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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Le sourire du dimanche.....

                Une femme a écrit à un Cabinet conseil en investissements pour demander des adresses en vue d'épouser un homme très riche. Ceci est déjà cocasse, mais, le plus drôle, c’est la réponse que lui a adressée l'analyste financier....

                "Je suis une belle jeune femme (je dirais même très belle) de 25 ans, bien élevée et j’ai de la classe. Je souhaite me marier avec un homme qui gagne au moins un demi-million de dollars par an. Avez-vous dans vos fichiers les adresses de quelques hommes célibataires (veufs ou divorcés) qui gagnent 500.000 $ ou plus ? Peut-être aussi que des épouses d’hommes riches peuvent me donner quelques conseils ?
    J'ai déjà été fiancée à des hommes qui gagnent de 200 à 250 000 $ pas plus…mais 250 000 $ ce n'est pas suffisant pour que je puisse vivre dans le Park West Central. Je connais une femme, dans mon cours de yoga, qui s'est mariée à un banquier. Elle vit dans Tribeca, et pourtant elle n'est ni aussi belle que moi, et pas même intelligente. Mais alors, qu’a-t-elle fait que je n’ai pas fait ? Comment puis-je atteindre son niveau de vie ?"
    Raphaela S.

    Réponse de l’expert :

                "J'ai lu votre courrier avec une grande attention, et après avoir longuement étudié votre demande c'est avec grand soin que je me suis livré à une analyse financière de votre situation.
                Premièrement, je ne vous fais pas perdre de temps puisque moi-même je gagne plus de 500 000 dollars par an.Ceci étant dit, je considère les faits de la façon suivante. Ce que vous offrez ( pouvant être compris ainsi par l'homme que vous cherchez) est simplement une bien mauvaise affaire. Voici pourquoi...

                Laissons les subterfuges de côté, ce que vous proposez c'est un simple business :Vous mettez votre beauté physique et je mets l'argent. L'offre est claire et sans détours. Cependant un problème existe :
                Avec certitude, votre beauté va s'étioler et un jour va disparaître, alors qu'en même temps, très probablement mes revenus et ma fortune continueront de croître. Ainsi, « en termes économiques » vous êtes un passif qui subit une dépréciation et je suis un actif qui produit des dividendes. Vous subissez donc une dépréciation, mais comme celle-ci est progressive, votre valeur diminue de plus en plus vite !
    Soyons plus précis: Vous avez aujourd'hui 25 ans vous êtes belle et sans doute le resterez-vous durant les 5 ou 10 années à venir. Mais chaque année un peu moins, et déjà quand vous vous comparerez à une photo prise aujourd'hui, vous constaterez combien vous avez vieilli. Cela signifie que vous êtes aujourd'hui dans la « phase de croissance » c'est donc le bon moment pour être vendue mais non pour être achetée !
                En utilisant le langage de Wall Street, celui qui vous possède aujourd'hui a intérêt à vous avoir en « Trading position » (position de vente) et non dans « buy and hold » (acheter et conserver) ...c'est pourtant ce que vous offrez.
                Par conséquent, toujours en termes économiques, le mariage (qui est un « buy and hold ») avec vous n'est pas une bonne affaire à moyen ou à long terme. En revanche, la location pourrait être -en langage commercial- une affaire raisonnable que nous pouvons méditer et discuter vous et moi.
                Je pense que si vous fournissez la garantie « bien élevée, avec de la classe, et merveilleusement belle », je pourrais très probablement être le locataire de cette « machine ».
                Cependant, je souhaite faire - ce qui est une pratique habituelle en affaire - un essai, c'est-à-dire un «test drive » avant de concrétiser l'opération.
                Somme toute : comme, vous acheter est une mauvaise affaire pour cause de dévaluation croissante, je vous propose une location d'une durée pendant laquelle le matériel est dans un bon usage.
                En attendant de vos nouvelles, je prends congé cordialement."
    Un millionnaire.

  • ”Les expulser, oui, mais pour où ?...(5/6) : Les rapports Islam/Europe depuis treize siècles...

    Voyons maintenant la deuxième invasion militaire d'une partie de l'Europe par l'Islam. Il ne s'agit plus là de Berbères d'Afrique du Nord, mais de Turcs, venus d'Asie centrale; et l'attaque n'est plus par le sud-ouest, mais par le sud-est. 

    Dès 1353, la dynastie turque des Ottomans, fondée par Osman 1er, prit pied en Europe: c'est en effet cette année-là que, follement appelé à l'aide par l'usurpateur Jean Cantacuzène, et jouant pleinement des dissensions suicidaires des chrétiens de l'Empire byzantin, le successeur d'Osman fonda à Gallipoli le premier établissement turc en Europe.

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    Drapeau de la dynastie Ottomane (ci dessus) et de la flotte turque (ci dessous)
     
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    Avec Mourad 1er commença la conquête des Balkans, dès 1360. Maître d'Andrinople et de la Thrace, les Ottomans mirent en déroute sur la Maritsa la croisade de Louis 1er de Hongrie, en 1363, puis entreprirent la conquête de la Serbie. La victoire turque de Kosovo (juin 1389) fit passer les Serbes, après les Bulgares, sous le joug Ottoman. Ensuite eut lieu la conquête de la Thessalie, et les premières entreprises devant Constantinople elle-même. Un temps freiné dans leur expansion par l'arrivée sur leurs arrières de Tamerlan et de ses mongols, les Ottomans reprirent leur marche en avant, après le départ de Tamerlan, et conquirent Thessalonique en 1430. De l'Empire Romain d'Orient, il ne restait plus que Constantinople et sa banlieue : Mehmet II s'en empara en 1453, malgré l'héroïque résistance des défenseurs de la ville.   

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    Ecoutons Michel Mourre : "Jusque vers 1700, les Turcs devaient rester un danger permanent pour l'Europe chrétienne. Sous Mehmet II, ils poursuivirent leur avance dans toutes les directions. Vers l'Ouest, en s'emparant de la Bosnie (1463) et de l'Albanie, où Skanderberg leur avait opposé une longue résistance; du côté de la mer Noire, en enlevant la Crimée aux Génois (1475); du côté de l'Arménie, en liquidant l'Etat grec de Trébizonde (1461). L'une après l'autre, les places génoises et vénitiennes de la mer Egée et de la Morée (Péloponnèse, ndlr) passaient aux mains des Ottomans, qui commençaient à mener la guerre à la fois sur mer et sur terre et s'installaient même à Otrante, en Italie du Sud (1480)..."

    L'empire turc atteignit son apogée sous Soliman II le Magnifique, qui s'empara de Belgrade (1521), de Rhodes (1522) et fit passer presque toute la Hongrie sous son protectorat après la victoire de Mohacs (1526) et assiégea Vienne, pour la première fois, en 1529. "Au milieu du XVI° siècle -dit encore Michel Mourre- la Turquie était devenue la première puissance de l'Europe et de la Méditerranée". Elle contrôlait, en Europe, toute la péninsule balkanique et la Grèce, les provinces danubiennes, la Transylvanie, la Hongrie orientale.

     

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    Ce n'est qu'à partir de 1571 - avec la victoire de Lépante (ci dessous) - que l'on assiste au premier véritable coup d'arrêt donné au déferlement de cette puissance ottomane, qui semblait jusque là irrésistible. A cette occasion, une coalition formée par le pape, et regroupant l'Espagne, Venise et les Chevaliers de Malte, sous le commandement de Don Juan d'Autriche, détruisit la flotte ottomane, qui ne se releva jamais de ce désastre. 1571 marque donc, d'une certaine façon, le réveil européen, et si cette victoire resta sans lendemain, et ne fut pas exploitée militairement, son retentissement moral fut considérable : elle "rendit courage à l'Europe chrétienne" (Michel Mourre). Et pourtant, pendant plus d'un siècle encore, les Turcs restèrent menaçants: ils enlevèrent encore la Crète et la Podolie (sud-ouest de l'Ukraine) et menacèrent Vienne jusqu'en 1683, date à laquelle ils furent contraints d'en lever le siège : la ville ne fut en effet définitivement libérée du danger musulman que cette année-là, grâce aux troupes polono-allemandes commandées par Jean Sobieski.

     

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     7 octobre 1571, Lépante ( http://www.publius-historicus.com/lepante.html )

    213 galères espagnoles et vénitiennes et quelques 300 vaisseaux turcs. Cent mille hommes combattent dans chaque camp. Les chrétiens remportent une victoire complète. Presque toutes les galères ennemies sont prises. L'amiral turc est fait prisonnier et décapité et 15.000 captifs chrétiens sont libérés.

     

    A partir de là commença le lente reconquête par les européens de la partie de leur Europe envahie par les musulmans. Exactement comme l'avaient fait les espagnols près de mille ans auparavant. En septembre 1686, Buda est libérée, et la paix de Karlowitz restitua à l'Autriche, la Hongrie (sauf le Banat) et la Transylvanie; à la Pologne, la Podolie; à Venise, la Morée et la Dalmatie. Le Traité de Passarowitz (1718) restitua à l'Autriche le nord de la Bosnie et de la Serbie (avec Belgrade) ainsi que la Valachie occidentale (sud de la Roumanie).

  • Du Monde, sur Tariq Ramadan....

              Deux jours près un article sur Finkielkraut, élogieux, Le Monde publie un article sur Ramadan, extrêmement critique.

              Il est bon, en soi, que Le Monde, une Institution, qui a très souvent -voire le plus souvent...- joué contre les Traditions nationales, prenne la mesure des réalités et sonne le tocsin. Ce retour au réel est positif, et c'est pourquoi l'article de Caroline Fourest a retenu notre attention.

                Nous le publions ci-dessous, non sans effectuer au préalable la mise au point suivante. Caroline Fourest -dont on appréciera surtout la lucidité du dernier paragraphe......- épingle Ramadan, certes, mais on ne peut que se démarquer de la raison derrière laquelle elle se retranche dès la ligne 3 : dénoncer un Tarik Ramadan qui avance masqué, et le danger de l'Islam, oui. Mais parce que nous ne voulons pas qu'on nous change nos moeurs et notre société, et pas parce que nous prônerions de nouvelles valeurs (!) qui -justement- détruisent elles aussi cette société, en allant à l'encontre de ses traditions, de ses moeurs, de ses coutumes profondes.

