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  • Soutien aux chrétiens d'Orient !

    POUR TRAVAUX DIVERS.jpgL'association Sos outre-mer, qui aide depuis 23 ans un orphelinat chrétien au Liban, vient de lancer une opération avec un double objectif:

    - Apporter un soutien financier aux chrétiens d'Irak et aux enfants de Syrie réfugiés au Liban;

    - Inviter les Français qui soutiennent les chrétiens d'Orient à manifester leur solidarité en apposant sur leur voiture ou leur habitation un autocollant portant le signe de désignation des chrétiens persécutés en Irak, c'est-à-dire le Noun, cette lettre arabe signifiant Nazaréen et que les dijadistes tracent sur les maisons des familles chrétiennes pour les désigner à la vindicte islamiste.

    Cette "étoile jaune" nouvelle formule sera ainsi détournée de sa vocation initiale pour devenir un signe de ralliement, de résistance et de solidarité chrétienne par delà les frontières.

    Les autocollants peuvent être commandés à Sos outre-mer, 13 Fbg Sébastopol, 31290 Villefranche de Lauragais, au prix de 2 € pièce, port compris (1,50 € pièce à partir de 10 exemplaires). Chèques à l'ordre de Sos outre-mer.

     

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  • Voulez-vous nous adresser un courriel ? Voici notre nouvelle adresse de messagerie

    mail.jpgDans notre rubrique "Contacts" (colonne de gauche, en partie haute), outre notre adresse postale, vous trouverez notre nouvelle adresse de messagerie : 

    lafautearousseau@outlook.fr

    Vous pouvez l'utiliser pour tout courriel que vous voudriez nous envoyer. (Cliquez).

    A tous, merci de vouloir bien, désormais, faire usage de cette nouvelle adresse.

     

  • CRISE ÉCONOMIQUE : Trois propositions pour en sortir, par François Reloujac *

    libreechangebccc-635e1.jpgDans un monde globalisé où règne le libre-échange et où les textes qui régissent le fonctionnement de l'économie s'écrivent essentiellement au niveau européen, c'est une vraie gageure que d'imaginer trois mesures nationales qui pourraient améliorer la situation. Il est cependant possible d'amorcer un redressement avec des décisions dont la portée symbolique dépasse la simple conséquence immédiate.

     

    1. Donner une nouvelle mission à l'Académie française 

    La plupart des textes européens sont d’abord écrits et discutés en anglais, puis plus ou moins bien transposés dans les diverses langues des pays de l'Union européenne. C'est sur ces traductions approximatives que l’on demande aux Parlements nationaux de se prononcer. C'est, ensuite, sous l'unique contrôle de la Cour de justice de l'Union européenne que ces textes sont interprétés et ils le sont dans une optique téléologique. Autant dire que les parlementaires nationaux se prononcent sur des textes dont ils ne mesurent pas les conséquences. Ainsi, à partir du dernier trimestre 2014 le nouveau calcul du PIB intègrera obligatoirement chiffres de « l’économie non observée », même si, en France, pour ne pas effrayer la population, l'lnsee continuera à « communiquer » uniquement sur un PIB n’incluant pas ces chiffres. Cette « économie non observée » recouvre en fait les « transactions » occultes, c'est à dire, entre autres, la prostitution, le trafic de drogue, le travail au noir, la vente clandestine des produits volés… C’est le résultat d'un texte européen écrit il y a plus dix ans, traduit par l’administration bruxelloise en 2010 et imposé par le Parlement européen en 20l2 pour mise en application fin 2014. 

    L'exemple est frappant : lorsque le Parlement national a été amené à se prononcer sur le texte d’origine, il n’a pas eu conscience de ce qu'impliquait cette notion de « transaction » pour le calcul du PIB. Or, en vertu de la liberté du commerce, et puisque le marché est le lieu où s'effectuent des transactions, il ne sera pas possible demain de s’opposer à la vente directe de marijuana en France par les dealers néerlandais, puisque, dans ce pays, cette drogue est en vente libre. Comment ne pas se trouver ainsi lié par des conséquences que l'on n'a pas voulues ? En demandant à l’Académie française de présenter au Parlement, avant que celui-ci ne se prononce sur un texte européen, un rapport dans lequel le sens des mots est explicité et en faisant obligatoirement annexer les conclusions de ce rapport au texte européen de façon à encadrer ultérieurement les décisions de la Cour de justice de l'Union européenne.

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  • 8 août 1914... Le ministère de la Guerre ne veut rendre public que des succès définitifs

    443px-Gabriel_Hanotaux_1898.jpgTandis qu'il en est temps encore, il faut noter quelques-unes des plus fortes erreurs d'appréciation parmi toutes celles qui ont été commises dans les journées qui ont précédé la guerre, alors que Vienne et Berlin étaient d'accord, comme vient de le révéler le Livre bleu, pour mettre le feu à l'Europe, et que la mobilisation allemande était déjà commencée.

