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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Éphéméride du 5 juillet

    1830 : prise d'Alger (Théodore Gudin : les hauteurs d’Alger, avec à l’arrière, en contrebas, la rade depuis laquelle la flotte française bombarde la ville 

     

     

     

     

    1709 : Naissance d'Étienne de Silhouette 

     

    Tout le monde sait ce qu'est une silhouette. Beaucoup moins savent d'où vient ce mot, exemple parfait d'antonomase.

    Étienne de Silhouette, Commissaire pour la fixation des limites en Acadie, puis Commissaire du roi auprès de la Compagnie des Indes, réussit à devenir Contrôleur général des finances, le 4 mars 1759.

    Commençant bien, il finit mal, et, surtout, très vite. Il réussit, dans un premier temps, à faire rentrer 72 millions de livres dans le Trésor, ce qui lui valut une popularité réelle; mais, poursuivies, ses réformes auraient heurté les privilégiés, possédants et rentiers, qui se liguèrent contre lui, et le firent tomber, au bout d'à peine huit mois.

    La guerre entre le désir de réformes du pouvoir royal et les privilégiés - qui allait si mal se terminer pour la Royauté, et pour la France... - était bel et bien commencée. Et, malgré ses réels talents, le pauvre Silhouette en fut l'une des victimes :

     "...Après sa chute, on s'acharna à le ridiculiser - dit Michel Mourre - et le nom de Silhouette resta à une manière de faire les portraits de profil en suivant l'ombre projetée par la figure...".

    Silhouette est donc, en un certain sens, une illustration plaisante des blocages de la situation en France, à son époque, du fait de la résistance acharnée des privilégiés égoïstes à toute tentative de réforme; et, donc, des événements tragiques qui allaient se dérouler dans le royaume, alors, le plus heureux et le plus insouciant de la terre.

    Comme l'écrit Jean Sévillia : "...Poussé par sa foi chrétienne et encouragé par le Roi, Silhouette entreprendra de taxer les riches pour aider les indigents, politique qui suscitera contre lui une levée de boucliers de la part des privilégiés, le forçant à la démission. C'est l'autre face d'avant la Révolution, celle dont la réussite aurait changé le cours de l'Histoire." 

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    Étienne de Silhouette fut le propriétaire le plus célèbre du château de Chevilly, près d'Orléans 

     

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    1830 : Prise d'Alger         

              

    Trois semaines après le débarquement des troupes françaises à Sidi Ferruch (voir l'Éphéméride du 14 juin), le Dey Hussein abdique, avec la garantie de conserver sa liberté et ses richesses personnelles.

    Le Général Louis-Auguste de Bourmont - le renardin, selon son surnom chouan - est à la tête d'une expédition de 37.000 hommes.

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    L'occupation "restreinte" se limite d'abord à la zone littorale. Un "gouvernement général" des possessions françaises dans le nord de l'Afrique est créé en 1834, mais la progression française se heurte au vigoureux État islamique créé par l'émir Abd el Kader.
    La conquête proprement dite sera l'œuvre de Bugeaud, Gouverneur général en 1843.
    L'un des évènements majeurs - du moins dans le domaine du symbolique - en sera, en 1843, la prise de la Smala d'Abd el Kader par le Duc d'Aumale - l'un des cinq fils de Louis-Philippe - et la reddition d'Abd el Kader, quatre ans plus tard, en 1847. 

    L'occupation "étendue" commencera vraiment à partir de ce moment-là : 100.000 colons sont déjà installés en 1847.

     

       Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo"Conquête de l'Algérie (I)" et les deux suivantes...

     

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    La prise de la Smala d'Abd el Kader, par Horace Vernet, Musée du Louvre
     
    En plus de notre Éphéméride du 14 juin, on pourra consulter également, avec profit, le commentaire envoyé à lafautearousseau par l'un de ses lecteurs...
     
     
     
     
     
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    1905 : L'Arc de Germanicus, de Saintes, classé Monument historique...

     

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    https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Saintes/Saintes-Musee-archeologique.htm

     

    L'Arc de Germanicus fut érigé à Saintes en l'an 18 ou 19 pour l'empereur Tibère, son fils Drusus et son neveu et fils adoptif, Germanicus.

    Il ne s'agit pas d'un Arc de triomphe : le "triomphe", grandiose défilé militaire accordé à un général revenant victorieux d'une expédition, n'avait lieu qu'à Rome. Il ne s'agit pas non plus d'un arc municipal, comme à Orange. 

    Il s'agit d'un arc routier à deux baies initialement bâti à l’arrivée de la voie romaine Lyon - Saintes (Lugdunum – Mediolanum Santonum), au niveau du pont romain sur la Charente. Sa construction a été financée par un riche et illustre citoyen de Saintes, Caius Julius Rufus. Il fut restauré en 1666 puis, sur proposition de Prosper Mérimée en 1843 l'arc fut déplacé à vingt-huit mètres de son emplacement pour des travaux sur les quais de la Charente. L'arc fut restauré en 1851.

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    La dédicace sur l’attique est très abîmée pour la partie nommant l’empereur Tibère et son fils Drusus. La dédicace à son neveu et fils adoptif Germanicus, mieux conservée, permet de dater l’arc à l’année 18 ou 19 : elle a donné au monument sa dénomination usuelle.

    En latin :

    GERMANICO [caesa]R[i] TI(beri) AVG(usti) F(ilio)
    DIVI AVGVSTI NEP(oti) DIVI IVLI PRONEP(oti) AVGVRI
    FLAM(ini) AVGVST(ali) CO(n)S(uli) II IMP(eratori) II
    TI(berio) CAESAR[i divi aug(usti) f(ilio) divi iuli nep(oti) aug(usto)]
    PONTIF(ici) MAX{s}(imo) [co(n)s(uli) III] IMP(eratori) VIII [tri]B(unicia) POT(estate) [XXI]
    DR[us]O CAESARI [ti(beri) aug(usti)] F(ilio)
    [divi augusti] NEP(oti) DIVI IVLI
    [pronep(oti) co(n)s(uli)] PONTIFICI AVGVRI

    Traduction :

    "À Germanicus César, fils de Tibère Auguste, petit-fils du divin Auguste, arrière-petit-fils du divin Jules, augure, flamine augustal, consul pour la deuxième fois, salué imperator pour la deuxième fois, etc."

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    Sous la dédicace, l’inscription sur l’entablement donne le nom du donateur Caius Iulius Rufus, ainsi que son ascendance. Elle est répétée sur chaque face de l’arc.

    En latin :

    C(aius) IVLIVS C(ai) IVLI CATVANEVNI F(ilius) RVFVS [c(ai) iul(i) agedomopatis nepos epotsorovidi pronep(os) volt(inia)]
    SACERDOS ROMAE ET AVGVSTI AD ARAM [quae est ad confluentem praefectus fabrum d(e) s(ua) p(ecunia) f(ecit)]
    C(aius) IVLI[us] C(ai) IVLI C[a]TVANEVNI F(ilius) RVFVS C(ai) IVLII AGEDOMO[patis] NEPOS EPOTSOROVIDI PRON(epos) V[olt(inia)]
    [sacerdos Romae et Au]GVSTI [ad a]RAM QV[a]E EST AD CONFLVENT[em praefectus fab]RV[m] D(e) [s(ua) P(ecunia) F(ecit)]

    Traduction : 

    "Caius Julius Rufus, fils de Caius Julius Catuaneunius, petit-fils de Caius Julius Agedomopas, arrière-petit-fils d’Epotsovirid(i)us, inscrit dans la tribu Voltinia, prêtre de Rome et d’Auguste à l’autel qui se trouve au Confluent, préfet des ouvriers, a fait à ses frais (cet arc)."

     

     
     
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    1925 : Naissance de Jean Raspail
     
     
      
    Si tous ses romans son attachants, bouleversants parfois (Le jeu du Roi...), les jugements et points de vue sur l'oeuvre et le style de Raspail dépendront, forcément, de chacun de ses lecteurs.
     
    Il est un de ses romans, cependant, qui sort, en quelque sorte de la littérature, par la vision prophétique des choses qu'il proposa, et ce dès le printemps 1973 : Le Camp des Saints.

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    Quatrième de couverture (réédition de 2010) :

    Nous sommes tous les acteurs du Camp des Saints...
    Dans la nuit, sur les côtes du midi de la France, cent navires à bout de souffle se sont échoués, chargés d'un million d'immigrants. Ils sont l'avant-garde du tiers-monde qui se réfugie en Occident pour y trouver l'espérance. À tous les niveaux, conscience universelle, gouvernements, équilibre des civilisations, et surtout chacun en soi-même, on se pose la question trop tard : que faire ?
    C'est ce choc inéluctable que raconte Le Camp des Saints.
    Paru pour la première fois en 1973, Le Camp des Saints est le livre qui a fait connaître Jean Raspail au grand public. Il révélait la fascination de l'auteur pour les causes perdues et les peuples disparus, une fascination qu'on continuera d'observer à travers la suite de son oeuvre.
    "Y a-t-il un avenir pour l'Occident ?" demandait-il à l'époque. Certains ont été choqués par la façon dont la question était posée, d'autres, en France comme à l'étranger, ont parlé d'oeuvre prophétique.
    "On n'épousera ou on n'épousera pas le point de vue de Jean Raspail, pouvait-on lire sur la quatrième de couverture de la première édition. Au moins le discutera-t-on, et passionnément". En 2010, ce débat n'a rien perdu de son actualité.
     
     
    Royaliste de coeur et de  raison, il accorda, en 1978, un très intéressant entretien au mensuel Je suis Français (entretien réalisé par François Davin et Pierre Builly).
     
    Il participa également deux fois au Rassemblement royaliste des Baux de Provence, où il prononça deux discours : vous pouvez écouter l'un d'eux dans notre note du 5 février 2015.
     
    Le 17 juin 2004, Jean Raspail publia une tribune dans Le Figaro, intitulée "La patrie trahie par la République", dans laquelle il critiquait la politique d'immigration menée par la France. Il fut attaqué en justice par la LICRA pour "provocation à la haine raciale", mais fut relaxé par une décision de la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris
  • Éphéméride du 2 avril

    1841 : Naissance de Clément Ader (ici, l'Aéroplane de Clément Ader, dit Avion III, 1897, Musée des Arts et Métiers)
     
     
     
     
     
    1715 : Aux origines du Haras du Pin 
     

    Dès 1665, Colbert et Louis XIV créèrent l’Administration des Haras, afin d’y élever des étalons et de pouvoir travailler à l’amélioration des races chevalines.

    En 1714, la région de l'actuel Haras fut retenue pour la qualité de ses pâturages et les facilités d’approvisionnement en eau.

    Le 2 avril 1715, on procéda au déménagement de l’ancien Haras royal de Saint-Léger vers le Buisson d'Exmes. Enfin, le domaine du Pin fut acheté à Louis de Bechameil.

    Les bâtiments actuels (écuries et château) furent construits sous le règne de Louis XV, entre 1715 et 1730, par Pierre Le Mousseux, sur des plans de Robert de Cotte, le parc ayant été imaginé par Le Nôtre, qui y montra une fois de plus ses dons dans la création des jardins à la françaises

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    C'est Jean de la Varende qui a parfaitement nommé cette merveille, qui s'étend sur 1.000 hectares : "le Versailles du cheval"  

    http://www.haras-national-du-pin.com/ 

     

    Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, a parlé admirablement du cheval :
     
    "La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats; aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l'affronte; il se fait au bruit des armes, il l'aime, il le cherche et s'anime de la même ardeur: il partage aussi ses plaisirs; à la chasse, aux tournois, à la course, il brille, il étincelle. Mais docile autant que courageux, il ne se laisse point emporter à son feu; il sait réprimer ses mouvements. Non seulement il fléchit sous la main de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs, et, obéissant toujours aux impressions qu'il en reçoit, il se précipite, se modère ou s'arrête : c'est une créature qui renonce à son être pour n'exister que par la volonté d'un autre, qui sait même la prévenir; qui par la promptitude et la précision de ses mouvements, l'exprime et l'exécute; qui sent autant qu'on le désire, et se rend autant qu'on veut; qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s'excède, et même meurt pour obéir..."

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    Le cheval tient une place éminente dans la culture et la civilisation française : en plus de celle-ci, deux autres de nos Éphémérides lui rendent l'hommage qu'il mérite : l'Éphéméride du 3 juin (sur l'ouverture du Musée du Cheval à Chantilly) et l'Éphéméride du 20 juin (première présentation au public du Cadre noir). 
     
     

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    1750 : Naissance de Marie-Étienne Nitot

     

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    http://www.chaumet.fr/

    Joaillier de Marie-Antoinette, c'est en 1780 que Marie-Étienne Nitot fonda la Maison Chaumet, Place Louis le Grand (aujourd'hui, Place Vendôme) à Paris...

