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  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (197), ”De Strasbourg à Cologne...” : II (b), Rhénanie...

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    (suite et fin du document précédent).

    De Jacques Bainville, deux articles parus dans L'Action française, et regroupés dans l'ouvrage "L'Allemagne", Préface de Albert Rivaud, Plon, 1945.

    1. Séparatistes.

    Quand la nouvelle est venue qu'une heure après l'évacuation de Mayence les "séparatistes" étaient assassinés dans les rues, nous avons demandé : "Il y en avait donc ?"

    Cette question n'était pas aussi absurde qu'elle pourrait en avoir l'air, puisque leur existence avait été niée par les Prussiens d'abord et, à leur suite, par tous ceux qui, en France, regardaient et voulaient regarder comme indéfectible et comme intangible l'unité allemande proclamée à Versailles le 18 janvier 1871, anniversaire du jour où le premier roi de Prusse avait été couronné à Koenigsberg.
    C'est maintenant de l'histoire rétrospective. Il se passera sans doute de longues années avant que reviennent des circonstances aussi favorables à une autre libération de la Rhénanie que celle du 30 juin. Mais on aurait le droit de répéter ici le mot fameux. Quels auraient été les complices de l'autonomie rhénane ? "Tout le monde, répondraient Dorten ou les autres qui ont tenu bon (ceux qui n'ont pas été assassinés), tout le monde, si j'avais réussi."
    Pour réussir, il a manqué, du côté de la France et des alliés, l'appui des uns, l'intelligence des autres. Car c'est un fait que depuis l'armistice et jusqu'en 1923 l'autonomisme avait trouvé en Rhénanie des dispositions et des disponibilités qui dépassaient toutes les espérances.
    La Berliner Tribune, petit journal indépendant, bizarre bocca della verita qui paraît sur les bords de la Sprée, demande crûment : "Qui étaient les séparatistes ?" Il rappelle ce que l'on savait tout de même un peu. Il apprend ce qu'on ne savait pas.
    Le 1er février 1919, une assemblée de députés et de maires des pays rhénans, réunie à Cologne, nommait un comité pour la proclamation d'une République allemande occidentale. En faisaient parti le bourgmestre de Cologne, Adenauer, et huit députés, parmi lesquels Kaas, Trimborn, Sollmann, dont la Berliner Tribune souligne les noms parce que ce sont des noms particulièrement connus dans la politique allemande. Suivait, le 11 mars, la déclaration de Dorten signée par de nombreuses personnalités.
    Si le séparatisme était une trahison, alors que de traîtres ! écrit ironiquement l'audacieuse feuille de Berlin. Parmi eux, il y a eu de tout, non seulement des catholiques, mais des démocrates (le professeur Eckert), des socialistes (le député au Reichstag Meerfeld). La liste est longue. On y voit toute la notitia dignitatum de la hiérarchie allemande, le Staatsekretoer, ausser Dienst, l'Oberburgmeister, le Studienrat, le Landgerichtsrat, etc... Il ne manque même pas le Polizei-proesident, qui s'appelait Zoergiebel.
    Mais parmi toutes ces étoiles brillait un astre destiné à devenir de première grandeur. Pour la fin, pour la bonne bouche, après avoir dénombré, selon le rite homérique, les héros de l'autonomie rhénane, la Berliner Tribune a gardé celui qui était hier encore ministre des Finances et qui a signé les accords de La Haye, le professor doktor Moldenhauer.
    Après ce coup envoyé à l'impopulaire auteur de "l'impôt de sacrifice", la Berliner Tribune tire l'échelle. Nous aussi.


    L'Action française, 12 juillet 1930.



    2. Au pays rhénan.

    Pendant un voyage trop rapide sur la rive gauche du Rhin, nous avons lu le discours de Maurice Barrès à la Chambre. Comme la force et la vérité, sur les lieux mêmes, en étaient sentis ! Voilà le véritable point de vue français, doctrinal et réel, historique et pratique. De grandes possibilités, pour nous, pour l'Europe, pour les allemands eux-mêmes, sont ouvertes là-bas. Si elles doivent être perdues, le mauvais passé reviendra. C'est la guerre qui s'éternise.
    Du haut du grand Feldberg, près de la limite où finit la zone occupée, on découvre deux pays. D'une part, cette vallée rhénane où nos soldats sont répandus, faisant bon ménage avec le paysan. De l'autre, Francfort qui ne sait si elle doit désirer l'occupation ou la craindre. Au-delà toute cette Allemagne en gestation d'on ne sait quoi d'inconnu ou de déjà trop connu. Au Feldberg, se trouve le rocher où, selon Wagner et la légende, Brunehilde a dormi son sommeil enchanté. Brunehilde, c'est l'Allemagne vaincue. Au terme de l'occupation, si nous n'y prenons garde, un Siegfried prussien viendra la réveiller.
    Cette dualité, on la touche du doigt dans les villes du Rhin. Il y a une Rhénanie où cheminent les idées d'indépendance, où l'occasion paraît bonne de renvoyer le Prussien chez lui. Mais dans ce pays rhénan, le Prussien reste encore. Il est fonctionnaire, négociant, maître d'école. Il surveille et il terrorise l'habitant, et lui aussi, pour le compte du gouvernement de Berlin, poursuit un travail sourd. Le laisserons-nous agir ? Déjà, il murmure à l'oreille de ses sujets rhénans que l'occupation ne sera pas éternelle, que les Français s'en iront et qu'alors les "traîtres" pourront trembler.
    Ces "traîtres", ils ont déjà reçu un nom, et un nom éloquent, dans la presse berlinoise. Ce sont les Franzoeslinge, les "fransquillons", ceux qui réservent bon accueil aux français parce que les moeurs françaises , les idées françaises leur sont plus sympathiques que la rudesse de Berlin. Il y a un esprit rhénan qui se ranime, qui ne demande qu'à se manifester librement. Ce pays a été annexé à la Prusse, il y a un siècle, sans droit, sans raison, sinon que sa richesse tentait les gens du domaine sablonneux qui commence au-delà de l'Elbe. Exploités, pressurés, vexés dans leurs sentiments, les Rhénans s'étonnent d'une chose : c'est que les Alliés ne comprennent pas leur position par rapport à la Prusse, c'est que le fameux droit des peuples à disposer d'eux-mêmes leur soit refusé et qu'il le leur soit surtout avec une brutalité particulière dans la zone occupée par les Américains, représentants du Décalogue de M. Wilson.
    "Je suis loin de méconnaître que la mauvaise humeur des provinces occidentales contre la Prusse repose sur des faits," écrivait récemment dans le Vorwoerts un ami d'Ebert, de Müller et de Scheidemann. Ce que les dirigeants du Reich ne méconnaissent pas, c'est-à-dire l'existence d'un problème linksrheinisch, d'un problème de la rive gauche du Rhin, les Alliés ont l'air de l'ignorer prodigieusement. Les dirigeants du Reich, dès l'heure de la défaite, s'étaient attendus à deux choses. D'abord, qu'un vent d'indépendance soufflerait sur le Rhin, parmi ces "Prussiens forcés", qui, à l'exemple de leur Henri Heine, aspireraient à devenir des "Prussiens libérés". Ensuite, que la Prusse serait appelée à rendre gorge, à restituer ce qu'elle avait pris au cours des siècles par la violence et contre le voeu des habitants.
    Le souffle libérateur s'est bien levé sur le Rhin. Pourquoi les Alliés ne laissent-ils pas ce mouvement, légitime à tous les points de vue, s'étendre comme il lui plaît ? Quelques hommes hardis et lettrés de cette élite qui, dans tous les pays, est à la tête des réveils nationaux ou régionalistes, ont entrepris d'animer chez leurs concitoyens le sens renaissant de la patrie rhénane. A leur mode, avec leurs moyens, ils font ce qu'ont fait tour à tour Irlandais et Tchèques, Polonais et Catalans. Si le docteur Dorten et ses amis continuent à se heurter au mauvais vouloir et à l'inintelligence des Alliés, s'ils ne réussissent pas à affranchir leur pays du joug prussien, à organiser le plébiscite qu'ils demandent, savez-vous ce qui se passera ? Ils se décourageront. Ils quitteront leur pays où, après le départ de nos troupes et le retour des Prussiens, ils seraient condamnés pour haute trahison, bien qu'ils demandent simplement et sincèrement, selon la tradition et l'histoire, la formation d'une Allemagne fédérale et déprussianisée. Après eux, l'espérance rhénane retombera.
    En 1866, le Hessois Dalwigk et le Bavarois Pfordten sollicitaient l'appui de la France contre la Prusse. Napoléon III traita leurs ouvertures d' "excitations" et Bismarck put annexer à son aise. Aujourd'hui, le Nassovien Dorten est mis en prison par les Américains. Les fédéralistes allemands sont abandonnés par les orateurs officiels de la Chambre française. Napoléon III règne toujours.
    On peut se représenter, dans ces conditions, l'effet que le discours de M. Tardieu aura produit en Allemagne. Il ne sera pas perdu pour les Prussiens.
    -Quoi, diront les Rhénans, l'unité allemande, réalisée par le fer et par le feu, est sacrée ? Alors, la paix sanctionne les annexions, l'oeuvre de la force, puisque, nous et les Hanovriens, nous avons été conquis, puisque Bavarois, Wurtembergeois, Saxons ont été battus par les armes avant de s'unir à la Prusse. Il ne nous reste donc qu'à honorer les statues de Bismarck et de Guillaume 1er"
    Et les Prussiens, de leur côté, affirmeront avec plus d'énergie ce qu'ils répétaient déjà :
    - Vous voyez bien que nous sommes les maîtres légitimes, reconnus, consacrés par la Conférence de Paris. La France elle-même le proclame. Et vous comprenez bien que si les Français n'osent rien faire pour les provinces rhénanes, s'ils les abandonnent à la Prusse, c'est qu'ils ne sont pas vainqueurs."
    Ce propos est textuel. Il circule, comme un mot d'ordre, chez les fonctionnaires prussiens trop nombreux qui demeurent en pays occupé. Leur propagande même, leur activité sournoise, leur utilisation de tout ce qu'on décide et de tout ce qu'on prononce de fâcheux à Paris : ce sont les signes de leur inquiétude. Car ils savent que, dans les pays rhénans, la Prusse est prise entre deux feux, le catholicisme d'une part et le socialisme de l'autre. Tient-on à rassurer la domination prussienne et à lui donner des arguments et des armes ?
    Il faut dire à la France : attention. Nous sommes en train de passer à côté d'une occasion unique. Si l'Allemagne ne se fédéralise pas par sa région occidentale, elle restera subjuguée par sa mauvaise partie, sa partie orientale et prussienne. Alors, qu'y aura-t-il de changé en Europe ? Qu'y aura-t-il d'amélioré ? Le jour où j'ai quitté Mayence, on parlait d'un coup des indépendants à Ludwigshafen. On apprenait aussi qu'un wagon rempli de fusées d'obus, soigneusement dissimulées, venait d'être découvert par nos inspecteurs dans une gare, prêt à partir pour une usine de guerre de l'autre côté du Rhin. Rhénanie nettoyée de la Prusse ou guerre éternelle. Nous avons le choix.


    L'Action française, 4 septembre 1919.

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • L’Italie et la France peuvent être à l’origine de l’explosion de l’euro et de l’UE, par Marc Rousset

    En Italie, le gouvernement de Mario Draghi est au bord de l’implosion. La péninsule a été longtemps à la traîne en zone euro : entre 1999 et 2019, son PIB n’a augmenté que de 7,9 % contre respectivement 30,2 %, 32,4 % et 43,6 % en Allemagne, France et Espagne.

    La goutte d’eau qui fait déborder le vase pour les électeurs et de nombreuses élites italiennes, ce sont les sanctions lourdes contre la Russie, avec de terribles conséquences pour l’Italie dépendante du gaz russe, qui avait besoin de tout, sauf de ce coup de poignard supplémentaire !

    Depuis l’intervention russe en Ukraine, le prix de l’électricité a augmenté de 91 % et celui du gaz de 70 %. La crise énergétique pourrait jouer le rôle de détonateur dans la crise politique italienne. La dette de 2500 milliards d’euros qui dépasse celles de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande et de l’Espagne cumulées pourrait faire exploser toute l’Europe !

    MARC ROUSSET.jpgLes chantiers de modernisation du pays sont à l’arrêt et la capacité de Mario Draghi à désendetter le pays, malgré les dizaines de milliards d’euros de l’UE, est remise en question. Bruxelles redoute de perdre son homme de confiance, ancien président de la BCE, ancien de Goldman Sachs, pur produit de la Pensée unique, valet de l’OTAN et de l’Amérique, comme il l’a montré en incitant Macron et Scholz à accepter l’impossible et inacceptable candidature de l’Ukraine dans l’UE ! Avec un taux d’intérêt italien qui remonte à 3,26 % et un écart de taux de 2,25 % par rapport aux taux allemand, le maillon faible de la zone euro fait de nouveau trembler les marchés. Il n’est pas impossible qu’à terme, Moscou trouve en Italie son deuxième allié dans l’UE, en plus du hongrois Viktor Orban !

    En France, avec la fameuse loi sur le pouvoir d’achat en cours de discussion à l’Assemblée nationale, la dépense est devenue une vertu. Le RN, Renaissance, Nupes, et même LR ont une telle frénésie de dépenses qu’il semble qu’il n’y a pas d’autre alternative (le fameux TINA anglo-saxon de Margaret Thatcher) que de vider les caisses de l’État alimentées par l’argent emprunté ! En raison de la dégradation de la balance énergétique, suite aux achats de gaz et de pétrole sur le marché, le déficit commercial global français annuel atteint le chiffre faramineux de 114 milliards d’euros. Pour amuser la galerie et réconforter les chefs d’entreprise, il a été décidé, après une première baisse de 10 milliards d’euros d’impôts de production en 2022, sur un ensemble global de 70 milliards d’euros, d’alléger de nouveau ces impôts de production de 8 milliards d’euros en 2023, alors que, pour être compétitif avec les autres pays européens, il aurait fallu procéder à une coupe de 35 milliards d’euros !

    La Cour des comptes s’inquiète de la dérive des dépenses publiques tandis que la dette française se rapproche dangereusement des 120 % du PIB ! Alors que les taux d’intérêt sont encore très faibles, la charge de la dette atteint déjà 50 milliards d’euros, soit le budget de l’Éducation nationale. La gabegie, l’imbécillité de nos technocrates incapables lorsqu’ils jouent avec l’argent public qui n’est pas le leur, Macron étant l’un d’entre eux lorsqu’il était ministre des Finances, n’a pas de limites ! On apprend ainsi que 10 % des obligations françaises d’État (OAT) à dix ans de la dette publique sont indexées sur l’inflation ! Cela va donc coûter une fortune à l’État français pour avoir voulu grappiller quelques maigres et ridicules dixièmes de points lors de l’émission de ces obligations. Le remboursement chaque année du principal de ces obligations, tout comme les taux d’intérêts, sont en effet indexés sur l’inflation, avec un indice qui est le plus souvent, celui de l’IPC (index des prix à la consommation). Suite à cette erreur gravissime de gestion par les fonctionnaires français, l’inflation, contrairement à ce que disent certains médias, ne concourt donc plus à diminuer le coût de la dette française, mais bien au contraire l’accroît ! L’inflation n’est donc plus l’amie de la dette publique française ! Merci, Monsieur Macron, le Mozart raté de la finance !

    Quant à l’Allemagne, elle décroche subitement, son modèle mercantiliste étant provisoirement sévèrement touché. Les taux de croissance en 2022 et 2023 devraient être respectivement de 1,4 % et 1,3 % seulement, avec une inflation de 7,9 %, ce qui est inhabituel pour ce pays. La raison principale est sa forte dépendance énergétique à la Russie, d’où une hausse subite des coûts de l’énergie, suite aux sanctions économiques suicidaires de l’UE et aux représailles russes, avec en plus la perte de marchés importants en Russie ainsi qu’en Chine. En mai 2022, l’Allemagne a connu son premier déficit commercial mensuel de 1 milliard d’euros depuis janvier 2008.
    Avec les sanctions anti-russes, l’UE, selon Viktor Orban « s’est tiré une balle non pas dans le pied, mais dans les poumons ! ». « Les sanctions n’aident pas l’Ukraine ; en revanche, elles sont mauvaises pour l’économie européenne et si ça continue comme ça, elles vont tuer l’économie européenne », a-t-il encore déclaré. Selon le professeur Jacques Sapir, alors que les importations normales de gaz russe sont de 160 milliards de m3 dans l’UE, le manque actuel de gaz russe est de 118,5 milliards de m3, mais en fait de 95 milliards de m3, si l’on tient compte d’approvisionnements supplémentaires venant d’autres pays. Selon le site de la société Nord Stream, le gaz russe qui arrive en Allemagne, dans la ville de Lublin, est ensuite transporté vers la Belgique, le Danemark, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et d’autres pays.

    La Russie a de plus totalement coupé le gaz à l’Allemagne pour 10 jours de maintenance. 35 % des importations actuelles allemandes proviennent encore de Russie, contre 55 % avant la guerre. Le chauffage des foyers allemands est toujours assuré à plus de 50 % avec du gaz russe. L’industrie chimique allemande est particulièrement vulnérable, dépendant aussi fortement du gaz russe. Les industriels se préparent au scénario du pire avec une lourde récession à la clé. Le géant BASF étudie la possibilité de mettre une partie des salariés en chômage partiel : « Si nous ne recevons plus de gaz russe, les quantités actuellement stockées ne suffiront que pour un ou deux mois. »

    L’État allemand vole donc au secours de son secteur énergétique. Une loi doit être votée en urgence pour sauver Uniper, principal importateur allemand de gaz russe. Ce dernier pourrait recevoir jusqu’à 5 milliards d’euros d’aides de l’État. La société Uniper a perdu en quelques mois plus de 70 % de sa valeur en Bourse. Une éventuelle chute d’Uniper fait craindre à l’Allemagne des faillites en cascade, comparables à un « Lehman Brother » de l’énergie !