    Gabriel Hanotaux, ancien ministre des Affaires étrangères, écrivait dans le numéro de la Revue hebdomadaire paru le 25 juillet, c'est-à-dire le lendemain de la remise de la note autrichienne à Belgrade, un article optimiste qui commençait par ces mots : "Il paraît bien probable que l'évènement tragique de Sarajevo ne donnera pas lieu, pour le moment du moins, à une crise internationale", et qui finissait par ceux-ci : "Il appartient à l'empereur François-Joseph d'apporter à ses peuples et à l'Europe ce bienfait inappréciable (un accommodement, un compromis avec les Slaves du Sud)... Qui sait ? Le patriarche européen n'a peut-être survécu que pour cela."

    Il y a plus fort. Le 28 juillet, c'est-à-dire le lendemain de l'acquittement de Mme Caillaux, quand la partie austro-allemande était irrémédiablement engagée, François Deloncle écrivait en tête de Paris-Journal, dont il est directeur : "Laissons maintenant les puissances faire leur petite cuisine. Sans doute ça durera quelques jours, mais j'ai l'impression que tout le monde va y mettre un peu du sien et que, somme toute, on élaborera quelques bonnes formules qui règleront le différend sans compromettre la paix de l'Europe."

    Notez que François Deloncle, à la Chambre, quand il était député des Basses-Alpes, et dans la presse, s'est acquis la réputation d'un spécialiste des Affaires étrangères. Il est un des habitués du salon de Mme de Montebello, la grande élève de M. de Chaudordy, celle qui a converti jadis Delcassé au chaudordysme. Mme de Montebello était austrophile, avait un salon où fréquentaient des princes de Parme. De plus, François Deloncle, depuis qu'il a perdu son siège de député, remplit des missions pour le compte du gouvernement français...

    Si c'est ainsi que le gouvernement était renseigné, on comprend que M. Poincaré et M. Viviani aient été surpris par les évènements au milieu de la Baltique !

    Au moment où j'écris ces lignes, Henri Mazet vient m'apprendre que nos troupes sont entrées à Mulhouse. Deux officiers généraux s'annonçaient la nouvelle au café en s'embrassant. Les journaux ne publient pas encore ces admirables nouvelles. Mais le bruit courait déjà avant-hier que nous étions à Munster, hier que nous étions à Colmar.  

    Le ministère de la Guerre ne veut rendre public que des succès définitifs. C'est sage.

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  • Le conseil de Goethe

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    " Ce que tu as hérité de tes pères, acquiers-le, pour le posséder"

    Goethe, Faust, 1808

     

  • Une impressionnante évocation : Bouvines, 27 juillet 1214, par Pierre de Meuse (3)

    Il s'agit, en vérité, de bien davantage qu'un récit - quoique tout y soit décrit par le menu - et de bien davantage que d'une évocation. Mais, outre tout cela, d'une étude politique, militaire, historiographique de la bataille de Bouvines, dont la France commémore les 800 ans. Compte-tenu de son importance, nous publierons cette étude en trois parties, dont voici la troisième et dernière.  Signalons encore que ce texte est repris du numéro 36 de La nouvelle revue universelle (avril-mai-juin) - que nous recommandons de lire en totalité *. 

     

    AG DREUX 026.JPGLES LEÇONS D'UNE VICTOIRE

    Quelle leçon nous apporte aujourd'hui le souvenir de Bouvines ? D'abord la preuve de l'épigénèse dans l'Histoire, c'est-à-dire l'imprédictibilité des évènements. Les hommes qui décidèrent de l'issue de la bataille (Tristan, Montigny, des Barres, bien davantage que les sergents ou les milices communales) étaient des personnages de second plan, des chevaliers sans puissance, mais animés d'une volonté de fer. Montigny avait gagé son fief pour pouvoir s'acheter un cheval avant de suivre l'ost. Si Tristan avait été moins prompt à réagir ou à sacrifier sa vie, Philippe Auguste aurait été tué, les coalisés se seraient retrouvés à Paris, la France n'existerait peut-être que comme une hypothèse historique écartée par les faits, exactement comme la Suède impériale rêvée par Gustave-Adolphe ou la Bourgogne lotharingienne du grand-duc Charles. De plus, Jean sans Terre aurait réalisé son projet d'une France anglaise ; les gains de la victoire lui auraient permis d'échapper aux contraintes qui l'obligèrent à signer la Grande Charte, et la Grande-Bretagne n'aurait peut-être jamais connu le parlementarisme. Ni d'ailleurs la Réforme de Wyclif, due pour l'essentiel à l'emprise de la papauté sur la monarchie anglaise. Tout est possible, rien n'est écrit. Maxime terrifiante, mais aussi roborative, car génératrice d'énergie et de volonté.