     

     

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    1791 : Mort de Mirabeau  

          

    1. Le point de vue d'un témoin, Chateaubriand :

    "Le fond des sentiments de Mirabeau était monarchique; il a prononcé ces belles paroles: "J'ai voulu guérir les Français de la superstition de la monarchie et y substituer son culte."

    Dans une lettre destinée à être mise sous les yeux de Louis XVI, il écrivait : "Je ne voudrais pas avoir travaillé seulement à une vaste destruction." C'est cependant ce qui lui est arrivé : le ciel, pour nous punir de nos talents mal employés, nous donne le repentir de nos succès." 

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    2. Ensuite, le point de vue de Pierre Gaxotte, qui écrit ces lignes remarquables dans un ouvrage qui ne l'est pas moins, La Révolution française : 

    Mirabeau Gaxotte.pdf        

       

    3. Enfin l'opinion de Jacques de Saint Victor (extrait de son article sur Mirabeau, le démocrate Royaliste) :

    "Jaurès ou Nietzsche ont parlé d'un rendez-vous manqué avec l'histoire. Mirabeau appartient aux rares très grands hommes politiques de notre panthéon national. Il a compris la France comme un Richelieu, un Bonaparte ou un de Gaulle. Mais les circonstances politiques et la santé lui manqueront pour éviter le terrible dérapage d'une révolution qu'il avait en partie voulue et dirigée.
    Mort trop tôt, en 1791, c'est en effet un "grand destin manqué" que celui de ce grand orateur oublié qui a tenté de nous prémunir à la fois contre nos passions hexagonales et contre une Europe des rois qui se montrait encore moins favorable à la France que celle de Bruxelles.
    Alors même que les révolutionnaires s'en prenaient avec aveuglement au pouvoir exécutif, Mirabeau leur demandait "si, parce que le feu peut brûler, nous devons nous priver de sa chaleur". Tout Mirabeau est dans cette finesse de jugement qui le fera successivement passer de la critique des abus de l'Ancien Régime à la défense d'une monarchie nécessaire au maintien même de la cohésion publique.
    Au fond, Mirabeau est l'ennemi des radicaux.
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    Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau 
     
     
    Pour Mirabeau, la démocratie royale est l'inverse du projet républicain qui, selon lui, exposerait "l'État aux factions civiles".
    Comme l'a fort bien vu Jean Jaurès, Mirabeau voudrait que le roi se mette au service de la révolution : c'est à "cette synthèse de la démocratie et de la royauté, à cette instauration d'une démocratie royale que Mirabeau… voua tout son labeur, qui était immense, et son génie".
    Il est intéressant de s’arrêter sur son projet de 1790, tel qu'il figure dans ses fameuses Notes à la cour, visant à rétablir l'autorité royale. Le lion d'Aix y associe les esprits les plus profonds de la Constituante, quelques révolutionnaires, dont Barnave (ci dessous), mais aussi des députés de droite, comme Cazalès, car Mirabeau sait que, même dans le camp des adversaires de la révolution, il se trouve quelques amis de la liberté, blessés par les exactions commises depuis l'été 1789.
    Ce plan représente pour lui la "dernière planche de salut". Il n'aura pas le temps de le réaliser. Emporté par sa vie d'excès et de labeur, il meurt en avril 1791, quelques mois avant l’évasion de Varennes.
    La révolution s'accélère.
    On sait que son corps sera alors placé au Panthéon puis retiré lorsqu'on découvrira dans l'armoire de fer sa correspondance secrète avec la cour. Pourtant, comme le dit Chateaubriand, même s'il a fini dans la fosse commune, à l'image de sa vie tourmentée, "il lui est resté l'odeur du Panthéon et non de l'égout".
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    1810 : Napoléon épouse Marie Louise d'Autriche

             

    Comble de la dérision : Napoléon se faisait déjà appeler Sire, et s'était sacré lui-même empereur en présence du Pape, dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris !...

    Et voilà que, comme Louis XVI - concrétisant par son mariage avec Marie-Antoinette le "renversement des alliances" voulu par Louis XV - il épouse une princesse autrichienne, dix sept ans après que la révolution - faisant preuve d'une xénophobie sans limite !... - ait assassiné "l'autrichienne" !...

    Certes, les réalités sont politiques et non idéologiques, mais comme on le chante dans La fille de Madame Ango : "C'était pas la peine, c'était pas la peine, non pas la peine, assurément, de changer de gouvernement !..."
     
    Ou : quand l'héritier, le continuateur et le sabre de la République et de la Révolution désavoue, en leur donnant tort, cette même République et cette même Révolution; et donne raison à Louis XV, à son renversement des alliances, à la politique extérieure de la Royauté française !...

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    Dans le salon carré du Louvre, transformé pour l'occasion en chapelle temporaire, le 2 avril 1810
     
     
     
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    1841 : Naissance de Clément Ader
     
     
    Plus que pionnier de l'aviation, Clément Ader peut être considéré comme le père de l'avion (le mot même ayant été formé par lui...) : après avoir obtenu son diplôme d'ingénieur en 1861, il entra - dans les années 1870 - dans l’administration des Ponts et Chaussées.
     
    Il construisit à ses frais un ballon fonctionnant sur le principe des aérostats. Après avoir quitté l’administration en 1876, Clément Ader se mit à construire des engins volants à propulsion mécanique.
     
    Mais ce fut un inventeur fécond également dans bien d'autres domaines : les chenilles de chars, la transmission stéréophonique (ou théâtrophone), l’aéroglisseur, le moteur V8

    Entre 1882 et 1889, il fabriqua un engin qu'il appela "avion", muni d’un moteur à vapeur de 20 chevaux, d’une envergure de 14 mètres et baptisé Éole. Le 9 octobre 1890, dans le parc du château d’Armainvilliers (appartenant au banquier Pereire, à Gretz) et sur une piste longue de 200 mètres, Clément Ader se souleva, à bord d’Éole, d’une vingtaine de centimètres et parcourut une distance de 49 mètres : ce fut le premier décollage de l’histoire de l’aviation.

    Pour réussir son exploit, Ader avait observé longuement des roussettes des Indes (une espèce de chauve-souris, d’environ 1,30 m d’envergure, planant plus qu’elles ne volent) qu’il avait étudiées dans une volière construite dans son jardin à Paris; il s'inspira de leurs ailes pour la conception de l’Éole...

  • Reportage du Dauphiné libéré : Le « 4 » accueille le prince

    Le prince Jean d’Orléans est devenu officiellement hier le parrain du 4e Régiment de chasseurs. Sur la place d’arme Clermont-Prince, il a présidé sa première cérémonie, celle entérinant la création du Groupement tactique désert. Il nous a également accordé un long entretien sur la place de sa famille ou encore sur sa vision de la politique actuelle. Photo Le DL/Vincent OLLIVIER

     

    Le prince Jean d’Orléans, descendant des rois de France, est devenu le parrain du régiment haut­-alpin bien connu sous le nom de “4”

    Visite royale au 4e Régiment de chasseurs

    Son altesse royale Jean d’Orléans, duc de Vendôme, est officiellement depuis hier le parrain du 4e Régiment de chasseurs. La convention de parrainage qui scelle l’engagement du Prince avec le régiment des Alpes du Sud a été signée dans la salle d’honneur du “4” après une genèse assez longue débutée il y a plus de deux ans. Le prince Jean d’Orléans est le fils d’Henri d’Orléans, comte de Paris, chef de famille de la Maison d’Orléans, prétendante au trône de France. Il a répondu aux questions du Dauphiné Libéré.

    Monseigneur, la genèse de votre parrainage du 4e Rch a été longue. Il y a un lien historique entre votre famille et Clermont-Prince. Le régiment vous a été présenté, quel est votre sentiment ?

    3135457778  2.jpg« Je suis très heureux pour de nombreuses raisons. Il y a plusieurs aspects qui ren­trent en ligne de compte : la dimension humaine, les as­pects techniques et opéra­tionnels. Moi qui n’ai fait que mon service militaire, je vois une autre partie de  l’armée d’aujourd’hui. C’est une  bon­ne façon de poursuivre cet engagement dans un  envi­ronnement complexe de no­tre société française à la fois à l’intérieur et  à l’extérieur. J’observe que notre armée est de plus en plus nécessaire et que  même les politiques s’en sont rendu compte en augmentant les effectifs. Le “4” est une entité en pleine dynamique qui doit faire face à de nombreux enjeux. Je suis admiratif de tout ce qui se met en place et de l’évolu­tion entre l’armée que j’ai pu connaître et l’armée d’aujourd’hui. »

    Ce parrainage est-il une responsabilité pour vous, comment va-t-il s’incarner, s’exercer ?

    « Concrètement il y aura certainement  des  événements  liés à la vie du régiment com­me la Saint­-Georges. Le dis­positif  reste  à  déterminer  et préciser.  Peut­-être  dans  les  étapes  d’instruction  ou  mê­me la présence sur le terrain, qui sont des moments privilé­giés  qui  favorisent  les  ren­contres.  Mon  intégration  de la  réserve  citoyenne  donne  un  sens  à  ce  parrainage  et s’inscrit dans les orientations menant à cultiver l’esprit de défense et de le relayer dans des couches qui n’ont pas for­cément  accès  à  toute  cette connaissance. À Dreux, nous travaillons sur la connaissan­ce  de  l’histoire  et  le  témoi­gnage  de  l’engagement  du  4e RCh  peut  être  un  prolon­gement  à  ce  travail.  Nous avons la chance d’avoir une unité de lieu et de temps sur notre domaine qui nous per­met d’évoquer l’environne­ment  historique  et  militaire des  régiments auxquels no­tre famille est attachée. »

    Si vous deviez vous adresser aux soldats du “4” avant leur départ pour l’Afrique, que leur diriez-vous ?

    « D’abord ma fierté d’être le parrain de ce régiment enga­gé  dans  la  défense  de  nos idéaux  et  de  notre  pays.  Il  faut aujourd’hui toucher l’en­nemi  sur  ses  bases.  La  mis­sion que portent  les  sol­dats  du  “4” est  très  im­portante pour  le  pré­sent  et  pour notre  avenir et toutes les promesses por­tées. »

    Nous sommes à un an des élections présidentielles, va-t-on entendre votre voix dans cette effervescence préélectorale, et même cette cacophonie ?

    « Sur les questions politiques, pas plus que ça. D’abord par­ce que je ne suis pas le chef de ma famille. Sur des sujets plus  particuliers,  je  peux  avoir des choses à dire ; mais dans  tout  ce  brouhaha,  ma  voix est inaudible. Je préfère m’exprimer dans l’action plutôt que dans la parole, c’est une qua­lité ou un défaut. Je préfère travailler sur les questions de long terme que de m’arrêter à une élection qui, je l’espère, n’enfoncera pas un peu plus notre pays au regard des dif­ficultés qu’il traverse.

    La monarchie et son rétablissement sont un recours politique possible, comment vous positionnez-vous ? En “militant” de votre propre cause ou en spectateur discret en retrait mais disponible ?

    « Je ne suis pas un “militant”, je suis dans la retenue. J’incarne cette tradition des prin­ces qui ont servi leur pays et je  le  montre  par  un  certain  nombre d’actions que je mè­ne ; et ce parrainage en fait partie. J’ai d’autres flèches à mon arc avec la défense des chrétiens d’Orient. J’étais en Syrie  au  mois  d’avril  avec  l’évêque de Toulon pour un jumelage d’évêchés. J’ai  tout  ce travail  local à Dreux mais aussi  l’édu­cation de mes enfants, ça  fait  beaucoup  de  choses. La question de la monarchie peut  apporter  des  éléments  intéressants.  C’est  le  fait  de ne  pas  s’arrêter  au  moyen  terme et de se projeter sur le long terme, être dans une dy­namique  de  construction. Une  fois  accomplie,  c’est  le  fils  qui  poursuit  cette  cons­truction  puis  le  petit­-fils.  Le pré capétien a grandi petit à petit. On a besoin de référen­tiel  et  de  perspective. Aujourd’hui, le monde politi­que  tel  qu’il  est  n’en  donne plus vraiment. De là à un re­tour  à  la  monarchie ?  Les Français  sont  monarchistes  de cœur, mais pas encore de raison. »

     Avez-vous un lien avec les Hautes-Alpes ?