                  Ce que l'on doit combattre chez Ramadan c'est son désir de vouloir islamiser notre continent et notre pays de Chrétienté, mais cela ne doit pas nous mener à nous opposer à lui systématiquement, et quoi qu'il dise; ni à nous allier systématiquement à toute personne ou tout groupe qui s'oppose à lui, du simple fait que cette personne ou ce groupe s'oppose à lui.

                  Cette précision ayant été apportée en vertu du principe selon lequel ce qui va sans dire va encore mieux en le disant, lisons Caroline Fourest.....

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    ( Si on était à "Questions pour un champion"...)
    "Je pratique le double langage, j'avance masqué, je noie le poisson... Je suis...

    Tarik Ramadan et son double, Caroline Fourest, Le Monde, 29 août.

    Après des mois d'hésitations, la mairie de Rotterdam a dû se rendre à l'évidence. L'orientation idéologique de Tariq Ramadan n'est pas compatible avec le poste de " conseiller en intégration et en multiculturalisme " qu'elle lui a confié. Voilà des mois que ce poste fait polémique. L'alerte a notamment été donnée par des associations gays et lesbiennes, inquiètes de ses positions pudibondes et homophobes. Comme celle où Tariq Ramadan explique que, pour l'islam, l'homosexualité " révèle une perturbation, un dysfonctionnement, un déséquilibre ".

    Jusqu'ici, le prédicateur s'en est sorti par une pirouette. En profitant d'une autre citation, sortie de son contexte, pour nier tout en bloc. Comme souvent, des journalistes ont recopié ses communiqués, sans vérifier. A les croire, ces propos sur l'homosexualité " n'ont jamais pu être prouvés ". Faux. La phrase qu'on lui reproche est parfaitement exacte et provient d'un livre intitulé Peut-on vivre avec l'islam ? (éditions Favre, 2004, p. 152).

    Dans d'autres écrits et d'autres conférences, Tariq Ramadan prend position contre les mariages mixtes entre une musulmane et un non-musulman, interdit à ses fidèles d'aller dans des piscines mixtes, fustige l'islam moderniste comme un " islam au rabais, un islam... sans islam " et glorifie Hassan Al-Banna, le fondateur du mouvement totalitaire des Frères musulmans, comme un modèle à suivre.

    Son positionnement, complexe à décrypter, est assez simple : faire passer l'intégrisme politique pour un juste milieu entre l'islam salafiste et l'islam moderne. Ce qui revient à faire passer l'islam progressiste pour un extrême, et à demander aux pouvoirs publics de soutenir un islam intolérant et réactionnaire en guise de moindre mal.

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    Déjà vingt ans que cela dure. En Suisse, dans les années 1990, des journalistes l'ont porté aux nues comme un modèle d'intégration... Avant de déchanter. Notamment lorsqu'ils réalisent la sympathie dont bénéficie le Front islamique du salut (FIS) parmi ses troupes. Ramadan se concentre alors sur la France, jusqu'à ce que son " double discours " soit démonté. Depuis, il a pris sa revanche en Angleterre, en Belgique et au Canada, partout où l'intégrisme s'épanouit à l'ombre du droit à la différence. Quitte à nourrir un retour de flamme populiste et xénophobe chaque fois que la tolérance s'avère abusée.

    En l'occurrence, à force de faire la sourde oreille, la mairie de Rotterdam a nourri le populisme anti-islam d'un Geert Wilders. Elle a cru à des accusations racistes. Elle se réveille en découvrant que son " médiateur " anime une émission hebdomadaire sur Press TV, une chaîne anglophone financée par le gouvernement iranien. On ne trouve pas l'ombre d'une critique envers le régime dans ces émissions diffusées avant, pendant et après la fraude électorale. Le 18 juin, alors que plus d'un million d'Iraniens bravent l'interdit pour réclamer des élections libres et non truquées, Tariq Ramadan s'inquiète du score des listes populistes aux élections européennes... Son émission commence par un clip annonçant le retour du nazisme européen, comme dans les années 1930, mais tourné contre les musulmans (le mot " juif " n'est pas prononcé).

    Le message colle parfaitement à la paranoïa anti-occidentale de Press TV, destinée à relayer la propagande iranienne auprès du monde anglo-saxon. Notamment celle minimisant la Shoah... Visiblement, la chaîne connaît mieux le message de Tariq Ramadan que la mairie de Rotterdam, qui vient de mettre fin à son salaire.

    Comme à son habitude, le télé-prédicateur ne manque pas d'attribuer ses derniers ennuis en date à la montée d'un climat " islamophobe ". C'est pourtant tout le contraire. La peur du racisme lui fait gagner du temps. Si Tariq Ramadan était chrétien, son masque tomberait plus vite. Aucune mairie de gauche n'a jamais eu l'idée d'embaucher un télévangéliste réactionnaire comme conseiller en " multiculturalisme ".

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  • Requiem pour un Empire défunt, de François Fejtö

                Plusieurs commentaires sur la note Raspail/Sévillia. Peter Henri nous fait remarquer que nous aurions pu signaler l'ouvrage de Fejtö, Requiem pour un Empire défunt (et il est vrai que l'on compare souvent Fejtö  à Joseph Roth, et son Requiem à La marche de Radetzky...). Certes, mais - pour s'exprimer à la manière de  Julien Green- le moyen de toujours faire tout le temps tout ce que nous souhaiterions -et qu'il serait souhaitable- de faire ?...

                Voici donc le mal réparé, et le bouquin signalé; avec , ci dessous, un extrait d'un article de Daniel Vernet, dans Le Monde, 30 août 2001. Par contre, le livre semble bien épuisé, et introuvable en librairie...

                Dernière chose, pour Peter Henri et pour tout le monde: vous disposez de la possibilité de nous contacter, sur la page d'accueil du Blog en haut à gauche, juste en dessous des fleurs de lys: contactez-nous, une question ? maisaquilafaute ?

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    446 pages, 22 euros

                "...L'auteur analyse les motivations réelles qui poussèrent les Alliés à rayer de la carte l'Autriche-Hongrie. Selon François Fejtö, les puissances occidentales, surtout la France, ont été inspirées par les idées indépendantistes des tchèques Benes et Masaryk. Elles auraient aussi obéit à des objectifs idéologiques : morceler et « républicaniser » l'empire des Habsbourg.

                Même s'il réagit avec quelques nostalgies, François Fejtö démoli quelques mythes relatifs à la disparition de son pays natal. Il insiste sur le fait que l'empire ne serait pas mort de ses propres contradictions, mais aurait été « suicidé » par les vainqueurs de 1918.

                « L'auteur montre, preuves à l'appui, que l'appui, que la monarchie bicéphale participait pleinement au miracle économique européen de la fin du siècle dernier; et, dans les années 1900-1913, le produit brut par habitant passait de 0,5 % à 1,4 %, plaçant l'Autriche-Hongrie au niveau de l'Allemagne, de la suède et du Danemark. Certes, à l'époque du réveil national, des affrontements opposaient les ethnies qui vivaient sous la domination des Habsbourg mais violents ou feutrés, ils étaient dus surtout à la distribution inégale des richesses entre le nord-ouest industrialisé de la monarchie et le sud-est sous-développé et frustré. » (extrait d'un article d'Edgar Reichmann, Le Monde décembre 1988)

                « L'historiographie occidentale, tout comme celle inspirée par le marxisme-léninisme-stalinisme, considérait (pour des raisons différentes) la disparition de la monarchie comme une fatalité, vu le "caractère rétrograde" des gouvernements de Vienne et de Budapest, l'"inévitable" domination de l'influence allemande et la "puissance des forces centrifuges". Je n'ai pas sous-estimé tous ces facteurs, je n'ai ignoré ni l'existence des forces autonomistes, voire séparatistes, ni l'expansionnisme suicidaire de certains milieux politiques et militaires dela monarchie, ni l'intransigeance conservatrice des classes dirigeantes hongroises. Mais j'ai cru devoir insister aussi sur les forces de cohésion, sur le loyalisme dynastique de l'administration et d'une armée multinatonale qui s'est bien battue pendant toute la guerre, comme sur le développement depuis les années 1860 de sociétés civiles créatives, progressistes, libérales; enfin, sur celui de mouvements ouvriers en essor qui aurait pu consituer la base sociale d'une Autriche-Hongrie fédéraliste. Il existait, à mon avis, une alternative à la dissolution. Je pense, et c'est ce que j'ai essayé de démontrer en m'appuyant sur des documents, que, parmi les causes de la désagrégation, c'étaient les considérations idéologiques (républicanisme jacobin, anticléricalisme) qui pesait d'un poids déterminant… » (François Fejtö, Postface écrite en avril 1992 pour la deuxième édition, en réponse aux critiques de ses thèses)

                « Quand l'empire austro-hongrois a été dépecé par les vainqueurs de la première guerre mondiale, le petit Ferencz (François Fejtö) n'avait pas dix ans. Et pourtant, il reste profondément imprégné par la double monarchie, qui était loin de la "prison des peuples" de la Russie tsariste dénoncée par Lénine. C'était plutôt une grande famille, avec ses discordes et ses disputes, mais où l'on passait d'un groupe à l'autre sans formalités, où l'on voyageait d'un pays à l'autre sans traverser d'infranchissables frontières, une sorte de Schengen avant la lettre. Les cousins étaient croates, italiens, autrichiens ou slovènes. Dans la bonne société la langue véhiculaire était l'allemand que Fejtö apprend en même temps que le hongrois. En juillet 1914, la famille passe ses vacances à Fiume (aujourd'hui Rijeka), dans un palais néo-Renaissance appartenant à la branche maternelle, quand le père reçoit un télégramme lui enjoignant de rentrer en Hongrie : l'archiduc François-Ferdinand a été assassiné à Sarajevo. C'est le signal de la dispersion. Deux ans plus tard, en apprenant la mort de l'empereur François-Joseph, le père déclare simplement : "C'est la fin d'un monde". »

  • Aveuglement, quand tu nous tiens : une réponse aux propos de monsieur Tiberg apportée par le même journal...(2/2).

