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Rechercher : trois leçons d'économie du pape françois

  • Dans notre Ephéméride de ce jour, une belle leçon d'espérance pour notre époque si angoissante...

    86 Avant Jésus-Christ : Mort du Consul Caius Marius  

     

    En 102 Avant Jésus-Christ, en Provence, il avait écrasé les Cimbres et les Teutons, sauvant Rome et la Civilisation. 

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    Caius Marius, consul  

    Faisons mémoire de ce grandiose événement : on verra qu'il renferme bien des leçons pour le temps présent, et que dans nos angoisses d'aujourd'hui concernant la survie et la continuation de notre Civilisation, de notre Culture, de notre Être profond, nous pourrons trouver une splendide leçon de courage et d'espérance chez ce grand et noble romain qui, avec ses légions, est venu dans le pays qui est aujourd'hui "chez nous" pro salute, non pro gloria, certari (combattre non pour la gloire mais pour sa propre survie, nous dit Salluste) écrivant ainsi l'une des pages les plus extraordinaires non seulement de notre propre histoire mais de toute l'Histoire universelle.  

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    Évocation courte (12'2", François Davin) : au Rassemblement Royaliste des Baux de Provence : http://vimeo.com/9698887
     
    Évocation plus longue (26'26", François Davin) : devant la stèle des Tremaïe, aux Baux : http://vimeo.com/15878420 
     
    Ci-contre, "Les Antiques", à Glanum, élevés en commémoration de l'événement
  • Faire échouer Macron, par François Marcilhac   

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    Regardons vers l’avenir, puisque, de nouveau, le suffrage universel a cautionné le déclin de la France.

    LA PEUR DE LA LIBERTÉ

    Car cette loi qui veut que le suffrage universel soit conservateur s’est de nouveau vérifiée ce 24 avril, comme elle s’était vérifiée en 2017, le prétendu dégagisme d’alors, nous l’avions dit et répété à l’époque, visant surtout le changement dans la plus stricte continuité : celle d’une France qui, par peur de l’inconnu, ou plutôt de ce qui lui est présenté depuis trois décennies comme l’inconnu, continue de se réfugier dans les bras d’une oligarchie qui la berce d’illusions européistes et mondialistes pour mieux lui faire craindre le retour de son indépendance, pire, lui présenter ce retour comme un risque létal, voire une faute morale.

    1A.jpgLes élites — politiques, économiques, financières, journalistes, et même religieuses — depuis au moins 1992 et le traité de Maastricht enseignent méthodiquement aux Français qu’il n’y pas de salut hors l’asservissement aux logiques supranationales, que tout espoir de libération est un piège tendu par les nationalistes qui veulent l’isolement du pays, que le camp du Bien est du côté de Bruxelles et de Washington et que ce vieux pays millénaire qu’est la France a pour une unique vocation de se dissoudre dans l’Union européenne et l’OTAN. La pandémie et l’Ukraine auront fait le reste. Oui, c’est cette France de la peur d’exister, et donc du renoncement à être, qui a de nouveau gagné avec la réélection de Macron fêtant en 2022, comme en 2017, sa victoire sur fond d’hymne européen.

    En vouloir au suffrage universel, voire aux Français eux-mêmes n’aurait donc aucun sens. Les maurrassiens que nous sommes savent que la faute, réelle, incombe à des institutions qui permettent aux ennemis de la France, dont Macron est le chef d’orchestre, de prendre et, surtout, de conserver le pouvoir. Macron n’est en effet que leur chef d’orchestre, même si l’illuminé qui est en lui ne fait qu’aggraver le risque d’un second mandat encore plus destructeur et brutal que le premier. Car il n’est que le courtier d’intérêts supérieurs, l’homme-lige d’un clan oligarchique qui a en lui un serviteur zélé, parfois maladroit, mais, tout compte fait, d’une soumission exemplaire. Macron n’existe pas : il faut en être convaincu soi-même et en convaincre ses compatriotes si l’on veut sortir le pays de l’ornière dans lequel il s’enfonce, année après année, toujours plus profondément.

    UN SIGNE D’ESPÉRANCE ?

    On peut bien sûr voir dans la progression du score de Marine Le Pen un motif d’espérance, au sens où cette progression traduit une prise de conscience de plus en plus aiguë de la part des Français du piège dans lequel l’oligarchie a enfermé le pays. Pour nous, qui avons le double souci de ramener l’héritier et de sauvegarder l’héritage, un tel signe n’est en rien méprisable. Au contraire. Car nous sommes là pour assumer la tâche quotidienne, si ingrate fût-elle, et cette tâche consiste, pour le moment, à faire barrage au pire. Nous avons échoué le 24 avril. C’est au camp macronien d’échouer aux législatives. La configuration politique n’est pas la même qu’en 2017. Macron n’a pas été élu pour son projet, mais avec la complicité d’un pays légal qui, de manière pavlovienne, a appelé à faire barrage à l’extrême droite. Or le pays est fracturé : aux plans social, générationnel, géographique. Le plus intéressant est que l’idéologie mondialiste semble perdre du terrain chez les 30-50 ans, c’est-à-dire au sein de la classe d’âge qui est, théoriquement du moins, la plus active. Surtout, mal élu, non seulement en raison du record d’abstention, mais parce qu’il ne l’a pas été sur son projet, il se pourrait bien que Macron ne retrouve pas une majorité parlementaire comparable à celle de 2017, ni même de majorité du tout. L’en priver doit évidemment être notre préoccupation première, si peu exaltante soit-elle. Le fait majoritaire ne s’est jamais démenti sous la Ve République depuis 1962, que la majorité soit de la même couleur politique que le président, ou celle d’une opposition structurée (la cohabitation), qu’elle soit monolithique ou fruit d’une coalition. La Ve République a même été fondée pour cela : assurer la stabilité des institutions en rompant avec le régime d’assemblée et son chaos institutionnalisé de compromis éphémères.

    TEL  ATTILA…

    N’étant ni politologue ni astrologue, nous ignorons au moment où nous écrivons si l’abstention se confirmera aux législatives, par rapport non seulement à la présidentielle, mais également aux législatives de 2017, c’est-à-dire si les Français considéreront que le match est joué. Rien n’est moins sûr, puisque Macron, mal élu, nous l’avons dit, ne porte pas, ou plus, les espoirs d’une majorité de nos compatriotes. En tout cas, il faut d’ores et déjà tout faire pour qu’il échoue à obtenir une majorité lui permettant d’appliquer son programme. Car, ne pouvant se représenter en 2027, soyons sûrs que, s’il a les coudées franches, il sera sur tous les terrains, redoublant de brutalité si nécessaire, pour détruire le pays, notamment à travers ses institutions encore debout. Un fait révélateur : il a signé la disparition du corps diplomatique entre les deux tours. Il veut s’attaquer rapidement à l’école. Et aux retraites. Le bonhomme est pressé. Tel Attila, il visera à ne rien laisser debout en 2027, car ce sont la cohésion sociale et l’unité du pays qu’il a en ligne de mire : institution scolaire, solidarité entre les générations, hôpital public, ce qu’il reste de notre industrie, indépendance militaire et diplomatique de la France à travers la cession à Bruxelles de notre siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et celle de notre industrie militaire et de notre arme atomique à l’Allemagne, sans compter un immigrationnisme forcené et la dissolution sociétale. Il faudra lutter pied à pied contre cette œuvre de mort. Parce que c’est leur raison d’être, avec cet esprit de sacrifice qui les honore, les militants d’Action française ne ménageront pas leurs efforts.

  • La France et la liberté du culte, par François Schwerer.

    Notre ami François Schwerer nous a fait parvenir la copie du document qu'il a adressé dimanche dernier à son archevêque et à son auxiliaire

    Le décret du 29 octobre 2020 qui a explicité les mesures prises pour la deuxième vague de confinement que connaît la France, a interrompu tout culte public, à l’exception des messes d’enterrement (en présence de 30 personnes) et celles de mariage (en présence de 6 personnes)1. Devant une telle mesure, impensable, plusieurs associations catholiques et les Evêques de France ont saisi le Conseil d’Etat en référé-liberté pour que cette mesure soit rapportée

    Le 5 novembre, le juge des référés au Conseil d’Etat a donc examiné la question, écoutant les plaignants et les Pouvoirs publics. La représentante de l’Etat a notamment justifié l’interdiction du culte public par le fait qu’à la messe on est souvent debout que l’on chante, ce qui fait des gouttelettes susceptibles de transmettre le virus. De plus, a-t-elle ajouté, le prêtre ne se désinfecte pas les mains entre chaque hostie qu’il « distribue » ! Et puis, à la messe, il y a surtout des vieux dont on sait qu’ils sont les plus vulnérables.