    « J’ai un lien avec les Alpes, j’ai  vécu  de  7  à  11  ans  tout  près d’Annemasse ; mais hé­las, pas avec la ville de Gap. Je suis heureux de ce parrai­nage avec le 4e RCh qui est dans la tradition de notre fa­mille où les héritiers avaient des  régiments  où  ils  étaient  colonels. Voilà le lien. » 

    Propos recueillis par Alain BARADAT­

     

    Le prince Jean d'Orléans a présidé sa première cérémonie

     

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    La  famille  d'Orléans  a  un lien  historique  avec  le 4e Rch  :  Louis  de  Bourbon  Condé,  comte  de  Clermont, ancêtre du prince, a laissé le nom.  C'est  au  terme  d'une  journée marathon de présen­tation  de  l'unité,  où  le  “par­rain du 4” a visité l'emprise du quartier général Guillaume et fait  la  démonstration  de  ses qualités de tireur au simula­teur de tir aux armes légères (Sittal), qu'il a présidé sa pre­mière cérémonie sur la place d'armes de Clermont­-Prince, celle de la création du grou­pement tactique désert (GTD) baptisé  “Edelweiss”.  Ce GTD, constitué sur l'ossature de Clermont-­Prince renforcée de  deux  sections  du  27e Ba­taillon  de  chasseurs  alpins, d'une section du 2e Régiment étranger  du  génie  et  d'une  équipe du 93e Régiment d'ar­tillerie de montagne, sera dé­ployé  dans  quelques  semai­nes sur la bande sahélo­-saha­rienne pour 4 mois.

    Le chef de corps du “4” s'est adressé  au  prince  Jean  de­vant les troupes : «  Votre fa­mille se trouve donc aujourd'hui encore réunie auprès des soldats de monta­gne,  cavaliers  et  fantassins mais  surtout  chasseurs,  dont  l'action complémentaire  est gage  de  succès.  Quel  beau symbole que cet attachement familial  et  patrimonial  aux  unités de montagne qui se re­trouvent  depuis  leur  profes­sionnalisation  engagées  en  opérations  extérieures  sous un même commandement. » « Merci prince Jean et longue vie  au  groupement  tactique  désert Edelweiss », a conclu le colonel Fatinet.  A.B.

    EN IMAGES

    DANS

    LE BUREAU

    3135457778  2 a - Copie.jpgLa signature de la convention de parrainage entre le prince Jean d’Orléans et le olonel Jean-Jacques Fatinet, chef de corps du 4e RCh. Photo Le DL/V.O. 

     

     

     

    AU SIMULATEUR DE TIR

    3135457778  2 a.jpgAu Sittal, simulateur de tir aux armes légères, le prince a fait carton plein. Il avait officié dans la cavalerie lors de son service militaire. Avec 100 % de réussite, il a “abattu” tous les ennemis. Le scénario demandait de répondre à une attaque
    de terroristes en milieu urbain. Photo Le DL/V.O.

     

    Reportage repris du Dauphiné Libéré 5.05.2016

  • Les fausses alternatives, par Aristide Renou.

    Le débat public, en France, construit systématiquement de fausses oppositions qui empêchent de considérer, et encore plus d'adopter, une troisième voie, qui est presque systématiquement celle de l'intérêt national et du débat raisonnable.

    C’est l’un des nombreux malheurs individuels qui découlent du malheur de la France que de se trouver de plus en plus souvent contraint d’approuver des choses que l’on désapprouve ; ou tout au moins sommé de les approuver avec une force à laquelle il est difficile de résister.

    Au motif que des musulmans fanatiques assassinent des caricaturistes, nous devrions tous « être Charlie ». Mieux : l’État lui-même devrait se charger de diffuser dans toutes les écoles de France et de Navarre les caricatures qui ont été le motif des assassinats. Sans quoi, nous dit-on, « les terroristes auront gagné ».

    Au motif que l’islam est une religion profondément misogyne dans laquelle la femme a un rang à peine supérieur à ceux des esclaves, nous devrions approuver les délires théoriques et les revendications des féministes contemporaines.

    Au motif que la pudibonderie musulmane, mêlée à une notion barbare de « l’honneur », prétend faire disparaitre les femmes sous de hideux linceuls et les séparer des hommes, nous devrions considérer comme obscurantiste et oppressif toute notion de pudeur et trouver très bon que des adolescentes s’habillent comme des tapineuses.

    Me voici donc sommé, et bien d’autres Français avec moi, de choisir entre la défense de « droits » qui me paraissent indéfendables à la lumière de la raison, et le soutien à une religion funeste qui, tel un cancer, est en train de détruire progressivement tout ce qui est aimable dans notre pays. Eh bien non ! Je refuse de choisir entre la peste et le choléra. Je refuse d’oublier qu’il existe un état qui s’appelle la santé et qui se caractérise, entre autres, par le fait de ne souffrir ni de la peste ni du choléra.

    Plus spécifiquement, je refuse d’affirmer qu’il existerait un « droit au blasphème » et que les caricatures de Charlie Hebdo constitueraient le summum de l’esprit français, au point de devoir être « enseignées » au collège. Et je répéterais donc ici des choses que j’ai déjà dite lors de « l’affaire Mila », puisqu’il faut bien se répéter lorsque la réalité se répète.

    Pourquoi ne suis-je pas d’accord avec l’idée d’un « droit au blasphème ? » Si l’on veut dire par là que la loi ne devrait pas punir la parole ou le discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré, je ne peux qu’être d’accord, et sans réserve. Il est préférable que la loi humaine ne se mêle pas de défendre la divinité.

    Légitimité de l’offense ?

    Ce qui me pose problème, c’est qu’un « droit » est inséparablement quelque chose de légal et de moral. Affirmer que l’on a le « droit » de faire quelque chose, ce n’est pas seulement dire que la loi ne punit pas l’action en question – ce qui est une simple constatation – mais aussi que l’action en question est bonne ou, au pire, indifférente. Bref, que l’on n’est pas critiquable lorsque l’on fait usage de la liberté que vous laisse la loi. Dire « j’ai le droit », c’est, presque toujours, affirmer implicitement que, si la loi vous interdisait l’action X, la loi serait injuste. C’est une revendication morale.

    Si donc nous regardons le « droit au blasphème » du côté de la revendication morale qu’il contient, je suis obligé de dire : « There’s no right to what is wrong ». Ce que je veux dire, c’est que le blasphème est une forme d’injure. Le blasphème s’adresse non pas principalement à la divinité – qui ne saurait en être affectée, soyons sérieux – mais à la communauté de ceux qui croient à cette divinité : elle est une injure dirigée vers chacun d’entre eux, même si aucun n’est nommément visé. Le blasphème est destiné à être reçu comme un outrage par des êtres humains, c’est son but. Mais à l’injure on ne peut guère répondre que par l’injure ou par les coups, si du moins on a un peu de fierté.

    « L’affaire Mila » est d’ailleurs une démonstration éclatante de tout cela : Mila a été insultée par un bon musulman (c’est certainement ainsi que lui-même se considère), elle a répondu par une injure qui lui semblait appropriée, c’est-à-dire par un blasphème envers Mahomet. Et aujourd’hui elle est en danger de mort.

    La réaction de Mila était, sinon appropriée, du moins compréhensible dans un tel contexte. Cependant, revendiquer un « droit au blasphème » c’est bien autre chose, c’est revendiquer la possibilité d’offenser publiquement ses semblables en toute impunité. Mais seuls les tyrans peuvent réellement avoir un tel « droit ». Les injures détruisent la civilité, qui est indispensable à l’expression paisible et raisonnée des différends politiques, elles sont donc incompatibles avec un régime libre. Le blasphème, ce n’est pas le summum de la liberté de parole, c’est la mort à terme de la liberté de parole.

    La loi, pour le répéter, ne devrait pas se mêler de défendre l’honneur de Dieu, et les pouvoirs publics devraient châtier avec toute la célérité et la sévérité appropriées ceux qui prétendent se faire les vengeurs de l’honneur divin. Non pas parce qu’il existerait un « droit au blasphème », mais parce qu’il existe un droit naturel à la sûreté que les pouvoirs publics ont le devoir absolu de protéger.

    Mais nous ne devrions pas non plus laisser penser à nos concitoyens qu’ils peuvent s’injurier à travers leurs convictions religieuses sans que cela porte à conséquence ; qu’ils font un usage légitime, et même sublime, de leur liberté en essayant de s’outrager mutuellement le plus qu’ils peuvent alors qu’ils ne font en réalité que participer à la crétinisation et à la brutalisation du débat public. Alors que l’usage qu’ils font de leur liberté est destructeur des conditions de cette liberté.

    Nous devrions toujours, en d’autres termes, dès lors que nous prenons la parole en public, essayer d’articuler un discours et non simplement d’exprimer un sentiment. Pour ma part, je ne réclamerais donc pas la liberté de pouvoir dire publiquement, comme Mila : « Je mets un doigt dans le cul à Mahomet », ou d’autres choses semblables à propos de cette religion ou d’une autre. Cette liberté-là ne me semble bonne pour personne.

    Nécessité du discours

    Ce que je réclame en revanche, c’est la liberté de pouvoir donner mon avis sur la religion musulmane. Je réclame de pouvoir dire, sans crainte de la loi ni de mes semblables, que je considère que l’islam est l’une des religions les plus funestes qui aient jamais existé, du point de vue de ses conséquences sociales et politiques. Que je considère que l’enseignement de Mahomet encourage la superstition, le fatalisme, la brutalité, la misogynie, le despotisme, la guerre, entre autres choses. Que partout où cette religion s’est implantée durablement elle a stérilisé l’intelligence, effacé la liberté, tari l’industrie humaine. Je réclame de pouvoir dire que je considère l’islam comme un des grands fléaux de l’humanité.

    Voilà ma conviction, que je suis tout à fait prêt à défendre avec des faits et des arguments. Dès lors, si des musulmans se sentent outragés par mes propos, c’est leur problème. J’ai fait l’effort d’articuler un discours, ils peuvent donc me répondre sur le même terrain, à supposer qu’ils en soient capables. S’ils n’en sont pas capables, et qu’ils répondent par des injures ou des menaces, cela prouvera simplement la justesse de mon diagnostic.

    Ai-je encore cette liberté ? Je n’en suis pas bien persuadé. Mais ce que je sais c’est que, personnellement, je ne combattrai pas une religion qui me paraît encourager la stupidité avec les armes de la stupidité.

    Je ne pense donc pas non plus qu’il soit pertinent de faire des caricatures « charliesques » de Mahomet, pour ainsi dire, une partie du programme scolaire, ou de les afficher partout, même si je peux comprendre le désir presque irrésistible de le faire après un acte aussi abominable que l’assassinat de Samuel Paty. Il me semblerait beaucoup plus pertinent, par exemple, de mettre au programme de français le Mahomet de Voltaire, de dire certaines vérités sur l’islam en cours d’histoire, au sujet par exemple de son expansion par la conquête et la destruction, au sujet de la place qu’a tenu l’esclavage des noirs et des chrétiens dans les sociétés musulmanes, etc.

    Au lieu d’employer un temps et une énergie précieuses à enseigner de fantomatiques « valeurs de la République » ainsi qu’à essayer d’expliquer et de justifier des caricatures laides et sans esprit, que l’on expose les jeunes musulmans qui sont dans nos écoles, comme tous les autres jeunes gens, au meilleur de la civilisation occidentale et au meilleur de la France. Que leurs enseignants ne parlent qu’avec respect et – pourquoi pas ? – avec amour de la France, et qu’ils en parlent souvent. Que l’on cesse de vouloir sottement dissimuler le fait que la France est un pays de marque chrétienne, comme si on en avait honte. Tout cela fera infiniment plus pour leur intégration à la nation française – si tant est qu’ils en aient envie, bien sûr – que tous les numéros de Charlie Hebdo ou tous les « humoristes » du monde.

    Et, bien sûr, que l’on soit intraitable en matière de discipline scolaire.

    Même si cela ne devait pas contribuer d’un iota à les faire devenir des Français de cœur, cela contribuera du moins à faire des petits Français de souche un petit peu moins incultes, un petit peu moins perméables à la vulgarité et au relativisme du temps. Ce serait déjà un grand bien.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Chronique d'une tragédie annoncée

     

    Par le Général (2s) Antoine MARTINEZ

    Le général Antoine Martinez nous a transmis les fort intéressantes réflexions qui suivent, datées du 10 août 2017. Nous en partageons l'esprit et le souci au regard de l'actualité et de l'urgence. Et nous les reprenons in extenso. On ne s'étonnera pas que nous divergions cependant d'avec cette analyse sur trois questions de principe : primo sur les progrès que l'Occident aurait accomplis en tous domaines, au cours des derniers siècles, car si tel était le cas il ne se trouverait pas aujourd'hui dans l'état de faiblesse extrême qui est le sien face à l'invasion démographique et culturelle qui le frappe. Le désordre social, politique et moral qu'il connaît depuis deux ou trois siècles ne peut, selon nous, être considéré comme un progrès. Secondement, nous mettons en doute que les printemps arabes - largement orchestrés de l'extérieur et dont il ne reste presque plus rien aujourd'hui - aient correspondu à un réel désir de démocratie, du moins sous sa forme européenne ou occidentale, de la part des peuples arabes dans leurs profondeurs. Enfin, sur la question des droits de l'homme, aussi, nous divergeons. Non pas que nous niions leur existence en tant que tels, mais parce que sous leur forme idéologique, le droit-de-l'hommisme dominant, ils deviennent un puissant levier contre la cohésion et la capacité de résistance de nos sociétés.  De quoi débattre ! Lafautearousseau    

     

    Quand la Grande Muette prendra la            parole 001 - Copie.jpgIl y a quelques jours, le général italien Vincenzo Santo, interrogé par un journaliste sur la submersion migratoire actuelle, affirmait : « il suffit d'utiliser l'armée pour la mission qui est à l'origine de sa création, celle de défendre nos frontières. Il est tout à fait possible de mettre le holà à cette immigration désordonnée et massive. En quelques jours, l'armée italienne pourrait y mettre fin ».

