1919 : Signature du Traité de Versailles
Dans notre Catégorie Grandes "Une" de L'Action française, voir les deux "Une" suivantes :
• Grandes "Une" de L'Action française : 11 Novembre 1918, l'Armistice est signé !...
• Grandes "Une" de L'Action française : 29 juin 1919, signature du calamiteux Traité de Versailles...
Le traité mettant fin à la Première Guerre mondiale est signé dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, entre l'Allemagne et les Alliés.
Il a été préparé par les vainqueurs, le Français Clemenceau, le Britannique Lloyd George, l'Italien Orlando et l'Américain Wilson.
Dans Les conséquences politiques de la paix (1920), Jacques Bainville a critiqué ce mauvais traité. Il s'agit d' "une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur et trop dure pour ce qu’elle a de doux", avait-il écrit dès 1919.
Prévoyant l’entente germano-russe aux dépens de la Pologne ou encore l’éclatement de la Yougoslavie, il remarquait surtout que l’Allemagne, bien que diminuée, voyait sa puissance relative accrue ! Seul grand État désormais en Europe centrale, entourée "d’un chapelet de Serbies", il annonçait qu’elle ne paierait pas les réparations et que d’ici une génération, elle chercherait à son tour à prendre sa revanche.
Dans notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville. voir les trois photos 1920 : les conséquences politiques de la paix (1), 1920 : les conséquences politiques de la paix (2), et Sur Thomas Woodrow Wilson,
Extrait :
"Une Allemagne diminuée d'environ 100.000 kilomètres carrés, mais, sur ce territoire réduit, réunissant encore soixante millions d'habitants, un tiers de plus que la France, subsistait au centre de l'Europe. L'oeuvre de Bismarck et des Hohenzollern était respectée dans ce qu'elle avait d'essentiel. L'unité allemande n'était pas seulement maintenue, mais renforcée. les Alliés avaient affirmé leur volonté de ne pas intervenir dans les affaires intérieures allemandes. Ils y étaient intervenus pourtant. Toutes les mesures qu'ils avaient prises avaient eu pour résultat de centraliser l'Etat fédéral allemand et de consolider les anciennes victoires de la Prusse. S'il y avait des aspirations à l'autonomie ou au fédéralisme parmi les populations allemandes, elles étaient étouffées. Le traité poussait, enfermait, parquait 60 millions d'hommes entre des frontières rétrécies. C'est une "Allemagne d'autre part" au nom de laquelle deux ministres sont venus signer à Versailles le 28 juin 1919.
Du fond de la Galerie des Glaces, Müller et Bell, de noir habillés, avaient comparu devant les représentants de vingt-sept peuples réunis. Dans le même lieu, sous les mêmes peintures, quarante-huit ans plus tôt, l'Empire allemand avait été proclamé. Il y revenait pour s'entendre déclarer à la fois coupable et légitime, intangible et criminel. A sa condamnation, il gagnait d'être reconnu. Müller et Bell, obscurs délégués d'une Allemagne vaincue, pensaient-ils à ce que la défaite laissait survivre d'essentiel ? Peut-être, pour beaucoup des assistants et des juges, était-ce une jouissance de voir le redoutable Empire de Guillaume II humilié dans la personne d'un intellectuel socialiste et d'un avoué de province. La voix brève de M. Clemencau ajoutait à l'humiliation : "Il est bien entendu, Messieurs les délégués allemands, que tous les engagements que vous allez signer devront être tenus intégralement et loyalement." Nous entendrons toujours ce verbe tranchant, et les deux Ja, indifférents et mous, qui sortirent de la bouche de Müller et de Bell, conduits comme des automates par le chef du protocole. Faible voix. Débile garantie. Qu'est-ce que Müller et Bell pouvaient engager ? Le traité de Versailles mettait en mouvement des forces qui échappaient déjà à la volonté de ses auteurs.
Voir l'Éphéméride du 24 avril (Bainville contre Keynes) et l'Éphéméride du 3 février (sur la mort du président Wilson, utopiste malfaisant)...
Une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur : dès qu'elle avait été connue, nous en avions donné cette définition. On verra qu'elle reste juste et qu'elle a résisté à l'expérience. Le traité enlève tout à l'Allemagne, sauf le principal, sauf la puissance politique, génératrice de toutes les autres. Il croit supprimer les moyens de nuire que l'Allemagne possédait en 1914. Il lui accorde le premier de ces moyens, celui qui doit lui permettre de reconstituer les autres, l'État, un État central, qui dispose des ressources et des forces de 60 millions d'êtres humains et qui sera au service de leurs passions..."
S'exprimant presque comme Jacques Bainville, et prévoyant comme lui les effets funestes du mauvais traité de Versailles, Ferdinand Foch - Maréchal de France, de Pologne et de Grande-Bretagne-dira en 1920 : "Ce n’est pas une paix, c’est un armistice de vingt ans."
Dans ses Mémoires, il écrit : "Le 11 novembre, j'avais mis entre leurs mains un outil avec lequel ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient... ils n'ont pas su s'en servir... ils ont abîmé ce que je leur avais donné... leur traité, je n'ai pas voulu le signer"...
D'un point de vue strictement militaire, de Gaulle a porté sur l'armistice de 1918 un jugement très net (dans le premier tome de ses Mémoires d'espoir) :
"Si l'effort gigantesque fourni par notre peuple lors de la Première Guerre mondiale pouvait nous ouvrir la carrière du renouveau, nous nous la fermions à nous-mêmes en manquant d'achever notre victoire militaire... Mais dans l'arrêt hâtif des combats qui, le 11 novembre 1918, survenait au moment même où nous allions triomphalement cueillir les fruits de la victoire, pour combien avait compté le Halte-là des Anglo-Saxons ?"
Le Rhin, ici au rocher de la Loreleï, frontière tant convoitée, jamais entièrement atteinte.
Le 12 février 1945, encore, de Gaulle déclare : "Le Rhin doit être une grande avenue française..."