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Entretien avec le père Jean-Marie Benjamin, dans Boulevard Voltaire

La politique des pays dits occidentaux dans le monde arabe, au moins depuis la première guerre du Golfe, justifie pleinement la critique du connaisseur qu'est le père Jean-Marie Benjamin. C'est des erreurs tragiques de cette politique que nous supportons aujourd'hui les conséquences.

Jean-Marie Benjamin, de son vrai nom Guillaud-Benjamin, né le 11 avril 1946 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), frère de l’actrice Joëlle Guillaud, est un compositeur de musique, chef d’orchestre, écrivain, réalisateur et producteur de films français. Fonctionnaire des Nations unies auprès de l’UNICEF de 1983 à 1988, il devient prêtre catholique en 1991 et milite contre la guerre d’Irak depuis 1998. Il réside en Italie depuis 1975.

Durant vos nombreux voyages en Irak, entre 1997 et 2003, vous avez maintes fois rencontré le vice-Premier ministre chrétien de Saddam Hussein, Tarek Aziz et vous lui avez organisé une rencontre avec le pape Jean-Paul II, le 14 février 2003. Vous dites dans votre livre qu’il y a eu des pressions au Vatican pour empêcher cette rencontre. Lesquelles ?

La visite de Tarek Aziz au Saint-Père s’est en effet heurtée à de forts obstacles de la part du gouvernement de Silvio Berlusconi et de Washington. Plusieurs monsignori de la Secrétairerie d’État bénéficiaient alors des « faveurs » de Washington et ne voulaient surtout pas les perdre. Mais le pape n’en a pas tenu compte et l’audience a eu lieu. D’autres pressions ont été exercées : quand Tarek Aziz est arrivé à Rome, il devait participer à une importante émission télévisée sur la RAI. Non seulement sa participation a été annulée, mais les directeurs de toutes les chaînes publique ont reçu des instructions formelles pour lui interdire l’accès aux plateaux.

Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné sous le coup d’une peine capitale. La DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure, vous a contacté en 2003 pour proposer l’asile politique à Tarek Aziz. Pourquoi celui-ci a-t-il refusé ?

Tarek Aziz m’a répondu : « Veuillez remercier le président Chirac, mais je ne peux pas laisser mon peuple mourir sous les bombes et me réfugier tranquillement à l’étranger. J’ai le devoir de rester aux côtés du peuple irakien et de ma famille. » Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné depuis douze ans. Transféré depuis le mois d’août dernier dans le sud de l’Irak, il est malade, sans assistance médicale. Il a subi plusieurs ictus, parle difficilement et a perdu 35 kg. En fait, il est mourant, sous le regard indifférent de la Communauté internationale. Vous verrez que lorsqu’il décédera, l’on entendra les hommes d’État déclarer qu’Aziz était un « homme modéré, un grand diplomate » et que le traitement qu’il lui a été infligé « était injuste ». Ce sera le chœur larmoyant des défenseurs des droits de l’homme et autres exportateurs de démocratie !

Devant le chaos qui règne aujourd’hui en Irak, en Syrie, au Yémen, l’impression domine que les gouvernements occidentaux ne savent plus comment gérer la situation ? Mais qui se trouve derrière l’État islamique ?

La grande presse nous dit que l’État islamique et les groupes djihadistes sont financés par les monarchies du Golfe. Curieusement, les noms de ces pays ne sont jamais mentionnés. Or, tous sont des alliés de l’Occident et tous y investissent par dizaines de milliards de dollars. Au-delà des hypocrisies sémantiques, chacun sait qu’Al-Qaïda, Al-Nosra et l’État islamique sont soutenus, armés et financés par de riches Saoudiens. Que les takifiristes qui opèrent en Syrie et sur d’autres fronts anti-chiites sont soutenus par Riyad. Bref, ceux qui financent le terrorisme islamique dans le monde et aussi en Europe sont principalement des Saoudiens et le Koweït. Tous les gouvernements le savent pertinemment. Le grave problème des hommes politiques occidentaux, malgré leurs myriades d’experts, est qu’ils ne comprennent quasiment rien au monde arabe. Tous demeurent radicalement étrangers aux mentalités, aux traditions et aux aspirations de ces populations, sans parler d’une profonde méconnaissance de l’islam. Leurs conseillers sont restés des années les fesses collées sur les bancs des universités pour accumuler des titres. Diplômés jusqu’aux oreilles, ils n’ont en réalité aucune connaissance réelle de l’Orient arabe.

La France ne fait évidemment pas exception ?

Le Président français se rend à Riyad pour y recevoir l’accolade du roi… et un beau chèque ! Après quoi l’on nous raconte que la France lutte contre l’État islamique terroriste, mais elle fait la guerre à Bachar el-Assad, qui est pourtant en guerre contre Al-Nosra, Al-Qaïda et Daech. Cela fait désordre. A contrario, les États-Unis se démarquent de plus en plus de Riyad et traitent avec Téhéran alors que les chiites sont en passe de prendre le contrôle du Yémen. À telle enseigne que l’Arabie saoudite se retrouve maintenant encerclée par l’Irak, l’Iran et le Yémen chiites. On imagine quel vent de panique commence à souffler à Riyad… Pendant mes années passées en Irak, j’ai connu nombre de hauts gradés de la Garde républicaine de Saddam Hussein, des dirigeants du parti Baas. Beaucoup ont aujourd’hui rejoint l’État islamique, même s’ils en désapprouvent l’extrême brutalité, l’exécution de civils ou la persécution des chrétiens… Pourtant, au lendemain de la pendaison de Saddam Hussein, George Bush déclarait : « Le monde sans Saddam Hussein est maintenant plus sûr. » Certes, nettement plus sûr !  • 