    Il a parfaitement raison, mais ces propos sont tenus par un officier général, donc un militaire qui comme tout militaire, qu'il soit Italien, Français, Allemand, Espagnol, Belge, Néerlandais, Polonais, Danois, ou Suédois s'est engagé au service de sa patrie pour laquelle il est prêt à se battre. Et il la voit aujourd'hui, pour le plus grand malheur de son peuple, sombrer vers le chaos orchestré par l'irresponsabilité de ses dirigeants politiques inaptes à commander en situation de crise majeure. Car ces dirigeants politiques, et pour nous Français, NOS dirigeants politiques, ne peuvent pas ne pas reconnaître que les propos tenus par ce général italien sont des propos réalistes et de bon-sens. Il suffit, en effet, de vouloir et d'ordonner. Un chef d'Etat responsable doit savoir que l'histoire est tragique mais que gouverner c'est prévoir, anticiper et non pas être soumis à l'événement. En ne sachant pas décider ou en refusant de se déterminer face à l'événement, il ne fait que précipiter la tragédie en marche. Cette catastrophe aurait pu être évitée si, après l'éclatement en décembre 2010 de ce qu'on a appelé « le printemps arabe », des mesures préventives avaient été décidées dès le début de l'année 2011, avec la mise en place d'un « cordon sanitaire naval » face aux côtes libyennes élargi ensuite en Mer Egée, face à la Turquie. Et un général français – au moins un – analysait les conséquences possibles de ce « printemps arabe » et formulait ses inquiétudes dans un éditorial daté du 28 février 2011 (!) qui était transmis à nos parlementaires, députés et sénateurs ! Quelques extraits de ce document prémonitoire sur certains points méritent d'être rappelés ici. La totalité du document est disponible dans l'essai récemment publié aux éditions Apopsix « Quand la Grande Muette prendra la parole » (général A. Martinez), préfacé par Ivan Rioufol. Avec le recul de six années, on constate la faute impardonnable des responsables politiques européens et notamment français qui devraient rendre des comptes. 

    Face à cette révolution du monde arabo-musulman, une nécessité pour les Européens : anticiper ses effets et protéger leurs frontières (Extraits) 

    Une grande partie du monde musulman semble aujourd’hui ébranlée et bousculée dans ses certitudes. Alors que les islamistes proclament que l’islam dominera le monde et qu’ils élèvent le Coran au rang de constitution et la charia à celui de code de justice, un vent de révolte se lève progressivement dans cette frange territoriale qui s’étend du Maroc au Proche et Moyen-Orient. Inattendue, cette révolte qu’aucun expert n’avait prévue ou imaginée peut être qualifiée de véritable révolution qui marquera sans nul doute le XXIe siècle, non seulement à l’intérieur même du monde musulman mais surtout dans ses rapports avec l’Occident et donc avec le monde aux racines chrétiennes.

    … Reconnaissons que l’islam en tant que système politique – car il n’est pas seulement une religion – a prouvé son incapacité à procurer le progrès et le bien-être à ses sujets, maintenant la majorité de ces peuples dans l’ignorance, la pauvreté et le fanatisme. Ce système qui refuse les droits de l’homme au profit des seuls droits de Dieu a des siècles de retard sur le monde réel ce qui a créé un décalage considérable que le citoyen musulman moyen peut aujourd’hui découvrir enfin grâce au développement des moyens de diffusion de l’information et notamment de l’internet. Le résultat ne peut être qu’explosif. Car rejeter pendant des siècles la modernité, les progrès de la science, l’accès à l’éducation et à l’instruction a contribué à instaurer un retard colossal dans le développement de ces peuples et, par voie de conséquence, à entretenir un ressentiment à l’égard de l’Occident qui n’a cessé, lui, de progresser dans tous les domaines.

    ... En réclamant aujourd’hui la liberté et la démocratie, ces peuples révoltés aspirent en fait au bien-être, comme tout être humain libre, et finalement aux valeurs et principes défendus par l’Occident. Ils reconnaissent de fait l’universalité de ces valeurs. On assiste ainsi paradoxalement mais objectivement au triomphe des valeurs portées par la pensée chrétienne à l’origine des droits de l’homme.

    ...Il convient toutefois de rester prudent sur l’évolution du processus en cours et sur ses conséquences impossibles à cerner pour l’instant. Et si cette révolte a surpris tout le monde, les responsables politiques occidentaux, et particulièrement européens, se doivent à présent d’anticiper. Il y a urgence...  il faut être lucide et ne pas accepter de suivre et subir les événements mais les précéder.

    ...L’origine de la révolte est d’ordre social, provoquée par la misère et le chômage, et elle se produit dans des pays conduits par des régimes dictatoriaux ou des monarchies qui n’ont rien à voir avec la démocratie. Cela amène ces derniers à réprimer cette aspiration à plus de liberté avec une violence inouïe pour certains. Ces dictateurs ont maintenu leur peuple dans la pauvreté en stigmatisant l’Occident forcément responsable de leur situation alors que la plupart de ces pays disposent de richesses confisquées par leurs dirigeants. Incompétents, corrompus et irresponsables, ils n’ont rien appris de l’Histoire et leur refus d’accepter l’évidence laisse augurer des lendemains douloureux avec peut-être la mort au bout pour certains d’entre eux ...Mais si les situations des pays concernés sont différentes, des points communs les rassemblent: ces peuples ont été maintenus, pour la plupart, dans la misère et la précarité, sont frappés par des taux de chômage ahurissants et ont été privés jusqu’ici de liberté, notamment d’expression. Le réveil sera donc violent. D’autant plus qu’un autre point commun les caractérise, la démographie, incontrôlée, facteur aggravant et véritable bombe à retardement. L’ensemble de ces points communs doivent rapidement être pris en compte par nos gouvernants, car, alors qu’on aurait pu s’attendre logiquement à ce qu’une partie des Tunisiens installés en Europe et notamment en France rentre au pays après le départ de leur président, c’est un flot de milliers de clandestins tunisiens, poussés par la misère, qu’on a laissé débarquer en deux jours en Europe....Le citoyen européen ne peut pas accepter cela. Imaginons la suite, lorsque les régimes libyen ou algérien auront été balayés. L’Union européenne doit condamner ces dictateurs et aider ces pays mais elle doit vite adopter des mesures concrètes et non pas, comme elle vient de le décider, la création d'un groupe de travail  pour “prendre toute mesure urgente que la situation imposerait”. Des mesures fermes sont justifiées tout de suite par un état d’urgence à décréter en provoquant la réunion d’un Conseil européen extraordinaire. Il convient de coordonner nos moyens et les déployer immédiatement dans des actions préventives et dissuasives de surveillance et de contrôle au plus près des côtes du sud de la Méditerranée et, si nécessaire, d’intervention et de refoulement systématique des clandestins. Renforcer les moyens de contrôle et de refoulement à la frontière entre la Turquie et la Grèce, véritable passoire, est également impératif. Il faut empêcher que ne se réalise le scénario cauchemardesque du “ Camp des saints ” de Jean Raspail. Faire preuve d’attentisme dans ces circonstances serait non seulement coupable mais suicidaire pour nos pays ce qui faciliterait en outre la tâche des islamistes.

    ...De plus, ces organisations islamistes, bien conscientes de l’évolution du monde, ont probablement bien compris que la révolution à laquelle nous assistons aujourd’hui dans les pays musulmans à la périphérie de l’Europe devrait provoquer des changements...ces organisations pourraient donc se radicaliser encore plus et tenter de provoquer le chaos là où elles le peuvent. Et le territoire européen ne sera pas épargné car ces islamistes y sont bien implantés et ils pourraient être beaucoup plus actifs et dangereux...On le voit donc, la situation est volatile et il est impossible pour l’instant de prédire non pas le futur mais le simple avenir immédiat. On sent bien que plus rien ne sera dorénavant comme avant et que ce XXIème siècle marquera l’Histoire...

    A court terme, il faut, de toute façon, prévenir l’envahissement du territoire européen par des hordes de clandestins. C’est pour l’instant une priorité vitale que les gouvernants européens ne peuvent pas ignorer.      

    Six années après la rédaction de cet éditorial, on constate non seulement la confirmation de cette tragédie annoncée pour les peuples européens et concrétisée par cette invasion migratoire – amorcée dès le début de l'année 2011 mais amplifiée par l'Etat islamique à un niveau qui a largement dépassé ses promesses faites à la fin de l'année 2014 – mais on mesure également la lâcheté et la culpabilité impardonnables et condamnables des dirigeants européens et donc français. Non seulement ils ont manqué à leurs devoirs à l'égard des peuples dont ils ont la responsabilité et qu'ils doivent protéger, mais, en étant incapables d'anticiper ce qui était pourtant prévisible, ils aggravent la situation. Alors, devant les drames qui se préparent, la réponse ne réside-t-elle pas dans la révolte des peuples européens qui doivent à présent réagir et forcer leurs dirigeants à inverser le cours funeste des choses ?  •

    Quand la Grande Muette prendra la            parole 001 et 002.jpg

    Général (2s) Antoine MARTINEZ

    Coprésident des Volontaires Pour la France

    Volontaires Pour la France

  • En hommage à Pierre Schoendoerffer...

            Tout d'abord, cette page dans Le Monde d'aujourd'hui (avec vidéos et photos) :

    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2012/03/14/pierre-schoendoerffer-un-survivant-de-l-histoire_1667727_3476.

            L'écrivain et cinéaste Pierre Schoendoerffer est mort mercredi 14 mars à l'âge de 83 ans, à l'hôpital militaire Percy, de Clamart. Politique magazine l'avait rencontré l'année dernière et en avait dressé le portrait (Politique magazine n°93-février 2011) à une époque ou il semblait un peu oublié par les medias. Membre de l'Académie des Beaux-Arts, il était le cinéaste de nos soldats les plus oubliés et parfois même perdus. Appréciée du public, son oeuvre dérangeait,  ce qui est toujours la marque d'un art accompli. 

    Pierre Schoendoerffer, le dernier passeur de héros 

    par Benoît Gousseau  

    LE REGARD au contour gris du plus humble de nos grands cinéastes, était fait pour se poser sur les horizons marins. Il est resté fixé sur les contreforts de la cuvette de Dien-Bien-Phu.  Des lèvres minces ouvrent un sourire tendrement nostalgique sur d'anciennes souffrances partagées avec des camarades de combat et de captivité. Le masque ne s'est figé dans aucune haine ou ressentiment, mais exprime au contraire la plus grande bienveillance pour ce qu'il y a de meilleur dans les êtres. La silhouette a conservé, des années plus tard, l'ascétique élégance du coureur d'aventure au plus près de la guerre et dont l'oeil a su voir, à travers un objectif, la réalité concrète qui faisait d'hommes ordinaires des héros. Pierre Schoendoerffer nous reçoit dans son intérieur parisien, sobre et clair, à deux pas du Musée de la marine, proximité qui n'est pas anodine à bien entendre ses premiers propos : « Je voulais être marin ». Le jeune exilé d'Alsace en Haute Savoie pendant l'Occupation, avant même de l'avoir vue, a reçu l'appel de la mer en lisant Fortune carrée de Joseph Kessel. Roman d'un journaliste exaltant le reportage autant que l'aventure maritime, il se peut que même inconsciemment, il éveilla dans l'imagination de l'adolescent autant la soif de voyager pour raconter que de naviguer pour « aller ailleurs ». Pourtant, nous confie notre hôte : « Rien ne me destinait à écrire. Je voulais faire le métier de marin, mais mes médiocres résultats scolaires m'écartaient naturellement de la voie royale de la Marine nationale et finalement aussi de la Marine marchande. En 1947, je cherchais donc un embarquement sur n'importe quel navire et je fus pris sur un caboteur de haute mer suédois comme matelot léger. »

    L'INDOCHINE, TERRE DES FRATERNITÉS MILITAIRES

    Pendant 18 mois, le jeune Schoendoerffer parcourt la Baltique et la Mer du Nord. Une nuit de quart à la barre du S.S. Anita Hans, se récitant les pages de Fortune carrée qui l'habitent toujours, il réfléchit à son destin. Il sait déjà que le métier de marin ne répond pas pleinement à sa vocation. L'envie de raconter des histoires refait surface, et, puisque ses courtes études semblent ne pas le promettre à un avenir d'écrivain, pourquoi ne pas les raconter en image ? Le cinéma connaît au lendemain de la guerre un fort engouement populaire et lui-même, sans être un cinéphile, se précipite dans les salles obscures chaque fois qu'il le peut. Avec l'inconscience de la jeunesse et croyant pouvoir profiter d'un temps où tout était neuf dans une France en train de se reconstruire, le matelot à peine débarqué s'en va frapper aux portes du cinématographe avec des idées de scénario qui seront toutes refusées.  Il découvre un métier finalement assez organisé : «Le cinéma c'est le château de Kafka. Pour y entrer, il faut être déjà dedans». Il s'inscrit donc à des cours du soir proposés par l'École de la rue de Vaugirard qui forme des techniciens pour le cinéma. Puis un jour, le destin vient frapper à sa porte : un article de Serge Bromberger dans Le Figaro relate la mort de Georges Kowal, cameraman de guerre, tué en Indochine. L'apprenti opérateur se présente au Service cinématographiques des armées en se disant que le disparu doit être remplacé. Il convainc. Après une courte formation, il signe un engagement de quatre ans et s'envole pour Saigon.