    Quant à l’euro, il s’effondre tandis que le dollar s’envole, suite aux différences de taux d’intérêt entre la zone euro et les États-Unis. À Moscou, l’euro est passé sous la barre des 55 roubles, le rouble s’appréciant à la fois par rapport au dollar et à l’euro. La dépréciation de l’euro contribue à augmenter l’inflation des prix des marchandises importées, ce qui n’est malheureusement pas souhaitable dans le contexte actuel.

    La folle politique de l’UE pour combattre le soi-disant réchauffement climatique non prouvé par l’homme est une source supplémentaire d’inflation et de gaspillage de ressources dans l’UE. Lors de la visite du Président Biden en Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane s’est non seulement refusé à livrer des quantités supplémentaires de pétrole, pour faire baisser les prix, comme le lui demandait Biden, mais il a pu déclarer : « Les politiques irréalistes visant à réduire les émissions de CO2 entraîneront une inflation exceptionnelle et une hausse des prix de l’énergie ».

    Rien ne va plus dans le monde, les sanctions occidentales causant un mal terrible à de trop nombreux pays : les Bourses chutent et les craintes de récession l’emportent. L’économie américaine échaudée par l’inflation de 9,1 % est au bord de la récession et le moral des consommateurs s’effondre (indice de Michigan à 60 au lieu de 100 en 2020). Les taux d’intérêt à 2 ans sont souvent au-dessus des taux à 10 ans, ce qui annonce souvent une récession aux États-Unis. L’indice Vix de volatilité du marché boursier a trop souvent des accès de fièvre. L’économie chinoise, elle, s’effondre, suite à une politique draconienne trop stricte de confinements pour le covid. La croissance en Chine, au second trimestre n’a été que de 0,4 %, ce qui équivaut à une lourde récession pour la Chine !

    Le ciel économique s’assombrit donc pour l’UE, au-delà de ses graves difficultés ci-dessus mentionnées qui lui sont propres. L’Autorité des marchés financiers (AMF) en France est très inquiète ; elle tire la sonnette d’alarme craignant une forte chute supplémentaire des marchés. Alors que l’or a baissé ces derniers temps, suite à la montée des taux américains, la banque d’investissement Goldman Sachs a cependant relevé à la hausse ses prévisions pour la fin de l’année à 2500 $ l’once, ce qui n’est pas un bon signe pour les économies occidentales !
    Si l’Italie ou la France s’effondre, suite à une violente crise politique interne ou en raison de la montée des taux d’intérêt à 10 ans, par l’effet de boule de neige, cela peut conduire jusqu’à l’effondrement complet des Bourses et des économies occidentales trop dépendantes et interconnectées, avec à la clé l’éclatement de la zone euro, un envol du prix de l’or, et l’hyperinflation en France, en Italie ainsi que dans tous les pays très fragiles de l’Europe du sud (Grèce, Espagne, Portugal).

  • Éphéméride du 11 août

    11 août,mont saint michel,aristote au mont saint michel,gouguenheim,la merveille,couesnon,normandie,mont tombe,grece,antiquité,islam,monachismeIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-chose, ou bien pour lesquels les rares évènements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'évocations :  

    1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

    2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

    3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

    4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

    5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

    6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France (11 avril)

    7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

    8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

    9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)

    10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

    11. Le Mont Saint Michel (11 août)

    12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord (29 septembre)

    13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

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    Aujourd'hui : Le Mont Saint Michel 

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     I. L'essentiel 

     

     "Voici donc treize siècles que le Mont-Saint-Michel existe ! Treize siècles d’histoire. Treize siècles de vie religieuse, politique et militaire. Témoin des grands combats qui ont peu à peu construit la France et l’Europe, le mont-Saint-Michel est aujourd’hui un lieu à nul autre pareil, mélange rare de terre, de mer, de vent et de pierres.

     Mais justement, si les pierres pouvaient parler, elles nous diraient que le Mont-Saint-Michel, avant d’être cette étonnante construction, est d’abord un grand élan vers le ciel, vers Dieu : un lieu de louange et de prière à nul autre pareil."

    (Monseigneur Stanislas Lalanne, Évêque de Coutances et d’Avranches)   

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    Commençons donc par l’essentiel...

     

     

    S’il est bon, évidemment, de connaître l’histoire prestigieuse du monastère, il s’agit de vraiment découvrir ses trésors, "contenant et contenu" si l’on peut dire. À savoir le bâtiment lui-même dans sa splendeur, bien sûr, mais aussi et surtout la beauté de la liturgie.

    À quoi servirait en effet une abbaye, aussi belle soit-elle, où l’on ne célébrerait pas, ou plus, la liturgie ? Elle serait une coquille vide. Belle, certes, mais vide, surtout. Rien de tel au Mont, où la spiritualité est bien vivante, grâce aux Fraternités monastiques de Jérusalem (présentes depuis 2001, l'une de cinq moines, l'autre de cinq moniales).

    Elle est là, la vraie beauté du Mont. Sa beauté principale, centrale et essentielle, ce ne sont pas ses pierres et ses sculptures; ou plutôt, ce sont ses pierres et ses sculptures, ordonnées à leur objectif initial et final : nous conduire à Celui qui est au sommet, qui est "le" Sommet. Le Mont fonctionne bien s'il est, et quand il est, route et chemin menant au Vrai, au Beau et au Bien...

       

    http://abbayedumontsaintmichel.cef.fr/

     

     

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                                 II.  Du spirituel à l'intellectuel

     

     

    Si le Mont est une citadelle de la Foi, il est aussi une citadelle de ce qui va avec : la Culture et la Civilisation. Nous prendrons un seul exemple du rôle fondamental - et indispensable - que le Mont a joué au cours de l'Histoire dans la transmission et la sauvegarde de la Culture et de la Civilisation occidentale, héritée de l'Antiquité gréco-latine: un exemple tiré de l'ouvrage Aristote au Mont Saint Michel...

    Il faut, en effet, revenir un peu longuement sur l'affaire Gouguenheim, le Mont (et son scriptorium) se trouvant évidemment en bonne place dans l'ouvrage fort utile de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne.

    Le travail de transmission (par les copistes) de la culture antique à l'Occident s'étant pour une bonne part effectué ici, dans le scriptorium du Mont (ci dessous), nous présenterons de nouveau, en la résumant, l'idée centrale de l'auteur, en montrant le lieu où s'est passé une part importante de ce qu'il décrit.

    Le point de départ de la polémique est cette question :

    Quelle est la part de l'apport musulman dans la constitution de la culture européenne au Moyen-Âge ?

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    En mars 2008, Sylvain Gouguenheim, professeur d'Histoire médiévale à l'ENS de Lyon, publie Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne.

    Sa thèse :

    "L'héllénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des Européens eux-mêmes.... elle ne doit rien au monde islamique". 

     

    1. Gouguenheim ouvre son livre sur les thèses qu'il entend contredire :

     

    Celle des "Âges sombres", concept hérité de Pétrarque et repris au XIXème par l'historiographie anglo-saxonne pour désigner la période comprise entre la chute de l'Empire romain et l'arrivée en Angleterre de Guillaume le Conquérant, faisant du Haut Moyen-Âge un temps d'obscurantisme et de déclin culturel; celle d'un "Islam des Lumières" venant réveiller (culturellement et scientifiquement) les Européens grâce à la transmission d'un savoir grec depuis longtemps oublié, et contribuant à donner à l'Europe des "racines musulmanes".

    Des thèses qui, selon l'auteur, relèvent "plus du parti idéologique que de l'analyse scientifique" et sont essentiellement celles d'Alain de Libera (Penser au Moyen-Âge, 1991).

    "L'argument de la dette" des Européens à l'égard du monde arabo-musulman serait cimenté par l'énorme travail de traduction des oeuvres grecques opéré par les intellectuels arabes, qui auraient permis leur diffusion en Europe. C'est "l'intermédiaire arabe" qui expliquerait donc la redynamisation de l'Europe consécutive à la redécouverte du savoir grec. La matrice islamique aurait littéralement donné naissance à la civilisation européenne qui s'épanouit à partir du XIIIème siècle. Bien plus, il y aurait "prééminence du monde musulman sur la chrétienté médiévale"...

    Mais  Gouguenheim fait remarquer que l’on confond souvent arabité et islamisme, attribuant tout le mérite de l’hellénisation du monde européen à l’Islam, alors que "les arabes chrétiens et les chrétiens arabisés" constituaient près de la moitié des habitants des pays d’Islam vers l’an mil. Quant aux savants musulmans du monde abbasside, ils ne s’aventuraient jamais dans l’univers des sciences, se contentant de prospections dans celui de la religion. L’historien récuse le poncif d’une Europe inculte et barbare, tortionnaire d’un monde arabo-musulman exempt de tout reproche... 



    2. Vient ensuite l’exposé de sa thèse par Sylvain Gouguenheim :

     

    Celle des "racines grecques de l’Europe", ou comment "le monde occidental chrétien du Moyen Âge fit de son mieux pour retrouver le savoir grec", tout seul.

    L’ouvrage s’organise ensuite en cinq grandes parties, chacune constituant un pan particulier de la démonstration :

    Non seulement l’Occident ne perdit vraiment jamais de vue la culture grecque (chap. I),

    mais la diffusion du savoir grec, de toute façon, a surtout été le fait de Byzance et des chrétiens d’Orient (chap. II).

    Même en plein Occident, plus particulièrement au Mont-Saint-Michel (ci dessous, le scriptorium), des moines ont joué le rôle de pionniers dans les processus de traduction des textes d’Aristote (chap. III)

    et de récupération de l’héritage grec avec lequel, de toute façon, l’Islam a toujours entretenu des rapports difficiles, lui qui ne connut qu’une "hellénisation limitée" (chap. IV).

    Enfin, Gouguenheim évoque les "problèmes de civilisation" permettant de comprendre pourquoi les échanges culturels Islam/Chrétienté furent minimes (chap. V)…

     

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     Le scriptorium est l'unique lieu du Mont à posséder des cheminées : il s'agissait d'éviter que l'encre ne gèle, et que les doigts des moines ne soient trop engourdis par le froid, ce qui les aurait empêché d'écrire... 

              

    Le premier chapitre évoque des pans méconnus de l’histoire culturelle occidentale des VIIème-XIIème siècles. Sylvain Gouguenheim décrit les élites intellectuelles carolingiennes avides de savoir grec et soucieuses d’étudier ses dépositaires. De Pépin le Bref, réclamant autour de 760 des livres en grec au pape, à Charles le Chauve, dont les Monumenta Germaniae Historica dirent, en 876, que "méprisant toute l’habitude des rois Francs, il estimait que la gloire des Grecs était la meilleure", on constate qu’effectivement, comme le dit l’auteur, "la brèche (était) ouverte".

    Et c’est dans cette brèche que vinrent s’engouffrer, à partir du IXème siècle, les multiples "renaissances" intellectuelles prouvant, s’il en était besoin, que la science antique ne déserta jamais totalement les terres occidentales.

  • Éphéméride du 27 octobre

    31 octobre,leonard de vinci,francois premier,renaissance,joconde,sfumato,amboise,clos lucéIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-choseou bien pour lesquels les rares événements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'évocations :  

     1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

     2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

     3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

     4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

     5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

     6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France (11 avril)

     7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

     8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

     9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile  (28 mai)

     10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

     11. Le Mont Saint Michel (11 août)

     12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord. (29 septembre)

     13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

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              Aujourd'hui : Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé 

     

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    Octobre 1516 : Léonard de Vinci s'installe au Clos Lucé. Il y vivra les trois dernières années de sa vie...

     

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    Auto portrait
     

    Né a Vinci, en Toscane, le 15 avril 1452, Léonard viendra finir sa vie en France, à la demande de François Premier qui l'admirait : l'appelant son "premier peintre, ingénieur et architecte", il devait déclarer à Benvenuto Cellini :

    "Il n'y a jamais eu un autre homme né au monde qui en savait autant que Léonard, pas autant en peinture, sculpture et architecture, comme il était un grand philosophe."

    Il s'éteindra au Manoir du Clos Lucé, où l'avait installé le roi, le 2 mai 1519.

    Il est enterré dans la Chapelle saint Hubert du château d'Amboise (ci dessous).

     

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    Archétype et symbole de l'homme de la Renaissance, Léonard est tout à la fois un génie universel et un philosophe humaniste dont la curiosité infinie n'a d'égale que la force d'invention. Il est l'un des plus grands peintres de tous les temps, mais aussi probablement l'être le plus doué dans le plus grand nombre de domaines différents, qui aie jamais existé.

    C'est d'abord comme peintre qu'il fut reconnu : c'est lui qui a inventé le procédé du sfumato, terme qui signifie évanescent, avec une notion d'enfumé : ce mot dérive de l'italien fumo, la fumée. C'est une technique de peinture que Léonard de Vinci mit au point, et qu'il décrivit comme "sans lignes ni contours, à la façon de la fumée ou au-delà du plan focal".

    C'est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates, qui donne au sujet des contours imprécis. Il est utilisé pour donner une impression de profondeur aux tableaux de la Renaissance. On parle aussi de perspective atmosphérique.

    C'est ce procédé qu'il a utilisé pour le paysage de fond de la Joconde (ci dessous). 

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    Mais à côté - et en plus... - du peintre, il y a aussi l'ingénieur et l'inventeur, qui a développé des idées très en avance sur son temps, depuis l'hélicoptère, le char de combat, le sous-marin jusqu'à l'automobile. Le scientifique a beaucoup fait progresser la connaissance dans les domaines de l'anatomie, du génie civil, de l'optique et de l'hydrodynamique.

    Et François premier n'était pas le seul à parler avec admiration du grand Léonard de Vinci : voici quatre opinions, d'auteurs et d'époque fort différent(e)s, et qui, toutes, concordent :

     

    I - Giorgio Vasari (dans son ouvrage Le Vite , 1568) :

          "...Dans le cours normal des événements, beaucoup d'hommes et de femmes sont nés avec des talents remarquables ; mais, parfois, d'une manière qui transcende la nature, une seule personne est merveilleusement dotée par le paradis avec beauté, la grâce et le talent dans une telle abondance qu'il laisse les autres hommes loin derrière. Tous ses actes semblent inspirés et, de fait, tout ce qu'il fait vient clairement de Dieu plutôt que de compétences humaines. Tout le monde reconnaît que c'était vrai pour Léonard de Vinci, un artiste d'une beauté physique étonnante, qui a affiché une grâce infinie dans tout ce qu'il a fait et qui cultivait son génie si brillamment que tous les problèmes qu'il a étudiés, il les résolvait avec facilité..."

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    II - Johann Heinrich Füssli (1801) :

    "Ainsi fut l'aube de l'art moderne, lorsque Léonard de Vinci apparut avec une splendeur qui distançait l'excellence habituelle : composé de tous les éléments qui constituent l'essence même du génie."

     

    III - Hippolyte Taine ( 1866 ) :

    "Il ne peut sans doute pas y avoir dans le monde un exemple d'un génie si universel, si capable de s'épanouir, si empli de nostalgie envers l'infini, si naturellement raffiné, si autant en avance sur son propre siècle et les siècles suivants"

     

    IV - Bernard Berenson (1896) :

    "Léonard est un artiste dont on peut dire avec une parfaite littéralité : rien de ce qu'il a touché ne s'est transformé en une chose d'une éternelle beauté. Qu'il s'agisse de la section transversale d'un crâne, la structure d'une mauvaise herbe ou une étude des muscles, il l'a, avec son sens de la ligne et de la lumière et de l'ombre, à jamais transformée en des valeurs qui communiquent la vie."

     

    François Premier ne se trompait donc pas en faisant venir en France cette personnalité exceptionnelle...

     

    Les Carnets de Léonard sont célèbres :

    http://noe-education.org/vinci/D12101C01.php

     

    • Mais ce savant aimait aussi la Nature, les plantes, les jardins : découvrez le jardin de Leonard  : 

    http://loire-chateaux.org/fr/chateaux/clos-luce/chateau-du-clos-luce-parc-leonardo-da-vinci

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    Et maintenant, découvrez ce manoir que François Premier lui a offert : le Clos Lucé (ci dessus). Outre les appartements de l'artiste, l'intérêt de la visite réside dans l'exposition des maquettes réalisées par la Société IBM d'après les schémas laissés par de Vinci (élévateurs d'eau, ventilateur de conditionnement d'air mû par une chute d'eau, cric, machine à décharger  les bateaux, compteur de distances, prototype d'un bateau à aubes.).

    Pour mieux connaître le château et les maquettes, on visitera avec profit le site suivant :

     

    http://vinci-closluce.com/fr/presentation-lieu

     

    Voici trois des maquettes que l'on peut voir dans le Parc du Clos Lucé :

     

    • Le char d'assaut

    200px-DaVinciTankAtAmboise.jpg
     
     
    • L'hélicoptère
     
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    • La mitrailleuse
     
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    2 fevrier,capetiens,mourre,merovingiens,carolingiens,hugues capet,philippe auguste,plantagenets,croisades,bouvines,charlemagne,saint louis,senlisCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

    Éphémérides de lafautearousseau.pdf

    lafautearousseau
  • Sophie Audugé, de SOS EDUCATION, parle de la réforme du Bac et du Lycée...