Propos recueillis par J.-M. Vernochet

Commentaires

  • Poignant Tarek AZIZ
    Vrai martyre. Esprit éclairé, cultivé, totalement désintéressé dans le monde financier du pétrole.
    Petite correction, le père Jean-Marie Benjamin n’eut pas en face de lui la DGSE dont le Directeur Général de l’époque ne brillait pas par son courage, mais des contacts très fiables capables de restituer fidèlement ce que disait son respectable interlocuteur. Mais De Villepin (le DG de la DGSE était son valet) était plus préoccupé de briller à l’ONU qu’à sauver nos dévoués serviteurs … Tarek Aziz voulait absolument empêcher l’armada américaine de débarquer dans son pays. Il essaya de faire intervenir Amin Gemayel, sans aucun succès. Tous les grands diplomates du Quai d’Orsay qui tentèrent de l’aider, ne réalisèrent pas que le temps d’une politique étrangère « gaulliste », indépendante des Etats-Unis, était révolu. La France était la lumière de Tarek.
    Oui le père Benjamin vise juste, le monde occidental (je n’aime pas ce qualificatif), ne comprend rien au monde arabe. La France a toutes les connaissances pour tout comprendre. Ce qui supposerait qu’elle conduise seule ses affaires selon ses intérêts. Ce n'est plus le cas ...

  • excellent diagnostic hélas sur l'irak et le malheureux Tarek Aziz, dont l'auteur a omis de signaler qu'il est chrétien! Je désire entrer en contact avec le P jean-Marie BENJAMIN, AU MOINS PAR COURRIEL pour partager sur l'islam et J-J WALTER.
    AMITIÉS à Hilaire et à toute l'équipe de lafauteàrousseau! Jean-Paul

  • voir mon commentaire ci-dessus svp

  • 1- Acte I

    « Le 17 Janvier 1991, un quart de siècle et c’est déjà dans les annales de l’oubli ! »
    Nous étions tous à table ce jour-là, ma fille Diane venait d’avoir 10 ans, ses grands frères 15 et 17 ans étaient suspendus avec nous face à l’écran de télévision qui depuis plusieurs jours, diffusaient en boucle des informations de plus en plus alarmantes sur l’imminence d’une intervention militaire d’une grande envergure en Irak, suite à l’invasion du Koweït par l’armée Irakienne de Saddam Hussein.
    Une coalition Internationale regroupant 34 pays, s’était mobilisée contre un seul pays, berceau de tant de civilisations mésopotamiennes, chaldéennes, babyloniennes, sumériennes, assyriennes, et musulmanes. Pourtant, tout l’Occident avait soutenu, celui qui avait été leur meilleur allié durant la Guerre Iran-Irak, avec pour bilan : un million de morts, autant d’handicapés, des milliards de Dollars gaspillés aux profits des marchands d’armes, et pour le plus grand bien du pouvoir d’achat des Nations Unies, dites civilisées. La croissance repartait pour un petit bout de la lorgnette !
    Le Liban, pays si pacifiste, si hospitalier, si harmonieux, venait à peine de sortir d’une guerre civile sans merci (1975-1990) avec des conséquences catastrophiques pour la population, pour la minorité chrétienne, pour la convivialité Islamo-chrétienne, citée souvent en exemple, dans tout le monde Arabe, et que dire des interminables guerres Israélo-Arabes depuis 1948 jusqu’aux premiers jours noirs de l’an 2015 au cœur de Paris !
    Ainsi va le monde, l’histoire se répète, les Grands devenus si petits, restent aveugles, sourds, face à la barbarie, et aux conséquences désastreuses de leurs éternelles politiques belliqueuses et colonisatrices. Aveugles par leur orgueil, sourds par leur corruption, coupables par leurs mauvaises actions. Ils peuvent continuer à parader, sourire aux lèvres, à récupérer, à voyager, à travestir, sans jamais chercher une seule fois à se remettre en cause, en se demandant : mais si on s’était trompé depuis le début ?
    Il était environ 13h ce Jeudi 17 Janvier 1991, nous étions tous les 5 réunis autour de la table de la salle à manger, face à notre écran de télé quand TF1 diffusait les premières images, sous forme d’un déluge de bombes signant la suprématie d’une armée, celle de la Coalition composée de près d’un million de soldats, je dis bien d’un million de soldats, dont 500.000. Américains, et les 500.000 autres moutons d’Occident et d’Orient, venus tous chasser en chœur, sur les terres d’Abraham, d’Issac et de Jacob, pour tuer le méchant loup qui les avait pourtant, si bien servis.
    Pourtant le 23 Avril 1990, un message important venait d’être délivré par la Vierge à Mariette une voyante, que je connaissais bien et qui habitait Alep ma ville natale, aujourd’hui ville martyre à l’image de Berlin après-guerre. Après avoir mesuré l’importance et la gravité de ce message sous forme de prière et d’avertissement, survenu 3 mois avant l’invasion du Koweït. Je n’hésitais pas à écrire à de nombreux chefs d’Etats, de Monarques, y compris le Pape et le célèbre journaliste de Tf1 ( Patrick Poivre d’Arvor), expliquant à tous le bien fondé de ma démarche, avec l’espoir de ne pas être confondu avec un original ou tout simplement, un illuminé de bas étage, concluant ma lettre : Quand la Vierge parle en arabe à une arabe, dans mon pays d’origine, je la prends au sérieux…