     

    Le juge des référés au Conseil d’État a donc examiné les vingt et une requêtes déposées contestant la suspension des cérémonies religieuses telles que la messe dominicale durant le reconfinement (décret du 29 octobre). Sa décision est tombée ce samedi 7 novembre. Il rejette les recours au motif que « le risque de contamination n’y est pas écarté ». Pourtant deux jours avant la décision contestée du Gouvernement, la note du 26 octobre 2020 du Conseil scientifique sur laquelle s’est appuyé le Premier ministre pour interdire le culte public, s’était montrée nettement plus ouverte. Dans son paragraphe consacré à la « suppression des événements accueillant du public », le conseil scientifique a en effet expressément estimé que « les lieux de culte pourraient rester ouverts, à condition qu’ils respectent les protocoles sanitaires stricts contractualisés. »

     

    Le juge a « rappelé que la liberté de culte est une liberté fondamentale mais qui doit être conciliée avec l’impératif de protection de la santé, reconnu par la Constitution ». Faut-il comprendre que la liberté de culte ne serait plus fondamentale, malgré la lettre de la Constitution, puisqu’elle est mise sur le même plan que la protection de la santé dont ladite Constitution ne dit pas que c’est une « liberté fondamentale ». Pour le juge des référés, en fait, la liberté fondamentale du culte est respectée puisque l’ensemble des lieux de culte demeurent ouverts. De plus, les ministres du culte peuvent librement y participer à des cérémonies religieuses, notamment pour en assurer la retransmission2, et y recevoir individuellement les fidèles, de même qu’ils peuvent se rendre au domicile de ceux-ci. Il en résulte donc que pour le juge des référés, la seule liberté de culte qui soit fondamentale est une liberté individuelle au même titre que la liberté de conscience ; pas plus. Le culte public, quant à lui, n’a pas à être protégé. Il y a donc désormais, en droit français, deux types de culte : le culte individuel qui est une liberté fondamentale et un culte public qui est à la discrétion des Pouvoirs publics.

     

    Une telle décision laisse penser que le juge des libertés ne sait pas que la France ne vit plus sous le Concordat de 1802 qui permettait aux Pouvoirs publics d’intervenir directement dans la célébration des cultes. Cette décision ne pouvait en aucun cas satisfaire les catholiques qui ont compris que si elle fait jurisprudence, s’en sera fini de la plus importante de toutes les libertés fondamentales. Face à ce qu’ils ont perçu comme une impasse nombre d’entre eux ont donc décidé d’user de l’une des rares libertés qui leur reste – celle de manifester – et d’aller se réunir dimanche matin 15 novembre devant les églises pour demander que l’Etat leur rende la liberté de culte. Certains esprits chagrins ont considéré que cette action n’était pas la bonne et qu’elle serait même contreproductive. C’est possible, mais que n’avaient-ils pris les devants ?

     

    Ceux qui se rangent facilement à la décision des Pouvoirs publics, font souvent référence à l’autorité de saint Paul qui avait écrit à son disciple Tite : « Rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien » (Ti, III, 1-2). Mais, quand on s’abrite ainsi derrière cette phrase, sortie de son contexte, on oublie que Paul était entre deux séjours en prison et qu’il sera condamné à mort et décapité à peine plus d’un an après avoir écrit cette lettre. S’il en a été ainsi c’est parce que, lui, Paul, sur un point au moins n’a pas obéi aux gouvernants et aux autorités de l’époque ; il n’a jamais transigé lorsqu’il s’agissait d’honorer Dieu. Jamais Paul n’a dit aux chrétiens qu’il était bon d’obéir aux gouvernants lorsque ceux-ci imposaient de sacrifier aux idoles. Or, en 2020, en sus de la finance et de la consommation, les gouvernants ont mis à l’honneur une nouvelle idole : la santé3. Dès lors l’interdiction du culte « public » est une véritable persécution infligée aux chrétiens et aux catholiques en particulier.

     

    Trois jours avant l’échéance fixée par le Conseil d’Etat pour que les Pouvoirs publics rencontrent les autorités de l’Eglise afin de trouver un terrain d’entente, le ministre de l’intérieur et des cultes a décidé d’organiser le 16 novembre une visioconférence avec les représentants de toutes les religions. A-t-il fait exprès ou a-t-il agi par méconnaissance de la question religieuse ? En effet, chez les bouddhistes et les islamistes, par exemple, tout culte (ou ce qui s’y apparente) est essentiellement une démarche individuelle. Il n’en est rien chez les chrétiens, où le culte a aussi une dimension communautaire. « Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement », nous dit le catéchisme de l’Eglise catholique (n° 2105). En effet la prescription morale naturellement inscrite au cœur de l’homme est de « rendre à Dieu un culte extérieur, visible, public et régulier sous le signe de son bienfait universel envers les hommes »4.

     

    En guise de préparation à cette entrevue, le ministre de l’intérieur et des cultes a cru bon de menacer les catholiques qui réclament légitimement que leur soit rendue la liberté de culte, laquelle n’est que de la responsabilité des évêques et non de l’Etat. Si les catholiques se réunissent devant les églises comme ils l’ont fait à Nantes et à Versailles le 8 novembre, des sanctions seront appliquées, a-t-il menacé. Pour être sûr d’être bien compris, il a ajouté : « Je dis aux catholiques5 de France (...) bien sûr que la liberté de culte est très importante, nous avons d’ailleurs laissé ouverts les lieux de culte ». On laisse ouvert les lieux de culte mais on y interdit le culte public ; c’est ainsi que le Gouvernement entend désormais la « liberté » de culte !

     

    Alors que 46 Parlementaires, de tous horizons, écrivaient au premier ministre pour lui demander d’écouter les légitimes demandes des catholiques de France, Maître Henri de Beauregard constatait dans Le Figaro : « Il semble qu’en plusieurs lieux les préfectures aient opposé qu’une manifestation ne pouvait se tenir qu’à la condition d’être « revendicative », ce qui exclurait les rassemblements incluant une ou plusieurs prières. En résumé, les croyants auraient le droit de réclamer la reprise des messes sur la voie publique, mais pas en sortant un chapelet de leur poche. (…) Si les croyants se mettent à genoux ou chantent ensemble des prières, cela se voit, mais s’ils prient en silence, « in pectore » comme on dit, chaque policier ira-t-il interroger les manifestants un à un pour leur demander les yeux dans les yeux si par hasard ils ne seraient pas en train de réciter une prière au fond de leur conscience ? »

     

    Si le ministre des cultes décide de maintenir l’interdiction des cultes publics il se comportera comme le ferait un ministre de la Justice qui refuserait de garder les délinquants en prison, ou comme un ministre de la santé qui interdirait l’usage de médicaments reconnus comme utiles depuis longtemps, ou encore comme un ministre du travail qui interdirait aux salariés de se rendre dans leur entreprise pour y accomplir leur tâche, un ministre du commerce qui empêcherait les commerçants de vendre leurs stocks, un ministre des transports qui décideraient que les avions ne doivent pas voler et les trains ne doivent pas circuler, comme un ministre de l’Education nationale qui fermerait les écoles, etc. Mais que serait alors un tel gouvernement et que deviendrait un pays s’il était soumis à un tel régime ? Qu’en serait-il du bien commun ? Quelle guerre horrible justifierait une telle avalanche d’interdictions ?

    1 C’est bien connu, les morts sont moins contagieux que les mariés.

    2 Comme si le culte était un simple spectacle !

    3 Le catéchisme de l’Eglise catholique dit bien au paragraphe 2189 que « si la morale appelle au respect de la vie corporelle, elle ne fait pas de celle-ci une valeur absolue ».

    4 Saint Thomas d’Aquin, Som. Théol. 2-2, 122, 4.

    5 Le message du ministre est donc bien dirigé exclusivement vers les catholiques.

  • À qui profite la crise ?, par François Schwerer.

    La Chine apparaît comme le vainqueur de la crise sanitaire mondiale.

    Confortée par ses réussites commerciales, soutenue par ses réseaux d’influence, qui œuvrent aussi en France, l’Empire du Milieu impose sa vision du monde.

     

    4.jpgLe 11 juin 2021, pour son premier voyage officiel à l’étranger, le président Biden est venu fédérer ses alliés européens notamment pour encadrer la montée en puissance de la Chine. Officiellement, il s’agissait pour lui de protéger les Occidentaux contre les menaces qui pèsent sur la compétition technologique, la cyber-sécurité, la santé publique et le réchauffement climatique[1]. En fait, dans cette lutte d’influence, pour rester le « premier » pays du monde, les États-Unis ont fort à faire car c’est sur tous les fronts qu’ils se sentent attaqués par une Chine de plus en plus puissante alors même qu’ils ne veulent pas pour autant se priver de ce que la Chine leur apporte.

    La Chine, puissance économique

    Au début de l’année 2021, la Chine se présente comme la seconde puissance économique du monde et comme le premier exportateur.

    Aujourd’hui, la Chine est par ailleurs le premier consommateur de cuivre au monde et confisque 50 % de la production mondiale. Or ce cuivre n’est pas uniquement destiné à la consommation nationale. « Il faut de 80 à 170 kg de cuivre pour fabriquer une voiture électrique, soit trois à quatre fois plus que pour un véhicule thermique. Dans le photovoltaïque, 10 tonnes sont nécessaires par mégawatt installé. L’éolien offshore est aussi très consommateur de câbles en cuivre » (Challenges, 3 juin 2021). Or, si la Chine possède des mines de cuivre importantes, les autres principales mines se trouvent au Chili, au Pérou, aux États-Unis et au Congo. Si donc la Chine pèse tant sur le marché du cuivre, cela est aussi pour elle une façon de contrôler un élément particulièrement stratégique. Une telle attitude peut servir à éclairer la politique suivie par la Chine en Antarctique où elle est devenue le quatrième pays au monde (après la Russie, l’Argentine et le Chili) à posséder cinq bases, lesquelles ont la particularité d’être situées dans des zones « riches en terres rares ».

    Sur le plan économico-financier, la Chine est présente dans tous les domaines. Si l’on en croit le Figaro-éco du 11 juin 2021, « Fin 2016, 99 % des transactions mondiales en bitcoins provenaient de Chine ». Or, le 21 mai 2021, le vice-premier ministre Liu-Hé s’est officiellement inquiété de la volatilité du bitcoin. On peut donc se demander si cette lutte nouvelle contre le bitcoin, entreprise au nom de la diminution de la consommation d’énergie fossile, ne pourrait pas aussi servir à faire place nette avant le lancement du « yuan digital », cette monnaie numérique sur laquelle elle travaille depuis 2014.

