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  • LE LIBAN PEUT-IL SE RELEVER ? par Annie Laurent

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    Épuisé par ses divisions internes, la crise économique aggravée par la pandémie, la corruption endémique, le Liban, sans gouvernement, est à terre. Le cardinal Béchara Raï a proposé une solution.

    (Article paru dans La Nef n° 336 – Mai 2021)

     

     

    Depuis l’été 2020, le pape François manifeste une vive préoccupation pour l’avenir du Liban. La crise existentielle dans laquelle s’enfonce le pays du Cèdre, déclenchée en octobre 2019 (1), ne cesse de s’aggraver, menaçant même la survie de ce petit État du Levant auquel le Saint-Siège a, dès 1946, trois ans après son indépendance, reconnu une vocation unique, ce qui inspirera à saint Jean-Paul II la formule de « pays-message » (2).

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    Parmi les diverses interventions du Souverain pontife, celle du 9 février dernier est significative par le choix de sa date et par son contenu. Publiée à l’occasion de la fête de saint Maron, patron de l’Église maronite, la plus nombreuse au sein de la chrétienté locale et la plus influente puisque c’est à l’un de ses patriarches, Élias Hoayek (1843-1931), dont le procès en béatification est en cours, que les Libanais doivent la création de leur État en 1920, raison pour laquelle le 9 février est une fête nationale chômée.

    Dans son message, le pape a insisté sur le rôle et la responsabilité des chrétiens. « Il est plus que jamais nécessaire que le pays garde son identité unique, pour assurer l’existence d’un Moyen-Orient pluriel, tolérant et divers, où la présence chrétienne peut offrir sa contribution et n’est pas réduite à une minorité qu’il faut protéger ». Affirmant que « les chrétiens constituent le tissu conjonctif historique et social du Liban et, à travers les multiples œuvres éducatives, sanitaires et caritatives, la possibilité de continuer à œuvrer pour le bien du pays, dont ils ont été les fondateurs, doit leur être assurée ». Or, a-t-il ajouté, « affaiblir la communauté chrétienne risque de détruire l’équilibre interne du Liban et la réalité libanaise elle-même » (3).

    Le Saint-Père a également demandé à ce que la présence des réfugiés, syriens et palestiniens, majoritairement musulmans, soit abordée dans cette optique. Les premiers, qui ont quitté leur pays en guerre depuis 2011, sont au nombre d’un million et demi ; les seconds, environ 400 000, sont les descendants de ceux qui avaient été chassés de Palestine lors de la création de l’État d’Israël en 1948. C’est donc une charge bien lourde que supportent les cinq millions de Libanais dont le territoire est à peine plus étendu que la Gironde. François a aussi émis la crainte qu’« en l’absence d’un processus urgent de reprise économique et de reconstruction, on risque la faillite du pays, avec la conséquence possible de dangereuses dérives fondamentalistes ». Appelant tous les responsables politiques et religieux libanais à renoncer à leurs intérêts particuliers, il les a engagés « à poursuivre la justice et à mettre en œuvre de vraies réformes pour le bien des citoyens, en agissant de manière transparente ». Il a enfin plaidé pour un engagement politique international aux côtés du Liban (4), pays où il se sait attendu et où il espère se rendre, comme il l’a confié début mars à son retour d’Irak.

    Mais une telle visite semble irréalisable en l’absence de gouvernement. Or, depuis la démission de l’ancien Premier ministre, Hassan Diab, suite à l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium survenue dans le port de Beyrouth le 4 août 2020 pour une cause inconnue faute d’enquête, terrible catastrophe qui a détruit une large partie des quartiers chrétiens limitrophes, avec leurs églises, musées, écoles et hôpitaux (200 morts, 6 500 blessés, 300 000 sans abris, privés de tout secours étatique), l’impasse est totale. Désigné à cette charge en octobre dernier, Saad Hariri n’a pas réussi à constituer l’équipe d’experts capables d’effectuer les réformes structurelles aptes à corriger les dysfonctionnements qui affectent le système bancaire, l’économie et tous les secteurs de la vie publique, entraînant de graves retombées sociales (chômage, pauvreté, émigration des jeunes). L’aide du Fonds monétaire international et des gouvernements amis, dont la France, est conditionnée par ces réformes. Des obstacles internes et externes sont la cause de ce blocage.

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    Au niveau interne, il faut retenir la corruption au sein de l’État et même de la société, explique Joseph Maïla (ci dessus, ndlr), professeur de relations internationales à Paris. « Au fil des années, le vol de l’État a été érigé en règle de gouvernement. L’État est une chose, un trésor à piller, un bien à exploiter, un butin à s’accaparer, des prébendes à distribuer. En somme une aubaine et une occasion de s’enrichir et d’enrichir les siens » (5). Le communautarisme en tant que mode de gouvernance, impliquant la répartition des charges publiques en fonction des appartenances confessionnelles, est souvent incompris en France, mais il se justifie. Libre de toute religion officielle, la République libanaise n’est pas pour autant laïque. Seul ce compromis permet aux chrétiens d’être pleinement citoyens et donc de participer au pouvoir. Les dérives visées par Maïla découlent du « lien clientéliste basé sur la relation entre un dirigeant local ou national et des hommes inféodés à lui en échange de leur soutien » (6). Cela explique, par exemple, l’insistance des deux principaux partis chiites (Amal et Hezbollah) à ce que le portefeuille des Finances soit octroyé à l’un de leurs membres plutôt qu’à un coreligionnaire indépendant. En l’état actuel, cette perspective est inenvisageable comme l’a montré l’assassinat de Loqman Slim, le 4 février dernier (ci dessous, ndlr). Cet intellectuel chiite, apprécié pour son courage et sa liberté, dénonçait la prise en otage du Liban par le Hezbollah qui l’avait menacé.

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    Du manque de véritable culture civique résulte aussi l’incapacité du pays du Cèdre à se protéger des calculs de son voisinage. « Le Liban, ce pays où la géopolitique est une maladie ». Sous ce titre, L’Orient-Le Jour édité à Beyrouth rappelle qu’il s’agit là d’un héritage historique. « L’entité libanaise a vécu, pendant des siècles, au rythme des interférences extérieures jusqu’à devenir, dans son histoire plus moderne, le théâtre d’une lutte d’influence dans laquelle chaque communauté s’appuie ou se laisse orienter, selon la perception que l’on en a, par un parrain extérieur » (7).

    Aujourd’hui, ces ingérences-allégeances concernent d’abord les deux principales communautés musulmanes (le sunnisme, client des monarchies arabes ; le chiisme, client de l’Iran), ce qui n’exclue pas pour chacune d’elles la constitution d’axes internes avec des partis chrétiens. Ainsi, le pacte conclu en 2006 entre le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et Michel Aoun, alors chef du Courant patriotique libre, a permis à ce général maronite d’être élu à la présidence de la République en 2016. Sa mésentente avec le sunnite Hariri, qui empêche la formation du gouvernement, s’inscrit donc aussi dans la rivalité régionale.

    L’État en perdition suscite des débats sur le concept de citoyenneté, au sein de groupes indépendants ou dans les universités. Mais ce sont surtout les initiatives du cardinal Béchara Raï (ci dessous, ndlr), intronisé patriarche maronite en 2011, qui retiennent l’attention. Depuis dix mois, le prélat ponctue ses homélies dominicales d’interpellations sévères adressées aux autorités politiques tout en encourageant la contestation populaire. Cette attitude peut surprendre en Occident mais les préoccupations temporelles résultent d’une longue tradition dans les Églises orientales. Dans la lignée de son prédécesseur Hoayek, Raï remet donc Bkerké, siège du patriarcat, au centre de l’action politique.

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    « Ne vous taisez pas… », a-t-il répété le 27 février dans un discours « fondateur » devant 15 000 Libanais de toutes confessions venus soutenir sa proposition de « neutralité active » dont il a énoncé les principes dans un Mémorandum publié le 7 août 2020, et qu’il a présenté au pape lors d’une audience à Rome le 28 novembre. Un tel statut, de nature constitutionnelle et reconnu internationalement, renforcerait l’État et permettrait l’élaboration d’un nouveau pacte national à l’abri de toute ingérence, sans pour autant signifier indifférence aux causes justes telles que les droits des Palestiniens ou la réconciliation entre États du Proche-Orient, ce à quoi le prédispose son « pluralisme religieux, culturel et civilisationnel ». Là est la clé du sauvetage du Liban, comme le patriarche s’efforce d’en convaincre les élites libanaises et les diplomates étrangers qui défilent à Bkerké. Si la Ligue arabe y est favorable, les instances religieuses et partisanes du chiisme local l’ont rejeté. Le patriarche ne voit donc plus d’autre solution que d’en appeler à l’ONU, l’implorant de convoquer une conférence internationale. « Ayez pitié du Liban. Notre pays est à terre. Si vous voulez qu’il continue à être un message pour toute la région, il faut l’aider maintenant » (8).

    Annie Laurent

     

    1. Cf. A. Laurent, « Le Liban en colère », La Nef, n° 321, janvier 2020.

    2. Cf. A. Laurent, « Le Saint-Siège et le Liban », numéro d’hommage au Liban publié par la Revue Politique et parlementaire, janvier-mars 2021, p. 109-116.

    3. L’Orient-Le Jour, 9 février 2021.

    4. Id.

    5. Op. cit., 20 janvier 2021.

    6. Id.

    7. 7 octobre 2020.

    8. La Croix, 14 avril 2021.

     

    Article paru dans La Nef n° 336 – Mai 2021

  • Avenir de l’Europe: Bruxelles mise sur l’Afrique!, par Nicolas Bay.

    La députée européenne Chrysoula Zacharopoulou (LREM) a les plus hautes ambitions pour le partenariat UE-Afrique... © NICOLAS MESSYASZ/SIPA Numéro de reportage : 00908691_000032

    Pour construire le monde d’après, la solidarité et l’inclusion sont les maîtres-mots des eurobéats...

    Une tribune libre de Nicolas Bay, député français au Parlement européen (RN)

     

    2.jpgLe XIXème siècle avait assuré au monde que l’Europe, ses découvertes scientifiques, ses inventions, sa civilisation, allaient devenir, de gré ou de force, l’avenir de l’Afrique. En 2021, a contrario, l’Union européenne affirme que l’Afrique serait l’avenir de l’Europe. Dans un rapport paru en ce début d’année, intitulé « une nouvelle stratégie UE-Afrique – un partenariat pour un développement durable et inclusif », la commission Développement du Parlement européen présidée par une députée LREM proclame l’absolue « nécessité » d’unir étroitement notre continent à l’Afrique.

    Cette « nécessité » reposerait sur une prétendue « proximité géographique ». Or, s’il est vrai que Bruxelles est à 1 600 km d’Alger, elle est tout de même séparée par 9 800 km de Johannesburg. Or, Moscou, désigné à mots couverts dans ce même rapport comme une des capitales du Mal avec Pékin, n’est qu’à 2 200 km de Bruxelles. L’argument de la géographie est à l’évidence un mauvais prétexte.

    L’idée d’un vrai « partenariat », c’est-à-dire équilibré, ne résiste pas davantage à l’analyse. En effet, le rapport prévient d’entrée de jeu que « loin de vouloir promouvoir une idée européenne du partenariat, c’est bien la vision africaine qui a été le fil conducteur des consultations (…) les intérêts et priorités de l’Afrique doivent jouer un rôle central dans la refondation de notre relation ». Si ces « intérêts » et « priorités » sont « centraux » dans la relation, c’est donc que les intérêts et les priorités de l’Europe deviennent secondaires voire nuls. Et il ne faut pas chercher longtemps pour en trouver des exemples dans le rapport.

    Un néo-colonialisme inconscient

    Ainsi, celui-ci préconise qu’en cas de litige sur des investissements entre des États africains et des entreprises ou des États européens, ces derniers renoncent à porter plainte ou s’engagent à mettre un terme aux procédures déjà lancées.

    Dans le domaine agricole, le rapport plaide pour « le droit à la souveraineté alimentaire » de l’Afrique. Mais voilà… le continent est massivement dépendant des exportations alimentaires européennes. Les subventions aux paysans de notre continent sont donc dénoncées comme faisant une concurrence dangereuse aux paysans africains. Comment y remédier ? En arrêtant la mondialisation ? Non, il faut —  prière de ne pas rire — encourager entre autres : « les échanges de connaissances et de bonnes pratiques entre les agriculteurs européens et africains, en particulier les contacts entre les jeunes agriculteurs, les femmes et les représentants des communautés rurales autour des méthodes de production durables et de la protection de la biodiversité ». Pendant ce temps, les Émirats arabes, la Chine, l’Inde et bien d’autres achètent des millions d’hectares de terres, notamment au Cameroun.

    Le grand paradoxe de ce rapport qui prône la préférence africaine est qu’il décline tout au long des pages un corpus politique et philosophique progressiste typiquement occidental, celui de l’inclusivité, du multilatéralisme, des droits de l’Homme vus par Bruxelles, etc. Un néo-colonialisme inconscient, reposant sur l’absolue certitude de la supériorité morale du système européen sur tous les autres. Dans un style différent, Jules Ferry et ses « races supérieures » suivaient le même cap. À ceci près que la IIIème République voulait faire des Africains des Européens, et non l’inverse.

    Le résultat de cette schizophrénie risque d’être dramatique pour l’Europe. Le rapport ne tergiverse pas avec l’intérêt de l’Afrique : les Européens doivent se préparer à payer comme ils n’ont jamais payé car « le succès du partenariat dépendra des enveloppes financières qui lui seront consacrées; (il faut) une action de soutien massif en faveur de l’Afrique ».

    Bien naturellement, l’Europe doit accepter des « transferts de technologies » et autres « partages d’expériences » afin de se faire pardonner « le changement climatique » dont « l’Afrique n’est pas à l’origine (…) et est une des premières victimes ».

    Donc aides massives en argent, en capitaux, en nature, mais également indemnités à verser au nom de la colonisation. En effet, il faut « permettre aux deux continents de recenser les legs des régimes coloniaux dans les relations actuelles et de négocier des mesures appropriées pour y remédier ». Rappel : l’UE et ses États membres versent 20 milliards d’aide à l’Afrique par an, soit 400 milliards depuis le début du siècle. L’équivalent d’environ deux ans et demi du budget de l’Union, mais il va falloir payer pour « Tintin au Congo » ou pour « Il est minuit, docteur Schweitzer ».

    Un revenu de base vraiment… universel!

    L’immigration ?  Le rapport est clair comme un matin de printemps dans le port de Lampedusa : « la réussite du partenariat passera par un renforcement substantiel des possibilités de mobilité ». Et pour ceux qui n’auraient pas compris que le raz-de-marée est obligatoire, le texte avertit qu’il conviendra de « défendre le principe de non-refoulement » car « la migration constitue un instrument de développement durable ».

    Enfin, l’Union « devrait permettre de participer au processus décisionnel en favorisant des structures garantissant la participation aux affaires sociales et politiques de groupes issus de la diaspora » africaine dans le cadre du partenariat. Et afin que cette diaspora se sente tout à fait à l’aise pour jouer son rôle central, il conviendrait que « les pays de l’Union européenne et d’Afrique s’attellent à réduire le coût de l’envoi de fonds (vers l’Afrique) à moins de 3 % ».