    2-
    Mes sept lettres recommandées (AR), avec une spécialement adressée au Président Bush junior en langue anglaise, n’ont pas réussi à éviter l’invasion du Koweït qui survint le 17 Août 1990. C’est à cet instant que je pris conscience de la dimension extraordinaire, que pouvait revêtir l’importance d’un tel message qui s’adressait particulièrement aux responsables de notre planète.
    Cinq mois plus tard, ces derniers n’hésitent pas à lancer leur funeste opération « Tempête dans le Désert », dont on voit aujourd’hui toutes les conséquences incalculables de misères, d’exodes, de maladies cancéreuses liées à l’utilisation de l’Uranium appauvri, sans compter toutes les pollutions atmosphériques qui continuent à perturber le climat sur toute la planète.
    24 ans plus tard, la meute est toujours-là. Seuls les noms ont changé. Mais la haine et la vengeance ont revêtus leurs plus beaux vêtements sournois. Elles se nomment tantôt «Démocratie», tantôt ingérence humanitaire. Pour s’en assurer, il suffit d’écouter quelques philosophes des plus médiatisés, de BHL à Houellebecq en passant par nombre de médias qui n’hésitent pas à discréditer les quelques voix courageuses d’un Michel Onfray ou d’un Éric Zemmour qui refusent de s’inscrire dans le cortège du « Politiquement correct, c’est à dire aux ordres » !
    Peut-on dans ces conditions parler toujours de liberté d’expression, sans se faire embrigader ! Et comme dans les meilleurs films hollywoodiens, il fallait donner un nom à cette gigantesque parodie nommée « Tempête dans le désert ! » A cela près, que dans le scénario préparé minutieusement par les meilleurs services de renseignements américains, avec pour projet, le découpage du Proche et Moyen Orient, le film d’hier comme celui d’aujourd’hui ne pouvait aboutir à un happy end. 24 ans plus tard, on mesure les conséquences catastrophiques en Irak, en Libye en Egypte, mais aussi en Syrie !

    Acte II
    Toujours ce Jeudi 17 Janvier 1991, alors que nous étions figés, malheureux d’assister impuissants à ce nième Massacre des Innocents, je vis ma petite fille de 10 ans se retirer discrètement, alors que son repas était à peine terminé. Il était environ 13h30, je m’en souviens encore, et mon livre est là pour le rappeler. Je pensais naïvement que ma fille était montée dans sa chambre, pour se préparer à partir à l’école. Mais quand je l’ai vu redescendre, se diriger vers moi, me dire avec gravité : papa, j’ai fait un poème, c’est ma prière pour les enfants d’Irak.
    A cet instant tragique de l’histoire, j’ai pu lire dans ses yeux, et dans son cœur toute l’immensité d’amour qu’en enfant pouvait avoir pour tous les enfants du monde, dès lors qu’il s’agissait d’injustices ou de violences.
    Je restais stupéfait, médusé voire silencieux, me contentant de tendre cette étonnante feuille, en disant à ma femme, tiens vois ce que Diane viens d’écrire en moins de 20 minutes, je retenais mes larmes devant ces belles pensées venues d’ailleurs, venues pour le monde entier. Mais le monde une fois de plus ne l’a pas reconnue !






    3- O Seigneur !
    Toi qui as donné la force à Jérémie,
    Donne-la-nous aussi
    Indique-nous où se trouve le potier
    Pour pouvoir l’imiter
    Envoie-nous Jérémie
    Pour guérir la maladie,
    La maladie qui emplit la terre,
    La maladie de la guerre !


    Oh ! Seigneur !
    Toi le Tout-puissant,
    Épargne tes enfants
    Détruis la guerre incertaine
    Qui n’est plus du tout humaine
    Pense aux malheurs,
    À ceux qui n’ont plus de cœur,
    À ceux qui provoquent la guerre,
    La guerre irakienne


    Oh ! Seigneur !
    Serre la main à la paix,
    À l’entière loyauté
    Aide les soldats courageux
    Qui obéissent aux ordres malheureux
    Seigneur, encore une chance
    Pour que la guerre s’étanche
    La chance de la vie,
    La chance de Jésus-Christ !


    Oh ! Seigneur !
    Aide-nous dans la vie de tous les jours,
    La vraie vie où il y a encore un peu d’amour
    La vie où l’on pense :
    « Ce qu’on a de la chance ! »
    Et où on espère Qu’il n’y aura plus de guerre
    Amen
    Diane le 17 Janvier 1991




    4-
    Depuis, nos enfants, vos enfants ont grandi. Les guerres économiques, religieuses, et géopolitiques elles, n’ont jamais cessées de fleurir dans le monde. Avec leurs habituels cortèges de victimes, de violences, de crimes contre l’humanité, l’éradication sans précédent des chrétiens du P.O. depuis le dernier génocide des arméniens il y a cent ans.
    Pourtant la guerre froide, éternel prétexte des argumentaires américains, (l’Afghanistan hier, l’Ukraine aujourd’hui, la Syrie demain et l’Iran un jour) réveillent les vieilles peurs du Pentagone qui après la chute du mur de Berlin tirent la sonnette d’alarme sur le devenir de la 1ère armée du monde qui avec un budget de 1000. Milliards de dollars par an, et un arsenal militaire sans précédent ne peut se résigner à une paix durable dans le monde, au risque de mettre en péril des centaines de milliers d’emplois, au sein de l’armée américaine, et ébranler la raison même de la survie de l’Otan menacée et dont le budget annuel s’élève à lui seul, à la somme astronomique de 1000 milliards d’Euros, financés par les contribuables européens.
    D’où la stratégie conflictuelle née des cendres du 11 Septembre, avec la feuille de route militariste et machiavélique du Président W. Bush qui n’a ni foi ni loi, et qui s’est érigé en maître du monde, avec son axe du mal, qui définit arbitrairement quels sont les pays, de préférence arabes à classer parmi ceux qu’on doit abattre ! On diabolise l’adversaire d’abord, avec des mensonges du type (armes de destruction massives), ensuite on invoque l’urgence humanitaire, une fois le chaos installé, en Libye, en Irak, et en Syrie, le successeur de Bush, le Président Barak Obama est récompensé d’un étrange Nobel de la paix, lui qui a été l’un des plus guerriers de tous les temps !

