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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Autour du Prince Jean ! Pourquoi Chantilly ?...(3/3).

    TimbrebisRVB.jpg            Aujourd'hui : les trésors de Chantilly, patiemment accumulés, avec un goût des plus sûrs par le duc d'Aumale.

                Il s'agit, on l'a vu, de la deuxième collection d'art en France, par son importance et sa qualité, après le Louvre.

                Le duc d'Aumale n'a pas cherché à constituer un musée traditionnel, un de plus. Il a simplement voulu rassembler une belle collection, groupant les oeuvres au hasard, en fonction de ses acquisitions, voire en réunissant dans une même pièce celles qu'il préférait. Les conservateurs ont respecté cette façon de faire, et c'est un charme supplémentaire de Chantilly.

                Il est à noter, enfin, que, suivant les termes mêmes du legs fait à l'Institut, ce dernier a l'obligation "de n'apporter aucun changement dans l'architecture extérieure et intérieure du château" et qu'il a interdiction formelle de prêter quelque objet que ce soit. Les amateurs d'Art doivent donc venir à Chantilly, s'ils souhaitent voir les merveilles que le château renferme.

                L'extra-ordinaire Cabinet des Livres se trouve dans le Petit Château. Les non moins extra-ordinaires collections dans le Grand Château.

                Sur la photo ci dessous, le Château d'Enghien est le long rectangle, au fond à droite; le Petit Château est devant, en bas à droite, et se reflète dans la pièce d'eau; le Grand Château est derrière, à côté des deux bassins rectangulaires et du bassin circulaire.

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    I) : Le Cabinet des livres, dans le Petit Château.

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                Evidemment, tout le monde sait qu'il renferme Les Très Riches Heures du duc de Berry. Trop fragiles, elles ne sont pas exposées. Un fac-similé numérique reproduisant l'intégralité du livre est consultable sur un poste informatique. Ci dessous, le mois d'Avril.

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                Les Très riches heures du Duc de Berry est un livre d'heures, c'est à dire, dans la tradition médiévale, une collection de textes illustrés, calendriers, psaumes, messes, pour chaque heure liturgique de la journée.

                Ce chef d'oeuvre de l'art Gothique a été réalisé par les trois frères Limbourg, d'origine flamande, pour le Duc de Berry au début du XVème siècle (vers 1410). Inachevée à la mort des 3 frères en 1416, l’enluminure du manuscrit a été complétée dans la 2ème moitié du XVe siècle par Barthélemy d'Eyck et Jean Colombe.

                Mais on ne saurait ignorer également le Psautier de la reine Ingeburge de Danemark (ci dessous, Vie du Christ, le Lavement des pieds).

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                Ou le Quatuor Evangelia (ci dessous).

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                La collection du Cabinet des livres comprend 1 600 manuscrits, du Xe au XIXe siècle, dont environ 300 manuscrits à peintures, et environ 12 500 livres imprimés, du XVe au XIXe siècle !.....

                Mais aussi une impressionnante collection de Dessins : outre les portraits historiques et les scènes d'histoire de France, le duc d'Aumale achète les chefs-d'oeuvre des grands maîtres qu'il trouve sur le marché de l'art dont des dessins de Watteau, de Greuze, de Prud'hon ou de Decamps. De 1881 à 1883, il achète des feuilles de Botticelli, Canaletto, Tiepolo, Van Loo, Ingres, Géricault... En 1889, il acquiert un ensemble très important de crayons français par les Clouet.

     

    II) : Les collections, dans le Grand Château.

                Même en s'en tenant aux chefs d'oeuvres les plus fameux, on ne peut tout mentionner. Citons, dans la salle de la Tribune, L'Automne de Botticelli, Le Plaisir pastoral de Watteau, le portrait de Molière par Mignard (ci dessous) et les trois Ingres (Autoportrait, Mme Devaucay et Vénus Anadyomène -qui sort de l'eau-).

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                Dans le Cabinet des Gemmes, le diamant rose, dit le Grand Condé.

                Dans le Cabinet des Clouet, une très précieuse collection de petits formats des Clouet : François Premier (ci dessous), Marguerite de Navarre caressant un petit chien, Henri II enfant, le Connétable Anne de Montmorency....

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                Dans la Salle Caroline, des portraits de Greuze et Largillière, de Van Loo et le Donneur de sérénade de Watteau.

                Et, au hasard d'autres salles : des primitifs italiens du XV° siècle  (Giotto); des Géricault et Delacroix; un Piero di Cosimo (portrait de la belle Simonetta Vespucci, qui servit de modèle à Botticelli pour sa Naissance de Vénus); la statue de Chapu, Jeanne d'Arc aux voix; les Pestiférés de Jaffa, de Gros; le Massacre des Innocents, de Poussin; les portraits de Mazarin et de Richelieu par Philippe de Champaigne; le Gabrielle d'Estrées au bain (école française du XVI°).....

                Enfin, dans une petite salle, le Santuario, on admire les perles des perles. Les Trois Grâces et La Vierge de Lorette (ci dessous), de Raphaël.

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                Ou encore quarante miniatures de Jean Fouquet, découpés dans le Livre d'Heures d'Estienne Chevalier (école française du XV°). Et le panneau de coffre de mariage Esther choisie par Assuerus, de Filippino Lippi (ci dessous).
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  • Mentir sur les mots, en mentant par les mots. Ou : voyage instructif dans la sémantique du parti immigrationniste.....(2

               L'imagination des bobos/gauchos/trostskos, et de tous ceux qui plus généralement font de "l'agit-prop", est presque sans limite. On le voit bien dans le choix des mots qu'ils utilisent. Mais on verra aussi jusqu'à quelles insanités ils ne craignent pas de s'abaisser, pour arriver à leurs fins.

               Lançons-nous dans une sorte d'analyse de texte. On verra que c'est assez passionnant, en tout cas très révélateur d'une certaine mentalité.

              Totalement condamnable, cela va sans dire.....

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    N'est-ce pas un tout petit peu excessif ?.....

             Si l’on essayait d’établir une sorte d’échelle de l’indécence et du révoltant, on pourrait commencer par dénoncer, du moins grave au plus grave, les "incivilités", terme inventé par Chevènement pour masquer l'augmentation exponentielle de la violence et de la voyoucratie…

             Puis on passerait au « sans-papiers », alors qu’il n’y a que des hors-la-loi, et « les jeunes » ou « des jeunes », alors qu’il n’y a que des français de fraîche date (si vous voyez ce que nous voulons dire…) dont le mauvais comportement exigerait, selon nous, qu’on leur retirât sur le champ une nationalité française dont, sitôt gratifiés, ils montrent qu’ils ne sont pas dignes ; et que, en conséquence, on les renvoyât illico dans leurs pays d’origine, d’où ils n’auraient jamais dû venir chez nous, si c’est pour y faire ce qu’ils y font…

             Mais incivilités, jeunes et sans-papiers ne sont malgré tout pas les pires. L'esprit tordu de ces manipulateurs de l'opinion ne s'embarrasse ni de morale ni de décence. N’y a-t-il pas de quoi être saisi de dégoût, en effet, lorsqu’on voit les gens du parti immigrationniste et sanspapiériste nous ressasser sans vergogne les « déportés » et les "rafles" ?

              L'association Réseau Éducation sans Frontière, entre autres (mais elle n'est pas la seule...), s'est fait une spécialité de la manipulation de l'opinion par la déformation des faits. Il suffit pour cela de jouer sur le vocabulaire, de détourner les mots employés de leur vrai sens, donc de mentir allègrement sur les mots et par les mots. Et cela marche assez souvent, du moins tant qu'on n'arrache pas leur masque de Tartuffe à ces menteurs, révolutionnaires engagés pour qui tout est bon, pourvu que cela fasse progresser leurs basses manoeuvres et leurs coups tordus.

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              Commençons par les "rafles". Évidemment, si l'on se réfère à la période de l'Occupation (que nous devons à la République et au Front Populaire, incapables l'une et l'autre de préparer la France à un conflit fort prévisible...) les rafles ne peuvent évoquer que de mauvais souvenirs; donc, pour tâcher de rendre sympathiques des voyous que la police contrôle (ce qui est, tout de même, son rôle...), on va dire qu'il y a une rafle, et donc essayer de provoquer un sentiment d'indignation, et si possible de solidarité avec ces malheureux (!)...

              Et c'est la même chose avec les "déportés" : lorsque la police a arrêté un ou plusieurs immigrants illégaux, leur transfert dans un centre de rétention fera d'eux, instantanément, des déportés. Dans la droite ligne des rafles que nous venons d'évoquer.