    C'est en Indochine que Pierre Schoendoerffer découvre la fraternité militaire dont presque toute l'oeuvre future tentera de dévoiler au public les ressorts complexes et l'héroïque beauté, lorsqu'elle est confrontée à la cruelle réalité politique, en des temps où la guerre, parfois gagnée sur le terrain, est toujours perdue sous les ors de la République. Ses premiers reportages le conduisent au coeur de l'action. La Bell et Howell est son arme. Le magasin de cette caméra 35mm dite légère ne lui laisse que vingt secondes de plan avant de recharger. Cela impose des choix radicaux, des réflexes précis, un taux d'adrénaline égal à celui du combattant. En 1952, il fournit ainsi sa première correspondance, un court-métrage de 9 minutes. Toute l'année 1953 le verra se déplacer sur divers théâtres d'opération dont le camp de Dien-Bien- Phu. Il devient «Schoen», se fait apprécier, rencontre les chefs militaires, baroude avec toutes les troupes, se fait des amis. En 1954, la situation empire autour de Dien-Bien-Phu. Par télégramme, son ami le sergent-chef Jean Péraud, photographe du service, lui demande de le rejoindre dans le camp encerclé pour y tourner des images. Il saute donc sur Dien-Bien-Phu avec le 5e BPVN (5e Bataillon de parachutistes vietnamiens) et fête là son vingt-sixième anniversaire. Puis ce sera l'ultime bataille et la capitulation. Images restées à jamais dans la mémoire du jeune cinéaste qui en tirera, en 1992, un film poignant tant par la rigueur de son langage que par sa vision poétique d'une civilisation en train de mourir. Vision si pudique de ces événements tragiques, qu'elle fait l'impasse, du moins par les images, car les chiffres sont rappelés en codicille, sur les épreuves qui suivront la capture. Schoendoerffer les vit avec ses camarades, y perd son ami Péraud disparu lors d'une tentative d'évasion avec lui, et n'est rendu à la liberté que quatre mois plus tard parmi les 40% de rescapés de ces camps de la mort dispersés dans une jungle inextricable. De retour à Saigon, la vie reprend.

    Il n'envisage pas encore le retour en France et travaille donc comme reporter photographe au Sud-Vietnam, Laos et Cambodge pour Paris-Match, Paris Presse et diverses publications étrangères. 

    STYLE, ESTHÉTIQUE, TRANSCENDANCE

    En 1955, avec quelques économies, Schoendoerffer se décide à quitter l'Indochine, mais le retour en France se fera par le chemin des écoliers. Et c'est à Hong Kong que s'opère une rencontre décisive, celle de Joseph Kessel. L'écrivain qu'il adule y est en reportage et manifeste le plus grand intérêt pour ce jeune photographe de guerre qui a connu la captivité vietminh et sollicite une entrevue. Ils se voient. Schoendoerffer est sur un nuage. Ils promettent de se revoir à Paris. En attendant, le voyage continue avec un petit crochet par Hollywood où le futur cinéaste participe en quasi travailleur clandestin au tournage d'un film. Il ne peut s'attarder. Il rentre enfin en France. À Paris, les rescapés du corps expéditionnaire d'Indochine ne sont pas les bienvenus. Pathé cherche un caméraman pour filmer les événements du Maroc, cela tombe bien. Mais l'idée de réaliser un film à lui trotte toujours dans sa tête et il se décide à appeler Kessel qui l'attend. Ils construisent immédiatement le projet d'un film en Afghanistan sur un scénario du maître, et c'est l'expédition de La Passe du Diable avec Jacques Dupont et Raoul Coutard. Une étape est franchie. Schoendoerffer est enfin admis dans le cercle si longtemps refusé du cinéma. Il réalise alors coup sur coup Ramuntcho et Pêcheurs d'Islande, d'après Pierre Loti. Pour autant, sa vraie carrière cinématographique ne commencera vraiment qu'avec La 317e section, en 1965, sujet que personne ne voulait et qui fut à défaut publié comme roman à La Table Ronde par Roland Laudenbach. La thématique Schoendoerffer, son style, son esthétique, sa transcendance de la violence dans une exaltation de l'honneur, de la fidélité et de la fraternité y figurent dans un langage où les images ne connaissent aucun bavardage. L'œuvre est plantée. Tous les films qui suivront seront autant de jalons sur cette voie unique dans le cinéma français : celle où se fraie la voix d'un passeur de mémoire.

  • Éphéméride du 30 Juillet

    Arles, de nos jours

     

    1178 : Frédéric 1er Barberousse est couronné en Arles Empereur du Saint Empire Romain Germanique   

     

    La cérémonie est présidée par l'archevêque d'Arles, Raimon de Bollène.

    À cette époque, la Provence ne faisait pas encore partie du Royaume de France, mais était une province du Saint Empire, lequel avait le Rhône pour frontière. Et la ville d'Arles jouissait d'un prestige certain : favorisée par Jules César, puis par Constantin le Grand, elle accueillit plusieurs conciles, dont celui qui, en présence de l'Empereur Constantin lui-même, condamna le Donatisme.

    À partir de la chute de l'Empire romain, l'histoire de la région fut marquée par les diverses invasions (wisigoths, ostrogoths, sarrasins...), puis l'intégration à l'Empire de Charlemagne et, à la dislocation de celui-ci, une certaine indépendance, plus ou moins maintenue, jusqu'à l'absorption, en 1032, dans le Saint Empire. 

    En 1365, le 4 juin, un autre empereur germanique, Charles IV, se fera couronner comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, roi d'Arles, à la cathédrale Saint-Trophime.

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeEn ce temps-là, les bateliers qui descendaient le Rhône ne disaient pas "à droite/à gauche", ni "babord/tribord" mais, s'ils voulaient aller à droite, "Reiaume" (parce qu'il fallait aller du côté du Royaume de France); ou, s'ils voulaient aller à gauche, "Empèri" (parce qu'il fallait aller du côté du Saint Empire : on trouve là l'origine du nom du Château de l'Empèri, à Salon (ci contre).

    Malgré un premier rapprochement, esquissé par le mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence, il faudra attendre plusieurs siècles pour que la France atteigne sa "frontière naturelle" du côté des Alpes. La première réunion fut celle du Dauphiné, en 1349, réunion à partir de laquelle l'héritier du royaume devait porter le titre de "Dauphin".

    Il faudra attendre Louis XI, en 1481, pour que la Provence devienne française à son tour.

    Enfin, il faudra attendre Napoléon III et les plébiscites de 1860 pour que Nice - détachée de la Provence en 1388 - et la Savoie (le Val d'Aoste ayant été malencontreusement "oublié" par les négociateurs français) intègrent à leur tour la communauté nationale. 

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    1589 : Les deux Henri III, de France et de Navarre, mettent le siège devant Paris

     

    Nous sommes à la huitième et dernière des Guerres de religion qui, de 1562 à 1598, ont déchiré la France.

    Les deux rois - tous deux "Henri III" - ont réuni une armée de plus de 30.000 hommes. Le duc d'Épernon les rejoint avec un renfort de 15.000 hommes principalement composés de Suisses. Paris est alors défendue par 45.000 hommes de la milice bourgeoise, armée par le roi d'Espagne Philippe II.

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeParis est alors en proie à une véritable hystérie "religieuse", et La Sorbonne vient de relever tous les Français - et pas seulement les Parisiens... - de leur devoir de fidélité au roi légitime, sacré à Reims, Henri III de Valois (ci contre). Le roi d'Espagne, Philippe II, se fait un plaisir d'intervenir dans nos affaires et soutient la Ligue catholique, opposée à Henri III de France, catholique mais allié à Henri III de Navarre, réformé, qu'il a reconnu comme son successeur, puisqu'il n'a pas d'enfant.

    À 261 ans de distance, l'histoire, en effet, se répète : en 1328 mourait - sans enfant - le troisième et dernier héritier de Philippe le Bel, Charles IV le Bel. Avec lui s'éteignait la lignée des Capétiens directs (voir nos Éphémérides des 1er février et 2 février) et il fallut trouver un remplaçant : ce fut Philippe VI de Valois qui fut choisi, ce qui fut l'un des prétextes de la Guerre de Cent ans.

    En 1589, il se passa exactement la même chose qu'en 1328 :

    en 1328, après un règne brillant (Philippe le Bel) les trois fils du roi régnèrent successivement, mais aucun n'eut d'héritier mâle (seul Louis X eut un fils, qui mourut à l'âge d'un an);

    en 1589, après le règne brillant d'Henri II, fils de François premier, ses trois enfants régnèrent eux aussi, l'un après l'autre, mais sans avoir d'héritiers mâles non plus : François II, Charles IX et Henri III.

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeLa logique dynastique, déjà suivie en 1328, voulait que l'on choisît le plus proche cousin d'Henri III de France - fût-il très lointain... - c'est-à-dire Henri III de Navarre. Mais Henri III de Navarre était réformé, et donc rejeté par la grande majorité des Français, partout en France et surtout à Paris, la ville-capitale, totalement acquise à la Ligue catholique. On fit même sacrer, sous le nom de Charles X, un autre Bourbon, qui était cardinal, mais qui mourut sur ces entrefaites...

    C'est le grand mérite d'Henri III - dont Bainville a bien souligné le dévouement - que d'avoir eu une vision politique des choses : "...la France avait failli se dissoudre et tomber aux mains de l'étranger. Henri III avait tout sauvé en exposant sa vie pour le respect du principe héréditaire, fondement de la monarchie et de l'indépendance nationale..."

    En effet, le siège de Paris ne sera pas long pour Henri III, dernier représentant de la dynastie des Valois : arrivé le 30 juillet, il sera frappé par le poignard de Jacques Clément deux jours après, le 1er août, et décédera dans la nuit du 2 au 3...

    Henri III de Navarre, du coup, devient Henri IV, premier "Roi de France et de Navarre", cette province n'ayant plus, désormais, de roi particulier, son souverain étant désormais confondu avec le roi de France...

    Il réussira à ramener la paix dans un royaume qui se déchirait atrocement depuis près de quarante ans : il mourra pourtant, lui aussi (le 14 mai 1610) assassiné par le poignard d'un fanatique, après un règne bienfaisant et réparateur d'un peu plus de vingt années.

     

    arles,saint empire,barberousse,mistral,coupo santo,balaguer,éelibrigeLes deux "Henri III" sont les deux seuls rois de France assassinés, exception faite, bien sûr de Louis XVI et Louis XVII, ainsi que de la reine Marie-Antoinette, dont l'essence même de l'assassinat était radicalement différente :

    • en tuant Henri III, puis Henri IV les forcenés fanatiques ne voulaient pas détruire la religion chrétienne, ils pensaient au contraire - à tort, évidemment... - en préserver la pureté;

    • et ils ne remettaient pas en cause le principe monarchique, ils pensaient au contraire le confier à un roi, selon eux, plus digne.

    Les terroristes révolutionnaires de 89/93, eux, avec l'assassinat du roi sacré - continué par le martyre de l'enfant-roi - jetèrent à la tête de la France et du monde le défi que représentait "l'acte le plus terriblement religieux de notre Histoire" (selon le mot si juste de Prosper de Barante); ils voulaient éradiquer - du point de vue spirituel - la religion traditionnelle de la France, chrétienne depuis Clovis (c'est-à-dire depuis avant même que "la France" ne fût "la France"; et ils voulaient éradiquer  - du point de vue temporel - la royauté traditionnelle, pour remplacer l'une et l'autre par leur nouvelle religion républicaine, abstraction idéologique dont l'Histoire a amplement montré la nocivité mortifère...

