Dans notre Éphéméride de ce jour : pour faire connaître Pierre Boutang...

1998 : Mort de Pierre Boutang
"...Notre société n'a que des banques pour cathédrales; elle n'a rien à transmettre qui justifie un nouvel "appel aux conservateurs"; il n'y a, d'elle proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince chrétien..." (in Reprendre le pouvoir")
http://xaviersoleil.free.fr/article/pierre-boutang-dossier-h.htm
Pour contribuer à faire connaître Pierre Boutang, voici ce que vous propose en permanence lafautearousseau :
1. Dans notre Catégorie Grands Textes, les trois qui lui sont consacrés :
• Grands Textes (III) : Reprendre le Pouvoir (Postface).
• Grands Textes (XXXIII) : Qui sera le Prince ?
• Grands textes XXXIX : Le mythe de la jeunesse (Revue universelle, février 1941)
2. Notre Page :
"Reprendre le Pouvoir" de Pierre Boutang, ou la Légitimité retrouvée.
3. Enfin, écouter ce rarissime document : une conférence de plus d'une heure et demie, donnée à Marseille, le 31 mars 1988 :
L'horizon politique, le Prince chrétien
Trésor d'érudition maîtrisée, François Brigneau écrit de lui qu'il "écrivait un français admirable quand il s'appliquait à ne pas être obscur. C'était son penchant, qui alla s'aggravant. Il ressemblait à Picasso. Le premier trait était lumineux. Ensuite, hélas, il compliquait. Seule une élite intellectuelle, dont je ne faisais pas partie, pouvait le suivre et l'apprécier....".
Paul-François Paoli, de Valeurs actuelles, demanda un jour à quatre philosophes qui "se souviennent" d'évoquer chacun un maître. Jean-François Mattéi choisit d'évoquer Pierre Boutang, l'homme en colère. Cela donna le petit billet suivant :
Il y a des coups de foudre de l'esprit. C'est ce qui est arrivé à Jean-François Mattéi quand il a rencontré le philosophe et polémiste Pierre Boutang, qui prit la succession d'Emmanuel Lévinas comme professeur de métaphysique à la Sorbonne, en 1976.
"Ma première impression, confirmée par la suite, fut celle d'un géant de la pensée. Il se mouvait avec une aisance incroyable dans les textes les plus difficiles et récitait par coeur le Parménide de Platon et les poésies de Rimbaud... Il m'impressionnait, moins par son immense culture, que par le détachement avec lequel il la maîtrisait", explique Jean-François Mattéi. Hélléniste, auteur de nombreux essais, dont Europe, le regard vide (Flammarion), Jean-François Mattéi est devenu un fidèle de Pierre Boutang, mais il n'est pas sûr que celui-ci "ait été un maître en attente d'un disciple".
Jean-François Mattéi a souvent fait le voyage de Collobrières, dans le Var, où Pierre Boutang possédait une maison sans électricité. Là, ils ont devisé à la belle étoile en dégustant un Tavel bien frais, aux côtés de ceux que Boutang admettait dans sa proximité et qui prenaient le risque de se faire "engueuler" s'ils n'avaient pas lu Platon, Aristote, Saint Thomas et tant d'autres. Catholique et royaliste, Boutang, qui n'avait jamais renié Maurras, était un homme chez qui la tendresse s'accouplait souvent avec la colère. Mais quel personnage !
"Je garde de lui le souvenir d'une fidélité à l'enfance", affirme Mattéi, qui a écrit la préface de la nouvelle édition de L'Ontologie du secret, grand oeuvre de Boutang, que réédite les PUF à la rentrée.
"C'était un arpenteur de l'être qui, comme Platon et Heidegger, avait compris que la philosophie est une variation permanente sur l'archétype du voyage est que l'homme est bien un "homo viator". Il m'a appris, mieux que tout autre, le souci de la transcendance"...
Enfin, pour se rapprocher encore un peu plus de "ce géant", écoutez les quarante trois minutes pendant lesquelles l'un de ses élèves, Rémy Soulié, parle de lui :
• En 1976, Boutang fut élu à la chaire de métaphysique de la Sorbonne (par 11 voix contre 6), précédemment occupée par Levinas; il l'occupa jusqu'en 1986. Si plusieurs universitaires de gauche (Pierre Bourdieu, Jacques Derrida, Pierre Vidal-Naquet) se discréditèrent en protestant contre cette élection, d'autres personnalités s'honorèrent, au contraire, en blâmant leur "pétition" : Maurice Clavel, Jean-François Kahn ainsi que... L'Humanité ! Et Levinas déclara à des étudiants qui vinrent le voir pour protester contre la venue de Boutang : "Mais, vous avez là un Maître..."
• Dans son désire de rénover et rajeunir le royalisme, Boutang fonda l'hebdomadaire La Nation française, dont le premier numéro parut le
Son objectif était de rénover et rajeunir le royalisme, l'adaptant aux réalités nouvelles de l'après-guerre, en restant fidèle absolument à Charles Muaurras et en rejetant tout aussi absolument l'antisémitisme : l'une de ses "formules" était : "Être à l’abri de Sartre" et des "entrepreneurs en nihilisme..."
Boutang sut réunir - dans cet hebdomadaire qui fit honneur à la pensée française et au royalisme - une belle pléiade autour de lui, dont : Pierre Andreu, Philippe Ariès, Emmanuel Beau de Loménie, Antoine Blondin, Jean Brune, Gilbert Comte, , Pierre Fresnay, Raoul Girardet, Daniel Halévy, Roland Laudenbach, Jean de La Varende, François Léger, le duc Antoine de Lévis-Mirepoix, Gabriel Marcel, Henri Massis, Gabriel Matzneff, Jules Monnerot, Roger Nimier, Louis Pauwels, le Colonel Rémy, Michel de Saint Pierre, Philippe de Saint Robert, Louis Salleron, Gustave Thibon, Pierre Varillon, Vladimir Volkoff...
La principale "intelligence" qui ne rejoignit pas La Nation française fut celle de Pierre Debray, un espoir du Parti communiste, d'abord, "retourné" par Boutang lui-même, qui le convertit au catholicisme et à la royauté. Boutang en fut surpris, et déçu. Probablement, venu du Parti communiste, Debray (de son vrai nom Sadi Couhé) avait-il gardé un vieux fond/réflexe stalinien de fidélité au "Parti" !...