    Un autre enseignement est la capacité des Français, à la condition qu'ils ne soient pas dégénérés, à agir admirablement lorsqu'ils sont bien commandés. Philippe Auguste n'était nullement sûr de la victoire, et sa retraite prudente devant des forces supérieures (pas autant qu'on I'a dit) résulte d'une appréciation lucide des faits. Cependant, à aucun moment il ne s'explique sur ses motivations, de sorte que lorsqu'il constate que le projet qu'il avait conçu est impraticable, il peut en changer sans susciter aucune incertitude de la part de ses subordonnés. Bien au contraire, les contemporains laissent entendre qu'il savait, et que c'est intentionnellement qu'il a entraîné derrière lui les poursuivants afin de mieux les prendre au piège. Tel est le résultat d'une autorité tranquille et incontestée. Le pouvoir, comme le dit Joseph de Maistre, est toujours solitaire et absolu dans son exercice.

    On peut aussi considérer les évènements de 1214 comme un exemple de situation assez rare, mais récurrente, dans laquelle la France n'a pas d'alliés et ne doit compter que sur ses seules forces. Dans ces momnts-là, le besoin principal est l'unité, une denrée qui fait malheureusement défaut à l'état naturel dans notre pays celtique, toujours prêt à se diviser en factions. À Bouvines, ce sont nos ennemis qui sont divisés et la France qui obéit à son pouvoir légitime incontesté. Car il ne suffit pas d'être un chef talentueux, et même génial, pour triompher dans l'adversité. Il faut aussi que la dévotion au pouvoir « aille de soi », selon l'expression de Burke. C'était le « charme séculaire de la monarchie » que d'offrir aux Français un civisme simple et digne, ne nécessitant pas de calcul ni de raisonnements, mais une simple acceptation des évidences. Ce charme, assemblé par les siècles, ne peut être retrouvé sans de dures épreuves surmontées. Notre avenir ne manquera pas d'épreuves, certes, mais nous aurons bien besoin des exemples donnés par les preux des temps engloutis pour y faire survivre la patrie déchue.

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    Gisant de Richard  Cœur de Lion, à l'abbaye de Fontevraud

    Enfin, le rappel de ces temps si différents du nôtre ne doit pas nous tromper. Les hommes de ce IIIe siècle semblent rudes et brutaux, ils pratiquent le pillage et le rançonnage, ils portent des surnoms dignes de soudards, et pourtant ils se complaisent à composer des poésies, comme Richard Cœur de Lion, grand poète occitan, ou Pierre Mauclerc ; ils trouvent la mort dans les tournois mais pratiquent en permanence l'hospitalité et le pardon. Après Bouvines, aucun des prisonniers, même soupçonné de félonie, ne sera exécuté, encore moins jugé comme les vaincus des guerres modernes. La brutalité du XIIIe siècle est douce au regard des violences d'aujourd'hui. 

     

    La nouvelle revue universelle, 7 rue Constance, 75018 PARIS - 4 numéros par an - Tarif : m Normal, 1 an, 70 €  m Soutien, 1 an 100 €  m Normal, 2 ans, 130 € m Réduit, 1 an (étudiants, chômeurs) 40 €. 

  • 7 août 1914 ... Nous qui aurons prévu, annoncé tout ce qui arrive, que serons-nous pour le monde nouveau qui sortira de la guerre européenne ?

    juleslemaitre.jpgJules Lemaître est mort avant-hier dans sa petite maison. La fidèle Pauline, la femme et la fille de son ami Moureau ont été seuls à suivre le convoi. Nul de nous n'a pu assister à l'enterrement... Nous n'entendrons plus la belle voix, les fines pensées du cher "parrain". Première tristesse de cette guerre... Où sont les charmants dîners intimes de la rue d'Artois ? 1914 fera-t-il coupure entre deux époques comme 1870 ? Nous qui aurons prévu, annoncé tout ce qui arrive, que serons-nous pour la nouvelle génération, pour le monde nouveau qui sortira de la guerre européenne ? 

    Quelle qu'en soit l'issue, les idées, les sentiments, tout ce qui fait l'esprit public ne peut manquer d'être renouvelé. La grande surprise que nous ménage sans doute l'avenir, c'est la métamorphose des radicaux français et des radicaux anglais contraints de faire la guerre et qui finiront par s'adapter, peut-être, à leurs nouvelles fonctions, s'ils ont gardé quelque chose de la vigueur d'âme des conventionnels.

    J'ai des nouvelles de mon cousin C..., radical à la plus vieille mode qui, à la Chambre, avait voté contre les trois ans. La guerre lui a porté un coup terrible. En effet, c'est pour lui dans sa petite ville, comme ç'aurait été pour Jaurès en face de toute la France si Jaurès n'avait été assassiné, la preuve brutalement administrée qu'il s'était trompé, qu'il avait compris tout de travers l'évolution du monde en fondant la politique sur l'idée que la guerre était impossible au XXème siècle...   

    J'aime mieux ce candidat radical-socialiste aux dernières élections législatives dont le concurrent faisait une campagne patriotique sur la question du service de trois ans. Cela se passait aux bords de la Garonne. Lorsque les électeurs, troublés par les arguments du modéré, objectaient au radical : "Tout de même, s'il y avait la guerre ?" l'autre, nullement embarrassé, répondait : "S'il y avait la guerre, les Prussiens ne viendraient jamais jusqu'ici. Alors, pourquoi vous tourmenter ?"    