    Merci à nos amis de SOS EDUCATION de nous avoir fait passer cet entretien avec Sophie Audugé, paru sur Atlantico...

    Atlantico a demandé à SOS Éducation son analyse sur un caillou coincé dans la chaussure du ministre de l’Éducation nationale le plus stable de la 5ème République.

    Vous vous en doutez, je veux parler ici de la réforme du bac et du lycée de Jean Michel Blanquer !

    Cet entretien avec Atlantico a permis de faire un bilan complet de la réforme Blanquer. En voici quelques extraits :

    « Cette réforme a été conçue par des énarques, des mathématiciens et des grands corps de la fonction publique, et cela s’est vu. Elle est complètement inadaptée au terrain, à tous les niveaux. »

    « Elle a massacré l’enseignement des mathématiques dans le secondaire, conduisant aujourd’hui à un retour en arrière d’urgence. »

    « Les dérives ont été nombreuses. Notamment sur certains enseignements relevant des sciences humaines, où la propagande de la culture woke a pris une place importante. Les programmes ont été conçus dans la précipitation. »

    « En réalité, dans cette réforme, le manque de stratégie, de moyens et de clairvoyance sur la réalité de terrain a totalement dévoyé les objectifs. »

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    Réforme du bac et du lycée : Entretien Bilan SOS Éducation / Atlantico

    Atlantico : Alors que le quinquennat s’achève, quel bilan tirer de la réforme du bac de Blanquer ?

    Sophie Audugé : Il faut d’abord reconnaître qu’elle n’a pas totalement pu se mettre en place compte tenu des 2 années de pandémie qui ont fait basculer l’examen national en contrôle continu, dont le niveau correspondait non pas à un seuil académique national, mais à celui de l’établissement du bachelier.

    Sans surprise, le taux de réussite au bac en 2020 et 2021 a atteint des niveaux historiques et stratosphériques. Idem sur le nombre de mentions. Le bac 2020 comme celui de 2021 en a perdu toute sa valeur.

    Quoi qu'il en soit, en dehors de ce contexte conjoncturel dont nous avons tous parfaitement conscience, la réforme du Bac de Jean-Michel Blanquer a été rejetée par l’ensemble du corps académique, enseignants comme chefs d’établissement. Même l’inspection générale avait émis des doutes sérieux.

    Il faut aussi se souvenir que la réforme est arrivée dans un contexte déjà très tendu, avec la réforme des retraites, dans laquelle les enseignants étaient parmi les plus malmenés de la fonction publique.

    Mais ce n’est pas l’unique raison. Certes, cela a sans doute mis le feu aux poudres, mais il n’empêche que le rejet a porté tant sur la structure générale de la réforme que sur les contenus et la faisabilité organisationnelle.

    Cette réforme a été conçue par des énarques, des mathématiciens et des grands corps de la fonction publique, et cela s’est vu. Elle est complètement inadaptée au terrain, à tous les niveaux.

    Arrivent le Covid et les confinements, qui mettent un coup d’arrêt par annulations successives des fameuses E3C d’abord (épreuves communes de contrôle continu) : impossible d’organiser des épreuves communes car aucun établissement n’est au même niveau du programme.

    S’en sont suivies les annulations successives d’épreuves au fil du temps, jouant sur les nerfs des candidats, des professeurs et des familles, pour aboutir à un diplôme donné sur la foi des seules notes de contrôle continu. Une attestation d’établissement en somme.

    Les résultats, on les connaît : pour le bac général en 2020, on fait sortir du secondaire 98,40 % des terminales avec le bac, et en 2021 ils sont 97,60 % ! Évidemment personne n’est dupe.

    Les différences de niveau entre les lycées sont déjà bien identifiées par les établissements du supérieur accueillant les futurs bacheliers, et le système algorithmique de parcoursup (très opaque) contribue à boucler la boucle, puisque les admissions sont connues pour les meilleurs élèves avant d’avoir les résultats du bac. Le bac est ramené à une formalité administrative.

    Finalement, la réforme n’a rien apporté si on s’en tient aux objectifs qui avaient été annoncés par le ministre.

    Par contre, elle a massacré l’enseignement des mathématiques dans le secondaire, conduisant aujourd’hui à un retour en arrière d’urgence. Donc le bilan est mauvais.

    C’est une mise à mort du baccalauréat dont on peut, avec le recul, se demander si ce n'était pas finalement la finalité non avouée recherchée. Le recours à des experts, des chercheurs et des énarques pour élaborer les programmes est une pratique qui fait sens dans l’enseignement supérieur, mais qui est inadaptée s’agissant du secondaire.

    L’exigence théorique était très élevée, bien trop ambitieuse eu égard au niveau actuel des jeunes qui entrent au lycée. Alors, lorsqu’il a fallu l'appliquer au terrain, les enseignants les plus rigoureux se sont élevés sur l’incapacité à conduire une classe entière avec des niveaux totalement disparates à un tel niveau académique.

    L’autre problème a été le caractère absolument non fonctionnel de la mise en place d’autant de combinaisons de spécialités dans tous les établissements, créant des disparités importantes d’un lycée à l’autre, d’une ville à l’autre.

    Les dérives ont été nombreuses. Notamment sur certains enseignements, relevant des sciences humaines, où la propagande de la culture woke a pris une place importante. Les programmes ont été conçus dans la précipitation.

    Une telle réforme n’aurait jamais dû être mise en œuvre à une telle distance du terrain et sans prendre le temps nécessaire, avec consultation des professeurs, d’établir des programmes adaptés.

    Outre les lycées d’excellence, le niveau était trop haut. Bien sûr, il est important de retrouver le chemin de l’excellence pour notre système éducatif, et c’est d’ailleurs ce que propose SOS Éducation dans ses 30 mesures pour l’École.

    Mais cela doit démarrer par une réforme structurelle profonde qui commence au CP, avec une priorité sur les fondamentaux et le retour à des méthodes efficaces, dont une réforme complète du collège, et à partir de là, le corpus des apprentissages au lycée pourra prétendre s’atteler à des enseignements de spécialité ambitieux.

    Actuellement cette réforme est inaccessible et produit l’effet inverse à l’objectif, puisqu’elle aggrave les inégalités sociales, laissées en jachère du CP jusqu’à la fin du collège.

    Atlantico : La trop grande diversité des menus et options proposés était-elle irréaliste ? Dans un communiqué de 2019, vous soulignez qu' avec « 12 spécialités, on peut faire plus de 220 combinaisons possibles » et que cette réforme était une usine à gaz ?

    Sophie Audugé : Les menus de toutes les options n’étaient pas disponibles dans tous les lycées. L’organisation du système n’était pas faisable, hormis dans des très grands lycées.

    Les lycées prestigieux, ceux adossés à une classe préparatoire par exemple, se sont adaptés vite et bien. Ils ont choisi les spécialités qui correspondaient aux besoins de leurs élèves et aux champs d’expertise de leur corps professoral.

    D’autres établissements ont fait ce qu’ils ont pu avec les moyens du bord, à savoir le niveau de leurs élèves et la possibilité de leur équipe enseignante de prendre en charge tel ou tel enseignement de spécialité.

    En réalité, dans cette réforme, le manque de stratégie, de moyens et de clairvoyance sur la réalité de terrain a totalement dévoyé les objectifs.

    Les spécialités sont pour beaucoup d’un niveau trop élevé et les professeurs ne sont pas tous en capacité de fournir l’enseignement demandé, ce qui rajoute une part d’arbitraire selon les établissements.

    Un professeur de géographie n’est pas nécessairement capable de donner un cours de sciences politiques. Le choix des spécialités se fait souvent par défaut.

    Au final, la réforme du Bac de Jean-Michel Blanquer s’avère être une orientation par les notes et pas du tout en fonction des souhaits et des appétences des élèves. Les notes, les effectifs et les spécialités disponibles, voilà les trois paramètres de l’équation dans une majorité de cas.

    Les parents qui ont essuyé les premières années de la réforme le savent bien. Certains, mieux informés, ont d’ailleurs pris les devant en investissant massivement dans des cours privés pour garantir les bonnes notes sur les spécialités voulues par leur enfant, en fin de seconde et en fin de première.

    Pour ceux qui le peuvent, le choix de l’établissement fait partie intégrante de l’équation, pour les autres, et bien… Ils ne seront sans doute pas énarques ni grands mathématiciens, mais ils prendront surtout un grand coup au moral avec le sentiment d’avoir été placés en « seconde classe » du train pour la réussite de tous, vanté par le ministre de l’Éducation nationale et par le président de la République.

    Atlantico : La philosophie même de la réforme, avec notamment une spécialisation très précoce des enfants, est-elle problématique ?

    Sophie Audugé : Dès la fin de la troisième, on commence à demander à un élève quelles matières il aime pour lui dire d’investir ses efforts dans ces dernières en vue du choix d’option. C’est une pression supplémentaire pour les élèves. Entre 14 et 15 ans, en seconde, il est encore très difficile pour la majorité des élèves de choisir sa voie, et l’orientation par défaut est souvent de mise.

    Mais ce qui est le plus critiquable, il nous semble, c’est que l’objectif d’un choix plus large de spécialités pour initier les jeunes à des domaines de savoirs nouveaux en vue de mieux cibler leur projet professionnel, et donc l’orientation post bac, est passé complètement à la trappe.

    Rappelons que c’était là l’un des objectifs majeurs de cette réforme, face au constat que 60 % des bacheliers échouent en première année du supérieur, et que parmi eux, une grande partie change d’orientation à l’issue de cette première année.

    Le problème de cette réforme est qu’ils ont voulu proposer des spécialités qui sont moins des matières que des champs d’études supérieures. Ce n’est pas une mauvaise idée au départ, et le pari de permettre une meilleure orientation pour plus de réussite post-bac est intéressant sur le papier.

    Mais derrière cette finalité théorique, il y a une réalité factuelle qui s’inscrit dans un historique de plusieurs décennies de mauvaises décisions pour l’école. En premier lieu, évidemment, le collège unique, la fin du redoublement, les 80 % d’une classe d’âge au bac, et leur corollaire : une grave dégradation du niveau des bacheliers.

    Aujourd’hui on a le sentiment que nos gouvernants n’ont rien appris de ces mésaventures et poursuivent droit dans le mur. Après avoir dégradé le bac, ils veulent orienter presque 100% des bacheliers vers le supérieur. Cela n’est pas faisable.

    Les conséquences, on les connaît : certaines filières du supérieur ne valent déjà plus rien! Des étudiants diplômés d’un bac + 3, 4 voire 5 ne sont pas capables d’avoir une pensée construite structurée ou de produire une note d’analyse de 2 pages sans fautes d’orthographe ou de syntaxe.

    L’effet obtenu est donc l’exact contraire de celui annoncé : une pression immense sur les enfants dès la troisième, et un bachotage ciblé sur les spécialités les plus attendues selon les critères des établissements du supérieur...

    Ces derniers n’ont d’ailleurs absolument rien fait pour s’adapter à la réforme : ils poursuivent comme ils l’ont toujours fait, en cherchant à recruter les meilleurs élèves, en les jugeant sur les matières les plus exigeantes au niveau académique, parmi lesquelles, les maths ! CQFD.

  • Si Macron « lèche le cul de la Chine », les bien-pensants lèchent le cul de l’Amérique ! par Marc Rousset

     

    Il suffit de lire dans le Figaro, depuis février 2022, les mensonges dogmatiques, outranciers, inconditionnels, systématiques, à sens unique, de mauvaise foi, pro-atlantistes, anti-russes, sur la guerre en Ukraine des journalistes Isabelle Lasserre et Laure Mandeville ! 

    Il est surprenant de voir tous ces médias qui soutiennent habituellement Macron se retourner subitement contre lui, suite à ses déclarations gaulliennes en Chine, pour une fois pleines de bon sens !

    La France ne doit pas être un valet de l’Amérique ; elle n’a absolument rien à faire en Ukraine, et encore moins à Taïwan, en Extrême-Orient, qui est chinoise depuis 1683, aussi longtemps que les Chinois ne voudront pas l’évincer de ses territoires stratégiques pleins d’avenir en Polynésie et en Nouvelle Calédonie !

    MARC ROUSSET.jpgMême l’ONU a reconnu dès 1971 que Taïwan était partie intégrante de la Chine, d’autant plus que pendant 20 ans, suite à la guerre civile sur le continent, le seul représentant de la Chine à l’ONU a été Taïwan de Tchang-Kai-Chek, face à Mao-Tsé-Toung ! Le problème de Formose, c’est que l’immense majorité de la population se sent chinoise mais, échaudée à juste titre par ce qui est arrivé à Hong Kong, elle ne veut pas du régime autoritaire chinois et de son niveau de vie moins élevé ; en fait tout se passe comme si la guerre civile reprenait entre les deux Chine ! Il se trouve qu’en Ukraine, contrairement à la propagande occidentale, le contexte est différent car les civils russophones de Novorossia, occupés en fait par l’armée otano-kievienne, sont majoritairement favorables à la Russie et à Poutine !

    Si le voyage de Macron en Chine est une catastrophe de plus, comme tout ce que peut faire un adolescent attardé qui ne connait pas l’histoire, imbu d’une idéologie bien-pensante complètement dépassée, droit de l’hommiste progressiste, fédéraliste au niveau européen, atlantiste, du moins les paroles prononcées sur l’autonomie stratégique française et européenne, ainsi que sur le non alignement avec les intérêts américains, sont pertinentes. La France n’a pas à faire la guerre pour le compte des Américains que ce soit en Ukraine, en Irak ou à Taiwan ! Comme dit le dicton, parfois sur un tas de fumier, il pousse quelques belles fleurs…

    Macron doit donc être conséquent avec ses déclarations, mettre fin à ses rêves d’Europe fédérale, arrêter de vendre l’industrie française à l’encan (Alstom à General Electric). Si la France veut regagner son indépendance stratégique et quitter l’OTAN (ce que n’envisage pas Macron) encore nous faut-il une Armée forte, puissante, autonome et une puissance industrielle, agricole, économique, technologique suffisante ! Maastricht a créé une France déboussolée, dépendante et pauvre, pas le surplus de puissance qui avait été promis par Mitterrand car les Français se sont laissées piéger par un euro stable et surévalué en passant des lois sociales suicidaires pour leur compétitivité (35 heures, et retraite à 60 ans complètement aberrante). De plus, les charges sociales, suite à l’invasion migratoire et à la gabegie des dépenses publiques, ont tué l’industrie française et l’ont amenée à délocaliser !

    Quant au ministre allemand de la défense Boris Pistorius, il ferait mieux de se taire car l’Allemagne réunifiée toujours jalouse de la France (perte d’un tiers de son territoire après 1945 et absence de force nucléaire), bien qu’ayant une supériorité économique évidente, a décidé d’être le n°1 en Europe en jouant la carte de valet de l’Amérique, en supprimant toute velléité d’indépendance, en achetant jusqu’à présent surtout des avions américains. On attend de savoir quel sort va être réservé à l’Avion de combat et au char d’assaut du futur, dans les années qui viennent. L’Allemagne qui accepte de voir l’Amérique saboter Nord Stream avec l’aide des Norvégiens, sans se plaindre, ni faire la moindre remarque, ni prononcer le moindre reproche, est un pays lâche, hypocrite et indigne ! En disant que « nous n’avons jamais été en danger d’être ou de devenir un vassal des États-Unis » Boris Pistorius ment comme il respire et se couvre de honte !

    C’est pourquoi la France doit pouvoir collaborer tous azimuts dans une Confédération ou une Europe des nations, pour réaliser des grands projets qu’elle serait incapable de réaliser toute seule, sans exclure aucun pays, Russie incluse, si elle y trouve un intérêt, afin de pouvoir partager les coûts de la réalisation de ces grandes réalisations, et de pouvoir accroître sa puissance industrielle, économique, technologique.

    Macron a eu parfaitement raison de dire que « nous sommes des alliés des États-Unis, des alliés fiables, solides engagés, mais nous sommes des alliés qui décidons pour nous-mêmes ». Et de rajouter à juste titre « La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise ». Bref, nous n’avons pas à jouer les supplétifs des USA pour Taïwan !

    Mais le tort de Macron c’est que c’est tout aussi vrai pour l’Ukraine qui ne concerne la France en rien très directement ! Bref, nous ne devons rien au peuple ukrainien, à part une aide humanitaire, comme l’a déjà écrit sur RL Jacques Guillemain. La France doit pouvoir faire entendre une voix gaullienne, singulière et libre qui correspond à ses intérêts, qui engage la vie de ses soldats ! Ces derniers sont prêts à mourir, à payer le prix du sang pour la France seulement, pas pour les dollars et l’impérialisme belliqueux de l’Oncle Sam !

    Comme le souhaitait De Gaulle, la France doit donc quitter l’OTAN et éviter de se laisser entraîner dans les guerres planétaires de l’Amérique ! Chirac a eu raison en 2003 de ne pas nous embarquer dans la guerre en Irak, après les mensonges d’État américains sur les armes de destruction massive dont personne n’a jamais vu la moindre couleur, ou les bobards médiatiques montés de toutes pièces sur les bébés koweïtiens soi-disant assassinés par les soldats irakiens, au même titre que les prétendus massacres de Bouchta par les militaires russes en Ukraine !