    Les rédacteurs et signataires de ce rapport connaissent-ils vraiment l’Afrique, hors des ambassades et palais présidentiels ? On peut en douter. Ainsi, le rapport croit pouvoir possible de promouvoir en Afrique une « éducation sexuelle » dans le but de « transformer les normes de genre préjudiciables ». Bon courage ! Dans un autre genre, les jeunes européens, notamment les jeunes entrepreneurs, devraient pouvoir faire des stages en Afrique afin « de la comprendre » mais aussi afin de se former « aux processus d’intégration respectifs ». Sans oublier, bien sûr, l’indispensable « plan vert » commun avec l’Afrique dont l’un des éléments serait « une stratégie de la ferme à la table » (sic) !  Enfin, sommet du document dont on peut se demander s’il a été écrit par des fous ou si, au fond, tout cela ne serait pas une immense plaisanterie, la commission préconise à terme la distribution en Afrique comme en Europe d’un… revenu de base universel !

    Perdus dans cet océan de délires, surnagent les débris d’une pensée géopolitique. En choisissant de s’unir avec un continent encore largement sous-développé, le moins connecté du monde au réseau électrique, le moins alphabétisé, le plus pauvre, aux gouvernements souvent corrompus, aux nations de bric et de broc, l’Union européenne imagine faire pièce à la Chine et à la Russie. C’est écrit en toutes lettres dans le rapport : faire de la « nouvelle route de la soie » qui passe par l’Afrique, une impasse. La Chine et la Russie sont accusées de ne songer qu’à leurs intérêts. Crime absolu dans le monde multilatéral, pacifié et post-politique de l’UE prônant à tour de bras les valeurs de l’inclusivité et des nouvelles normes sociales, de genre, industrielles, commerciales, environnementales, etc.

    En outre, s’appuyer sur l’Afrique pour se fabriquer un avenir au motif que ce continent connaît une « forte croissance démographique qui devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies » alors que nous, Européens, ne faisons presque plus d’enfants, heurte la raison la plus élémentaire.

    Ce choix idéologique et caricatural d’une certaine vision de l’Afrique est celui de Bruxelles et ne respecte d’ailleurs pas le continent africain puisqu’il consiste avant tout à vouloir y plaquer notre vision occidentale comme si elle était universelle, exportable et adaptable à toutes les civilisations. C’est finalement, encore et toujours, le choix de l’Europe de l’impuissance et de la repentance, de la sortie de l’histoire. Ce n’est pas le nôtre.

     

    Député français au Parlement européen Vice-président du groupe « Identité et Démocratie »
     
  • Les sourds et la muette, par Elisabeth Lévy.

    Le président Macron à la Ferme du Cuin (légion étrangère), Saint Gauderic (11), le 12 mars 2021 © ELIOT BLONDET-POOL/SIPA Numéro de reportage : 01008954_000031

    Des Gilets jaunes en uniforme?

    Il flotte un petit air de Gilets jaunes dans les casernes.

    On dira que le pouvoir l’a bien cherché. Après la publication de la première tribune, celle des généraux en retraite qui s’alarmaient du délitement de la France, la macronie s’est répandue en criailleries hors de propos, dénonçant factieux, putschistes et autres séditieux.

    3.jpegRejoignant en cela le chœur des vierges de gauche qui, entre deux assassinats de policiers, entendaient des bruits de bottes. Quant à la ministre des Armées, droite dans les siennes, elle a réagi en parfait petit chef, promettant sanctions et tracasseries à des vieux de la vieille qui, deuxième section ou pas, ont quitté l’armée d’active. Il aurait peut-être suffi d’un mot présidentiel, laissant entendre que, malgré tout, le message était passé et qu’on entendait en haut lieu les inquiétudes de ces fidèles serviteurs de l’État, pour désamorcer la suite. 

    À l’armée, le respect des anciens n’est pas seulement un slogan compassionnel destiné à montrer sa bonté. Le mépris et les sarcasmes déversés sur des hommes qui, quoi qu’on pense d’eux, ont accepté (par contrat) de risquer leur peau pour nous et pour pas un rond, semblent en avoir énervé plus d’un dans les popotes et mess. D’où la tribune numéro deux, signée par des militaires d’active placé sous le patronage du couplet des enfants de La Marseillaise – qui commence par « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus » et se termine par « nous aurons le sublime orgueil de les venger ou de les suivre ». Les signataires font les deux à la fois pour leurs anciens, plantant au passage une sacrée épine dans le pied de l’exécutif. 

    Il est assez curieux de leur reprocher leur anonymat quand on se pâme devant le moindre « lanceur d’alerte » dénonçant les turpitudes de son entreprise, de son institution ou de son patron, qu’on s’émerveille devant metoo et sa cohorte de mains dans la culotte de ma sœur alléguées tout aussi anonymement et sans preuve. L’ami Geoffroy Lejeune, patron de Valeurs actuelles, garantit que les signataires initiaux sont effectivement des soldats d’active (et bien entendu je le crois, mais j’ignore quelle proportion des 163 137 signataires enregistrés lundi à 17 heures ils représentent). On voit mal comment ils parleraient ouvertement puisque cela leur est interdit, et cela vaut pour tous les fonctionnaires astreints à un devoir de réserve. Personne ne s’indigne parce que le Watergate a été déclenché et mené de bout en bout par un officier de renseignement. Gorge profonde a transgressé toutes les règles de son institution, sans doute parce qu’il pensait que l’intérêt supérieur du pays l’exigeait. 

    Cette tribune s’adresse personnellement au président de la République, aux ministres, parlementaires et officiers généraux. Le « délitement » a cédé la place à la « déchéance ». Et cette déchéance, écrivent-ils, « précède l’effondrement ». Il y est question des « camarades qui ont offert leur peau pour détruire l’islamisme auquel vous faites des concessions sur notre sol ». De leur expérience dans Sentinelle, ils tirent un portrait douloureux de notre pays : « Nous voyons la violence dans nos villes et villages. Nous voyons le communautarisme s’installer dans l’espace public, dans le débat public. Nous voyons la haine de la France et de son histoire devenir la norme. » Aussi, ils en sont certains : « la guerre civile couve en France et vous le savez parfaitement ». En réalité, personne ne peut savoir parfaitement qu’une guerre civile couve. J’ignore quant à moi si cette phrase relève de la lucidité du désespoir ou d’un pessimisme excessif. Que la France soit traversée par de multiples fractures, il faudrait avoir été en hibernation depuis dix ans pour l’ignorer. Sommes-nous pour autant proches de la guerre civile, j’ai du mal à le croire mais peut-être devrai-je reconnaître dans un futur proche que j’étais une somnambule. On laissera chacun se faire son idée, laquelle varie d’ailleurs au gré de l’actualité et de l’humeur. 

    En attendant, contrairement à mon cher William Goldnadel, et en dépit et de l’admiration que m’inspirent ceux qui choisissent le métier des armes, je ne signerai pas ce texte des deux mains, ni d’aucune d’ailleurs. 

    Inutile de jouer à se faire peur, il ne contient nul appel à la sédition. « Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera », peut-on encore y lire. Ce qui signifie qu’elle n’interviendra pas si on ne le lui demande pas. 

    Le problème n’est pas que le constat soit éventuellement exagéré mais qu’il traduise une opinion politique. Peu importe que celle-ci soit ou non pertinente (et en l’occurrence elle l’est au moins en partie), elle rompt avec une tradition démocratique bien établie : la neutralité politique de l’armée. Certes, de Gaulle fait de la politique, dès 1934 quand il publie Vers l’armée de métier, et surtout en 1940. D’abord, pas le moindre de Gaulle à l’horizon. Ensuite, en 1940, la légalité républicaine s’était effondrée. Nous n’en sommes pas là. 

    On peut penser tout le mal qu’on veut du président de la République et de ses lubies déconstructrices, mais il est élu, ce qui signifie que, comme dirait Mélenchon, sa personne est sacrée. Et il est le chef des armées. Le boulot des militaires, c’est de lui obéir, à moins que sa forfaiture ait été établie et/ou leur intervention requise dans les conditions prévues par la Constitution. En parlant de « fourberie », de « lâcheté » et de « perversion » à propos des autorités politiques et de leur propre hiérarchie, les signataires transgressent la règle première de leur institution, celle qui fait sa force : la discipline, le respect du chef. Tous les soldats veulent que l’État qu’ils servent soit fort et ils ont raison. Le risque est qu’en contestant frontalement ceux qui le dirigent, ils contribuent encore à son affaiblissement. 

    Reste à savoir si nos gouvernants sont capables de répondre autrement que par des sanctions, des invectives et des tout ça c’est rien que de la racaille d’extrême droite. Si leur seule réaction est de lancer une chasse aux sorcières pour démasquer les contrevenants, elle ne fera que mobiliser autour de leurs camarades de nombreux militaires qui, aujourd’hui, se tiennent à l’écart de cette agitation. Dans la foulée, les policiers, qui en ont gros sur la patate et on les comprend, pourraient eux aussi vouloir interpeller leurs chefs. Et puis, pourquoi pas les Préfets qui, eux aussi, sont aux premières loges pour assister à ce qui se passe, qu’on le nomme délitement, déchéance ou ensauvagement. Autrement dit, si le pouvoir répond par la répression et le raidissement idéologique, il pourrait bien encourager une nouvelle forme de protestation au sein même de l’appareil régalien de l’État. Tous ces fonctionnaires astreints au devoir de réserve ne peuvent pas se mettre en grève et ceux qui ont le droit de manifester comme les policiers savent que cela ne sert pas à grand-chose. En revanche, ils peuvent ouvrir leur gueule – et vu le raffut provoqué par deux tribunes, la méthode risque de faire des émules. 

    S’il ne veut pas se retrouver confronté à des Gilets jaunes en uniforme, le pouvoir doit jouer fin, désapprouver sans doute, quoiqu’avec modération, mais en montrant qu’il comprend l’angoisse de disparition que nous sommes beaucoup à éprouver. En attendant, ne nous y trompons pas : ce que nous devons craindre, ce n’est pas une intervention intempestive des militaires ou des policiers, c’est qu’arrive un jour où ils refuseront d’intervenir. 

     

    Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2

    Source : https://www.causeur.fr/

  • la marque de Dieu: les animaux & les hommes (3e) (70), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le soixante dixième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Dieu qui est Créateur a lui aussi laissé sa marque sur toute sa Création: dans cette troisième partie voici les animaux et les HOMMES...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/94/3faa01c4-07c3-4b11-a582-d8ccd0f4e36c.mp3

    LES ANIMAUX

    Cette même attraction, cette même marque du Créateur que l’on a vu pour les plantes, on la retrouve également chez les animaux. C’est là aussi une union sexuelle qui répond à cette loi de l’attraction universelle qui est de l’ordre biologique. Cette union entre le mâle et la femelle qui donne vie aux petits participe à la grande œuvre de la nature qu’est la transmission de la vie.

    Pour les oiseaux, par exemple, c’est une union qui est durable. Le couple d’oiseaux construit un nid pour y accueillir d’abord les œufs qu’il va couver et puis –une fois éclos- ce seront les oisillons qu’il va nourrir pendant des semaines. Avant que ces derniers ne puissent voler de leurs propres ailes. Et cette union des trois (père, mère, petits) peut se nommer famille. Ici c’est la « famille oiseau ». « Union » qui est ici aussi un reflet du Ciel et du Créateur, reflet de la « Communion » de la « Famille Dieu » qu’est la Sainte-Trinité (Père, Fils et Esprit-Saint).

    Pour les mammifères, les temps seront beaucoup plus longs et notamment l’éducation des petits pourra durer quelques mois, voire quelques années avant qu’ils ne soient autonomes. Et puissent à leur tour fonder une famille. Mais c’est le même principe qui régit cette loi pour l’ensemble des animaux (avec quelques variantes, mais l’exception ne confirme-t-elle pas la règle ?). Aussi bien pour les mammifères, que pour les sauriens ou les insectes… Et pour l’ordre animal cette attraction, cette union est mue par ce que l’on appelle « l’instinct sexuel » ou de reproduction.

    Mais on retrouve toujours cette union pour développer la Création et la Vie, véritable marque du Créateur. Qui cependant n’avait rien d’obligatoire, puisque aussi bien pour les plantes que pour les animaux, on aurait très bien pu concevoir une Création qui se fasse sans cette forme de partage, sans cette union des trois.

    Cette marque du Créateur et cette attraction universelle donnent ici aussi une union de trois pour l’accueil et la transmission de la Vie. La Vie, merveille essentielle de la Création. A travers un tableau, qui est l’œuvre d’un peintre, on comprend mieux et on admire le peintre. Quand on contemple le « Livre des Merveilles de la Création » on peut comprendre et louer le Créateur. *On contemple Dieu à travers la beauté de son œuvre, de sa Création. *

    LES HOMMES :

    « HOMME ET FEMME IL LES CREA  »

    (Gen. 1,27)

    Au sommet de la Création, celui qui est le résumé de l’ensemble, résumé, à lui tout seul, de toute l’histoire de l’Univers, c’est l’HOMME. Il est à la fois matière, donc il participe de l’ordre de cette attraction physique et chimique; il est végétal, il participe à l’attraction biologique aussi ; et également animal, et lié à l’attraction qui est ici de l’ordre de l’instinct. Et il a une dimension supplémentaire qui est l’ordre humain (avec conscience, intelligence et âme), si on s’en réfère à la Bible l’Homme est au sommet de la Création: « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre… » (Gen 1,28).

    L’Homme est à la fois matière (composé d’atomes), corps animé (d’où le mot animal : qui se meut, à la différence des plantes) et âme (humaine et spirituelle – immortelle). Il est la somme et le sommet de la nature et à l’image de Dieu-Trinité.

    L’homme est à la fois corps par la nature – donc une union de l’ordre sexuel pour transmettre la vie, comme pour les animaux - mais il est aussi esprit et âme (don et image de Dieu), et là cette union, homme-femme-enfants, devient communion grâce à l’Amour. Quand un garçon devient amoureux d’une fille, on dit qu’il est attiré par cette fille. Pour l’homme la loi de l’attraction universelle ne se résume pas à une union liée à une attirance électrique et chimique (comme pour les atomes), de gènes (comme pour les plantes) ou d’instinct (comme pour les animaux) mais elle est aussi l’Amour, et cette union-là on peut l’appeler communion comme pour Dieu. Car l’Amour est la caractéristique de Dieu-Trinité, de Dieu qui est Amour. C’est l’attraction universelle qui aboutit ainsi pour l’Homme, créé à l’image de Dieu, à l’Amour – avec un grand A bien sûr - entre l’homme qui va aimer la femme, la femme qui va aimer l’homme, qui vont tous deux aimer les enfants, les enfants qui vont aimer leur père et leur mère. C’est une communion d’Amour qui existe ainsi entre les trois personnes de la Famille à l’image de Dieu-Trinité. « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre,… » comme le rapporte la Genèse (1,28). On pourrait même résumer cela : « à l’image de Dieu, homme et femme et enfants, il les créa ». Car cette union des trois, cette communion est un fruit de l’Amour et un don de Dieu. Cette loi de l’attraction universelle devient pour l’homme la loi de l’Amour.