    Mais cet argument ne pouvait valoir que pour le Sud-Ouest. Et la petite ville de mon cousin est sur la route des invasions.

     

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  • Demain, retour à l'actualité, à l'actualité économique, avec François Reloujac : à lire !

    Demain, vous aurez à lire ...  

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    CRISE ÉCONOMIQUE : Trois propositions pour en sortir, par François Reloujac

    A ne pmanquer.

     

  • 6 août 1914 ... La confiance est générale

    soldat%20francais%201914.jpgLa confiance est générale. Lea antimilitaristes d'hier sont les premiers à réclamer un fusil.

    - En quoi cet enthousiasme-là n'est il pas capable de se transformer ? demande sagement Lucien M...

    On continue à faire confiance à tout ce qui effrayait hier. La bourgeoisie admire Gustave Hervé, que l'assassinat de Jaurès, disent les mauvaises langues, a rendu patriote. Albert de Mun pleure d'attendrissement devant le patriotisme de la Chambre. Il appelle la journée parlementaire de mardi, le "jour sacré". Quand on connaît la coulisse, il faut en rabattre. Hier, Bernard de Vesins était à la réunion du syndicat de la presse parisienne. Clemenceau ne veut déjà plus admettre que l'autorité militaire contrôle les épreuves des journaux, établisse une censure de salut public.

    - Mais c'est la loi que nous avons votée hier au Sénat, a objecté Henry Bérenger.

    - Cette loi que j'ai votée, je jure d'être le premier à lui désobéir, a répondu Clemenceau, qui veut pouvoir continuer à faire de l'opposition, à renverser des ministères.

    A-t-on cru sérieusement que la France guérirait en quarante-huit heures de son anarchie ?

     

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  • Une impressionnante évocation : Bouvines, 27 juillet 1214, par Pierre de Meuse (2)

    Il s'agit, en vérité, de bien davantage qu'un récit - quoique tout y soit décrit par le menu - et de bien davantage que d'une évocation. Mais, outre tout cela, d'une étude politique, militaire, historiographique de la bataille de Bouvines, dont la France commémore les 800 ans. Compte-tenu de son importance, nous publierons cette étude en trois parties, dont voici la deuxième. Signalons encore que ce texte est repris du numéro 36 de La nouvelle revue universelle (avril-mai-juin) - que nous recommandons de lire en totalité *.  

     

    AG DREUX 026.JPGUNE BATAILLE BIEN MENÉE, MAIS JUSQU'AU BOUT LE DESTIN HÉSITE

     

    La bataille de droite ouvre les hostilités. D'un côté le corps flamand, chevaliers et milices, sans compter les routiers, qui est le premier au contact, et que commande le comte Ferrand. Il se trouve face à face au corps du duc Eudes de Bourgogne, accompagné de la Bannière de Montmorency. C'est lui qui ouvre l'engagement avec une furieuse charge de cavalerie, qui fait fléchir la chevalerie flamande. Elle réagit tout de même tardivement par une attaque ciblée d'une douzaine de Flamands contre le duc de Bourgogne, qui est jeté à bas de son cheval. Le sort vacille à ce moment. Pourtant, la garde du duc réussit à le rallier et à le remettre en selle. Le voyant repartir au combat, les chevaliers flamands mollissent, s'enfuient en laissant leur comte blessé aux mains de trois chevaliers qui tiennent avec lui la perspective d'une somptueuse rançon. Routiers et milices d'Ypres et de Gand quittent le champ de bataille, comme ils le peuvent. On ne constate aucun ralliement par l'aile vaincue des autres corps de bataille coalisés. D'ailleurs, le déroulement de l'action n'en laisse pas le temps aux rescapés.

    En effet, le même scénario se produit sur la gauche mais inversé. C'est la chevalerie anglaise qui charge les chevaliers français. Les milices communales sont dans un premier temps bousculées, leurs lignes traversées par l'ennemi. Salisbury cherche à atteindre le pont sur la Marque, afin de bloquer toute retraite avant de repartir ravager les lignes françaises. Derrière lui sont les fantassins brabançons, commandés par Renaud de Dammartin. Ce sont les meilleurs soldats de pied de l'époque,  admirablement commandés et animés par un esprit de corps incomparable. Cependant, lorsqu'il arrive avec ses bandes, Guillaume Longue-Epée se heurte à Philippe de Dreux, l'évêque de Beauvais, que Philippe a chargé de lui barrer la route. La chevalerie anglaise est bloquée inopinément par la cavalerie lourde de l'évêque, qui résiste et contre-attaque avec son frère Robert. L'évêque ne peut tirer l'épée, en vertu du précepte évangélique. Qu'à cela ne tienne ! Il manie la masse d'armes avec force et compétence, et se fraie un chemin jusqu'à Salisbury qu'il gratifie de trois coups sur son heaume, l'aveuglant et l'assommant, de sorte qu'il est fait prisonnier. Désorganisée, l'ost anglaise laisse le champ de bataille en désordre. 

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  • Les mouvements royalistes et mouvements proches, informations

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    cliquez sur l'image...