    Sans chercher à savoir quelle est l’origine de ce qui a été présenté comme une pandémie (en procédant à une extension importante du sens du mot), il faut remarquer que la Chine a su tirer parti de la crise de la Covid-19. 90  % des masques et gants chirurgicaux viennent désormais de Chine. De nombreux équipements médicaux aussi, même s’ils arrivent en Europe grâce à un importateur dont le siège se trouve aux Bermudes (important paradis fiscal). D’après Les Echos du 2 mars 2021, le cabinet Hurun aurait calculé que, depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de milliardaires chinois serait passé de 739 à 992 (soit une augmentation de plus d’un tiers) ce qui mettrait ce pays au premier rang en nombre de milliardaires, devant les États-Unis (696) et l’Inde (177).

    Les alliés objectifs de la Chine

    On dit souvent que l’argent attire l’argent. Ce qui est certain c’est qu’en observant l’attitude des « ultra-riches » dont parlent les médias, aucun n’est indifférent à ce qui se passe en Chine.

    C’est par exemple la société dont George Soros est un actionnaire significatif, Gilead Biosciences, qui a produit, en Chine, le Remdesivir lequel a été, un temps, présenté comme le traitement miracle contre la Covid-19. Pour cela elle s’était associée à Wuxi Pharmaceutica dans laquelle Soros a aussi des intérêts. Mais, pour lui, « le modèle de croissance à l’origine de l’ascension rapide du pays est arrivé à essoufflement ». Comme il y a peu de chances que la Chine change ses habitudes, la seule façon qu’elle a de s’en sortir est de « se mettre en colère contre son voisin et d’initier une guerre ». Les difficultés actuelles de l’Australie avec la Chine (cf. Le Figaro éco du 8 juin 2021) en sont-elles l’illustration ? La Chine cherche-t-elle à tester ainsi la solidarité entre les diverses nations occidentales ? L’Australie a-t-elle été choisie parce qu’elle avait exclu Huawei de son appel d’offres pour le développement de son réseau 5 G, pour des « raisons de sécurité nationale » ? ou parce qu’elle avait interdit à la Chine de continuer à financer les partis politiques australiens ? Pour Philippe Chalmin, « La Chine a choisi l’Australie comme une sorte de bouc émissaire pour montrer aux Occidentaux ce qu’il pourrait leur en coûter de trop critiquer l’empire du Milieu ».

    Deuxième contributeur à l’OMS (grâce aux impôts qu’il ne paye pas, une de ses principales sociétés financières étant domiciliée aux Bermudes) derrière la Chine, depuis que Trump avait limité l’apport des États-Unis, Bill Gates s’intéresse aussi à la Chine. C’est par exemple lui qui est derrière la société TerraPower LLC qui porte un projet de développement de l’énergie nucléaire en Chine (on comprend pourquoi certains journaux ont monté en épingle les récents incidents rencontrés par la centrale construite en Chine par les Français). On constate, par ailleurs, qu’il a aussi des intérêts dans le deuxième plus grand port de conteneurs des États-Unis dont le président Obama avait donné la gestion à la Chine. En remerciement de ce qu’il fait pour l’empire du Milieu, en 2017, Bill Gates avait été élu membre étranger de l’Académie chinoise d’ingénierie… Dans le même temps, aux États-Unis, Bill Gates est l’un des promoteurs des énergies « propres » dont il dit que « sans la Chine, beaucoup des ingrédients clés dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme les batteries et l’énergie solaire, ne seraient pas si abordables ».

    L’actuel directeur de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, et celui de l’INAID, Anthony Fauci, travaillent la main dans la main sous l’égide de Bill Gates. Or, l’ancien ministre éthiopien de la santé avait fait appel à la Chine pour que celle-ci développe dans son pays 70 % des infrastructures dont le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. C’est ce même Tedros Ghebreyesus qui avait dissuadé l’Italie, au début de l’épidémie, de « stigmatiser les Chinois » et recommandé, « par solidarité », de ne pas mettre en quarantaine les personnes qui revenaient de Chine.

    Aucun des « ultra-riches » n’est indifférent à ce qui se passe en Chine.

    En France aussi, la Chine sait pouvoir compter sur de solides « ambassadeurs de bonne volonté ». En 2012, la France China Foundation a ainsi développé un programme de Young Leaders, qui sélectionne chaque année dix personnes « prometteuses » pour développer les relations entre nos deux pays. Sur les 180 Français qui ont bénéficié de ce programme, on trouve 10 % d’anciens élèves de l’ENA et un nombre significatif de personnalités politiques : Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Olivier Véran, Matthieu Gallet, Agnès Pannier-Runacher, Franck Riester, Brune Poirson… À la même époque avait été fondé à Paris le Chinese Business Club au sein duquel l’un des premiers invités a été Emmanuel Macron, quand il n’était que ministre de l’Economie. On se demande si cela n’a pas pesé dans la décision du gouvernement français d’autoriser le groupe de télécommunications chinois Huaweï à équiper partiellement son futur réseau mobile 5G…. Il est inutile d’aller plus loin.

    La Chine sait pouvoir compter sur des alliés objectifs pour défendre ses intérêts dans de nombreux pays. Et sa puissance ne s’arrête pas au seul domaine économique. Le 27 mars 2021, la Chine et l’Iran ont signé un « pacte de coopération stratégique de vingt-cinq ans », prévoyant des investissements réciproques dans l’énergie, l’industrie et les transports… ce qui inclut le nucléaire. Si les États-Unis et leurs alliés poursuivent leur volonté de contraindre l’Iran à abandonner toute velléité de développer son industrie nucléaire, la Chine sera donc là pour y suppléer. La question est importante quand on connaît les relations entre Israël et l’Iran.

    Le « Chinese way of life »

    Depuis le début de la crise sanitaire qui agite le monde d’aujourd’hui, les Français ont appris à vivre masqués comme leurs homologues chinois, quand leur santé risque d’être menacée ! Ils ont appris à se faire injecter, sur injonction de leur gouvernement, et sous le nom de vaccin, des substances dont nul ne connaît les effets à long terme, ce qui explique pourquoi elles ne sont autorisées qu’à titre provisoire et que, dans les pays « libres », l’on demande à ceux qui obtempèrent leur « consentement éclairé », comme cela a été prévu dans le code de Nuremberg de 1947.

    Le passeport sanitaire a fait son apparition et le téléchargement de l’application Tousanticovid a été recommandé. Ces mesures sont considérées comme indispensables pour pouvoir mener une vie « comme avant », en fait pour se sentir libre. Libre, oui, mais surveillé ! D’ailleurs on continue partout, sous prétexte de sécurité à installer des caméras de surveillance à tous les coins de rue. La reconnaissance faciale n’est pas loin. Les Chinois l’ont bien développée et ne doutons pas qu’ils soient prêts à nous vendre leur technologie.

    Après la seconde guerre mondiale, les Américains nous avaient apporté le jazz et le chewing-gum,
    aujourd’hui les Chinois nous apportent le masque et la télésurveillance. Dans les deux cas, cela s’est traduit par la greffe d’habitudes étrangères sur nos traditions nationales. Est-ce vraiment pour notre bien ?

     

    [1] . « Le retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le changement climatique sera l’occasion de réaliser des progrès ambitieux qui permettront d’enrayer la crise climatique et de créer des emplois en favorisant la transition vers une énergie propre » (Joe Biden).

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Le Pape en Irak : d'accord avec Jean Sévillia...

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    Jean Sévillia
     
    Très beau et très émouvant voyage du Souverain Pontife en Irak. Visitant une chrétienté menacée, François, ce pape parfois disruptif, pour prendre un mot à la mode, s'est inscrit dans la grande tradition du magistère pétrinien en confirmant ses frères dans la foi. #PapeEnIrak
     

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  • Affaire Vanneste : Tirer correctement les véritable leçons, extrêmement positives, de sa conclusion heureuse….

               C’est ce qu’a fait avec brio Marie-Joëlle Guillaume dans son éditorial de Famille Chrétienne du 22 Novembre (Numéro 1610).

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              Les bonnes nouvelles sont trop rares pour qu’on ne salue pas l’arrêt rendu le 12 novembre par la Cour de cassation en conclusion de l’affaire Vanneste. Après deux condamnations successives pour « injures publiques », voilà le député blanchi définitivement puisque la Cour –fait rare- a cassé sans renvoi le jugement de la Cour d’appel de Douai. La plus haute juridiction française a estimé que « si les propos litigieux , qui avaient été tenus dans la suite des débats et des votes de la loi du 30 Décembre 2004, ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d’expression ».

              Décision courageuse, venant au terme d’un processus où tout était allé dans le sens contraire (1) . Et décision d’une grande portée. Car c’est toute l’économie de la loi de 2004, instituant la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) et punissant lourdement tout propos jugé ‘discriminatoire », qui en devient difficilement tenable.

              La loi de 2004, en effet, repose sur deux sophismes, dénoncés vigoureusement avant son adoption par la Commission nationale consultative des droits de l’homme : elle prétend protéger certaines catégories de personnes au mépris de l’égalité universelle des droits ; elle porte atteinte à al liberté d’expression en faisant de tout jugement de valeur dans ce cadre un délit d’opinion.