    Et sur terre Dieu a choisi une icône parfaite de l’image de Dieu-Trinité que devrait devenir toute famille unie par l’Amour. C’est la Sainte-Famille, Jésus-Marie-Joseph, un exemple pour toutes les familles du monde. Dieu-Trinité (Père, Fils, Esprit-Saint) a voulu s’incarner dans une famille. Une personne de la Sainte Trinité qui est le Fils, Jésus, est devenu aussi une personne de la famille humaine, en devenant un membre de la Sainte-Famille. Voici Jésus-Marie-Joseph qui sont comme le reflet sur un lac de la Sainte-Trinité qui se trouve au Ciel. L’image 2D du 3D que l’on trouve au Ciel. Jésus est à la fois membre de la Sainte Trinité et membre de la Sainte-Famille, Dieu (le Fils) fait Homme (le nouvel Adam).

    L’homme est ainsi l’addition et l’accomplissement de la Création, avec la matière, le végétatif, l’animal et l’humain. Et il retrouve Dieu, son Créateur, par l’intermédiaire de cette Sainte-Famille. Une image représentant ce que doit pouvoir faire l’homme qui est aussi de l’ordre du divin. Puisque Jésus est venu réconcilier l’Homme avec Dieu et le faire accéder à cette vie divine qui peut devenir une vie éternelle.

    EN CONCLUSION

    La loi de l’attraction universelle, marque de Dieu-Trinité (infini de l’Amour), donne en l’Homme, à la fois ce lien entre Dieu-Trinité et l’ensemble de la Création - l’Homme étant façonné à partir de la matière et de tous les stades de la Création - mais aussi l’image de Dieu avec une âme destinée à être éternelle en se reposant sur l’Amour. Amour - qui est débordement de Création et de Vie - issu de la communion entre les trois personnes de la Sainte-Trinité.

    A VOIR AUSSI SUR NOTRE SITE:

    -la 1ère partie: de l'atome à l'étoile

    - 2eme partie: les plantes

  • Gilles-William Goldnadel: «Théo est mort dans le silence des “antiracistes” sélectifs».

    Gilles-William Goldnadel AFP

    Alors que le jeune Théo a été assassiné par un ressortissant sénégalais disposant d'un titre de séjour valable jusqu'en juillet 2021, une partie du monde culturel et médiatique rabâche la même vulgate indigéniste. L'essayiste et avocat Gilles-William Goldnadel dénonce un antiracisme qui choisit ses victimes et ses coupables.

    La dilection pour l'altérité non-occidentale, ou pour le dire plus crûment, la préférence pour cet Autre qui n'est pas blanc me paraît, au prix de me répéter inlassablement, le marqueur indélébile de la débilité du temps. Trois exemples tirés de l'actualité de la semaine.

    À Claye-Souilly, Théo, 18 ans, a été poignardé à mort par un délinquant sénégalais en situation régulière en France, disposant d'un titre de séjour en bonne et due forme, valable jusqu'au 20 juillet 2021, déjà connu des services de police... Ce martyr innocent est également victime de l'occultation délibérée par la presse conformiste ordinairement antiraciste.

    Au rebours du Figaro, Le Monde et France Inter ont tu soigneusement le statut et l'origine du meurtrier. Des tartuffes pourraient objecter qu'il est dangereux de focaliser racialement.

    Il faudra nous expliquer dans ce cas leur insistance chromatique obsessionnelle sur les couleurs de peau de Derek Chauvin et de sa victime Georges Floyd.

    Pauvre Théo, définitivement disparu et passé à la trappe médiatique. Son célèbre homonyme, toujours en vie, aura occupé durant des jours l'espace médiatique jusqu'à voir son cas évoqué par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Obscénité de la différence de traitement du fait de société. Le fait divers n'est édifiant que s'il concerne la diversité.

     

    (...) l'invitation faite à Spike Lee de présider le jury du festival de Cannes est la preuve la plus emblématique de cet antiracisme sélectif qui montre l'indulgence pour l'Autre en même temps que le mépris des siens.

     

    Jeudi dernier, huit heures et douze minutes sur France Inter. Reportage empathique sur Khaled, migrant algérien qui tente de pénétrer illégalement sur le territoire français en suite de la faillite économique de son pays. Khaled décrit son «rêve». Il ne viendrait pas à l'idée du journaliste de service public d'interviewer avec la même empathie Pierre qui raconterait son cauchemar de voir pénétrer tous les Khaled au mépris de la souveraineté et de la sécurité de son pays.

    Mais pour être moins dramatique, l'invitation faite à Spike Lee de présider le jury du festival de Cannes est la preuve la plus emblématique de cet antiracisme sélectif qui montre l'indulgence pour l'Autre en même temps que le mépris des siens.

    L'homme noir au smoking rose a été accueilli en héros sur la Croisette.

    Il commence évidemment son discours par la stigmatisation des violences policières dans son pays et la victimisation de ses frères de couleur : «quand vous voyez le roi George Floyd, tué, lynché, vous pourriez croire et espérer que plus de 30 putains d'années après, les personnes noires ne soient plus chassées comme des animaux».

    Et l'AFP de résumer : «Spike Lee a placé d'emblée le festival sous le signe de la lutte, dénonçant les discriminations raciales et de genre».

    C'est donc sur ce territoire hagiographique que Libération évoque «sa stature de guérillero» tandis que le Monde rend hommage à un «infatigable militant».

    Sauf que sous ce statut gratifiant, gît un individu autrement moins reluisant.

    C'est ainsi que dans son film Get on the Bus (1996), où le méchant de l'histoire est un chauffeur juif, Spike Lee célèbre la Marche du Million, une manifestation organisée un an auparavant à Washington par Louis Farrakhan, le leader raciste noir, antisémite, négationniste et homophobe de la Nation de l'Islam, organisation suprémaciste, noire et islamiste. Prêcheur de haine, Farrakhan a traité les blancs de «diables aux yeux bleus», Hitler de «très grand homme» et les juifs de «sangsues» accusées d'avoir fomenté le trafic d'esclaves et de diriger le gouvernement, l'économie, Hollywood et les médias. Pas gêné pour si peu, Spike Lee déclare: «Je suis allé voir le ministre Farrakhan pour avoir sa bénédiction». Lee fait même appel aux miliciens violents de l'organisation raciste pour sécuriser les plateaux de ses films.

    Péchés de jeunesse de Spike aujourd'hui prescrits ? En 2014, Farrakhan considère le judaïsme comme un «mensonge trompeur» et évoque encore ces «juifs sataniques qui contrôlent tout».

    Cela n'empêche pas Lee de l'embrasser voluptueusement à l'avant-première de son film Chi-Rak à Chicago en 2015.

    La sollicitude bienveillante de Spike Lee est identique à l'égard d'un autre raciste et antisémite noir, son «ami» Al Sharpton qui aura servi de modèle à Tom Wolff dans son Bûcher des Vanités pour camper son sulfureux révérend Bacon. Al Sharpton s'est rendu célèbre lorsqu'en 1991, après qu'un conducteur juif d'une ambulance tue accidentellement un garçon noir, il encourage de violentes émeutes dans le quartier de Crowh Heights à Brooklyn. : «Les juifs sont des «marchands de diamants» avec «du sang de bébés innocents sur les mains». Un étudiant israélite est même tué par une bande qui le poignarde à cette occasion. Cet épisode qui le discrédita fut narré en décembre 2014 dans Le Monde qui l'oublia lorsqu'il évoqua sans esprit critique l'homélie du pasteur en hommage à Georges Floyd.

    Cela n'empêcha pas l'antiraciste Spike Lee de faire l'apologie de Sharpton en 2020 : «Mon frère a été à l'avant-garde de nos batailles encore et toujours. Depuis très longtemps jusqu'à cette révolution actuelle dans laquelle se trouve le monde. Le révérend a parlé de Black Lives Matter dès le début ... J'ai hâte, d'être debout à ses côtés…»

    Le réalisateur «antiraciste» encensé a également relayé une théorie conspirationniste extravagante selon laquelle le gouvernement américain a créé le virus du sida : «tout d'un coup une maladie surgit de nulle part …qui cible spécifiquement les gays et les minorités. La maladie mystérieuse, ouais, à peu près aussi mystérieuse que le génocide… je suis convaincu que le sida est une maladie conçue par le gouvernement», déclare-t-il au magazine Rolling Stone.

    Autre morceau de bravoure: après avoir visité l'Afrique du Sud «l'antiraciste» déclare: «je voulais sérieusement prendre une arme et tirer sur des blancs. La seule façon de résoudre les problèmes est un bain de sang».

     

    Est-il imaginable que les organisateurs du festival de Cannes demandent à un réalisateur blanc, admirateur du Klu Klux Klan , de présider le jury ?

    Gilles-William Goldnadel

     

    Racialiste jusqu'au bout des ongles, Spike Lee avoue son dégoût pour les couples mixtes :

    «Je ne vois jamais d'hommes noirs avec de belles femmes blanches… Et vous voyez toujours des hommes blancs avec de belles femmes noires». Lui-même a promis de ne jamais entretenir de relations avec des femmes blanches : «Je ne trouve pas les femmes blanches attirantes. C'est tout. Il y a beaucoup trop de belles femmes noires» dans le même entretien à Playboy, il ajoutait sans complexe : «les Noirs ne peuvent pas être racistes».

    À ce stade terminal, une question : est-il imaginable que les organisateurs du festival de Cannes demandent à un réalisateur blanc, admirateur du Klu Klux Klan , de présider le jury ?

    La réponse est dans la question : Inimaginable.

    Pourquoi donc en conséquence avoir rendu à Spike Lee cet hommage indu alors que les faits ci-dessus relatés étaient notoires ? On pourrait évidemment expliquer cette inconséquence assez répugnante par l'insoutenable légèreté de l'être artistique progressiste. Cette explication est convaincante car elle cache en creux l'insoutenable préférence « progressiste » pour l'Autre.

    On signalera que cette préférence raciale est mortelle, sans doute pourquoi Théo est mort dans le silence mortel des racistes sélectifs.

     

    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

    Source : https://www.lefigaro.fr/

  • Le passe sanitaire, vers une surveillance numérique de la société, par Laurence Trochu.

    Manifestation des anti-passe sanitaire à Paris, 14 août 2021 © Florence Gallez / Medialys Image/SIPA Numéro de reportage : SIPAUSA30276222_000008

    Bienvenue dans le meilleur des mondes

    L’instauration du passe sanitaire a cristallisé le débat autour de la question de la liberté qui apparaît soudainement menacée. La technologie numérique rend désormais possible la surveillance de masse.

    2.jpgOr, les enjeux de la soumission de nos vies à la technologie n’ont jamais fait l’objet d’une réflexion politique à même d’anticiper les décisions à prendre pour garantir la préservation de la liberté. Non seulement le politique est démuni mais pire, il reste muet sur ce grand défi de  l’Intelligence Artificielle que révèle la crise sanitaire. Dans la perspective de l’élection présidentielle, le Mouvement Conservateur fait de ce sujet un critère de choix du candidat qu’il soutiendra. 

    Le passe sanitaire, un outil qui n’est pas neutre

    La crise sanitaire et les mesures de restriction qui l’accompagnent voient s’affronter les tenants de la ligne gouvernementale et leurs opposants sur la question de la liberté. Si les uns s’enfoncent dans une argumentation spécieuse selon laquelle il faut restreindre la liberté aujourd’hui pour la retrouver demain, les autres passeraient à côté du véritable problème s’ils omettaient de prendre le mal à la racine. Toute démarche critique du dispositif doit aussi être une démarche technocritique. Le passe sanitaire n’est en effet possible que parce que la technologie permet sa mise en œuvre.

    Or, les outils ne sont pas neutres ; ils portent leur propre finalité. C’est ce qu’a mis en lumière le philosophe et précurseur de l’écologie politique Ivan Illich. Dès qu’un outil s’impose comme «monopole radical», outil dont personne ne peut plus se passer, il peut détruire l’objectif qu’il était censé servir. 

    En 2014, lorsque la Chine a mis au point, grâce à l’IA, un système de surveillance des comportements, l’Occident a été saisi d’effroi mais a tenu la chose à distance. Autres lieux, autres mœurs. Aujourd’hui, cet instrument de contrôle de la société frappe à notre porte et l’a même déjà enfoncée. À cet égard, la lecture d’un récent rapport sénatorial intitulé « Crises sanitaires et outils numériques, répondre avec efficacité pour trouver nos libertés » fait l’effet d’une bombe à retardement alors même qu’il est passé inaperçu. C’est ce modèle chinois de contrôle et surveillance de la société qui y est dessiné. Dans le meilleur des cas, ce texte est descriptif. Dans le pire des scenarii, il est prescriptif. Cette dernière hypothèse n’est pas à exclure puisque se glisse, au paragraphe II-B de la première partie, un inquiétant jugement de valeur : « Il serait irresponsable de ne pas se saisir de telles possibilités. » Quelles sont-elles ? Contrôler le respect des mesures sanitaires à un niveau individuel et en temps réel, « en croisant des données d’identification, des données médicales et données de géolocalisation ». Boîtier connecté porté autour du cou ou smartphone qui sonnerait lorsque vous ne respectez pas les règles de distanciation ; bracelet électronique pour contrôler le respect de la quarantaine, détection automatique par des radars de la plaque d’immatriculation des personnes censées être confinées, contrôle des transactions bancaires pour imposer une amende automatique… La suite du texte, même si elle ne nie pas les dangers liés à ces outils, est seulement une recherche des modalités pouvant aboutir à un « consensus démocratique ». Bienvenue dans le pire des mondes !

    Un grave silence politique 

    L’Europe s’est donnée bonne conscience. De la CNIL au RGPD, puisque le corollaire de toute réflexion est que les nouveautés scientifiques sont toujours bonnes, les mesures envisagées par le politique visent uniquement à encadrer un phénomène auquel on ne saurait se soustraire. Le focus se fait depuis lors à l’unanimité sur la préservation de notre intimité et la nécessité d’inscrire la protection des données personnelles dans la Constitution. Ces indispensables protections ne vont toutefois pas jusqu’à interroger le principe même de l’IA et son ingérence dans nos vies humaines.

    Cinq ans après l’adoption de ce règlement européen, la grenouille a été plongée dans la marmite d’eau froide, le feu est allumé, le ramollissement est inéluctable. Quelle résistance trouvons-nous en face de « l’enthousiasme des masses amorphes » contre lequel nous alertait le sociologue Émile Lederer au début du siècle dernier? Les capacités offertes par les technologies de contrôle et de surveillance vont bien au-delà de la crise actuelle dans laquelle elles se développent et laissent présager l’apparition d’une tendance lourde. Même avertissement d’Hannah Arendt, « car une société de masse n’est rien de plus que cette espèce de vie organisée qui s’établit automatiquement parmi les êtres humains quand ceux-ci conservent des rapports entre eux mais ont perdu le monde autrefois commun à tous. » La réalité chinoise nous permet d’anticiper la suite et fait écho au rapport sénatorial déjà mentionné. Le dispositif de «crédit social» établit des notations à partir des comportements et choix analysés et permet de réglementer le droit aux transports, aux logements sociaux, aux services d’État ou encore à l’accès internet, selon les bons points qui auront été attribués aux citoyens. La fiction de Black Mirror devient réalité: c’est l’avènement d’une société dans laquelle chacun est soumis à une notation continue déterminant la valeur de sa propre vie.