    Acte III
    Au lendemain de la guerre en Irak en 2003, (Itinéraire d’un chrétien d’orient) telle fut la 1ère édition de mon livre qui traçait mon Itinéraire entre l’Orient et l’Occident avec ses épreuves, ses combats, et ses témoignages de phénomènes surnaturels survenus en Syrie et au Liban, depuis près de 20 ans. Et c’est paradoxalement dans cette Terre Sainte, que tous les démons se sont déchaînés, faisant couler plus de sang que d’encre, tout en suscitant à la fois, l’interpellation du Vatican et la curiosité de nombreux scientifiques du monde entier !
    C’est ainsi qu’une quatrième édition vit le jour en Juillet 2014 avec comme sous-titre : Il était une fois…la Syrie ! Ma voix enfin, à l’image d’un Geyser bouillonnant jaillissait du désert ! En 2012, paraissait mon 2 ème livre : « Le Silence de Dieu ! » qui révélait l’historique de tous ces phénomènes surnaturels survenus depuis un quart de siècle, à travers 3 femmes et un homme devenu ermite, et l’autre silence plus pesant, celui des grands de ce monde qui face aux massacres de tant d’innocents en Libye, en Irak, en Egypte et en Syrie, continuaient à tourner le dos à une réalité, dont ils étaient les premiers responsables.
    2009 à 2012 nous résidons en Syrie, à Alep où nous sommes sollicités pour créer une école d’Infirmier, sous les très bons hospices des autorités franco-syriennes. Mais en Juillet 2012, notre sécurité n’étant plus assurée nous quittons la Syrie sous les bombes, parvenant miraculeusement jusqu’à l’aéroport d’Alep, et deux heures plus tard nous atterrissons avec soulagement à l’aéroport International de Rafic Hariri à Beyrouth.

    5-
    « Syrie, une guerre sans nom ! » sera notre troisième livre né des cendres des Printemps Arabes, vécus par la majorité des syriens comme des printemps pourris, exportés par l’Occident pour des raisons géopolitiques qui n’ont rien à avoir, avec la soi-disant « démocratie ». Ce livre parviendra à toucher de nombreux journalistes indépendants, qui le communiqueront à leur tour à bon nombre de députés français en Juin 2014, sous la forme d’un document de cinq pages, appelé « Recension ».
    Mais notre témoignage si impartial soit-il ne modifiera pas le cours de l’histoire, jusqu’à cette nuit du 7 au 8 Janvier où je n’arrivais pas à dormir, tant je compatissais avec ce qui venait de se passer ici en France au cœur de Paris. Révolté, indigné, à quoi avaient servi toutes mes analyses et lettres ouvertes aux grands de ce monde ! A quoi avait servi cette fameuse lettre au Président du Parlement Européen, face aux Massacres des Innocents (50 civils enfants, femmes, vieillards, et prêtres qui ne faisaient qu’assister à la messe) dans une église syriaque à Bagdad au moment même où j’étais au Liban invité au salon de francophonie de Beyrouth en 2010, et qui avaient provoqué les seules larmes des familles des victimes !
    « Je suis ou je ne suis pas Charlie ! ». J’étais persuadé que la polémique à travers ce slogan, devenu un rituel solidaire qui sacralisait cet hebdomadaire, dont tous les objectifs étaient de désacraliser tout ce qui était sacré, au nom précisément du sacro-saint droit à la liberté d’expression avec pour argumentaire : dans une société dite civilisée on doit pouvoir rire de tout ! En tant que Français d’adoption je pouvais comprendre cet espace de liberté et de culture, mais l’oriental qui est le syrien en moi, fut-il chrétien avait du mal à intégrer ce rire, d’un Prophète qui a marqué l’histoire de la 2 ème religion du monde !
















    6-
    Acte IV
    « La nuit du 7 Janvier au matin du 8 Janvier 2015 »


    Je ne suis pas Charlie. Je suis Syrien.
    Je ne suis pas Charlie, mais je suis Syrien depuis 4 ans, soit 48 mois.
    Je ne cherche pas la provocation, je cherche le pourquoi ?
    Je ne cherche pas l’originalité, mais je dois répondre à l’enfant syrien.
    Il m’a écrit hier ceci : on a tué mon père, on a tué ma mère, on a tué ma sœur.
    Et personne en France n’a parlé de mon père, ni de ma mère, ni de ma sœur.
    Pourquoi ne m’a-t-on pas appris à dessiner !

    Je ne suis pas Charlie, mais nous sommes cent cinquante mille syriens.
    Victimes de cent cinquante mille Mohamed Merah, Kouachi, Kardawi et compagnies.
    J’ai répondu à cet enfant que l’Occident était aussi coupable que l’Orient.
    Je n’ai pas pu lui promettre un monde meilleur, car sa famille était ce monde meilleur.
    Je lui ai dit que j’étais comme son papa, un syrien.
    Un Syrien qui avait choisi la France à vingt ans.
    Un Syrien qui pleure sur la Syrie, un Syrien qui pleure sur Charlie.
    Un Syrien qui veut la vérité, un Français qui dénonce les responsabilités.