              Enfin, et pour couronner le tout en quelque sorte, n'est-il pas honteux, et même carrément ignoble, de procéder comme on le voit dans le document que nous reproduisons à la fin de cette note, sans l'avoir bien sûr modifié en rien ? Oui, vous lisez bien : Les nouveaux Justes ! Parler de Justes pour l'aide aux clandestins hors la loi ! Mais quel rapport peut-il bien y avoir entre la Shoah et la lutte contre les immigrants qui ne respectent pas les lois des pays dans lesquels ils s'imposent ? Seul un esprit irrémédiablement tordu, et irrécupérable, peut oser franchir le pas d'une telle aberration intellectuelle, qui n'est en fait rien d'autre qu'une pure et simple monstruosité. Il faut être un minable, des minables, pour oser simplement comparer celles et ceux qui ont sauvé des innocents au péril de leur vie, en affrontant des SS ou une Gestapo autrement redoutables que la police française d'une part; et quelques vedettes du chobize qui viennent faire leur cinéma devant les caméras, deux/trois tours et puis s'en vont, après s'être offert un petit moment de pub sympa devant des micros bien complaisants, bien conformistes, et surtout sans le moindre danger...

              Que penser des associations qui, comme Réseau Éducation sans Frontières (qui n'est encore une fois pas la seule...), se permettent d'agir de cette façon ? N'est-il pas moralement condamnable, et intellectuellement inacceptable, de procéder ainsi, par une grossière manipulation des faits, aboutissant à un grossier travestissement de la réalité ? N'est-il pas totalement immoral d'essayer de faire un parallèlle (qui ne tient bien sûr pas...) entre des clandestins illégaux d'aujourd'hui et des déportés dans les camps d'extermination hier ? 

              N'est-il pas, en même temps, dangereux de banaliser ainsi les souffrances d'hier, dûes à une idéologie monstrueuse, et culminant dans une tentative d'extermination inédite et unique dans l'Histoire ? Une idéologie dont nos bobos/gauchos/trostskos feraient bien d'apprendre, en passant, qu'elle est héritière directe de la révolution française, comme son frère ennemi et jumeau, le marxisme.....

             N'y a-t-il pas là une insulte aux victimes de cette idéologie, justement ?

             En d'autres termes, peut-on tout se permettre, tout dire et tout faire, parce que l'on est un bobo/gaucho/trotsko ? Il est évident que, pour nous, poser la question c'est y répondre....

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    Le samedi 8 septembre 2007 à 17h30 / Les Nouveaux Justes /

    Dans le cadre de la mobilisation contre l’expulsion du jeune Kurde Sedat, projection d’un film, réalisé par "360 ° et même plus, sur les actions de résistances et de désobéissance non violente pour empêcher la déportation de sans papiers. Débat animé par une délégation de RESF Marseille

  • .... et la royauté telle que l'on pourrait l'imaginer pour la France (2/2).

                Nous ne pouvons qu'avoir une autre idée, un autre projet politique pour la France. Et tout d'abord parce que la situation n'est évidemment pas la même en deçà et au delà des Pyrénées. 

                Si Juan Carlos, prenant la suite de Franco en 1975, a choisi de faire élaborer une Constitution dans laquelle il dispose de peu de pouvoirs de gouvernement direct, alors qu'il aurait pu tout aussi bien faire le pari de conserver tout ou partie des pouvoirs du Caudillo, c'est évidemment par réalisme, parce que les temps n'étaient pas mûrs.          

                L'empire marxiste ne s'était pas encore effondré; l'idéal révolutionnaire n'était pas encore mort, il semblait même encore bien vivant et nul ne se hasardait à pronostiquer sa fin imminente.

                Que pouvait donc faire Juan Carlos, et quel régime pouvait-il raisonnablement instaurer, pour peu qu'il ait eu le désir - ce qui était évidemment le cas... - de voir durer ce régime dans le temps, afin qu'il finisse par s'enraciner vraiment ? Lucide et conscient, que pouvait-il faire d'autre, dans le contexte qui était le sien, que de faire une monarchie a minima qui au moins, dans l'esprit que nous disions avant-hier (2), soustrayait le pouvoir suprême au jeu des partis, donc à la démagogie et à la lutte incessante pour le pouvoir; et assurait au moins un minimum de stabilté au sommet de l'Etat ?

                C'est peu, mais c'est déjà beaucoup. En tout cas, à notre très humble avis, c'est nettement mieux que rien. Nettement mieux qu'un retour à la République espagnole, dont on sait fort bien et ce qu'elle a été, et comment elle a fini, entraînant l'Espagne dans le pire désastre de son Histoire (assez comparable - mutatis mutandis - à ce que fut pour nous l'effondrement de 1940...).         

                Mais cela n'est pas, dans sa totalité, un modèle pour nous. Notre projet, s'il devait se réaliser, et se réaliser dans le cadre institutionnel actuel, est bien différent. Il est vrai qu'en un sens la situation qui est la nôtre est peut-être plus simple que celle à laquelle était confronté le jeune Juan Carlos en 1975, à la mort de Franco. En grande partie parce que, au sortir de l'ère franquiste, les institutions que laissait le général Franco ne jouissaient pas d'une approbation suffisamment large du peuple espagnol et n'auraient sans-doute pas garanti une transition paisible ....

                Or, nous avons souvent dit que ce qui différenciait un royaliste d'un républicain ce n'était pas, d'abord et avant tout, le fait qu'un royaliste voulait un roi, là où le républicain voulait une république; mais, d'abord et avant tout, le fait que le royaliste est un pragmatique, un empirique, là où le républicain est un idéologue, un faiseur d'abstractions qui se complaît dans ses constructions intellectuelles. Nous n'inventerons donc pas une royauté abstraite, sortie de nos cerveaux : il nous suffirait de partir des réalités de la France d'aujourd'hui. C'est-à-dire des Institutions qui sont les nôtres : concrètement, celles de la V° République.

                Des institutions de la V° république qui donnent de réels pouvoirs au Chef de l'Etat. Et qui, elles, à la différence de celles laissées par Franco en 1975, jouissent d'un assez large consensus, sur lequel pourrait s'appuyer une autorité nouvelle. Nous pourrions donc nous contenter de faire en sorte que ce poste de Chef de l'Etat soit dévolu au chef de la Famille de France.

                Ce qui, ipso facto, serait une amélioration radicale de notre système actuel puisque, sans violence et sans révolution, cela permettrait d'instituer enfin, au sommet de l'Etat, cet espace a-démocratique que nous évoquons régulièrement. Il aura fallu une révolution sanglante pour faire la république; il n'en faudrait pas tant pour faire la royauté moderne dont la France a besoin....

                On voit bien qu'il y a plus qu'un abîme et qu'un océan entre la monarchie telle que nous la proposons là, et ce que nous propose un Esteban Pons. Et qui est - c'est tout le paradoxe espagnol - ce qu'il y a de moins mauvais pour l'Espagne, les choses étant ce qu'elles sont, tout en étant très loin d'être un modèle idéal, en tout cas pour nous.         

                Dernier point, et non des moindres. A supposer que l'autorité royale dont nous parlons puisse être instaurée au sommet de l'Etat, resterait la question essentielle de la situation de décacence profonde de notre société. Selon notre avis, des institutions dotées d'une autorité royale en leur sommet, pourraient aider puissamment à sa reconstruction. Mais celle-ci, à l'évidence, ne dépendrait pas que de lui seul. Et très certainement devrait dépasser le cadre national ..... 

  • Révolution et République, Ecole, Historiquement correct : un débat entre Philippe Nemo et Roland Huraux (1/3).....

                Le philosope libéral, Philippe Nemo s'est entretenu récemment avec l'historien Roland Hureaux (1), ce qui nous a valu un fort intéressant débat, souvent roboratif et, au final, assez réconfortant.

                Leurs propos décapants, leur regard honnête et sans concession sur notre histoire récente, ces mensonges de la vérité officielle à nouveau dénoncés par eux au cours de leur échange : tout cela nous a fait penser qu'il serait intéressant de mettre cette discussion à la disposition de nos lecteurs……

                Pour la commodité de la lecture, nous l'avons divisé en trois parties : d'abord, une réflexion sur la Révolution et la République, qui a bien été conçue dès le départ, par les révolutionnaires, comme une nouvelle religion, comme "la" nouvelle religion; ensuite, une réflexion sur l'Ecole, malade de l'idéologie républicaine; et, pour finir, une dénonciation en règle de l'historiquement correct, c'est-à-dire des mensonges de la vérité officielle.....

    Première partie : a propos de la Révolution et de la République, qui a bien été conçue dès le début, par les révolutionnaires, comme une religion…..

    F.C. : Philippe Nemo, la république se prétend indivisible. Vous affirmez qu’il y en a deux. Comment en êtes-vous venu à cette conclusion ?

    Philippe Nemo : Malgré le sympathique personnage de Marianne, il n’y a jamais eu de consensus en France sur ce que doit être la république. Les uns la conçoivent comme le régime protégeant les grandes libertés publiques, d’autres y voient un synonyme de « socialisme ». Le problème est que ces derniers ont opéré et quasi-réussi une « OPA » sur le mot « république » à partir des années 1900 ;

    Roland Hureaux : Il y a eu une captation de l’héritage républicain par une gauche laïciste et socialisante, voire communiste. Il était donc utile de faire cette mise au point, notamment au sujet de l’affaire Dreyfus, en rappelant qu’il y a eu beaucoup d’anti-dreyfusards de gauche et  plus qu’on ne croit de dreyfusards de droite.