               En blanchissant le député Vanneste, la Cour de cassation rétablit la distinction, universelle, raisonnable, entre l’injure personnelle et le jugement à portée générale. Autant l’insulte personnelle publique doit être réprimée, autant l’expression des idées –qui s’approuvent, se discutent, se réfutent- ne peut  être que totalement libre, dans un Etat de droit. Ce ne sont pas les rapports de force qui doivent fonder la vérité, mais l’argumentation, l’appel à l’intelligence, la raison commune. Or l’on a assisté ces dernières années à une inquiétante dérive vers l’intériorisation, par le droit, des rapports de force : lois mémorielles piétinant la liberté d’expression et de pensée des historiens, lois anti-discrimination portant atteinte, entre autres, à la liberté de la presse.

              L’arrêt de la cour de cassation est une victoire de l’intelligence sur l’intimidation. Au sens propre,  la Cour a « rendu la justice ».

    (1)    On lira avec profit L’Affaire Vanneste – La  Mise à mort de le liberté d’opinion, par François Billot. Editeur François-Xavier de Guibert, 200 pages, 20 euros.

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  • La leçon du prince Jean : « A contre-courant, il est là notre chemin, notre combat. Allons-y tout joyeux ! »

     

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    La prince Jean de France disait l'autre jour en termes nobles et profonds ses raisons d'être « à contre-courant ». Et de ne pas s'en lamenter : « A contre-courant, il est là notre chemin, notre combat. Allons-y tout joyeux ! »

    Nous nous sommes dit que le Prince n'y serait pas seul. Qu'il s'y trouverait même en bonne compagnie. Avec Balzac, par exemple, parmi les grands anciens, lui qui avait vu comme personne le monde dit moderne en train de s'édifier, avec pour fondements uniques l'Argent, le marché, la presse, la publicité, l'homme-masse ; avec Baudelaire qui avait lu Maistre et traduit Poe, et fustigeait la multitude vile, la fête servile et les remords qu'elle induit : les piliers du monde actuel ; avec Verlaine qui, au détour de sa pauvre existence, voulut de toute l'ardeur dont il pouvait être habité, que son âme rembarquât vers le Moyen-Âge énorme et délicat, les époques de foi, la folie des cathédrales ; avec Apollinaire pleurant sur la France sans roi : « Soleil, cou coupé »... Avec tant de nos contemporains aussi dont tout le monde sait les noms, suit les travaux.

    Boutang disait vouloir « une monarchie moderne ou affrontée au monde moderne ». Les deux, bien-sûr. Et cette dualité indissoluble qui inclut cet affrontement nous semble relever du simple instinct de survie, d'un vouloir vivre qui refuse de se laisser aller dans le courant, comme les corps morts.

    Dans un vieux et beau roman, Le Sagouin, François Mauriac évoque in fine ce que devait être, toutes épreuves subies, la destinée de son personnage : « il devint un de ces morts que le courant de la vie emporte ». 

    Nous ne devons pas être de ces morts que le courant de la vie emporte. Et le Prince a vocation à une tout autre destinée.  

     

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Leçons du premier tour des élections présidentielles françaises. L’étonnante stabilité du corps électoral, par Yvan Blot

            Les résultats du 22 avril 2012 montrent une très grande stabilité du corps électoral français.

    La gauche reste minoritaire

            La gauche représentée par les candidats Hollande, Mélanchon, Joly, Poutou et Arthaud  atteint au total 43,50%  des voix. Elle n’est pas majoritaire et ne l’était pas non plus il y a dix ou vingt ans. C’est la rupture entre le Front National et la droite modérée qui donne ses chances à la gauche comme l’ancien président socialiste François Mitterrand l’avait bien vu et instrumentalisé en son temps (voir mon livre « Mitterrand, Le Pen, le Piège » paru en 2007.)

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            Le parti socialiste fait toujours autour de 30%  et l’extrême gauche entre 11 et 15%  des voix.

            Mélanchon, Poutou et Arthaud totalisent 12,79%  ce qui n’est pas une surprise. Certes, les Verts ont fait un mauvais score (2,26%) surtout au profit de Hollande.

            A droite, c’est, on pourrait dire le retour à la normale. Les centristes sont autour de 10%. Sarkozy avait réussi lors des dernières présidentielles à capturer la moitié des voix du Front National mais celui-ci a retrouvé ses voix de 2002. Sarkozy a été sanctionné pour avoir déçu cet électorat qui est revenu à son niveau habituel.

    Le Front National est stable 

            Par rapport à 2002, Marine Le Pen, avec 18,27%  des voix, est en retrait de 0,93%  par rapport au total des voix Le Pen plus Mégret qui était de 19,20%. Si l’on ne compte pas les voix de Mégret, ce qui est une erreur car son électorat est le même que celui du FN, Marine Le Pen ne gagne que 1,41%  des voix sur le score de son père en 2002 (16,86%). Marine Le Pen a su sauver l’héritage mais n’a pas su faire progresser son parti qui en reste au même point qu’il y a dix ans.

    La permanence des mauvais reports à droite : un problème « affectif ».

            L’exemple de Mélanchon ou d’Eva Joly appelant le soir des élections leurs électeurs à voter contre Sarkozy  montre l’excellente discipline solidaire de la gauche même sans la moindre négociation.

            A droite, comme depuis la victoire de François Mitterrand en 1981, les mauvais reports favorisent la victoire de la gauche. Il faut dire que la droite est affectivement très divisée et ce n’est pas un problème intellectuel mais affectif, donc beaucoup plus grave. L’UMP, le parti de Sarkozy  compte des gens proches de la sensibilité populiste du Front National, comme les députés de la « droite populaire » et mais il en compte d’autres plutôt d’une sensibilité proche des oligarques de centre gauche, comme le conseiller du président Henri Guaino ou madame Kosciusko Morizet voire même Alain Juppé. Ces oligarques ne peuvent s’empêcher de faire sentir leur morgue et leur mépris, voire pour certains leur haine, à l’égard des électeurs « populistes », notamment du FN. Ces derniers, humiliés, sont donc hostiles en retour.

            La cassure entre le peuple et l’oligarchie passe au milieu de la droite, et il n’y a pas de phénomène aussi fort à gauche même si cette cassure existe aussi (quoi de commun entre l’oligarque Laurent Fabius et le populiste Mélanchon ?)

            Avec les sondages de report des voix, il semble qu’Hollande devrait gagner le deuxième tour. En effet, avec un stock de 43,50% des voix clairement de gauche, Hollande peut espérer avoir 3% de voix parmi les électeurs du centriste Bayrou (soit un tiers) et 3,6%  de voix venant de l’électorat de Marine Le Pen, ce qui fait un total de 50, 10%. Certes, la marge est faible.

            Le discours actuel du président Sarkozy, qui consiste à dire que les électeurs du Front National sont des électeurs qui souffrent n’est pas faux mais semble insuffisant pour créer une réconciliation tellement ces électeurs se sentent considérés comme des Français de deuxième classe. Suspectés souvent à tort de racisme, ces électeurs supportent mal la condescendance des élites politiques qui forment la majorité de l’entourage du président Sarkozy malgré la présence d’hommes de tact et de bons sens comme le conseiller catholique de droite Patrick Buisson ou le ministre de l’intérieur Claude Guéant.

            Le pronostic du 2ème  tour reste donc favorable à Hollande, même si le score peut-être serré.

    La question de fond : pourquoi l’électorat est-il si stable ?

            C’est la question la plus intéressante du point de vue de la science politique. En effet, la société française connaît de nombreuses mutations. Les jeunes électeurs votent de plus en plus pour le Front National (nationaliste) ou le Front de Gauche (marxiste). Cela traduit les inquiétudes des jeunes électeurs tant sur des sujets comme l’immigration ou l’insécurité que sur l’économie ou le chômage. Cela dit, cette montée des jeunes (limitée par la crise démographique) semble être compensée par une grande fidélité des électeurs plus âgés vers les partis traditionnels, l’UMP, les centristes et le parti socialiste. C’est ce qui expliquerait la stabilité actuelle mais qui ne durera pas toujours si l’économie venait à s’effondrer.

            Enfin, si l’on cesse de voir les appartenances partisanes, on constate une méfiance générale croissante envers l’oligarchie politique française, très liée aux Etats-Unis et à leurs modes idéologiques : 38%  des citoyens seulement disent avoir confiance dans les députés, et le chiffre est le même pour les syndicats. Mais 18% seulement ont confiance dans les partis politiques. (source : CNRS ; Bréchon et Tchernia). Sur des sujets ponctuels comme l’immigration ou l’insécurité, les citoyens sont nettement plus radicaux (vers la droite) que les élites politiques. Ils souhaitent aussi pouvoir être consultés par référendums (il y en a de moins en moins depuis le départ de de Gaulle.) Il manque pour l’instant en France un grand parti qui soit à la fois libéral en économie, favorable aux référendums populaires, patriote sur le plan national et conservateur sur le plan des valeurs morales et chrétiennes. Bref, personne n’a en France une ligne comme celle du président Poutine en Russie. Le dernier fut de Gaulle. C’est un grand inconvénient. L’émergence d’une telle force soit par la réforme des partis existants soit par l’apparition de nouvelles organisations est un sujet essentiel pour moderniser la vie de la démocratie française. Car il y a des urgences : il faut notamment redresser l’économie et les finances de la France, juguler l’immigration de masse et l’insécurité, et redonner à la France sa souveraineté malmenée depuis le départ du général De Gaulle. Il y va de la confiance des Français dans leurs politiciens professionnels qui, ces dernières années, les ont beaucoup déçus.

    Yvan Blot

  • Le souci du Pape pour l’Afrique par Gérard Leclerc

    Depuis bien longtemps la bénédiction Urbi et orbi prononcé depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, est l’occasion pour les papes de s’intéresser à la situation du monde, surtout pour les régions qui sont le plus en difficulté. On ne s’étonne donc pas que François ait particulièrement souligné les drames actuels du continent africain.

