Quand Charasse flingue le PS...
Sous le titre accrocheur: "Charasse: Le PS ne dit plus la vérité aux français", Le Figaro du mercredi 4 mai publie un entretien décapant avec le bouillant sénateur du Puy de Dôme.
Celui-ci, tout juste exclu du parti, vient d'adhérer au groupe RDSE ((Rassemblement démocratique social et européen).
On se souvient du retentissant article de Jacques Julliard dans Le Nouvel Observateur, dont nous avions largement rendu compte (1), et qui n'a toujours rien perdu aujourd'hui de son actualité et de sa pertinence. C'est au tour de Michel Charasse maintenant de montrer, en quelque sorte, que "le roi est nu".
Certes il le fait à sa propre façon, fort différente de celle de Julliard. Avec plus de recul historique, et plus d'ampleur quasi philosophique si l'on peut dire, Julliard embrassait toute la Gauche, et toute son Histoire, et laissait se dégager une question, qui s'imposait d'elle-même à la lecture de son article-fleuve: "pourquoi l'un des plus beaux rêves de l'humanité s'est(-il) transformé en un immense cauchemar ?....."
Charasse ne va pas aussi loin, ni aussi haut: il n'a d'ailleurs jamais prétendu au rôle que tient un Julliard. Il s'en tient à des positions pratiques et tactiques, de terrain pourrait-on dire. Mais qui révèlent elles aussi le même malaise et la même imposture morale que dénonçait et condamnait Julliard: "Il y a longtemps que le PS a cessé de penser et de croire ce qu'il raconte."
Et l'on entend comme en écho, à la lecture de chacun de ces deux articles, la même lancinante question: "Socialistes, croyez-vous encore à vos mythes ?....."
Extraits.....
".....Pour moi comme pour beaucoup de Français, il y a un certain temps que le niveau du PS ne dépasse pas celui des trottoirs municipaux, sujet sur lequel il faut reconnaître que les socialistes sont très bons!.....
......Nous ne parlons plus aux Français pour leur dire la vérité, mais pour distraire les médias sur des sujets secondaires, des questions de société qui n'intéressent le plus souvent que les minorités.
Que disons-nous par exemple aux Français, depuis des années, sur l'avenir des retraites? Aujourd'hui comme en 2003, au moment de la loi Fillon, nous n'avançons aucune proposition courageuse. Le gouvernement réforme tout seul, et nous ne savons que dire non. Avec, parfois, des propositions d'une démagogie effrénée: il se trouve encore des élus PS pour faire croire à des pauvres gens que nous reviendrons à 37,5 ans de cotisation!..... Au fond d'elle-même, la direction du PS est ravie que la droite se tape le sale boulot......
......Je suis frappé aussi par le silence du PS sur la situation et sur l'avenir des finances publiques, sécurité sociale et budget de l'État. Le traité de Maastricht de 1992 nous impose de réduire nos déficits de 80 à 100 milliards d'euros d'ici à 2012. Il a été négocié par un président et un gouvernement socialistes, soutenu par une majorité socialiste et approuvé par référendum par les Français, appelés par le PS à voter oui! Le gouvernement actuel s'attaque au problème dans la douleur et sous les lazzis des socialistes, mais que proposent-ils à la France pour appliquer «leur» traité et pour que notre pays reste écouté et respecté en Europe?
Le Figaro: Pourtant, le PS parle sans cesse des déficits…
Oui, tous les jours, sans doute pour faire sérieux et responsable. Mais quant aux solutions, c'est autre chose. Faut-il des impôts et/ou des cotisations sociales supplémentaires? Silence! Des économies budgétaires et sur les dépenses sociales? Motus! Et quand on les pousse dans leurs retranchements, ils brandissent le paquet fiscal, qu'ils proposent d'abroger, ce qu'ils ne feront pas, notamment sur les heures supplémentaires et les droits de succession. En ajoutant aussitôt qu'ils redistribueront les 15 milliards ainsi récupérés en pouvoir d'achat. 2012 attendra! En même temps, ils refusent bec et ongles la moindre participation des patrimoines au financement de la dépendance. Autrement dit, ils trouvent tout à fait normal qu'un pauvre type, qui n'aura jamais de maison ni d'appartement, paie des impôts pour permettre à un propriétaire de transmettre son bien à ses héritiers qui, peut-être, ne se sont jamais occupés de lui. C'est peut-être de la justice socialiste, mais ce n'est pas de la justice sociale!..........
(1): Voir les quatre notes de la Catégorie "Gauche: la fin d'un cycle ?....."