    La France a raison d’affirmer son autonomie stratégique, mais il faudra un autre Président que Macron pour lui en donner les moyens, ce qu’avait pu faire De Gaulle avec la force de frappe, une industrie florissante, l’ouverture d’une base spatiale à Kourou, la construction de très nombreuses centrales nucléaires… L’Occident n’existe pas : c’est tout simplement les pays anglo-saxons pour des raisons culturelles et linguistiques, plus les pays valets intéressés de l’Amérique tels que l’Allemagne pour mieux s’imposer en Europe, la Pologne, les pays nordiques, les pays baltes par peur de la Russie, le Japon et l’Australie par peur de la Chine ! La France doit donc pratiquer une politique exclusivement européenne conforme à ses intérêts vitaux dans un monde multipolaire et ne pas être le caniche des États-Unis dans une guerre impérialiste contre la Russie et la Chine, présentée comme un simple affrontement idéologique (démocraties « bidon » contre régimes autoritaires).

    Il est plus que temps de réaliser que les États-Unis sont, au-delà de leur image médiatique de démocratie droit de l’hommiste, avant tout une puissance guerrière, égoïste et impérialiste qui se moque complètement des intérêts français et européens. Ce sont les États-Unis qui viennent de nous tordre le bras, afin d’empêcher la France de vendre douze sous-marins à l’Australie, ce qui représentait, pour notre industrie navale, « le contrat du siècle » !

    Mitterrand a pu dire sur son lit de mort à Marc Benamou : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique… Oui, une guerre permanente, une guerre vitale. Leur propagande, les manipulations, leurs mensonges… Les Américains voulaient envoyer les Turcs bombarder les Serbes, j’ai fait ce qu’il fallait pour éviter cette folie » (Le dernier Mitterrand, 1997).
    Quant à De Gaulle, il a pu déclarer le 5 novembre 1963 : « La Vérité, c’est que les Américains finiront par se faire détester par tout le monde. Même par leurs alliés les plus inconditionnels. Tous les trucages qu’imaginent les Américains sont démentis par les événements » (cité par Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle, tome 2).

    L ’Amérique ne représente pas « le camp du Bien » ! C’est un pays qui traite Julian Assange d’une façon inhumaine, le pays qui a causé la mort de 929 000 personnes essentiellement en Afghanistan et en Irak, qui a exterminé les Serbes il y a 24 ans, qui a utilisé des munitions contenant de l’uranium appauvri en Irak (largage de 300 tonnes de bombes) et en Yougoslavie, qui continue de piller le pétrole syrien, qui n’a pas hésité à lancer des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Deux douzaines de pays, selon Sergueï Lavrov, souhaitent rejoindre les BRICS ou l’OCS.

    Selon Lu Shaye, ambassadeur de Chine en France : « Plus il y a de guerres dans le monde, plus les Américains se sentent en sécurité ». Les Américains ont lancé 251 interventions militaires depuis 1991 et 469 depuis 1798. Ce sont les seuls USA qui sont responsables de la guerre en Ukraine et qui nous amènent la guerre en Europe, sous la forme une guerre par procuration afin de dépecer la Russie en trois parties, ce qui était déjà annoncé d’une façon très claire en 1997 par Zbignew Brzezinski dans Le grand Échiquier. Dans l’attente de la guerre à venir pour Taïwan, afin de détruire la Chine, puissance montante !  L’Amérique ne se gêne pas pour écouter tous les gouvernements de la planète, comme l’a montré Snowden, et dispose de 867 bases militaires dans le monde entier plus 4 nouvelles bases en cours d’implantation aux Philippines.

    De Gaulle, ce que ne savent pas les Français, a passé son temps pendant la Deuxième Guerre mondiale, à combattre l’Amérique. Roosevelt et les Américains ont tout fait pour qu’il ne soit pas le successeur du Maréchal Pétain car considéré comme trop Français, insoumis et allergique à l’Amérique ! Éric Branca dans « L’Ami américain/Washington contre De Gaulle 1940-1969 » a brillamment démontré la lutte permanente, continuelle, à mort, entre le Général et l’Amérique. Cela a commencé par la préférence des Américains pour Darlan et Giraud, puis l’opposition frontale au désir des Américains d’imposer à la France le statut d’un pays occupé soumis à l’Amérique, avec une nouvelle monnaie d’occupation. Le honteux statut envisagé avait pour nom l’AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories ) ! De Gaulle ne « léchait pas le cul de l’Amérique »  !

    La lutte de Gaulle fut perpétuelle et permanente, dès les années 1950, avec le traître fédéraliste Jean Monnet et ses réseaux atlantistes vendus à l’Amérique, avec le scandale de la Communauté Européenne de Défense (CED) qui faisait disparaître complètement l’armée française dans une armée européenne intégrée, sans avoir le droit de dire quoi que ce soit, en renonçant à l’arme nucléaire, en laissant à l’Amérique le choix des armements, en devant demander l’autorisation au général américain commandant l’OTAN pour exporter des armes françaises à partir de la France !
    Lors de l’expédition de Suez, l’Amérique a fait pression pour nous enlever le bénéfice de la victoire militaire franco-britannique ! Pendant la guerre d’Algérie, l’Amérique était favorable au FLN, puis ensuite à l’OAS car c’était un moyen pour l’Amérique de se débarrasser de De Gaulle ! En quittant l’OTAN, en échangent le devises en dollars de la France contre l’or de Fort Knox, en mettant en place la force de frappe nucléaire, en créant la base spatiale de Kourou, avec son discours critique de Pnom-Penh, en criant « Vive le Québec libre » sur le balcon de l’Hôtel de ville à Montréal, De Gaulle a passé son temps à combattre l’Amérique et le monde anglo-saxon dont il se méfiait comme de la peste, pour l’avoir trop bien connu et de très près entre 1940 et 1945 !

    La conclusion s’impose : la France doit quitter l’OTAN et se rapprocher de la Russie, en pratiquant la « Real Politik » dans le monde, en respectant les États quel que soit le régime politique, en arrêtant de saouler l’Afrique avec la démocratie majoritaire du nombre des votes qui ne correspond pas aux réalités ethniques ! Ce n’est qu’à ces conditions que la France pourra retrouver sa place en Afrique et au Moyen-Orient ! La France ne dispose que de deux hommes pour remplacer le Général de Gaulle dans le contexte actuel : Éric Zemmour et Philippe de Villiers, deux hommes qui parlent le langage de la Vérité, de l’intelligence, du réalisme, des véritables intérêts géopolitiques et stratégiques à long terme de la France, le langage du courage et de l’honneur et qui, contrairement au RN de Marine le Pen et tous les partis politiques français, ne pratiquent pas la démagogie, « ne lèchent le cul » de personne, ni de l’Amérique ni des électeurs pour attraper leurs votes !

    Marc Rousset

  • 31 Décembre 1914 ... Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit ...

    L'année s'achève. Et qui ne fera son compte, sa récapitulation, ce soir ? Guillaume II à son quartier-général, qui est, dit-on, Mézières, nos ministres dans leurs palais fragiles, les soldats dans leurs tranchées, à leur foyer les femmes et les mères... Cinq mois d'une guerre dont on ne saurait entrevoir la fin, des événements qui, selon la coutume de tous les grands événements de ce monde, ont trompé les calculs les plus savants, tourné contre l'attente de tous. La France est encore envahie mais Paris est inviolé, en sûreté complète. Les Russes ne sont pas arrivés à Berlin pour la Noël, mais les Autrichiens sont chassés de Belgrade. Qui oserait, après cela, oser une prophétie ?...

    Cependant ce jour-ci incite à tenter de lire l'avenir. On se défend mal de pronostiquer. Et des faits accomplis, de la situation générale, de l'avis, du sentiment donné par tels ou tels qui ont pris part aux batailles, qui ont éprouvé le fort et le faible de l'ennemi, voici ce qu'après réflexion mûre il est peut-être permis d'induire. Voici ce qu'on croit entrevoir... 

    D'ores et déjà - on peut dire depuis la victoire de la Marne - l'entreprise de l'Allemagne a échoué : c'est un fait qu'elle-même ne discute plus. L'écrasement de la France, l'anéantissement de la "méprisable petite armée du général French", comme a dit l'empereur Guillaume, étaient la condition préalable et nécessaire d'une grande victoire sur la Russie. L'Allemagne ne peut plus gagner la partie, et son mot d'ordre, celui que le Kronprinz, Von Kluck et les autres chefs ont donné pour Noël à la nation allemande, c'était celui de la France au mois d'août : résister, tenir. 

    Quelle résistance peut fournir maintenant l'armée allemande ? Voilà la question.

    Un pays qui est capable d'efforts pareils à ceux que l'Allemagne a fait jusqu'ici, un pays qui depuis cinq mois soutient sur deux fronts une rude guerre, qui tient tête à une coalition géante, ce pays-là peut sans doute mener loin ses ennemis. La grande machine de guerre allemande est encore sur pied. La masse de la population allemande est dans un état d'esprit qui permet aux dirigeants de compter sur des sacrifices durables. De ces dirigeants eux-mêmes, il serait fou d'escompter une défaillance. Leur volonté restera tendue jusqu'au bout. Ils ont eu manifestement quelques faiblesses : quand les Anglais leur ont déclaré la guerre, quand Guillaume II a dégarni le front ouest pour sauver Koenigsberg. Erreurs diplomatiques, erreurs militaires, ils ont tout de suite travaillé à les réparer. Ils ont ne eux-mêmes la conviction que l'Allemagne est indestructible. Tant que cette conviction ne les aura pas abandonnés - et il faudrait pour cela des revers formidables - il n'y a pas à attendre que l'Allemagne officielle, armature du peuple allemand tout entier, vienne à mollir.

    Mais cette même Allemagne officielle, elle sait aussi qu'elle ne peut plus compter sur une paix plus favorable que celle qu'elle arracherait en ce moment à la lassitude des alliés. Elle a trahi sa pensée secrète en faisant des ouvertures à la Belgique, à la France, on dit même à la Russie. Traiter tandis que ses armées occupent presque tout le territoire belge, plusieurs grandes villes et un large morceau du territoire français, tandis que les Russes sont encore contenus en Pologne, elle sait bien qu'elle ne peut pas obtenir une situation meilleure, que cette situation même ne peut plus être améliorée. Quand l'Allemagne parle du million d'hommes qu'elle jettera de nouveau contre nous au printemps, elle sait bien que ces hommes-là ne vaudront pas ceux qui étaient partis au mois d'août. L'idée profonde de l'Allemagne, c'est qu'elle a fait partie nulle. Tout son effort tend à obtenir que cette idée devienne celle de ses adversaires.

    Quant à nous, la tâche qu'il nous reste à accomplir rets lourde, la route est longue. Chasser l'envahisseur du territoire, on pensait, après la victoire de septembre, que ce serait une affaire de semaines. Quatre mois se sont écoulés. Nous "progressons", mais pas à pas, ligne à ligne. Nous faisons toujours el siège (c'est un vaste siège : un état-major a demandé l'autre jour à Paris, d'urgence, un traité de Vauban), nous faisons le siège des fortifications que l'ennemi a construites sur notre sol et même celui des forteresses inutilisées par nous lorsque l'invasion s'est produite et que l'envahisseur a su rendre formidables : Laon, Reims, Maubeuge aussi peut-être... Les difficultés à vaincre sont immenses, on en peut se le dissimuler. Il y a trois jours, L'Echo de Paris, non sans dessein d'instruire et peut-être d'avertir le public, en donnait cette idée :

    "Dans cette guerre de positions, les Allemands ont fortifié leurs abris et tranchées avec les derniers perfectionnements, tant au point de vue de l'attaque que de la défense. Les engins les mieux appropriés à ces sortes de combats, ils les ont, et à foison. Rien ne leur manque. Ils ont les gros et petits projecteurs utilisés pour les combats de nuit et alimentés par des dynamos très puissantes . Il sont des fusées éclairantes. Ils ont de véritables engins de place montés sur affûts; ils ont des lance-bombes dernier modèle qu'ils appellent "Minenwerfer" (autrement lance-mines) de 245 millimètres. Ils se servent encore de canons de 50 millimètres protégés par des coupoles cuirassées, et de canons-révolvers de 57 millimètres."

    Ainsi, faute de mieux, les Allemands s'efforcent d'éterniser le combat. Est-ce-à-dire qu'il sera éternel ? Pas du tout. Le commandement français se flatte, d'approche en approche, d'arriver à conquérir sur certains points (plateau de Craonne par exemple, je pense) des positions, des crêtes, des hauteurs, d'où notre artillerie rendra les tranchées allemandes intenables. Alors on ne "progressera" plus, on avancera. Jusqu'où ? C'est une autre affaire. Le chemin de l'Aisne et de l'Yser à la Meuse et au Rhin, le chemin est long, et les Allemands ont eu le loisir de préparer, aux endroits favorables, de nouvelles lignes de défense. Faudra-t-il recommencer la même lutte ?

    Il semble que le commandement français, s'il le pense, ne s'en effraie pas. Il fait, au vu et au su d'éléments militaires qui ne sont nullement priés de garder le secret (peut-être même au contraire), des préparatifs pour une campagne sur le territoire allemand. Mais n'est-ce pas ce qu'il doit faire ? N'est-ce pas, tant que le gouvernement français est résolu à tenir "jusqu'au bout", son devoir étroit de prévoir l'écrasement de l'ennemi, de faire espérer la victoire complète à l'armée et à l'opinion ?

    Eh bien ! surtout chez les combattants (certes je ne dis pas chez tous), une idée forte, une idée qui s'enfonce, c'est que la guerre est virtuellement finie : c'est que, lorsque les armées qui sont entrées en campagne avec leurs cadres, leur matériel, leur entraînement, se sont battues plusieurs mois et se sont usées, le résultat est acquis, rien d'essentiellement nouveau ne peut plus survenir : c'est qu'il y  a dès maintenant chose jugée, c'est que nous ne pourrons faire beaucoup plus que ce que nous avons déjà fait et que c'est très beau, c'est que la guerre se terminera sans solution décisive - avec une Allemagne humiliée, sans doute, mais non vaincue - par une paix qui ne changera rien d'essentiel à l'état de choses préexistant. Il a fallu la guerre de Trente Ans pour mettre à bas l'ancienne Allemagne. Comment en quelques mois se flatter d'anéantir l'Empire le plus formidablement préparé à la guerre qui ait surgi dans les temps modernes, de l'abattre sans reprendre haleine ? Sans doute cette opinion ne tient pas compte des évènements qui peuvent se produire : intervention de l'Italie, de la Roumanie, paix séparée de l'Autriche. Mais d'autres évènements, moins heureux, peuvent survenir aussi... Ceux qui sont dans cet esprit (je répète que ce sont le plus souvent ceux qui, par le contact des armes, ont acquis le sentiment que, d'Allemagne à France, les forces se font équilibre et que cet équilibre ne saurait être rompu, essentiellement du moins, à notre profit), ceux-là définissent la paix future une "côte mal taillée". Le mot s'est répandu. De divers côtés, je l'ai entendu dire. Et ceux qui le répètent ne le désirent pas, ne se cachent pas que ce serait pour notre pays une catastrophe, qu'il importe d'éviter, au moins d'atténuer par une persistance courageuse.

    Car, dans cette hypothèse, chacun rentrant chez soi après cette vaine débauche de vies humaines, cette consommation d'énergies et de richesses, la carte de l'Europe étant à peine changée, les problèmes irritants demeurant les mêmes, on se trouve conduit à prévoir une période de guerres nouvelles où l'Allemagne humiliée, mais puissante encore et prompte à réparer ses forces, où l'Angleterre tenace, où les nationalités insatisfaites engageraient de nouveau le monde.

    Cet avenir, est-ce celui auquel il faut s'attendre ? Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit. Que de rêves se forment sans doute, sur les champs de bataille, aux foyers des absents, d'une Europe affranchie, d'une paix longue et sûre pour 1915. Bienfaisante illusion : y attenter serait un crime. C'est en secret que l'on confie au papier de pareils doutes. Que l'espèce humaine s'endorme donc, dans la croyance que les choses obéissent aux voeux des hommes; qu'elle s'imagine conduire quand elle subit. Misereor super turbam, est le grand mot sur lequel doit se clore cette année 1914, où les peuples se sont déchirés en vertu de  causes lointaines, d'un passé presque oublié, de responsabilités héritées des ancêtres, et de forces obscures à peine connues d'eux-mêmes et qu'eux-mêmes pourtant auront déchaînées... 

  • Mai 68 • Les acteurs de la contestation [3]

    Guerre contre eux-mêmes ... 

     

     

    Les auteurs de Génération. Les années de rêve, Hervé Hamon et Patrick Rotman, ont dressé une longue liste des protagonistes de Mai 68. Nous reprenons ce qu’ils disent du milieu familial et social de chaque acteur.