    F.C. : Vous expliquez aussi, à juste titre, que la Résistance fut loin d’être le monopole de la gauche.

    P.N. : Autre paradoxe : la cinquième république a été fondée par un homme, de Gaulle, dont la formation militaire et la foi catholique correspondaient très peu aux critères en vogue du républicanisme de gauche.

    R.H. : Il faut aussi ajouter que le sens du mot « républicain » évolue avec le temps. « Républicain » désigne aujourd’hui le refus d’une certaine mondialisation « libérale-libertaire ». Il peut signifier une réticence aux valeurs du capitalisme mondialisé, et de ce point de vue, il me paraît très légitime de l’être. On voit même des royalistes qui défendent le principe républicain au nom de la  res publica, principe du Bien Commun pensé par Aristote.

    F.C. : Clémenceau disait : « La révolution est un bloc ». Philippe Nemo oppose la révolution de 1789 à celle de 1793. En quoi sont-elles de nature différente ?

    P.N. : La révolution de 1789 entendait promouvoir les libertés modernes, intellectuelles, politiques et économiques. Le gouvernement jacobin a promu la Terreur et une dictature d’Etat. C’est exactement l’inverse.

    R.H. : 1793 témoigne en effet d’un projet révolutionnaire de plus grande ampleur que 1789, et la terreur jacobine contient en puissance les révolutions totalitaires du XX° siècle.

    F.C. : Cette idée que François Furet a réussi à inscrire dans la pensée commune n’était pas évidente il y a trente ou quarante ans.

    R.H. : Pour autant, je trouve que Philippe Nemo a tendance a exagérer ce clivage. Il oublie les leçons du philosophe écossais libéral Edmund Burke qui a montré dans son grand livre sur la révolution française, écrit dès 1790, que la dynamique de 1793 était déjà sous-jacente aux évènements de 1789. Dès le départ, la révolution procédait d’une volonté de faire table rase du passé. 1789 contient une utopie libérale qui prône l’arasement des institutions existantes. C’est particulièrement vrai de la Constitution civile du clergé qui, en tant que projet de refondation de l’Eglise, est la cause directe des dérapages qui ont conduit à la Convention et à la Terreur.

    P.N. : Il y a donc plusieurs libéralismes : l’un conservateur, accepte les héritages du passé ; l’autre prétend refonder la société sur des idées abstraites. Le libéralisme de Burke n’est pas celui des GIrondins. Un projet, même libéral, peut être idéologique dès lors qu’il pousse les idées jusqu’à leurs extrêmes conséquences. C‘est peut-être ce que nous vivons aujourd’hui.

    F.C. : Selon Philippe Nemo, le jacobinisme idéologique de 1793 n’est pas un mouvement issu des Lumières, mais un millénarisme de type religieux.

    R.H. : Beaucoup de livres ont montré la filiation entre le socialisme et le millénarisme qui proclame l’avènement d’une société nouvelle et fraternelle à travers une convulsion de type apocalyptique. Le millénarisme est une hérésie chrétienne qui fut condamnée par l’Eglise.

             Quant au jacobinisme, on peut dire que c’est un millénarisme altéré par le rationalisme des Lumières. Un millénariste du Moyen-Âge comme Joachim de Flore se référait à la Bible, et plus particulièrement aux livres apocalyptiques ( Daniel, l’Apocalypse de Jean ). Tandis que les jacobins se réfèrent à une religion philosophique qui prétend instaurer le règne de la Vertu.

    P.N. : Un archétype messianique chrétien est toujours sous-jacent chez les partisans de la « République » jacobine. Ne disent-ils pas qu’ils veulent « régénérer l’humanité », que le sang de leurs adversaires, intérieurs autant qu’extérieurs, est « impur » ? Certains voient même en Robespierre un nouveau Messie. Plus tard encore, le vocabulaire des révolutionnaires de 1848 ou de la commune sera para-religieux : on évoquera la république comme « la Sainte », « la Belle » etc… Et cela continue jusqu’à aujourd’hui où certains parlent de la république avec des accents mystiques, tel encore Vincent Peillon dans son dernier livre, La révolution française n’est pas terminée (Seuil).    (à suivre).

    (1): dans Famille chrétienne n° 1064 (11 Octobre 2008).

  • De ce que dit Sébasto à ce que fait Christophe Barbier....

                Nous voulions parler d'un récent édito/vidéo de Chritophe Barbier, dans l'Express : celui du 3 février, Un anti communisme stupide

                Et voilà que Sébasto envoie un commentaire qui, sur le fond, nous y amène directement :

                "Interdit sur certains sujets, le « révisionnisme » est en revanche admis sans problème lorsqu'il s'agit de relativiser les génocides vendéen et ukrainien, ou encore de discuter du chiffre des victimes du stalinisme.
                Après avoir reconnu que les guerres de Vendée ont donné lieu à des "atrocités injustifiables ", François Lebrun, dans son livre "Guerre de Vendée", pose ainsi la question : " Faut-il pour autant les utiliser aujourd'hui de façon manichéenne, afin de magnifier les victimes et de jeter l'exécration sur les bourreaux, vrais ou supposés ? "

                Pourquoi rapprocher les deux réflexions ? On va le voir.

                Écoutons Christophe Barbier :

                "Instaurer une journée nationale d'hommage aux victimes des régimes communistes, telle est l'idée saugrenue de 17 députés UMP, qui veulent faire adopter un projet de loi en ce sens... C'est une idée saugrenue parce que un tel drame mérite autre chose que de la provocation politique...  Tout traitement mémoriel, tout traitement par amalgame dans l'Histoire, toute compétition des massacres, toute compétition du pire (le nazisme était-il pire que le communisme, le communisme est-il pire qu'autre chose) tout cela n'a aucun sens..."

                Bon, jusque là on peut approuver, même si Barbier n'est pas très gentil avec les 17 députés, qui ont au moins le mérite de vouloir en finir avec la plus extraordinaire supercherie/tartufferie des temps modernes : à savoir que, si l'on a fait le procés de Nuremberg du nazisme, on attend toujours celui du marxisme-léninisme. On se dit que Barbier va dire quelque chose. On attend, donc, la suite; et là, on est déçu. On va même aller de déception en déception.

                Première surprise : "Qu'y a-t-il vraiment de commun entre Mao et Staline, entre Pol Pot et Castro, nous allons comparer des choses qui ne sont pas comparables..." Là, franchement, Christophe Barbier devrait lire, entre autres, le discours de Soljéniitsyne aux Lucs sur Boulogne (1). Ce qu'il y a de commun entre tous les monstres qu'il a cité, c'est la matrice originelle qui leur est commune à tous : la Révolution de 1789/1793.

                Mais Barbier surprend et déçoit encore plus lorsqu'il assène, le plus naturellement du monde "Et du côté d'Allende, il faut chercher aussi des victimes ? Non, ce ne serait pas raisonnable..."

               Que veut dire Christophe Barbier par là ? Veut-il sous entendre que ce qui s'est passé au Chili après Allende est comparable à l'horreur durable des systèmes qui ont nom stalinisme, maoïsme, castrisme, khmers rouges, ainsi que l'immense masse des victimes qu'ils ont occasionnées ?.....

               Et pour finir, après ce morceau de bravoure sur Allende, que fait Christophe Barbier ? Et que propose-t-il, à la place de ce que proposent les 17 députés UMP qu'il a disqualifié au début ? Eh bien, justement, rien ! Il évacue le problème, il ne parle de rien et, hop, le tour est joué ! Aucune condamnation du marxisme-léninisme, rien ! Et c'est là que nous retrouvons le billet de Sébasto.

               Car, de fait, en agissant comme il le fait, Christophe Barbier illustre parfaitement l'idée de ce billet : il relativise ! Quelles qu'en soient les raisons, on assiste bien à un refus de fait de vouloir même simplement envisager une mise en accusation du communisme. On est en plein dans ce négationnisme et ce révisionnisme qu'évoque avec justesse notre correspondant.

               N'est-ce pas étrange ? N'est-ce pas même stupéfiant ?

    (1) : consultable dans son intégralité dans la Catégorie Grands Textes (c'est le Grands Textes I).

  • ”L'Héritier des siècles” (1), un plus pour la France.....

                Après s'être rendu au Liban, en Pologne, au Maroc, aux États-Unis.... (voyages dont on aura un aperçu en visualisant  l'album photos présenté en page d'accueil de ce blog....) le Prince Jean de France s'est envolé ce matin pour un voyage de 11 jours au Canada...                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        

                Invité par Madame Monique Gagnon-Tremblay, Ministre des relations internationales et de la Francophonie, à l'occasion de la célébration du quatrième centenaire de la fondation du Québec, le Prince restera donc dans la Belle Province du 29 juin au 6 juillet.2008.

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    Un des précédents voyages du prince: en Pologne....

                Il participera aux cérémonies officielles du 3 juillet en présence des différentes délégations internationales.