    La société de masse, décrite par Arendt, s’est établie sur le socle communiste où l’individu n’est qu’une infime partie d’un grand tout, sous le regard d’un pouvoir autoritaire qui exerce la contrainte par la crainte qu’il suscite. Mais chez nous, en France, « pays de la liberté et des Droits de l’Homme », qu’avons-nous fait des principes qui nous fondent comme civilisation? Le préambule du Statut du Conseil de l’Europe fait pourtant référence «aux valeurs spirituelles et morales qui sont le patrimoine commun de leurs peuples et qui sont à l’origine des principes de liberté individuelle, de liberté politique et de prééminence du droit, sur lesquels se fonde toute démocratie véritable». 

    Un sujet crucial de l’élection présidentielle 

    Les prétendants de droite n’en ont pas pris la mesure ou préfèrent laisser au président sortant le soin de sortir seul de l’ornière qu’il a creusée. Sur l’IA, il faudra pourtant aller au-delà des incantations et des revendications ébahies devant l’innovation. Le nouveau, le neuf, ça ne fait pas un programme ! Dans ce monde instable qui danse sur un volcan, un projet politique innovant serait bien plutôt de savoir ce qui vaut la peine d’être conservé. La France seule ne fait pas le poids face aux deux superpuissances de l’IA que sont la Chine et les États Unis. Il y a là un défi qui se joue à l’échelle européenne et dont la France devrait être le moteur. Évidemment, notre réflexion  sur l’IA n’est pas une invitation au retour dans les cavernes ; nous n’appelons pas à passer à côté de la troisième révolution industrielle mais à y prendre toute notre place.

    La rentrée politique qui s’annonce sera marquée par le congrès LR du 25 septembre, la Journée du conservatisme le lendemain, et le choix par la droite de son candidat à l’élection présidentielle. Aussi, le Mouvement conservateur sera particulièrement attentif aux positions des candidats. Il n’apportera son soutien qu’à celui ou celle qui aura le courage d’affirmer son opposition aux mesures liberticides décidées par le gouvernement et de réaffirmer la liberté comme principe de notre société. Ironie de l’histoire, ce sont les conservateurs qui font aujourd’hui appel au libéral Hayek : « Aussi paradoxal que celui puisse paraître, il est sans doute vrai qu’une société libre qui réussit est toujours dans une large mesure une société attachée à ses traditions. »

     

    Présidente du Mouvement Conservateur Sens Commun, membre du Bureau politique Les Républicains, Conseiller départemental des Yvelines.
     
  • Le consentement à l’impôt, par François Schwerer.

    L’impôt, en France, est inégalitaire et il est vote par des gens qui ne représentent pas ceux qui le paient. Surtout, comment consentir à une redistribution sans frein, qui grève toujours plus lourdement notre avenir, sans réelle contrepartie ? Il est temps de se poser la question de la légitimité de l’impôt.

    9.jpgDans un article du journal Les Echos en date du 13 août 2021, le professeur Frédéric Douet a tout particulièrement insisté sur le fait que « le consentement à l’impôt est l’un des principes directeurs de notre pacte social ». Le principe résulte, en France, de l’article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leur représentant la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Ce principe est en fait beaucoup plus ancien puisqu’on le trouvait déjà inscrit en Angleterre dès 1215 dans la Magna Carta et qu’un siècle plus tard le roi Philippe le Bel le faisait appliquer officiellement en France par les États Généraux pour financer la guerre des Flandres.

    Dans le cours de l’Histoire, on constate qu’il a été très diversement appliqué selon les époques et les pays, mais qu’il n’a jamais été réellement remis en cause. Du temps où le suffrage censitaire était la règle, seules les personnes payant un certain montant d’impôts directs étaient électeurs. Si donc tous les citoyens n’étaient pas appelés à donner leur consentement à l’impôt, du moins ceux sur qui la charge en reposait le contrôlaient-ils, par leurs représentants élus.

    Ce principe figure aujourd’hui à l’article 47 de notre Constitution, lequel déclare que « le Parlement vote les projets de loi de finances ». Si les textes législatifs sont bien clairs, l’application qui en est faite pèche au moins sur deux points importants qui, en fait, dénaturent complètement le principe.

    Ce ne sont pas ceux qui payent l’impôt qui y consentent

    Officiellement le Parlement est élu au suffrage universel. Dès lors tous les citoyens peuvent y participer puisque tous sont égaux en droit. Mais le principe est bafoué dans les faits : le Parlement est élu par ceux qui ne payent pas l’impôt – du moins l’impôt direct. En effet, aujourd’hui, pour de très bonnes raisons peut-être, plus de la moitié des citoyens est exonérée en tout ou partie de l’impôt sur le revenu. On y trouve d’abord ceux qui sont le moins favorisés et qui, en 2021 représentent 55 % des foyers fiscaux. On y trouve ensuite, et cela est plus subtil ceux qui ont de très gros revenus – de très grosses facultés contributives – et qui peuvent, avec l’aide de conseils fiscaux autorisés, bénéficier de toutes les mesures d’optimisation fiscale (voire d’évasion fiscale) que les multiples lois ont empilées au cours du temps. Sans compter que les Parlementaires eux-mêmes ne sont pas soumis à l’impôt de la même façon que les autres citoyens.

    Dès lors la charge des impôts directs repose en très grande partie sur les « classes moyennes », autrement dit sur les forces vives du pays. Comme les campagnes électorales donnent un avantage aux candidats dont les promesses démagogiques séduisent les intérêts égoïstes des électeurs, la minorité sur laquelle pèse la charge des impôts directs n’a aucune chance d’être entendue ; elle ne peut pas être représentée. On est donc ici à l’opposé du système censitaire : ce ne sont pas ceux qui payent l’impôt qui y consentent mais ce sont ceux qui ne le supportent pas qui étendent sans cesse le champ des emplois financés grâce à lui. Ils cherchent ainsi à bénéficier de redistributions toujours plus importantes. Il n’y a donc plus consentement à l’impôt de la part de ceux qui le supportent mais spoliation de leurs revenus par ceux qui ne contribuent pas équitablement aux besoins de la communauté nationale. Il ne faut pas s’étonner de voir que la charge de ces impôts augmente toujours plus sur le dos de ceux qui en sont redevables car il est toujours plus facile d’être généreux avec l’argent des autres.

    Il n’y a pas de réel consentement à l’impôt

    En France, en 2020, alors que les mesures pour lutter contre la pandémie n’avaient pas encore atteint les sommets qu’elles ont allègrement vaincu depuis, les dépenses de l’État ont, en gros, correspondu au double de ses recettes. C’est-à-dire que la moitié des dépenses n’ont pas été financées ou encore que l’impôt auquel les représentants du peuple ont donné leur consentement ne couvre que la moitié des dépenses.

    Le Conseil d’État, lui-même s’est ému de voir que le déficit structurel (c’est-à-dire celui qui apparaît avant toute mesure nécessitée par des événements non prévus) s’élèverait en 2021 à environ 4,5 points de PIB – plus que le montant total des investissements publics programmés. L’avant-projet de budget pour 2022, année électorale oblige, est bâti avec un déficit record encore plus important. C’est-à-dire clairement que le Gouvernement renonce lui-même à solliciter l’accord des représentants du peuple sur le financement de ces mesures. Qui dit consentement à l’impôt dit que toutes les dépenses sont couvertes. Le recours à l’emprunt pour financer certaines dépenses signifie que non seulement la couverture de ces dépenses n’a pas été approuvée mais encore que l’on charge le budget des générations suivantes qui devront faire face au remboursement de ces dettes pour l’usage desquelles personne n’aura jamais sollicité leur consentement.

    De tels budgets violent purement et simplement l’article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui fait pourtant intégralement partie de notre « bloc constitutionnel ». En effet cet article prévoit expressément que les citoyens doivent consentir au recouvrement et à la durée de la contribution publique. Avec des emprunts ainsi reconduits d’année en année les représentants des citoyens ne sont donc pas appelés ni à suivre le mode de remboursement, ni à consentir librement à sa durée. Quant au montant même de cette charge, il ne peut y consentir non plus puisqu’il ne la connaît pas, celle-ci dépendant de l’évolution des taux sur les marchés internationaux tant que le Gouvernement restera apte à faire « rouler » la dette, c’est-à-dire à la renouveler à son échéance. Selon les chiffres annoncés cette année au premier jour de l’automne le déficit public de la France devrait être de 114 % du PIB. Et ceci est encore sous-estimé dans la mesure où un certain nombre de dettes ne sont pas provisionnées et n’entrent donc pas dans ce calcul, comme, par exemple, les retraites de la fonction publique.

    Il n’y a donc pas consentement à l’impôt (et pour une proportion énorme) puisque, un jour ou l’autre, il faudra bien sous une forme ou sous une autre rembourser ces dettes. Que ce remboursement donne lieu à une explosion de la charge fiscale des citoyens, à la spoliation de leur épargne, à l’anéantissement de leur système de retraite ou à la destruction de leur monnaie, peu importe. La cause de cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes est bien l’absence de consentement à l’impôt. Et, ce qu’il y a de plus grave c’est que le Gouvernement lui-même en décide ainsi sans que les « représentants » du peuple, censés être les garants du respect de ce principe, ne s’en émeuvent. Quand le Gouvernement annonce qu’il a baissé les impôts de 50 milliards en cinq ans, il trompe délibérément les Français car, en réalité, il n’a fait que différer dans le temps le paiement des charges bien réelles qu’il a continué à faire croître.

    Or, si l’impôt est une contribution obligatoire du citoyen, sans contrepartie, il est indispensable que celui-ci puisse déterminer le bénéfice qu’il peut attendre de cette charge qu’il supporte. S’il ne peut déterminer ce bénéfice, ni simplement en situer l’horizon, il est privé d’une liberté essentielle. S’il rejette la charge de cette contribution sur les générations suivantes, il les prive de cette liberté essentielle. Dans les deux cas, on peut dire avec Hannah Arendt que les lois de finances actuelles sont éthiquement illégitimes. L’État-providence qui s’est arrogé le droit de redistribution des ressources, qui décide seul de ce qui est bon pour le peuple et qui prend en charge jusqu’à sa santé, n’est qu’une démocratie factice qui n’a aucun souci du bien commun. Comme tout débiteur, il y aura bien un jour où il devra rendre des comptes.

     

    Illustration : Mais c’est très simple : la réduction d’impôt résultant de l’application du quotient familial ne pourra excéder 1 592 € par demi-part, ou la moitié de cette somme (soit 796 €) par quart de part s’ajoutant à une part pour les contribuables célibataires, divorcés, veufs ou soumis à l’imposition distincte, et à deux parts pour les contribuables mariés soumis à une imposition commune.

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • Solidarité Kosovo ! LE CONVOI DE NOËL, CONTRE VENTS ET MARÉES..

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

    Finalement, le 19e convoi de Noël a eu lieu, au grand soulagement des habitants des enclaves. Malgré les tensions à leur comble avec l’administration albanaise de Pristina et les barricades érigées au nord par les Serbes pour s’en protéger, Solidarité Kosovo a tenu à maintenir ce rendez-vous annuel très attendu.

    C’est dans ce contexte de crise qu’une équipe de 9 volontaires s’est lancée dans l’aventure du 26 décembre 2022 au 3 janvier 2023. Ils auront parcouru la province de long en large pour livrer 12 tonnes d’aide humanitaire d’une valeur dépassant les 90 000 euros. En plus de vêtements chauds et de chaussures neuves, des jouets pour les enfants, des fournitures scolaires et des poêles à bois, des troupeaux d’animaux ont été distribués pour favoriser l’élevage familial. Au total, 48 chèvres, 40 moutons et 5 vaches ont été remis aux familles les plus démunies du Kosovo-Métochie.

    Solidarité Kosovo vous invite à plonger dans le quotidien de ce convoi pas comme les autres grâce au témoignage touchant de Sterenn. Elle raconte l’expérience incroyablement humaine, hautement saisissante et enrichissante qu’elle a partagée avec huit autres volontaires, Diane, Solenn, Aleksandra, George, Henri, François-Marie, Andreï et Mladen.

     

    « Ça chauffe en ce moment au Kosovo, tu pars quand même ? » Voilà la question inquiète du père d’une volontaire, quelques jours avant le départ. Alors qu’en France nous préparions les festivités de Noël, les Serbes du nord du Kosovo dressaient des barricades pour empêcher les forces spéciales kosovares de sévir à Mitrovica. Mais pour les volontaires, pas question de manquer le rendez-vous ! Le 26 décembre, nous prenons donc l’avion depuis les quatre coins de la France pour rejoindre le chef de convoi qui nous attend pour traverser la Serbie jusqu’au sud.

    Pour les sept nouveaux, c’est l’aventure qui commence car la plupart ne sont jamais venus en Serbie.

    Durant les six heures de trajet, le chef de convoi rappelle les consignes de sécurité et nous met au courant du programme de la semaine. Il nous apprend également que la veille de notre arrivée, le Patriarche de l’Église orthodoxe serbe, sa Sainteté Prophyre, a été interdit d’entrer au Kosovo, comme Arnaud Gouillon en 2018. Nous avons conscience que tout peut arriver au poste administratif de Merdare, alors on se prépare pour le pire en espérant le meilleur. Rarement un convoi a passé les contrôles aussi vite ! Milovan, du bureau humanitaire, qui était venu à notre rencontre en cas de problème nous guide jusqu’à Gracanica, le point de base de toutes les opérations.

    Arrivés au konak, l’auberge, nous partageons un repas traditionnel fait de viandes grillées et de salade d’hiver, avec bien sûr de la rakija et une pogaca, ce pain que l’on coupe en suivant un rituel bien précis. Il faut prendre des forces car la journée du lendemain sera chargée !

    Prendre le rythme

    À neuf heures, nous sommes devant l’entrepôt de Gracanica, là où sont stockés les cartons de vêtements, chaussures et de jouets récoltés auprès d’entreprises françaises et livrés quelques semaines plus tôt. Nous y retrouvons le père Serdjan, Slavko, Marko, les volontaires serbes. Pour les uns, ce sont de chaleureuses retrouvailles, pour les autres de nouvelles rencontres ; mais il n’y a pas de temps à perdre, Milovan donne les directives : il faut charger le nécessaire pour plus d’une centaine d’enfants ainsi que de robustes poêles à bois de fabrication serbe que nous offrirons à plusieurs familles. Très vite, notre groupe prend ses marques et organise efficacement le chargement. Le soleil se couche très tôt dans cette région et il faut profiter de tous les moments avant la nuit qui tombe dès 16 heures. Une fois les camions pleins, nous prenons la route de Strpce, dans le sud du Kosovo. En nous éloignant, nous pouvons voir que la grande plaine qui entoure Pristina est noyée dans un nuage gris de pollution qui se fond dans le ciel bleu. Sa centrale à charbon en fait la ville la plus polluée d’Europe. À l’horizon se dessinent les montagnes aux cimes enneigées, près de la Macédoine.

    Premier arrêt, nous déchargeons et disposons les cartons devant la première école. Le directeur nous prévient : il y a plus d’une centaine d’enfants. Il faut sortir les petites tailles d’abord, pour les classes les plus jeunes qui forment déjà une longue file. Les élèves plus âgés sont en cours, mais de temps en temps un visage curieux surveille ce qui se passe à l’extérieur. Les uns après les autres, les enfants munis d’un sac reçoivent des vêtements, des chaussures, des jouets et des fournitures scolaires. Nous nous débrouillons comme nous pouvons pour demander la taille ou l’âge avec deux ou trois mots de serbe ou d’anglais. Régulièrement les serbophones viennent à la rescousse pour traduire la bonne pointure ou des mots de remerciement.