              Voici donc un exemple -mais on pourrait en apporter mille....- tiré de l'actualité immédiate, et rapporté par ce même journal qui vient de donner la parole à monsieur Tiberg ( un journal qui n'est ni de près ni de loin proche de nous...). Et les faits, on va le voir, se chargent de démentir l'optimisme béat du dit Monsieur Tiberg. Il est juste curieux que le journal ait publié le texte suivant à peine trois semaines après l'entretien précédent..... sans même avoir fait un quelconque lien entre les deux ! Pourtant l'alarmisme du second contredit radicalement l'ingénuité angélique (louche ?...) du premier !....      

               Nous avons maintes fois dit et répété, et nous le faisons encore une fois aujourd'hui, que nous ne mettions pas tout le monde dans le même panier, et qu'il ne fallait pas généraliser. Tous les immigrés, loin de là, ne se "tiennent" pas mal. C'est Monsieur Tiberg qui généralise, et qui, voulant nous faire prendre des vessies pour des lanternes, angélise les immigrés et, refusant obstinément de voir la réalité en face, voudrait nous faire croire que "tous les immigrés il est beau, tous les immigrés il est gentil...", pour parodier un titre de film bien connu....

              Et là c'est monsieur Tiberg qui joue précisément contre tous ces immigrés honnêtes et travailleurs, et qui leur crée un tort certain: car il exaspère une opinion publique, qui ne voit que trop la délinquance des mauvais immigrés, en encensant une immigration idyllique qui n'existe que dans don imagination et ses rêves d'idéologue déconnecté du réel; ce faisant, il prend le risque de pousser, un jour, à un phénomène de rejet qui engloberait à ce moment là tous les immigrés, les "bons" avec les "mauvais".....

              Nous disons, nous, simplement qu'il faut faire le tri, parce que le mauvais comportement de trop d'étrangers et de trop d'immigrés récents nous y oblige: c'est ce que nous appelons la règle des trois tiers. Mais place à l'article de La Provence qui contredit radicalement l'angélisme tibergien...

    JEUDI 17 JUILLET 2008 . LA PROVENCE . Romain LUONGO .

    Mazargues : après les violences du 14 juillet, les dérives  de la cité inquiètent.

    A La Soude, des adolescents jouent les petits caïds.

     

              Le cliché fait froid dans le dos. On y distingue un groupe d’adolescents, 14/15 ans à peine, des armes à la main. Ce sont vraisemblablement des répliques qui tirent des balles en plastique, mais la similitude avec de véritables pistolets automatiques ou des fusils à pompe est frappante.

              Les garçons visent un lampadaire, en plein milieu de la cité La Soude (9°), au vu et au su de tous. « C’était il y a un mois –détaille un riverain, à l’origine de l’instantané, et qui tient à préserver l’anonymat-. Ils agissaient ainsi pour pouvoir ensuite cambrioler les appartements de la résidence en face sans être repérés dans l’obscurité. Deux jours plus tard, il y avait deux vols par effraction, notamment chez une dame de 82 ans qui se trouve depuis en réanimation. Elle était cardiaque. Cette année, la tension est très forte. Après ça, certains sont venus nous voir en nous disant que le 14 juillet, on allait tous brûler ».

              Une menace que certains d’entre eux ont effectivement concrétisée. A La Soude, la nuit du 14 juillet s’est révélée particulièrement violente, avec trois voitures et une moto détruites par les flammes, plusieurs conteneurs et de la végétation également ravagée par des incendies volontaires à proximité d’une des résidences située face à la cité. Le soir même, quatre suspects étaient interpellés, deux autres le lendemain par des policiers du Groupe des Violences Urbaines de la Sécurité Publique. Trois d’entre eux ont finalement été déférés au parquet hier après-midi et poursuivis pour « incendies  volontaires ». Ils auraient pour l’instant simplement reconnu la destruction des conteneurs.

              Sur place, l’atmosphère devient particulièrement pesante, avec des riverains et des commerçants effarés.  « Chaque année, la gravité des actes s’amplifie. Cette fois, c’était le pompon. Même les marins-pompiers  venus éteindre un incendie ont reçu un parpaing sur le pare-brise. Ce que les plus jeunes nous disent, c’est qu’ils ne veulent pas des bourgeois, des nouvelles résidences chics. Cela fait maintenant deux ans que ça dure. Tout le monde est  au courant, mais nous avons vraiment l’impression que rien ne bouge. »

             Monsieur Tiberg pense-t-il vraiment que ces ados vont avoir une bonne vie, bien rangée, avec un vrai métier, et un bon salaire, leur permettant, entre autres choses, de payer les retraites des autochtones ? Il croit vraiment que c'est pour cela qu'ils sont venus ?..... En refusant, contre tout évidence, de voir les choses comme elles sont, et en prenant les Français pour des imbéciles, monsieur Tiberg joue un jeu dangereux. Il ne faudra pas qu'il vienne se plaindre, lui et les siens, s'il y a un jour un retour de bâton, qu'il aura largement contribué à créer.....

     

  • La selection par... l'ANPE !

               On le sait, pour une large part de la gauche idéologue, et en tout cas pour l'UNEF et son président, Bruno Julliard, le refus de la sélection est un thème majeur, et quelque chose de "non négociable".

              Cet ex jeune homme, qui est d'ores et déjà "le futur Gérad Aschieri" (lorsque celui-ci aura quitté la scène....), tourne sur tous les plateaux télé en répétant, au mot près, le même sempiternel refrain que celui dont il est déjà le double aujourd'hui, en attendant de le remplacer un jour, tant est fort le mimétisme qui semble réunir ces deux personnalités.....

              Et on ne pourra, semble-t-il jamais les convaincre, car la force de l'idéologie est telle, chez eux, qu'elle occulte et qu'elle étouffe tout. Comme dit le proverbe: "Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.".

               Pourtant, à la "base", une partie de l'opinion se prend à douter du discours de ces idéologues, et même à les démentir et à les contredire: par exemple les Parents d'élèves. On le sait, juste après "le Beaujolais Nouveau", la période des Conseils de Classe du premier trimestre vient de commencer. Y assistent, à côté des professeurs et des représentants de l'Administration, deux parents délégués et deux élèves délégués, qui peuvent bien sûr prendre part à la "discussion" et qui sont invités, à la fin, à faire part de leurs remarques et commentaires. Si l'Administration nage en pleine idéologie, contrainte qu'elle est d'appliquer les folles et délirantes consignes du Ministère, via les Rectorats, le contraste est frappant -pour ceux qui assistent à ces Conseils- entre cette Administration, "qui rêve les yeux ouverts", et le réalisme et la lucidité des Parents. Pour ceux-ci, en effet, il s'agit de leur progéniture et, là, c'est sacré! on ne joue pas, et il ne faut pas leur raconter des salades! (on ne saurait d'ailleurs que louer un tel état d'esprit...)

              On nous permettra, donc, de partir d'une expérience concrète, vêcue tout recemment, et de nous arrêter quelques instants, pour les besoins de notre argumentation, sur deux observations qui ont été formulées par deux parents différents, dans deux classes différentes (une Seconde et une Terminale ES). Dans la classe de Seconde (de 38 élèves), les deux parents s'étonnent en fin de conseil du nombre impressionnant d'élèves "démotivés", qui "ne travaillent pas", et à qui l'on est obligé d'infliger des "avertissements" (pour la discipline ou le travail): presque la moitié, 18 sur 38! Dans la classe de Terminale, le groupe des "démotivés" est moins nombreux, mais les parents s'étonnent en fin de conseil de l'absence totale de travail d'une élève qui a doublé sa Seconde, doublé sa Première et semble-t-il, s'apprête à doubler sa Terminale si elle ne change pas radicalement d'attitude. Un professeur fait remarquer que le cas devient "habituel" et que l'année dernière, dans la même Terminale ES, un garçon, cette fois, avait "fait" son Lycée en 6 ans; silence gêné pendant quelques instants; les uns regardent au plafond, les autres leurs chaussures; un ange passe...; la directrice interrompt ce silence et dit qu'après tout l'élève "a eu besoin de ce temps"; c'est une façon de voir les choses, en effet!

                .....Il y en a une autre: jusqu'à quand, sous le prétexte débile de "leur donner leur chance" continuera-t-on à mentir aux enfants, aux parents, au Pays? à faire des collèges, des lycées et des facultés des voies de garages pour pré-ados infantiles parcequ'infantilisés; impasses dans le meilleur des cas, prisons dans le pire car -il ne faut pas se leurrer- les enfants à qui l'on impose ce "cursus" ne sont pas heureux et sont les premières victimes de cette situation: l'échec scolaire est l'une des causes majeures du nombre impressionnant de suicide des jeunes, on l'oublie -ou on le cache...- trop souvent! On "massacre" ainsi, intellectuellement et moralement, des jeunes, et cela sur une période de sept années (plus s'ils entrent en faculté....) alors qu'il serait si simple de les laisser s'épanouir dans la voie qu'ils ont choisi, en ne leur imposant pas une voie qu'ils n'ont pas choisi! (1). Le système bousille ainsi le bien le plus précieux de la France (une partie de sa jeunesse...) en même temps qu'il gaspille et stérilisé des milliards, qui seraient bienvenus et mieux employés ailleurs: dans la Recherche notamment. Cqfd!.....

              Et, de toutes façons, en fin de course, -et là nous en revenons à notre point de départ, la boucle étant pour ainsi dire bouclée...- le rideau tombera sur cette mauvaise farce: et la sanction, cette fois, ne pourra plus être repoussée; la sélection que l'on avait éperdument refusée depuis tant de temps se fera, sans douceur, avec et par l'ANPE, qui viendra recueillir ces jeunes qui ne peuvent plus aller nulle part; des jeunes qui auraient pu se former, trouver un travail et s'épanouir si on avait développé comme il doit l'être l'apprentissage. L'ANPE viendra les recueillir puisque, après sept ans et plus passés non à se former mais à se dé-former, personne n'en voudra et ils seront pour un bon moment inaptes sur le marché du travail. Les rêveries de messieurs Aschieri (l'ancien...) et Julliard (le nouveau....) auront ainsi pleinement porté leurs fruits; beau travail!.....

