donc en modifier la nature, c’est-à-dire cesser de pratiquer un dumping social et fiscal. Et M. Macron d’affirmer, avec des accents dignes d’un Victor Hugo, que « le défi est maintenant de savoir si l’on sait refonder un vrai contrat mondial […] autour du devoir d’investir, du devoir de partager et du devoir de protéger » 

    Si on est un croyant, on peut se lever, applaudir, tomber dans les bras les uns des autres en pleurant à l’évocation de l’avenir radieux qui attend(rait) l’humanité libérale. Mais, et M. Macron est trop intelligent pour l’ignorer, sa mise en garde, étant donné la nature des choses, constitue plutôt une analyse des raisons de l’échec humain programmé de la globalisation. Ceux à qui profite la situation n’ont aucune raison de changer. Mme Merkel a redit à Davos son attachement au libre-échange. On la comprend, la balance commerciale allemande étant excédentaire d’environ deux cent cinquante milliards d’euros. Ceux à qui la situation est préjudiciable prennent les mesures qu‘ils peuvent. Les Etats-Unis, champions du monde du déficit avec cinq cents milliards de dollars, ont à leur disposition la planche à billets et les mesures protectionnistes de M. Trump (« Je ferai toujours passer l'Amérique en premier » a-t-il d’ailleurs indirectement répondu à M. Macron).

    M. Macron ne peut pas raisonnablement penser que son appel sera entendu. Ce sont en effet les déséquilibres qu’il dénonce qui permettent aux gagnants de s’enrichir au détriment des perdants. Il est donc naïf de croire qu’oligarchies et Etats bénéficiaires renonceront à ce qui est devenu leur raison même d’exister. N’en déplaise donc à M. Macron, en tout cas à rebours de son idéologie, nous pensons que son discours est porteur d’une leçon réaliste : le paradis sur terre libéral n’existe(ra) pas et il convient d’en tirer les conclusions qui s’imposent.  

  • Pourquoi le pape veut un synode, par Gérard Leclerc.

    Messe de clôture d’un synode par le pape François.

    © Antoine Mekary / Godong

    Conformément à la volonté du pape, l’Église tout entière est invitée à entrer dans une démarche synodale. Dimanche 10 octobre, c’est depuis Rome que sera initié ce mouvement, auquel se joindront, dès le dimanche suivant, tous les diocèses du monde autour de leurs évêques.

    gerard leclerc.jpgLe caractère inédit d’une telle démarche réclame quelques explications. On se souvient qu’à la suite du concile, Paul VI avait décidé la convocation régulière d’assemblées synodales, réunissant les seuls représentants de toutes les conférences épiscopales. Il s’agissait de réfléchir ensemble sur un thème déterminant pour l’Église, en laissant au pape le soin d’en reprendre les résultats dans un document approfondi. C’est ainsi qu’en 1975 Paul VI avait publié Evangelium nuntiandi, un texte qui avait fait date, en énonçant les conditions de l’évangélisation dans le monde contemporain.

    L’intention de François est cette fois d’élargir cette perspective synodale – où, selon l’étymologie, il s’agit de faire route ensemble – pour y associer le peuple fidèle dans sa totalité. On conçoit l’ambition du projet, puisque la consultation envisagée ne concerne pas seulement ce qu’on appelait autrefois le laïcat engagé, mais tous les catholiques de nos paroisses. L’expérience est nouvelle, puisque les fidèles sont invités à partager les soucis de toute l’Église. Et le pape d’insister sur la spécificité d’une entreprise qui est d’abord de nature spirituelle et, pourrait-on dire, charismatique. Car il s’agit bien de mettre en valeur les charismes, c’est-à-dire les dons des baptisés investis de la grâce divine : « Il ne s’agit pas de récolter des opinions, mais d’écouter l’Esprit, comme on le trouve dans le livre de l’Apocalypse. “Quiconque a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises” (Ap 2,7). (…) Il s’agit d’entendre la voix de Dieu, de saisir sa présence, d’accepter son passage et son souffle de vie. Il est arrivé au prophète Élie de découvrir que Dieu est toujours le Dieu des surprises, même dans la façon dont il passe et dont il se fait entendre.  »

    Les risques de subversion

    Pour ses fidèles diocésains de Rome, le pape a entrepris une relecture des Actes des apôtres, pour montrer comment cette écoute de l’Esprit Saint inspirait la naissance et le développement des premières communautés chrétiennes. On mesure ainsi l’ambition de cette mobilisation, qui requiert une adhésion profonde des cœurs. C’est assez dire que l’intention du pape suppose des conditions singulières, à l’opposé des habitudes intellectuelles sur les réseaux sociaux, faites de polémiques clivantes.