    Oui je pleure sur la France avec les mêmes larmes, qui sont syriennes.
    Depuis 40 ans je n’ai cessé d’écrire, aux grands d’Occident et d’Orient.
    Voix dans le désert, dans cette Eglise de France qui n’a que le nom !
    Il y a 10 ans dans une lettre ouverte à Dominique de Villepin 1er Ministre.
    Je le mettais en garde contre la libanisation de notre société française.
    Aujourd’hui, c’est trop tard, et je pleure sur les familles de Charlie.




    7-
    Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on imaginer.
    En voyant un vol d’hirondelles que les Printemps arabes sont arrivés !
    Quand on voit que ce sont les vautours qui sont déplacés.
    On comprendra que la guerre ne fait que commencer.

    Oui je suis syrien depuis toujours, oui je suis français de tout cœur.
    Les mots, les indignations, les émotions, les défilés faux ou vrais.
    N’effaceront jamais l’ignominie, les mensonges, les convoitises, et les trahisons !
    Il est venu le temps de la Révolution, de la liberté, de la vraie fraternité.
    Il est venu le temps de dire aux anciens prédicateurs de la politique ou de la religion :
    Dégagez, laissez la place aux jeunes, ils sont capables de vous surpasser…JCA.


    En écrivant ces quelques lignes à la famille, à des amis, je ne cherchais ni adhésion, ni compliments, comment aurais-je pu le faire dans de pareilles circonstances, quand toute la France se sentait endeuillée ! Je pensais avant tout, profondément aux familles des victimes, en me mettant à leur place, comment aurais-je réagi moi-même ? Je pense que je me serais arrêté de penser, peut-être de vivre, au mieux de survivre !
    Suite à cette page ouverte où j’affirmais sereinement ma Syrianité, doublée d’une humanité envers les victimes et leurs familles, je fus surpris du nombre important de réactions positives, à l’exception d’une, celle d’un de mes meilleurs amis juifs de France, qui tout en souscrivant au caractère généreux et poétique de ma prose, me reprochait gentiment d’avoir dit : je ne suis pas Charlie !
    Nous avions depuis plus de 30 ans les relations les plus cordiales, les plus simples et les plus sincères.
    A plusieurs reprises lui, le survivant de la « Shoa », moi le « Syrien », l’écorché vif de tant de guerres entre des religions, qui avaient autrefois, si bien cohabitées au Levant. Nous avions fait et refait le monde. Lui comme moi, nous savions que si les gouvernants nous avaient ressemblés, très vite le mot de fraternité, de liberté et de paix se serait instauré entre les peuples.
    Pour répondre à sa remarque, je l’invitais à me relire afin de mieux comprendre le sens profond de ma pensée qui en aucun cas, pouvait souffrir d’un quelconque amalgame. En signe d’amitié et même d’honnêteté, il me confia aussitôt une lettre qu’il venait de recevoir d’un de ses amis Cinéastes, de même confession, et que je ne connaissais pas personnellement. Sa lettre ouverte s’inscrivait parfaitement dans la logique qu’à été la mienne, à cela près qu’elle était bien plus virulente envers nos dirigeants, toutes tendances confondues.




    8-
    Acte V
    Conclusion à travers 3 Ecrivains de France, de Syrie et d’ailleurs, tous les 3 amoureux de la liberté qu’elle soit d’expression ou de conviction ! Je vous les transcris fidèlement en vous souhaitant une Bonne Année et…
    Que l’année 2015 soit l’occasion providentielle de ce siècle, afin que les martyrs d’hier et d’aujourd’hui puissent permettre à tous les Français de se retrouver autour des valeurs qui les réunissent et qui les unissent, pour ne laisser la place à aucune récupération politique ou médiatique, qui ne ferait qu’affaiblir encore plus la France, sans cicatriser ses blessures récentes.

    Lettre I CHARLIE HEBDO : QUI EST RESPONSABLE DU MASSACRE ?

    JE NE PEUX PLEURER MES FRERES CHARB, CABU, TIGNOUS ET WOLINSKY
    JE N’AI PAS LE DROIT, PAS AUJOURD’HUI
    JE NE PEUX PLEURER AUJOURD’HUI POUR REFLECHIR DEMAIN
    JE NE PEUX LAISSER A DEMAIN CE QUI DOIT ETRE DIT DE SUITE
    DEMAIN C’EST TROP TARD INUTILE DE FAIRE LA CHASSE AUX TUEURS
    IL FAUT FAIRE LA CHASSE AUX VERITABLES RESPONSABLES
    LES TUEURS VONT ETRE RATTRAPPES
    MAIS SI LES VERITABLES RESPONSABLES NE SONT PAS MIS HORS D’ETAT DE NUIRE IL Y EN AURA D’AUTRES

    QUI SONT LES VERITABLES RESPONSABLES ?

