"Les Provinciales" communiquent : Dans le regard de Pierre Boutang - Babel ou Israël, par Olivier Véron
Merci aux Editions Les Provinciales, qui nous ont envoyé le message suivant, pour annoncer ce livre assurément aussi passionnant que profond... :
« Dans un monde assailli par la plus atroce barbarie, la généreuse tradition des prophètes hébreux, que le christianisme, en ce qu’il eut de plus pur, reprit pour l’élargir, ne demeure-t-elle pas une de nos meilleures raisons de vivre, de croire et de lutter ? » (Marc BLOCH)
PIERRE BOUTANG disait Israël « signe de contradiction » mais aussi « la seule rançon, la seule création positive répondant à l’horreur infinie de la seconde guerre mondiale ». Notre culture gréco-hébraïque hésite à reconnaître franchement cet héritage, elle le dédaigne, quand elle ne l’accuse pas.
« Il est certain qu’il n’y a pas d’Europe. L’homme européen ne se trouve pas éminemment en Europe, ou n’y est pas éveillé. Il est, paradoxe et scandale, en Israël. C’est en Israël que l’Europe profonde sera battue, “tournée”, ou gardera, avec son honneur, le droit à durer », écrit Boutang.
L’Europe profonde ce n’est jamais « Babel », la démesure, le défi, l’asservissement, la confusion des langues – et la nouvelle Tour érigée sur les ruines de plusieurs empires totalitaires défaits annule la mission des nations souveraines, modelées sur la forme de l’ancien Israël.
Après PASCAL, PÉGUY, BERNANOS et CLAUDEL, Boutang (1916-1999) a continué cette tradition chrétienne française éprise des vraies libertés et attentive aux réalités terrestres, aux limites que fixe la finitude, et aux vertus de la chair. C’est cette tradition-là qui rencontre toujours le mystère d’Israël dont l’Europe porte l’empreinte tout effacée. « La couronne du Saint Empire portait l’effigie de David et celle de Salomon, la politique de nos rois en France – avant Bossuet, de l’aveu même de Machiavel – était tirée de l’écriture sainte, et les nations, jusque dans l’hérésie jacobine et révolutionnaire, imitaient un dialogue immortel entre la naissance et l’obéissance au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. »
L’appartenance nationale et le nationalisme tels que Pierre Boutang les a compris ne sont ni des symptômes d’enfermement, ni des ferments d’agressivité (anti-juive ou pas), au contraire : être nationaliste c’est être authentique, c’est reconnaître l’origine, retrouver la source juive oubliée et vouloir la « nouvelle alliance entre Juifs et chrétiens » (comme disait MICHAËL BAR-ZVI). Sans cela, garder un pays dans lequel accueillir ne se peut pas.
Ce livre explore les principaux traits d’une pensée souvent redoutée mais qui est la seule, en France, depuis la Seconde guerre mondiale, à tenir tête ontologiquement et politiquement à un siècle brutal.