    LECLERC.jpgIl a renouvelé ainsi son désir de se rendre au Soudan du Sud en compagnie du chef de la communion anglicane. Mais son regard a pris la mesure des larges zones africaines qui souffrent à causes des violences, des calamités naturelles ou des urgences sanitaires. Plus particulièrement, François a recommandé au Seigneur tous ceux qui sont persécutés à cause de leur foi religieuse, spécialement les missionnaires et les fidèles kidnappés et pour tous ceux qui sont victimes des attaques de la part de groupes extrémistes, surtout au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigéria.

    À plusieurs reprises dans cette chronique j’ai abordé ce sujet douloureux et récemment j’ai signalé le reportage accompli pour Paris Match par Bernard-Henri Lévy au Nigéria sur les persécutions dont sont victimes les chrétiens. Je n’ignore pas que son témoignage a été contesté mais j’ai reçu par ailleurs une confirmation des faits qu’il rapporte, qui m’a permis d’en vérifier la véracité. Une fois de plus le Pape est revenu sur le drame des conditions des migrations vers l’Europe, soulignant les causes qui obligent à traverser les déserts et les mers, transformés en cimetière.

    À ce propos, il serait hypocrite de cacher que l’insistance de François sur le sort des migrants est l’objet des plus vives contestations. On reproche au Pape de se faire l’avocat d’une immigration incontrôlée et de méconnaître les sentiments des pays d’accueil qui en refusent les conséquences, notamment en termes d’insécurité culturelle. Peut-on reprocher au Pape sa compassion à l’égard d’une immense souffrance humaine ? Il est vrai aussi que s’impose un examen global du phénomène migratoire, son importance cruciale exigeant une négociation internationale afin de surmonter son caractère incontrôlé, dommageable aussi bien à l’Afrique qu’à l’Europe.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 décembre 2019

  • France ”sous cloche” Insécurité par temps de confinement : les leçons d’une expérience inouïe pour les criminologues, pa

    Source : https://www.atlantico.fr/

    L'expérience du confinement aura été très instructive. Ce que la criminologie a appris du confinement prendra des mois à se cristalliser, à pouvoir s'écrire. Les principaux enseignements concernent l'emprise territoriale et la réactivité du banditisme périurbain.

    La physique connaît les expériences sous "cloches à vide" : par exemple, on créé le vide dans un espace pour y étudier la propagation du son. Pratique bien sûr inaccessible aux sciences humaines, surtout à échelle continentale. Un pays entier - l'Europe même ! - sous cloche à vide ? Les voies et artères d'un pays ; ses espaces urbains ou ruraux ; ses paysages, côtes et mers, vides d'hommes, soixante jours durant ? Impossible - exclu même des songeries hallucinées d'un savant sous LSD ou d'un dictateur mégalomane.
     

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    1.jpgOr c’est ce que le confinement du 16 mars au 10 juin a soudain (presque) imposé au monde développé. Cas inouï pour la France qui n’a jamais rien subi de tel en trois siècles – sauf peut-être, l’Île-de-France, au début de l’occupation allemande (juin-juillet 1940).Immense et inespéré laboratoire, cette France « sous cloche » permet aux sciences humaines ou naturelles de riches observations -l ‘épidémiologie, bien sûr ; mais période plus féconde encore pour la criminologie. Voici comment et pourquoi. 

    Discipline transversale, la criminologie intègre d’autres sciences humaines : philosophie (violence… peur…) ; histoire ; psychologie (passage à l’acte du criminel, etc.). Plus la sociologie (étude des entités illicites – clandestines), la statistique (mesure des infractions) ; enfin, la réponse sociale (critique des politiques criminelles, lois pénales, etc.). 

    Face aux autres sciences humaines, la criminologie subit cependant une additive et vaste difficulté : sans trêve et de leur mieux, ses sujets d’étude camouflent qui ils sont, ce qu’ils font et ce qu’ils manipulent : flux financiers, biens et services illicites, etc. L’économie ou la psychologie regorgent certes de cas où l’approche du réel est passivement ardue. Mais en criminologie, ce réel est activement caché : là est toute la différence. Toujours et partout, le crime parasite la société et l’économie légales et légitimes ; le deal de stupéfiants, les vols avec armes, le contrôle des fiefs criminels, le proxénétisme, les effractions, le racket, etc. Doivent être noyés dans la foule ; ce d’abord, dans l’espace urbanisé. De même pour toute logistique illicite : comment infiltrer des migrants clandestins en masse, ou des tonnes de stupéfiants, dans des ports confinés ou sur des autoroutes vides ? Impossible bien sûr. Vides d’habitants, les rues, autoroutes, places et quartiers de la plupart des villes d’Europe, désormais balayés jour et nuit par des caméras de surveillance, rendent l’activité criminelle de voie publique difficile voire impossible.  

    4.jpgPire encore : d’usage imperceptibles sans efforts massifs, ces signaux faibles et ruptures d’ambiance permettant le décèlement précoce des dangers et menaces sont aisés à repérer dans un monde « sous cloche ». Ce, en temps quasi-réel, privant le milieu criminel ou terroriste d’un classique atout de décalage temporel : dans le monde « normal », les bandits vont vite et les bureaucraties d’État sont lentes et lourdes.

    En temps de confinement, rien de tel : tout peut se repérer, et vite. Ce que la criminologie a appris du confinement prendra des mois à se cristalliser ; à pouvoir s’écrire. D’ores et déjà cependant, deux premier enseignements sur l’emprise territoriale et la réactivité du banditisme périurbain, d’habitude immergé dans des quartiers inaccessibles aux non-résidents et aux forces de l’ordre. 

    EMPRISE

    Fin mars, des journalistes veulent jauger le confinement, la vie sociale, etc., d’une cité « chaude » du nord de Marseille.  Récit : « Un chouf[guetteur prévient de notre arrivée…Notre voiture, repérée sur le champ… D’autres « jeunes » observent à distance, prêts à intervenir… Avenue X trois « jeunes » masqués gèrent le barrage… Un journaliste interroge un habitant… Des guetteurs viennent écouter… une dizaine autour de nous, agités, intimidants… Nous partons vite, pourchassés par deux véhicules jusqu’à l’autoroute ». 

    Flagrant dans le vide ambiant, tel est le durable ordre paramilitaire imposé à des centaines de quartiers en France ; surtout, ceux restés calmes lors du confinement, du fait justement de l’emprise criminelle. Selon le classement même du Renseignement territorial, la France métropolitaine compte 58 quartiers et « grands ensembles » de niveau 1, les « Quartiers sensibles de non-droit » et 160 de niveau 2, les « Quartiers sensibles très difficiles ». 218 territoires au total dont la moitié au moins subit l’emprise de l’ordre paramilitaire ci-dessus décrit. Ordre qui suppose forcément une hiérarchie, des fonctions distinctes, une planification – la définition même du crime organisé par les instances internationales. Reste le partage de l’argent illicite généré. Et quel argent ! Pour les demi-grossistes livrant ces territoires par quantités de 50 à 300 kilos, la vente de trois tonnes de cocaïne procure de 70 à 100 millions d’euros. Or notre myope ministère de l’Intérieur et ses journalistes-chouchous font mine de s’affoler de quelques pétards, d’une agitation somme toute banale – mais ignorent au quotidien la présence en France de plus de cent impénétrables fiefs criminels, générant ces fortunes. 

    RÉACTIVITÉ

    En France, le cannabis du Maroc et la cocaïne du nord de l’Amérique latine sont les stupéfiant-rois. Or à la mi-mars, désastre pour les importateurs de ces narcotiques, désormais associés : des frontières bouclée au sud (Maroc, Espagne) et au nord (Pays-Bas, Belgique). Fin des vols internationaux, donc du trafic de « fourmis « infiltrant la cocaïne en France. Le deal de rue s’arrête, hors cités criminalisées. Ailleurs, des dealers et clients sont sous l’œil des caméras, suspectes présences dans le vide ambiant. L’offre et la demande des stupéfiants en panne : fort risque pour les caïds de quartiers où nombre de familles et clans vivent des trafics illicites. Or tous s’adaptent vite au nouvelles « normes de marché »: livraisons pour les « bons » clients; trafic rabattu sur le fret maritime et les camionneurs qui livrent les populations confinées en biens essentiels. Là, encore et toujours, obligation d’une architecture transnationale hiérarchisée, dotée de capitaux massifs, d’un strict et clandestin partage des tâches ; enfin, d’une capacité de prévision et de réaction aux obstacles, pour maintenir la fluidité du trafic et l’optimale rentrée de l’argent. 

    Au bout du compte, une emprise et une réactivité hélas supérieures à celle des autorités françaises, regrettent (discrètement) ceux qui, dans l’ombre, pistent ces trafiquants.

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    Xavier Raufer

    Docteur en géopolitique et criminologue.

    Enseignant dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)  

  • Quand Eric Besson découvre l'esclavage, mais n'en tire guère de leçon...

               Parmi la masse innombrable des scandales liés à l'immigration, l'affaire des 150 maîtres-chiens n'apporte guère d'éléments nouveaux; elle n'est qu'une illustration supplémentaire de ce que nous dénonçons régulièrement (alors que les immigrationistes y prêtent la main...) : les immigrés sont le plus souvent les premières victimes de cette aberration qu'est la déferlante migratoire que nous subissons tous, eux et nous.

                Ils sont traités souvent comme des esclaves, osons le mot, comme du bétail. Comme de la chair à profit...

