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Mathieu Bock-Côté nous le conseille : "Il vaut la peine de lire ce texte de Paul St-Pierre Plamondon, qui pose très bien les enjeux liés à l'immigration massive au Québec..."

POLITIQUES COMPLÈTEMENT IRRESPONSABLES EN IMMIGRATION :
VERS UNE CRISE SOCIALE SANS PRÉCÉDENT
Paul St-Pierre Plamondon
 
 
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La CAQ (Coalition Avenir Québec, ndlr) a présenté cette semaine un plan sur deux ans en immigration et annoncé une hausse des seuils à environ 64 000. Non seulement il s’agit à nouveau d’un bris évident d’une promesse électorale qui avait été jouée à gros trait, lorsque le premier ministre disait que c’était « suicidaire » d’augmenter à plus de 50 000 et que la « Louisianisation » nous guettait, mais en plus, la CAQ se joue de nous à nouveau en trafiquant les chiffres pour nous faire croire que les seuils demeurent à 50 000, ce qui est absolument faux.

 
La CAQ a simplement changé la méthode de calcul pour camoufler la hausse, un autre épisode où le gouvernement prend les électeurs pour des valises en les induisant en erreur. Plus les semaines passent depuis la défaite dans Jean-Talon, plus ce gouvernement nous confirme qu’il ne comprend pas les raisons profondes qui ont amené les Québécois à lui retirer leur confiance. Or, ce 180 degrés en matière d’immigration n’aura pas que des conséquences sur les intentions de vote de la CAQ. Un regard lucide sur la situation sociale et économique qui découle de ces seuils d’immigration doit nous amener à conclure que nous construisons de toute pièce une crise sociale sans précédent. L’effet conjugué des seuils astronomiques du fédéral, de modifications des règles aux aéroports pour faciliter les demandes d’asile qui le plus souvent dissimulent une démarche d’immigration économique en marge du système, et de la mollesse de la CAQ qui n’a aucun rapport de force avec Ottawa, nous entraine dans des perturbations sociales qui sont déjà amorcées et qui ne peuvent que s’aggraver au cours des prochaines années : crise du logement, crise du français, crise au niveau des services essentiels. Cette crise sociale découle d’abord d’un manque de logements : il nous en manque 1,2 millions d’ici 2030. Pendant que le gouvernement caquiste a mené un grand débat pour savoir s’il devait y avoir 50 000 ou 60 000 immigrants permanents, entre janvier et juillet de cette année, le nombre de temporaires sur le territoire du Québec a augmenté de 85 000. On est rendu à 471 000 au total. Pour vous donner une idée de l’ordre de grandeur de cette augmentation, la CAQ accueille 9 fois plus d’immigrants temporaires à un rythme annualisé cette année que les libéraux de Philippe Couillard. Neuf fois plus. Au même moment, jusqu’à maintenant cette année, on aura construit un total de 19 500 logements. Ainsi, lorsqu’on inclut les permanents, on parle au minimum de 120 000 nouvelles personnes (et ces chiffres sont en retard, ils datent de cet été).120 000 nouvelles personnes pour seulement 19 500 nouveaux logements, c’est la recette parfaite pour un désastre. C’est ce que la Banque du Canada, la Banque nationale et la Banque de Montréal ont mis par écrit de manière limpide récemment: il y a un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande en raison d’une immigration trop forte pour notre capacité à bâtir du logement, ce qui entraîne une hausse des prix. L’impact concret de ces politiques est l’étranglement des finances des ménages. Les locataires font face à des hausses de loyers sans précédent, des augmentations de près de 50% dans certaines régions, parce que l’offre et de la demande de logement est complètement débalancée. L’itinérance a bondi de 44% au Québec sous la CAQ, on parle de 4500 personnes en situation d’itinérance juste pour Montréal. Depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ, le prix moyen d'une maison a augmenté de 64%. Dans toute l’histoire du Québec moderne, jamais une génération complète de jeunes premiers acheteurs n’aura vu sa capacité à accéder à la propriété disparaître aussi rapidement que depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement. En l’espace de cinq ans, nous avons créé une toute nouvelle génération de jeunes Québécois qui pourraient demeurer locataires pour toujours. C’est un bris du contrat social sans précédent puisque des jeunes qui occupent d’excellents emplois et qui se sont forcés toute leur vie pour y arriver n’auront pas la même chance que leurs parents d’être propriétaires. Tout ça parce qu’on a des gouvernements qui sont soit incompétents, soit de mauvaise foi, et certaines élites médiatiques qui trop souvent font tout pour contourner le sujet et ne pas nommer ce phénomène pourtant très bien documenté. Ce qui m’amène à la question du français : après des décennies et des décennies de travail, on est en train de défaire tout l’héritage des 40 dernières années en protection du français en accueillant un nombre d’allophones beaucoup plus élevé que notre capacité d’intégrer et de franciser. Cela s’explique notamment à travers des techniques du fédéral qui visent à faire rentrer des demandeurs d’asile qui sont pour une partie d’entre eux des immigrants économiques. Nous avons eu le chemin Roxham pendant une longue période et aussitôt qu’on l’a fermé, le fédéral a changé ses règles aux aéroports en catimini pour alléger les critères d’obtention d’un visa touristique au Canada, créant