    Une fois la distribution achevée et les cartons remballés, les nouveaux volontaires découvrent le plaisir de partager un café et une rakija, de l’eau-de-vie, avec nos hôtes. L’occasion pour ces derniers de nous faire part des difficultés du quotidien dans leur village.

    Puis nous repartons à quelques kilomètres de là, dans une autre école, moins grande, avec des élèves plus jeunes. Pour eux nous descendons un énorme carton de jouets et jeux en tout genre. Avant de repartir, une jeune fille nous dit quelques mots en anglais, brisant la barrière de la langue : « Merci de votre aide, vous êtes des gens bien. » Que lui répondre à part que leur courage et leur résilience sont pour nous une source de motivation autant qu’un exemple à suivre.

    Cette première journée s’achève par la livraison de deux poêles à bois à plusieurs familles de la région. En Serbie en général et à la campagne en particulier, le poêle à bois est le cœur du foyer. Il sert à la fois à chauffer la maison et à cuisiner. D’ailleurs, un proverbe serbe dit que lorsque l’on déménage, c’est la dernière chose que l’on retire.

    Course poursuite dans la montagne

    Pour la deuxième journée, nous nous rendons à l’est du Kosovo, près de Kamenica où officie le père Serdjan. Nous y offrirons nos habituels cadeaux aux enfants et nous remettrons également du bétail à quelques familles. Le premier arrêt se fait dans la cour d’une maison où nous avons rejoint des employés du complexe agricole de Novo Brdo, financé par Solidarité Kosovo. Sous le regard émerveillé du fils aîné, une vache de belle taille descend du camion. Elle est stressée, mais les bons soins qui lui sont prodigués la rassurent et elle se laisse conduire à l’étable. Pour sa nouvelle famille, son arrivée leur permettra de gagner en autonomie alimentaire car elle leur donnera du lait pour faire du fromage ou du kajmak, un mets délicieux entre le beurre et le fromage.

    Nous nous rendons ensuite dans une école primaire où nous sommes attendus de pied ferme. Située sur une hauteur, on aperçoit d’en bas deux petits garçons qui accourent à notre arrivée avant de prévenir la directrice. Notre équipe est désormais bien rodée et les cartons s’alignent au pied du camion. Le père Serdjan donne les consignes aux enfants qui, le sourire aux lèvres et les yeux qui pétillent, attendent sagement leur tour. Ils reviennent les bras chargés de manteaux, chaussures et jouets qu’ils sont impatients de déballer. Les professeurs en rappellent certains à l’ordre : d’abord la traditionnelle photo de groupe, ensuite ils pourront examiner leurs cadeaux de plus près. Après un café, nous déposons quelques cartons supplémentaires pour la crèche avant de repartir livrer un poêle à une famille un peu plus loin. Nous sommes reçus par le père qui élève seul ses trois garçons, de solides gaillards au regard franc. Nous ne pouvons pas refuser un verre de rakija avant de repartir, dans un collège/lycée.

    Nous déchargeons les camions sur le terrain de sport et plus d’une centaine d’élèves se presse, classe par classe, de venir recevoir à leur tour des vêtements, des chaussures ou des fournitures scolaires. Au bout de quelque temps, quelle n’est pas notre surprise de voir trois soldats américains de la KFor assister sur le côté à la distribution. Les enfants repartent avec un grand sourire aux lèvres, disant « hvala » ou « merci ».

    Nous terminons la journée dans un hameau dans les hauteurs où nous livrons une machine à laver à une famille où, une fois encore, le père élève seul ses cinq enfants dont le plus jeune est handicapé et a notamment besoin d’un lit spécial.

    Nous leur apportons également des moutons. Mais si la vache en début de journée n’avait pas fait d’histoire, les ovins nous ont donné du fil à retordre ! Juste après être descendus du camion, une partie d’entre eux a pris la poudre d’escampette, donnant lieu à une course poursuite mémorable dans les collines.

    Avant de rentrer à Gracanica, nous repassons par Kamenica où le père Serdjan nous fait les honneurs de son église. Construite sous domination ottomane, les bâtisseurs ont dû se conformer aux lois musulmanes. Ils ont notamment créé un espace séparé pour les femmes, situé en hauteur avec une claie pour les soustraire aux regards des hommes.

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (79)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (I/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

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    "Le Dieu t’encoche à l’arc de la mer" (Charles Maurras)

    Charles Maurras est un illustre méconnu.
    On retient de son œuvre des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs.
    Quelques formules suffisent à l’intellectuel qui se targue de culture générale.
    Il parlera d’empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d’antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l’inanité de l’œuvre.
    Ces méthodes expéditives, que l’on applique également à Gobineau et qui trahissent l’inculture croissante de nos contemporains, n’expliquent rien de l’influence profonde que l’œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, – auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce, de l’Action française.
    La lecture est un art qui diffère presque insensiblement de l’art d’écrire.
    Autant dire que nos censeurs modernes ne lisent plus : ils compulsent, classent, étiquettent, en se fiant le plus souvent à des lectures secondaires, le recours à l’original étant considéré comme une perte de temps.
    On oublie trop que le droit à la critique dépend de la fréquentation des oeuvres et non seulement de compte-rendu ou de fiches de police plus ou moins sommaires.
    Dans l’histoire de la philosophie politique et de la littéraire, la place de Charles Maurras, n’en déplaise à certains, est irrécusable.
    Dans la mouvance de l’Action française, il est permis, certes, de lui préférer le « libre réactionnaire » Léon Daudet, auteur de l’admirable Voyage de Shakespeare ou Jacques Bainville dont la pertinence historiographique n’a cessé d’être corroborée par les événements qui suivirent sa disparition prématurée, mais ni l’un ni l’autre n’eussent trouvé le centre de gravitation de leur pensée sans l’influence de Charles Maurras.
    Il est certes légitime d’être accablé par l’immense masse de ses éditoriaux quotidiens souvent répétitifs, et parfois fallacieux, dont on ne peut se défendre de penser qu’ils dissipèrent son talent et défavorisèrent son cheminement de poète et de philosophe, mais dans cette masse, les incidentes lumineuses ne manquent pas et la langue française y trouve un de ses beaux élans combatifs .
    À celui qui aborde l’œuvre de Charles Maurras sans préventions excessives, maintes richesses sont offertes, à commencer par celles du style, beaucoup moins froid et sec qu’on ne le prétend, chargé d’images, de saveurs et de lumières provençales, mais aussi de nuits vaincues, de ferveurs musiciennes. Le poète Charles Maurras n’est pas moins présent dans sa prose que dans ses prosodies.
    Son écriture n’est pas seulement le procès-verbal d’une pensée figée, elle poursuit sa propre aventure à la fois résolue et inspirée.
    Maurras, et c’est là toute sa philosophie politique, ne croit pas au sujet insolite, à l’individu interchangeable.
    Sa politique provient de la poésie du Chœur tragique :

    "Suivis avec art et science, écrit Maurras, les beaux mystères de la langue des poètes ont la vertu fréquente d’ajouter aux idées d’un rimeur isolé le chœur universel de l’expérience de tous ; les moindres paroles y gagnent on ne sait quel accent de solidité séculaire ; l’antique esprit qu’elles se sont incorporé multiplie saveur, résonance et portée d’ensorcellement…"


    Si Maurras fut un grand raisonneur, avec la nuance légèrement péjorative qui s’attache à ce mot, il fut aussi poète et c’est ne rien entendre à ses écrits, c’est ignorer la nature même de ses raisons que de s’en tenir à une seule lecture rationaliste ou « empirique ».
    La raison, que Maurras vénère, compose selon les mêmes mesures que la poésie.
    Pour cet esprit guerrier, et même belliqueux, et dont les Principes valent sans doute mieux que les stratégies, il importe d’abord de vaincre "l’informe et le bâclé, le vague et le diffus".
    Poésie et politique s’accordent en ce dessein formateur.
    L’Art politique, n’est plus alors que l’expression d’un Art poétique : "Emporter dans sa tête un certain nombre de ses ébauches, d’abord informes, aspiration confuse à un conglomérat de sonorités et de rêves tendus vers un beau plutôt pressenti que pensé; puis, quand les mots élus abondent, en éprouver la densité et la vitesse au ballet des syllabes que presse la pointe du chant; en essayer, autant que le nombre matériel, le rayon lumineux et l’influx magnétique; voir ainsi, peu à peu s’ouvrir et se fermer la gerbe idéale des voix; élargir de degrés en degrés l’ombelle odorante; lui imposer la hiérarchie des idées qui sont des principes de vie; lever en cheminant les yeux vers le ciel nu, ou garni de pâles étoiles, pour y goûter le sentiment de la légèreté du monde et de la puissance du cœur…"

    Pour Maurras, la clarté, la certitude, la forme ne sont point les adversaires des "mots élus" ni de "la gerbe idéale des voix".
    L’ordre classique qu’il entrevoit n’est pas une représentation préalable à la création, une administration vétilleuse du langage, un purisme dépourvu de sève, mais "une ombelle odorante".
    L’art poétique de Maurras nous redonne à penser que la nature même du classicisme naît de "la densité et de la vitesse", de "l’influx magnétique".
    La perfection des rapports et des proportions que chante le poète roman n’est pas schématique mais éprouvée, elle n’est point l’abstraite vérité détachée de l’aventure poétique, mais la "pointe du chant" ! Le sentiment précède l’harmonie prosodique et intellectuelle ; il n’est pas seulement un effet de l’art, mais son origine.
    La différence majeure entre Maurras et, par exemple, André Breton (dont la prose "Grand Siècle", et fortement ordonnancée était, au demeurant, fort loin de respecter les préceptes d’automatisme et d’anarchie qu’elle énonçait) tient à ce que, pour Maurras, l’origine n’est jamais belle en soi, qu’elle ne brille de la platonicienne splendeur du vrai qu’au terme de son accomplissement dans la précision de l’intellect.
    L’écriture de Charles Maurras, plastique, surprenante, saisie d’incessantes variations de vitesse et d’humeur est bien loin d’avoir livré tous ses secrets.
    Cet auteur qui, jeune homme, fut mallarméen, pythagoricien et proudhonien porte dans son style une puissance libertaire sans cesse contrariée et renaissante.
    Sa fougue exigeait d’être jugulée pour mieux se dire.
    Quelque profond sentiment d’effroi n’est pas à exclure, dont ses premières œuvres gardent la trace, – contre lequel il éprouva le besoin d’armer son intelligence. Peut-être eût-t-il trop d’ardeur à contenir le vertige de l’étoile dansante du chaos dont parle Nietzsche ?
    Mais qui peut s’en faire juge ?

    Serviteur des Muses et de l’Idée, "chanteur et songeur" selon la formule de Pierre Boutang, Maurras poursuivit toute sa vie une méditation sur les limites de la raison et de la poésie.
    La limite idéale n’est pas une limite prescrite, imposée de l’extérieur mais une limite inscrite par le heurt et par la rencontre nuptiale de la poésie et de la raison.

    Maurras n’oppose point à l’infini romantique un plat réalisme mais une pensée de la forme nécessaire et salvatrice.
    Ainsi, la France sera pour lui une forme, au sens grec, une Idée :

    "N’être point un profane, entendre le mystère de conciliation que suppose une chose belle, sentir avec justesse le mot du vieux pacte conclu entre la savante fille du ciel et le tendre enfant de l’écume, enfin de rendre compte que ce parfait accord ait été proprement la Merveille du Monde et le point d’accomplissement du genre humain, c’est toute la sagesse qu’ont révélée successivement à leurs hôtes la Grèce dans l’Europe, l’Attique dans la Grèce, Athènes dans l’Attique, et, pour Athènes, le rocher où s’élève ce qui subsiste de son cœur."


    Le dessein poétique de Maurras, dont découle sa volonté politique, étant de "rétablir la belle notion du fini", la Merveille est ce qui précise et se précise.
    Le propre du poème sera d’être "ce rocher où s’élève ce qui subsiste" et qui rend perceptible et le ciel et l’écume.
    Dans la forme, qui consacre la finitude, la raison et la poésie s’accordent.
    Toute l’œuvre de Maurras consistera à décliner ces accords et à en sauvegarder les nuances et les gradations :
    "Il est bien de sentir qu’une belle colonne dorique, c’est le beau parfait. Il est meilleur de le sentir et de savoir la raison de son sentiment".

    (à suivre...)

     

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  • Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République... par Frédéric de Natal

    Des monarchistes français rêvent toujours d’un retour de l’Ancien régime !

    Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République

    Jean d'Orléans © Kévin Guillot

    (article paru dans Causeur, le 2 février dernier)

    Descendant direct de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, le prince Jean d’Orléans est l’actuel chef de la Maison royale de France. Régulièrement interviewé par les médias, cet héritier des Capétiens se pose naturellement en alternative.

    Lors de ses vœux aux Français, il a appelé au retour «d’un modèle politique équilibré».

    Pour 17% des Français, la restauration de la monarchie est la solution aux nombreuses crises qui secouent la France.

    Le prince Jean d’Orléans a 57 ans. Il vit avec sa famille, dans l’Aude, près de la cité médiévale de Carcassonne. Dans ses veines, mille ans d’histoire capétienne, celle de la France dans ce qu’elle a eu de plus sacré et de plus triomphal. Son arbre généalogique est éloquent, constellé de personnages hauts en couleur comme Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du roi Louis XIV, le régent Philippe d’Orléans, le député de la Convention Philippe Égalité, et enfin Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français entre 1830 et 1848. Un héritage familial qu’il assume pleinement.

    À l’écart des journaux tirant sur papier glacé

    Chef de la Maison royale de France depuis 2019, il compte encore derrière lui de nombreux partisans (au sein des mouvements de l’Action Française et de la Nouvelle Action royaliste), favorables au retour de la monarchie. Il porte le titre de comte de Paris. Un apanage repris par sa famille depuis un siècle; un titre de courtoisie que tolère la République. Loin des magazines people qu’il n’affectionne pas et de toute pression médiatique, le prince Jean d’Orléans n’oublie pas ses devoirs. Très régulièrement, il publie des éditoriaux dans des quotidiens reconnus (MarianneLe Figaro...), donne des interviews (Europe 1, France 2, CNEWS, TF1…) sur des sujets qui lui tiennent à cœur. La défense de l’environnement, de la famille, du patrimoine, de la société dans son ensemble. Jean d’Orléans a été formé à bonne école. Par son grand-père Henri d’Orléans (1908-1999). Un nom dont le destin aurait pu se mélanger avec celui du général de Gaulle si ce dernier avait décidé d’aller jusqu’au bout de son projet.