                Durant son séjour, il rencontrera le Premier Ministre et plusieurs membres du gouvernement du Québec, avec qui il abordera les problèmes liés à la Francophonie.

                La présence du prince à ces cérémonies, marque selon l'expression de Madame la Ministre, la fidélité à l'Histoire de France et un encouragement pour ceux et celles qui agissent en faveur de la Francophonie.

                Le but de ces voyages, pour le Prince, est bien sûr de se tenir à l'écoute du monde et de ses réalités. Il va de soi que, ce faisant, il rend manifeste ainsi auprès de tous, en France et dans le monde entier, le recours qu'il représente pour notre Nation....

              On aura d'autres informations sur les activités du Prince Jean en consultant le site "Gens de France":

               http://gensdefrance.com/gdefrance

    (1): l'expression, heureuse s'il en est, est de Chateaubriand, dans les "Mémoires d'Outre-Tombe". Il l'appliquait au comte de Chambord, elle s'applique maintenant au Prince Jean, "le Prince qui vient".....

  • Ivan Rioufol dresse un constat pertinent. Que lui répondre ?.....

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              Voici, sous le titre "La France confrontée à la guerre des rues", l'excellent texte que l'on a pu lire, le 27 juin 2008, sur le Bloc-notes d'Ivan Rioufol.                            

    violences deux.JPG          "À quoi bon le taire? Une partie de l’immigration extra-européenne est à la source des tensions qui font l’actualité. Revendications identitaires et affrontements urbains résultent d’une même politique impensée depuis des décennies. La gauche, qui reproche à la droite ses expulsions, en est à défendre les clandestins qui ont incendié le centre de rétention de Vincennes. François Fillon assure que ce geste ne remettra pas son action en cause. Encore heureux! Entendre les Verts s’indigner de la "montée de la violence dans nos quartiers", après l’agression antisémite d’un jeune de 17 ans, samedi dans le XIXe arrondissement de Paris, illustre l’irresponsabilité des immigrationnistes qui demandent d’autre part la remise en liberté des sans-papiers interpellés. Pour avoir toujours incité aux protections exclusives des minorités et à leurs revendications, ils sont coresponsables de l’implantation du communautarisme et de ses désordres.

              Rudy, qui portait la kippa, a été lynché par de jeunes Africains, à l’issue d’affrontements rituels entre bandes ethniques. Observer d’ailleurs une partie de la communauté juive, jusqu’alors exemplaire dans son assimilation, se refermer sur elle-même témoigne de l’échec du métissage des cultures, vanté y compris par une droite aveugle.

              "Il n’y a pas de dérive communautariste", assure Dominique Paillé, au nom de l’UMP. En réalité, la guerre des rues, que Christian Jelen annonçait dès 1999 est bien là. Une étude de la police judiciaire, publiée mardi (24) par Le Figaro, dévoile que les XVIIIe, XIXe, XXe arrondissements concentrent le tiers des violences parisiennes. La Seine-Saint-Denis affiche les sept premières places au palmarès des villes les plus dangereuses. Un processus de substitution de population y est à l’œuvre. "Il n’y a pratiquement plus de juifs à l’université de Saint-Denis ou de Villetaneuse", assure Rafaël Haddad, de l’Union des étudiants juifs de France.

              Or, ces phénomènes de repliement, qui font craindre pour demain une libanisation de la société, continuent d’être ignorés. Pierre Moscovici (PS) estime qu’il "faut lutter contre l’antisémitisme", tout en trouvant "profondément injuste" la politique d’immigration. Tant que la gauche s’interdira de réfléchir aux conséquences de son laxisme, tant que la droite sera habitée par la culpabilité, l’intégration cumulera les échecs. La nation y résistera-t-elle?"

             On ne peut bien sûr qu'approuver la façon dont Ivan Rioufol parle sans détour de ce qui est devenu une véritable bombe à retardement pour la Nation française.

              Notre rapide commentaire:

              1°) Si ce que dit Rioufol est vrai -ce qui est l'évidence même...- ne faut-il pas malgré tout poser le problème du pourquoi,et des responsabilités ? Cette situation dramatique, que Rioufol dénonce à juste titre, est-elle le fruit d'une sorte de génération spontanée, est-elle le fruit du pur hasard ? Ou bien est-ce la cause de la folle et suicidaire politique initiée par Chirac en 1975 et jamais stoppée ni reniée depuis ?

              2°) Que faire, maintenant que le mal est fait, et comment en sortir ?  Pour notre part, à la question qu'il est légitime de (se) poser, et par laquelle Rioufol termine son texte: "La nation y résistera-telle ?", nous doutons qu’il puisse y avoir une réponse efficace et cohérente dans le cadre institutionnel français actuel, quelles que soient d’ailleurs les intentions, bonnes ou mauvaises, des dirigeants de notre pays, tant ils sont dépendants de mille et une forces opposées, en fait, à toute rupture avec la politique immigrationniste. Sans-doute y a-t-il dans cette problématique tous les éléments d’une crise politique et institutionnelle majeure où la France peut être amenée, comme elle l’a fait maintes fois, au cours de son histoire, à rechercher un indispensable recours. Nous ne voyons pas qu’il en existe un seul qui ait encore quelque crédibilité dans notre univers politique. C’est pourquoi, s'il ne peut s'agir, pour nous, de proposer simplement la Royauté, comme on pouvait encore le faire au siècle précédent, nous continuons de penser qu’il est bon de conserver à la France, en cas de crise grave, à laquelle elle risquerait, en effet, de ne pas résister - ce qui est, semble-t-il, le cas qu'évoque ici Rioufol - le recours que les Princes de la Maison de France, héritiers des siècles, incarnent comme par nature …

     

  • Mai 68, l'analyse d'Eric Zemmour...

               Voici le texte du très intéressant et très pertinent article dans lequel Eric Zemmour a évoqué Mai 68, dans Le Figaro Magazine du 10 mai 2008.

               Fin et profond, comme d'habitude, Eric Zemmour va une fois de plus au fond des choses, non sans humour.

               Dans un article où tout est intéressant, bien vu et bien analysé, on notera entre autre qu'il a très bien saisi l'importance de la dissolution du peuple ("...il faudra dissoudre le peuple...."), que nous avons mainte fois évoquée; ainsi que de cette sorte de "classe ouvrière bis" formée d'immigrés sous-payés, qui joue directement contre l'économie nationale et contre les intérêts des travailleurs eux-mêmes.....

     

    Du col Mao au Rotary.

    La vague hédoniste de Mai 68 a favorisé la société de consommation. Et l'idéal libéral-libertaire a permis à certains soixante-huitards de faire carrière.

     

              Karl Marx nous avait prévenus. Les évènements historiques se répètent deux fois, la première en tragédie, la seconde en farce. Les enragés de Mai 68 avaient l'impression d'ajouter une page à celles, déjà glorieuses, des révolutions françaises: 1793, 1848, la Commune. En face, le général de Gaulle les avait précédés: Mai 58 fut un Brumaire parfait. Et le voyage à Baden-Baden sera une fuite à Varennes réussie.

              Un Mai 68 peut en cacher un autre: le combat décisif se déroule au sein de la gauche entre gauchistes et communistes, pour le contrôle de la classe ouvrière. Tout pousse communistes et gaullistes à une alliance objective: les souvenirs de la guerre; la prédilection du grand frère soviétique pour la politique d'indépendance du Général; et, plus profondément, une même conception du monde, qui repose sur le respect des hiérarchies, la famille patriarcale, le patriotisme. En face, les "gauchistes"sont de farouches internationalistes, les dirigeants étudiants, qu'ils soient libertaires ou révolutionnaires puritains, croient encore pouvoir concilier les revendications sociales et sociétales. Leur rêve est d'entraîner la classe ouvrière derrière eux. Ce que ne tolèrent pas les communistes.La CGT leur ferme les portes de Renault Billancourt. Cette rencontre manquée est une des scènes fondatrices de notre modernité politique. Dépités, les chefs du mouvement étudiant conserveront un ressentiment profond, aggravé lorsque les ouvriers finiront par accepter les généreuses augmentations de salaires accordées par les accords de Grenelle. Les ouvriers ne seront plus, à leurs yeux, que des petits bourgeois. Ils avaient manqué à leur destin révolutionnaire . Il faudrait "dissoudre le peuple". Les uns tourneront leurs regards (ils avaient déjà commencé lors de la Guerre d'Algérie) vers le sud de la Méditerranée, et ces nouveaux "damnés de la terre"; les autres se tourneront vers les femmes, "l'opprimée de l'opprimé".Karl Marx -encore lui !- avait jadis analysé le rôle de "l'armée de réserve du capitalisme" qui accepte un salaire inférieur pour un travail similaire, et permet au patronat de contenir les revendications salariales des ouvriers en place. A partir des années 70, l'entrée massive des femmes et des immigrés sur le marché du travail tiendra ce rôle-là.