    Vous trouverez ici une information détaillée sur les mouvements royalistes, leur presse, leurs sites et blogs, leurs organisations à Paris et en province, leurs manifestations, réunions, conférences, expositions, activités diverses. Principaux mouvements présents : La Restauration nationale, le Centre Royaliste d'Action Française, la Nouvelle Action royaliste, Dextra, le Groupe d'Action Royaliste, le Centre Charles Péguy etc. Mais aussi d'autres activités diverses qui, si elles n'émanent pas de groupes ou mouvements royalistes, vont néanmoins dans le sens de notre action...

    Cette rubrique est ouverte aux mouvements royalistes et organisateurs d'activités ! N'hésitez pas à nous adresser vos annonces.   

  • Une impressionnante évocation : Bouvines, 27 juillet 1214, par Pierre de Meuse (1)

    Il s'agit, en vérité, de bien davantage qu'un récit - quoique tout y soit décrit par le menu - et de bien davantage que d'une évocation. Mais, outre tout cela, d'une étude politique, militaire, historiographique de la bataille de Bouvines, dont la France commémore les 800 ans. Compte-tenu de son importance, nous publierons cette étude en trois parties, dont voici la première. Signalons encore que ce texte est repris du numéro 36 de La nouvelle revue universelle (avril-mai-juin) - que nous recommandons de lire en totalité *.  

     

    AG DREUX 026.JPGLa France capétienne a bénéficié tout au long de son histoire, d'un avantage considérable : celui d'être le pays le plus peuplé d'Europe. Cette supériorité démographique, notre pays la conservera jusqu'au XIXème siècle, au cours duquel l'Angleterre et l'Allemagne la dépasseront lorsque les règles fiscales issues de la Révolution viendront briser le dynamisme familial issu de l'Ancien régime. Il est donc logique que les concurrents de la France n'aient pu envisager de la vaincre, lorsqu'elle était unie, que par une coalition. Il arrive que ces coalitions triomphent, comme à Waterloo, ou qu'elles échouent, comme à Denain. Dans tous les cas, c'est un grave danger pour la nation française. Il y a huit cents ans cette année que la première de ces grandes coalitions européennes fut formée, et qu'elle vint se disloquer à Bouvines. Voilà un anniversaire plein de sens, puisque depuis quelques années l'héritage français se trouve menacé de submersion. Il convient donc de se remémorer les circonstances de cet évènement capital, qui est la deuxième grande bataille livrée par les rois depuis la fondation de la dynastie.

    À l'origine de ce conflit, il y a, comme ce fut souvent le cas au cours des âges, l'hostilité de l'Angleterre et de Jean sans -Terre, son roi. Les motifs de cette hostilité sont patents : Philippe Auguste, roi intelligent et calculateur, a habilement su récupérer dans son Domaine royal la plus grande partie de ce que son père Louis VII (1120-1180) avait perdu à cause de la répudiation de son épouse Aliénor d'Aquitaine : pratiquement toute la partie ouest de la France, c'est-à-dire la moitié du royaume.  Normandie, Bretagne, Maine, Saintonge, Angoumois, etc... Philippe s'est appuyé avec diplomatie sur les dissensions familiales de la dynastie anglaise. D'abord entre Henri II Plantagenet et son fils cadet, Jean sans Terre, puis entre les deux frères Richard Cœur de Lion et le même Jean sans Terre, enfin sur les révoltes causées par la paillardise et le manque de qualités guerrières de ce roi Jean après la mort de Richard, tué au siège de Châlus en 1199. Jean, qui a succédé à son frère mort sans postérité légitime, décide donc de reconquérir ses territoires perdus. Il noue alors une coalition avec tous les ennemis potentiels du roi de France, le comte de Flandre Ferrand (qui est en fait portugais) et celui de Boulogne, le duc de Brabant ainsi que le titulaire du Saint Empire Romain Germanique, Otton IV de Brunswick, tous unis dans un désir commun d'en finir avec la puissance de la monarchie capétienne. Chacun reproche au roi de France, soit de lui avoir pris des villes ou des territoires, soit de soutenir ses ennemis. Il y a aussi la forte dépendance entre l'économie drapière flamande et l'Angleterre. Il faut préciser que Philippe soutient le pape Innocent III qui vient d'excommunier Otton, et ils soutiennent tous deux le petit-fils de Barberousse, Frédéric de Souabe, un Hohenstaufen, alors qu'Otton est un représentant de la dynastie concurrente des Welfes. L’excommunication est à l'époque un procédé de pouvoir, et n'a rien de doctrinal : les seuls conflits que le pape sanctionne sont des questions de fiefs non cédés, d'indemnité non réglées ou de dîmes arriérées.