    L’épisode est peu connu des Français et a donné lieu à diverses supputations ou théories. Le plus souvent farfelues ou erronées. Mais entre 1963 et 1965, le héros de la Libération aurait pourtant songé à ce descendant d’Henri IV pour lui succéder à la tête de l’Etat. Le magazine L’Express en fera même sa principale couverture, désignant le prince Henri d’Orléans comme le dauphin du général de Gaulle. Une idée qui ne plaira pas à tout le monde et qui va faire l’objet d’un vaste rejet au sein de la baronnie gaulliste peu résolue à ployer l’échine face à ce Capétien ambitieux. La loi d’exil, qui touchait tous les princes issus de maisons ayant régné en France, a été abolie en 1951. Henri d’Orléans a son propre bulletin tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, fait campagne, tente d’obtenir la présidence de la Croix-Rouge, est reçu fréquemment à l’Elysée par De Gaulle qui le missionne diplomatiquement pour le compte de la République. Après les espoirs, la déception. Le général de Gaulle se (re)-présentera finalement et la restauration de la monarchie est remise aux calendes grecques. De cette expérience politique, le prince Jean d’Orléans en a tiré un enseignement, une leçon qu’il entend mettre au service d’une nation déchirée et quelque peu perdue.

    Agacé par un mode de gouvernement qui se coupe des Français

    Lors de ses derniers vœux aux Français, publié sur son site et ses réseaux officiels (il est suivi par 45000 personnes sur Facebook, Instagram et Twitter), Jean d’Orléans s’est posé en alternative d’une institution fragilisée. « Depuis plusieurs années, les diverses crises qui secouent notre société ne cessent d’entamer en profondeur un modèle économique, politique et social qui s’essouffle. Il est temps de jeter sur notre monde un regard lucide pour préparer ce que nous souhaitons laisser à nos enfants et aux générations futures » écrit le prétendant au trône. Appelant à « forger un avenir commun sous le sceau de la liberté dans l’unité et de la paix dans la justice, une société au cœur de laquelle nous replaçons l’homme, afin de redonner un souffle à notre nation millénaire », le comte de Paris pointe du doigt les mauvaises décisions qui ont été votées par un parlement, par des élus dont le principal souci est leur réélection en lieu et place de la préservation du Bien commun, une pensée à court terme.  « (…) Les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux à minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. La voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant » plaide le prince Jean d’Orléans, ancien soutien des gilets jaunes.

    A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: En ce 21 janvier…

    Sans doute, le « roi Jean IV », comme l’appellent les royalistes, s’agace-t-il de ce mode de gouvernement qui se coupe des Français. « Gouverner, c’est prévoir » rappelle le comte de Paris, paraphrasant Adolphe Thiers, célèbre homme d’État de la IIIe République. Jean d’Orléans se bat contre les sempiternels poncifs et caricatures qui accompagnent habituellement les idées reçues sur une monarchie qui a contribué à façonner la France. Lui, l’imagine volontiers parlementaire où le roi concentrerait toutefois certains pouvoirs contrebalancés par les deux chambres et le référendum à la manière du modèle suisse. Il appelle à retrouver les vraies valeurs gaulliennes de la Constitution actuelle, taillée sur mesure pour un monarque. Pour diffuser sa voix dans le grand public, que certains jugent trop discrète, il a écrit un livre :  Jean de France, un prince français, paru en 2009 aux éditions Pygmalions. Un véritable programme politique dont on peut retrouver les grandes lignes sur sa fiche Wikipedia, l’encyclopédie en ligne bien connue. Des positions que ses partisans n’hésitent pas à distiller face caméras aux médias intrigués de les voir chaque année se rassembler, le 21 janvier, dans les grandes villes de France, lorsqu’ils commémorent le décès de Louis XVI, guillotiné par la Convention en 1793.

    Les Français tentés par rappeler un roi ? Selon un sondage BVA/ Alliance Royale paru en 2016, ils sont 17% à souhaiter que l’on réinstalle un monarque à la tête de l’État. L’idée rassemble toutes les générations (notamment à droite) et se veut moderne. Parmi tous les avantages cités, celui d’un monarque au-dessus des partis politiques, dont le niveau de neutralité serait élevé et source d’une certaine continuité au sein de l’État, respectueux des valeurs traditionnelles, à la tête d’une institution qui assurerait un système d’égalité démocratique, d’un régime défenseur des libertés économiques, politiques et civiles. En 2021, les monarchies tiennent haut le pavé selon l’Heritage Foundation qui s’est penché sur ces principes démocratiques évoqués. Si on retrouve l’ensemble des royautés dans les 40 premières places du palmarès, la France (à titre de comparaison) n’est que 64ème de ce classement. De quoi faire réfléchir tout un chacun à l’heure où les Français sont appelés à se mobiliser massivement contre la réforme des retraites.

  • Éphéméride du 25 août

    1995 : Premier vol pour l'Airbus A-319

     

     

     

     

    218 Avant Jésus-Christ : Hannibal est sur le Rhône  

     

    Après avoir franchi les Pyrénées, et avant de franchir les Alpes, Hannibal franchit le Rhône, très probablement entre Arles et Avignon.

    S'agissant d'un événement aussi lointain, on n'aura jamais de certitude absolue sur telle ou telle date précise, mais le jour du 25 août est communément retenu par plusieurs spécialistes pour le franchissement du fleuve.

    Hannibal emmène avec lui cinquante mille hommes, neuf mille chevaux et trente-sept éléphants de guerre, sans compter ses impedimenta : Polybe, Sénèque, Tite Live, Varron (et, plus généralement, l'ensemble du monde antique) ont considéré cette marche d'Hannibal comme l'un des exploits les plus fascinants de l'Histoire. Cet épisode, qui frappa l’imagination des anciens, fut considéré comme un exploit Herculien parce que c’était la première fois qu’une armée entière le réalisait.

    Encore faut-il préciser qu’Hannibal, parti de Carthagène avec 100.000 hommes avait déjà perdu la moitié de ses effectifs en arrivant au Rhône, et qu'il allait en perdre encore la moitié puisque, sur les 50.000 hommes qui franchissent  le Rhône avec lui, seuls 26.000 entreront en Italie...

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     Si le lieu de franchissement du Rhône est communément admis, c'est après, pour le franchissement des Alpes, qu'aucune certitude n'existe... 
     

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    383 : Assassinat de l'empereur Gratien

     

    Gratien fut le premier empereur à refuser de porter le titre de Pontifex maximus. Déjà, en 378, il avait fait retirer de la salle de réunion du Sénat la Statue de la Victoire, symbole païen, malgré les protestations énergiques des "vieux romains". 

     

    1. De Michel Mourre :

    25 aout,saint louis,nouvelle orleans,becquerel,paris,liberation,leclerc,de gaulle,louisiane,napoleon,hannibal,rome,rhone"...Il nomma Théodose, le meilleur de ses généraux, Empereur d'Orient (janvier 379). Sous l'influence de Saint Ambroise et de Théodose, il combattit le paganisme, supprima les collèges de prêtres païens (382) et, malgré la protestation pathétique de Symmaque, fit enlever du Sénat la Statue de la Victoire. Résidant le plus souvent à Trèves (ci contre, la Porta nigra, ndlr), il favorisa les officiers germains à son service et s'aliéna ainsi une partie des légions..." 

     

    2. De l’Encyclopedia Universalis :

    Empereur romain né en 359 à Sirmium, province de Pannonie (auj. Sremska Mitrovica, en Serbie), mort le 25 août 383 à Lugdunum (auj. Lyon).

    À l'âge de huit ans, Gratien (Flavius Gratianus Augustus) est proclamé Auguste par son père, Valentinien 1er, qui espère assurer sa succession au trône sans accroc. Gratien partage ainsi le pouvoir avec son père, qui règne sur l'Occident de 364 à 375 et son oncle Valens, qui règne sur l'Orient de 364 à 378. L'éducation du jeune garçon est confiée au poète Ausone, qui est nommé préfet du prétoire.

    25 aout,saint louis,nouvelle orleans,becquerel,paris,liberation,leclerc,de gaulle,louisiane,napoleon,hannibal,rome,rhoneÀ la mort de Valentinien 1er,  le 17 novembre 375, Gratien règne seul sur l'Occident. Quelque temps plus tard, il nomme Auguste son demi-frère de quatre ans, proclamé empereur (Valentinien II) par les légions d'Illyrie à Aquincum (près de Budapest). Sous l'influence d'Ausone, Gratien apprend à faire preuve de clémence et à se rendre populaire. Il consacre une grande partie de son règne à repousser de Gaule les tribus venues d'outre-Rhin. En 378, ses troupes arrivent trop tard à la bataille d'Andrinople, où Valens combat les Goths et trouve la mort. En 379, Gratien nomme Théodose Empereur d'Orient (ci contre, Musée du Louvre, ndlr).

    En 381, Magnus Clemens Maximus, dit Maxime, se fait proclamer empereur en Bretagne. Lorsqu'il envahit la Gaule en 383, Gratien essaie immédiatement de lui barrer la route. Déserté par ses troupes, ce dernier cherche à se réfugier dans les régions transalpines mais il est assassiné à Lugdunum par le Goth Andragathius, le maître de cavalerie de Maxime.

    Pendant la dernière partie de son règne, Gratien subit fortement l'influence de saint Ambroise :

    • par considération pour l'Église chrétienne, il est le premier empereur romain à ne pas mentionner les mots pontifex maximus ("prêtre suprême") dans son titre;

    • de même, il fait enlever du sénat de Rome la Statue de la Victoire, symbole du paganisme, malgré l'opposition d'une délégation de sénateurs dirigée par Symmaque (Quintus Aurelius Symmachus)...

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    Monnaie d'or à l'effigie de Gratien (avers, à gauche, et revers, à droite)

     

     

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    1270 : Mort de Louis IX 

     

    Celui qui deviendra Saint Louis s'éteint à 56 ans, devant Tunis, emporté par la peste.

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    La mort de Saint Louis, miniature de Jean Fouquet, XVème siècle, Bibliothèque Nationale.
    Saint Louis, premier roi de France à avoir été fait prisonnier sur le champ de bataille (voir l'Ephéméride du 11 février), est donc aussi le premier roi de France mort à l'étranger (voir l'Ephéméride du 8 avril)
     
     

    Jean de Joinville rapporte, dans sa Vie de Saint Louis, les recommandations  que le souverain mourant livre à son fils, Philippe III (ci dessous) :


    "Beau fils, la première chose que je t'enseigne, c'est de disposer ton cœur à aimer Dieu; car sans cela, nul ne peut être sauvé. Maintiens les bonnes 25 aout,saint louis,nouvelle orleans,becquerel,paris,liberation,leclerc,de gaulle,louisiane,napoleon,hannibal,rome,rhonecoutumes de ton royaume et abaisse les mauvaises. Ne convoite pas sur ton peuple, ne le charge pas trop d'impôts ni de tailles, si ce n'est par grande nécessité. Prends soin d'avoir en ta compagnie des gens, prud'hommes et loyaux, qui ne soient pas plein de convoitise, qu'ils soient religieux ou séculiers, et parle-leur souvent...

    Garde-toi de faire la guerre contre les chrétiens, sans grand conseil; et s'il te faut la faire, protège la sainte Église et ceux qui n'y sont pour rien... Que Dieu te donne la grâce de faire toujours sa volonté, si bien qu'il soit honoré par toi et que toi et nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec lui et le louer sans fin.

    Amen." 

     

    Devenu roi, Philippe III porta lui-même le cercueil de son père jusqu'à la Basilique de Saint-Denis; s'arrêtant sept fois pour se reposer, et faisant élever, à chaque fois, un "Mont-joie", il est ainsi à l'origine de ces sept monticules sculptés, devant lesquels s'arrêteront, jusqu'à la sinistre révolution, qui les détruisit, tous les cortèges funèbres royaux : voir l'Éphéméride du 12 août...

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    Dans son Essai sur les Moeurs, Voltaire écrira ceci sur lui :

    "...Sa piété qui était celle d'un anachorète ne lui ôta aucune vertu de roi... Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange : prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s'il n'avait jamais été que malheureux. Il n'est pas donné à l'homme de porter plus loin la vertu." 

     

    Le pape Benoît XVI l'a évoqué dans son Angélus du dimanche 29 août 2010 :

    "...Saint Louis IX, roi de France - dont on a fêté la mémoire mercredi dernier - a mis en pratique ce qui est écrit dans le Livre du Siracide : "Plus tu es grand, plus il faut t'abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur" (3, 18). Il écrivait ainsi dans son "Testament spirituel à son fils" : "Si le Seigneur te donne quelque prospérité, non seulement tu devras le remercier humblement, mais prends garde de ne pas devenir pire par vaine gloire ou d'une autre façon, prends aussi garde de ne pas t'opposer à Dieu ou de l'offenser par ses propres dons" (Acta Sanctorum Augusti 5 [1868], 546)..."

     

     

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    1664 : Aux origines du mot "Salon"...

     

    L’Académie royale de peinture et de sculpture fut créée à Paris en 1648.

    Pour en faire partie un artiste devait soumettre une œuvre appelée "morceau de réception", qui devenait la propriété de l'Académie. Celle-ci présentait les œuvres au public de manière irrégulière à l'occasion d'expositions.

    En 1725, l'exposition eut lieu au Salon carré du Louvre, puis s'y déroula régulièrement à partir de 1737 : le succès étant immense, l'habitude fut alors prise de parler du "Salon officiel" comme lieu de présentation au public des œuvres des Académiciens.

    Ensuite, et par extension, n'importe quelle manifestation, dans n'importe quel domaine, fut organisée sous le nom, archi-employé aujourd'hui, de "Salon..."

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    1718 : Fondation de la Nouvelle-Orléans 

     

    Des colons français fondent à l'embouchure du Mississipi la ville de la Nouvelle-Orléans, baptisée ainsi en l'honneur du duc d'Orléans, qui exerce alors la Régence pendant la minorité de Louis XV.

    Elle deviendra la capitale de la colonie de Louisiane.

    Cédée en 1762 à l'Espagne, qui la restituera à la France en 1800, elle sera vendue aux États-Unis en 1803 par le premier consul, Napoléon Bonaparte, avec le reste de la Louisiane (voir l'Éphéméride du 30 avril).

  • Feuilleton : Chateaubriand, ”l'enchanteur” royaliste... (32)

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    Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
    Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Napoléon se livre aux Anglais...

    Tout va très vite, depuis la seconde abdication de Napoléon, le 22 juin.
    Celui qui n'est plus que l'ex-empereur s'est retiré à la Malmaison avant de se rendre à Rochefort, où deux frégates, mises à sa disposition par le gouvernement provisoire, l’attendent pour le transporter avec toute sa suite aux États-Unis, où il avait déclaré vouloir se retirer...
    Changeant finalement d'avis, et probablement beaucoup trop optimiste sur le sort que ceux-ci lui réserveraient, il prit la décision surprenante - et aberrante, pour lui... - de se rendre aux Anglais !...
     
    Des Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, pages 987 à 993, extraits :
     
    15 juilllet,croisades,jerusalem,godefroy de bouillon,barnave,louis xvi,revolution,roi,paris,hotel de ville de paris,françois premier,porte saint martin"...Sorti de Paris le 25 juin, Napoléon attendait à la Malmaison (ci contre) son départ de France... La Malmaison, où l'empereur se reposa, était vide. Joséphine était morte; Bonaparte, dans cette retraite, se retrouvait seul. Là il avait commencé sa fortune; là il avait été heureux; là il s'était enivré de l'encens du monde; là, du sein de son tombeau, partaient les ordres qui troublaient la terre.
    Dans ces jardins où naguère les pieds de la foule râtelaient les allées sablées, l'herbe et les ronces verdissaient; je m'en étais assuré en m'y promenant. Déjà, faute de soins, dépérissaient les arbres étrangers; sur les canaux ne voguaient plus les cygnes noirs de l'Océanie; la cage n'emprisonnait plus les oiseaux du tropique : ils s'étaient envolés pour aller attendre leur hôte dans leur patrie...
     