    PS: attention: nous ne cherchons pas à noircir le tableau; il y a toujours, heureusement et evidemment, de "bons élèves", qui travaillent bien et préparent sérieusement leur avenir. Leur nombre est constant par rapport à "avant", et leur niveau ne baisse pas, il a même très sérieusement "monté" dans les matières scientifiques (la "baisse" venant des matières "littéraires", et nous en reparlerons....). Le problème vient de cette masse d'élèves que l'on a mal orienté dès la sixième, puis la troisième et la seconde, et qui finissent par arriver en Faculté sans aucune chance sérieuse d'y réussir: c'est en considérant leur nombre que certains pensent que "le niveau baisse", mais il suffirait de les mettre à leur place, et de retrouver du coup le seul nombre d'élèves devant normalement se trouver en lycée puis en faculté pour voir qu'il n'en est rien, et que ces élèves là (en dehors du problème des "Lettres" comme nous l'avons dit....) sont largement aussi bons, voire meilleurs, qu'autrefois.....

    (1): voir les notes "A propos des Journées du Patrimoine...", "Réformer ou remplacer le Bac ?...", "Université et Enseignement supérieur...", dans la Catégorie "Éducation"....

  • Espagne: de 1975 à 2007......(2/2)

               Le "devoir de mémoire" ? oui, bien sûr! mais, et le "devoir d'oubli" ?.....

              "In medio stat virtus" ! Que serait le pardon chrétien s'il n'y avait, faisant pendant au nécessaire devoir de mémoire, le non moins nécessaire devoir d'oubli ? Et pour parler de l'Espagne d'aujourd'hui, si différente bien sûr mais encore si proche du traumatisme de 1936, que serait ce fragile début de pacification des esprits sans ce devoir d'oubli que la totalité des acteurs du jeu politique ont su s'imposer depuis la mort de Franco ? Et cela sous la houlette, et -on nous pardonnera la comparaison un peu triviale- "le parapluie" indispensable de la Royauté ? Or, depuis son accession-surprise au pouvoir en 2004, Rodriguez ne fait, somme toute, rien d'autre que remettre en cause cette "transition espagnole", voulue et portée, construite par tous, de la droite à la gauche.

              Que l'on considère, par exemple, le précédent de Felipe Gonzalez: il a été Président socialiste du Gouvernement à partir de 1982, et pendant quatre mandats successifs, jusqu'en 1996; quelle politique a-t-il menée ? Il a négocié les adhésions de l'Espagne à la Communauté économique européenne et à l'OTAN. Il a modernisé au forceps son pays (la création de la ligne TGV Madrid/Séville en étant un bon symbole). Il a noué ou renoué des liens très étroits avec l'Amérique Latine (on a dit -sous forme imagée, bien sûr...- que l'Espagne recommençait la conquête du continent!...). Il a été l'un des principaux promoteurs de l'Exposition Universelle de Séville en 1992 et, la même année, des Jeux Olympiques de Barcelone.

              On objectera -et on aura raison- que Felipe Gonzalez était "un prudent obligé", qu'il devait compter avec l'armée, les cadres et les structures du franquisme encore en place; et qu'il savait très bien que tout excés de sa part entrainerait immanquablement une réaction de ces forces, encore au pouvoir d'une certaine façon; et que cette réaction l'aurait emporté, lui et le nouveau régime. Il n'en demeure pas moins que l'on ne peut faire de procès d'intention: il y a certainement eu une part de "prudence obligée" chez Gonzalez, mais on ne voit pas au nom de quoi on devrait refuser de le créditer aussi d'un sincère désir de servir son pays et de le faire progresser; on peut affirmer que Felipe Gonzalez, en accord avec le Roi, a fait le choix de se tourner vers l'avenir plutôt que de ressasser le passé. Rodriguez aurait mieux fait de s'inspirer de lui! mais, justement, la simple mise en parallèles des deux personnes nous ramène à ce que nous disions dans notre précédente note: la faiblesse de ce pauvre Rodriguez, qu'il suffit de comparer à Felipe Gonzalez pour que son inconsistance saute aux yeux et qu'elle apparaisse au grand jour !

              Où voit-on que Gonzalez aurait cherché à faire évoluer de force la société, dans le domaine si sensible des moeurs, au rythme de réformes effrénées que mène Rodriguez ? Où voit-on qu'il ait tenté de rouvrir la boite de Pandore du passé, toujours douloureux, de la Guerre Civile? Deux choses que fait Rodriguez, qui ne mène pas, par ailleurs, la bonne politique de progrès de son "illustre" prédécesseur. Felipe Gonzalez s'est contenté de travailler pour le bien et le développement de l'Espagne, en poursuivant pour le reste la politique "de prudence et d'oubli" de mise dès la mort de Franco; et c'est pour cela que son passage au pouvoir a été, somme toute, bénéfique, et qu'il a tant conforté la transition, lui permettant de porter les fruits positifs que nous avons évoqués.....

              Ainsi, gouvernements de droite et gouvernements de gauche confondus, on peut dire que la période qui s'étend de 1975 à 2004 fut "... une transition réussie vers la démocratie, grâce au savoir-faire du Roi et au sens des responsabilités des partis de l'époque. Elle fut essentiellement marquée par la réconciliation entre les "deux Espagne" et le refus d'utiliser la Guerre Civile (1936/1939) comme un argument politique. Cette démarche a permis un changement pacifique de régime et a été à l'origine de trente années de prospérité et de calme politique." Ce court passage d'un excellent article de José Maria Ballester Esquivias (journaliste à l'hebdomadaire catholique madrilène "Alba" a le grand mérite, dans sa clarté, d'aller à l'essentiel et de poser correctement le fond du problème.....

              Malheureusement, en 2004, Aznar perdit une élection imperdable, et Rodriguez arriva...    (à suivre.....)

  • Le Père Goriot et la Mère Vauquer par Jean-François Mattéi

    Copie de mattei detouré 1 copie.jpgLa littérature est décidément prémonitoire. Dans Le Père Goriot, Balzac décrit une pension parisienne, rue Neuve-Sainte-Geneviève, avec son allée bordée de lauriers roses. On y pénètre par une porte surmontée d’un écriteau sur lequel on lit : MAISON-VAUQUER, et dessous : Pension bourgeoise des deux sexes et autres.

    L’auteur de La Comédie humaine est enfin exaucé. Sous la pression des associations Homosexuels, Bisexuels, Queer et Transgenres, les alternatives à la sexualité traditionnelle, qui avait pourtant fait ses preuves, permettent à la maison de Madame Vauquer de recevoir de nouveaux pensionnaires. On les traitera comme les habitués des deux sexes, plus même, on imposera à ces derniers de se mettre à l’école des nouveaux venus. Le terme d’« école » est justifié puisque cette institution a trop longtemps reconnu le primat des sexes masculin et féminin au détriment des sexes « autres ».  

    Ne voit-on pas encore parfois, sur de vieux linteaux, les inscriptions outrageantes « École de garçons » ou « École de filles » ? Comment concilier cela, même dans les écoles mixtes, avec l’obligation d’égalité entre les êtres ? On lit ainsi, sur le portail du Ministère de l’Éducation nationale (education.gouv.fr) : « Si les écoles et les établissements sont devenus mixtes dans les années 70, trop de disparités subsistent dans les parcours scolaires des filles et des garçons. L’éducation à l’égalité est nécessaire à l’évolution des mentalités ».

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    Les poupées pédagogiques de la garderie éducative Égalia, en Suède.

    À l’évidence, elles évoluent très vite. On apprend ainsi que certaines crèches scandinaves ont supprimé les termes « fille » et « garçon » pour les remplacer par « enfant », un mot qui neutralise selon le vœu des gender studies, les distinctions héritées de la grammaire plus que de la biologie. Mais ce n’est qu’un début. Un établissement secondaire sélectif de Stockholm, le Södra Latins Gymnasium, a proposé de réaliser un vestiaire spécifique, ni masculin ni féminin, pour les élèves qui ne s’identifieraient ni comme hommes ni comme femmes. Il doit être inauguré le 6 mai à la demande de l’association HBQT du lycée. Les leçons de morale commenceront donc moins dans les salles de classe que dans les trois vestiaires destinées aux « deux sexes et autres ».

    On a également appris, ces derniers temps et en divers lieux, que telle école ou telle famille n’habillait plus les enfants en fille ou en garçon, mais alternativement, tantôt en fille, tantôt en garçon, pour les dissuader d’avoir une identité sexuée. Mais le vêtement ne fait pas tout. Certains parents ont décidé de donner des prénoms qui n’auraient pas de coloration féminine ou masculine pour ne pas inciter leurs enfants à supporter une sexualité imposée par la langue. Ou alors ils ont donné des pronoms masculins, comme Jack ou Joe, à des filles, et des prénoms féminins, comme Élisa ou Joanne, à des garçons. L’État civil suédois reconnaît en outre officiellement 170 prénoms neutres.

    gender.jpg

    Du prénom, on passe allègrement au pronom. Toujours en Suède, les adeptes de la neutralité sexuelle, non contents d’égaliser les comportements des filles et des garçons, en attendant d’en finir avec ces termes infâmants, ont demandé de supprimer les pronoms masculins et féminins. L’Encyclopédie nationale suédoise a donc remplacé récemment il (han en suédois) et elle (hon) par hen, intraduisible en français sinon par çà. Ni lui ni elle : on reconnaît la double dénégation des déconstructeurs des années 60, le ni ... ni, qui, pour Jacques Derrida, définissait la dissémination de la langue. Car, au fond, ce n’est pas au sexe que l’on en veut, bien qu’il soit, horreur, naturel, alors que nous savons que tout est culturel. C’est à la langue, ni la meilleure ni la pire des choses, mais la matrice du phallocentrisme qui fonde toute notre tradition.

    Pourquoi s’arrêter aux vestiaires de l’école et de la langue quand on peut aller aux toilettes ? La région du Södermanland, toujours en Suède, va débattre au Parlement d’une loi obligeant les hommes à uriner assis, comme les femmes, et non debout, ce qui souligne trop leur hauteur de vue. On ne demandera pas, notons-le, aux femmes de se lever et d’uriner debout ; on contraindra les hommes à s’asseoir et à faire pipi assis. La défécation ne fait pas encore objet d’une loi, comme la miction, car les deux sexes, et autres, semblent assis à la même enseigne. Il reste que la future loi conserve comme un relent de sexisme puisqu’elle laisse entendre que si les hommes peuvent uriner assis, les femmes ne peuvent uriner debout, ce qui, on en conviendra, est non seulement fâcheux, mais discriminatoire.