     

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  • 5 août 1914, l'Angleterre s'est décidée

    WWI-SirEdwardGrey.jpgL'Angleterre s'est décidée : ce n'est pas sans que nous ayons passé vingt-quatre heures d'anxiété mortelle. Lundi, au Parlement, sir Edward Grey n'avait pas été très catégorique. On sentait une hésitation chez les ministres, une résistance dans la majorité radicale des Communes, une indifférence dans l'opinion. La violation de la neutralité belge a tout emporté en donnant à l'Angleterre le plus puissant des motifs pour déclarer la guerre à l'Allemagne. Car l'Angleterre sera la seule des puissances de la Triple Entente qui ait envoyé un ultimatum à l'Allemagne, tandis que la Russie et la France en ont reçu chacune un...

    Le propre de cette guerre, c'est qu'elle sera soutenue, du côté anglais et du côté français, par des gouvernements non seulement pacifiques, mais pacifistes, c'est-à-dire doctrinalement persuadés que la phase guerrière était close dans l'histoire de l'humanité. Du côté ennemi, c'est un état militaire dont toutes les forces sont tendues vers la préparation de la guerre. Comment les conséquences d'un conflit éclatant entre deux conceptions, deux mécanismes politiques aussi différents, n'alarmerait-il pas ceux qui observent, ceux qui réfléchissent, ceux qui savent ? Et nous, nous disons que toutes les guerres européennes pour l'équilibre et contre la suprématie d'une puissance auxquelles l'Angleterre a été mêlée se sont étendues sur une durée considérable. Moins l'Angleterre est préparée à frapper un coup décisif, plus le conflit menace de durer, et de durer à nos dépens : car, en France, tout le monde sert. La France n'a pas pour se protéger contre l'invasion le "ruban d'argent", le magique anneau des mers qui protège le Royaume Uni...

    En France, tout est pour le mieux et le patriotisme a surgi de toutes parts... Le gouvernement a une attitude honorable. Il se tient aussi bien que possible. Le message de Poincaré n'a pas paru tout à fait assez chaleureux. L'expression en est terne.

    Le public attendait des paroles qui fussent à l'unisson de son bel enthousiasme. Mais ce sont des jurisconsultes, des hommes de bureau qui lui parlent, et au nom de quoi élèveraient-ils le ton ?... Nos homme d'Etat s'efforcent d'imiter le flegme et la tenue du parlementarisme à l'anglaise. Combien de temps cela durera-t-il ? Hier, à la Chambre (anniversaire de la nuit du 4 août), il y a eu réconciliation enthousiaste, communion de tous les partis. Mais, dans les coulisses, les partisans s'agitent, prononcent l'exclusive contre tels et tels. C'est ainsi que la reconstitution d'un grand ministère avec Delcassé, Léon Bourgeois, Briand, etc a échoué. Peut-être cela est-il meilleur : ces grands chefs se fussent dévorés entre eux...

    Au ministère de la Marine, la nomination d'Augagneur produit le plus mauvais effet. "Est-ce une plaisanterie ?" a demandé à pleine voix à travers le téléphone un haut fonctionnaire de la rue Royale à qui on apprenait le nom du nouveau ministre...

    Tout ce qui n'est pas mobilisé cherche à s'engager, à se rendre utile pour la durée de la guerre. Qui n'est pas soldat a le sentiment d'une diminution, d'une sorte de honte. Du reste, il n'y a  rien à faire pour la moment. Aux plus impatients, on offre de renforcer la police de la banlieue. Il faut laisser la mobilisation se faire sans trouble. Elle s'annonce bien, et le déchet (insoumis, déserteurs) est inférieur à toutes les prévisions : 6 pour cent au lieu de 20 pour cent régulièrement prévus, annonce-t-on. Les hommes ne manquent pas.

    J'ai rencontré X..., qui, malgré ses cheveux blancs et les années, a gardé l'élégance et la politesse d'un homme du monde qui  a vu le second Empire. Ce vieux Parisien tient à rester à Paris quoi qu'il arrive. Son héroïsme à lui, ce sera de ne pas quitter sa ville.

     

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  • La bombe de 2017 ? Le sondage qui tue : chronique d’un désastre annoncé… L'analyse de Dominique Jamet

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    Si nous devions voter demain, Marine Le Pen arriverait en tête des intentions de vote avec 26% des suffrages exprimés.

    Excellente et perspicace analyse de Dominique Jamet, dans Boulevard Voltaire du 1er août. Elle rejoint celle de François d'Orcival qui annonce dans Valeurs actuelles que les législatives de 2017 auront lieu à la proportionnelle intégrale ... Nous doutons fort qu'une grande coalition à l'allemande, sous une présidence Sarkozy (conséquence d'une assemblée élue à la proportionnelle intégrale), donnerait, en France, des résultats bien fameux, alors que même en Allemagne cette solution est toujours un pis-aller. Quant à l'hypothèse qu'aucun observateur n'envisage, pour l'instant, l'élection de Marine Le Pen, à quoi conduirait-elle ? Les Français sont ce qu'ils sont : ils brûlent très vite ce qu'ils ont adoré, sont rapidement déçus, regardent, en un rien de temps, vers une nouvelle "alternance". La vérité - à quoi personne ne pense, ou n'ose envisager - est que, pour échapper à ce chaos mortel des luttes et des ambitions, la France doit sortir du Système et instaurer, au sommet de l'Etat, une autorité pérenne non partisanne. Une autorité qui relativise et remette les partis, les clans, les ambitions, à leur place. Leur place qui ne doit plus être la première.   