    Henri Weber 

    Henri Weber, né le 23 juin 1944 à Leninabad, à proximité du fleuve Amour, débute son parcours de militant politique aux jeunesses communistes. « Son père tient une échoppe d’artisan horloger rue Popincourt. Et toutes ses études, à Jacques-Decour, ont eu pour environnement Barbès, Anvers, la Goutte d’or – la zone la plus chaude de Paris pendant la guerre d’Algérie. […] Les coups, la haine venaient battre jusqu’à la loge du lycée. Une société qui a sécrété Vichy, puis les ʽʽaffairesʼʼ d’Indochine, puis les ʽʽévénementsʼʼ d’Algérie, une société qui a traqué les juifs, les Viets, les Arabes, ne saurait être qu’intrinsèquement mauvaise. […] Avant la Seconde Guerre mondiale, les parents d’Henri Weber, juifs l’un et l’autre, vivaient en Pologne, à Czanow. Une petite ville de haute Silésie, séparée par treize kilomètres dʼOswieciw – que les Allemands désignent d’un autre nom : Auschwitz. »[1] En 1949 la famille Weber émigre à Paris. « On parle yiddish et polonais, rue Popincourt. Toutefois, chez les Weber, un subtil équilibre tend à s’établir entre l’assimilation et la préservation de la tradition originelle. […] Le père, qui publie des articles dans de confidentielles revues juives, incite ses fils à ʽʽréussirʼʼ, mais les éduque simultanément dans le mépris du fric. Les cousins du Sentier qui se taillent peu à peu quelque fortune au fil de l’expansion du prêt-à-porter, malgré leurs voitures et leurs cadeaux, resteront dépeints comme d’éternels joueurs de cartes analphabètes, incapables de s’émouvoir devant une page de Heinrich Heine. Les pauvres ! La première affiliation militante d’Henri est imposée. Il a neuf ans et, pour calmer ses turbulences, on l’inscrit à l’association Hachomer Hatzaïr (en français : la Jeune Garde), qui rassemble dans un style mi-politique mi-scout les cadets du Mapam, le parti des sionistes de gauche. À quatorze ans, d’ailleurs, il séjourne en Israël dans un kibboutz. L’expérience est passionnante, chaleureuse. »[2] 

    Bernard Kouchner 

    Bernard Kouchner alias le French doctor « a rejoint l’UEC pendant la guerre d’Algérie, par antifascisme. Fils d’un médecin de gauche, il s’inscrit vers quatorze ans à lʼUJRF[3]. Militant actif du lycée Voltaire, il n’hésite pas, pour ses débuts politiques, à prendre l’autocar et à apporter son soutien – décisif – aux dockers grévistes de Rouen. […] Mais le virus ne l’atteint pas jusqu’à la tripe ; aux distributions de tracts, il préfère les boîtes de jazz, les filles. […] Schalite repère ce carabin fin et cultivé, et l’attire à Clarté. Kouchner débute par un compte rendu du livre de Salinger LʼAttrape-cœur et atteint d’emblée les frontières de l’autonomie – louanger un ouvrage américain... »[4] À travers les articles qu’il rédige pour Clarté, Kouchner dévoile que sa réussite personnelle lui importe plus que le triomphe du prolétariat, dont il n’est pas, lui le fils de notable. Il « lʼavoue dans un papier irrévérencieux et qui fait scandale. Sous la forme d’une ʽʽLettre à un moderne Rastignacʼʼ, publiée par Clarté, il donne aux jeunes gens de 1963 quelques conseils pour ʽʽarriverʼʼ. Rastignac, s’il entend parvenir à ses fins, doit décrier la société – il n’est pas de réussite sans contestation. Provocant en diable, Kouchner lance : ʽʽJe suis communiste et Rastignac. Paradoxe ? Détrompez-vous : le mélange n’est pas détonant. Il est même étonnamment efficace. Vous riez ? Je vous attends.ʼʼ »[5] Repéré par un ancien résistant et ministre de De Gaulle qui côtoya Staline, Emmanuel d’Astier de La Vigerie, qui « ressent plus que de la sympathie pour les rebelles de lʼU.E.C. »[6], il est propulsé par ce dernier rédacteur en chef de LʼÉvénement. Après son départ de lʼU.E.C., vers 1965, il se lance avec dʼautres dissidents communistes – ceux qui se faisaient appeler les « Italiens » – dans le mouvement de solidarité avec le Sud-Vietnam. Le pays subit alors un intense pilonnage aérien au niveau du dix-septième parallèle : les B 52 déversent du napalm sans discontinuer. L’ampleur du massacre est telle que partout dans le monde l’indignation est totale. L’émoi provoqué par les corps brûlés que révèlent les photos des magazines réveille la fibre humanitaire de Kouchner. Avec Laurent Schwartz, Jean Schalit et Alain Krivine il fonde le Comité Vietnam national, dont il est membre du comité directeur. 

    Robert Linhart 

    Robert Linhart, sorti de la khâgne de Louis-le-Grand, est admis à lʼÉcole normale supérieure de la rue d’Ulm. Il est le « fils de juifs polonais réfugiés, […] né en France pendant la guerre (son père, avocat à l’origine, est devenu représentant de commerce, puis ʽʽhommes dʼaffairesʼʼ) »[7]. Rue d’Ulm, sous la houlette de son professeur de philosophie Louis Althusser, il devient « le Lénine de lʼE.N.S. »[8], place éminente que seul Benny Lévy, lui aussi ʽʽulmardʼʼ, pouvait lui contester. 

    Benny Lévy 

    Benny Lévy, dont le « père, qui parfois gagne et souvent échoue au jeu de l’import-export, ne pèse guère à la maison ; ni Benny ni son plus proche frère, Tony, ne comprennent exactement ce qu’il vend. »[9] Benny Lévy n’est pas français, il est né en Égypte, « où les Lévy mènent une existence tribale. La part de religieux est faible dans l’éducation des enfants (quoiqu’une grand-mère soit fille de rabbin). Le rite est plutôt un repère culturel, le rendez-vous du vendredi soir. On parle français. […] Mais l’usage de cette langue ʽʽétrangèreʼʼ est infiniment plus, pour la circonstance, qu’une séquelle de l’histoire. C’est un commun dénominateur entre l’aile religieuse et sioniste de la famille, qui se délite peu à peu, et l’autre aile, celle qui domine en participant de la subversion communiste. L’intériorité juive s’estompe, le ʽʽprogressismeʼʼ prend le dessus et les mots français servent de truchement à cette conversion. Que deviendront-ils plus tard, Tony et Benny, les deux jeunes garçons de la tribu ? En pareils lieux et à pareille heure, le choix est restreint. Commerçants ? Comme papa ? Jamais ! Rabbins ? Leur mère fut sioniste de cœur pendant les années trente, mais la pente n’est plus celle-là. Les figures fortes, l’oncle, le frère aîné, l’emportent. Tony et Benny ne seront ni commerçants ni rabbins. Ils seront révolutionnaires. »[10] Conséquence de l’opération franco-britannique de Suez, la famille Lévy quitte l’Egypte en mars 1957. D’abord pour Bruxelles, où Benny impressionne ses professeurs. En 1965, il est accepté à Normale Supʼ : « Sʼil pénètre en ces augustes lieux, ce n’est certes pas pour des raisons universitaires. Il est là parce que là se joue son rapport à la France. Et il est là non pour se couler dans le moule de l’élite française, mais pour le muer en bastion révolutionnaire. » [11] 

    Alain Geismar 

    Alain Geismar, qui est « un petit Juif né en 1939 »[12] et qui étudie à lʼÉcole des Mines de Nancy, « passe le plus clair de son temps au local parisien des Étudiants socialistes unifiés, dont il est un des chefs sous la houlette de Jean Poperen […]. En quatrième, il était dans la même classe qu’André Sénik, aujourd’hui son concurrent de l’UEC. Le jour de la mort de Staline, Sénik l’orthodoxe arborait une boutonnière et un brassard noirs. ʽʽEncore un cochon de moins !ʼʼ, lui a aimablement décoché Geismar. Sénik a répondu avec ses poings. »[13] 

    Daniel Cohn-Bendit 

    Le plus connu des soixante-huitards, Daniel Cohn-Bendit, étudiant à Nanterre où il est « le leader de la petite bande qui récuse les leaders »[14], est « un juif allemand né en France – complexe histoire qui produit un fils d’émigrés pas vraiment juifs et assez juifs pour mériter l’étoile jaune sous Vichy. Les parents Cohn-Bendit sont agnostiques, la mère parle un peu le yiddish, le père, pas du tout. À Berlin, où réside la famille, ce dernier exerce la profession d’avocat et défend les communistes et socialistes emprisonnés. Quand Hitler prend le pouvoir, les Cohn-Bendit s’exilent en France. Pendant la guerre, ils participent à la Résistance. Daniel naît à Montauban en 1945. Il ne reçoit aucune éducation religieuse, n’est pas circoncis. […] En 1951, son père regagne l’Allemagne pour y reprendre son métier d’origine. La mère reste en France avec Daniel et son frère aîné, Gaby. […] Son père meurt en 1959, sa mère en 1963. Bac en poche, il revient en France et s’inscrit à la faculté de Nanterre »[15] où il se revendique membre d’un groupuscule libertaire, Noir et Rouge, et s’inspire des réflexions de lʼInternationale situationniste de Guy Debord, qui a été fondée en 1957, mouvement politico-artistique à l’on doit la maxime « L’humanité ne sera vraiment heureuse que le jour où le dernier bureaucrate aura été pendu avec les tripes du dernier capitaliste. » (Dossier à suivre)  

    [1]  Ibid., p. 144.

    [2]  Ibid., p. 145.

    [3]  Le nom de la branche jeunesse du PCF avant qu’elle soit rebaptisée MJCF.

    [4]  Ibid., p. 133.

    [5]  Ibid., p. 134.

    [6]  Ibid., p. 294.

    [7]  Ibid., p. 230.

    [8]  Ibid., p. 265.

    [9]  Ibid., p. 272.

    [10]  Ibid., p. 272-3.

    [11]  Ibid., p. 279.

    [12]  Jean Birnbaum, Les Maoccidents. Un néoconservatisme à la française, Paris, Stock, 2009, p. 62.

    [13]  Hervé Hamon, Patrick Rotman, op. cit., p. 76-77.

    [14]  Ibid., p. 392.

    [15]  Ibid., p. 392-393.  

     

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    Dossier spécial Mai 68

  • Mathieu Bock-Côté nous le conseille : ”Il vaut la peine de lire ce texte de Paul St-Pierre Plamondon, qui pose très bien

    POLITIQUES COMPLÈTEMENT IRRESPONSABLES EN IMMIGRATION :
    VERS UNE CRISE SOCIALE SANS PRÉCÉDENT
    Paul St-Pierre Plamondon
     
     
    Image
     
    La CAQ (Coalition Avenir Québec, ndlr) a présenté cette semaine un plan sur deux ans en immigration et annoncé une hausse des seuils à environ 64 000. Non seulement il s’agit à nouveau d’un bris évident d’une promesse électorale qui avait été jouée à gros trait, lorsque le premier ministre disait que c’était « suicidaire » d’augmenter à plus de 50 000 et que la « Louisianisation » nous guettait, mais en plus, la CAQ se joue de nous à nouveau en trafiquant les chiffres pour nous faire croire que les seuils demeurent à 50 000, ce qui est absolument faux.
     
    La CAQ a simplement changé la méthode de calcul pour camoufler la hausse, un autre épisode où le gouvernement prend les électeurs pour des valises en les induisant en erreur. Plus les semaines passent depuis la défaite dans Jean-Talon, plus ce gouvernement nous confirme qu’il ne comprend pas les raisons profondes qui ont amené les Québécois à lui retirer leur confiance. Or, ce 180 degrés en matière d’immigration n’aura pas que des conséquences sur les intentions de vote de la CAQ. Un regard lucide sur la situation sociale et économique qui découle de ces seuils d’immigration doit nous amener à conclure que nous construisons de toute pièce une crise sociale sans précédent. L’effet conjugué des seuils astronomiques du fédéral, de modifications des règles aux aéroports pour faciliter les demandes d’asile qui le plus souvent dissimulent une démarche d’immigration économique en marge du système, et de la mollesse de la CAQ qui n’a aucun rapport de force avec Ottawa, nous entraine dans des perturbations sociales qui sont déjà amorcées et qui ne peuvent que s’aggraver au cours des prochaines années : crise du logement, crise du français, crise au niveau des services essentiels. Cette crise sociale découle d’abord d’un manque de logements : il nous en manque 1,2 millions d’ici 2030. Pendant que le gouvernement caquiste a mené un grand débat pour savoir s’il devait y avoir 50 000 ou 60 000 immigrants permanents, entre janvier et juillet de cette année, le nombre de temporaires sur le territoire du Québec a augmenté de 85 000. On est rendu à 471 000 au total. Pour vous donner une idée de l’ordre de grandeur de cette augmentation, la CAQ accueille 9 fois plus d’immigrants temporaires à un rythme annualisé cette année que les libéraux de Philippe Couillard. Neuf fois plus. Au même moment, jusqu’à maintenant cette année, on aura construit un total de 19 500 logements. Ainsi, lorsqu’on inclut les permanents, on parle au minimum de 120 000 nouvelles personnes (et ces chiffres sont en retard, ils datent de cet été).120 000 nouvelles personnes pour seulement 19 500 nouveaux logements, c’est la recette parfaite pour un désastre. C’est ce que la Banque du Canada, la Banque nationale et la Banque de Montréal ont mis par écrit de manière limpide récemment: il y a un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande en raison d’une immigration trop forte pour notre capacité à bâtir du logement, ce qui entraîne une hausse des prix. L’impact concret de ces politiques est l’étranglement des finances des ménages. Les locataires font face à des hausses de loyers sans précédent, des augmentations de près de 50% dans certaines régions, parce que l’offre et de la demande de logement est complètement débalancée. L’itinérance a bondi de 44% au Québec sous la CAQ, on parle de 4500 personnes en situation d’itinérance juste pour Montréal. Depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ, le prix moyen d'une maison a augmenté de 64%. Dans toute l’histoire du Québec moderne, jamais une génération complète de jeunes premiers acheteurs n’aura vu sa capacité à accéder à la propriété disparaître aussi rapidement que depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement. En l’espace de cinq ans, nous avons créé une toute nouvelle génération de jeunes Québécois qui pourraient demeurer locataires pour toujours. C’est un bris du contrat social sans précédent puisque des jeunes qui occupent d’excellents emplois et qui se sont forcés toute leur vie pour y arriver n’auront pas la même chance que leurs parents d’être propriétaires. Tout ça parce qu’on a des gouvernements qui sont soit incompétents, soit de mauvaise foi, et certaines élites médiatiques qui trop souvent font tout pour contourner le sujet et ne pas nommer ce phénomène pourtant très bien documenté. Ce qui m’amène à la question du français : après des décennies et des décennies de travail, on est en train de défaire tout l’héritage des 40 dernières années en protection du français en accueillant un nombre d’allophones beaucoup plus élevé que notre capacité d’intégrer et de franciser. Cela s’explique notamment à travers des techniques du fédéral qui visent à faire rentrer des demandeurs d’asile qui sont pour une partie d’entre eux des immigrants économiques. Nous avons eu le chemin Roxham pendant une longue période et aussitôt qu’on l’a fermé, le fédéral a changé ses règles aux aéroports en catimini pour alléger les critères d’obtention d’un visa touristique au Canada, créant une arrivée massive de demandeurs d’asile aux aéroports et par le fait même, pérennisant le phénomène de Roxham. Cela n’est évidemment pas la faute des gens qui procèdent selon les règles du jeu qu’on leur a données; c’est la faute du gouvernement fédéral qui a complètement détourné une filière d’immigration, avec les conséquences que nous connaissons sur le Québec. L’effet tangible sur le français est que jamais dans toute l’histoire du Québec notre langue aura décliné et reculé aussi rapidement : rappelons que presque un allophone sur deux s’intègrera à l’anglais. C’est donc le summum du ridicule de voir le premier ministre s’autoféliciter et parler de fierté d’être celui qui en fait le plus pour le français depuis René Lévesque, alors que les livres d’histoire retiendront sans l’ombre d’un doute qu’il aura été le premier ministre qui aura vu le déclin le plus important du français de toute l’histoire du Québec, un recul qui découle d’abord de son propre aveuglement volontaire. L’impact sur la langue est indéniable : on ajoute à l’écosystème linguistique montréalais un groupe d’allophones et d’anglophones équivalent en population à la ville de Sherbrooke, et ce à chaque 5 ans. Un autre sujet qui n’est toujours pas amené avec transparence est l’impact sur les services. Dans certaines des écoles de ma circonscription, le tiers des classes sont des classes d’accueil pour des immigrants qui souvent ne maitrisent pas le français. Cela veut dire qu’une bonne partie des ressources de l’école est dirigée vers l’adaptation à une vague migratoire inédite. C’est aussi le cas en santé et pour les organismes communautaires qui, sous le couvert de l’anonymat, nous disent qu’ils ont largement excédé leur capacité à livrer et qu’ils ne voient pas comment ils vont réussir. Certains ont eu le courage d’en parler publiquement et nous avons appris, il y a quelques jours, que 40% des dormeurs dans certains refuges pour sans-abri sont des immigrants. Ce genre de situation est indigne de ce que le Québec a à offrir en matière d’intégration et est uniquement le résultat d’une absence de planification dans le mépris complet de notre capacité d’accueil. Comme le disait l’ambassadeur du Danemark à l’Union européenne pour expliquer la raison pour laquelle le Danemark a complètement changé son fusil d’épaule en immigration en décidant de limiter ses seuils : le Danemark avait le choix entre conserver le modèle d’État-providence avec des services à la population, ou abandonner ce modèle pour consacrer toutes les ressources à accueillir un nombre illimité de personnes dont l’intégration ne se fait pas facilement dans la société danoise. Les Danois ont fini par choisir de maintenir les services à la population en ayant une immigration en proportion de leur capacité d’accueil. Le même dilemme se pose au Québec et seul le Parti Québécois a le courage d’aborder cette question de manière transparente. Il y a une hypocrisie dans une partie des élites médiatiques et d’affaires qui consiste à éviter par tous les moyens de nommer ces constats, dans un désir de bien paraître, de signaler sa vertu ou simplement d’échapper à toute critique et intimidation idéologique. Cette hypocrisie consiste également à véhiculer des mensonges comme celui que la hausse des seuils mènera à une solution à la pénurie de la main d’œuvre, alors qu’il n’y aucune donnée au soutien de cette affirmation qui a été largement démentie par de nombreux économistes. La raison est simple : en faisant venir un nouveau travailleur, on fait aussi venir un consommateur, qui aura des besoins comme tout le reste de la population. L’effet macroéconomique, au final, est donc nul, peut-être même négative lorsqu’on considère la main d’œuvre nécessaire à la construction de nouveaux logements et pour offrir de nouveaux services d’accueil. À ce titre, la CAQ souscrit à ce mensonge dans la planification de l’immigration qu’elle a présenté cette semaine. Le Parti Québécois est dédié à donner l’heure juste sur cette question, comme sur tous les autres sujets. Même si une frange très minime de la population tente d’imposer un agenda idéologique en accablant d’intolérant ou de raciste toute personne qui nomme publiquement ces dynamiques et pose des questions sur nos politiques publiques. On le voit dans le reste du Canada : les mêmes questions se posent et les réponses sont encore plus vigoureuses. Il est temps qu’on se donne un espace de réflexion objectif, avant que les conséquences de ces mauvaises politiques s’aggravent davantage. J’ai eu l’occasion de le répéter à de nombreuses reprises, mais le débat ici que nous amenons en est un sur le modèle et les politiques publiques en matière d’immigration. Il n’a rien à voir avec les néo-Québécois individuellement, pour qui nous souhaitons tous qu’ils puissent s’épanouir et réussir l’aventure québécoise. Je l’ai dit durant la campagne électorale et je vais le redire ici pour que ce soit très clair : il n’y a AUCUN lien entre le nombre de personnes que nous souhaitons accueillir et notre niveau d’ouverture. Ce qui importe, c’est la manière dont nous accueillons les gens et les opportunités que nous leur donnons de se sentir un jour pleinement Québécois, pleinement chez eux. C’est ce que le Parti Québécois vise et nous devons nous donner un modèle durable à long terme pour y arriver, tant pour la société d’accueil que pour les gens qui la joignent. 