    On mesure aussi les risques du projet, avec le danger d’introduction de pratiques politiques et d’utilisation sur le terrain des techniques de manipulation de groupe. On ne peut ignorer non plus les intentions de subversion de la doctrine et de la morale de certains groupes, qui avouent leurs orientations idéologiques en prenant prétexte de plusieurs intentions réformatrices du pontificat. C’est pourquoi on observera avec attention les débuts de cette expérience nouvelle, pour voir comment sont mises en œuvre les bonnes dispositions sur lesquelles le pape fonde ses espoirs. Sera-ce dans le sens d’une avancée spirituelle du peuple chrétien, qui démentirait toute instrumentalisation idéologique ? 

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Après la visite du pape : les clameurs se sont tues…

                Ou : l’assourdissant silence de ceux qui n’ont (plus ?) rien à dire…..

                Près de deux mois après, il n'est pas inutile de revenir sur le triomphe sans précédent que constitue dans le domaine des idées et du spirituel le voyage de Benoit XVI, ni sur la victoire complète obtenue, en rase campagne, sur les traditionnels opposants à la papauté et à ses messages.

                Y revenir pour constater que la primauté intellectuelle du pape a été assise définitivement, et reconnue par tous...

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                 Mais, bien plus encore que sa primauté, ce qui nous paraît le plus important, dans le nouveau paysage intellectuel qui se dessine sous nos yeux, c’est le fait qu’il soit seul. Non seulement il est le premier, le plus fort ; mais il est devenu le seul fort. Il n’y a plus personne en face, plus personne qui vienne lui apporter la contradiction ; plus aucun débattant qui, même un cran en dessous, viendrait le contredire ou lui apporter la réplique. Plus personne et surtout plus d’idéologie....

                On connaît la phrase célèbre : «…et le combat cessa, faute de combattants….. ». Qu’elle est loin, et dérisoire, l’orgueilleuse et arrogante question de Staline : « Le Pape ? combien de divisions ? ». Dans le gigantesque combat engagé entre l’Eglise et les Lumières depuis le XVIII° siècle, et qui a si longtemps vu les victoires successives de celles-ci, et tant et tant de coups très sévères portés à celle-là, qui expliquent ses reculs successifs et son affaiblissement malheureusement bien réels, voici que les temps ont changé, sont changés.

                L’effondrement cataclysmique des différentes formes de marxisme, la fin sans gloire de cette religion, de cette foi qui se voulait la continuatrice et le perfectionnement le plus abouti de la révolution française ont radicalement modifié la donne et, on nous pardonnera la trivialité de l’expression, « fait le ménage », en débarrassant la place des vieilleries . Et, oh surprise pour ceux d’en face, les vieilleries, les oripeaux, les vieilles lunes c’est maintenant du côté du marxisme, de la révolution, des Lumières qu’elles se trouvent. Et la vitalité et la vigueur, sont du côté de l’Eglise, malgré –répétons-le…- les coups très graves qu’elle a reçus, et les reculs évidents de son influence qu’elle a subi.

                Oui, certes, des deux géants engagés dans le combat sans merci commencé il y a près de trois siècles, l’un, l’Eglise, est bien affaibli. Mais toujours là, et poursuivant son travail de réflexion et de proposition. L’autre, après avoir semblé triompher  et avoir construit un Empire qui semblait il y a peu indestructible, s’est tout simplement évanoui ; « disparu des écrans radars » comme on dit…

                Le prochain acte sera sans doute savoureux ; il consistera en un fort amusant clin d’œil de l’Histoire : ce sera quand le Pape, seul à parler et seul à proposer, annoncera fièrement au monde étonné que, dans l’écroulement des rêveries funestes et monstrueuses héritées de l’orgueilleux siècle auto-proclamé des Lumières, il va, lui le Pape de Rome, reprendre et sauver, reprendre pour le sauver, ce qu’il y avait de bon dans ce mouvement.

                Là, pour ceux d'en face, ce sera le coup de grâce…..

  • les trois vidéos intégrales du 21 Janvier 2008 à Marseille....

    85f8897c8942aab46f23176a300369ba.jpg          Contrairement à ce que pourraient penser certains, la Révolution est bien la source, l'origine des maux dont souffrent aujourd'hui la France et, peut-être, le Monde. Elle n'est pas terminée; elle est toujours en cours ....

                1. Cliquez sur le lien pour écouter Hilaire de Crémiers ...               

              Comment, après avoir assassiné Louis XVI et Marie-Antoinette, les révolutionnaires firent subir un véritable martyre au Dauphin.