    Le premier responsable, c’est le GOUVERNEMENT FRANÇAIS ET LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE…

    • Pour non-assistance à personne en danger : comment avoir laissé l’organe de presse le plus menacé de France sans protection policière ?
    • Pour son refus de désigner l’islamisme comme le principal ennemi de la France, de la liberté, de la démocratie, de par le monde…
    • Pour sa mémoire courte depuis les assassinats de Toulouse en 2012…
    • pour son refus de tenir compte de l’expérience algérienne où les intellectuels furent les premières cibles de l’islamisme…
    • pour son refus de faire la relation entre l’islamisme assassin et sa source non moins assassine, l’Islam, tel qu’il est aujourd’hui enseigné et transmis dans le monde musulman mais aussi en Europe et en Amérique, non plus comme une métaphysique égale à d’autres, mais comme une idéologie de conquête du monde non-musulman, et de mort pour tous ceux qui résisteraient .
    9- Le premier responsable, ce sont aussi les MEDIAS…

    • Pour les mêmes raisons susdites.
    • Mais aussi parce que depuis la mise en œuvre terroriste de l’islamisme en Algérie à partir du début des années 90, ces médias ont préféré soutenir les islamistes au nom de la liberté d’expression plutôt que les démocrates qui résistaient et se faisaient assassiner : en Algérie près de 100 journalistes furent liquidés une balle dans la tête, après que les plus illustres de ses artistes aient subi le même sort, du romancier Tahar Djaout au dramaturge Abdelkader Alloula. Et ces médias ont récidivé récemment avec l’Egypte lorsque l’armée a décidé de mettre hors d’état de nuire les Frères musulmans.
    • Parce qu’ils ont fait de Tariq Ramadan, le chantre des Frères musulmans, la vedette de tous les plateaux de TV.
    • Parce que, inversement, on préfère faire la chasse au seul journaliste français qui ose appeler un chat un chat, Éric Zemmour.
    • La radio Europe N°1 en parlant des tueurs qui ont pourtant crié qu’ils étaient venus venger leur prophète, ne vient-elle pas, dans l’intervalle de quelques minutes, de gommer leur référence à l’islam ?

    OUI LES PREMIERS RESPONSABLES, CE SONT BIEN LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS, LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, ET LES GROS MEDIAS FRANÇAIS !

    • Pour leur stratégie politique et médiatique qui vise à banaliser le danger islamiste et islamique (en arabe il n’y a qu’un seul mot pour ces deux notions).
    • Pour leur refus de dire que l’islamisme tente aujourd’hui, d’une autre manière, ce que l’Islam a entrepris en son nom propre sous l’étendard du prophète puis de ses successeurs, les divers Califes : la conquête du monde.
    • Pour leur refus de dire que l’OCI fort de ses 54 pays musulmans a déjà réussi dans les faits à changer la nature de l’ONU en lui substituant sa ‘’Charte des droits de l’homme … en Islam’’ fondée sur la charia.
    • Pour leur refus de comprendre que ce qui menace la Paix au Moyen-Orient et par conséquent dans le monde, ce n’est pas Israël, mais bien l’islamisme et l’islam représenté aujourd’hui par le Daech, le Hamas, le Hezbollah mais aussi par l‘Iran des Mollahs qui pend publiquement chaque semaine ses récalcitrants et prépare tranquillement sa bombe atomique. La Turquie d’Erdogan dont les prisons sont remplies d’intellectuels et de journalistes, le Qatar qui a déjà acheté quantité de gouvernants et médias européens. Cela de nombreux artistes et intellectuels du monde arabe l’ont déjà dit, mais on préfère taire leur nom même comme ils sont aussi connus que Sansal ou Adonis.
    • Pour leur engagement aveugle et militant aux côtés d’un mouvement national palestinien noyauté par les islamistes qui n’attendent que des élections pour en prendre la direction, lequel refuse de reconnaitre Israël comme le seul Etat du peuple juif (contre 22 pays arabes et 54 pays musulmans !) et enseigne quotidiennement dans ses médias et ses écoles la haine du juif…
    • Et récemment encore pour le vote de la France au conseil de sécurité de l‘ONU pour la résolution palestinienne qui consiste à imposer son option à Israël sans aucune négociation.

    10- AUJOURD’HUI JE NE PEUX PLEURER MES FRERES CHARB, CABU, TIGNOUS ET WOLINSKY .JE LE FERAI DEMAIN

    AUJOURD’HUI JE ME DOIS DIRE QUE LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS, LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, ET LES GROS MEDIAS FRANÇAIS SONT BIEN LES PREMIERS RESPONSABLES.

    ET FAUTE D’AVOIR PREVU LES BONS VOEUX QUE LA FRANCE ALLAIT RECEVOIR
    ILS DEVRAIENT DEMISSIONNER COLLECTIVEMENT.

    Car s’ils continuaient ainsi à tolérer en France et en Europe la présence islamiste et banaliser la chasse aux Juifs, de Toulouse à Bruxelles, d’Ilan Halimi à la jeune fille de Créteil, les véritables démocrates français et européens doivent s’attendre au pire.

    QUAND DONC LES GOUVERNANTS FRANÇAIS, EUROPEENS, LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, ET LES GROS MEDIAS FRANÇAIS,
    COMPRENDRONT-ILS QUE LE FASCISME NAZISLAMISTE S’IL COMMENCE PAR LES JUIFS, FINIT TOUJOURS PAR LES NON-JUIFS QUI LUI RESISTENT ?

    Ces véritables responsables de l’assassinat de mes quatre frères oseront ils se mettre au premier rang des Français qui leur rendront hommage lors des obsèques ?
    J’ose espérer que non.
    A moins que comme tous les commanditaires mafieux ils aient jusqu’à ce culot.

    Le 7 Janvier 2015
    Jean-Pierre Lledo
    Cinéaste.

    PS : je n’ai voulu parler ici que des principaux responsables. Mais tous ceux qui parmi les ‘’intellectuels’’ qui ont eu la même démarche de déni et de banalisation sont également responsables. Ils devraient par décence se taire et surtout ne pas s’adjoindre au cortège des obsèques.




