une arrivée massive de demandeurs d’asile aux aéroports et par le fait même, pérennisant le phénomène de Roxham. Cela n’est évidemment pas la faute des gens qui procèdent selon les règles du jeu qu’on leur a données; c’est la faute du gouvernement fédéral qui a complètement détourné une filière d’immigration, avec les conséquences que nous connaissons sur le Québec. L’effet tangible sur le français est que jamais dans toute l’histoire du Québec notre langue aura décliné et reculé aussi rapidement : rappelons que presque un allophone sur deux s’intègrera à l’anglais. C’est donc le summum du ridicule de voir le premier ministre s’autoféliciter et parler de fierté d’être celui qui en fait le plus pour le français depuis René Lévesque, alors que les livres d’histoire retiendront sans l’ombre d’un doute qu’il aura été le premier ministre qui aura vu le déclin le plus important du français de toute l’histoire du Québec, un recul qui découle d’abord de son propre aveuglement volontaire. L’impact sur la langue est indéniable : on ajoute à l’écosystème linguistique montréalais un groupe d’allophones et d’anglophones équivalent en population à la ville de Sherbrooke, et ce à chaque 5 ans. Un autre sujet qui n’est toujours pas amené avec transparence est l’impact sur les services. Dans certaines des écoles de ma circonscription, le tiers des classes sont des classes d’accueil pour des immigrants qui souvent ne maitrisent pas le français. Cela veut dire qu’une bonne partie des ressources de l’école est dirigée vers l’adaptation à une vague migratoire inédite. C’est aussi le cas en santé et pour les organismes communautaires qui, sous le couvert de l’anonymat, nous disent qu’ils ont largement excédé leur capacité à livrer et qu’ils ne voient pas comment ils vont réussir. Certains ont eu le courage d’en parler publiquement et nous avons appris, il y a quelques jours, que 40% des dormeurs dans certains refuges pour sans-abri sont des immigrants. Ce genre de situation est indigne de ce que le Québec a à offrir en matière d’intégration et est uniquement le résultat d’une absence de planification dans le mépris complet de notre capacité d’accueil. Comme le disait l’ambassadeur du Danemark à l’Union européenne pour expliquer la raison pour laquelle le Danemark a complètement changé son fusil d’épaule en immigration en décidant de limiter ses seuils : le Danemark avait le choix entre conserver le modèle d’État-providence avec des services à la population, ou abandonner ce modèle pour consacrer toutes les ressources à accueillir un nombre illimité de personnes dont l’intégration ne se fait pas facilement dans la société danoise. Les Danois ont fini par choisir de maintenir les services à la population en ayant une immigration en proportion de leur capacité d’accueil. Le même dilemme se pose au Québec et seul le Parti Québécois a le courage d’aborder cette question de manière transparente. Il y a une hypocrisie dans une partie des élites médiatiques et d’affaires qui consiste à éviter par tous les moyens de nommer ces constats, dans un désir de bien paraître, de signaler sa vertu ou simplement d’échapper à toute critique et intimidation idéologique. Cette hypocrisie consiste également à véhiculer des mensonges comme celui que la hausse des seuils mènera à une solution à la pénurie de la main d’œuvre, alors qu’il n’y aucune donnée au soutien de cette affirmation qui a été largement démentie par de nombreux économistes. La raison est simple : en faisant venir un nouveau travailleur, on fait aussi venir un consommateur, qui aura des besoins comme tout le reste de la population. L’effet macroéconomique, au final, est donc nul, peut-être même négative lorsqu’on considère la main d’œuvre nécessaire à la construction de nouveaux logements et pour offrir de nouveaux services d’accueil. À ce titre, la CAQ souscrit à ce mensonge dans la planification de l’immigration qu’elle a présenté cette semaine. Le Parti Québécois est dédié à donner l’heure juste sur cette question, comme sur tous les autres sujets. Même si une frange très minime de la population tente d’imposer un agenda idéologique en accablant d’intolérant ou de raciste toute personne qui nomme publiquement ces dynamiques et pose des questions sur nos politiques publiques. On le voit dans le reste du Canada : les mêmes questions se posent et les réponses sont encore plus vigoureuses. Il est temps qu’on se donne un espace de réflexion objectif, avant que les conséquences de ces mauvaises politiques s’aggravent davantage. J’ai eu l’occasion de le répéter à de nombreuses reprises, mais le débat ici que nous amenons en est un sur le modèle et les politiques publiques en matière d’immigration. Il n’a rien à voir avec les néo-Québécois individuellement, pour qui nous souhaitons tous qu’ils puissent s’épanouir et réussir l’aventure québécoise. Je l’ai dit durant la campagne électorale et je vais le redire ici pour que ce soit très clair : il n’y a AUCUN lien entre le nombre de personnes que nous souhaitons accueillir et notre niveau d’ouverture. Ce qui importe, c’est la manière dont nous accueillons les gens et les opportunités que nous leur donnons de se sentir un jour pleinement Québécois, pleinement chez eux. C’est ce que le Parti Québécois vise et nous devons nous donner un modèle durable à long terme pour y arriver, tant pour la société d’accueil que pour les gens qui la joignent. 

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