                Aujourd'hui c'est Eric Besson qui semble s'en apercevoir. 150 maîtres chiens sans papiers (en bon français, clandestins, hors la loi, ndlr...) sont employés illégalement par un sous-traitant de la SNCF ? "Ils ont été exploités visiblement dans des conditions qui sont hallucinantes" ? Certes. Mais que propose-t-il ? "Il y en a deux ou trois qui pourraient correspondre à l'application de la circulaire que j'avais prise le 5 février en application de la directive sur la traite des êtres humains...". En clair, on va les naturaliser. Et c'est tout ? C'est tout.

                 Pas un mot, pas d'annonce d'une politique sérieuse pour régler le problème au fond. Au fond, c'est-à-dire en le posant du point de vue des intérêts véritables de l'Afrique et de l'Europe, mais aussi -et en un sens, même, surtout- du point de vue de la personne humaine, de la dignité humaine. Les immigrés sont des êtres humains, qui doivent être traités comme tels, et non être les simples enjeux de sordides calculs, uniquement matériels. C'est d'abord chez eux qu'il faut les aider, en aidant leur pays à se développer, c'est-à-dire en promouvant une saine collaboration entre l'Europe et l'Afrique, profitable aux deux parties. Et non en faisant de millions d'immigrés des millions de déracinés dans des pays loin de chez eux, où ils contribueront -fût-ce à leur corps défendant- à perturber et détraquer la machine économique. 

                 C'est pour des raisons positives que nous critiquons l'actuelle aberration que l'on affuble du mot immigration. Ce n'est bien sûr pas par hostilité personnelle à chaque immigré pris individuellement. C'est parce que l'actuelle situation n'est satisfaisante pour personne, et dans aucun domaine. Et qu'il y a beaucoup plus, et beaucoup mieux à faire. Il faut donc tout reprendre et tout repenser. Il est dommage que M. Besson, lorsqu'il découvre la partie immergée de l'iceberg, n'en tire pas plus de conséquences et n'aille pas plus loin - du moins, pour le moment ?... - dans sa réflexion...

      

  • ”Une mission politique de redressement national” : Politique magazine a choisi Jeanne d'Arc, son action, sa leçon politi

     ( Le Site de Politique magazine ) 

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            Voici l'Editorial de ce numéro 109 (juillet/août 2012) , par Jean-Baptiste d'Albaret : Politicien ou homme d’état :

            L'histoire ressemble à un triomphe pour François Hollande. Le parti socialiste qui disposait déjà de la quasi-totalité des régions, des départements et des grandes villes, contrôle désormais l’Assemblée nationale. Avec le Sénat, ce sont les deux piliers du pouvoir législatif qui viennent renforcer le pouvoir exécutif qu’il détient déjà. Ajoutons-y le soutien indéfectible de « l’élite » intellectuelle et de l’immense majorité des médias qui n’a pas ménagé sa peine pour favoriser cette situation inédite sous la Ve République et nous voilà vraiment dans « l’omnipotence » tant dénoncée lors du quinquennat précédent ! Que cette majorité absolue à l’Assemblée nationale ait été obtenue avec un taux de participation « historiquement bas », c’est-à-dire bâtie sur un socle électoral en réalité minoritaire, n’a pas tempéré l’admiration générale dont continue de bénéficier le gouvernement Ayrault dans la France « d’en haut ». Mais ce défaut de représentation et de représentativité qui est le mal qui ronge la vie politique française depuis longtemps déjà, est, en soi, l’annonce des difficultés futures… La France réelle étant absente dans cette combinaison gouvernementale, elle s’en sentira fort peu solidaire. Cette simple « possibilité » d’un retournement de l’opinion devrait d’ailleurs conduire les uns et les autres à mesurer leurs commentaires triomphaux.

            Tout « président normal » qu’il prétende être, Hollande ne devrait pas oublier qu’il est le plus exposé parce qu’il est en position de responsabilité effective et qu’il sera fatalement tenu pour responsable de tout. Après le temps des promesses et de la démagogie électoralistes, viendra le temps des réalités. Et la première des réalités, c’est que, si le gouvernement Ayrault applique le programme Hollande, il ne faudra pas six mois pour que la France se trouve « dans le mur ». Mais le souhaite-t-il vraiment ?

            Adepte de l’ambiguïté permanente, qui est chez lui un mode de gouvernement, le nouveau locataire de l’élysée semble plutôt vouloir pratiquer une politique de demi-mesures qui ne satisfera personne (Smic, retraites…). Ni les marchés financiers dont la France a un besoin vital dans l’état calamiteux où elle se trouve avec des dépenses publiques incontrôlées, un taux de prélèvement parmi les plus élevés au monde et des déficits abyssaux ; ni, évidemment, les « partenaires sociaux », dont l’appétit a été aiguisé par les promesses démagogiques du P.S. lors des élections présidentielles et législatives. Les syndicats, qui ont déjà prévenu qu’ils ne prendraient pas des vessies pour des lanternes, l’attendent au tournant. Et quid de Mélenchon et des « alliés » verts ?

            De fait, alors qu’aucun président de la Ve République n’a eu autant de pouvoir sur le plan politique, la marge de manœuvre économique, financière et sociale du nouveau gouvernement n’a jamais été aussi mince. Pour sauver l’euro dont il n’envisage pas la possible fin, on voit mal comment le président français ne pourrait pas se résoudre à une intégration économique sous tutelle allemande et renoncer ainsi à son rêve d’une politique de relance fondée sur la dépense publique. Et mettre en œuvre, sous des faux airs de « justice sociale », une politique d’austérité !

           Pris en tenaille entre la fermeté allemande et son programme constitué de promesses d’une manne chaque jour renouvelée, Hollande va peu à peu apparaître pour ce qu’il est réellement : un homme de discours, sans envergure politique, sans appréhension de la réalité du monde, sans projet pour la France, sans légitimité profonde. Un politicien aux capacités limitées et pas le chef qu’il faudrait au pays dans les épreuves qu’il va traverser. La pathétique « affaire du tweet » de Valérie Trierweiler l’a démontré. L’homme ni son entourage ne sont et ne seront à la hauteur.

            Faut-il désespérer ? L’histoire de France nous l’interdit. Le six-centième anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, que les autorités ne prennent plus la peine de fêter, permet à Politique magazine dans son numéro d’été de proposer une réflexion sur le sens de sa mission qui fut essentiellement politique, ce qui n’est jamais souligné. Jeanne n’a pourtant cessé de répéter ce qu’elle était venu faire : restaurer l’autorité et la légitimité en sacrant le roi Charles VII à Reims. Au-delà de sa sainteté – elle fut canonisée par Benoît XV en 1920 – et de son génie militaire, Jeanne, par son action, a ramené la paix et la prospérité civiles dans une France déchirée par mille factions. Une France qui, après le sacre, « retrouvait avec sa monarchie, la condition de son indépendance et l’instrument de son salut », disait Bainville. C’est en cela que Jeanne d’Arc accomplit avant tout une mission politique de redressement national.

  • Affaire Théo • Théo est en garde à vue : si l’on en tirait les leçons ?

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Cette excellente chronique [Boulevard Voltaire, 5.06] revient sur la désormais sulfureuse affaire Théo avec un talent, des aperçus perspicaces et justes, qui font, décidément, de Gabrielle Cluzel l'un des excellents auteurs et journalistes de sa génération. Laquelle, d'ailleurs, fort heureusement, en compte un nombre non négligeable. Tel Jean-Christophe Buisson que cite cette chronique. Il faudra suivre les publications de Gabrielle Cluzel avec attention comme nous en suivons et reprenons quelques autres avec cet esprit d'ouverture et de dialogue que Lafautearousseau pratique avec profit. C'est même là, nous semble-t-il, une condition du progrès, non seulement de nos idées, mais des idées de salut en général. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    « Aulnay-sous-Bois : Théo et ses frères en garde à vue », titre sobrement Le Parisien ce matin. Le célèbre slogan « Justice pour Théo » prend soudain une résonance sardonique. C’est en quatre lettres assassines – « Oups ! » – que le journaliste Jean-Christophe Buisson résume le sentiment général sur son compte Twitter.

    « Plusieurs membres de la famille de Théo et lui-même ont été interpellés ce mardi matin au domicile familial par les enquêteurs du SDPJ 93 et placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’escroquerie aux aides d’État. » Bien sûr, jugement n’a pas été encore rendu. Bien sûr, comme le dit son avocat, il ne faut pas mélanger deux affaires qui n’ont « rien à voir ». Il parle de « coup médiatique ». De contre-coup médiatique, veut-il dire sans doute. De boomerang, qui vous revient en pleine face avec autant de force qu’il a été lancé. Car la vérité est que son visage ne ferait pas la une des journaux, cette affaire ne connaîtrait pas de plus grande notoriété que tous les dossiers s’entassant actuellement sur le bureau des juges français si Théo n’avait pas été, il y a quelque mois, ultra-médiatisé, veillé par le président de la République lui-même, canonisé santo subito, inscrit dans le martyrologe des nouveaux grands prêtres qui nous gouvernent, posé sur un virtuel piédestal avec une matraque policière, telle sainte Agnès portant les instruments de sa torture. Si son prénom – relayé à l’infini sans nom de famille, tel un adolescent de quand même 22 ans – n’était pas ainsi passé à la postérité.

    Il aurait été si simple, les blessures (bien réelles) du jeune homme constatées, de laisser faire, alors, le travail de la Justice, de regarder les enquêteurs démêler les responsabilités éventuelles des uns et des autres.

    Il aurait été si facile de se taire et d’attendre. De faire montre de prudence et de discernement… toutes choses aussi étrangères, il est vrai, à François Hollande qu’à moi le kitesurf et la danse rythmique sur patins.