    ...Toutes les lâchetés avaient acquis par les Cent-Jours un nouveau degré de malignité; affectant de s'élever, par amour de la patrie, au-dessus des attachements personnels, elles s'écriaient que Bonaparte était aussi trop criminel d'avoir violé les traités de 1814.
    Mais les vrais coupables n'étaient-ils pas ceux qui favorisaient ses desseins ?
    Si, en 1815, au lieu de lui refaire des armées, après l'avoir délaissé une première fois pour le délaisser encore, ils lui avaient dit, lorsqu'il vint coucher aux Tuileries : "Votre génie vous a trompé; l'opinion n'est plus à vous; prenez pitié de la France. Retirez-vous après cette dernière visite à la terre; allez vivre dans la patrie de Washington. Qui sait si les Bourbons ne commettront point de fautes ? qui sait si un jour la France ne tournera pas les yeux vers vous, lorsque, à l'école de la liberté, vous aurez appris le respect des lois ? Vous reviendrez alors, non en ravisseur qui fond sur sa proie, mais en grand pacificateur de son pays."
    Ils ne lui tinrent pas ce langage : ils se prêtèrent aux passions de leur chef revenu; ils contribuèrent à l'aveugler, sûrs qu'ils étaient de profiter de sa victoire ou de sa défaite.
    Le soldat seul mourut pour Napoléon avec une sincérité admirable; le reste ne fut qu'un troupeau paissant, s'engraissant à droite et à gauche...
     
    ...Napoléon quitta la Malmaison accompagné des généraux Bertrand, Rovigo et Becker, ce dernier en qualité de surveillant ou de commissaire. Chemin faisant, il lui prit envie de s'arrêter à Rambouillet. Il en partit pour s'embarquer à Rochefort...
     
    15 juilllet,croisades,jerusalem,godefroy de bouillon,barnave,louis xvi,revolution,roi,paris,hotel de ville de paris,françois premier,porte saint martin...Depuis le 1er juillet, des frégates l'attendaient dans la rade de Rochefort : des espérances qui ne meurent jamais, des souvenirs inséparables d'un dernier adieu, l'arrêtèrent... Il laissa le temps à la flotte anglaise d'approcher. Il pouvait encore s'embarquer sur deux lougres qui devaient joindre en mer un navire danois (c'est le parti que prit son frère Joseph); mais la résolution lui faillit en regardant le rivage de France. Il avait aversion d'une république; l'égalité et la liberté des États-Unis lui répugnaient. Il penchait à demander un asile aux anglais : "Quel inconvénient trouvez-vous à ce parti ?" disait-il à ceux qu'il consultait. - "L'inconvénient de vous déshonorer", lui répondit un officier de marine : "Vous ne devez pas même tomber mort entre les mains des Anglais. Ils vous feront empailler pour vous montrer à un schelling par tête."  
     
    Malgré ces observations, l'empereur résolut de se livrer à ses vainqueurs. Le 13 juillet, Louis XVIII étant déjà à Paris depuis cinq jours, Napoléon envoya au capitaine du vaisseau anglais le Bellérophon (ci dessous) cette lettre pour le prince régent : 
     
    "Altesse Royale, en butte aux factions qui divisent mon pays et à l'inimitié des plus grandes puissances de l'Europe, j'ai terminé ma carrière politique, et je viens, comme Thémistocle, m'asseoir au foyer du peuple britannique. Je me mets sous la protection de ses lois, que je réclame de votre Altesse Royale comme du plus puissant, du plus constant et du plus généreux de mes ennemis.
    Rochefort, 13 juillet 1815."
     
     
    Si Bonaparte n'avait durant vingt ans accablé d'outrages le peuple anglais, son gouvernement, son roi et l'héritier de ce roi, on aurait pu trouver quelque convenance de ton dans cette lettre; mais comment cette Altesse Royale tant méprisée, tant insultée par Napoléon est-elle devenue tout d'un coup le plus puissant, le plus constant, le plus généreux des ennemis, par la seule raison qu'elle est victorieuse ?
    Il ne pouvait pas être persuadé de ce qu'il disait; or ce qui n'est pas vrai n'est pas éloquent. La phrase exposant le fait d'une grandeur tombée, qui s'adresse à un ennemi est belle; l'exemple banal de Thémistocle est de trop.
     
    15 juilllet,croisades,jerusalem,godefroy de bouillon,barnave,louis xvi,revolution,roi,paris,hotel de ville de paris,françois premier,porte saint martinIl y a quelque chose de pire qu'un défaut de sincérité dans la démarche de Bonaparte; il y a oubli de la France : l'empereur ne s'occupa que de sa catastrophe individuelle; la chute arrivée, nous ne contâmes plus pour rien à ses yeux. Sans penser qu'en donnant la préférence à l'Angleterre sur l'Amérique, son choix devenait un outrage au deuil de la patrie, il sollicita un asile au gouvernement qui depuis vingt ans soudoyait l'Europe contre nous, de ce  gouvernement dont le commissaire à l'armée russe, le général Wilson, pressait Kutuzoff dans la retraite de Moscou, d'achever de nous exterminer : les Anglais, heureux à la bataille finale, campaient dans le Bois de Boulogne. Allez donc, ô Thémistocle, vous asseoir tranquillement au foyer britannique, tandis que la terre n'a pas encore achevé de boire le sang français versé pour vous à Waterloo !
    Quel rôle le fugitif, fêté peut-être, eût-il joué au bord de la Tamise, en face de la France envahie, de Wellington devenu dictateur au Louvre ? La haute fortune de Napoléon le servit mieux : les Anglais, se laissant emporter à une politique étroite et rancunière, manquèrent leur dernier triomphe; au lieu de perdre leur suppliant en l'admettant à leurs bastilles ou à leurs festins, ils lui rendirent plus brillante pour la postérité la couronne qu'ils croyaient lui avoir ravie.
    Il s'accrut dans sa captivité de l'énorme frayeur des puissances : en vain l'océan l'enchaînait, l'Europe armée campait au rivage, les yeux attachés sur la mer. 
     
    Le 15 juillet, l'Épervier transporta Bonaparte au Bellérophon. L'embarcation française était si petite, que du bord du vaisseau anglais on n'apercevait pas le géant sur les vagues. L'empereur, en abordant le capitaine Maitland, lui dit : "Je viens me mettre sous la protection des lois de l'Angleterre." Une fois du moins le contempteur des lois en confessait l'autorité.
     
    La flotte fit voile pour Torbay : une foule de barques se croisaient autour du Bellérophon; même empressement à Plymouth. Le 30 juillet, lord Keith délivra au requérant l'acte qui le confinait à Sainte-Hélène : "C'est pis que la cage de Tamerlan", dit Napoléon..." 
  • Éphéméride du 16 septembre

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    1824 : Mort de Louis XVIII (ici, la Charte, "octroyée la dix-neuvième année de mon règne")

     

     

     

     

     

    1380 : Mort de Charles V, le Sage 

     

    De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre VI) : 

     

    "...Un grand règne de réparation et de restauration commençait. Charles V, qui fut surnommé le Sage, c'est-à-dire le savant, celui qui sait, n'est pas un personnage de Froissart. Il est dépourvu de panache. Il vit comme vivra Louis XI, renfermé. Il calcule, médite, thésaurise, il suit un plan, c'est un constructeur, l'homme dont la France a besoin. Il pansera ses plaies, il la remettra à son rang en moins de vingt années.   

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    Son idée elle n'est pas difficile à saisir. La France ne peut pas se résigner au traité de Brétigny ou bien elle renonce à vivre. Il faut que l'Anglais sorte du royaume ou bien il finira par en devenir le maître. Pour le chasser, deux conditions nécessaires : une armée d'abord, une marine ensuite.

    D'armée, Charles V n'en a pas. Il est si loin d'en avoir une que son célèbre et fidèle connétable, Du Guesclin, n'a été d'abord que le capitaine d'une de ces bandes qui guerroient un peu partout. Le roi s'attache Du Guesclin, rallie par lui quelques-unes des grandes compagnies, en forme peu à peu des troupes régulières. Les Navarrais, toujours poussés en avant par l'Angleterre, sont battus à Cocherel : petite victoire, grandes conséquences. Le roi de Navarre comprend qu'il n'a plus rien à espérer, que l'ordre revient que le temps des troubles est fini.

    16 septembre,louis xviii,charles x,chateaubriand,restauration,bourbons,charcot,charles v,pourquoi pas,convention,sainte ampoule,bainville,robespierre,pont canal de briareCharles le Sage transige avec Charles le Mauvais, en attendant mieux. Il transige partout, selon sa maxime qu'il faut savoir céder aux gens pervers. Il transige même avec les aventuriers irréductibles des grandes compagnies. Du Guesclin (ci contre, statue à Dinan), par un trait de génie, conduit les réfractaires en Espagne, à la solde d'Henri de Transtamare, pour combattre Pierre le Cruel soutenu par les Anglais. Après des péripéties nombreuses Henri de Transtamare l'emportera et sera un utile allié de la France.

    Pour libérer le territoire, il n'y avait qu'un moyen et Charles V, sage et savant homme de la réflexion et des livres, le comprit. C'était que l'Anglais ne fût plus maître de la mer. Dès que les communications entre l'île et le continent cesseraient d'être assurées, les armées anglaises, dans un pays hostile et qui supportait mal leur domination, seraient perdues. Créer une marine : œuvre de longue haleine, qui veut de la suite, de l'argent, et il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer. Charles V prépara de loin notre renaissance maritime et comptait, en attendant, sur la flotte de ses alliés d'Espagne..."

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     Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "Guerre de Cent ans (2/4) : premier rétablissement"

     

     

    Sur  Charles V, notre lecteur et ami Aristote nous envoie le commentaire suivant :


    "Il faut ajouter au bilan politique de Bainville l'oeuvre culturelle de Charles V : spécialement l'importance que prend l'influence d'Aristote (et aussi du doit romain... avec ses limites)  dans la pensée politique française de cette époque, notamment à travers l'oeuvre de Nicolas Oresme, de Christine de Pisan , et d'autres (Jouvenel des Ursins).
    Il me semble vraiment important que les royalistes s'emparent de cette pensée politique vraiment enracinée dans la tradition royale (cf. par exemple la bibliothèque du roi.) On peut trouver une bonne introduction dans le grand livre de Jacques Krynen "L'Empereur en son royaume".

     

     

     

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    1793 : Décret de la Convention ordonnant la destruction de la Sainte Ampoule

     

    Le but est, évidemment, de poursuivre la politique systématique de la Nouvelle religion républicaine : faire disparaître tous les symboles de l'ancienne religion - le christianisme - et, en l'occurrence, avec la Sainte Ampoule, un des symboles majeurs de la royauté de Droit divin...

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    Reliquaire du sacre de  Charles X de la Sainte Ampoule : vue d'ensemble (ci dessus) puis détail de la nouvelle Ampoule (ci dessous) avec l'aiguillette d'or destinée à prendre le Baume sacré
     

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    1822 : Mort de Jean-Louis Lagnel

     

    Dès le XIIème siècle, on trouve de nombreuses représentations sculptées de la nativité, de l'âne, du bœuf, des rois-mages. La première mise en scène d'une crèche vivante avec des personnages et animaux, fut créée  en 1223 par saint François d'Assise (dont la mère était originaire de Tarascon), lors d'une messe de minuit à Gréccio dans la forêt des Abruzzes en Italie :

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    Saint François d’Assise, impressionné par la visite de la basilique de la Nativité de Bethléem, voulut, de retour en Italie, reproduire la scène de la Nativité pour les pèlerins d’occident interdits de Terre Sainte suite à l’échec de la cinquième croisade. Il utilisa de ce fait une mangeoire remplie de foin, un âne et un bœuf réels dans une grotte, appelée "chapelle de la crèche", près de l’ermitage de Greccio, petite localité située dans le Latium, en Italie centrale où s’étaient implantés les Frères mineurs. Il y associa pour la première fois, à la messe de minuit de Noël 1223, les villageois de ce lieu, qui participèrent à une crèche vivante, aménagée dans cette grotte...


    Dès la fin du XIIIème siècle, les moines franciscains introduisirent la crèche en Provence.

    Quand la révolution interdit la célébration du culte catholique, et donc la Messe de Minuit et les crèches d’église, les Marseillais résistèrent à leur façon à cette violence qui était faite à leur Foi, et l'usage se développa de monter une crèche dans chaque foyer. "La Crèche" est donc, au départ, un acte de résistance au fanatisme révolutionnaire : évolution que Robespierre et sa clique étaient bien loin d’imaginer lorsqu’ils prenaient leurs mesures de dé-christianisation de la France !...

    Ensuite, Napoléon, par calcul politique, fit la paix avec l’Église, par le Concordat, et les églises rouvrirent, présentant de nouveau leurs crèches au public, mais l’habitude était prise, et se maintint, de "faire la crèche" aussi chez soi. La crèche familiale est, aujourd’hui, l’une des coutumes calendales (c’est-à-dire "de Noël", en provençal) les plus vivaces…

    Jean-Louis Lagnel, venait juste d’inventer les santons d'argile. Avant sa création, les santons étaient en plâtre ou en bois : c’est lui qui eut l’idée de réaliser des moules figurant ses voisins, chacun dans son métier, et ses santons furent vêtus à la manière populaire de l'époque Ces moules de plâtre permirent de faciliter la reproduction de sujets à moindre coût :  ces "santons d'un sou" permettaient en effet à chacun de posséder sa propre crèche…

    C’est en 1803, juste après la signature du Concordat, qu’eut lieu à Marseille la première Foire aux Santons et aux Crèches, sur le cours Saint-Louis, à côté de la Canebière. 

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    "Le dresseur de marmottes", l'un des premiers santons de Lagnel...

     

     

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    1824 : Mort de Louis XVIII 

     

    De Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, Pléiade, tome 1, pages 704/705 : 

     

    "...Appréciez maintenant les calomnies dont la restauration a été l'objet; qu'on interroge les archives des relations extérieures, on sera convaincu de l'indépendance du langage tenu aux

  • Éphéméride du 14 octobre

    Hastings, de nos jours

     

    1066 : Victoire d'Hastings 

     

    Guillaume le Bâtard triomphe de Harold, le dernier roi anglo-saxon, et devient Guillaume le Conquérant... 

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    Un épisode du "Telle du Conquest" (communément appelé "Tapisserie de la reine Mathilde"), présenté dans notre Éphémeride du 21 septembre, jour de l'embarquement du duc à Saint-Valéry-sur-Somme (moins d'un mois avant sa victoire complète, à Hastings...) 
     
     

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    1670 : Première du Bourgeois Gentilhomme 

     

    Le roi est alors à Chambord, avec toute la Cour : comme d'autres pièces de Molière, il s'agit d'une comédie ballet, dont la musique est écrite par Lully, avec qui il travaille depuis la création de L'Illustre Théâtre, en 1643 (voir l'Éphéméride du 13 juin) : "C’est là un des plus heureux sujets de comédie que le ridicule des hommes ait jamais pu fournir." (Voltaire).  

    Molière a 47 ans, et c'est l'une de ses dernières pièces. Il mourra trois ans plus tard, sur scène. 