    Les mauvais esprits se demanderont jusqu’où peut aller la folie de l’égalité quand elle se niche, non plus dans l’engagement républicain, mais dans la neutralité sexuelle. Elle revient à confondre, dans une même exigence d’indifférence, la Père Vauquer et la mère Goriot. Balzac en avait conscience : « La bêtise a deux manières d'être : elle se tait ou elle parle. » Doit-on alors lui laisser la parole ? 

  • « Z » comme Zemmour : C'est au tour de Maxime Tandonnet de lancer un rappel à l'ordre aux journalistes ...

    Nous ne sommes pas nécessairement en tous points d'accord avec Maxime Tandonnet (haut fonctionnaire, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République). En particulier, nous ne croyons pas que le rôle d'Eric Zemmour puisse être réduit à « l'expression dans les médias de cette sensibilité ou souffrance populaire, nostalgie de la France d'autrefois ». Souffrance et nostalgie ... Maxime Tandonnet ne cède-t-il pas à la facilité et à la simplification, sans compter un rien de condescendance ? Néanmoins sa défense justifiée d'Eric Zemmour et son rappel à l'ordre aux journalistes, parus dans FigaroVox, nous paraissent particulièrement bienvenus. Et donc à saluer !  Lafautearousseau  

     

    131.jpg« Je regrette d'avoir donné la parole à Éric Zemmour pendant 5 ans, je me rends compte que j'ai banalisé ses idées » a déclaré Laurent Ruquier, à propos de l'émission On n'est pas couché de France 2. Ce remord tardif ne manque pas de surprendre. Eric Zemmour a été en effet pendant cinq ans l'un des piliers de cette émission, avec son ami Naulleau. L'un exprimait le point de vue de droite et l'autre celui de gauche. Tous deux jouaient, avec beaucoup de talent et de complémentarité, un rôle de provocation à l'égard des invités politiques. Cette émission leur doit beaucoup de son succès. Laurent Ruquier donne ainsi le sentiment de renier son ancien compagnon d'émission, sous la pression du politiquement correct. La repentance qu'il exprime, plusieurs années après, est particulièrement ambigüe. Ainsi, pendant cinq ans, Eric Zemmour aurait proféré des propos inadmissibles, sans que l'animateur n'en ait eu conscience. Il ne s'en rend compte qu'aujourd'hui, soudain, des années après... Ce lynchage rétrospectif, sans précédent, souligne la puissance du conformisme qui pèse aujourd'hui sur le monde médiatique et politique.

    Ce conformisme procède d'une certaine forme de déni de la réalité qui caractérise la France politique et médiatique, la France dite « d'en haut ». En effet, une atmosphère particulièrement lourde pèse en ce moment sur notre pays dans sa profondeur, que nul ne veut voir. Un sondage récent, des plus sérieux (CEVIPOF janvier 2015), montre que l'état d'esprit des Français est à la méfiance (32%), à la morosité (32%), à la lassitude (29%). 61% pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien. 59% n'ont confiance ni en la gauche ni en la droite. 76% ressentent envers la politique soit du mépris, soit de la méfiance, soit de l'ennui. 85% pensent que les dirigeants politiques ne tiennent pas comptent de ce que « pensent les gens comme eux ». 82% sont fiers d'être français et 68% se sentent Français seulement ou plus Français qu'Européens. Enfin 50% pensent que la France doit se protéger du monde et 18% s'ouvrir davantage.

    Or, Eric Zemmour n'y est strictement pour rien. Il n'est pas responsable des 5,5 millions de chômeurs, de l'inquiétude qu'inspirent le communautarisme, le jihadisme et le terrorisme; de la ghettoïsation des banlieues; des paroles de mépris ou comportements scandaleux de certains dirigeants politiques, en particulier depuis quatre ou cinq ans, qui ont tant révulsé la France. Les propos du journaliste, dans leur ensemble (pas tous), reflètent sans aucun doute une sensibilité qui est forte dans l'opinion, bien au-delà de toute considération partisane, une nostalgie du passé, un malaise réel et largement répandu. Il exprime un malaise mais il n'en est évidemment pas la source, l'origine. Lui faire porter le chapeau des angoisses et de la morosité ambiante, le tenir pour responsable de la montée, en réaction, du sentiment national - au point de le chasser rétroactivement d'une émission de télévision qui lui doit tant - est une attitude qui relève à l'évidence de la quête du bouc émissaire.

    Eric Zemmour n'est pas non plus responsable de la poussée lepéniste dans les sondages et les élections locales. Les seuls vrais responsables en sont les dirigeants politiques qui ont donné le sentiment aux Français de les abandonner comme le souligne l'enquête de CEVIPOF, et pire, bien souvent, de les mépriser. Nous assistons d'ailleurs à un gigantesque matraquage en faveur du courant lepéniste, une obsession qui s'est emparée du discours politique - à droite, à gauche, on ne parle plus que de lui -, des émissions de télévision et de radio. Accuser Eric Zemmour d'en faire la promotion, dans un contexte où toute la France médiatique assure cette promotion en permanence, revient là aussi à traiter le journaliste en coupable idéal.

    La vraie question posée est celle de l'expression dans les médias de cette sensibilité ou souffrance populaire, nostalgie de la France d'autrefois, qu'exprime, à sa manière Eric Zemmour. La télévision doit-elle être aseptisée, purifiée, apurée de toute parole ou vision discordante ? Doit-elle se contenter de relayer un discours officiel: tout ne va pas si mal dans la France socialiste; l'insécurité, l'immigration, l'exclusion massive des jeunes, les zones de non droit et les ghettos des banlieues, sont pour l'essentiel des vues de l'esprit, voire divagations populistes. Le droit de s'exprimer à la télévision et à la radio doit-il, à l'avenir, bénéficier avant tout aux tenants de l'idéologie dominante - et à quelques épouvantails en guise de repoussoir ? La télévision et la radio doivent-ils être des instruments de propagande, de formatage des esprits, ou bien une source d'information, respectueuse de la pluralité des opinions, de tous les points de vue, incluant la sensibilité de la France populaire ?

    Il existe un principe simple qui a été totalement négligé et ignoré: la neutralité qui s'attache à tout service public, organisme bénéficiant de subventions publiques, financé par les contribuables quelles que soient leurs opinions. Faut-il le rappeler ? Le service public de l'audiovisuel, ses animateurs et journalistes, ont en principe un devoir d'impartialité et d'égale ouverture à toutes les opinions tant qu'elles restent dans les limites de la légalité. Les médias font partie des trois institutions dans lesquelles les Français ont le moins confiance (30%), juste devant les syndicats et les partis politiques, d'après le sondage CEVIPOF. Il est temps que les médias balayent devant leur porte plutôt que de se donner des boucs émissaires.

     

    Maxime Tandonnet est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Au coeur du volcan, Flammarion 2014. Il tient un blog.

     

  • Crise des migrants : « L'espace Schengen n'existe plus »

     

    Pour le Figaro, une analyse de Gérard-François Dumont, président de la revue Population & Avenir.

    Une analyse qui, par delà un avis autorisé sur le phénomène migratoire en cours, ne manque pas de mette en cause les options géopolitiques des nations européennes ou dites occidentales au cours des dernières années. LFAR

     

    LE FIGARO - Face à l'arrivée ininterrompue de migrants par train, l'Allemagne a décidé de suspendre le trafic ferroviaire en provenance de l'Autriche, et de renforcer les contrôles aux frontières. La République tchèque a annoncé un renforcement similaire de ses frontières avec l'Autriche. Comment interprétez-vous ces décisions ?

    Gérard-François DUMONT - Les événements qui se déroulent correspondent à l'une des dix lois de géopolitique des populations que j'ai désigné « loi du nombre »*: lorsque le nombre de demandeurs d'asile n'était pas fort différent des années précédentes, les procédures prévues se mettaient en œuvre sans difficulté majeure. Lorsque la pression du nombre devient considérable, la nature du phénomène change de nature et la situation devient difficilement gérable, même pour un pays comme l'Allemagne qui a exprimé la volonté initiale de recevoir de nombreux demandeurs d'asile et d'en financer les conséquences.

    Quand l'Allemagne a décidé fin août de suspendre les accords de Dublin (aux termes desquels toute demande d'asile doit être faite dans le premier pays européen où la personne pose le pied) uniquement pour les personnes en provenance de Syrie, aucun autre pays européen, pas même la France, n'a suivi. L'Allemagne s'est donc retrouvée seule et l'est encore à ce jour. Comme les autres pays européens ne sont pas inscrits dans son sillage, l'appel d'air sur l'Allemagne, plus particulièrement sur les Länder les plus proches de l'Autriche et donc de la Hongrie, c'est-à-dire des pays où débouchent la route des Balkans, s'en trouve considérablement accru.

    On peut se demander si l'Allemagne n'a pas confondu des modalités de gestion fédérale avec celle de l'Union européenne. Après la fin du rideau de fer en 1989, l'Allemagne a accueilli des centaines de milliers de «rapatriés tardifs» (Spätaussiedler), c'est-à-dire de personnes considérées de souche allemande au titre de la Loi fondamentale de 1949, mais vivant auparavant en URSS. Berlin a organisé une répartition démographique entre les Länder. En 2015, a-t-elle pensé mettre en œuvre le même procédé entre les États de l'Union européenne qui n'est pourtant pas une fédération ?

    Alors qu'une réunion d'urgence des ministres de l'Intérieur et de la Justice européens doit se tenir ce lundi à Bruxelles, l'Allemagne cherche-t-elle à exercer une forme de pression sur ses voisins qui, comme la Pologne, la Slovaquie ou la République tchèque, ne veulent pas appliquer le système des quotas ?

    Cette décision n'est pas le fait du hasard dans la mesure où elle aurait pu aussi être prise quelques jours auparavant, puisque la montée de la pression migratoire était prévisible. Mais l'Allemagne se trouve surtout prise par l'urgence, en difficulté de faire face à cette loi du nombre, comme l'a exposé le maire de Munich le 13 septembre.

    Que peut-on attendre de la réunion d'urgence à Bruxelles ?