              2. :  Cliquez sur le lien pour écouter Christian Attias.....

              Le professeur Christian ATIAS, expliqua la symbolique de l'expression "Le roi est mort, vive le roi" et l'acharnement des révolutionnaires à la vider de sa substance.

              3. : Cliquez sur le lien pour écouter Jean-François Mattéi.....

            Jean-François MATTEI, professeur à l'Institut Universitaire de France, montra très clairement en quoi la Révolution est une rupture culturelle et civilisationnelle.  

  • Migrants et autres « envahisseurs » : de Jacques à François...

     

    2504458051.3.jpgJacques, c'est Jacques Bainville; et François, « pour le meilleur et pour le pire », c'est notre Pape actuel.

    D'où cette réflexion de Bainville, qui nous revient à l'esprit :

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    « Je me demande si le Pape n'est pas trop loin des contingences de ce monde depuis qu'il a cessé d'être un souverain temporel.

    Et peut-être, jadis, en lui donnant à gouverner un morceau de terre, Pépin le Bref s'était-il dit : "Comme cela, le Saint-Père verra que ce n'est pas si facile de faire régner entre les hommes la paix et l'amour"... » 

    Jacques Bainville, Doit-on le dire ?, Les Belles Lettres, 2015

  • Guy Bertran de Balanda : trois ans déjà, toujours présent !

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    Photo prise aux États-Unis, lors d'une visite chez l'un de ses fils, Axel, qui vit et travaille là-bas...

    À l'occasion de ce troisième anniversaire de l'entrée de Guy dans le vrai Royaume, nous lui dédions les deux derniers ajouts de notre Page d'accueil quotidienne du Blog, qui forment maintenant une sorte de "triptyque maurassien" et que nous venons de terminer tout récemment :

    • Vous ne connaissez pas Charles Maurras ? Ou, vous aimeriez mieux le connaître ? Ce Feuilleton/Album est fait pour vous...

    • Maurras est ostracisé, "interdit" par le Système, pour cause d'antisémitisme. Bon, mais tous ceux-ci, qui ont écrit des propos très durs sur les Juifs, ne le sont pas : pourquoi ?

     

    L'an passé et l'année précédente, la famille de Guy a organisé une Messe en la cathédrale d'Aix, suivie d'un repas familial. J'étais convié et, naturellement, j'étais présent. Il en sera de même cette année, ce rendez-vous s'installant ainsi comme une tradition familiale. Bénédicte (soeur aînée de Guy) vient de me confirmer la préparation par Hugues (frère cadet) de la prochaine Messe en la Cathédrale saint Sauveur d'Aix et du repas/réunion familiale qui s'ensuivra. Comme les deux années précédentes, je suis invité aux deux et, naturellement, j'y serai, avec notre Rédacteur en chef Jean-Baptiste Collomb, vous représentant tous, vous qui avez connu et apprécié Guy mais ne pourrez être sur place ce jour-là...

    François Davin, Blogmestre

  • Religions & Géopolitique • François, Cyrille, Vladimir et le « Filioque »

     

    Par Camille Pascal*

    Une réflexion intéressante et documentée - dont nous souhaitons que la suite des événements vienne confirmer l'optimisme - qui resitue dans la double perspective historique et géopolitique qui nous paraît convenir, la rencontre historique qui s'est tenue à La Havane, entre le pape François et le patriarche de Moscou, Cyrille. Cette chronique complète l'article de Jean-Baptiste Noé « Rencontre pape-patriarche à Cuba : le mur de Dioclétien va tomber » que nous avons publié le 9 février dernier, à la veille de la rencontre. Les deux analyses vont dans le même sens. LFAR

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngAprès mille ans d’anathèmes, Rome et Moscou se parlent de nouveau, pour le plus grand profit des chrétientés orientale et romaine.

    La rencontre entre le pape François et le patriarche de Moscou est un événement d’une portée historique, religieuse et géopolitique majeure. C’est la raison pour laquelle il a été traité de façon parfaitement anecdotique par les médias français. Il est vrai qu’évoquer, aujourd’hui, la querelle du Filioque devant un public qui n’a pas la moindre idée de ce qu’est le Credo est à peu près aussi facile que d’enseigner le latin à des analphabètes.

    Rappelons qu’après la déposition, par Odoacre, du dernier empereur romain d’Occident, en 476, le pape de Rome resta seul face à des rois barbares, mal christianisés et adeptes de l’arianisme, alors qu’à Constantinople, le patriarche, lui, se trouvait entièrement soumis à l’empereur devant lequel il devait même se prosterner le jour de son avènement.