              Mais les soixante-huitards n'en avaient cure. Ils étaient passés à autre chose. Les plus farouches, sans doute les Saint Just ou les Baader qu'on n'aurait pas, s'en allèrent quérir auprès de Dieu la quête d'absolu que la politique n'avait pu leur donner. Les plus stratèges se convertirent à la religion des droits de l'homme, et, au nom de la lutte antitotalitaire, passèrent d'un maître à l'autre, d'un empire à l'autre, de l'URSS (avec un intermède chinois) à l'Amérique. Leur seule constante fut l'aversion pour la France, jetée aux poubelles de l'Histoire. Les plus talentueux, les plus soucieux de reconnaissance sociale, réussirent dans la publicité, les médias, la communication.

     

              Le triomphe du narcissisme.

              Ils furent les fers de lance du nouveau capitalisme, qui reposait sur la consommation, et non plus sur l'épargne, l'hédonisme et non le puritanisme, l'individualisme et non plus la famille. Dès les années 60, l'américain Christopher Lasch avait bien montré comment le narcissisme individualiste servait les intérêts de la nouvelle aliénation capitaliste. Dès 1978, Régis Debray montrait comment les libertaires soixante-huitards, en détruisant la famille patriarcale, la Nation, l'État, les frontières, avaient abattu les derniers remparts à la domination du marché.

              Avec beaucoup plus d'efficacité que les révolutionnaires soixante-huitards, les patrons du CAC 40 et leurs délocalisations, les technocrates de Bruxelles et de l'OMC, imposeraient partout la mort des frontières et l'affaiblissement des États. Et rétabliraient ainsi des profits minés par l'inflation et la hausse des salaires.

              C'est ainsi que nos "enragés de Mai" jouèrent le rôle finalement peu enviable - mais très profitable à la carrière de ses figures les plus médiatiques- "d'idiots utiles" du capitalisme.

  • Union pour la Méditteranée: Dans l'intérêt de la France, n'est-ce pas le bon moment pour prendre des risques ?.....

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              Sans-doute n’a-t-on jamais tort de se méfier des émotions, des grands sentiments et des images trop belles, en toutes matières, mais spécialement lorsqu’il s’agit des rapports entre les nations, où, derrière les mots et les idéologies, qui ne datent d’ailleurs pas d’aujourd’hui, ce sont les réalités et la confrontation des intérêts qui finissent toujours par l’emporter.

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               L’Histoire regorge de lendemains joyeux qui ont vite et tragiquement déchanté. L’on se souvient que l’on avait dansé dans Paris au lendemain de SADOWA, parce que l’on aimait que cette bataille ait été gagnée par la Prusse moderne et éclairée sur l’Autriche conservatrice et catholique. C’était en 1866 et, quatre ans plus tard, la France perdait à Sedan la première des trois guerres franco-allemandes qui, aux XIXème et XXème siècles, allaient ruiner l’Europe pour longtemps et ouvrir la porte de l’hégémonie mondiale à d’autres que nous, France et Europe réunies.

              Les deux journées consacrées au projet de fondation de l’UPM, l’Union pour la Méditerranée, que Paris vient de vivre, ne seront pas exemptes de risques et d’illusions si l’on oublie ce grand principe de toute politique extérieure et si l’on néglige de se souvenir que la diplomatie des uns et des autres n’a, en fait, d’autre objectif que de servir leurs intérêts respectifs. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé, non sans quelque franchise et sagesse, celui des invités de ce sommet dont la présence a soulevé le plus de critiques, de la part du parti droits-de-l’hommiste, le président syrien Béchir El Assad. Ce n’est pas parce que quarante deux chefs d’état européens et du pourtour méditerranéen se sont réunis à la même table de conférence, qu’ils auront dîné, déjeuné ensemble et assisté au défilé de nos troupes sur la plus belle perspective du monde, que les rivalités d’intérêts, les rapports de force, les vielles haines entre eux se seront évanouis.   

               Ceci étant dit, la diplomatie étant prise pour ce qu’elle est, une manière pacifique de vouloir composer les intérêts rivaux et reculer autant qu’il est possible la perspective de les voir dégénérer en conflits armés, ce qui n’est déjà pas si mal, il est clair que ces journées peuvent aussi contenir des aspects positifs, dont, en l’occurrence, le mérite revient à la diplomatie française.

               Comme à son ordinaire, Nicolas SARKOZY s’y montre double. Il manie le Bla Bla moraliste, démocratisant, droits-de-l’hommiste et donneur de leçon qui exaspère jusqu’à nos partenaires européens mais plus encore, comme il est naturel, les nations qui, vivant dans des mondes historiquement, culturellement, spirituellement tout autres et indifférents à nos valeurs à prétention universelle, se moquent bien pas mal de nos objurgations.

               Mais parallèlement à ce discours, SARKOZY, en réalité, mène, simultanément, une politique réaliste, une Real Politique. SARKOZY l’américain, l’atlantiste, l’ami des néoconservateurs, n’hésite pas à profiter des quelques mois de quasi vacance de l’administration américaine et de ses six mois de présidence européenne, pour replacer la diplomatie française au cœur des problèmes méditerranéens et proche-orientaux. Et pour, comme une contre-image, tracer les contours, au Proche-Orient, d’une politique plus pragmatique, plus respectueuse des réalités des états de ces régions complexes où l’action des États-Unis a si manifestement échoué, après la désastreuse aventure irakienne.

               SARKOZY l’européen, ne craint pas de tenter, par ce projet méditerranéen, un rééquilibrage de l’Europe en faveur des pays de notre continent qui bordent la Méditerranée, la France notamment. Après tout, L’Europe du Nord, de la Baltique, des plaines de la Mittel Europa a-t-elle vocation à dominer l’Europe toute entière ? Rééquilibrer le Continent vers cette Méditerranée idéale dont MAURRAS avait tracé les vastes contours dans le Soliloque du Prisonnier, est-ce que ce n’est pas conforme aux intérêts de la France et d’un équilibre européen mieux réparti ?  

               Enfin, SARKOZY, le pro israélien, réunit autour des mêmes tables, au grand dam des moralistes de la Démocratie et des Droits de l’Homme, les principaux dirigeants arabes, souvent « frères » ennemis, comme le Libanais et le Syrien, l’Algérien et le Marocain, l’Egyptien et le Premier Ministre d’Israël. Au fond, l’Europe et la Méditerranée, dont les nations se sont entre-déchirées impunément, pendant vingt siècles parce qu’elles étaient le centre du monde et, pour ainsi dire, pouvaient s’offrir un tel « luxe », ont aujourd’hui tout intérêt à la paix parce qu’elles se sont épuisées dans leurs guerres et qu’elles ont ainsi ouvert la voie à l’hyper puissance, aujourd’hui, pour quelques temps encore, de l’Amérique, demain de l’Asie.

                Pour ce qui est de l’avenir, tout dépend de ce qui dominera : la Real Politik ou les nuées démocratiques d’un côté, le fanatisme ethnique et religieux de l’autre.....

  • Belgique: La fin d'une utopie anti française ? Réflexions et perspectives.....(3/3)

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              2) Libérer les flamands ? Les Flamands, on le sait, n'ont plus souhaité faire partie de la France, dont pourtant au début, en 843, ils ont fait partie sans problèmes. Ce n'est que peu à peu que des intérêts économiques divergents les ont éloigné de l'ensemble français...

              Ils n'ont pas souhaité, non plus, faire partie de la Hollande: les raisons religieuses n'ont pas été les seules, au XVI° siècle, même si elles furent très fortes.....

               Les Flamands, catholiques, n'avaient pas crée de toute pièce, par leur énergie, leur constance et leur sérieux dans le travail une aussi belle réussite économique que la leur pour se fondre dans un ensemble hollandais protestant, alors qu'ils avaient fini par rejeter l'ensemble français... Il n'y a donc pas que la religion, il y a aussi, d'évidence, une fierté nationale chez les Flamands, dont il n'est que justice que l'on tienne compte.

              Un peuple aussi actif, aussi dynamique, et qui réussit aussi bien; un peuple qui a crée une telle culture, un tel art de vivre, et disons-le une telle "civilisation"; ce peuple a le droit que "les autres" ne lui dictent pas sa loi ou sa conduite... Or n'est-ce pas un peu ce qui arrive aux flamands aujourd'hui ? Ne revenons pas sur ce qui s'est fait, et ne re-écrivons pas l'Histoire: à quoi sert ce que Bainville appelait "l'u-chronie" ? Mais ne peut-on pas, au moins, comprendre ceux qui, chez les flamands, souffrent et même "étouffent" de devoir vivre avec une autre communauté, qu'ils n'ont pas vraiment choisie, et avec laquelle ils n'ont pas ou plus suffisamment d'affinités ?