    L’instrumentalisation de l’émotion est le principal outil de domination de la gauche, et elle n’a pas le temps de s’embarrasser de vérification, car le buzz est comme un soufflé : il n’attend pas. Une fois tombé, plus rien à en tirer. Il vaut bien qu’on lui sacrifie la vérité. Et lorsque celle-ci, à son train de sénateur, arrivera enfin, tout le monde s’en fichera, l’effet final recherché aura été atteint.

    On se souvient de l’affaire Sébastien Nouchet. En 2004, cet homme d’une trentaine d’années avait affirmé avoir été l’objet d’une agression homophobe. Il avait dit avoir été injurié, aspergé d’un liquide inflammable et brûlé. Tollé dans le pays. Des manifestations anti-homophobies furent organisées, Jacques Chirac, alors président, envoya une lettre de soutien à l’intéressé et à son compagnon. À l’Assemblée, une loi contre l’homophobie fut votée dans la foulée, sous l’impulsion du ministre de la Justice Dominique Perben, qui reconnut avoir été bouleversé par cette affaire : « Cette loi, c’est, au fond, quelque part, la loi Nouchet.». En 2007, un non-lieu définitif fut rendu dans cette affaire. Le parquet avait évoqué la possibilité d’une nouvelle tentative de suicide (par immolation), le plaignant dépressif en ayant, par médicaments, 19 à son actif. Mais la loi Nouchet est restée.

    Il n’y a pas eu de loi Théo, mais il pourrait y avoir une leçon Théo. Quand t’es président de la République, Théo… bligé de résister à la tentation de la sur-réaction et à la pression de ton service de communication qui flaire un bon coup. Théo… obligé de laisser les événements se décanter si tu ne veux pas courir le risque de discréditer ta fonction en même temps que ridiculiser ta personne. Au vu de récents événements, il n’est pas certain qu’Emmanuel Macron l’ait retenue.   

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Quand le conflit constitue le coeur du politique la grande leçon de Julien Freund, par Louis Soubiale.

    Parce que nos contemporains sont devenus amnésiques au point d’avoir perdu jusqu’au sens du tragique, ont-ils fini par se persuader que la France, l’Europe et plus généralement l’occident, étaient enfin rentrés dans l’ère du progrès continu, de l’eudémonisme et de la parousie terrestre.

    3.jpgPour s’en tenir aux 27 États de l’Union européenne, les baby-boomers et leurs successeurs n’ont jamais connu les périodes d’instabilité vécues par leurs aïeux, dues, pour l’essentiel, aux guerres ou aux périodes de famines – voire d’épidémies, au miroir desquelles notre Covid-19 fait figure de douce plaisanterie. Nos sociétés pacifiées – à défaut d’être authentiquement pacifiques – ont participé d’un désarmement qui n’est pas seulement d’ordre militaire, puisqu’il affecte intellectuellement et psychologiquement la majorité de nos concitoyens qui sont désormais convaincus, au prix d’un manichéisme séraphique des plus consternants, que la « paix » constitue, à jamais, leur indépassable horizon éthique, tandis que la « guerre » – dont la Seconde Guerre mondiale symbolise, à leurs yeux souvent voilés par une crasse ignorance, l’évènement topique et archétypique –, figure eschatologique sécularisée, renvoie à des temps barbares, archaïques et, comme tels, définitivement révolus. Dit autrement, nos sociétés post-modernes semblent pathologiquement avoir évacué, à peu de frais, tout scénario, quand ce n’est pas jusqu’à l’idée même de conflictualité, de la simple rivalité ou opposition agonale à l’hostilité polémogène ou belligène.

    Quelle n’est pas leur surprise mâtinée d’horreur, lorsque, contre toute attente, surgit, comme satyre au détour d’un bois, la figure inattendue, brute – voire brutale – et grossière de l’antagonisme, surtout lorsqu’il est de nature politique ! C’est ainsi que le mémorable épisode antagonique de la prise d’assaut du siège du Congrès des États-Unis d’Amérique – une fraction du peuple s’étant élevée contre ses représentants élus – a littéralement sidéré les opinions publiques occidentales qui l’ensevelirent sans réserve – et sans nuance – sous un flot incontinent de réprobations excommunicatrices et de condamnations conjuratrices – l’on remarquera, en effet, que la démonologie et l’exorcisme ne sont, paradoxalement, jamais loin dans les esprits déspiritualisés et laïcisés de nos belles âmes offusquées…

    Prolongeant Clausewitz qui considérait que la guerre était la continuation de la politique par d’autres moyens, Julien Freund (1921-1993), philosophe et sociologue du politique et du conflit, écrivait dans son maître-ouvrage, L’Essence du politique, que « la politique porte en elle le conflit qui peut, dans les cas extrêmes dégénérer en guerre ». S’appuyant sur la critériologie schmittienne de l’ami et de l’ennemi, Freund la dépasse en l’élevant au rang d’une des trois hypostases du politique – les deux autres étant la distinction du public et du privé et la relation du commandement avec l’obéissance. Freund considère que toute politique, réellement ou virtuellement, suppose le conflit. Ce faisant, rejoignant Machiavel, le philosophe de Villé récuse toute morale dans le champ du politique : « il n’y a pas de politique morale, il n’y a qu’une morale de la politique. » Cette dernière se résume au moyen spécifique d’action du politique : la force – dont le rôle est de « conserver », la ruse n’étant que sa « servante ». Si son maître et ami, le juriste Carl Schmitt, se bornait à identifier le politique partout où se manifeste une relation de type agonistique entre l’ami et l’ennemi, Freund, en bon aristotélicien, classera le politique parmi les six activités originaires de l’homme, chacune étant considérée comme une « essence » : l’économique, le religieux, la science, la morale et l’esthétique.

    Le politique est donc, par excellence, le topos de la confrontation. S’il ne débouche pas toujours sur l’élimination physique de l’adversaire, au moins renferme-t-il, inévitablement, cette potentialité qui, formellement, d’une part lui confère les traits d’un concept-limite, substantiellement, d’autre part, en fait le domaine de tous les imprévus – de la simple discordance ou dissidence à l’affrontement physique, en passant aussi par l’aboutissement du compromis. Telle est la grande leçon de Freund, qui a appris de Max Weber que les points de vue ne sont pas toujours dialectiquement conciliables et de Georg Simmel que le conflit peut aussi être « une forme positive de socialisation ». Plus tard, Chantal Mouffe s’en souviendra – bien que partant directement des travaux de Carl Schmitt, là où ceux de Freund eussent été plus pertinents – pour forger son concept d’« agonisme », type de conflit antagonistique apprivoisé ou « sublimé » par la politique démocratique. L’assentiment de Freund au réalisme anthropologique n’évacue donc pas l’inimitié ou l’hostilité, attendu, précisément, que la finalité du politique, enté sur la recherche constante du bien commun, est de « savoir envisager le pire pour empêcher que celui-ci ne se produise » (La Décadence, 1984). La violence et la mort sont parfois ces « pires » que toute politique doit savoir efficacement conjurer. Mais si « la politique repose sur la peur », la peur du conflit est, quant à elle, impolitique.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Quelles leçons françaises tirer de la ”déroute occidentale” en Afghanistan et ailleurs ?, par Jean-Philippe Chauvin.

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    Dans quelques semaines, les dernières troupes états-uniennes auront quitté l’Afghanistan, mis à part quelques instructeurs et conseillers de l’armée afghane, et les Afghans seront livrés à leur destin qui pourrait bien prendre les couleurs, plutôt sinistres, des talibans déjà maîtres de la majeure partie du pays.

     jean philippe chauvin.jpgCette « déroute de l’Occident », comme l’évoque l’hebdomadaire Le Point cette semaine, ne doit pas être négligée et elle doit même servir de leçon, même si les Démocraties semblent avoir perdu le sens de la durée et, peut-être, le sens des choses, préférant le mol oreiller de l’indifférence et de la « bonne conscience » (sic !), plus pratique pour étouffer les réalités qui dérangent.

     

    La principale leçon à tirer (ou à retirer) est que la politique des bons sentiments n’est pas une politique en tant que telle, et que la morale (ou l’émotion ? L’intervention occidentale était censée répondre aux attentats du 11 septembre aux États-Unis), si elle peut « légitimer » (mais est-ce le bon verbe ?) une opération militaire, ne peut fonder un nouveau régime politique. Dans Le Point, le diplomate Gérard Araud explique « pourquoi la démocratie ne peut jamais s’imposer, ni s’improviser », et cela nous rappelle aussi que nos révolutionnaires de 1789 avaient utilisé les plus grandes violences (jusqu’à la terreur la plus extrême des années 1793-94, et l’extermination de populations récalcitrantes) pour imposer « leur » conception de la Nation (avec majuscule obligatoire) et « leur » République qui, au demeurant, n’était pas forcément celle du voisin… « Des guerres occidentales pour une vision occidentale du monde se sont heurtées aux dures réalités de sociétés qui sont capables de gagner les premières et de refuser la seconde. » C’est donc « l’échec d’une force occidentale supérieure par la technologie, l’armement, l’entraînement des soldats et la faillite d’une politique aux bonnes intentions, qui visait à instaurer dans ces trois pays (ndlr : Irak, Afghanistan, Mali) une démocratie respectueuse des droits de l’homme et de l’égalité des sexes ». Pourtant, les États-Unis et leurs alliés pensaient pouvoir reproduire sans trop de difficultés le schéma de la Seconde guerre mondiale et, surtout, de sa « réussite démocratique » en Allemagne (de l’Ouest) et au Japon après 1945, oubliant qu’il y avait là, déjà, des États politiques constitués et un sentiment national que les guerres et les défaites avaient, somme toute, renforcés. Ce n’était pas exactement le même cas de figure dans ces pays du Sud dont l’unité tenait parfois à un « sacré » local ou historique que l’Occident n’a pas su apprécier et savamment utiliser… Ainsi, le refus définitif des États-Unis de restaurer comme chef d’État celui qui avait été, quarante ans durant, le roi d’Afghanistan (Zaher Shah, décédé en 2007) et qui était respecté par les clans et les populations afghanes au-delà de leurs différences ethniques, voire religieuses, a sans doute largement contribué à l’échec final des tentatives de pacification occidentales : quand un conquérant ou un « envahisseur » (selon les points de vue, fort tranchés sur cette question) oublie l’histoire pour ne privilégier qu’une conception morale de la politique ou son seul intérêt « égo-politique » (plus encore que géopolitique), la réussite est fort douteuse et rentre même dans le domaine de l’utopie, c’est-à-dire de la construction d’un cadre politique et d’une société rêvée sur les sables mouvants d’une réalité qui, en fait, se dérobe… C’est ce qu’avait d’ailleurs compris le président états-unien Truman en 1945 en laissant l’empereur Hiro-Hito sur le trône du Japon tout en faisant condamner à mort ses principaux ministres et généraux accusés de crimes de guerre sur la période 1928-1945. George W. Bush et ses « faucons », perdus dans leur croyance en une irrémédiable « fin de l’histoire » qui aurait été favorable au modèle politique et de société états-unien, n’ont pas eu l’intelligence de leur prédécesseur, successeur légal et malin de Roosevelt.