    Trois scénarios sont possibles. Soit des déclarations d'intention pour donner l'impression qu'une solution est apportée à la crise des migrants, avec une répartition affichée des migrants, dont la mise en œuvre risque d'être aléatoire, car tout probablement contournée par certains gouvernements ou par les migrants eux-mêmes qui souhaitent se diriger là où ils peuvent disposer d'un meilleur réseau ou de meilleures chances d'accueil et de revenus. Soit des annonces signifiant que l'on partage l'émotion ressentie depuis la diffusion de la photo de ce pauvre garçon syrien mais qui, en réalité, renvoient à une prochaine réunion. Troisième scénario, l'échec: il acterait que les voies suivies par les autorités de Bruxelles depuis des mois sont inadaptées, soit ne rien dire aux pays membres qui ne respectent pas les modalités des accords de Schengen, vouloir répartir les humains comme des marchandises, et ne pas s'attaquer aux causes des exodes et des mouvements migratoires.

    Faudrait-il alors un « Schengen 2 », comme l'évoquait Nicolas Sarkozy au Touquet ce week-end ?

    Dans les faits, tous les événements qui se sont déroulés ces derniers mois aux frontières internes comme aux frontières extérieures de l'espace Schengen, montrent que le « Schengen 1 » ne fonctionne plus. Nous sommes déjà dans un « Schengen 2 », mais avec les règles nullement définies, d'où des décisions divergentes des États de l'Union européenne ou de membres de l'espace Schengen non membres de l'Union européenne, comme la Suisse.

    Comment voyez-vous les semaines et les mois à venir?

    Cela fait longtemps que j'ai annoncé la montée en flèche des migrations en Europe, dans la mesure où elles sont notamment le résultat direct d'événements géopolitiques se déroulant depuis 2011 et du manque d'anticipation des pays européens, notamment dans la zone syrienne et la zone libyenne, où aucune solution politique ne se dessine. La guerre civile syrienne est très particulière, non seulement du fait de la présence de l'État islamique, mais en raison de la pluralité des groupes militaires qui s'opposent. L'exode ne semble pas devoir s'arrêter, d'autant qu'il s'est trouvé amplifié par l'absence de réaction face à l'offensive de l'État islamique sur Palmyre. En outre, parmi les premiers pays d'asile, la Turquie d'Erdogan ne fait guère - c'est un euphémisme - pour faciliter une solution politique et ne décourage en rien le départ des Syriens vers d'autres destinations, comme si elle voulait contribuer à gêner, voire à déstabiliser l'Union européenne. 

    Gérard-François DUMONT, professeur à la Sorbonne et président de la revue Population & Avenir. 

    *Démographie politique. Les lois de la géopolitique des populations, Paris, Ellipses.

  • Entretien avec le père Jean-Marie Benjamin, dans Boulevard Voltaire

    La politique des pays dits occidentaux dans le monde arabe, au moins depuis la première guerre du Golfe, justifie pleinement la critique du connaisseur qu'est le père Jean-Marie Benjamin. C'est des erreurs tragiques de cette politique que nous supportons aujourd'hui les conséquences.

    Jean-Marie Benjamin, de son vrai nom Guillaud-Benjamin, né le 11 avril 1946 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), frère de l’actrice Joëlle Guillaud, est un compositeur de musique, chef d’orchestre, écrivain, réalisateur et producteur de films français. Fonctionnaire des Nations unies auprès de l’UNICEF de 1983 à 1988, il devient prêtre catholique en 1991 et milite contre la guerre d’Irak depuis 1998. Il réside en Italie depuis 1975.

    Durant vos nombreux voyages en Irak, entre 1997 et 2003, vous avez maintes fois rencontré le vice-Premier ministre chrétien de Saddam Hussein, Tarek Aziz et vous lui avez organisé une rencontre avec le pape Jean-Paul II, le 14 février 2003. Vous dites dans votre livre qu’il y a eu des pressions au Vatican pour empêcher cette rencontre. Lesquelles ?

    La visite de Tarek Aziz au Saint-Père s’est en effet heurtée à de forts obstacles de la part du gouvernement de Silvio Berlusconi et de Washington. Plusieurs monsignori de la Secrétairerie d’État bénéficiaient alors des « faveurs » de Washington et ne voulaient surtout pas les perdre. Mais le pape n’en a pas tenu compte et l’audience a eu lieu. D’autres pressions ont été exercées : quand Tarek Aziz est arrivé à Rome, il devait participer à une importante émission télévisée sur la RAI. Non seulement sa participation a été annulée, mais les directeurs de toutes les chaînes publique ont reçu des instructions formelles pour lui interdire l’accès aux plateaux.

    Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné sous le coup d’une peine capitale. La DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure, vous a contacté en 2003 pour proposer l’asile politique à Tarek Aziz. Pourquoi celui-ci a-t-il refusé ?

    Tarek Aziz m’a répondu : « Veuillez remercier le président Chirac, mais je ne peux pas laisser mon peuple mourir sous les bombes et me réfugier tranquillement à l’étranger. J’ai le devoir de rester aux côtés du peuple irakien et de ma famille. » Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné depuis douze ans. Transféré depuis le mois d’août dernier dans le sud de l’Irak, il est malade, sans assistance médicale. Il a subi plusieurs ictus, parle difficilement et a perdu 35 kg. En fait, il est mourant, sous le regard indifférent de la Communauté internationale. Vous verrez que lorsqu’il décédera, l’on entendra les hommes d’État déclarer qu’Aziz était un « homme modéré, un grand diplomate » et que le traitement qu’il lui a été infligé « était injuste ». Ce sera le chœur larmoyant des défenseurs des droits de l’homme et autres exportateurs de démocratie !

    Devant le chaos qui règne aujourd’hui en Irak, en Syrie, au Yémen, l’impression domine que les gouvernements occidentaux ne savent plus comment gérer la situation ? Mais qui se trouve derrière l’État islamique ?

    La grande presse nous dit que l’État islamique et les groupes djihadistes sont financés par les monarchies du Golfe. Curieusement, les noms de ces pays ne sont jamais mentionnés. Or, tous sont des alliés de l’Occident et tous y investissent par dizaines de milliards de dollars. Au-delà des hypocrisies sémantiques, chacun sait qu’Al-Qaïda, Al-Nosra et l’État islamique sont soutenus, armés et financés par de riches Saoudiens. Que les takifiristes qui opèrent en Syrie et sur d’autres fronts anti-chiites sont soutenus par Riyad. Bref, ceux qui financent le terrorisme islamique dans le monde et aussi en Europe sont principalement des Saoudiens et le Koweït. Tous les gouvernements le savent pertinemment. Le grave problème des hommes politiques occidentaux, malgré leurs myriades d’experts, est qu’ils ne comprennent quasiment rien au monde arabe. Tous demeurent radicalement étrangers aux mentalités, aux traditions et aux aspirations de ces populations, sans parler d’une profonde méconnaissance de l’islam. Leurs conseillers sont restés des années les fesses collées sur les bancs des universités pour accumuler des titres. Diplômés jusqu’aux oreilles, ils n’ont en réalité aucune connaissance réelle de l’Orient arabe.

    La France ne fait évidemment pas exception ?

    Le Président français se rend à Riyad pour y recevoir l’accolade du roi… et un beau chèque ! Après quoi l’on nous raconte que la France lutte contre l’État islamique terroriste, mais elle fait la guerre à Bachar el-Assad, qui est pourtant en guerre contre Al-Nosra, Al-Qaïda et Daech. Cela fait désordre. A contrario, les États-Unis se démarquent de plus en plus de Riyad et traitent avec Téhéran alors que les chiites sont en passe de prendre le contrôle du Yémen. À telle enseigne que l’Arabie saoudite se retrouve maintenant encerclée par l’Irak, l’Iran et le Yémen chiites. On imagine quel vent de panique commence à souffler à Riyad… Pendant mes années passées en Irak, j’ai connu nombre de hauts gradés de la Garde républicaine de Saddam Hussein, des dirigeants du parti Baas. Beaucoup ont aujourd’hui rejoint l’État islamique, même s’ils en désapprouvent l’extrême brutalité, l’exécution de civils ou la persécution des chrétiens… Pourtant, au lendemain de la pendaison de Saddam Hussein, George Bush déclarait : « Le monde sans Saddam Hussein est maintenant plus sûr. » Certes, nettement plus sûr !  • 

    Propos recueillis par J.-M. Vernochet

  • PARIS • Pprochaine conférence d'Yvan Blot, lundi 15 juin

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    Il y a toujours eu des pôles d’influence : avant 1914, un pôle révolutionnaire libéral, dominé par la France et le Royaume Uni, s’oppose au pôle « réactionnaire » dominé par l’Allemagne prussienne et l’Autriche. En 1939, trois pôles idéologiques s’opposent : le pôle libéral à l’ouest, le pôle fasciste au centre avec l’Allemagne et l’Italie et le pôle communiste dirigé par l’URSS. Après 1945, et la chute des régimes fascistes, le monde devient « bipolaire ». L’Amérique représente idéalement un pôle conservateur, libéral, anticommuniste, patriote, chrétien et pacifiste. L’URSS apparait comme révolutionnaire, totalitaire, communiste, internationaliste, antichrétienne et belliciste.   

    Aujourd’hui, tout est pratiquement inversé.  Les Etats-Unis sous l’influence de la révolution culturelle des années soixante, sont devenus individualistes libertaires (donc anti-conservateurs), égalitaristes, hostiles au patriotisme des autres, de plus en plus hostiles aux traditions chrétiennes, et bellicistes. 

    La nouvelle Russie est libre du politiquement correct, démocratique car patriote, non communiste, libérale au point d’adopter le « flat tax », conservatrice et chrétienne, et attachée à l’ordre international et à la paix.  

    L’Europe est requise par les Etats-Unis de faire son choix. Les Américains ne veulent pas d’un rapprochement entre la première Rome, celle de l’Occident catholique et la 3ème Rome orthodoxe issue de l’Empire byzantin. Elle cherche à imposer une nouvelle religion séculière de type juridique, celle des droits de l’homme, qu’elle veut imposer après l’échec des religions séculières communistes et fascistes. 

    Tout se passe comme si la tragédie antique « Rome contre Carthage » se reproduisait sous nos yeux. Les Etats-Unis autrefois très unifiés sous des valeurs communes chrétiennes comme le montrait Tocqueville, sont désormais fort divisés. Le livre « One nation, Two cultures » de Gertrude Himmelfarb, montre l’Amérique divisée entre une oligarchie gauchisante, égalitariste style « mai 68 » représentée notamment par Mme Hillary Clinton, qui fait la politique étrangère, et un petit peuple resté très conservateur et chrétien, mais qui n’a pas son mot à dire sur la place du pays dans le monde (courant « isolationniste »).   