     

     Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides :

    pour les rois morts à l'étranger, voir l'Éphéméride du 8 avril;

    pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'Éphéméride du 11 février;

    pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'Éphéméride du 21 mars;

    pour les rois assassinés, voir l'Éphéméride du 30 juillet...

     

     

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    1867 : la Coupo santo      

     

    Voici un sujet qui, s'il concerne bien sûr, au premier chef, les Provençaux, revêt une importance symbolique et politique pour l'ensemble des cultures françaises, et européennes.

    En effet, il montre bien que, si l'amour de la "petite patrie" est le meilleur moyen d'aimer "la grande", le nationalisme bien compris n'est nullement un repli sur soi mais, bien au contraire, une ouverture aux autres. On le voit ici, à travers l'amitié et la solidarité trans-frontalières entre Catalans et Provençaux : il s'agit, en l'occurrence, de solidarité historique, culturelle et linguistique, mais ces solidarités peuvent s'étendre à tous les autres domaines...

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      Les abstractions ne font rêver personne : c'est parce qu'il est enraciné dans une culture particulière - la provençale - que Mistral est universel, et qu'il chante, à travers la provençale, toutes les cultures soeurs et solidaires de l'Europe...      

     

    Lorsque Mistral compose l'Ôde à la Race latine (qu'il récite pour la première fois, en public, à Montpellier, voir l'Éphéméride du 25 mai), il est bien évident qu'il ne le fait pas dans un esprit d'exclusion des autres cultures qui composent l'Europe, mais qu'au contraire, en en exaltant une, il les exalte toutes, et les appelle toutes à se fédérer autour de leurs héritages communs, spirituels, religieux, historiques etc... : à travers l'Idéal que Mistral fixe À la Race latine, c'est toute l'Europe, chrétienne et gréco-latine qui, malgré ses déchirements, est appelée à rester greffée sur ses fondamentaux civilisationnels, qui sont les mêmes pour tous les Européens...

    Voici donc, rapidement rappelées, l'histoire - et le sens - de la Coupo santo...

    L'amitié de coeur et d'esprit entre les Catalans et les Provençaux est une constante chez ces deux peuples frères, qui sont deux des sept branches de la même raço latino.

    En 1867 en Catalogne un puissant mouvement fédéraliste se dresse contre l'État espagnol : il est conduit par Victor Balaguer, Jacinto Verdaguer et Milos y Fontals. Pendant quelques temps ces derniers sont déclarés indésirables en Espagne et la reine Isabelle II les exile. Jean Brunet, lié à certains des exilés catalans, leur offre l'hospitalité, avec les Félibres provençaux. Les Catalans passent quelques mois en terre provençale puis regagnent leur pays.

    Le 30 juillet 1867, les Catalans sont invités par les Félibres : un grand banquet se déroule à Font-Ségugne. C’est à ce moment là que les catalans, en remerciement de l'accueil fait par les félibres lors de leur exil, leur offrent la coupe en argent.

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    La Coupo, offerte par les Catalans 

    Dans notre Album Maîtres et témoins...(I) : Frédéric Mistral. voir la photo "La Coupo (I)" et la suivante

     

    Il s'agit d'une conque de forme antique, supportée par un palmier :

    debout contre le tronc du palmier deux figurines se regardent : ce sont les deux sœurs, la Catalogne et la Provence;

    la Provence a posé son bras droit autour du cou de la Catalogne, pour lui marquer son amitié; la Catalogne a mis sa main droite sur son cœur, comme pour remercier;

    aux pieds de chacune des deux  figurines, vêtues d'une toge latine  et le sein nu, se trouve un écusson avec les armoiries de sa province;

    autour de la conque  et  au dehors, écrit sur une bande tressée avec du laurier, on lit l'inscription suivante :

    "Souvenir offert par les patriotes catalans aux félibres provençaux pour l'hospitalité donnée au poète catalan Victor Balaguer. 1867"

    Sur le piédestal sont finement gravées les inscriptions suivantes :

    "Elle est morte, disent-ils, mais je crois qu'elle est vivante" (Balaguer) - "Ah ! s'ils savaient m'entendre ! Ah ! s'ils voulaient me suivre !" (F.Mistral)

     

    Cette coupe a été ciselée par le sculpteur Fulconis d'Avignon, lequel refusa d'être payé pour son travail, lorsqu'il apprit la destination et le sens de cette Coupo, beau symbole de l'amitié entre deux peuples, auquel il a ainsi grandement contribué.....

  • Mourir pour Taïwan ?, par Antoine de Lacoste.

    La Chine est à la mode. Tous les géopolitologues, stratèges, généraux en retraite ou en activité planchent sur le sujet d’actualité : la Chine sera-t-elle la cause de la troisième guerre mondiale ? Et de prédire : « si le feu prend, c’est Taïwan qui en sera l’allumette ».

    LACOSTE.jpgUNE ILE SYMBOLE

    Taïwan, longtemps appelée Formose par les occidentaux, est une île symbole. C’est ce qui en fait son prix. Située à 180 kilomètres à l’est de la Chine, elle compte 24 millions d’habitants pour une superficie de 36 000 kilomètres carrés, soit une des plus fortes densités du monde mais aussi une fécondité catastrophique, avec à peine plus d’un enfant par femme.

    Tardivement conquise par la Chine, au XVIIIème siècle, elle fut ensuite cédée (de force) au Japon. Vaincu en 1945, ce dernier dut la rétrocéder à l’Empire du Milieu. C’est alors qu’elle entra dans l’Histoire.

    La guerre civile chinoise se termina en 1949 par la victoire des communistes et la défaite des nationalistes de Tchang Kaï-chek qui se réfugièrent à Taïwan, suivis par plusieurs millions de civils qui refusaient le joug communiste. Le parapluie américain se déploya immédiatement et les Chinois furent prévenus que Taïwan était désormais sous leur protection.

    Les nouveaux maîtres de la Chine continentale renoncèrent sagement à leur projet d’invasion voué à l’échec et portèrent leurs efforts sur la diplomatie. Il s’agissait de se faire reconnaître par le monde comme seul pays représentant la Chine. Deux attitudes s’opposèrent : les pays communistes ou compagnons de route reconnurent la Chine continentale, les autres Taïwan. Une reconnaissance excluait l’autre.

    Le basculement se fit à partir de 1971. La Chine et l’Union soviétique s’étaient fâchées dès le début des années cinquante et, après des années d’hésitation, les Etats-Unis décidèrent de se rapprocher de la Chine afin d’isoler l’Union soviétique. Ce spectaculaire réchauffement, qui démarra par un match de ping-pong, se traduisit par la visite historique de Richard Nixon à Pékin en 1972. Dès lors, la quasi-totalité des pays du globe reconnurent progressivement la République populaire de Chine. La France l’avait d’ailleurs fait dès 1964, afin de montrer à l’Amérique que ce n’était pas elle qui dictait le calendrier diplomatique mondial.

    Mais cet isolement diplomatique de Taïwan ne se traduisit pas par un isolement militaire. Les Etats-Unis continuèrent d’affirmer l’intangibilité de la sécurité de l’île. Des navires de guerre américains patrouillent depuis des décennies dans le détroit et l’armée taïwanaise elle-même est d’un haut niveau.

    LA CRISE DE 1995

    La Chine n’a jamais accepté cet état de fait et c’est pour ne pas la provoquer que Taïwan n’a pas souhaité proclamer officiellement son indépendance.

    En 1995 et 1996, l’armée chinoise tenta une spectaculaire opération d’intimidation. De nombreux missiles balistiques furent tirés tout près des ports de l’île et des opérations de simulation d’attaque furent organisées. Le Président Clinton réagit immédiatement et deux porte-avions croisèrent dans le détroit. Tout rentra dans l’ordre.

    Cette « crise des missiles » eut des conséquences majeures.

    C’est après elle que la Chine, humiliée mais pragmatique, s’engagea dans une spectaculaire modernisation de son armée. La marine fit l’objet de soins particuliers. De même, de très nombreux missiles furent fabriqués et testés. En 2020, la révolution était achevée avec le lancement inédit de deux missiles balistiques capables de détruire un porte-avion. Vulgairement appelés « tueurs de porte-avions », ces missiles inquiètent au plus haut point les Etats-Unis.

    Toute leur flotte est maintenant vulnérable et les forces militaires maritimes sont désormais proches, hors nucléaire où la prépondérance américaine reste importante.

    La donne a donc changé. Pour autant, peut-on affirmer que la Chine prendra le risque d’envahir Taïwan en préjugeant que les Américains ne bougeront pas ? Ce serait un pari extrêmement risqué et les dirigeants chinois ont montré ces dernières années qu’ils préféraient agir à coup sûr.

    UNE CHINE POUR DEUX SYSTEMES ?

    Jusqu’à présent, la stratégie chinoise a plutôt relevé de la méthode douce (le soft power comme on dit chez les mondialistes). Le but étant de convaincre Taïwan de rejoindre le giron continental en gardant son organisation démocratique : c’est une Chine pour deux systèmes. Ce concept n’est pas si irréaliste qu’on pourrait le penser.

    Tout d’abord, les Etats-Unis en ont eux-mêmes accepté le principe par le « Taïwan relations act » voté en 1979 (Biden faisait d’ailleurs partie des votants) qui indique notamment que les relations entre les Etats-Unis et Taïwan sont non officielles, ce qui est logique puisqu’il n’y a pas d’indépendance formelle de l’île. La même année les Etats-Unis reconnaissait officiellement qu’il n’y a qu’une seule Chine dont Taïwan fait partie, la nuance a son poids. Ces données doivent être connues si l’on veut comprendre toute l’ambiguïté du dossier.

    D’autre part, il faut savoir que les échanges entre les deux territoires (n’employons donc pas le mot pays) ont toujours été très importants. Autorisés depuis 1991, ils atteignent 200 à 300 milliards de dollars par an. Bon an mal an, ce sont près de la moitié des exportations de Taïwan qui partent vers la Chine continentale. De très nombreuses entreprises de Taïwan dépendent de la Chine dont elles ont également accompagné le développement. Plus d’un million de Taïwanais se sont installés à Shangaï où ils sont majoritairement chefs d’entreprises. Le partenariat sino-taïwanais est donc très étroit.

    Même l’opinion publique taïwanaise est mitigée. Seule la moitié des personnes consultées souhaite la proclamation de l’indépendance. L’autre moitié ne la demande pas. Non qu’elle ait la moindre sympathie pour le système communiste, mais c’est parce qu’elle a conscience d’être chinoise. D’où l’idée d’une Chine pour deux systèmes.

    L’OMBRE D’HONG-KONG

    Mais un élément nouveau est venu perturber ce beau projet. Il s’agit d’Hong-Kong. En livrant ce petit territoire à la Chine, les Anglais savait parfaitement ce qui allait arriver et le concert de protestations occidentales survenu lors de la répression des émeutes estudiantines relève de l’hypocrisie classique dans ce type de situation. Les Chinois étaient certains qu’il ne se passerait rien car Hong-Kong leur appartient. Il en de même pour les Ouïghours, dont la mise au pas a suscité une indignation toute théorique qui ne pouvait être suivie d’aucune action concrète, d’autant qu’il s’agit d’une province chinoise.

    Rappelons tout de même en passant que cette répression fut précédée de nombreux attentats islamistes (les Ouïghours sont des Turkmènes musulmans). Plusieurs centaines d’Ouïghours partirent même en Syrie faire le djihad. Beaucoup y sont encore.

    En réalité ce touchant et nouvel élan de compassion vers la population Ouïghoure relève d’une stratégie géopolitique on ne peut plus classique. L’Amérique craint de se faire dépasser par la Chine et la discréditer participe à l’organisation de la riposte. Docilement, l’Europe suit et la Chine est passée sous la présidence Trump du statut de puissance montante regardée avec curiosité voire admiration (les nouvelles routes de la soie) au statut d’ennemi. Mais c’est l’Amérique qui l’a décidé selon son principe de toujours « America first ».

    Sa stratégie est opportunément confortée par la nouvelle configuration politique de Taïwan. La présidente Tsai Ing-wen, élue en 2016 et réélue en 2020, fait partie de cette nouvelle génération qui souhaite prendre ses distances avec le continent. L’exemple de Hong-Kong fait peur et beaucoup de Taïwanais, en particulier les jeunes, craignent que le « Une Chine, deux systèmes » ne se transforme un jour en Une Chine, un système. On peut les comprendre.

    D’un autre côté, les brillants exploits guerriers américains des dernières années ont montré que leur fidélité à leurs alliés était à géométrie extrêmement variable. La livraison de l’Afghanistan aux islamistes talibans en constituant la cerise sur le gâteau.

    Alors que feront l’Amérique et la Chine au sujet de Taïwan qui constitue sans nul doute le plus grand risque de conflit direct entre les deux puissances ?