    Très vite, la papauté prit ses distances avec le basileus et son patriarche, trouva des alliés chez les rois francs et permit à Charlemagne de ressusciter l’empire d’Occident alors même que le bassin méditerranéen passait sous le contrôle des disciples du prophète Mahomet. Cette séparation politique avec l’empire d’Orient fut immédiatement suivie d’un divorce théologique, car Charlemagne obtint, malgré les réticences du pape, d’introduire le Filioque dans le Symbole de Nicée-Constantinople. Ainsi le Saint-Esprit ne procédait-il plus simplement du Père mais aussi du Fils. C’était pour les Occidentaux le moyen d’en finir définitivement avec l’hérésie arienne, qui avait tenté d’établir une hiérarchie au sein de la Trinité, et un moyen pour l’empereur Charlemagne de se montrer plus trinitaire que l’empereur Constantin lui-même.

    Les Byzantins ne l’entendirent évidemment pas de cette oreille et refusèrent catégoriquement cette innovation, au point qu’en 1054, les légats du pape, à bout d’arguments, finirent par excommunier le patriarche. La rupture était consommée et, même assiégée par les Turcs, jamais l’Église d’Orient n’accepta de se soumettre à l’autorité politique et théologique de Rome. Après la chute de Constantinople, en 1453, le prince moscovite Ivan III, en épousant la nièce de Constantin XI Paléologue, le dernier empereur de Byzance tombé sous les coups des Turcs, relevait le titre impérial et avec lui l’autorité sur toute l’Église d’Orient. Moscou devenait la troisième Rome, ses patriarches ne reconnurent jamais l’autorité des papes et l’Église russe assura la défense de la plus stricte orthodoxie.

    La rencontre de La Havane est donc d’une force symbolique et d’une portée historique hors norme, car non seulement elle met fin à un divorce millénaire, mais elle permet à la Russie de Vladimir Poutine — il est inenvisageable que le patriarche de Moscou ait accepté cette rencontre sans l’aval du nouveau tsar — de briser son isolement diplomatique et de se poser en bras armé de la chrétienté orientale face à la renaissance du califat. Quant au pape, isolé au milieu d’une Europe divisée, impuissante et déchristianisée, tout progressiste et argentin qu’il soit, il fait comme ses lointains prédécesseurs, il tente de faire l’unité des chrétiens et de trouver le « prince » — fût-il orthodoxe — capable de protéger la catholicité. 

    Camille Pascal

    * Valeurs actuelles du 19.02.2016 

    A lire : Rencontre pape-patriarche à Cuba : le mur de Dioclétien va tomber

  • Un mathématicien égaré en économie, par François Reloujac *

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    Le 13 octobre dernier, l’académie Nobel a attribué le prix d’économie au chercheur français Jean Tirole. Une manifestation de « la France qui gagne » aussitôt saluée par le président de la République et par le Premier ministre. Mais personne ne s’est véritablement interrogé sur la raison qui permet d’affirmer que les travaux de Jean Tirole illustrent la pensée économique française, même si, officiellement, celui-ci a été récompensé pour ses travaux sur « le pouvoir de marché et la régulation ».

    Jean Tirole est un ancien élève de l’école polytechnique. Il est allé mettre en œuvre ses acquis théoriques d’exploitation des statistiques économiques au Massachusetts Institute of Technology, le fameux MIT. C’est là qu’il s’est familiarisé avec la théorie des jeux, un ensemble d’outils qui analyse les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. étant entendu que cet agent peut être aussi bien une personne physique qu’une entreprise.

    S’il n’a pas pris la nationalité américaine – contrairement à un autre prix Nobel d’économie « français », Gérard Debreu – c’est qu’il est revenu en France pour y créer, sur le modèle des universités américaines, la « Toulouse School of Economics » (TSE). Cette dernière est uniquement financée par des grandes entreprises. Les cours y sont dispensés en anglais à des étudiants qui, pour 60 % d’entre eux sont étrangers, par des professeurs dont bien peu sont de nationalité française.

    Rien d’étonnant, donc, dans le fait que cette école soit soutenue par des grandes entreprises ouvertes à l’international et ayant sur leurs marchés respectifs une position de monopole ou de quasi-monopole. La théorie des jeux et les études statistiques pointues qui sont développées à l’école toulousaine leur sont très utiles : elles leur permettent d’améliorer continuellement leur capacité à analyser toutes les combinaisons possibles des réactions de leurs « partenaires » (administration, fournisseurs, consommateurs). Le jeu est d’autant plus « payant » qu’un joueur principal – une entreprise en position de force sur un marché – est mieux « informé » que les autres. C’est pourquoi cette école cherche à tempérer cet avantage que possède le plus fort par un mécanisme dit de « régulation » dont le but avoué est de maintenir une apparence de libre concurrence.