              Que la Belgique ait été crée au XIX°, c'est évidemment un fait, nous l'avons assez dit. Mais aujourd'hui ? pourquoi continuer à obliger les flamands à vivre dans un cadre donné, avec des personnes données ? N'a-t-on pas permis à chacune des républiques composant l'ex Yougoslavie -même si cela s'est mal passée pour plusieurs.....- de prendre leur indépendance ? Ne l'a-t-on pas permis aussi à la Tchéquie vis à vis de la Slovaquie ? au Monténégro vis à vis de la Serbie ? Et, finalement, on se rend compte -à l'usage si l'on peut dire...- que c'est mieux ainsi pour tous ces peuples.... Si l'on fichait donc, tout simplement, la paix aux flamands ? Si on les laissait "vivre leur vie" comme ils l'entendent ?...

              Devenus indépendants, (nous continuons notre rêve éveillé, notre prospective...) ne se passerait-il pas ce qu'imagine Alexandre Adler (1): nous pourrions très vite, Flamands et Français, devenir les meilleurs amis du monde. Après tout, on n'est pas obligés d'être mariés, de vivre ensemble, dans la même maison pour s'entendre bien, pour travailler ensemble, pour avancer ensemble, dans la même direction. Nous regretterons toujours que cette belle et grande province ait préféré vivre en dehors de la maison commune; il n'en demeure pas moins qu'elle reste une belle et grande province; et que -"par le haut"...- nous pouvons avoir, nous devons avoir et nous aurons avec elle les meilleures relations du monde. Ainsi le but, -encore une fois "par le haut", même si ce n'est pas dans l'unité formelle-, sera atteint: n'est-ce pas au fond le plus important ? Evidemment !

              Ainsi la France et les Flamands seront ensemble et affronteront ensemble les mêmes difficultés et les mêmes défis qui attendent toutes les vieilles Nations historiques de l'Europe. Menacées par une Immigration parfois agressive, et par une perte d'identité mortelle, ces Nations devront puiser dans l'héritage commun européen les raisons de leur survie, ou disparaître, remplacées par.....

              Dans ce combat pour la survie, nous ne serons donc pas formellement réunis dans la même équipe, mais nous serons ensemble, et à côté: et alors? Si la bonne entente et les objectifs sont communs, l'essentiel est sauf...  Dans le grand combat d'identité qui s'annonce entre les Peuples d'Europe et leur mort, toutes les Cultures européennes seront solidaires. Le temps des affrontements fratricides est -temporairement du moins, révolu...- Que les Flamands, comme ils l'ont toujours si bien fait, continuent à défendre, à promouvoir, à pérenniser les nobles, belles et grandes valeurs de la Culture Flamande: c'est le meilleur service qu'ils puissent rendre à tout le monde: à eux -même d'abord, mais aussi à la France et à l'Europe tout entière..... (fin).

    (1): "Le Figaro" du samedi 1° septembre: "La réalité c'est que la société flamande, cette petite Bavière maritime, est en proie à un dynamisme économique et social remarquable, ayant réussi sa mutation linguistique, et dispose d'une population exactement équivalente à celles du Danemark ou de la Norvège. Méfiante à l'égard de la Hollande voisine, la Flandre indépendante serait en fait, assez vite, le plus francophile et le plus latin des États germaniques de l'Europe du Nord...."

  • Quand Charasse flingue le PS...

              Sous le titre accrocheur: "Charasse: Le PS ne dit plus la vérité aux français", Le Figaro du mercredi 4 mai publie un entretien décapant avec le bouillant sénateur du Puy de Dôme.

              Celui-ci, tout juste exclu du parti, vient d'adhérer au groupe RDSE ((Rassemblement démocratique social et européen).

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             On se souvient du retentissant article de Jacques Julliard dans Le Nouvel Observateur, dont nous avions largement rendu compte (1), et qui n'a toujours rien perdu aujourd'hui de son actualité et de sa pertinence. C'est au tour de Michel Charasse maintenant de montrer, en quelque sorte, que "le roi est nu".

             Certes il le fait à sa propre façon, fort différente de celle de Julliard. Avec plus de recul historique, et plus d'ampleur quasi philosophique si l'on peut dire, Julliard embrassait toute la Gauche, et toute son Histoire, et laissait se dégager une question, qui s'imposait d'elle-même à la lecture de son article-fleuve: "pourquoi l'un des plus beaux rêves de l'humanité s'est(-il) transformé en un immense cauchemar ?....."

              Charasse ne va pas aussi loin, ni aussi haut: il n'a d'ailleurs jamais prétendu au rôle que tient un Julliard. Il s'en tient à des positions pratiques et tactiques, de terrain pourrait-on dire. Mais qui révèlent elles aussi le même malaise et la même imposture morale que dénonçait et condamnait Julliard: "Il y a longtemps que le PS a cessé de penser et de croire ce qu'il raconte."

              Et l'on entend comme en écho, à la lecture de chacun de ces deux articles, la même lancinante question: "Socialistes, croyez-vous encore à vos mythes ?....."

              Extraits.....

              ".....Pour moi comme pour beaucoup de Français, il y a un certain temps que le niveau du PS ne dépasse pas celui des trottoirs municipaux, sujet sur lequel il faut reconnaître que les socialistes sont très bons!.....

              ......Nous ne parlons plus aux Français pour leur dire la vérité, mais pour distraire les médias sur des sujets secondaires, des questions de société qui n'intéressent le plus souvent que les minorités.

              Que disons-nous par exemple aux Français, depuis des années, sur l'avenir des retraites? Aujourd'hui comme en 2003, au moment de la loi Fillon, nous n'avançons aucune proposition courageuse. Le gouvernement réforme tout seul, et nous ne savons que dire non. Avec, parfois, des propositions d'une démagogie effrénée: il se trouve encore des élus PS pour faire croire à des pauvres gens que nous reviendrons à 37,5 ans de cotisation!..... Au fond d'elle-même, la direction du PS est ravie que la droite se tape le sale boulot......

              ......Je suis frappé aussi par le silence du PS sur la situation et sur l'avenir des finances publiques, sécurité sociale et budget de l'État. Le traité de Maastricht de 1992 nous impose de réduire nos déficits de 80 à 100 milliards d'euros d'ici à 2012. Il a été négocié par un président et un gouvernement socialistes, soutenu par une majorité socialiste et approuvé par référendum par les Français, appelés par le PS à voter oui! Le gouvernement actuel s'attaque au problème dans la douleur et sous les lazzis des socialistes, mais que proposent-ils à la France pour appliquer «leur» traité et pour que notre pays reste écouté et respecté en Europe?

              Le Figaro: Pourtant, le PS parle sans cesse des déficits…
              Oui, tous les jours, sans doute pour faire sérieux et responsable. Mais quant aux solutions, c'est autre chose. Faut-il des impôts et/ou des cotisations sociales supplémentaires? Silence! Des économies budgétaires et sur les dépenses sociales? Motus! Et quand on les pousse dans leurs retranchements, ils brandissent le paquet fiscal, qu'ils proposent d'abroger, ce qu'ils ne feront pas, notamment sur les heures supplémentaires et les droits de succession. En ajoutant aussitôt qu'ils redistribueront les 15 milliards ainsi récupérés en pouvoir d'achat. 2012 attendra! En même temps, ils refusent bec et ongles la moindre participation des patrimoines au financement de la dépendance. Autrement dit, ils trouvent tout à fait normal qu'un pauvre type, qui n'aura jamais de maison ni d'appartement, paie des impôts pour permettre à un propriétaire de transmettre son bien à ses héritiers qui, peut-être, ne se sont jamais occupés de lui. C'est peut-être de la justice socialiste, mais ce n'est pas de la justice sociale!..........

    (1): Voir les quatre notes de la Catégorie "Gauche: la fin d'un cycle ?....."

  • Droit de vote aux étrangers: la confusion.

              Il y a quelques temps, Robert Redeker avait publié une sorte de Lettre Ouverte à ces "jeunes de banlieue" dont on parle tant. Nous avions jugé utile, vu l'intérêt du sujet, la noblesse du ton et, pour tout dire, la beauté du texte d'en communiquer l'intégralité à celles et ceux qui ne l'auraient pas lu (1).

              Voici un deuxième texte, lui aussi fort intéressant, publié par Redeker, mais sur un sujet cette fois tout à fait différent : faut-il, ou non, accorder le droit de vote aux étrangers, dans des élections locales ? Il ne s'agit pas, pour nous, d'être subitement d'accord avec tout ce que dit Robert Redeker, mais on verra que, sur plusieurs points, ce qu'il affirme ne peut que nous être sympathique; même si, sur d'autres, le débat reste évidemment ouvert....

    (1): Voir la note "Quand Robert redeker s'adresse aux "jeunes"..... ", dans la catégorie "Banlieues: des bombes à retardement.....".

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    Droit de vote aux étrangers : la confusion.

     

    Par Robert Redeker, philosophe.

     

              L'étrange projet de vouloir accorder le droit de vote aux étrangers lors des élections locales exige d'être passé au crible de la critique. Rien ne semble plus en accord avec l'air du temps, l'éloge obligatoire du métissage dans tous les domaines. Mais cette inféodation à une idéo­logie dominante, aussi bariolée qu'eu­phorisante, qui suppose que la vie politique est une perpétuelle fête de la musique, masque mal la nature véritable de ce projet.