  • Éphéméride du 27 novembre

    511 : Mort de Clovis, à l'âge approximatif de 46 ans 

     

    Il faudra attendre encore presque cinq cents ans pour que les Capétiens, inaugurant la troisième dynastie (après celle des Mérovingiens - fondée par Clovis - et celle des Carolingiens - à partir de Pépin le Bref -) posent les bases de "la France", dans l'acception actuelle du terme.   

    Pourtant le rôle, l'oeuvre et l'action de Clovis sont immenses et, à cet égard, celui qui s'est fait baptiser à Reims le 25 décembre 498 est bien le premier Roi de France :  

    "...Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs" (Charles de Gaulle). 

     

    Sur Clovis, et l'importance capitale de son règne, voir : l'Éphéméride du 25 décembre (baptême de Clovis); sur le sens véritable de l'épisode du vase de Soissons, voir l'Éphéméride du 1er mars; et, sur les batailles décisives de Tolbiac et Vouillé, l'Éphémeride du 10 novembre (bataille de Tolbiac), et l'Éphémeride du 25 mars (bataille de Vouillé) 

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    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre II, L'essai mérovingien

    "...Il n'y a donc pas lieu de parler d'une conquête ni d'un asservissement de la Gaule par les Francs, mais plutôt d'une protection et d'une alliance, suivies d'une fusion rapide. La manière même dont les choses s'étaient passées, telles que nous venons de les voir, montre que l'élément gallo-romain avait appelé l'autorité de Clovis et que Clovis, de son côté, avait très bien vu que ce peuple désemparé, craignant le pire, désirait une autorité forte. S'il en eût été autrement, si les Gallo-Romains s'étaient bien trouvés du gouvernement des autres chefs barbares, Clovis ne fût pas allé loin.

    D'ailleurs les tribus franques n'étaient même pas assez nombreuses pour subjuguer toute la Gaule, pas plus qu'elles n'étaient capables de la diriger. Pour ces raisons, on vit tout de suite les Mérovingiens entourés de hauts fonctionnaires qui portaient des noms latins et qui sortaient des vieilles familles sénatoriales. Des généraux gallo-romains commandèrent des armées franques. Les lois, les impôts furent les mêmes pour tous. La population se mêla spontanément par les mariages et le latin devint la langue officielle des Francs qui oublièrent la leur, tandis que se formait la langue populaire, le roman, qui, à son tour, a donné naissance au français.   

    Les Gallo-Romains furent si peu asservis que la plupart des emplois restèrent entre leurs mains dans la nouvelle administration qui continua l'administration impériale. Et ce furent les Francs qui protestèrent, au nom de leurs coutumes, contre ces règles nouvelles pour eux, Ils avaient, du droit et de la liberté, une notion germanique et anarchique contre laquelle les rois mérovingiens eurent à lutter. Les "hommes libres" avaient l'habitude de contrôler le chef par leurs assemblées. La discipline civile de Rome leur était odieuse. Il fut difficile de les y plier et, en définitive, ils furent conquis plutôt que conquérants. Ce qu'on a dit du partage des terres entre les guerriers francs n'est que fables et Fustel de Coulanges a démontré que la propriété gallo-romaine n'avait changé ni de caractère ni de mains..."

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    Ce qui deviendra "la France", sous Clovis...

     

     

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    1095 : Urbain II prêche la Croisade

     

    C'est à l'occasion du concile de Clermont que le pape Urbain II proposa une expédition en Terre sainte afin de libérer le tombeau du Christ, au main des musulmans (plus précisément, les Turcs Seldjoukides).

    L'idée fut reçue avec enthousiasme : le concept de "croisade" ou "guerre sainte" était lancé et allait profondément marquer l’Occident médiéval.

    Moins de quatre ans plus tard, en 1099, les premiers croisés s’empareront de Jérusalem (voir l'Éphéméride du 15 juillet).

    Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, Chateaubriand propose une défense des Croisades (La Pléiade, Oeuvres romanesques, tome II, pages 1052/1053/1054) :

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    "...Les écrivains du XVIIIème siècle se sont plu à représenter les Croisades sous un jour odieux. J'ai réclamé un des premiers contre  cette ignorance ou cette injustice. Les Croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe, ni dans leur résultat. Les Chrétiens n'étaient point les agresseurs.

    Si les sujets d'Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l'Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l'Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n'auraient-ils pas faits le tour de l'Asie pour se venger des descendants d'Omar jusque dans Jérusalem ?

    C'est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l'Europe et de l'Asie, marchant en sens contraire autour de la Méditerranée, et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs.

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    N'apercevoir dans les Croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c'est montrer une vue très bornée en histoire. Il s'agissait, non seulement de la délivrance de ce Tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l'emporter sur la terre, ou d'un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l'ignorance, au despotisme, à l'esclavage, ou d'un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?

    Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont, pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n'avaient pas les petites idées qu'on leur suppose, et qu'ils pensaient à sauver le monde d'une inondation de nouveaux Barbares. L'esprit du Mahométisme est la persécution et la conquête; l'Évangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir; ils tâchèrent seulement d'intéresser en leur faveur Charlemagne; mais ni les Espagne soumises, ni la Grèce et les deux Sicile ravagées, ni l'Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes.

    Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des Barbares déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des Guerres Sacrées fut injuste ? Où en serions-nous, si nos pères n'eussent repoussé la force par la force ? Que l'on contemple la Grèce, et l'on verra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans. Ceux qui s'applaudissent tant aujourd'hui du progrès des lumières, auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d'Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes, et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?

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    Les États latins d'Orient 
     

     

    Les Croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes aux portes mêmes de l'Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvé de nos propres révolutions; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui, tôt ou tard, cause la ruine des États; remarque que le Père Maimbourg a faite, et que M. de Bonald a développée.

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    Le Krak des Chevaliers, en Syrie (voir l'Éphéméride du 8 avril)

     

    Quant aux autres résultats des Croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables aux progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux indes orientales. J'ajouterai qu'il ne faut pas, dans ces calculs, omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d'outre-mer. Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire; c'est celui qui a donné naissance à notre poésie épique.

    Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation, ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre coeur qui nous fait aimer la gloire; l'homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal, ce serait trop le ravaler; c'est en entretenant les Romains de l'éternité de leur ville, qu'on les a menés à la conquête du monde, et qu'on leur a fait laisser dans l'histoire un  nom éternel..."

     

    Cette remarquable défense des Croisades, par Chateaubriand, sera utilement complétée par d'autres propos remarquables sur ces mêmes Croisades, écrits par Jean Sévillia, que nous reproduisons ici (tirés de notre Éphéméride du 15 juillet) : 

    Dans notre Éphéméride de ce jour : à propos des Croisades...

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    1400 : Louis II d'Anjou entame la reconstruction du château de Tarascon
     

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     L'imposant château est bâti sur un énorme rocher, qui domine le Rhône : la racine ligure "asc" signifie "cours d'eau", et le préfixe "tar", "rocher" : Tarascon est donc le "rocher de le rivière"...

     

    Son fils Louis III poursuivra les travaux, ainsi que son frère René à la mort de Louis III, sans descendance.

    Puis René d'Anjou, "le bon roi René", n'ayant pas, lui non plus, de descendant mâle, fera de son neveu Charles du Maine, son héritier, lui laissant l'Anjou et la Provence (voir l'Éphéméride du 10 juillet).

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Aux origines des actuels représentants de notre Famille de France...

    Notre Éphéméride de ce 20 décembre évoque la mort de Marguerite de Provence, épouse du roi de France, Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis.

    Robert de Clermont, sixième et dernier garçon du couple, et dixième et avant-dernier de ses onze enfants, est aux origines de la Maison de Bourbon, représentante actuelle de la Maison de France (comme expliqué dans notre Éphéméride du 7 février.)

    Robert mourut en 1317...

    Ècu de Robert de Clermont, aux origines de la Maison de Bourbon

    1317 : Mort de Robert de Clermont, aux origines de la 3ème maison de Bourbon, aujourd'hui Famille de France 

     

    Pendant plusieurs siècles, le titre de Maison de Bourbon fut porté par celles et ceux qui possédaient la seigneurie de Bourbon l'Archambault et du Bourbonnais, ensuite appelée Duché de Bourbon, dans le nord de l'Auvergne, coeur de l'ancienne province du Bourbonnais.

    Il y eut d'abord deux premières familles de Bourbon, qui s'éteignirent assez rapidement et n'eurent jamais une grande importance, avant que le titre de sire de Bourbon n'entrât dans la famille des Capétiens directs, par le mariage de Robert de Clermont avec Béatrice de Bourgogne, dernière héritière de la deuxième famille propriétaire du duché :

    • la première famille de Bourbon, qui s'éteignit du côté des mâles en 1171, puis du côté des femmes en 1216; par le mariage de la dernière descendante de cette famille, Mahaut de Bourbon, avec Guy de Dampierre, la seigneurie de Bourbon passa à une branche de la famille de Dampierre, en 1196;

    • fondant la deuxième famille de Bourbon, le fils de Guy de Dampierre et de Mahaut de Bourbon, Archambaud VIII, ajouta le nom (et les armes) de sa mère à ceux de son père; mais cette Maison de Bourbon-Dampierre s'éteignit à son tour assez rapidement : du côté des mâles, en 1249 puis, du côté des femmes vers 1287. Par le mariage de la dernière héritière de cette famille, Agnès de Bourbon-Dampierre (morte vers 1287), avec Jean de Bourgogne, la seigneurie de Bourbon passa à leur unique enfant, leur fille Béatrice de Bourgogne. C'est cette dernière qui fit entrer le nom et titre de "Bourbon" dans la famille Capétienne;

    • fondateur, par son mariage avec Béatrice de Bourgogne, de la 3ème famille de Bourbon, Robert de Clermont était le dixième et avant-dernier des onze enfants de Louis IX (futur saint Louis) et Marguerite de Provence), et leur sixième et dernier garçon; il fut reconnu sire de Bourbon en 1283, possédant la terre de Bourbon par "le droit de la femme" ("de jure uxoris").

    Cette troisième Maison de Bourbon accédera au trône de Navarre en 1555, puis au trône de France en 1589, avec Henri IV.

    La famille que fonda Robert de Clermont est donc ainsi, aujourd'hui encore, la Famille de France, et elle essaima également à l'étranger : Espagne, Parme, Naples (ou Sicile), et - par les femmes, et le jeu des alliances matrimoniales - Belgique, Luxembourg, Brésil... 

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    Forteresse de Bourbon l'Archambault :

    http://www.forteressebourbon.fr/

     

    Des origines à nos jours : de l'humble seigneurie de Bourbon à la Famille de France...

     

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    (Illustration : "d'azur semé de fleurs de lys d'or et à la bande de gueules"les armoiries du Bourbonnais sont celles de Robert de Clermont, qui a brisé les lys de France en ajoutant une bande de gueules.)

     

    Dans leur acharnement "rattachiste", les plus enragés des généalogistes pensent pouvoir faire remonter la famille de Bourbon à... Childebrand, frère cadet de Charles Martel (c'est-à-dire à la première moitié du VIIIème siècle) ! Laissons les chercheurs chercher, et tenons-nous en à ce qui est avéré : comme l'écrit Michel Mourre : "Le premier membre de la famille connue dans l'Histoire est Adhémar, sire de Bourbon (début XIème siècle)". Pour le reste, pas grand-chose de réelle importance, jusqu'à la date de 1272 : cette année-là - comme on l'a vu plus haut - alors que la maison n'a plus d'héritiers mâles, la dernière représentante de la lignée, Béatrix de Bourbon, seule et unique héritière du nom et des biens, épouse Robert de Clermont, le dernier garçon du roi Louis IX et de son épouse, Marguerite de Provence.

    Toujours de Michel Mourre : "De ce mariage naquit Louis, premier duc de Bourbon (1327), qui mourut en 1341 en laissant deux fils : Pierre 1er, sire de Bourbon, et Jacques, comte de la Marche, qui furent la tige de deux branches" :

    1 : la branche aînée, fondée par Pierre 1er, dura environ deux siècles, et s'éteignit, faute de postérité, avec Suzanne de Bourbon, épouse de son cousin Charles, mort en 1527, le couple n'ayant pas eu d'enfant. Un membre de cette branche fut tué au désastre de Poitiers; sa fille épousa le roi Charles V; un autre membre de cette branche combattit les Anglais avec du Guesclin; un autre, fait prisonniers lors du désastre d'Azincourt, mourut, captif, à Londres; le membre le plus important de cette branche fut peut-être Pierre II : sire de Beaujeu, il épousa Anne, fille du roi Louis XI, et, à ce titre participa à l'excellente régence qu'exerça, pour le plus grand bien de la France, son épouse Anne de Beaujeu. C'est ce couple qui n'eut qu'une fille, Suzanne (voir plus haut), laquelle épousa son cousin Charles mais n'eut pas de postérité, ce qui marqua, donc, après deux siècles, l'extinction de la branche aînée...

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    2 : la branche cadette : à la différence de celle que fonda son frère Pierre, et qui ne dura que deux siècles, la deuxième branche de Bourbon fondée par Jacques, comte de la Marche - le deuxième enfant du premier duc de Bourbon, Louis premier - s'est perpétuée jusqu'à nos jours, atteignant la puissance et la grandeur que l'on sait, et débordant même très largement le cadre du seul territoire national.

    C'est dans cette branche que naquit - et mourut sans héritier - le Connétable de Bourbon (ci dessus), qui devait trahir François premier et la France : après avoir largement contribué à la victoire de Marignan, le Connétable s'allia à Charles Quint et Henri VIII, fut le principal artisan de la victoire de nos ennemis à Pavie, et envahit la Provence, qu'il avait conquise presque entière lorsqu'il échoua devant Marseille (voir l'Éphéméride du 19 août); il se retira alors, mais en désordre, en Italie, et trouva une fin sans gloire dans Rome, alors qu'il mettait à sac la Ville éternelle... (sur la trahison du Connétable de Bourbon, voir l'Éphéméride du 18 juillet)...

    À la mort - sans héritier - de l'ex-Connétable (en 1527), Charles de Bourbon (1489-1537) devint chef de toute la Maison : François 1er le titra duc de Vendôme.

    C'est à partir de ce moment-là que les choses s'accélérèrent, pour la Maison de Bourbon, et que la roue de l'Histoire se mit à tourner, de plus en plus vite, en sa faveur.

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    Dix-huit ans à peine après la mort de Charles, Antoine de Bourbon, par son mariage avec Jeanne d'Albret, devint roi de Navarre (1555). Le mariage fut, d'abord, très heureux, et les époux eurent un premier fils, qui vécût très peu, puis un second, qu'ils appelèrent Henri. Peu à peu, cependant, les liens se distendirent dans le couple : de fait, Antoine de Bourbon était roi de Navarre par sa femme (devenue Jeanne III à la mort de son père, la "loi salique" n'existant pas en Navarre) qui détenait donc le pouvoir réel, lui-même n'étant que le prince consort; ensuite, la France étant entrée dans l'épisode tragique des Guerres de religion, la rupture fut définitivement consommée lorsque Jeanne choisit la réforme, Antoine restant fidèle au catholicisme...

    Mais Henri de Navarre était né, au château de Pau, et sous un jour favorable, malgré les épreuves qu'il eut à subir.

    D'abord, à la différence de son père, il fut pendant quelques années, à la mort de sa mère, roi véritable de Navarre - et non roi nominal ou roi consort - sous le nom de Henri III de Navarre. 

    Ensuite, ce fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, devait devenir roi de France, cette fois sous le nom d'Henri IV, après l'assassinat d'Henri III de France en 1589 (et c'est pourquoi on l'appellera "Roi de France et de Navarre": voir l'Éphéméride du 2 août...

    Cette année-là, pour les Valois, se reproduisit exactement le même scénario qui avait mis fin à la branche des capétiens directs : de même qu'après Philippe le Bel ses trois fils lui succédèrent l'un après l'autre sans descendance, de même les trois fils de Henri II - François II, Charles IX et Henri III - régnèrent à tour de rôle, sans postérité. Même éloigné, le parent qui se rapprochait le plus du dévoué Henri III était... le descendant du sixième et dernier garçon de Saint Louis : Henri de Navarre...