     

    Que récompense le prix Nobel d’économie ?

    Jean Tirole est un grand mathématicien, un excellent professeur et un chercheur consciencieux. Mais sa distinction révèle les limites du prix Nobel qui ne couronne plus des économistes dont les travaux  cherchent à améliorer le système ou le bien commun économique, mais qui distingue désormais uniquement des spécialistes travaillant sur des secteurs particuliers, fussent-ils utiles à tous ou simplement à un petit nombre.

    De fait, pour Jean Tirole comme pour nombre de ses prédécesseurs, l’économie, relevant de la « science », doit toujours l’emporter sur le politique. Il se rattache donc, comme l’a dit le professeur Christian Stoffaes, « à la gauche utopique pré-marxiste et au positivisme » et, comme la plupart des « ingénieurs-économistes », adhère « à l’idéologie du progrès par la science ». C’est pourquoi Jean Tirole a toujours considéré que le « régulateur » économique – en France, l’Autorité de la concurrence – devait être mis à l’abri de toute influence politique. Il a d’ailleurs tiré les conclusions de cette logique pour justifier la création d’une Union bancaire européenne qui ne dépendrait pas des états : « Il ne faut pas, a-t-il dit, que les gouvernements puissent intervenir dans la réglementation prudentielle car les gouvernants ont leurs propres objectifs qui peuvent après entraîner des difficultés importantes pour les banques ».

    Ainsi, depuis plus de vingt ans, le prix Nobel d’économie ne couronne que des spécialistes de micro-économie. D’une part, parce que l’analyse des statistiques individuelles permet de donner une tournure plus scientifique à la recherche que l’étude des statistiques nationales. D’autre part, parce que de telles études ont une apparence plus « démocratique » que les analyses macro-économiques : pour les « démocrates », en effet, l’intérêt général n’est que la somme des intérêts individuels. Si l’on « maximise » le profit de chacun, on « maximisera » le bien-être de tous. Pour le plus grand bonheur des (grandes) entreprises. 

    C’est l’avis de Manuel Valls qui a remis au goût du jour un projet déjà porté par Nicolas Sarkozy mais qui est maintenant revêtu de l’autorité du prix Nobel : la fusion des contrats à durée indéterminée et des contrats à durée déterminée dans un contrat de travail « unique » !

     

    Que penser du contrat de travail unique ? 

    Derrière cette « réforme » se cache en fait la suppression des CDI, accusés de rigidifier le marché du travail en « surprotégeant » ceux qui en bénéficient, et la généralisation du CDD. Elle est bien vue des grandes entreprises multinationales qui y voient le moyen de délocaliser plus facilement leur production vers des pays où les charges sociales sont moins élevées ou de remplacer les travailleurs autochtones par des immigrés moins exigeants, mais elle se heurte, naturellement, à l’hostilité des syndicats de salariés. Avec une telle réforme, on se rapprocherait du système américain. Mais, si le marché du travail américain est plus fluide et moins contraint que le nôtre, cela ne signifie pas obligatoirement que sa fluidité est « la » cause du plein emploi. à l’inverse, les études statistiques relatives à l’activité des multinationales montrent effectivement qu’elles se portent mieux si elles peuvent « presser le citron et jeter la peau ». Autrement dit, remplacer leurs salariés dès qu’ils sont jugés moins performants. On a beau dire que le marché du travail, en France, protège trop l’emploi et pas assez le salarié, ce n’est pas cette mesure qui, à elle seule, changerait la donne en profondeur. Le chômage ne diminuerait pas uniquement du fait d’une telle « réforme ». Il ne diminuera que si les produits fabriqués en France trouvent preneur au prix auquel ils sont obtenus et s’ils correspondent à un besoin réel des consommateurs. Agir uniquement sur la nature juridique des contrats du travail, c’est s’intéresser à un symptôme dans le but de n’avoir pas à affronter les causes du mal. Qu’un mathématicien, égaré dans le monde économique de la grande entreprise se laisse tenter, soit ; qu’un homme politique, responsable du bien commun, lui emboîte le pas, non !   

    Le prix Nobel d’économie 2014 vient donc couronner un Français qui a fait le choix, à un moment crucial de sa carrière, de revenir en France… Mais dont on peut se demander si, même inconsciemment, il n’est pas plus au service des intérêts américains qu’un Français ayant assimilé les acquis intellectuels américains pour les faire servir au rayonnement de la France dans le monde. ♦

     

    Source : Politique magazine