    11-

    II- Lettre ouverte d'un prêtre écrivain de Syrie à tous les français

    Mes amis,
    Qui que vous soyez et où que vous soyez, permettez-moi, devant le terrible assassinat de vos douze compatriotes de "Charlie-Hebdo", de présenter mes condoléances à vous tous, et
    particulièrement à leurs familles, parents et amis. Ce matin, 8 janvier, durant la Sainte Messe, je ne faisais que penser à ces malheureuses victimes, aux leurs, à vous tous, et particulièrement à mes si nombreux amis et connaissances, que m'ont valus mes multiples séjours et voyages sollicités et organisés par l'Église de France, pour répandre le message de Notre-Dame de Soufanieh à Damas, message d'amour, d'unité et de paix.
    J'essaie de suivre à la TV Française, les multiples réactions provoquées à tous les niveaux. Je les comprends parfaitement. Mais aussi, je prie de tout cœur, et invite les fidèles de Damas et de Syrie, à prier pour que vos "responsables" politiques aient enfin l'intelligence et l'honnêteté de stopper pour de bon leurs criminelles aventures guerrières en Syrie, pour vous épargner la terrible retombée, mais sur une plus vaste échelle, de ce qui s'est passé au siège de "Charlie-Hebdo".

    Mes amis, Certains d'entre vous savent qu'il m'est arrivé d'écrire de nombreuses lettres, tant personnelles qu'ouvertes, à nombre de vos responsables politiques et religieux. Peine perdue. Pourtant ces lettres étaient loin d'être feutrées. Je n'y manquais pas de les prévenir, depuis de longues années, qu'infailliblement, un jour ou l'autre, la violence qu'ils ont déchaînée dans le monde arabe, et depuis près de quatre ans en Syrie, en y envoyant des centaines de milliers de combattants soi-disant "Djihadistes", de 83 pays, dont des pays européens, leur retombera, d'une façon ou d'une autre, sur la tête. Je crains que "Charlie-Hebdo" n'en soit que le prélude. N'oubliez pas votre fameux dicton :

    "Qui sème le vent, récolte la tempête» ! Puisse cette tempête n'être pas une tornade !
    Mes amis, Je sais que la plupart d'entre vous n'y sont pour rien, et que vous trimez comme quatre, comme vous dites, pour venir à bout. En outre, noyés comme vous êtes dans des médias supérieurement faux et mensongers, vous finissez toujours par confier à vos dirigeants, sans le savoir, le soin de conduire la France, tôt ou tard, au fond du gouffre !
    Laissez-moi donc le soin de vous faire savoir très brièvement que selon les Nations-
    Unies, la moitié de la population syrienne, qui est de l'ordre de 24.000.000 d'habitants, est sur les routes, soit à l'intérieur du pays, soit ailleurs sur terre, voire sur mer ! Or aujourd'hui, il fait à Damas –2o, à Maaloula -8o.
    Imaginez donc un moment les 30.000.000 qui totalisent la moitié de la population française, soient sur les routes de France et du monde!...
    Quant au nombre de tués en Syrie, ils frôlent les 300.000 selon les estimations des Nations Unies. Beau et valeureux bilan à incruster sur les blasons d'or de vos Présidents Sarkozy et Hollande!...
    Mes amis, Cela vous dit-il quelque chose ? Cela vous invite-t-il à faire quelque chose ?
    Cela vous provoque-t-il pour interpeller vos "irresponsables" évêques devenus hélas, depuis des décades rien moins que des momies ! Et Jésus-Christ dans tout cela, vous dit-il encore quelque chose ?
    Amis de France,
    Où que vous soyez et quels que vous soyez, je vous dis sincèrement ma compassion et mon
    espoir. Pr. Elias Zahlaoui. Église Notre-Dame de Damas Koussour – Damas. Syrie. Le 10/1/2015.

    12-
    Père Zanotti-Sorkine, Prédicateur, écrivain, compositeur et chanteur.
    De l'amour en éclats
    Cher Jean, cher Georges, cher Stéphane, cher Bernard,
    Bien que je sois prêtre et que cet état par le passé vous débectait, permettez-moi de vous appeler par vos prénoms et non par vos noms de guerre. Une façon comme une autre de me sentir votre frère. Certes, vous demeurez Cabu, Wolinski, Charb et Tignous, dessinateurs de profession, crayonneurs d’idées, trublions de vie politique, insulteurs de justes et de coupables, souvent drôles et méchants sous le crayon vulgaire et obsessionnellement blasphémateur du sacré, mais à mon esprit éduqué par le Christ à dépasser les apparences, vous apparaissez plus grands que votre œuvre, plus grands que vos dessins offerts aux combats rétrécis de la terre. Seule la bonté personnelle qualifie un être et l’ennoblit jusqu’à la moelle, je le crois, et pour cela, je mourrais. Tout le reste n’appartient qu’à la petite histoire qui finit sous le dégueuloir conventionnel des hommages et des récompenses accordés entre hommes, au gré des intérêts particuliers et des partis. Bah ! Que tout cela est bas !
    Aujourd’hui, préoccupé par plus haut, maintenant que la vie n’est plus un mystère pour vous puisque vous connaissez la vérité tout entière (et Dieu sait si cette connaissance doit désormais susciter en vous non plus votre humour mais votre joie), je viens vous demander un petit coup de main pour la France. Ne me le refusez pas.
    Amis, auriez-vous la gentillesse de dire un mot au créateur du monde afin qu’il continue de juger avec indulgence ses enfants d’en bas qui le rejettent ou qui prétendent le défendre en tuant leurs semblables ?
    Faites cela pour nous, je vous en supplie ! Que le Ciel n’abandonne pas la terre, et que les hommes comprennent enfin que travailler à la mort de Dieu dans les consciences ou tuer au nom de Dieu revient à massacrer l’homme lui-même ! Pourriez-vous aussi de vos lumières actuelles éclairer nos intelligences de manière à ce que nous empruntions les chemins par lesquels on peut enrayer les fusils les plus huilés ?
    Je vous avoue qu’une chose me surprend depuis votre entrée dans la vie éternelle : c’est la glorification unanime de la liberté d’expression que vous auriez honorée magnifiquement jusqu’à mourir pour elle ! Je dirais plus sobrement que vous avez exprimé librement ce que vous pensiez sans jamais vous préoccuper des effets collatéraux que l’expression de VOTRE vérité pouvait créer dans les esprits. C’est ainsi. Pourtant, dans les relations humaines, et en particulier dans la vie conjugale, familiale, et même amicale, nous ne lâchons pas ce que nous pensons sans exercer un certain discernement à la seule fin de ne pas blesser inutilement nos proches. Et cela devrait valoir aussi pour les lointains.
    La raison de cette retenue n’est pas à chercher bien loin, elle appartient à l’univers de l’amour qui tout simplement ne désire pas blesser. Cette retenue dans le langage, cette réserve bienveillante n’est pas une faiblesse, elle est une intelligence qui protège les liens et qui, en évitant de faire monter le sang à la tête de l’adversaire potentiel, empêche par rebond de le faire jaillir de la tête d’un autre. Cette réserve, tout homme peut la vivre, elle est vraiment à la portée de tous, sauf de l’extrémiste qui donne aux idées plein pouvoir y compris à l’irrespect qui, paraît-il, gagne la partie.