    Ainsi donc, si, durant cinq siècles, le nom et titre de Bourbon ne fut jamais attaché à une grande prospérité, il devait, en cinquante-deux ans, et comme d'un coup, atteindre les sommets...

    Henri IV fut le père de Louis XIII, lui-même père de deux garçons : Louis (le futur Louis quatorze) et son frère Philippe, titré du beau nom historique - et qui éveille tant de grands souvenirs de notre roman national... - de duc d'Orléans.

    C'est de ce frère de Louis XIV, fils de Louis XIII et petit-fils d'Henri IV, que descendent les représentants actuels de notre Famille de France : Jean, comte de Paris et son fils, le Dauphin Gaston... (pour l'histoire plus détaillée de la branche d'Orléans, voir l'Éphéméride du 21 septembre).

     

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    Du sixième fils de Saint Louis à nos jours : le défunt Comte de Paris (à gauche) et l'actuel, le prince Jean, à droite, tenant son fils, le prince Gaston, Dauphin de France dans ses bras : huit siècles d'Histoire de France...

     

    À propos de la Navarre, de ses Armes et de l'expression "Roi de France et de Navarre"...

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     "de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au naturel"

    L'écu de Navarre se rattache aux armoiries que le roi navarrais Sanche VII le Fort adopta après l'immense victoire de Las Navas de Tolosa (près de Jaén, en Andalousie), remportée sur l'Islam par la chrétienté de l'Europe toute entière, venue au secours des Espagnols menacés d'être écrasés par la puissante invasion des Almohades, venus d'Afrique du Nord et de Mauritanie. C'était en 1212, un an avant la bataille de Muret (décisive pour le Royaume de France, car elle ouvrait la voie à une réunion prochaine des provinces du Sud-Ouest à la Couronne...), et deux ans avant la non moins décisive journée de Bouvines, dont on sait l'importance capitale...

    Lors de cette bataille de 

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : ”Se canto”... Patrimoine, Racines, Traditions, Beauté...

    1331 : Naissance de Gaston Phoebus 

     

     

    30 avril,bayard,françois premier,pierre terrail,marignan,garigliano,invalides,musée de l'armée,etats unis,louisiane,napoléon,bonaparte,cameronePhoebus est le nom latin d'Apollon, dieu du soleil. Gaston de Foix et de Béarn - qui prit d'ailleurs le soleil comme emblème - reçut ce surnom flatteur dès sa naissance, en raison de sa grande beauté et de son éclatante chevelure blonde.

     

    Ce n'est pas pour ses qualités politiques qu'il restera dans l'Histoire, car son action fut plutôt erratique : d'abord ami et allié du roi de France Philippe VI, il se brouilla avec son successeur Jean II le Bon, se rapprochant des Anglais, au tout début de la Guerre de Cent ans, puis se réconcilia avec Charles V, et laissa même tous ses biens en héritage à Charles VI, juste avant de mourir.

     

    Ce sont plutôt ses qualités reconnues d'homme de goût, raffiné et grand amateur d'art qui font se souvenir de cet ami de Froissart, qui écrivit de lui : 

     "J'ai vu bien des chevaliers, des rois, des princes. Mais jamais je n'en vis qui fut de si magnifique stature et de si merveilleuse prestance. Son visage était très beau, coloré et rieur. Ses yeux étaient verts et amoureux. En toutes choses il était parfait. Il aimait ce qu'il devait aimer, haïssait ce qu'il devait haïr. Il était aimable et accessible à toutes gens et il leur parlait doucement et amoureusement. Mais dans son courroux nul n'avait pardon." 

    Gaston Phoebus avait pris pour devise Toca-i se gausas  (Touches-y si tu oses, qui est encore aujourd'hui la devise des villes de Foix et d'Orthez). Grand amateur de chasse, il écrivit le Livre de chasse, qui reste l'un un des meilleurs traités médiévaux sur le sujet, et curieusement écrit en français, alors que la langue maternelle de Gaston était le béarnais : même Buffon, dans sa célébrissime Histoire naturelle y puisera de nombreuses, et précieuses, informations !

    Il composa également un Livre des oraisons, recueil de prières rédigées également en français, mais aussi - poète, grand amateur de musique et compositeur d'œuvres musicales - un recueil de chansons, le chansonnier provençal dit de Saragosse, conservant 18 pièces écrites, elles, non pas en français mais en langue d'oc.

    Une tenace tradition orale - loin d'être absurde, ou impossible... - lui attribue la paternité du magnifique chant Se canto (ou Aquelas montanhas), qui est de nos jours encore comme une sorte d'air commun, de signal de ralliement dans la beauté, la musique et le chant de tous les peuples du Midi.

    Gaston Phoebus aurait composé cette sorte d'hymne, magnifique, en l'honneur de sa première épouse, Mirabel, assassinée alors qu'elle attendait leur premier enfant, par un envoyé de Charles le Mauvais; ou alors parce qu'elle l'aurait quitté, lassée de ses infidélités; ou encore, elle aurait été contrainte de se réfugier en Navarre, loin de lui, et de l'autre côté de ces montagnes, "que tan auto soun"...

    Il existe un grand nombre de "textes" de ce chant, chaque province ayant, en quelque sorte le sien. La plus ancienne version écrite connue date de 1349, et elle est en béarnais. Nous donnons ci-après la version provençale, selon la graphie mistralienne...

     

    Refrain

      Se canto, que cante !                      S'il chante, qu'il chante !

          Canto pas pèr iéu :                          Il ne chante pas pour moi :

    Canto pèr ma miò,                           Il chante pour ma mie,

    Qu'es au liuen de iéu.                      Qui est loin de moi !

    I

    Aquéli mountagno                           Ces montagnes

     Que tan auto soun                          Qui si hautes sont

           M'empachon de vèire                       M'empêchent de voir

                      Mis amour ount soun.                      Mes amours là où elles sont.

    II

                    Auto, bèn soun auto,                        Hautes, elles ont bien hautes,

             Mai s'abeissaran                               Mais elles s'abaisseront,

    E mis amoureto                                Et mes amourettes

       Vers iéu revendran.                          Vers moi reviendront.

     III

    Souto ma fenèstro                             Sous ma fenêtre

           I'a un auceloun :                               Il y a un petit oiseau :

           Touto la niue canto,                           Toute la nuit il chante,

        Canto sa cansoun                              Il chante sa chanson

    IV

         Avau dins la plano                              En-bas, dans la plaine

            I'a'n pibòu trauca,                             Il y a un peuplier troué :

    Lou couguiéu ié canto                         Le coucou y chante

    Quand ié vai nisa.                               Quand il y va nicher.

    V

            A la font de Nimes,                              A la fontaine de Nîmes

    I'a un amelié                                       Il y a un amandier

                  Que fai de flour blanco                       Qui fait des fleurs blanches

     Au mes de janvié.                                Au mois de janvier.

               VI

         S'aquéli flour blanco                            Si ces fleurs blanches

                  Eron d'ameloun                                   Etaient de petites amandes                                                                                              (encore vertes)

               Culiriéu d'amelo                                  Je cueillerais des amandes

    Pèr iéu e pèr vous.                            Pour moi et pour vous.

     

     

  • Éphéméride du 30 avril

    1524 : Mort de Pierre Terrail, seigneur de Bayard (Musée de l'armée des Invalides : Salle des Armures)

     

     

     

     

     

     

    1331 : Naissance de Gaston Phoebus 

     

     

    30 avril,bayard,françois premier,pierre terrail,marignan,garigliano,invalides,musée de l'armée,etats unis,louisiane,napoléon,bonaparte,cameronePhoebus est le nom latin d'Apollon, dieu du soleil. Gaston de Foix et de Béarn - qui prit d'ailleurs le soleil comme emblème - reçut ce surnom flatteur dès sa naissance, en raison de sa grande beauté et de son éclatante chevelure blonde.

     

    Ce n'est pas pour ses qualités politiques qu'il restera dans l'Histoire, car son action fut plutôt erratique : d'abord ami et allié du roi de France Philippe VI, il se brouilla avec son successeur Jean II le Bon, se rapprochant des Anglais, au tout début de la Guerre de Cent ans, puis se réconcilia avec Charles V, et laissa même tous ses biens en héritage à Charles VI, juste avant de mourir.

     

    Ce sont plutôt ses qualités reconnues d'homme de goût, raffiné et grand amateur d'art qui font se souvenir de cet ami de Froissart, qui écrivit de lui : 

     "J'ai vu bien des chevaliers, des rois, des princes. Mais jamais je n'en vis qui fut de si magnifique stature et de si merveilleuse prestance. Son visage était très beau, coloré et rieur. Ses yeux étaient verts et amoureux. En toutes choses il était parfait. Il aimait ce qu'il devait aimer, haïssait ce qu'il devait haïr. Il était aimable et accessible à toutes gens et il leur parlait doucement et amoureusement. Mais dans son courroux nul n'avait pardon." 

    Gaston Phoebus avait pris pour devise Toca-i se gausas  (Touches-y si tu oses, qui est encore aujourd'hui la devise des villes de Foix et d'Orthez). Grand amateur de chasse, il écrivit le Livre de chasse, qui reste l'un un des meilleurs traités médiévaux sur le sujet, et curieusement écrit en français, alors que la langue maternelle de Gaston était le béarnais : même Buffon, dans sa célébrissime Histoire naturelle y puisera de nombreuses, et précieuses, informations !

    Il composa également un Livre des oraisons, recueil de prières rédigées également en français, mais aussi - poète, grand amateur de musique et compositeur d'œuvres musicales - un recueil de chansons, le chansonnier provençal dit de Saragosse, conservant 18 pièces écrites, elles, non pas en français mais en langue d'oc.

    Une tenace tradition orale - loin d'être absurde, ou impossible... - lui attribue la paternité du magnifique chant Se canto (ou Aquelas montanhas), qui est de nos jours encore comme une sorte d'air commun, de signal de ralliement dans la beauté, la musique et le chant de tous les peuples du Midi.

    Gaston Phoebus aurait composé cette sorte d'hymne, magnifique, en l'honneur de sa première épouse, Mirabel, assassinée alors qu'elle attendait leur premier enfant, par un envoyé de Charles le Mauvais; ou alors parce qu'elle l'aurait quitté, lassée de ses infidélités; ou encore, elle aurait été contrainte de se réfugier en Navarre, loin de lui, et de l'autre côté de ces montagnes, "que tan auto soun"...

    Il existe un grand nombre de "textes" de ce chant, chaque province ayant, en quelque sorte le sien. La plus ancienne version écrite connue date de 1349, et elle est en béarnais. Nous donnons ci-après la version provençale, selon la graphie mistralienne...

     

    Refrain

      Se canto, que cante !                      S'il chante, qu'il chante !

          Canto pas pèr iéu :                          Il ne chante pas pour moi :

    Canto pèr ma miò,                           Il chante pour ma mie,

    Qu'es au liuen de iéu.                      Qui est loin de moi !

    I

    Aquéli mountagno                           Ces montagnes

     Que tan auto soun                          Qui si hautes sont

           M'empachon de vèire                       M'empêchent de voir

                      Mis amour ount soun.                      Mes amours là où elles sont.

    II

                    Auto, bèn soun auto,                        Hautes, elles ont bien hautes,

             Mai s'abeissaran                               Mais elles s'abaisseront,

    E mis amoureto                                Et mes amourettes

       Vers iéu revendran.                          Vers moi reviendront.

     III

    Souto ma fenèstro                             Sous ma fenêtre

           I'a un auceloun :                               Il y a un petit oiseau :

           Touto la niue canto,                           Toute la nuit il chante,

        Canto sa cansoun                              Il chante sa chanson

    IV

         Avau dins la plano                              En-bas, dans la plaine

            I'a'n pibòu trauca,                             Il y a un peuplier troué :

    Lou couguiéu ié canto                         Le coucou y chante

    Quand ié vai nisa.                               Quand il y va nicher.

    V

            A la font de Nimes,                              A la fontaine de Nîmes

    I'a un amelié                                       Il y a un amandier

                  Que fai de flour blanco                       Qui fait des fleurs blanches

     Au mes de janvié.                                Au mois de janvier.

               VI

         S'aquéli flour blanco                            Si ces fleurs blanches

                  Eron d'ameloun                                   Etaient de petites amandes                                                                                              (encore vertes)

               Culiriéu d'amelo                                  Je cueillerais des amandes

    Pèr iéu e pèr vous.                            Pour moi et pour vous.

     

     

     

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    1524 : Mort de Pierre Terrail, seigneur de Bayard 

     

    Celui que tout le monde connaît comme  "le chevalier sans peur et sans reproches"  était coutumier des actions héroïques : il défendit seul, en 1503, le pont du Garigliano contre 200 ennemis; en 1515, il contribua d'une manière décisive à la victoire de Marignan (voir l'Éphéméride du 13 septembre), et François Premier voulut être armé chevalier par lui, sur le champ de bataille.

    Témoignant d'un égal courage et d'un égal héroïsme dans la défaite comme dans la victoire, il fut mortellement blessé en couvrant la retraite de l'armée le 30 avril 1524, en traversant la Siesa, après la défaite de Romagnano : avant de mourir, le connétable de Bourbon - qui venait de trahir son roi et la France - vint le saluer, et le plaindre, s'attirant une réponse cinglante : voir notre Éphéméride du 18 juillet.

    Michel Mourre écrit de lui qu'il fut le  "modèle des vertus de courage, d'honneur militaire, de générosité à l'égard de l'ennemi vaincu." 

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    Armure de Bayard au Musée de l'Armée (Hôtel des Invalides) 

    www.histoiredumonde.net/article.php3?id_article=1764 

     

     

     

  • GRANDS TEXTES (39) : Le mythe de la jeunesse, par Pierre Boutang (Revue universelle, février 1941)

    Pierre Boutang, jeune militant d'Action français aux environs de la guerre

     

    2504458051.5.jpgCe texte s'adresse à la jeunesse d'un pays défait, vaincu et occupé, la jeunesse française, de l'hiver 1941.

    Boutang en fait lui-même partie. Il a 24 ans et l'on admirera encore aujourd'hui la puissance de ses sentiments, la vigueur de sa pensée.

    Bornons-nous à résumer son exhortation : « Désormais, nous sommes une jeunesse qui veut se situer à l'origine ». 

    Laquelle ? La France millénaire.

    En un sens, nous voici dans une situation en partie comparable, victimes d'une autre forme d'invasion, d'une autre occupation.

    Nous aussi n'aurons de salut que si nous restons un peuple qui veut se situer à l'origine

    Lafautearousseau   

    IMG 2.jpg

    Le mythe de la jeunesse a fondu sur nous avec la défaite. Et nous voilà hésitants, ignorants, bégayant des cantiques à la déesse inconnue. Nous attendons, comme dans le terrible Champ de blé aux corbeaux de Van Gogh, que la moisson pourrisse au vol noir du désastre ou que quelque chose paraisse qui donne son sens au destin.

    Aurons-nous le courage de vouloir, aurons-nous la force de chanter ?

    On nous a assez dit que nous ignorions la force et la grandeur des mythes, et c'est vrai que nous n'avions pas conçu de mythe de nous-mêmes, que nous n'avions pas de mythe de la jeunesse.

    Ce n'est pas une raison pour emprunter aux autres leurs histoires, si belles et tentantes qu'elles nous apparaissent ; car il n'y a pas de jeunesse universelle, sinon par certains caractères négatifs et indéterminés. Et ce qui parfois fait de la jeunesse une jeunesse, ce qui vient donner forme à ses pures possibilités, c'est la réalité de la nation, le destin de la nation. La jeunesse d'un pays battu n'est pas la jeunesse d'un pays vainqueur. Nous allons peut-être, grâce à un véritable État français, grâce au Chef qui incarne cet État, devenir une Jeunesse. Mais que l'on respecte notre nature propre et la particularité de notre destin. Que l'on ne nous parle pas trop de joie. La joie est conscience d'une perfection atteinte, d'un devenir accompli. « Nous sommes une jeunesse au rire dur », écrivait Henri Lagrange en 1914. Si, en 1940, nous ne sommes plus une jeunesse au rire dur, c'est que nous n'avons plus envie de rire du tout ; c'est que l'inutile sacrifice de ceux qui eurent vingt ans en 1914 n'est pas précisément quelque chose qui puisse nous inspirer de la joie — peut-être seulement un peu de fierté sombre, car nous sommes, on ne peut nous empêcher de le savoir, les fils de ces vainqueurs inutiles et douloureux.

    Plus salubre, le mot d'Alain-Fournier : « Nous ne chercherons pas le bonheur, nous avons bien autre chose à faire. »

    saintlouis_reliquaire.jpgSi nous ne voulons pas de la joie, et justement par pitié et amour de la joie qui peut-être viendra, nous ne voulons pas non plus de la force, par amour et merci de la force qui ne nous manquera peut-être pas toujours. C'est une vertu que la force, une des plus hautes, ce n'est pas un fait, ce n'est pas non plus un programme. Celle que nous voyons surgir à nos moments d'espoir, lumineuse et sereine, nous ramène au passé, et c'est Saint Louis ou c'est Bayard.

    — Et quoi ! toujours le passé ?

    Mais c'est que nous n'avons pas un passé comme les autres, et nos vertus ne sont pas comme celles des autres, nos vertus longtemps oubliées, pourtant présentes. Et cela est vrai que « s'il n'y avait pas ces Français », et ces jeunes Français, il y a des choses que Dieu fait et que personne ne comprendrait.

