Le souci du Pape pour l’Afrique par Gérard Leclerc
Depuis bien longtemps la bénédiction Urbi et orbi prononcé depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, est l’occasion pour les papes de s’intéresser à la situation du monde, surtout pour les régions qui sont le plus en difficulté. On ne s’étonne donc pas que François ait particulièrement souligné les drames actuels du continent africain.
Il a renouvelé ainsi son désir de se rendre au Soudan du Sud en compagnie du chef de la communion anglicane. Mais son regard a pris la mesure des larges zones africaines qui souffrent à causes des violences, des calamités naturelles ou des urgences sanitaires. Plus particulièrement, François a recommandé au Seigneur tous ceux qui sont persécutés à cause de leur foi religieuse, spécialement les missionnaires et les fidèles kidnappés et pour tous ceux qui sont victimes des attaques de la part de groupes extrémistes, surtout au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigéria.
À plusieurs reprises dans cette chronique j’ai abordé ce sujet douloureux et récemment j’ai signalé le reportage accompli pour Paris Match par Bernard-Henri Lévy au Nigéria sur les persécutions dont sont victimes les chrétiens. Je n’ignore pas que son témoignage a été contesté mais j’ai reçu par ailleurs une confirmation des faits qu’il rapporte, qui m’a permis d’en vérifier la véracité. Une fois de plus le Pape est revenu sur le drame des conditions des migrations vers l’Europe, soulignant les causes qui obligent à traverser les déserts et les mers, transformés en cimetière.
À ce propos, il serait hypocrite de cacher que l’insistance de François sur le sort des migrants est l’objet des plus vives contestations. On reproche au Pape de se faire l’avocat d’une immigration incontrôlée et de méconnaître les sentiments des pays d’accueil qui en refusent les conséquences, notamment en termes d’insécurité culturelle. Peut-on reprocher au Pape sa compassion à l’égard d’une immense souffrance humaine ? Il est vrai aussi que s’impose un examen global du phénomène migratoire, son importance cruciale exigeant une négociation internationale afin de surmonter son caractère incontrôlé, dommageable aussi bien à l’Afrique qu’à l’Europe.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 décembre 2019