    Les Etats-Unis oligarchiques, alliés aux oligarchies européennes, défendent le modèle antique des phéniciens contre Rome. La Russie, défend le modèle romain en quelque sorte. Qu’est-ce-à-dire ? 

    Le modèle phénicien, qui inspira de grandes cités antiques comme Tyr ou Carthage, est fondé sur la primauté des valeurs marchandes, de la domination des mers, de l’artisanat et du droit. Les dirigeants étaient des juges, les « suffètes » élus par des assemblées oligarchiques dans un climat de corruption. La politique et le droit se confondent, les valeurs religieuses et militaires sont marginalisées. La morale pharisienne est mise en avant, ce qui n’empêche pas un lucratif commerce d’esclaves et le culte orgiaque et féministe d’Astarté avec ses hétaïres. L’Amérique, protestante  religieusement, est sensible à ce juridisme politique proche de l’Ancien testament. Le modèle européen serait plutôt Rome : une tradition aristocratique met l’armée en valeur et remet l’esprit mercantile à sa place. Le droit est important mais la religion le transcende totalement. Le modèle éducatif du kalos kagathos, de l’honnête homme ou du gentleman, l’emporte sur l’avidité financière du parvenu. Le conflit Amérique/ Russie où l’Europe devra un jour faire son choix n’est pas qu’un conflit politique mais un conflit entre deux modèles de civilisation. Un sociologue allemand, Werner Sombart, avait déjà montré cette opposition dans son livre « Händler und Helden » : les marchands et les héros, où il opposait l’idéal du businessman anglo saxon matérialiste à celui de l’aristocrate prussien idéaliste. Pour lui, c’était le sens véritable de la guerre de 1914/1918. Sombart regrettait que la France se soit alliée à l’époque à l’Angleterre.  

    Les phéniciens ou l’Empire romain : voilà le choix qui nous est offert à nouveau aujourd’hui. Le monde du « Gestell » de Heidegger avec ses idoles, l’ego, l’argent, les masses et la technique ou le monde de la tradition centré sur Dieu, le sens de l’honneur, la personne humaine et le culte des racines. La Russie a fait son choix au moment où l’Amérique, subvertie par les valeurs des années soixante, pétries d’égalitarisme et de freudisme, se tourne contre son héritage européen. Cette destinée américaine était annoncée dans le poème d’Emma Lazarus, qui se trouve sur le socle de la statue de la Liberté à New York : le poème jette l’opprobre sur le faste des vieilles civilisations aristocratiques (l’Europe est visée) et appelle les foules déracinées à suivre la Lumière du flambeau qui éclaire « la porte d’or » (sic). La Statue de la liberté érige la liberté comme moyen suprême pour se tourner vers le culte de Mammon, le culte de l’or ! Face à ce matérialisme, nous opposerons la statue de la Mère patrie à Volgograd, érigée sur les lieux où l’armée nazie fut vaincue. Cette statue n’appelle pas à gagner de l’argent mais à sacrifier sa vie en héros pour défendre la mère patrie. La statue de New York a été inspirée par un modèle égyptien rigide. La statue de Volgograd est une réplique de la déesse de la victoire chez les anciens Grecs (Niké). Deux façons de voir l’existence !    

    Au 15 juin ! Amicalement 

    Ivan Blot

     

  • Chevènement au Figaro : « La supranationalité européenne a échoué, faisons confiance aux nations »

     

    TRIBUNE - « Le principe d'une autorité supérieure aux États membres de l'Union européenne est désormais rejeté par les peuples du Vieux Continent ». Tel est l'argument des auteurs de cette tribune* pour tenter de refonder l'Europe sur les nations. Ce qui devra être, selon nous, en partenariat avec la Russie. Telle est ici, aussi, notre ligne politique, conforme aux intérêts et à la vocation de la France. Ne nous cachons pas toutefois que même ainsi redéfinie, les divergences d'intérêt, de visées politiques et géostratégiques, sans compter la médiocrité d'une bonne part des dirigeants européens et les réticences désormais installées des peuples, continueront de rendre l'entreprise difficile et aléatoire.  LFAR 

     

    Nous avons connu l'Europe balbutiante, puis l'Europe triomphante, le temps est maintenant venu de l'Europe affaissée que même les coups de boutoir d'un Trump ne réveillent pas. À ces phases d'une « construction » dont le ciment est aujourd'hui irrévocablement fissuré ont correspondu de la part des peuples d'abord l'indifférence, puis la résignation (« c'est l'Europe »), enfin le rejet. Une seule certitude aujourd'hui : l'Europe ne va plus de soi. Trente années de dérégulation sur le marché et de mise sous contrôle des politiques nationales ont rendu ce constat aveuglant.

    Le plus préoccupant dans l'affaire est l'incapacité de la classe politique dans son ensemble à répondre à cette nouvelle « crise de la conscience européenne ». Les principaux partis de gouvernement se taisent ; ils ont enfin compris que l'invocation à « l'Europe mieux expliquée », à « l'Europe des projets », à l'Europe à laquelle « il faut redonner du sens », tout cela est dépassé. Mais ils n'osent franchir le pas vers une vision nouvelle.

    En face d'eux, les casseurs d'Europe prédisent un avenir de tumulte : dénonciations désordonnées et improductives, confondant dans un même opprobre le tout marché et l'immigration incontrôlée, chez le Front national. Insoumission fondée sur la révolte des peuples chez Jean-Luc Mélenchon comme si la seule désobéissance aux règles et directives les plus choquantes tenait lieu en soi d'horizon politique.

    Dans un appel lancé il y a quelques mois à la suite du Brexit, nous avions appelé à la réunion d'une conférence sur le modèle de la Conférence de Messine en 1955. Nous rappelions ce simple fait que, à la faveur de la crise, les peuples se réveillent d'une longue duperie politique. Nous disions que l'Europe ne suit pas un rêve de puissance politique et d'indépendance stratégique. Depuis ses débuts, elle nourrit à l'endroit des peuples une méfiance hautaine et fait de la Commission son auxiliaire technocratique, son agent réfrigérant des passions démocratiques. Aujourd'hui, six décennies plus tard, le vice contractuel entre les peuples d'Europe et les institutions apparaît dans sa vérité crue. Il faut donc revoir de fond en comble le contrat. Il faut le faire en gardant à l'esprit le triple objectif que dessine en creux le rejet populaire : une Europe démocratique, prospère, indépendante.

    Union nouvelle

    Comment y parvenir ? Nous appelons aujourd'hui les chefs d'État et de gouvernement élus d'ici à la fin de l'année en France, en Allemagne, en Italie à lancer une invitation aux pays constituant le nouveau cercle fondateur : il serait composé des principaux pays membres en population et en PIB. Il s'agirait de réunir une conférence refondatrice - pourquoi pas à Rome ? - qui poserait le socle de l'Union nouvelle. Son objet serait de redéfinir les principes essentiels fondant les institutions et les compétences de cette Union, principes qui seraient ensuite soumis au vote populaire par référendum - pourquoi pas le même jour ? - dans chaque pays refondateur.

    Cette conférence des refondateurs redéfinirait en profondeur la vocation des principales institutions actuelles de l'Union européenne : un Conseil des chefs d'État et de gouvernement, seule autorité chargée des grandes décisions avec droit de veto de chaque membre, un Parlement composé de délégations de parlementaires de chaque pays, une Commission chargée de la seule exécution des décisions du Conseil et du Parlement, une Cour de justice chargée d'arbitrer non d'imposer. La conférence déciderait aussi des domaines dans lesquels les compétences de l'Union seraient exercées : politique agricole, énergétique, recherche… La question de l'Europe de la défense serait quant à elle subordonnée à la ferme volonté d'une indépendance de l'Europe. À défaut de ce choix commun, devraient être envisagées des alliances partielles au cas par cas.

    À l'issue des référendums approuvant cette refondation, des conventions composées de membres de gouvernements et parlements nationaux déclineraient le traité nouveau, en prévoyant le passage du système ancien avec sa réglementation foisonnante au système nouveau.

    Ne nous résignons pas à laisser la crise de l'Europe faire de celle-ci un continent à la dérive dans un monde où se nouent les grands enjeux de demain. Ne laissons pas la génération qui vient dans un bateau ivre, conduit par des courants venus d'ailleurs. Est-ce trop demander à l'heure où la France va décider pour cinq ans de son destin ? 

    « Depuis ses débuts, l'Union européenne nourrit à l'endroit des peuples une méfiance hautaine et fait de la Commission son auxiliaire technocratique, son agent réfrigérant des passions démocratiques »

     

    * Jean-Pierre Chevènement, Marie-Françoise Bechtel, Éric Conan, Franck Dedieu, Coralie Delaume,Éric Delbecque, Estelle Folest, Jean-Pierre Gérard, Christophe Guilluy, Emmanuel Lévy, Michel Onfray, Jean-Philippe Mallé, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Claude Revel et Paul Thibaud.

    Article publié dans le Figaro du 24.03.2017

  • Civilisation • Laurent Dandrieu : « l'Église doit défendre l'identité »

     

    ENTRETIEN. Quel est le rôle du pape dans le suicide de la civilisation européenne ? Rédacteur en chef des pages culture de Valeurs actuelles et spécialiste des questions religieuses, Laurent Dandrieu signe un livre choc sur la politique de l'Église face à l'immigration.

     

    dandrieu-2.jpgPROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL DE GISLAIN

    Vous montrez que les migrations sont devenues pour l'Église le moyen de faire advenir « l'unité de la famille humaine ». La crise des migrants ne fait-elle que révéler ne posture idéologique de l'Église plus ancienne ?

    Le discours de l'Église sur les migrations est né très récemment et s'est inventé sans véritable ancrage dans la Tradition. Il se développe notamment dans les années 196o, où l'Église est marquée par un état d'esprit favorable à la mondialisation, qu'elle voit comme une réalisation avant l'heure de la « cité sans frontières de Dieu ». Dès lors, la migration est perçue comme un moyen de manifester « l'unité de la famille humaine » défendue par Jean XXIII dans Pacem in terris (1963).