    13-
    Le président de la République n’a pas cessé ces derniers jours d’appeler le peuple français à la vigilance. Encore une idée bien abstraite !
    Que faut-il donc faire ? Rester chez soi ? Faire des provisions ? Lire le Coran ? Souscrire à un abonnement à Charlie Hebdo ? J’aurais préféré qu’il demandât humblement à tous les Français de calmer le jeu de la haine en les suppliants de ne plus blesser la conscience d’autrui au nom d’une liberté d’expression pas assez réfléchie, autrement dit, en nous invitant tous à prendre la résolution de respecter profondément les croyances qui sont chères à des millions de personnes. C’est à ce prix que la paix fera son lit.
    Chers Jean, Georges, Stéphane et Bernard, votre mort ignominieuse me fait une peine immense et je voudrais qu’elle ne soit pas inutile. Vos caricatures ne méritaient pas de vous tuer, mais elles l’ont fait.
    D’une certaine façon, vous avez touché de votre humour grinçant les régions les plus viscéralement haineuses de la nature humaine assoiffée de justice et de vengeance, et par là, vous avez provoqué l’avènement de la barbarie. Parce que votre nature était saine, je veux le croire, parce que vous cherchiez sans doute à votre manière le bien commun, parce que vous considériez la liberté d’expression comme un droit devant s’exprimer sans état d’âme, parce que vous étiez au fond restés des enfants qui dessinaient comme tous les enfants tout en jouant à mettre le feu, vous avez oublié la permanence de la cruauté humaine quand elle se met au service d’une cause jugée absolue.
    Vous avez touché à de l’intouchable, et en réponse, vous qui étiez intouchables de par votre dignité d’homme, vous avez été plus que touchés, abattus en plein cœur. Au-delà de toutes les décisions politiques qui seront prises, je l’espère, pour contrecarrer les actes terroristes, intercédez pour nous, chers Cabu, Wolinski, Charb et Tignous, rendez-nous intelligents et respectueux des croyances d’autrui pour que la France se distingue encore par sa hauteur civilisatrice.
    Un dernier point qui me tient à cœur : si vous croisiez au Ciel les trois petits enfants qui, lors de l’affaire Merah, ont été assassinés sauvagement, embrassez-les pour moi, et partagez avec eux la gloire qui est la vôtre aujourd’hui. Eux n’ont pas eu droit à une journée de deuil national ni à une manifestation d’envergure.
    Mais que pouvons-nous y faire ? Ces enfants ne disposaient que de leurs prénoms, ils n’avaient pas de noms de guerre, et ils ne défendaient pas la liberté d’expression ni la cause de certains politiques ! Qu’importe !
    Seule la bonté personnelle qualifie un être et l’ennoblit jusqu’à la moelle, je le crois. Pour cela, je mourrais. Allez, chers Cabu, Wolinski, Charb et Tignous, soyez dans la joie de Dieu, continuez votre vie, et éclairez nous maintenant de vos clartés.
    Père Zanotti-Sorkine

  • La presse annonce la disparition de notre ami Tarek Aziz

    http://www.lepoint.fr/monde/irak-tarek-aziz-le-chef-de-la-diplomatie-de-saddam-hussein-est-mort-05-06-2015-1933989_24.php

  • Merci à Jean-Louis Faure de cette information.
    Pour ma part, je suis reconnaissant au pape Jean-Paul II d'avoir été le dernier Chef d'Etat - et pas n'importe lequel - à recevoir Tarek Aziz dignementdans l'exercice de ses fonction de ministre des affaires étrangères d'Irak.
    Le vieux pape luttait pour la paix et pour la survie des chrétiens d'Orient. Il savait ce que la chute de Saddam Hussein allait entraîner. Et que l'interventionnisme inconsidéré de la "coalition" dite occidentale livrerait le Moyen-Orient au chaos. C'est chose faite et il est encore des responsables politiques, dont les nôtres, pour ne l'avoir même pas compris.

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