              Posons la question : est-il cohérent d'accorder, comme le veut le Parti socialiste, comme le gouvernement de Zapatero s'apprête à le faire en Espagne, le droit de vote aux élections locales et de le refuser aux élections nationales ? Une telle mesure introduirait une véritable schizo­phrénie dans le concept de citoyenneté. Elle couperait la citoyenneté en deux. Certaines personnes seraient citoyennes dans leur commune ou leur canton, mais pas dans la ­circonscription législative ni dans l'État. Elle instituerait deux séries de citoyens ; par suite, elle fabriquerait des citoyens de seconde zone qui ne manqueraient pas de réclamer rapidement de devenir des citoyens à part entière.

              Une démagogie parallèle à la démagogie en faveur des sans-papiers, de type compassionnel et «abbépierriste», s'escrimerait à créer de l'agitation à effet médiatique afin d'obtenir l'alignement des deux niveaux de citoyenneté. Être citoyen, c'est appartenir à une communauté politique. La scission, voulue par les promoteurs de ce projet, entre deux types de citoyenneté (locale et nationale), suppose que la France est une mosaïque de communautés politiques. Une vision féodale de notre pays perce derrière cette division de la citoyenneté. L'histoire, qui est ­celle de la centralisation, et les institutions nous disent pourtant le contraire : la France n'est constituée que d'une seule communauté politique, le peuple, propriétaire inaliénable de la souveraineté nationale. Autrement dit, le droit de voter aux élections locales dérive du droit de voter aux élections nationales. Les partisans de ce projet paraissent l'ignorer. Le ­geste de voter ne se divise pas.

              Ignorant l'essence de la souveraineté populaire, désireux de créer deux formes de citoyenneté, les supporteurs du droit de vote aux étrangers argumentent ainsi : ces étrangers résident dans une commune, y paient des impôts, y envoient leurs enfants à l'école, y font vivre les commerces, donc ils sont des citoyens dotés du droit de vote. Il s'agit d'un sophisme définissant la citoyenneté par la matérialité des conditions d'existence. Les seules conditions d'existence ne suffisant pourtant pas pour tracer les limites du corps politique, c'est-à-dire déterminer qui est citoyen et qui ne l'est pas.

              La différence entre le citoyen, membre du corps politique, et le simple habitant, payant ses impôts, passe par un élément qui n'est pas simplement matériel, qui s'inscrit dans un ordre du symbolique, la nationalité. Étant de type symbolique, la nationalité tresse un lien beaucoup plus fort que celui résultant des simples conditions maté­rielles d'existence. Ces dernières ne produisent que du lien social, alors que la nationalité produit du lien politique. C'est seulement quand un homme possède la nationalité, au­trement dit qu'il est attaché au corps politique par un lien symbolique qui engage à vie tout son être, qu'il est en mesure d'obtenir le droit et le devoir de vote.

              En fait, les thuriféraires du droit de vote aux étrangers, outre les fautes de raisonnement dont nous avons parlé, confondent l'homme avec le citoyen, le corps politique avec la société. Ils raisonnent sous la dictature de l'idée de société, oubliant ce qu'est la politique.

              D'une part, homme et citoyen ne sont pas des concepts synonymes : le fait d'être un homme ne transforme pas pour autant cet être en citoyen de l'État où il réside (il relève des droits de l'homme, l'État a des de­voirs envers lui, mais ne possède pas les droits politiques de cet État). D'autre part, à moins de dissoudre l'État dans la société, vivre au sein d'une société ne fait pas ipso facto d'un être humain un membre du corps politique qui anime cette société. Composé des seuls citoyens, le corps politique est plus restreint que la société. Repérons dans la nationalité l'âme moderne de cette distinction.

              Aucun argument fort ne milite en faveur du droit de vote aux étrangers. Ce projet ne témoigne que des épousailles entre de vieilles ­haines (de la nation, de la nationa­lité, des frontières, de soi), de persis­tantes ignorances (de la citoyenneté, de la nature du corps politique) et de nouvelles idolâtries (fanatisme de l'in­différenciation, culte de la société). Son adoption briserait l'indivisibilité de la république, effacerait la continuité qui va de la commune au sommet de l'État, rendrait la nationalité inutile, détruirait le lien politique au profit du lien social, menacerait le corps politique en le diluant dans le corps social.

  • Sarkozy au Vatican: des paroles fortes. Se traduiront-elles dans les faits?.....

              A suivre simplement les étapes de la visite, et à ne faire que lire les communiqués et compte-rendus officiels, la "rupture" avec Chirac, sa personne et sa mentalité, est évidente, et l'on ne peut que s'en féliciter.

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              A quatre jours de Noël, en visite officielle au Saint-Siège, le président français n'a pas ménagé ses encouragements à l'Église catholique. Nicolas Sarkozy, qui a plusieurs fois mis en avant son appartenance au catholicisme, et qui a plusieurs fois qualifié de "déterminante" la part du christianisme dans l'identité nationale française, n'a pas craint de déclarer: «Ce que j'ai le plus à cœur de vous dire, c'est que, dans ce monde obsédé par le confort matériel, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient». Il a tenu ces propos juste après avoir été installé comme «chanoine d'honneur» du Latran. (qui, comme chacun sait, est la cathédrale de Rome, la Basilique Saint Pierre étant, elle, la cathédrale du monde...).

              La laïcité version Sarkozy tourne le dos à la traditionnelle conception de la laïcité dite «à la française», qui n'est en réalité qu'une haine militante du Christianisme: «Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes», a-t-il martelé, en voulant «assumer pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Église». Une manière de se démarquer de son prédécesseur, mais surtout de rompre avec l'un des piliers les plus essentiels de la tradition républicaine. Chirac, en 1996, n'avait pas souhaité assister à Reims à la messe de Jean-Paul II marquant le quinzième centenaire du baptême de Clovis.

              On se souviendra longtemps du spectacle pénible de Jean-Paul II, déjà atteint par l'épuisement et la maladie, à qui Chirac a imposé a cette occasion, en guise de discours officiel de réception, un pensum sectaire reprenant tous les poncifs de la religion laïciste la plus féroce, la plus éculée et la plus...grossière! Et l'on se souviendra longtemps de la réelle peine que ces propos causaient au Pape, venu en ami: quelle belle occasion gâchée pour la France!.....Le successeur de Jacques Chirac n'est pas loin d'un exercice de repentance -mais dans le bon sens, pour une fois....- lorsqu'il rappelle que «la République laïque a longtemps sous-estimé l'importance de l'aspiration spirituelle» et qu'il souligne : «La laïcité n'a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n'aurait pas dû.»....

              Cette défense d'une «laïcité positive» n'est d'ailleurs pas nouvelle chez Sarkozy: on la retrouve développée dans son livre d'entretiens avec le dominicain Philippe Verdin et le philosophe Thibaud Collin (1), livre qu'il a offert à Benoît XVI, à l'issue de son tête-à-tête de plus d'une demi-heure avec lui, et après lui avoir confirmé son invitation à venir en France.....

              Cette "laïcité positive", c'est tout simplement celle qui saura "veiller à la liberté de pensée", mais qui "assume également les racines chrétiennes" de la France....: "La laïcité ne saurait être la négation du passé....(elle) s'affirme comme une nécessité et, oserai-je le dire, comme une chance. Elle est devenue une condition de la paix civile". "C'est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité parvenue à maturité".......

              On a bien l'impression que la laïcité ainsi redéfinie pourrait tourner carrément le dos à la tradition laïciste héritée de 1905.....

              Accompagné de Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, et d'une délégation allant de l'académicien Max Gallo à l'humoriste Jean-Marie Bigard, en passant par le père Guy Gilbert, le «curé des loubards», Nicolas Sarkozy a visité les fouilles de Saint-Pierre, sous la basilique, avant de se recueillir devant la tombe de Jean-Paul II. En plus de son livre, le chef de l'État a offert au Pape une édition originale de deux romans de Bernanos, "La Joie" et "l'Imposture", s'attirant cette remarque, sympathique et savoureuse: «Je les ai déjà lus dans la Pléiade»! (on sait que le Pape parle un français parfait, appris durant son enfance en Bavière). Mais, comme l'ont finement noté quelques commentateurs, pour le Pape, le meilleur cadeau de Sarkozy reste sa nouvelle approche de la laïcité....

              Cette convergence, à bien des égards extra-ordinaire, sera-t-elle capable de ré-orienter l'Histoire?....

    (1): "La République, les Religions, l'Espérance." Cerf, 2004; 176 pages, 17 euros.

  • Insupportable arrogance Turque.....