    Lafautearousseau

    Un sondage, peut-on fonder une prévision sur un sondage ? Une enquête d’opinion, faut-il le rappeler, n’est, suivant la formule consacrée, que la photographie des sentiments et des intentions d’un échantillon supposé représentatif de la population en un moment donné et n’aura jamais la valeur d’une consultation électorale en grandeur réelle. Nous n’en sommes encore, même si le temps nous paraît long, qu’à peine à la moitié du quinquennat en cours, à près de trois ans de l’élection présidentielle programmée pour avril-mai 2017. Enfin, nous ne sommes pas assurés que les candidats qui se présenteront alors seront bien ceux qu’envisage le sondage IFOP dont Marianne fait état dans son dernier numéro.

    Ces réserves faites et ces précautions prises, ce sondage n’en constitue pas moins un événement politique d’importance, et de nature, au cœur de l’été 2014, à faire frissonner de plaisir ou de peur les intéressés. Si nous devions voter demain, Marine Le Pen arriverait en tête des intentions de vote avec 26 % des suffrages exprimés, devant Nicolas Sarkozy (25 %), François Hollande (17 %), François Bayrou (13 %) et Jean-Luc Mélenchon (13 %). C’est donc un 21 avril bis qui priverait le candidat socialiste de l’accès au second tour, avec cette différence par rapport à 2002 que la candidate du Front national ne le distancerait pas d’un petit point, mais d’une dizaine.

    Si Nicolas Sarkozy hésitait encore à tenter l’aventure – ce qui est peu probable –, il ne peut que trouver un puissant encouragement dans des résultats qui semblent lui garantir d’être qualifié pour la finale et donc, selon toute vraisemblance, de l’emporter bien qu’avec une marge sensiblement inférieure à celle – miraculeuse – du miraculé Chirac, « escroc » et « Supermenteur », plébiscité par une panique moutonnière dont il ne tint par la suite aucun compte. Sarkozy, pour sa part, serait bien avisé cette fois de faire une campagne « républicaine » qui lui assurerait un bon report des voix du centre et de la gauche.

    François Hollande, quant à lui, n’a pas lieu de se réjouir. Certes, le score promis à Manuel Valls (17 %) ou à Arnaud Montebourg (10 %) dans le cas où soit l’un soit l’autre se porteraient candidats, met le président actuellement en fonction à l’abri de la concurrence, mais seulement parce qu’il faudrait être suicidaire pour lui disputer l’honneur de porter les couleurs du désastre annoncé. Maigre consolation : le candidat élu en 2012 a d’ores et déjà échoué et il entraîne dans sa chute le parti qui l’a porté au pouvoir.

    L’éternel optimiste qu’est M. Hollande peut toujours rêver d’un effondrement du Front national dont on ne voit pas ce qui pourrait le susciter aujourd’hui, ou espérer que l’UMP se divise, éclate et commette l’erreur de présenter plusieurs candidats. C’est ignorer que si Nicolas Sarkozy remet la main sur son parti, il mettra tout le monde d’accord. Il peut imaginer que, face au danger, la gauche plurielle retrouvera le chemin de l’unité, mais le fossé créé entre le Front de gauche et l’ami de la bonne finance est trop profond pour se combler et l’on ne voit pas pourquoi les dirigeants et les électeurs déçus ou écœurés par la trahison permanente dont M. Hollande est à leurs yeux le symbole voleraient au secours de la défaite. Pas plus qu’on ne voit s’inverser d’ici 2017 – à supposer que l’attelage tienne jusque-là – les courbes du chômage, de l’impopularité et du déclin.

    Le tempérament du chef de l’État le porterait sans doute, perdu pour perdu, à se contenter de voir venir et de durer. Mais ce serait sans compter sur la pression, qui devrait se faire de plus en plus lourde et insistante, de ses propres camarades et amis qui, à la lumière des catastrophes passées et dans la perspective de la catastrophe à venir, feront tout pour sauver les meubles et les acquis.

    L’équation est simple : dans le système qui est le nôtre, où les législatives ont désormais lieu dans le sillage et dans la logique de la présidentielle, si le mode de scrutin actuel est maintenu, les députés socialistes, de près de 300 qu’ils sont aujourd’hui reviendront à 70, comme en 1993, et seront pour cinq ans au moins exclus du pouvoir et de ses avantages. Si du majoritaire on passait à la proportionnelle, l’Assemblée élue en 2017 se répartirait en trois blocs à peu près équivalents : le Front national (s’il s’appelle encore ainsi), l’UMP (si elle n’a pas changé de nom) et la gauche autour du PS (s’il n’a pas été rebaptisé d’ici là comme le souhaitait Manuel Valls), disposant chacun d’environ 200 élus. Ce qui pourrait mener, sous la houlette de M. Sarkozy, à la constitution d’une grande coalition à l’allemande, qui serait chez nous le dernier avatar et l’ultime recours d’un système et d’appareils à bout de souffle dont les Français ne veulent plus. La dernière pause avant le saut dans l’inconnu.