    Pourtant, au début des années 2000, l’illusion était belle : « Il était néanmoins légitime d’espérer, à Washington, à Bruxelles ou à Paris, qu’Irakiens, Afghans et Maliens se joindraient aux forces venues les libérer de l’oppresseur et leur apporter les bienfaits de la démocratie ; ils auraient pu tirer parti des élections pour se doter d’institutions solides et de dirigeants intègres. S’ils ne l’ont pas fait, c’est parce qu’ils n’étaient pas préparés à passer sans transition d’une société autoritaire et patriarcale à une démocratie. » L’un des problèmes réside aussi dans la définition même de « démocratie » qui, en fait, ne peut être la même partout au risque de se renier elle-même si elle est définie, par exemple, par un modèle institutionnel fonctionnant sur la règle majoritaire à intervalles réguliers (les élections) ; si elle est comprise comme un mode de vie social privilégiant l’individu et sa liberté personnelle au détriment de ce qui, dans le pays considéré, « fait corps et sens », elle apparaît aussi en contradiction avec la démocratie politique qui fait de la majorité exprimée du corps électoral (à un moment donné, majorité qui n’est pas forcément confirmée par le moment suivant) la source des lois et des contraintes légales, au-delà des enjeux proprement religieux. Ces difficultés n’ont pas été réglées par des interventions militaires qui se voulaient « démocratiques » mais paraissaient, dans le même temps, violer le principe même d’une politique souveraine des États considérés et envahis : les discours des États occidentaux n’étaient pas forcément illégitimes mais ils n’étaient pas non plus forcément compréhensibles par des populations locales qui oubliaient vite le bien accompli par les forces occidentales (la libération de leurs villages jusque-là occupés par des groupes armés belliqueux à leur égard, par exemple, et  la mise à distance du péril des extrémistes islamistes ; etc.) pour n’en considérer que les côtés moins heureux, à tort ou à raison d’ailleurs.

     

    « Les Occidentaux ont fait comme s’il suffisait d’édicter une Constitution et d’organiser des élections honnêtes pour voir fonctionner une démocratie. Il a fallu deux siècles aux Européens pour y parvenir tant bien que mal », et notre propre histoire nationale nous rappelle cet impératif du temps long pour enraciner des institutions ou des habitudes politiques qui « apaisent » les tensions toujours sensibles (et la période actuelle n’en est pas exempte, loin de là !) : ce n’est pas la Révolution qui a ancré la démocratie représentative (1) en France, mais bien plutôt les Monarchies qui l’ont suivie, avec la Charte et l’établissement d’assemblées (deux, au niveau national) qui « font les lois » (à défaut de toujours les inspirer) quand l’État les fait appliquer après les avoir promulguées et, souvent, « appelées » et préparées. Et les régimes suivants ont poursuivi ce long travail de « parlementarisation » de la vie politique, au risque parfois de faire basculer cette dernière dans un parlementarisme excessif et de mauvais aloi dont le général de Gaulle voudra, à son heure, libérer le pays par la Constitution de la Cinquième République. S’il n’est pas complètement assuré que la démocratie soit forcément « arrivée à bon port » (2), il n’est pas interdit de considérer que certains de ses acquis sont bénéfiques quand d’autres appellent la pratique d’une tradition critique, mais dans le cadre préexistant d’un pluralisme politique qu’il convient de préserver et, même, d’abonder, à rebours des tendances globalitaires des courants « d’effacement » contemporains

     

    Aurait-il fallu, au regard de nos traditions politiques et de leurs fortes contradictions d’avec les principes de vie de pays comme l’Afghanistan, l’Irak ou le Mali (entre autres), s’abstenir d’aller « mourir pour Kaboul » ou « pour Tombouctou » et, donc, préserver la vie de nos propres soldats, la France ayant payé un tribut très lourd ces dernières décennies dans les opérations extérieures et dans les actes terroristes frappant notre pays en son cœur (particulièrement en 2015-16) ? La tentation d’un désengagement complet de notre pays des affaires du monde pour se replier sur le pré carré français ou la construction européenne est forte et elle satisfait ceux qui ne voient plus dans les États que de simples gendarmes de la société de consommation et de distraction contemporaine (la fameuse « société distractionnaire » moquée par Philippe Muray) ; mais elle n’est pas, en fait, satisfaisante pour qui pense en termes de temps long et de pérennité d’un modèle de civilisation qui, pour imparfait qu’il soit, nous donne des raisons de vivre et nourrit encore les espérances d’une grande part de nos compatriotes qui ne limitent pas leur appartenance au pays à une simple question digestive… De plus, ces combats lointains s’inscrivent aussi dans la préservation de nos frontières, aussi éloignées soient-elles, et nous parlons, là, de la France : des frontières qui ne sont pas, d’ailleurs, que physiques mais symboliques, intellectuelles, civilisationnelles. « Le monde a besoin de la France », s’exclamait Georges Bernanos. Le général de Gaulle, son lecteur fidèle, le pensait aussi, maintenant ou relevant (malgré le déclin des décennies précédant son « règne ») le rang de la France dans le grand concert des nations, et cela malgré une stratégie qui, en Algérie, aurait sans doute pu être différente.

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    En fait, il me semble de plus en plus que l’erreur originelle est d’avoir trop « occidentalisé » les interventions extérieures, dans une logique états-unienne de « colonialisme démocratique » (qui, en temps de paix, porte le nom de « Développement », comme l’a justement signalé depuis fort longtemps le décroissant Serge Latouche), et cela au lieu de jouer la carte qui fut celle du militaire français Lyautey en son temps au Maroc, celle que l’on pourrait baptiser « l’adaptation conviviale » : s’appuyer sur les populations locales et sur leurs traditions pour les mener, peu à peu (même si le plus tôt serait le mieux), sur le chemin d’un « minimum politique » (en attendant et en espérant mieux, même si le calendrier peut être long dans certains pays et pour certaines populations avant d’atteindre les canons « universels » d’une vie politique pluraliste et apaisée souhaitable). Comme le souligne avec raison Gérard Araud : « on n’instaure une démocratie ni avec un marteau ni avec des baïonnettes, comme ont essayé de le faire en vain Américains et Français. On ne l’impose pas ; elle doit répondre aux besoins des populations même si elle ne correspond pas aux normes américaines et européennes ». Cela ne doit pas nous empêcher de prôner quelques uns des éléments (voire des fondements) de notre civilisation (en politique comme dans la vie sociale), mais sans les confondre avec la société de consommation qui oublie l’esprit ni avec la démocratie parlementaire et oligarchique qui ne correspond pas forcément à ce que les peuples locaux veulent faire de leur destin ;  ce destin qui doit rester le leur, tant qu’il n’atteint pas le nôtre en cherchant à le subvertir ou à le détruire pour installer « leur » ordre, politique ou religieux, qui n’est pas et ne peut être le nôtre… C’est parce que la France sera sûre d’elle-même (et capable de défendre, y compris militairement, sa particularité historique et civilisationnelle) qu’elle pourra, non seulement vivre et « sur-vivre » face aux risques du monde, et qu’elle pourra entraîner des nations et des peuples, non à lui ressembler, mais à s’inspirer d’elle. Et confirmer ainsi son éternité nécessaire

     

     

     

    Notes : (1) : Il s’agit là de la démocratie électorale dite représentative (même si elle peut accepter, rarement, des formes de démocratie plus directe comme le référendum), au sens d’une participation indirecte des citoyens aux affaires d’un État pourtant – ou par conséquent ? - de plus en plus intrusif au cours de ces deux derniers siècles, ce que relevait, avec une certaine inquiétude, Bertrand de Jouvenel dans « Du Pouvoir » dès les années 1940.

     

    (2) : Il faut bien se rappeler que la démocratie telle que nous la connaissons n’est sans doute pas « définitive », ne serait-ce que parce que l’histoire institutionnelle n’est jamais figée même si elle peut paraître fixée, et que le rapport aux pouvoirs des communautés et des personnes peut nécessiter d’autres formes d’institutions et de préjugés politiques pour satisfaire le corps civique en ses différentes acceptions.

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/