              Bernard Kouchner, en Turquie récemment, a tenté de "réchauffer" les relations entre Paris et Ankara; à vrai dire, de notre côté, il n'y a pas vraiment de "problème", et il n'y a pas lieu de "réchauffer" quoi que ce soit; c'est du côté des Turcs qu'il y a des problèmes, et l'honnêteté intellectuelle la plus élémentaire commande de reconnaître que c'est d'eux, et d'eux seuls, que viennent ces "problèmes". Tout a commencé lorsque l'Assemblée Nationale a adopté, le 12 octobre 2006, une proposition de loi criminalisant la négation du génocide arménien de 1915. On peut débattre du bien-fondé de cette décision, de sa justesse, de l'utilité qu'il y avait à la prendre, et de tout ce qu'on voudra: mais la France n'a pas assorti cette décision de rétorsions économiques ou de sanctions d'aucune sorte contre la Turquie. Il a été décidé que le génocide faisait partie de l'Histoire et que le nier était passible des tribunaux, point. On n'a pas interdit à la Turquie d'exporter chez nous, ni de commercer, ni quoi que ce soit...Ce sont les turcs qui, pleins de rancoeur et de mauvais esprit, ont fait payer cher à la France sa décision: on sait que Tahir Erdogan a envoyé des circulaires à tous les services de l'État turc, afin que ceux-ci empêchent l'attribution de contrats juteux aux entreprises françaises (GDF se trouva ainsi -et ce n'est qu'un exemple...- privé de participation au gazoduc reliant la mer Caspienne à l'Europe, par la Turquie: ce furent les allemands qui récupérèrent le contrat...) et les sanctions économiques furent nombreuses et bien réelles: cette façon de faire mesquine et véritablement hostile, est-ce une façon de faire convenable, et admissible?

               Si nos gouvernants avaient une once d'honneur, de fierté et d'amour-propre, ils n'accepteraient pas ces agissements des turcs, ni ce mauvais esprit: après tout, ce sont les turcs qui sont demandeurs -en ce qui concerne l'entrée dans l'Union- pas nous...; nos gouvernants ne devraient pas accepter non plus la façon dont les Turcs posent le problème de leur intégration à l'Europe: ils ne cessent de dire -et ils l'ont encore répété à Bernard Kouchner ces jours-ci- que l'Europe "doit respecter ses engagements" à leur égard; sous entendu, les faire entrer dans l'Europe, puisqu'on le leur a promis. Mais qui ça, "on"?: un quarteron de technocrates bruxellois, non élus et sans aucune légitimité d'aucune sorte; non mandatés expressément par les gouvernements pour cela; et qui, un soir, entre deux portes, peut-être fatigués par une dure et longue journée de travail harassante (?! les pauvres...) ont lâché de vagues propos (1) pouvant laisser penser qu'un jour la Turquie pourrait être intégrée. Mais cette poignée de fonctionnaires obscurs, technocrates de seconde ou troisième catégorie, ne représentent qu'eux-mêmes; si les Turcs ont cru à cette "promesse", c'est leur affaire; nous, nous ne sommes en rien engagés par les "paroles verbales" d'illustres inconnus, ne représentant -en tout état de cause- rien d'autres que leurs obscures et petites personnes; cela aussi, Kouchner devrait le rappeler sans cesse aux Turcs, à qui les peuples de l'Europe, les opinions publiques n'ont jamais rien promis...

              Au contraire, elles ne cessent d'envoyer à la Turquie des signaux forts de défiance, d'hostilité et de franc rejet: et là ce sont les Turcs qui, s'ils avaient une once d'honneur, de fierté et d'amour-propre, devraient cesser d'essuyer les rebuffades dont on les abreuve; et comprendre qu'en fait ils sont rejetés par un pourcentage tel des opinions publiques que tout projet d'intégration à l'Union relève de l'utopie (2)....

     

    (1): on se souvient, d'ailleurs, qu'à l'époque Jacques Chirac avait ironisé assez férocement, en disant à peu près qu'imaginer la Turquie dans l'Europe cela revenait à dire n'importe quoi, et qu'on pouvait tout aussi bien, puisqu'on était dans l'extravagance, proposer l'adhésion du Zimbabwé......

    (2): toutes études d'opinions confondues, le pourcentage d'hostilité à l'adhésion turque ne descend jamais au-dessous de 55% d'opposants (et frise souvent les 60%...) pour l'ensemble de l'Europe; et dans certains pays les opposants peuvent représenter plus des deux tiers des habitants: comment ne pas voir, dans ces conditions, qu'une admission de la Turquie dans l'Europe est tout simplement irréaliste et infaisable?.....

  • Un Munich de l'esprit...

              Voici, pour celles et ceux qui ne l'auraient pas lu, le texte de l'article publié par Jacques Julliard dans "Le Nouvel Observateur" du 20 mars 2008. Intitulé "Un Munich de l'esprit", il est sous-titré "La passivité de l'Occident devant la persécution des chrétiens d'Orient, une de ses plus grandes lâchetés".

                Parmi les catastrophes engendrées par l'invasion américaine de l'Irak en 2003 figurera en bonne place aux yeux de l'Histoire la quasi-éradication des Eglises chrétiennes du pays. Et parmi les grandes lâchetés dont l'Occident, notamment européen, se sera rendu coupable à notre époque, figurera sans aucun doute sa passivité devant l'événement.
                  Les communautés chrétiennes d'Orient sont sur place depuis deux mille ans. Elles étaient là avant l'Islam; cette terre n'est pas une «terre d'Islam» comme disent les fanatiques. C'est la terre du pluralisme religieux. Les communautés chrétiennes minoritaires ont survécu à toutes les invasions, à tous les changements de régime dans l'une des régions les plus troublées du monde. Longtemps, elles ont vécu en bonne intelligence avec les musulmans. Si détestable que fût le régime de Saddam Hussein, il respectait leur existence et, à l'occasion, les protégeait.
    Mais partout où la foi musulmane s'est substituée au nationalisme comme élément fédérateur de la population, la place des chrétiens est contestée et une véritable persécution s'abat sur eux. Si nous acceptons comme allant de soi «l'antithèse Orient musulman) Occident chrétien», alors «les chrétiens d'Orient sont l'angle mort de notre vision du monde», déclarait Régis Debray à «la Croix» (16 novembre 2007) à l'occasion d'un colloque qu'il avait organisé à Paris sur «L'avenir des chrétiens d'Orient». Depuis il a proposé aux autorités françaises la création d'un observatoire du pluralisme en Orient. En vain. Jacques Chirac était sensible au problème; Nicolas Sarkozy l'est apparemment beaucoup moins, malgré ses déclarations sur l'importance du fait religieux.
                   Or la situation sur place ne cesse de s'aggraver : enlèvements, meurtres, incendies d'églises, tentatives d'imposition du voile et de la charia. Les différentes communautés chrétiennes, parmi lesquelles une majorité de catholiques chaldéens, fondent de jour en jour. Les chrétiens étaient environ un million en Irak dans les années 1980; il en reste à peine la moitié, le quart au dire des plus pessimistes. Dans la région de Mossoul, la moitié des chrétiens ont quitté les lieux. Certains se sont réfugiés en pays kurde, plus tolérant, ou en Jordanie. On a vu, en octobre 2006, un prêtre syriaque orthodoxe, père de quatre enfants, Paul Iskandar, décapité pour avoir refusé de se convertir à l'islam. Le 3 juin dernier, un prêtre de 31 ans a été mitraillé à sa sortie de l'église avec ses trois diacres («le Figaro magazine», 12 janvier 2008) . Alors que Pax Christi organise des «Pâques avec les chrétiens d'Orient» sur l'initiative de l'évêque de Troyes, Mgr Stenger, et que Jean d'Ormesson a lancé un appel : «N'abandonnons pas les chrétiens d'Irak», on apprend que l'évêque chaldéen de Mossoul, Mgr Paulos Faraj Rahho, qui avait été enlevé le 29 février dernier, a été retrouvé mort et enterré par ses ravisseurs. On ne saurait dire que la gravité de cet événement d'une barbarie extrême ait déchaîné l'indignation de la presse française.
                   Face à la terrible situation qui est aujourd'hui la leur, les chrétiens d'Irak se sentent abandonnés. Il faut donc affirmer d'abord que leur droit à vivre en Orient est égal à celui des musulmans à vivre en Occident; ensuite, que l'existence des communautés chrétiennes d'Orient est une cause aussi juste, une obligation aussi ardente que celle de l'existence d'Israël dans cette même partie du monde; enfin, que le consentement tacite des grandes puissances à la purification culturelle du Moyen-Orient au profit de l'Islam est un véritable Munich de l'esprit, dont elles supporteront demain l'opprobre et le dommage.
    Avons-nous à ce point honte de nos origines que la persécution dont sont victimes les chrétiens dans une bonne trentaine de pays, dans le monde musulman, dans le monde hindouiste, dans le monde communiste nous laisse indifférents ? Que nous soyons sans réaction quand les coptes d'Egypte sont discriminés et parfois massacrés ? Ou quand un prêtre catholique est condamné en Algérie à deux ans de prison pour avoir fait sa prière en dehors des lieux de culte ? Si demain la défense de la liberté des chrétiens devait être le fait des seuls chrétiens, celle des Israéliens le fait des seuls juifs, celle des musulmans le fait des seuls fidèles, ce serait à désespérer de la laïcité, ce serait à désespérer des droits de l'homme.