     

  • 4 août 1914 : "Je fixe brièvement les grandes étapes des journées qui ont précédé la guerre"

    415px-F%C3%BCrst_von_B%C3%BClow.jpgLe 20 juin, accompagné de Jules Delahaye, je prononçai à l'Athénée de Bordeaux un discours que je puis résumer en ces termes :

    "Il y a deux partis en Allemagne : celui des politiques qui pensent que le temps travaille pour l'Empire, que la France se décompose et perd chaque année une bataille; et celui des impatients qui, à l'exemple du général de Deimling, se déclarent "las de tirer "à blanc". Il y a ceux qui veulent manger l'artichaut français feuille à feuille (système d'Agadir et du Congo) et ceux qui veulent le manger d'un seul coup. Ce second parti gagne en force tous les jours. Bismarck avait dit : "Laissons les Français "cuire dans leur jus". La question est de savoir si les successeurs de Bismarck n'estiment pas que nous sommes parvenus à ce degré de cuisson auquel il convient de  servir le rôti."    

    Aujourd'hui 4 août, je suis hanté par mes propre paroles. Trop bon prophète quant à la guerre, puisque l'ambassadeur d'Allemagne a demandé hier ses passeports, il y a des moments où je redoute d'avoir prédit aussi juste quant à l'issue de la guerre.

    Dans un livre qui vient de paraître en Allemagne et dont on a publié la traduction française quinze jours avant les hostilités, le prince de Bülow (l'ancien chancelier devenu prince depuis le coup de Tanger et "l'humiliation sans précédent") a inséré cet axiome : "Tout Etat doit être dirigé dans toutes ses parties comme si, demain, il devait avoir une guerre à soutenir."

    L'Etat français a-t-il été dirigé dans toutes ses parties comme s'il devait avoir la guerre le lendemain ?

    Voilà la grande expérience que nous allons faire.

    Avant de noter mes impressions au jour le jour, je fixe brièvement les grandes étapes des journées qui ont précédé la guerre.

    Le jeudi 23 juillet, l'Autriche envoyait son ultimatum à la Serbie. L'intervention de la Russie devenait aussitôt certaine. Tout le monde se demandait :

    - Est-ce la guerre ?

    Je répondais :

    -Nous n'en sommes séparés que par l'épaisseur d'une feuille de papier, la feuille sur laquelle s'écrivent les dépêches d'Ems.

    C'était encore trop optimiste puisque, cette guerre, l'Allemagne l'a préméditée, l'a voulue et n'a même pas pris la peine de créer un prétexte sérieux pour la faire.

    L'Allemagne était convaincue que la France ne marcherait pas. Cette certitude l'aura emporté sur les hésitations de Guillaume II. J'écris depuis six ans (depuis l'annexion  de la Bosnie par l'Autriche) que la division de l'Europe en deux groupes de puissances armées jusqu'aux dents, et dont l'un, celui de la Triplice, recourt en toute circonstance à l'intimidation, ne peut manquer d'amener une des plus grandes guerres européennes que l'on ait vues depuis les temps révolutionnaires. Nous y sommes... 

    L'illusion générale est que tout sera fini dans deux mois, trois au plus. On se donne rendez-vous pour la fin d'octobre, - au plus tard. Les officiers, -tel G..., avec qui j'ai déjeuné dimanche et bu à la victoire - sont convaincus qu'ils partent pour une campagne d'été. Les chefs les ont prévenus que le commencement serait dur, qu'il faudrait reculer d'abord, mais qu'après dix ou quinze jours nous reprendrions la marche en avant. Dans le public, chacun s'attend à la prise de Nancy dans les premiers jours de la campagne et nul n'en sera ému...

    Croire à la brièveté de la guerre, c'est peut-être encore une façon de ne pas croire à la guerre, une autre forme d'une incrédulité presqu'universellement répandue en France et qui, devant le fait accompli, s'attache à une dernière espérance. Les guerres modernes mettent trop de monde en action pour pouvoir durer, les Etats seront trop vite épuisés et ruinés, les intérêts souffriront trop, les peuples mettront fin à la folie des gouvernements...

    Ces raisons qu'on invoquait hier contre la possibilité d'un grand conflit européen, on les élève aujourd'hui en faveur d'une paix rapide...

    Cependant, pour l'observateur, il s'agit plutôt d'une guerre de sept ans que d'une guerre de trois mois. C'est la reprise de la lutte pour l'équilibre que l'Europe a vu renaître de siècle en siècle, la lutte contre l'empire de Charles-Quint. Et puis, pour qui connaît la puissance militaire de l'Allemagne, comment croire qu'elle sera brisée en six semaines ? N'est-ce pas l'assurance de posséder une force unique dans l'histoire qui pousse Guillaume II aux plus imprudentes provocations ?...

    Mais il convient, surtout à ceux qui ne partent pas, de taire et de cacher ces pensées...

     

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