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    Écouter : le Menuet (1'28)
     
     
     
     
     
     
     

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    1710 : Louis XIV institue la seconde Capitation.

     

    "...Louis XVI eût-il réussi, financièrement et psychologiquement, la même opération en 1780 - au coeur de la guerre d'Amérique - la monarchie capétienne était sauvée..." (François Bluche)

    (Pour la première Capitation, instaurée le 18 janvier 1695, voir l'Éphéméride du 18 janvier)

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    De François Bluche, Louis XIV, Fayard, pages 817/818 :

     

    Chacun paiera l'impôt

    ...Au milieu de la guerre précédente, Louis XIV avait admis le principe d'une imposition révolutionnaire, l'avait fait accepter par un argentier réticent, M. de Pontchartrain. Cette capitation, interrompue en 1698, avait été rétablie en 1701. Aujourd'hui, même additionnée aux tailles, aux aides, aux traites, à la gabelle, elle ne suffit plus à alimenter les caisses du Trésor. Le roi se résoud donc à l'instauration d'une taxe fixe sur les revenus. Sa déclaration du 14 octobre 1710 met en place l'impôt du dixième denier, en abrégé le dixième. Comme à l'occasion de la capitation, le clergé est épargné, qui consent une augmentation de son "don gratuit". Mais, comme pour la capitation, l'imposition nouvelle ne connaît plus  de distinction entre roturiers et privilégiés : tout le monde est taxable. C'est une mobilisation générale des énergies, une  contribution globale à l'effort de guerre.

    Le Roi ne s'y rallie pas sans réflexion, ni réticences. Non qu'il ait scrupule à associer les nobles aux sacrifices financiers nécessaires, mais il sait que les humbles paient déjà à la limite du supportable. Aussi, comme en 1695, l'acte de création de l'impôt nouveau comporte, par la volonté du souverain, un long préambule explicatif, qui en appelle à l'esprit public, au civisme et au patriotisme du peuple français. Cosigné par Nicolas Desmarets, il n'en exprime pas moins les sentiments et la pensée du monarque, portant au reste la marque de son style. Comme le 12 juin 1709, Louis rappelle ses efforts pour terminer la guerre; comme en 1709, il montre que la paix ne s'éloigne qu'en raison de la foi punique des alliés :

    "Le désir sincère que nous avons de faire une paix convenable à toute l'Europe nous a porté à faire les démarches qui pouvaient prouver que nous n'avons rien plus à coeur que de procurer le repos à tant de peuples qui le demandent... mais l'intérêt de ceux qui veulent perpétuer la guerre et rendre la paix impossible a prévalu dans les conseils des princes et États de nos ennemis... Dans cette situation, nous ne pouvons plus douter que tous nos soins pour procurer la paix ne servent qu'à l'éloigner, et que nous n'avons plus de moyens pour y porter nos ennemis que celui de faire véritablement la guerre."

     

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    Pour cela, Sa Majesté s'est décidée  à mettre en place cette imposition du dixième : à compter du 1er octobre 1710 (la déclaration est du 14), chaque sujet du Roi versera pour la cause commune le dixième de ses revenus. La chose concerne tous les laïcs, "nobles ou roturiers, privilégiés ou non privilégiés". Ces dix pour cent d'impôt frapperont les revenus fonciers, les droits seigneuriaux, les propriétés urbaines, les charges, les rentes publiques ou privées, les profits marchands, etc... Un mois plus tard, Desmarets fera prélever le dixième par retenue à la source, dans le cas des gages, appointements, pensions et rentes.

    Nous avons oublié, de nos jours, quelle brèche la volonté royale ouvrait, en ce 14 octobre 1710, dans la muraille déjà lézardée des privilèges. Louis XVI eût-il réussi, financièrement et psychologiquement, la même opération en 1780 - au coeur de la guerre d'Amérique - la monarchie capétienne était sauvée. Dans l'affaire du dixième denier, le Grand Roi console les pauvres en leur montrant qu'il fait d'abord payer les riches. Il associe chacun à l'oeuvre de l'énergie nationale : l'obole du gagne-petit contribue autant, dans l'ordre moral et politique, au salut du royaume que le gros versement imposé à M. Crozat, financier, ou à M. de Saint-Simon, duc et pair...

    ...sa réforme fiscale, exécutée en deux étapes (1695 et 1710), justifiée par le temps de guerre, acceptable et acceptée par les plus humbles des Français, diminuait les privilèges sans trop blesser les privilégiés. Si les Bourbons en avaient usé aussi courageusement et intelligemment au siècle des Lumières, y aurait-il eu révolution en 1789 ?..."

     

     

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    1793 : Ouverture du pseudo "procès" de Marie Antoinette 

     

    Les "choses" ne se passant pas de la façon souhaitée par les révolutionnaires, les avocats de la Reine, Chauveau-Lagarde et Tronson du Coudray, seront arrêtés en pleine séance : ce n'est que l'un des épisodes les plus significatifs de cette parodie de procès où, de toute façon, il fallait se hâter de faire mourir la Reine, car elle était atteinte d'un mal qui allait l'emporter; or, la Convention souhaitait, comme pour Louis XVI, envoyer un nouveau "message" (!) au monde...

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    Plus encore que celui de Louis XVI, ce pseudo-procès fut un monument d'iniquité.

    Napoléon lui-même déclarera que 'La mort de la Reine fut un crime pire que le régicide"...

     

    Minutes du soi-disant procès (extrait) :  

    "...Hébert accuse Marie-Antoinette d'avoir conspiré jusque dans sa prison. Il insiste sur la dépravation du petit Capet. Calme, elle écoute les mots de mensonge et d'ordure qui veulent la souiller et n'atteignent pas l'ourlet de sa robe. Pas un tressaillement, pas une rougeur. Dégoûté sans doute, le président Herman n'ose relever l'imputation d'immoralité. Un juré la rappelle :

    - Citoyen président, je vous invite à vouloir bien observer à l'accusée qu'elle n'a pas répondu sur le fait dont a parlé le citoyen Hébert, à l'égard de ce qui s'est passé entre elle et son fils.

    La reine alors se lève et, le bras tendu vers l'auditoire, elle dit d'une voix plus haute et qui frappe les murs avant de frapper les coeurs :

    - Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à répondre à une pareille question faite à une mère... J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici.

    Sans l'avoir cherché, elle a atteint le sublime. Le public frémit, crispé, palpitant, retourné. Herman, Fouquier et les juges se regardent. Hébert blémit et se tait. Les débats s'arrêtent un moment..." 

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    Adieu de Marie-Antoinette à ses enfants, inscrit sur son livre de prière - Bibliothèque de Châlons-sur-Marne 

     

    Lire, ci après, le très bel article de Juliette Mondon :

    "J'en appelle à toutes les mères !..."

     

    Enfin, très étonnant : mis en ligne par le Ministère de la Justice lui-même, le "procès" de Marie-Antoinette, où l'on voit bien que "le dossier est vide :

      http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/proces-historiques-10411/le-proces-de-marie-antoinette-22697.html

     

     

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    1806 : Victoire d'Iéna 

     

  • ”Les expulser, oui, mais pour où ?” (3/6) : Un exemple historique, l'expulsion des Morisques d'Espagne en 1609...

    Nous avons donc vu (première note) qu'il fallait d'abord savoir exactement ce que nous voulions faire, et quel avenir nous voulions (ou ne voulions pas...) pour notre pays; et conclu que, une fois la volonté politique arrêtée, les modalités techniques de mise en oeuvre restent, naturellement, à fixer, sans que, pour autant, les difficultés soient insurmontables. 

    Nous avons vu ensuite (deuxième note) où en était la législation actuelle (que l'on peut d'ailleurs modifier, dans le sens de l'adoucissement ou au contraire du durcissement...), et que les textes en vigueur prévoyaient déjà la possibilité d'une déchéance (et d'une expulsion). La conclusion, à la fin de notre deuxième note, étant, comme à la fin de la première : si un Etat de droit décide de déchoir et d'expulser, il en a la possibilité et les moyens; c'est avant tout une question de volonté politique.

    Cette troisième note évoque un exemple historique : l'expulsion des Morisques d'Espagne, qui fut promulguée par Philippe III d'Espagne, le 22 septembre 1609. Et l'on verra que, sur deux points tout à fait majeurs, parler de l'Espagne de 1609 c'est parler de la France aujourd'hui, tant sont grandes, au point d'en être surprenantes, les ressemblances entre les deux situations (1). 

    morisques.jpg

    Les Morisques d'Espagne étaient ces descendants des populations d'origine musulmane converties au Christianisme par le décret des Rois catholiques du 14 février 1502. Parmi eux, il y avait des Arabes, des Berbères, mais également une grande majorité d'Espagnols qui s'étaient convertis depuis des siècles à l'Islam.

    Plus d'un siècle après leur conversion forcée au Christianisme, et bien que devenus, à force de métissage, physiquement indiscernables des « vieux chrétiens », une grande partie des Morisques se maintenait comme un groupe social cloisonné du reste de la société espagnole en dépit de la perte de l'usage de la langue arabe au bénéfice du castillan et de sa connaissance très pauvre des rites de l'Islam, religion que beaucoup continuaient toutefois à pratiquer en secret.

    morisques 1.jpgfemme morisque de Grenade (1)
     

               

    En 1568-1571 eut lieu la Rebéllion des Alpujarras, menée par les Morisques de Grenade (le dernier territoire à avoir été reconquis par les Espagnols, en 1492, ce qui mit un terme aux presque huit siècle de Reconquista). L'opinion selon laquelle cette minorité religieuse constituait un véritable problème de sécurité nationale gagna alors, régulièrement, du terrain. Les morisques étaient couramment soupçonnés de complicité avec les Turcs, les pirates barbaresques qui pillaient périodiquement le littoral espagnol, ou même avec les Français. Mais surtout l'année 1604 marqua le début d'une récession économique dans la péninsule, conséquence d'une première baisse dans l'arrivée des ressources du Nouveau Monde. La dégradation des conditions de vie des Chrétiens les mena à considérer avec défiance celles des Morisques.

    morisques 2.jpgfemme morsique de Grenade (2)
     
     

    C’est là un premier élément de ressemblance frappant entre les deux époques et les deux pays : la crise économique ....

    La répartition des Morisques à l'intérieur de l'Espagne était assez irrégulière : si leur présence était négligeable en Castille et dans tout le nord/nord ouest, ainsi qu'en Catalogne, ils représentaient environ le cinquième de la population de l'Aragon, le tiers de la population du royaume de Valence, et plus de 55% dans le royaume de Grenade. Selon les estimations, leur nombre pouvait s'élever - au minimum - à environ 325 000 membres et - au maximum - jusqu'à un million, sur un total d'approximativement 8,5 millions d'habitants. Mais il faut noter que leur taux de croissance démographique était nettement supérieur à celui des Chrétiens.

    Mais voici le deuxième élément de ressemblance frappante entre l'Espagne de 1609 et la France de 2009 : contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'expulsion des Morisques ne faisait pas du tout l'unanimité dans l'opinion publique de l'époque. En clair, il y avait des partisans (et nombreux, et farouches...) de la présence de ces populations en Espagne. Et pour quelle(s) raison(s) ? Tout simplement parce que - pour ne parler que d'elles - les noblesses aragonaises et valenciennes profitaient de cet état de fait, particulièrement en termes de main-d'œuvre sur leurs terres. La classe paysanne, cependant, voyait les morisques d'un mauvais œil et les considérait comme des rivaux. Ne retrouve-t-on pas là nos patrons véreux d'aujourd'hui, qui ont fait le choix de compromettre l'avenir économique du pays, dans le but d'augmenter leurs profits immédiats, grâce à une main d'oeuvre bon marché (ce que nous traduisons par chair à profit....), plutôt que d'investir dans la Recherche et préparer l'avenir par les investissements ?... Et, parallèlement, le petit peuple qui voit d'un mauvais oeil ces concurrents sur un marché du travail qui se rétrécit ? (voir les récentes manifestations ouvrières en Angleterre pour le travail anglais aux anglais...) 

    Jusqu'en 1608 la politique menée envers les Morisques avait été celle de la conversion, bien qu'il y ait eu quelques tentatives de politiques plus radicales de la part de Charles Ier (c'est-à-dire Charles Quint, le même roi étant Charles Premier d'Espagne et Charles V, empereur d'Allemagne) et de son fils Philippe II, respectivement en 1526 et 1582. Ce n'est cependant qu'à partir de 1608 que le Conseil d'État commença à envisager sérieusement le choix de l'expulsion, pour la recommander au souverain l'année suivante.

    Le déroulement de l'expulsion dans l'ensemble des royaumes espagnols se prolongea jusqu'en 1614. Le nombre de personnes ainsi concernées varie, comme nous l'avons vu plus haut, entre 300 000 (fourchette basse) et 1.000.000 (fourchette haute).

    morisques 5.jpg

                 

    Il fut décidé de commencer par Valence (ci dessus), la zone la plus concernée par la mesure. Les préparatifs furent menés dans le plus grand secret. À partir du mois de septembre des régiments d'infanterie, les tercios, venus d'Italie (ci dessous, ceux dont parlera Hugo: "la redoutable infanterie espagnole...") prirent position dans le nord et le sud du royaume de Valence et le 22 du même mois le vice-roi ordonna la publication du décret. L'aristocratie valencienne se réunit avec des représentants du gouvernement pour protester contre l'expulsion qui supposait une diminution significative de ses revenus, mais l'opposition faiblit avec la promesse de récupérer une part des propriétés terriennes des Morisques. On permit à ces derniers de prendre tout ce qu'ils pouvaient emporter, mais leurs maisons et terrains furent octroyés à leurs seigneurs, sous peine de mort en cas d'incendie ou de destruction avant le transfert des biens.              

    morisques 3.jpggravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado.
    On y voit bien la présence des troupes, à droite...

                 

                            

    À partir du 30 septembre, ils furent menés aux différents ports du royaume, où on les obligea même à payer le trajet. Les premiers Morisques furent transportés vers Oran et les ports de l'Oranie, où ils furent quelquefois fort mal reçus et parfois même attaqués par les autochtones. Ceci causa de grandes craintes parmi la population morisque n'ayant pas encore été déportée, et le 20 octobre se produisit un soulèvement contre l'expulsion. Les rebelles furent vaincus en novembre et l'expulsion des Morisques valenciens fut menée à terme.

    Au début de 1610 eut lieu l'expulsion des Morisques aragonais, suivie en septembre par celle des catalans....

    On remarquera que nous nous bornons, ici, à rappeler un fait historique, et que notre but n'est pas de porter un jugement de valeur. Nous nous contentons de constater, à travers cet exemple, que si et quand un gouvernement, un Etat, un pays, décide, pour telle ou telle raison, d'expulser, il peut le faire, et que cela s'est vu dans l'histoire....

    On en revient donc toujours à notre affirmation du début: c'est une question de volonté politique.... (à suivre...)

    morisques 4.jpg             Pere Oromig, Embarquement des Morisques au Grao de Valence
     

     

    (1) : Cette comparaison presque absolue que l’on peut faire, sur deux points essentiels, entre la situation de l’Espagne d’alors et celle de la France d’aujourd’hui peut d'ailleurs s'étendre aussi, plus généralement, à l’Europe ; et, plus généralement encore, à l’ensemble du monde blanc…..