    Nul ne le sait bien sûr. Mais il est certain que la Chine ne renoncera jamais à Taïwan. C’est d’ailleurs inscrit dans sa Constitution. Tout comme la Russie n’avait jamais renoncé à la Crimée que Staline avait offert à l’Ukraine contre toute raison. Poutine a attendu le moment favorable pour récupérer cette terre russe sans tirer un coup de feu.

    Nul doute que Xi Jinping doit méditer cet exemple.

     

     Antoine de Lacoste

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • Onfray, ou la sculpture de soi, avec Annick Geille.

    Source : https://www.atlantico.fr/

    Michel Onfray publie ces jours-ci le douzième volume de sa contre-histoire de la philosophie –La résistance au nihilisme- (Grasset) ainsi que le premier numéro (en ligne) de sa revue « Front populaire ». Double actualité du philosophe le plus populaire de France.

    4.jpgLire Michel Onfray ces derniers temps, l’écouter sur un plateau ou à la radio, c’est constater le même phénomène. Onfray est devenu bon. Très bon. Pourquoi ? Depuis sa  -regrettable- lettre à Macron, et la mise en lumière d’erreurs  et d’approximations dans certains textes concernant l’histoire des religions, le fondateur des « universités nomades» s’est repris. Michel Onfray est une éponge. Il lit, écoute, entend, ressent et corrige le tir. Très réceptif, celui qui fait aimer la philosophie un peu partout en France apprend de ses erreurs, s’il y en a : tant et si bien qu’en ce début d’été 2020, le « sachant » médiatique qu’il est devenu parvient à une sorte de perfection dans  la consolidation de son image.

    «  Le gauchisme culturel fait la loi dans la plupart des médias traditionnels »,  précise l’auteur dans « La résistance au nihilisme », douzième volume de sa contre-histoire de la philosophie ( Grasset). Après cet hommage aux théories  de l’essayiste et sociologue Jean-Paul Le Goff « Le gauchisme culturel et ses avatars » (cf. revue « Le Débat » 2013), Michel Onfray déroule sur 528 pages une somme considérable : Le panorama intellectuel de la France d’après 68. Un vade-mecum du « nihilisme contemporain  comme symptôme de ce que les déshérités n’ont plus aucune consolation »  précise l’éditeur. Une sorte de défilé des penseurs du demi-siècle, avec le déroulé des œuvres, théories et opinions, espoirs, contradictions, désillusions  en  mémoire d’une époque assez bouillonnante ;  facile à lire  - malgré son érudition-, « La résistance au nihilisme » regroupe, tels les onze précédents volumes de cette « Contre-histoire de la philosophie », les cours que le philosophe délivra à ses étudiants de tous âges lors de ses « universités populaires itinérantes ». Le volume 12 de cette «philosophie alternative » fait l’inventaire des vraies- ou fausses- valeurs du dernier demi-siècle, dans le vide des promesses non tenues de Mai 68. « Il s’agit de l’extraordinaire chantier de Michel Onfray :écrire une contre- histoire cheminant le long de la » philososophie officielle » indique la quatrième de couverture. Nous croisons Bernard- Henri Levy et les « Nouveaux philosophes », tels que vus par Gilles Deleuze (1925-1995) : «  Ils ont introduit en France le marketing littéraire ou philosophique au lieu de faire une école (…) Il faut que la multitude d’articles de journaux, d’interviews, d’émissions de radio ou de télé remplacent le livre, qui pourrait très bien ne pas exister du tout. Au fil des pages, nous rencontrons Bourdieu (1930-2002) : «  Pierre Bourdieu fait exploser les catégories qui voudraient qu’on soit de droite donc contre mai 68, ou de gauche, donc pour mai 68 ». Or il y eut des gens de droite pour Mai 68, Maurice Clavel par exemple, et des gens de gauche contre, ainsi Régis Debray » rappelle l’auteur.  

    Onfray renverse certaines statues à bon escient. « Pour le dire  autrement, tous ceux qui ont trempé dans Vichy, Guitton, Valéry, ou Maurice Clavel, la collaboration, soit activement comme Rebatet, Chardonne ou Morand, soit passivement comme Beauvoir, Sartre, et Merleau-Ponty,  ces derniers en ayant vécu normalement, sans rien faire contre l’occupant, en s’arrangeant même plutôt bien de sa présence (…) ». Beau chapitre consacré à Jankélévitch, et à l’antisémitisme tel que défini par « Yanké », qui exige de « pouvoir revendiquer sa judéité sans qu’autrui l’assigne à ce qu’il aura présenté comme étant sa définition. » 

    Comment  ce «nihilisme »  contemporain est-il advenu  ? Outre le « gauchisme culturel » qui  en est le principal artisan,  s’est déchaîné l’antiracisme. «  SOS Racisme a introduit le principe racial et le communautarisme ethnique qu’il affirme combattre. Cette façon de faire marque une rupture avec la tradition républicaine française : les Juifs, les « Beurs », les Maghrébins, les »Blacks » revendiquent des droits pour eux, ils mènent un combat politique en leur faveur et de ce fait, ils inaugurent la revendication identitaire qui fait fi de l’appartenance commune à la collectivité. (…) La République a vécu. » ,dit Michel Onfray à ce propos. 

    L’auteur règle ses comptes à l’écologie punitive. » Leur critique de la raison, du cartésianisme, de la science, du progrès, des Lumières est partielle et partiale(…)» Contrairement à ce que font croire au peuple les clichés du gauchisme culturel ,Michel Onfray note la présence d’hommes de droite dans les rangs de la Résistance, dont le premier d’entre eux, le Général de Gaulle « sans cesse récusé par la gauche pour n’être pas des siens a été l’homme qui a initié la Résistance en France « mais les légendes ont toujours été préférées aux vérités qui gênent », conclut Onfray sur ce chapitre.`

    « Dans l’histoire de la philosophie, il existe une domination  idéaliste, notamment platonicienne. Or, on peut proposer une contre-histoire de la philosophie qui se soucie d’un autre lignage : matérialiste, hédoniste, nominaliste, athée, sensualiste,etc. », dit encore Onfray pour définir le concept de ses recherches. D’abord repris par France-Culture, ses cours sont commercialisés « sous forme de coffrets comprenant chacun 11 à 13 disques compacts audio », édités par Frémeaux & Associés ». On les trouve aussi sur le site de Michel Onfray. Le discours se propage.

     

    Et voici que le philosophe alternatif devient éditeur  de  presse, alors que paraît sa revue « Front populaire » (titre qui a les défauts de ses qualités, mais pourquoi pas ?) («  Déjà imprimée, la revue papier trimestrielle sera disponible le 23 juin en kiosques et le 25 en librairies. Mais d'ores et déjà, cette publication de 166 pages qui entend "mener le combat des idées pour retrouver notre  souveraineté" a gagné le pari financier de son lancement. (cf. Challenge/juin 2020.)»Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres ! » : tel est la profession de foi de «  Front Populaire » ( cf.Discours de la servitude volontaire/1548/. La Boétie) « Le Discours sur la servitude volontaire » n’est rien d’autre qu’un manuel d’insurrection – mais quel manuel! », précise Onfray, dans  son édito. « Résister à la petite musique crétinisante du pouvoir »… Et de tous les pouvoirs, au fond :  la formule pourrait définir non seulement la revue, mais le projet de la galaxie Onfray 2020. Le fondateur et l’ animateur treize années durant  de la « l’université populaire » de Caen est aujourd’hui le dirigeant d’une entreprise « made in Onfray ». Entreprise pensée au millimètre près, depuis le site : contact@michelonfray.com, avec comme logo les lunettes rectangulaires du philosophe. Lui qui n’a pas de passion pour les journalistes- et c’est un euphémisme- en est devenu un. Editeur de presse, à lui et à Stéphane Simon -son associé- (ex associé de Thierry Ardisson), les joies du « business plan », du retour sur investissement ,du stress et du surmenage propres aux lancements de presse. Les contributeurs de « Front Populaire « sont des « souverainistes de droite ou de gauche » issus de la société civile. 

    Les  cours de « contre-philosophie » sont dans l’air du du temps. Une fureur  sourde gagne le pays. Tout le monde est « contre » tout. Les amphithéâtres des universités populaires sont bondés. Michel Onfray a compris. Le public n’en peut plus des discours idéologiques préfabriqués. Onfray est donc  devenu imprévisible. Plus libre. Et c’est ce que son public attend. Cette liberté de ton, cette proximité qui force le respect car il n’y a jamais de préétabli des mots, de théorie guidant le téléspectateur dans la « bonne » direction.

    Jadis impressionnée par « La stricte observance » (Gallimard/Folio), petit texte (128 pages) limpide, d'une grande importance, peu remarqué, dans lequel Onfray s'interrogeait sur la mort (celle de la femme aimée, suivie du décès de son père, ouvrier agricole en Normandie), j’en avais rendu compte ici. L’auteur posait des questions à la foi chrétienne, qu’il respecte. L’homme qui advenait était vrai. Croyants ou pas, nous partagions sa peur. Sa douleur. "Humain, trop humain" : Michel Onfray nous ressemblait. "On ne fait jamais son deuil, disait-il, "c'est le deuil qui nous fait”. Bras tendus dans le noir,Onfray cherchait la lumière. Cela arrive à des gens très bien.Le deuil, la solitude,  la peur.Pas très gai, mais universel. Ce récit romanesque, inspiré de « Vie de Rancé », dernière et magnifique oeuvre de Chateaubriand, disait presque tout de Michel Onfray. « Heureuse solitude, Seule béatitude, que votre charme est doux, De tous les biens du monde, en ma grotte profonde, Je ne veux plus que vous ». (François-René de Chateaubriand, Vie de Rancé/1844)

    Avec « La résistance au nihilisme » et « Front populaire »Michel Onfray s’impose. Au point que le philosophe, de plus en plus « populaire », pourrait (dit-on) « songer à un destin politique ». Problème. Il y a deux Onfray. Le tribun, qui a l’art et la manière de développer la planète Onfray, et l’auteur de « La stricte Observance ». Pudique, sauvage. Une sorte d’ennemi intérieur du premier, résistant à la résistance. Entre l’homme des vidéos, des sites, des abonnements et de l’édition, et l’écrivain secret qu’est Onfray, - qui va l’emporter ? L’artiste fasciné par le « Cosmos », ou le dompteur des foules assoiffées de considération ? Le romancier de « La Stricte Observance » ou le bateleur du tarot ? A suivre.

    « La résistance au nihilisme »/contre- histoire de la philosophie 12 (Grasset)/29 euros/ 528 pages

    « Front populaire »/ Revue trimestrielle mise en ligne le 18 juin/ publiée en kiosque et dans les librairies  le 23 juin/166 pages/ 14,90€. 

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  • En hommage et en témoignage d'amitié à notre ami, Jean-François Mattéi

    C'était le 24 mars dernier. Dès qu'il fut hospitalisé, nous savions que notre ami Jean-François Mattéi était dans un état très grave. Le lundi suivant, nous apprenions son décès. Dès le lendemain, mardi, nous publiions la courte note d'hommage qu'on lira ou re-lira ci-après. 

    Mais nous ne voulons pas que cette année civile s'achève sans manifester publiquement, une nouvelle fois, notre attachement à notre ami, et sans redire à nouveau combien nous avons conscience de tout ce que nous lui devons, de tout ce qu'il nous a laissé.

    A la fin d'un de nos Cafés politiques, dont il était l'intervenant, je lui avais demandé s'il accepterait d'écrire dans lafautearousseau : il accepta l'idée avec un réel plaisir - car il lisait et il aimait lafautearousseau... - mais il me prévint que, avec son emploi du temps surchargé, il m'enverrait ses papiers d'une façon irrégulière. Et, de fait, la maladie, plus que l'emploi du temps effectivement surchargé, l'empêcha de nous envoyer plus d'un article : on le relira ci-après, précédé du petit logo que nous avions imaginé, pensant évidemment que celui-ci nous servirait plus d'une fois !... 

    Ce sera notre façon à nous de clôturer cette année, en rappelant une amitié d'esprit qui, elle, ne se termine pas... et en nous redisant, à son sujet, la belle épitaphe de Platon à la mort de Dion : "La mémoire de sa vie en compense presque le deuil"...

    François Davin

     

    "Non omnis moriar..." : Jean-François Mattéi vient de nous quitter...

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    "Eadem velle, eadem nolle, ea est vera amicitia" : entre Jean-François Mattéi et nous, c'était bien sûr l'amitié d'esprit qui régnait. Mais pas seulement, et beaucoup plus : pour certains, l'amitié personnelle remontait même aux premières années, à l'époque de l'enfance et de la jeunesse dans cette ville d'Oran, dans cette Algérie où il était né...

    En ce moment pénible, on ne peut, simplement, que lui dire "A Dieu" et, aussi "Merci". Oui, "Merci" car, s'il fut un ami fidèle, qui jamais ne déçut ni ne fit défaut, il fut aussi un Maître, et il nous enseigna... 

