Il paraît que nous sommes en démocratie, pas tout à fait quand même au sens hellénique du mot, mais suffisamment pour que le microcosme médiatico-politique ne pense qu’à ça. Ça, c’est-à-dire les prochaines échéances électorales. A droite, on rêve de revanche aux municipales (U.M.P) ou de victoire aux européennes (F.N.) ; à gauche, on espère limiter la casse (P.S.), en tout cas ne plus se faire gruger (F.D.G.). Comme si une élection pouvait constituer la panacée universelle. Pourtant, le succès de la France s’est-il jamais confondu avec celui d’une faction ? Comme il a raison, M. Onfray, philosophe notoire, quand il explique, sur les ondes de R.M.C (jeudi 30), qu’un seul mandat électif non reconductible éviterait aux élus de consacrer la moitié de leur temps à leur réélection : vérité d’évidence qui ne fait que souligner les aberrations du système.

Pendant ce temps, la défiance vis-à-vis des politiciens ne fait que croître, comme l’attestent les sondages successifs. Pis, à force de jouer les apprentis sorciers, les enragés du Parti Socialiste ont même fini par mettre le feu. Eux qui reprochaient tant à M. Sarkozy d’opposer les Français les uns aux autres sont, ironie des événements, en train de fédérer contre eux les mécontentements les plus disparates – et parfois les plus contestables.
On assiste peut-être ainsi aux prodromes de désordres plus grands, sur une double base sociétale et provinciale, principalement autour de ce qui apparaît comme une entreprise planifiée de déconstruction de la famille. Certains des ténors de gauche sont même acculés aujourd’hui à des mensonges par omission (deux exemples : Mme Belkacem semble oublier qu’elle se référait déjà explicitement à la théorie du genre quand elle était porte-parole de Mme Royal, en 2007 ; quant à M. Peillon, il se garde bien de répondre à M. Zemmour lorsque ce dernier exhibe un questionnaire ahurissant proposé, sur le même sujet, à des élèves de onze ans).
Là-dessus, on nous dit que M. Sarkozy serait en train de préparer son retour. La belle affaire ! Comment être assez naïf pour voir en lui l’homme providentiel de 2017 ? Pourquoi changerait-il, lui qui n’a pas su se conformer durant son mandat à ses engagements de 2007 ? On peut, bien sûr – mais c’est alors une question de foi - se dire que la défaite de 2012 va le pousser à répondre franchement aux aspirations du pays réel et profond, de cette France que certains aiment qualifier de « poignarde ».
Mais, même si ce devait être le cas, la question politique de fond serait-elle résolue pour autant ? Le pays a besoin d’un Etat fort, c’est-à-dire doté par les institutions des moyens d’exercer toutes ses fonctions régaliennes. Mesurées à cette aune, les gesticulations et palinodies de nos politiciens, droite et gauche confondues, prêtent plutôt à (sou)rire.
Le régime socio-économique choisi par le CNR à la Libération a produit un tocard. Plutôt que de le réformer progressivement ou à l'occasion, les gouvernements successifs l'ont aggravé par bêtise ou clientélisme.
Ce modèle affaissé découle aussi du régime politique choisi par le pays, dont le peuple s'est avéré immature jusqu'à ces derniers temps, cramponné qu'il est à la mangeoire de l'Etat-providence.
Il semblerait depuis peu que le lavage de cerveau cesse d'obscurcir les idées générales et que l'on comprenne enfin qu'une autre voie est possible en convoquant le risque et l'effort. Les plus lucides vont tester cette 'révélation' à l'étranger, mais vu la gravité de l'addiction, je reste sceptique pour la grande masse, celle qui fait les rois du jour.
C'est ce sur quoi compte ce gouvernement d'amateurs qui a décroché la timbale pour accroître notre déclassement par le triomphe d'idées mortes."