    Nous vous en prions, professionnels, théoriciens et flatteurs de la jeunesse, qui avez déjà essayé votre éloquence aux temps honteux de la démocratie, ne nous définissez pas par cette force abstraite, cette force indéfinie et si douloureusement absente.

    Laissez-nous, désarmés, sans pouvoir autre que sur nous-mêmes, songer librement à une force bien précise et délimitée, à une loi de force inscrite au coeur du monde et de l'histoire : à la force française. L'adversaire ne nous demande pas d'oublier cela : il a bien autre chose à faire. Il ne nous demande pas de rêver une Internationale de la Jeunesse, lui dont la jeunesse n'est forte que par les déterminations qu'elle puise dans la nation. Que serait une  jeunesse qui crierait les mythes des autres, qui parlerait de force quand elle est encore faiblesse et division, qui se placerait au terme, supposerait la tâche terminée, quand elle a le devoir de se placer à l'origine ?

    Et voilà bien le point. Nous sommes une jeunesse qui veut se situer à l'origine. Non pas à l'origine de tout, mais à l'origine de la France. Il y avait, une fois, une jeunesse de la France, une jeune possibilité qui pouvait mourir ou passer à l'acte. Et il y avait une jeune monarchie qui donnait corps et force à ce possible.

    Et parce qu'il y avait la jeunesse de la France, et ce refus et profond de la mort : le roi de France ne meurt pas, ni le roi ni la France ne meurent, il y avait une jeunesse française, innocente et hardie - non pas un mythe de la jeunesse, non pas une jeunesse en général, mais justement une jeunesse française, une jeunesse de notre pays.

    Être jeune, cela signifiait croître sans se répéter, épuiser une noble durée, à la recherche d'un point de perfection, de ce qui ne saurait se perdre ni vieillir. Cette recherche, c'était la jeunesse au sens strict : l'âge de la jeunesse. Mais la jeunesse, en un sens plus haut, c'était l'objet de la recherche et son accomplissement. Cela n'avait pas d'âge, c'était la perfection atteinte et l'instant éternel de cette perfection. Et les jeunes hommes alors savaient bien que l'idéal et le modèle, ce n'est pas le jeune homme, mais l'homme, et peut-être le vieillard : le véritable homme, celui qui n'est pas un jeune homme « prolongé », ni un jeune homme qui a manqué son but. Car la jeunesse qui n'aspire pas à l'accomplissement, qui ne veut pas s'abolir dans les perfections entrevues, ce n'est plus une flèche qui vole, c'est une flèche qui rampe, et c'est une jeunesse de mort. Et cela aussi les jeunes gens le savent, puisque leur désir le plus authentique, c'est de devenir des hommes.

    La jeunesse a donc sans cesse un autre objet que soi, qui la tourmente et la fait mûrir. Elle se supporte mal, et elle ne se supporte pas du tout. Et c'en serait fini d'elle si elle se supportait ou même se tolérait, si elle se traitait comme une chose accomplie.

    Mais sa vertu est la patience, la patience de son développement, le ferme propos de ne pas brusquer ce mouvement vers la perfection.

    Il n'y a qu'un jeune qui se devance soi-même et échappe à la loi du mûrissement : c'est le héros. Il se devance jusque dans la mort, et fait mûrir lui-même, autre soleil, le fruit âpre de sa mort Encore ne se devance-t-il ainsi que par une plus secrète patience, une attente souvent longue où la perfection lui est apparue comme l'objet de son désir : il n'est de héros que par la tradition héroïque, et les premiers héros l'ignorèrent si peu qu'ils se conçurent des modèles et s'appelèrent demi-dieux.

    Et voici que tout est devenu à la fois dur et simple pour la jeunesse de France, puisqu'il y a un biais par où tout recommence, puisque l'unité s'est retrouvée et affirmée justement à cause de ce qui la menace, puisque nous sommes au matin de tout. La seule question pour notre jeunesse est d'être française, et d'être originellement française pour ainsi dire. Elle se comprendra soi-même si elle sait comprendre la jeunesse de la France. La France n'est-elle pas maintenant plus jeune et plus ancienne que toute l'Europe ?

    Nous sommes donc, dans une Europe tourmentée et motivante, cette même jeunesse de la France capétienne, attentive seulement à son unité naissante (mais pour nous elle est renaissante et c'est notre surplus), attentive à son idée et à son espérance, avec tout à faire devant, mais avec cette certitude que cela vaut la peine d'être fait, et que Dieu n'est pas contre. Attentive à soi seulement, et au pré carré, et c'est dans ce pré seul que nous voulons danser si un jour l'envie nous en vient, et tout le fracas de l'Europe qui se déchire ne troublera pas notre idée, car nous sommes patients, têtus et désarmés. Désarmés comme à l'origine, avec seulement cette infrangible unité et cet état naissant. Et les espérances de nos pères sont devenues nos souvenirs, et nos souvenirs deviennent notre espérance, et nous sommes là dans ce jardin, dans ce coin d'Europe, et nous sommes la plus jeune jeunesse d'Europe, parce que c'est nous qui avons les plus beaux souvenirs qui sont maintenant nos plus beaux désirs.

    2000px-Arthur_Rimbaud_signature.jpgNous approfondirons tout cela chaque jour. Tout ce que nous avons aimé avant la guerre, et ce qui charma notre enfance, nous le verrons dans la perspective de cette idée, de notre idée capétienne de la vie. Même Rimbaud (signature ci contre, ndlr) nous le regagnerons, nous le reprendrons aux surréalistes, et la merveilleuse fin de la Saison en Enfer prendra pour nous son vrai sens :

    « Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit !
    « Le sang séché fume sur ma face et je n'ai rien derrière moi que cet horrible arbrisseau.
    « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes...
    « Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle.
    « Et, à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes. »

    Tel le voeu de cette jeunesse, la plus moderne parce que la plus ancienne, jeunesse d'une nation maintenant la plus semblable à son origine. Point de cantiques à la jeunesse ; pas d'émerveillement, qui serait un reproche — puisque ce qu'elle veut faire elle ne l'a pas encore fait. Seulement cette promesse, cette patience ardente, ce désir de perfection qu'une recherche commune détermine et dirige.

    Au bout, le meilleur nous sera donné si nous gardons en la mémoire ceux-là qui peuvent seuls ordonner et mesurer notre mouvement : nos saints, nos frères et nos morts.  

     

     

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    Retrouvez l'intégralité des textes constituant cette collection dans notre Catégorie

    "GRANDS TEXTES"...

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  • GRANDS TEXTES (2) : L'inoxydable 24ème chapitre de ”Kiel et Tanger”, de Charles Maurras

    De "Kiel et Tanger", Boutang a dit qu'il était "un acquis pour la suite des temps"...

    Nous avons choisi d'en reproduire in extenso le fameux chapitre XXIV, intitulé "Que la France pourrait manoeuvrer et grandir". Son actualité laisse rêveur...

    De nombreuses personnalités de tout premier plan - Georges Pompidou, alors Président de la République en exercice, pour ne prendre qu'un seul exemple... - n'ont pas caché l'intérêt qu'elles portaient à cet ouvrage, ni l'influence que le livre en général, et ce chapitre XXIV en particulier, avaient exercé sur elles : on les comprend, quand on le (re)lit...

    Mais, d'abord, un petit rappel historique : 18 juin 1895, Gabriel Hanoteaux - Ministre des Affaires étrangères - se rapproche de l'Allemagne et cultive l'alliance russe : les escadres allemande, russe et française se rencontrent et paradent devant le canal de Kiel, en mer Baltique. Presque dix ans plus tard, les radicaux ayant pris le pouvoir en France, Delcassé inverse cette politique extérieure, et parvient à l'Entente cordiale avec l'Angleterre.

    En guise de représailles et d'avertissement à la France, Guillaume II débarque à Tanger, le 31 mars 1905, pour manifester sa puissance et contrecarrer les visées françaises dans la région...

    Maurras en tire la conclusion que la République française n'a pas de politique extérieure, entre autres choses parce que ses institutions ne le lui permettent pas...

     

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    Chapitre XXIV : Que la France pourrait manœuvrer et grandir.

     

    Alors, pour n'avoir pas à désespérer de la République, bien des républicains se sont résignés à un désespoir qui a dû leur être fort douloureux : ils se sont mis à désespérer de la France. Résistance, vigueur, avenir, ils nous contestent tout. Ce pays est peut-être absolument épuisé, disent-ils. Sa dégression militaire et maritime n'exprime-t-elle pas un état d'anémie et d'aboulie sociales profondes ? Sans parler des mutilations que nous avons souffertes, n'avons-nous pas diminué du seul fait des progrès de l'Univers ?

    La population de l'Europe s'est accrue. L'Amérique s'est colonisée et civilisée. Nos vingt-cinq millions d'habitants à la fin du XVIIIème siècle représentaient la plus forte agglomération politique du monde civilisé. Aujourd'hui, cinq ou six grands peuples prennent sur nous des avances qui iront bientôt au double et au triple. La terre tend à devenir anglo-saxonne pour une part, germaine pour une autre. Slaves du Nord, Slaves du Sud finiront par se donner la main. L'Islam renaît, le monde jaune s'éveille : à l'un l'Asie, l'Afrique à l'autre.

    Que pourra faire la petite France entre tous ces géants ? Barbares ou sauvages, à plus forte raison si elles sont civilisées, ces grandes unités ne paraissent-elles pas chargées de la dépecer ou de l'absorber par infiltrations graduelles ? Peut-elle avoir un autre sort que celui de la Grèce antique ?

     

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    D'immense Empire macédonien sous Alexandre (ci dessus),
    la Grèce antique est devenue par la suite
    une minuscule portion de l'immense Empire romain (ci dessous) :
     
    un sort de ce type attend-il la France ?...
     
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    Ceux qui font ce raisonnement oublient trop que, des grandes agglomérations nationales qui nous menacent, les unes, comme l'Italie et l'Allemagne, ne sont pas nées de leur simple élan naturel, mais très précisément de notre politique révolutionnaire, et les autres ne sont devenues possibles qu'en l'absence d'une action vigoureuse de Paris. En général, elles sont nées extérieurement à nous, des mouvements nationalistes que notre politique nationale n'a pas été en état de combattre ou même qu'elle a sottement servis et favorisés. Nous avons favorisé l'unification des peuples européens, nous avons laissé faire l'empire britannique.

    L'Amérique avait été séparée par Louis XVI de l'Angleterre, et son histoire ultérieure eût été un peu différente si Louis XVI avait eu quatre ou cinq successeurs réguliers, c'est-à-dire aussi versés dans l'art de pratiquer des sécessions chez les voisins que de maintenir entre les Français l'unité, la paix et l'union…louis xvi independance etats unis.jpg

    L'Amérique avait été séparée de l'Angleterre par Louis XVI...
    (Traité de Versailles, 1783)
     
     
     

    Notre natalité a baissé ? Mais il n'est pas prouvé que cette baisse soit indépendante de nos lois politiques, ces chefs-d'œuvre de volonté égalisante et destructive qui tendent à rompre l'unité des familles et à favoriser l'exode vers les villes des travailleurs des champs. Il n'est pas prouvé davantage qu'on ne puisse y remédier, directement et sûrement, par un certain ensemble de réformes profondes doublées d'exemples venus de haut. Une politique nationale eût changé bien des choses, du seul fait qu'elle eût existé. Elle en changerait d'autres, si elle profitait des réalités favorables qu'une diplomatie républicaine, condamnée à l'inexistence ou à la démence, ne peut que laisser échapper.

    Plus d'une circonstance très propice semble nous sourire aujourd'hui. Il suffirait de voir, de savoir, de prévoir. C'est nous qui manquons à la fortune, nous n'avons pas le droit de dire que l'occasion fera défaut. On se trompe beaucoup en affirmant que l'évolution du monde moderne ne peut tendre qu'à former de grands empires unitaires. Sans doute une partie de l'univers s'unifie, mais une autre tend à se diviser, et ces phénomènes de désintégration, comme dirait Herbert Spencer, sont très nombreux. Les virtualités de discorde, les causes éventuelles de morcellement, les principes de guerres de climats et de guerres de races existent, par exemple, aux États-Unis ; ils y sont moins visibles que l'impérialisme, mais le temps, les heurts du chemin et des brèches adroites pratiquées de main d'homme les feraient apparaître facilement un jour.

    Une foule de petites nations séparées se sont déjà formées au XIXe siècle en Europe, comme en peut témoigner la mosaïque des Balkans, dont nous n'avons su tirer aucun parti pour la France. La Norvège et la Suède ont divorcé. La Hongrie semble parfois vouloir rompre avec l'Autriche, qui elle-même est travaillée des revendications croates et roumaines. Cela fait entrevoir beaucoup de possibles nouveaux.

     
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    L'URSS : création, expansion..., disparition !
     
     
     
     

    Ce serait une erreur profonde que de penser que tout petit peuple récemment constitué doive fatalement se référer, en qualité de satellite, à l'attraction du grand État qui sera son plus proche parent, ou son plus proche voisin, ou le plus disposé à exercer sur lui, par exemple, la tutelle affectueuse de l'Empire britannique sur le Portugal.

    Les Slaves du Sud ne sont pas devenus aussi complètement vassaux de Saint-Pétersbourg que l'indiquaient leurs dispositions d'autrefois. Le tzar blanc les recherche ; il leur arrive d'accepter ses bienfaits comme vient de le faire le nouveau roi des Bulgares. Mais les Slaves sont repoussés par une crainte autant qu'attirés par un intérêt : la monarchie austro-hongroise peut les grouper. À supposer que Budapest devienne indépendante, de sérieux problèmes de vie et de liberté se posent pour les Magyars placés entre le Hohenzollern de Berlin et celui de Bucarest. On soutient que, dans cette hypothèse, le Habsbourg serait vivement dépouillé par le roi de Prusse. C'est bientôt dit. D'autres solutions sont possibles, qui seraient plus conformes au nationalisme farouche des États secondaires, celle-ci notamment : l'addition fédérale ou confédérale de tous ces États moyens tendant et même aboutissant à former un puissant contrepoids aux empires. Il n'y faudrait qu'une condition : cet ensemble ayant besoin d'être organisé, il resterait à trouver l'organisateur, ou, si l'on veut, le fédérateur, car rien ne se forme tout seul.

    Le choc des grands empires, remarquons-le, pourra multiplier le nombre de ces menues puissances qui aspireront ainsi à devenir des neutres. Chaque empire éprouvera une difficulté croissante à maintenir son influence et sa protection sans partage sur la clientèle des nationalités subalternes. La liberté de celles-ci finira par être partiellement défendue par le grave danger de guerre générale qui résultera de toute tentative d'asservir l'une d'elles ou d'en influencer une autre trop puissamment.

    Le monde aura donc chance de se présenter pour longtemps, non comme une aire plane et découverte, abandonnée à la dispute de trois ou quatre dominateurs, non davantage comme un damier de moyens et de petits États, mais plutôt comme le composé de ces deux systèmes : plusieurs empires, avec un certain nombre de nationalités, petites ou moyennes, dans les entre-deux.

     

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    Caricature américaine des années 50 sur l'équilibre de la terreur.

    Sur les missiles est inscrit : "Ne doivent en aucun cas être utilisé, l'ennemi pourrait répliquer."

     

               

    Un monde ainsi formé ne sera pas des plus tranquilles. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu'auront su s'inspirer réciproquement les colosses. Société d'épouvantement mutuel, compagnie d'intimidation alternante, cannibalisme organisé !

    Cette jeune Amérique et cette jeune Allemagne, sans oublier cette vieille Autriche et cette vieille Angleterre qui rajeunissent d'un quart de siècle tous les cent ans, auront des relations de moins en moins conciliantes et faciles. Peu d'alliances fermes, mais un plexus de traités et partant de litiges. La rivalité industrielle entre les empires est déjà très âpre ; il serait utopique de chercher de nos jours leur principe d'accord, ni comment cet accord pourra durer entre eux.

    Quantum ferrum ! On ne voit au loin que ce fer. La civilisation occidentale a fait la faute immense d'armer les barbares, l'Abyssinie contre l'Italie, le Japon contre la Russie. Erreurs qui ne peuvent manquer d'engendrer à la longue de nouvelles suites d'erreurs. On a salué dans Guillaume II le prince généreux qui voulut grouper l'Europe contre les Jaunes. Et c'est lui qui arme les multitudes sauvages de l'Asie blanche et de l'Afrique noire contre l'Angleterre et la France.

    Mais, s'il est le coadjuteur de la Porte et le protecteur de l'Islam, il ne lui serait pas facile de ne pas l'être : les empires contemporains subissent de plus en plus cette loi de travailler contre leur commune racine, la chrétienté et la civilisation. C'est un des résultats de leur progrès matériel. À ne regarder que les intérêts, l'intérêt de la seule métallurgie en Allemagne, en Angleterre et en Amérique suffit à rendre chimérique toute union des civilisés, tout pacte civilisateur. Concurrence : d'où tremblement universel.

     

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    Rivalités industrielles, guerres économiques...
     
     

               

    Eh bien ! dans cet état de choses, entre les éléments ainsi définis, ce tremblement et cette concurrence fourniraient justement le terrain favorable et le juste champ d'élection sur lequel une France pourrait manœuvrer, avec facilité et franchise, du seul fait qu'elle se trouverait, par sa taille et par sa structure, très heureusement établie à égale distance des empires géants et de la poussière des petites nations jalouses de leur indépendance.

    Les circonstances sont propices à l'interposition d'un État de grandeur moyenne, de constitution robuste et ferme comme la nôtre.