    Avec ses leçons, c'est l'image de son sourire franc et chaleureux que nous voulons garder au moment où, nous associant à la douleur des siens, nous présentons à son épouse Anne, à ses trois enfants et à ses petits-enfants, nos condoléances les plus sincères.

    "Le meilleur d'entre nous subsiste, lorsque le matériel disparaît tout entier" (Charles Maurras).

    Le Père Goriot et la Mère Vauquer par Jean-François Mattéi  (mardi 21 mai 2013)

    Copie de mattei detouré 1 copie.jpgLa littérature est décidément prémonitoire. Dans Le Père Goriot, Balzac décrit une pension parisienne, rue Neuve-Sainte-Geneviève, avec son allée bordée de lauriers roses. On y pénètre par une porte surmontée d’un écriteau sur lequel on lit : MAISON-VAUQUER, et dessous : Pension bourgeoise des deux sexes et autres.

    L’auteur de La Comédie humaine est enfin exaucé. Sous la pression des associations Homosexuels, Bisexuels, Queer et Transgenres, les alternatives à la sexualité traditionnelle, qui avait pourtant fait ses preuves, permettent à la maison de Madame Vauquer de recevoir de nouveaux pensionnaires. On les traitera comme les habitués des deux sexes, plus même, on imposera à ces derniers de se mettre à l’école des nouveaux venus. Le terme d’« école » est justifié puisque cette institution a trop longtemps reconnu le primat des sexes masculin et féminin au détriment des sexes « autres ».  

    Ne voit-on pas encore parfois, sur de vieux linteaux, les inscriptions outrageantes « École de garçons » ou « École de filles » ? Comment concilier cela, même dans les écoles mixtes, avec l’obligation d’égalité entre les êtres ? On lit ainsi, sur le portail du Ministère de l’Éducation nationale (education.gouv.fr) : « Si les écoles et les établissements sont devenus mixtes dans les années 70, trop de disparités subsistent dans les parcours scolaires des filles et des garçons. L’éducation à l’égalité est nécessaire à l’évolution des mentalités ».

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    Les poupées pédagogiques de la garderie éducative Égalia, en Suède.

     

    À l’évidence, elles évoluent très vite. On apprend ainsi que certaines crèches scandinaves ont supprimé les termes « fille » et « garçon » pour les remplacer par « enfant », un mot qui neutralise selon le vœu des gender studies, les distinctions héritées de la grammaire plus que de la biologie. Mais ce n’est qu’un début. Un établissement secondaire sélectif de Stockholm, le Södra Latins Gymnasium, a proposé de réaliser un vestiaire spécifique, ni masculin ni féminin, pour les élèves qui ne s’identifieraient ni comme hommes ni comme femmes. Il doit être inauguré le 6 mai à la demande de l’association HBQT du lycée. Les leçons de morale commenceront donc moins dans les salles de classe que dans les trois vestiaires destinées aux « deux sexes et autres ».

    On a également appris, ces derniers temps et en divers lieux, que telle école ou telle famille n’habillait plus les enfants en fille ou en garçon, mais alternativement, tantôt en fille, tantôt en garçon, pour les dissuader d’avoir une identité sexuée. Mais le vêtement ne fait pas tout. Certains parents ont décidé de donner des prénoms qui n’auraient pas de coloration féminine ou masculine pour ne pas inciter leurs enfants à supporter une sexualité imposée par la langue. Ou alors ils ont donné des pronoms masculins, comme Jack ou Joe, à des filles, et des prénoms féminins, comme Élisa ou Joanne, à des garçons. L’État civil suédois reconnaît en outre officiellement 170 prénoms neutres.

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    Du prénom, on passe allègrement au pronom. Toujours en Suède, les adeptes de la neutralité sexuelle, non contents d’égaliser les comportements des filles et des garçons, en attendant d’en finir avec ces termes infâmants, ont demandé de supprimer les pronoms masculins et féminins. L’Encyclopédie nationale suédoise a donc remplacé récemment il (han en suédois) et elle (hon) par hen, intraduisible en français sinon par çà. Ni lui ni elle : on reconnaît la double dénégation des déconstructeurs des années 60, le ni ... ni, qui, pour Jacques Derrida, définissait la dissémination de la langue. Car, au fond, ce n’est pas au sexe que l’on en veut, bien qu’il soit, horreur, naturel, alors que nous savons que tout est culturel. C’est à la langue, ni la meilleure ni la pire des choses, mais la matrice du phallocentrisme qui fonde toute notre tradition.

    Pourquoi s’arrêter aux vestiaires de l’école et de la langue quand on peut aller aux toilettes ? La région du Södermanland, toujours en Suède, va débattre au Parlement d’une loi obligeant les hommes à uriner assis, comme les femmes, et non debout, ce qui souligne trop leur hauteur de vue. On ne demandera pas, notons-le, aux femmes de se lever et d’uriner debout ; on contraindra les hommes à s’asseoir et à faire pipi assis. La défécation ne fait pas encore objet d’une loi, comme la miction, car les deux sexes, et autres, semblent assis à la même enseigne. Il reste que la future loi conserve comme un relent de sexisme puisqu’elle laisse entendre que si les hommes peuvent uriner assis, les femmes ne peuvent uriner debout, ce qui, on en conviendra, est non seulement fâcheux, mais discriminatoire.

    Les mauvais esprits se demanderont jusqu’où peut aller la folie de l’égalité quand elle se niche, non plus dans l’engagement républicain, mais dans la neutralité sexuelle. Elle revient à confondre, dans une même exigence d’indifférence, la Père Vauquer et la mère Goriot. Balzac en avait conscience : « La bêtise a deux manières d'être : elle se tait ou elle parle. » Doit-on alors lui laisser la parole ?

  • Sur le ”Philippe Auguste”, de Bruno Galland...

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     248 pages, 20 euros 

     

    Le long règne de Philippe Auguste (44 ans) a été d'une extraordinaire fécondité. Alors qu'à son avènement, le jeune roi de quinze ans ne contrôlait qu'une faible partie du royaume, à sa mort, sa souveraineté est largement reconnue. Philippe a réussi à enlever au roi d'Angleterre la Normandie, la Bretagne, le Maine, l'Anjou et l'Auvergne ; il a imposé son autorité au comte de Flandre et au comte de Champagne, et parfois même au pape ; il a réussi à vaincre une coalition dirigée par l'empereur germanique et a failli conquérir l'Angleterre...

    Dans le royaume, il a mis en place des baillis pour le représenter, il a augmenté ses revenus et il a structuré son gouvernement grâce à un petit nombre de fidèles conseillers. Il a développé Paris, qu'il a dotée d'une enceinte et dont il a renforcé l'Université. Ces réussites, Philippe Auguste les doit à son obstination, qui lui a permis de surmonter bien des revers, ainsi qu'au contrôle progressif de son tempérament impulsif, coléreux et inquiet.

    C'est ce long cheminement d'un homme devenu roi de France à quinze ans, jeté au milieu de vassaux redoutables et éprouvé par la maladie contractée lors de la Croisade, mais qui finit par remporter d'éclatants succès politiques et militaires, que retrace cette biographie, fondée sur la richesse des chroniques et des documents d'archives.

     Bruno Galland, archiviste-paléographe, docteur en histoire et ancien membre de l'Ecole française de Rome, est conservateur général du patrimoine aux Archives nationales et professeur associé à l'Université de Paris-Sorbonne. Il a publié plusieurs ouvrages et articles consacrés à l'histoire politique et religieuse du XIIIème et du XIVème siècle.

  • Le grain de sel de Scipion : Un grand Français tout simplement.

    Un grand Français est mort : le marathonien Alain Mimoun, quatre fois médaillé olympique et 32 fois champion de France, l’un des plus brillants athlètes de notre histoire. Mais à mes yeux, son plus beau titre est celui d’illustre représentant de l ‘Algérie française, cette page d‘histoire honnie par la France d’aujourd’hui et pour laquelle Hollande, à peine élu, est allé se repentir en Alger. Car Alain Mimoun restera un magnifique symbole d’intégration et de patriotisme qui ne reniait pas « ses ancêtres les Gaulois ». Né Ali, musulman, il devint Alain, catholique et avait une grande vénération pour Ste Thérèse de Lisieux. Dans le sport, il reprochait aux athlètes de préférer l’argent à la nation et regrettait que l’on aille chercher hors de France des mercenaires dans maintes disciplines. Et il fut l’un des rares sportifs à s’indigner de la suppression du coq sur les maillots. Engagé volontaire en 1939, il participera au débarquement de Provence en 1944 et à la libération de la France. Il sera blessé à Monte Cassino. Chaque 14 juillet, il hissait le drapeau tricolore sur sa maison.

    Honte aux journalistes qui, à l’annonce de sa disparition, ont évoqué « cet Algérien ayant servi la France » ! Non, messieurs, cet homme était Français, simplement l’un des plus grands ! 

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  • C'est clair, c'est net, c'est précis : Jean-Marc Bastière a interrogé Jean Sévillia...

            ...sur son Politiquement incorrect (1). Le titre choisi pour cet entretien est excellent, "En Histoire aussi, la vérité rend libre"...

            Ce serait une des façons possibles, si on voulait essayer de la résumer, d'aborder l'ensemble de l'oeuvre de Jean Sévillia. De qui Jean-Marc Bastière - qui voit, avec justesse, chez lui "une oeuvre cohérente" - dit, tout simplement, ces deux choses importantes :

          "Ce qui qualifie Jean Sévillia, c'est l'unité. Unité de vie, de convictions et de pensée...." et, un peu plus loin : "...Pour parler de ces sujets piégés, prêts à exploser au moindre écart, il fallait du courage, mais aussi du discernement. Celui qu'apporte la maturité."

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    Fayard, 374 pages, 20 euros

     

    ...le fascisme et l’antifascisme, la Résistance et la Collaboration, l’affaire Pie XII, la décolonisation, la guerre d’Algérie... Ce livre étudie dix-huit points chauds de l’histoire française et européenne. Pour chacun d’eux, les conclusions les plus récentes des chercheurs remettent en cause les préjugés, les idées reçues et les mensonges concernant notre passé...

     

    * rappel : le Site de Jean Sévillia

     

    (1) : dans Famille chrétienne du 5 au 11 novembre, n° 1764.

  • Éric Zemmour : « Le fleuve de gauche est revenu dans son lit libéral »

     

    ZemmourOK - Copie.jpgEric Zemmour est trop fin connaisseur de l'histoire des idées, de l'histoire tout court et, naturellement, de l'actualité politique, pour ne pas pointer les faux clivages, les filiations douteuses et les positionnements de circonstances. Ainsi retrace-t-il brillamment, dans la vidéo qui suit, les origines historiques du libéralisme, l'empathie de fond de ce dernier avec le déconstructivisme révolutionnaire et donc son ancrage véritable à gauche. En cela, Zemmour donne raison à Macron, lorsqu'il définit le libéralisme comme valeur de gauche. Une idéologie peu compatible avec ce roi qui manque, selon le même Macron, et n'aurait d'autre fonction et justification que de réincarner le Pouvoir et ré-enraciner la société. Le contraire du libéralisme ... Allez savoir ! Contradiction à objecter au jeune et sémillant ministre. LFAR 

     

     

    Le commentaire de RTL :

    Éric Zemmour est catégorique : « Emmanuel Macron a raison : le libéralisme est de gauche ». Le journaliste affirme qu"historiquement les deux termes sont presque synonymes, presque interchangeables". Il insiste : « Pas plus libéral que les Lumières ! Pas plus libéral que Voltaire ! Pas plus libéral que la Révolution française de 1789 qui interdit les coalitions ouvrières ! Pas plus libéral que la déclaration des droits de l'homme ! Pas plus libéral que la IIIème République ! » Zemmour maintient que les lois sociales les plus importantes furent établies par des conservateurs. L'Acte unique de Jacques Delors, père spirituel de François Hollande, est la Bible libérale qui régit l'Europe depuis trente ans. 

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    La  Semaine de MAGISTRO Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.

    Du côté des élites     

     Hubert de GEVIGNEY   Officier, amiral (2S)  Jeu de Go & jeu de gogo

    • Ivan RIOUFOL   Journaliste politique    La famille et l’école, deux piliers à défendre

     Eric ZEMMOUR   Journaliste politique   Cette gauche qui déteste le pape quand il rappelle qu’il est catholique…

    • Maxime TANDONNET   Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République      Pourquoi la greffe des primaires ne prend pas

    En France

    • Christophe GEFFROY   Journaliste, directeur fondateur de La Nef   La France "d'en haut" 

    De par le monde

    • Renaud GIRARD   Journaliste, géopoliticien   Seul le réalisme peut sauver Alep 

    Au-delà

     Antoine ASSAF   Philosophe, écrivain franco-libanais   Vrais et faux martyrs

    Devant l'histoire

    Paul RIGNAC   Essayiste, écrivain    Les colonies, une histoire française

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