    Aussi ne faut-il pas s'étonner si le droit de migrer, qui était encore soumis sous Pie XII à une exigence de nécessité vitale, devient sous Jean XXIII un « droit inhérent à la personne humaine » défini comme « la faculté de se rendre en tel pays où on espère trouver des conditions de vie plus convenables », et dès lors le droit des États à réguler les migrations devient secondaire par rapport à une migration qui, pour Jean-Paul II, symbolise le plan de rédemption de Dieu pour l'homme, et « contribue à cultiver le "rêve" d'un avenir de paix pour l'humanité tout entière. »

    Contrairement à l'image qu'il donne de lui, le pape François est-il un pape politique ?

    L'immigration est au coeur de son pontificat... Elle l'est par la force des choses, puisque ce pontificat coïncide avec la crise des migrants et l'explosion du terrorisme islamique en Europe. Mais alors qu'on aurait pu attendre que cela le pousse à davantage de prudence, on a assisté à une sorte de fuite en avant, avec un discours dévalorisant les frontières, dénonçant les politiques restrictives, et prêchant un accueil inconditionnel. C'est un discours qui ne cesse de se présenter comme exclusivement dicté par l'Évangile, mais qui est en réalité éminemment politique, comme lorsque le pape ramène . de Lesbos des migrants soigneusement choisis parmi les familles musulmanes. Quand le pape dit que, même s'il y a un risque d'infiltration terroriste, il faut accueillir car c'est un commandement de la Bible, ce primat de l'accueil sur la sécurité est en soi une position politique. En réalité, sur ces questions, tous les papes ont fait de la politique, prônant le regroupement familial ou condamnant les politiques d'assimilation. Et concrètement, les évêques occidentaux n'ont jamais cessé de condamner les politiques restrictives comme contraires aux droits humains. Le secrétaire général de la conférence épiscopale italienne, Mgr Galantino, nommé à ce poste par François, a même déclaré que l'accueil des migrants était une compensation que nous leur devions pour avoir pillé leurs pays durant la colonisation...

    On est frappé par la concomitance des paroles du pape François à Lampedusa ou à Lesbos et la décision d'Angela Merkel de laisser entrer un million de migrants... L'humanitarisme à l'excès met-il l'Église sur la voie d'une forme de libéralisme ?

    Je ne sais pas si c'est l'humanitarisme ou le libéralisme qui a primé dans la position de Mme Merkel. Ce qui est certain c'est que, depuis des décennies, les milieux libéraux et patronaux poussent à la roue de l'immigration de masse, en raison de la formidable pression à la baisse qu'elle exerce sur les salaires. L'archevêque hongrois Gyula Mârfi y a même vu une forme moderne d'esclavagisme. Il est donc d'autant plus désolant de voir l'Église prêter la main à ce phénomène.

    L'islamophilie à laquelle s'abandonne l'Église, particulièrement sous le pontificat actuel, se fait-elle au mépris de la nature véritable de l'islam ?

    Ce qui est certain c'est que le dialogue interreligieux engagé avec l'islam depuis les années 196o a poussé à mettre de côté certains sujets qui fâchent, notamment la question de la violence, mais aussi celle de l'incompatibilité de l'islam avec nombre de valeurs occidentales. Seul Benoît XVI a tenté d'aborder la question de la violence, retournant la violence islamique contre lui, mais aussi poussant nombre d'intellectuels musulmans à entreprendre une salutaire réflexion. François, lui, a décidé de revenir à l'angélisme, soutenant que le terrorisme islamique n'a rien à voir avec l'islam, « parce que le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s'opposent à toute violence » (Evangelii Gaudium, 2013). Ce faisant, il ne rend service ni aux musulmans, qu'il conforte dans leur déni, ni aux Européens, dont ce discours émollient affaiblit l'esprit de résistance.

    Alors qu'on assiste au retour des peuples en Europe, l'Église n'est-elle pas en décalage en refusant aux nations le droit légitime de se protéger ?

    En matière politique, l'Église a souvent un train de retard... Traditionnellement, elle avait pourtant toujours su miraculeusement tenir les deux bouts de la chaîne, comme dit Bossuet, entre l'universalisme qui fait partie de son ADN et la bénédiction des identités particulières qui sont le cadre concret de son évangélisation et le canal par lequel l'homme prend conscience de cette universalité. C'est pourquoi Pie XII écrivait, dans Summi Pontificatus (1939), qu' « il n'est pas à craindre que la conscience de la fraternité universelle, inculquée par la doctrine chrétienne, et le sentiment qu'elle inspire, soient en opposition avec l'amour que chacun porte aux traditions et aux gloires de sa propre patrie, et empêchent d'en promouvoir la prospérité et les intérêts légitimes ; car cette même doctrine enseigne que dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux ». Il est urgent que l'Église retrouve cet équilibre et permette aux peuples d'Europe de protéger leur identité nationale des menaces que fait peser sur eux l'immigration de masse, faute de quoi l'universalisme qu'elle prône ne sera qu'un vain mot et le cache-nez de l'anarchie et du chaos.

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    À LIRE : ÉGLISE ET IMMIGRATION, de Laurent Dandrieu, presses de la Renaissance, 18 euros.

    Politique magazine, février 2017  -  Consulter ... S'abonner ...

  • La question scolaire en France. Partie 1 : L'hypocrisie et les blocages de l'Education nationale.

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

     

    1345578492.2.jpgLors des émeutes de l'automne 2005, j'avais proposé au proviseur du lycée Hoche de Versailles d'échanger pour les mois suivants quelques heures de mon service avec des collègues de mon ancien collège des Mureaux, en zone défavorisée, pour soulager un peu ceux-ci et leur montrer un autre visage de l'enseignement tandis que j'espérais que mon expérience passée de « professeur de ZEP » (neuf ans au collège Jean-Vilar des Mureaux) servirait à dénouer temporairement quelques soucis. C'était aussi un moyen d'affirmer une solidarité active, tant avec les professeurs et les administrations des établissements considérés comme « difficiles » qu'avec des élèves souvent persuadés que la France les a rejetés parce qu'ils étaient nés là ou au loin, et qui se sentent, pas totalement à tort, marginalisés par l’Éducation nationale, plus injuste encore qu'inégalitaire...

     Si l'idée d'un tel échange a tout de suite plu aux autorités du lycée et à quelques enseignants des deux établissements éloignés d'une poignée de kilomètres, le rectorat et l'inspection académique m'ont tout de suite fait savoir, oralement et assez sèchement, qu'une telle initiative était impossible, non seulement à mettre en place, mais aussi à proposer ! Les textes étaient clairs, les consignes étaient strictes : il m'a été ainsi répondu que si je voulais donner des heures de cours aux Mureaux, il fallait demander ma mutation là-bas, ce qui n'était pas mon intention puisque je ne souhaitais y donner que quelques heures (j'avais proposé six heures, soit un tiers de mon service), et que c'était la même perspective pour les quelques collègues du lycée qui avaient accepté de me suivre dans ce projet malheureusement administrativement et légalement impossible. Ainsi m'apparaissaient encore plus nettement l'un des nombreux blocages de l’Éducation nationale et la froide logique d'un système à la fois jacobin et kafkaïen, apparemment incapable de cette nécessaire souplesse qui, pourtant, pourrait résoudre moult problèmes sans défaire l'ensemble. J'en ai conçu une amertume et une colère encore plus fortes que d'ordinaire, et l'hypocrisie d'un système qui ne cesse de parler de justice sociale, d'égalité des chances ou de bien-être scolaire pour éviter d'avoir à les pratiquer, m'a poussé à reprendre, pour ce qui était de cette École-là, deux formules, l'une d'origine familiale, l'autre d'origine plus politique : « L’Éducation nationale, c'est « grands principes, petite vertu » » et « Delenda Schola » (« Il faut détruire l’École », si l'on en suit le sens général, en tant qu'institution centralisée, une proposition du royaliste Pierre Debray, jadis étalée en couverture du mensuel monarchiste Je Suis Français...). Bien sûr, ces formules un peu abruptes nécessitent explication et nuance, mais elles méritent tout autant attention et réflexion et, au-delà, fortes propositions ! 

    Contrairement aux belles pages de l'éducation civique et morale qui emplissent les manuels de cette matière plus justificatrice du « Système » en place que de la réflexion libre et argumentée, l’École ne garantit, malheureusement, aucune des promesses qu'elle continue de vanter année après année, échec après échec. Cela serait sans doute pire si elle n'existait pas, mais certains de mes collègues en sont de moins en moins sûrs, preuve d'une perte de confiance indéniable et, peut-être, d'un fatalisme qui ne cesse de s'étendre ces dernières décennies, au détriment de l'esprit d'initiative et de justice réelle.

    Ainsi, l'égalité des chances (qui ne doit en aucun cas être confondue avec l'égalitarisme qui en est, en réalité, la négation) est devenue un leurre : selon que vous serez scolarisé dans un collège de banlieue défavorisée ou dans un établissement de centre-ville plus huppé, les conditions d'étude ne seront évidemment pas les mêmes et les motivations des enseignants, comme leur travail, ne seront pas semblables. Cela a d'ailleurs toujours été le cas, au moins contextuellement parlant, mais il y avait jadis l'idée que les moyens mis en œuvre par les autorités scolaires pour les écoles dites publiques permettaient un certain rééquilibrage et une forme d'équité scolaires, et aucune zone éducative ne semblait « abandonnée », ne serait-ce aussi que parce que la motivation des « hussards noirs de la République » était de type missionnaire comme celle des religieux qui tenaient les écoles privées avant que la République ne leur fasse une guerre qui, en certains lieux, n'est pas totalement achevée... Aujourd'hui, les enseignants nommés dans les établissements de ZEP ne pensent, à quelques exceptions près, qu'à en partir, malgré des dispositions financières parfois avantageuses. Souvent, ce ne sont pas les élèves en eux-mêmes qui découragent les collègues, mais c'est bien plutôt l'impression d'impuissance devant une situation de plus en plus compliquée qui motive le départ des professeurs vers d'autres zones moins conflictuelles : l'usure des bonnes volontés est une triste réalité qui ne trouve pas de réponse ni de réconfort dans les politiques des rectorats et du ministère central...  

    (à suivre)

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin