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  • Éphéméride du 20 novembre

    Le Fort Saint Jean, à Marseille

     

     

    1423 : Début du sac de Marseille par les Aragonais 

     

    Pendant trois jours, jusqu'au 23 novembre, les troupes du roi Alphonse V d'Aragon vont saccager la ville : la raison profonde de cet épisode - l'un des plus tragiques de la cité phocéenne... - est à rechercher dans l'affrontement de la seconde maison d'Anjou-Provence et de la maison d'Aragon - déjà détentrice de la Sicile - pour la possession du royaume de Naples.

    Marseille fit donc, là, les frais d'un conflit qui ne la concernait que très vaguement, et de très loin.

    Dix-huit galères et douze vaisseaux aragonais longèrent les côtes provençales, en ce mois de novembre 1423, passant au large de Nice puis de Toulon. La ville de Marseille était notoirement désarmée et, surtout, privée de sa flotte.

    Une chaîne amovible devait interdire l'entrée du port, mais elle se composait en fait de deux chaînes de quinze mètres environ, fixées, au milieu de la passe, à une sorte de tour en bois : la défense était donc assez illusoire, et plutôt symbolique.

    Le 18 novembre, les postes de guet de Marseilleveyre et de la Garde signalèrent l'arrivée de la flotte aragonaise. Le 20 novembre un premier contingent de soldats débarqua. Ils se heurtèrent à la résistance acharnée des défenseurs de la tour Maubert (la tour carrée ci dessus, à droite, reconstruite par la suite, et devenue aujourd'hui la célèbre Tour du roi René, incluse maintenant dans le Fort Saint-Jean, l'autre tour, ronde, à gauche, étant la Tour du Fanal), mais la chaîne qui barrait l'entrée du port fut brisée et les galères catalanes pénétrèrent dans le port.

    Alors commença le pillage de la ville : les habitants se défendirent maison par maison, mais les catalans mirent le feu partout. Avec le violent mistral, celui-ci se propagea très rapidement. Le pillage et l'incendie durèrent trois jours.

    Alphonse V repartit en Aragon à la fin du mois de novembre, en emportant comme trophée les deux parties de la chaîne du port. Mais, à cause des malfaiteurs, qui continuèrent le pillage, les habitants mirent du temps à revenir dans la ville, qui "disparut" ainsi, en quelque sorte, cessant presque d'exister, pendant plusieurs jours.

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    Depuis 1423, la chaîne qui barrait l'entrée du Port de Marseille est exposée dans la cathédrale de Valence, en Espagne 

     

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    1704 : Mort de Charles Plumier

     

    Botaniste, c'est lui qui, le premier, a donné aux plantes le nom de personnalités diverses : le bégonia, pour Michel Bégon, le fuchsia, pour Leonhart Fuchs, le lobélia, pour Mathias de Lobel, le magnolia pour Pierre Magnol...         

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    http://jardin-secrets.com/charles-plumier-article-574,964,fr.html

     

     

     

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    1758 : Naissance d'Alexandre Grimod de la Reynière

     

    Considéré comme la référence majeure en matière de gastronomie - avec Brillat-Savarin (voir l'Éphéméride du 1er avril) - Alexandre Grimod de la Reynière (qui affirmait avoir inventé la recette de la tomate farcie...) a publié pendant plusieurs années L'Almanach des Gourmands : véritable œuvre fondatrice de la gastronomie, cet Almanach  est à la fois le premier guide gastronomique et le premier livre de vulgarisation culinaire...

     

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    "Quelques personnes redoutent à table une salière renversée et le nombre treize. Ce nombre n’est à craindre qu’autant qu’il n’y aurait à manger que pour douze; quant à la salière, l’essentiel est qu’elle ne se répande pas dans un bon plat."


    "Un vrai gourmand aime autant faire diète que d’être obligé de manger précipitamment un bon dîner."

     

    http://www.cuisinealafrancaise.com/fr/article/20-grimod-de-la-reyniere

     

     

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    1770 : Le "fardier", première automobile

     

    Le lorrain Nicolas Cugnot fait la démonstration à Paris d'un "véhicule à vapeur sur chemin", qu'il a testé l'année précédente à Bruxelles : le fardier (voir l'Éphéméride du 26 février, jour de la naissance de Cugnot).  

    Le "fardier" peut transporter une charge de cinq tonnes et atteindre les 15 km/h. (ci dessous le modèle de 1771).

    Mais au cours d'un essai à Vanves, en présence du roi Louis XV, il finit sa carrière dans un mur, et son génial inventeur finira sa vie dans l'indifférence générale, en 1804...

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    http://www.autocadre.com/actualites/233-fardier-cugniot.html

     

     

     

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    1815 : Signature du second Traité de Paris

     

    Il suffit de comparer la carte de l'Europe issue des Traités de Westphalie et celle de l'Europe issue des Traités de 1815 (ci dessous) pour tout comprendre...

    Débarrassée de tout danger immédiat sur sa frontière nord-est, après les Traités de Westphalie (voir l'Éphéméride du 24 octobre) la France allait voir s'ouvrir pour elle plus d'un siècle de prépondérance européenne. Et pouvoir continuer sa marche vers l'amélioration de ses frontières du Nord et de l'Est (le "pré carré"), en "réunissant" la Franche-Comté, la Flandre, l'Alsace puis la Lorraine...

    On voit bien qu'à l'inverse, après les traités de 1815, les choses sont radicalement inversées : notre expansion territoriale vers le Rhin est bloquée, la Prusse est à nos portes, et nous le paierons très cher...

     

    On mesurera la catastrophe qu'a représentée cette "évolution" en consultant les deux cartes suivantes de notre album L'aventure France racontée par les cartes :

     

    •  "Instructif : comparer la France après Richelieu..."

    et

    •  "...et après Napoléon !"

     

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    Mais les Cent Jours nous coûtent cher aussi dans un autre domaine. Si le premier Traité de Paris, en 1814, s'était contenté de ramener la France à ses frontières d'avant la Révolution, ce second traité va l'amputer de territoires et de populations (environ 500.000 personnes...) en lui faisant perdre (carte ci dessous) :

     les forteresses de Philippeville et Marienbourg (cédées toutes deux à Louis XIV en 1659) ainsi que Bouillon (la ville de Godefroy !...), actuellement en Belgique.

     les villes de la Sarre, aujourd'hui allemandes (Sarrelouis, fondée par Louis XIV en 1681 et Sarrebrück) et aussi Landau, aujourd'hui dans le Palatinat, mais qui fit longtemps partie de la décapole alsacienne (ville française depuis 1648 !).

     Versoix, sur la rive nord du Léman, et une partie du pays de Gex, français depuis Henri IV, aujourd'hui en Suisse (les six communes de Versoix, Pregny-Chambésy, Collex-Bossy, Grand-Saconnex, Meyrin et Vernier furent cédées à Genève ).

    Sans compter les Jurassiens français, qui demandaient leur intégration à la France, les Cent Jours étant un excellent prétexte pour le leur refuser : pour les humilier davantage, on les intégra dans le canton germanophone de Berne...

    Avec, en prime, une occupation de trois ans et une "amende" de 700 millions de francs !...

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    Comme l'écrit Jacques Bainville : "Trois invasions, deux pour l'oncle, une pour le neveu, voilà une famille qui a coûté cher à la France !..."

     

       (Pour une vision d'ensemble des Cent-Jours, voir aussi les Éphémérides des

  • Éphéméride du 11 février

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    1250 : Louis IX, premier roi de France à être fait prisonnier 

     

    11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xivLa Septième Croisade avait pourtant bien commencé...

    Le roi de France, non sans raison, jugeait que l'Égypte était, de fait, le centre de la puissance musulmane, et qu'en s'assurant d'elle, on s'assurerait définitivement de la Terre sainte.

    Partis d'Aigues-Mortes, le futur Saint Louis et son armée étaient parvenus à prendre la ville de Damiette; encouragés par cette victoire, ils avaient alors imprudemment poursuivi leur route, s'enfonçant à l'intérieur des terres, dans le but de s'emparer du Caire. Ils se heurtèrent alors aux mamelouks - parfaitement à l'aise sur leur terrain - devant Mansourah, seule protection de la ville du Caire.

    Touchée par la peste (déjà ! : on sait que le roi mourra de la peste, devant Tunis, lors de la Croisade suivante...) l'armée royale dût finalement rendre les armes.

    Il fallut payer au sultan Turanshâh une rançon  de 400.000 livres (ou un million de dinars), rendre Damiette et s'engager à quitter complètement le pays (ce qui fut fait dès la fin mai). Le roi sera délivré le 6 mai, après avoir donc passé près de trois mois en captivité (image ci-dessus). 

    Après Louis IX, deux autres rois seront faits prisonniers sur le champ de bataille : Jean II le Bon, et François premier; un autre, Louis XI, sera prisonnier de fait du duc de Bourgogne pendant près de trois semaines; enfin, si l'on parle de souverains ayant régné effectivement sur la France, il faut ajouter Napoléon III à cette liste des "souverains capturés".

    11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv• Jean II le Bon fut battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356. Il resta presque  quatre ans en Angleterre, et dut s'engager à payer une énorme rançon (4 millions d'écus d'or, mais il n'en paiera finalement que 500.000...); il dut céder aux Anglais la Guyenne, la Gascogne, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Saintonge en toute souveraineté, ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes; enfin, le roi d'Angleterre devenait souverain de toutes les terres du comté d'Armagnac : l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comté de Gaure !

    Rentré en France après ses quatre années de captivité en Angleterre, il repartit cependant pour Londres le 3 janvier 1364 car les otages qu'il y avait laissés (son propre fils Louis d’Anjou, Enguerrand de Coucy, Bonabes IV de Rougé, ainsi que de Derval, son ambassadeur et conseiller) s'étaient enfuis : il y mourut trois mois plus tard, le 8 avril 1364... 

    11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv• François 1er, fut fait prisonnier le 24 février 1525, après le désastre de Pavie, dont le vainqueur est lui-même un Français, le connétable Charles de Bourbon, qui a servi François 1er à Marignan, dix ans plus tôt, avant de trahir le roi et la France, et de "passer" à son ennemi juré, l'empereur Charles Quint (voir l'Éphéméride du 18 juillet).

    Sitôt après la défaite, François 1er fut conduit à la Chartreuse de Pavie. Peu après, il fut transféré à la forteresse de Pizzighetonne, sur les rives de l'Adda, à vingt kilomètres de Crémone, où il passa près de trois mois. Puis le 19 juin 1525, il débarqua à Barcelone, et arriva à Madrid, le 11 août. Resté donc onze mois prisonnier de Charles Quint, il devra se résoudre, pour recouvrer sa liberté, à signer le désastreux Traité de Madrid .

    Ayant fait établir devant notaire, dans le plus grand secret, que le Traité qu'il allait signer, obtenu par la contrainte, était nul de plein droit, il signa, partit pour la France, et... ne tint aucun de ses "engagements" ! Mais son fils, le futur Henri II, passa suffisamment de temps comme otage à Madrid pour nourrir une haine aussi féroce que tenace envers Charles Quint et son fils, Philippe II...

    11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv• Le cas de Louis XI est différent, dans la forme, puisque le roi ne fut pas fait prisonnier à la guerre : mais il fut certainement plus dangereux pour son avenir politique, pour sa vie même, et pour la monarchie. Louis XI commit en effet l'imprudence de se rendre à Péronne, le 9 octobre 1468, pour une entrevue avec Charles le Téméraire. Au moment même où il excitait secrètement la révolte de la ville de Liège contre la Bourgogne !

    Le Duc, ayant appris qu'on avait reconnu des émissaires royaux parmi les révoltés, fit fermer le château dans lequel il négociait avec le roi et songea même à le tuer. Louis XI lui proposa alors son aide pour rétablir l'ordre à Liège, ainsi qu'un traité en faveur de la Bourgogne. Le Duc accepta : ce fut le Traité de Péronne. Prétextant devoir rentrer à Paris pour présenter le Traité au Parlement, Louis XI prit le chemin de Paris, et arriva sur les terres du domaine royal le 5 ou 6 novembre, après presque trois semaines de séjour forcé chez son ennemi.

    On s'est toujours demandé - et on se le demande encore - comment un homme aussi rusé que Louis XI a pu commettre une telle imprudence, qui équivalait à se jeter dans la gueule du loup; et, d'autre part, pourquoi le duc de Bourgogne n'a pas saisi l'occasion inespérée de mettre définitivement son ennemi juré hors d'état de nuire, par la mort ou l'emprisonnement perpétuel. Jacques Bainville propose comme explication que le duc de Bourgogne, tout simplement, n'avait pas osé, tant était devenu grand, au fil du temps, le prestige du roi de France, sacré à Reims... 

    11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xiv• Napoléon III fut le dernier des "souverains capturés" : dès le 2 Septembre, et sa reddition à Sedan, l'ex-Empereur fut transféré au château de Wilhelmshöhe, dans la Hesse (où l'ex-impératrice Eugénie vint le visiter, le 30 octobre). Il restera donc prisonnier un peu plus de 6 mois, jusqu'en 1871 : le 19 mars de cette année, celui qui était redevenu Louis-Napoléon Bonaparte quitta le château de Wilhelmshöhe pour l'Angleterre. Le lendemain, il débarqua à Douvres puis se rendit à Camden Place, à Chislehurst, dans le Kent, où il devait mourir peu après, et où il est enterré.

    Par le calamiteux Traité de Francfort de mai 1871 (voir l'Éphéméride du 10 mai), la France perdait l'Alsace et une bonne partie de la Lorraine, devait payer une indemnités exorbitante de 5 milliards de francs-or, et voyait son armée réduite et cantonnée au sud de la Loire; et Strasbourg devenait un glacis anti-français... 

     

    Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides :

    pour les rois morts à l'étranger, voir l'Éphéméride du 8 avril;

    pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'Éphéméride du 11 février;

    pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'Éphéméride du 21 mars;

    pour les rois assassinés, voir l'Éphéméride du 30 juillet...

     

     

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    1650 : Mort de René Descartes

     

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    Portrait, par Franz Hals...
     
     
    La Fontaine lui a consacré ces vers :

    "Descartes, ce mortel dont on eût fait un dieu
    Dans les siècles passés, et qui tient le milieu
    Entre l'homme et l'esprit."
     

    http://mper.perso.infonie.fr/auteurs/Descart.html  

     

     

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    1660 : Pose de la première pierre du Fort Saint Nicolas, à Marseille

             

    11 fevrier,descartes,franz hals,bernadette soubirous,massabielle,lourdes,daumier,foucault,pendule de foucault,prusse,marseille,fort saint nicolas,louis xivLouis XIV y fit graver l'inscription suivante :

    "De peur que la fidèle Marseille, trop souvent en proie aux criminelles agitations de quelques-uns, perdît enfin la ville et le royaume, ou par la fougue des plus hardis, ou par une trop grande passion de la liberté, Louis XIV, roi des Français, a pourvu, en construisant cette citadelle, à la sûreté des grands et du peuple".

    Après les désordres de la Fronde, c'est le troisième et dernier grand avertissement envoyé par le Roi à la France entière :

    • aux Grands, avec la chute de Fouquet, voir l'Éphéméride du 5 septembre;

    • aux brigands, avec les Grands jours d'Auvergne;

    • aux Communes, avec la mise au pas de Marseille;

    L'ordre est remis partout, les désordres "ne sont plus de saison" (l'expression est de Colbert, aux membres du Parlement); le Grand siècle peut commencer...

    Sur un ton plus badin, sachant que les riches marseillais donnaient à leur demeure à la campagne le nom de Bastides, Louis XIV déclara ! "Moi aussi, je veux avoir ma bastide à Marseille" : l'humour était sauf !...

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    Louis XIV viendra en personne châtier la ville qui avait oser braver son autorité (le Conseil municipal était allé jusqu'à faire brûler un édit du roi !... : voir l'Éphéméride du 11 février)) : il décida d'abord de l'occupation militaire de la ville, avec plus de 7.000 hommes aux ordres de M. de Mercoeur; puis il ordonna que la cité fût désarmée, les canons sciés, les serrures de portes des murailles arrachées; la porte de la Réale fut également démolie.

    Louis XIV arriva à Marseille le 2 mars 1660. Il refusa les clefs de la ville, et pour montrer qu'il venait en vainqueur, il rentra dans la cité par une brèche que ses soldats avaient faite - au canon !... - dans les murailles.

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  • Escapade à Prague, par Danièle Masson, dans Réseau Regain

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    On pourrait dire de Prague ce que Rainer Maria Rilke disait de Rome: elle jouit et souffre de la « multitude de ses passés ». 

    Débarqués à l’aéroport – Vaclav Havel bien sûr – après vingt kilomètres de campagne et de banlieue, Prague nous apparaît comme un bijou solitaire, qui concentre en lui toute l’histoire et la beauté tchèques, si bien que la plupart des touristes de la République tchèque, ne connaîtront qu’elle. Pourquoi Prague ? 

     

    Pour comprendre comment la capitale du baroque – baroquissime, dit Borek Sipek – peut-être aussi terre élue de Mozart qui la préférait à Vienne, patrie de Kafka, et, après 6 années d’occupation nazie et 40 ans d’occupation communiste, demeurer « la ville d’or aux cent tours», comme intacte. 

     

    En arpentant Prague à pied – mais nous usons aussi gratuitement, privilège de l’âge ou souvenir du communisme, des transports en commun, et c’est un vrai plaisir, traversant la ville en tramway, d’apercevoir ses clochers, ses palais, ses ponts, ses coupoles – nous sommes submergés par l’histoire et l’entrechoc des passés.

     

     

    Prague baroque

    Notre première visite est pour l’église Saint Nicolas de Malá Strana (la ville mineure). En bas de la tour Saint Nicolas – un escalier de 215 marches conduit à son sommet – on peut lire: « depuis le début des années cinquante jusqu’à la chute du régime communiste, c’était un observatoire de la Police secrète d’Etat qui observait d’ici les murs dans les ambassades des pays de l’Ouest ».

    Quant à l’église – Mozart joua sur les 2 500 tuyaux de son orgue – nous en admirons la grandiose tempête de stucs et de dorures, exemple triomphant de la Contre – Réforme et du baroque qui l’accompagne, en écoutant un de ces multiples concerts dont la publicité assaille le touriste. En 1625, les jésuites, chargés de recatholiciser Prague largement acquise au protestantisme, reçoivent de Ferdinand II de Habsbourg, une église gothique fondée en 1283. En 1653, des architectes italiens restructurent ce qui est devenu le joyau du baroque pragois.

    Le pont Charles relie Malá Strana à Stare Mesto (la vieille ville). C’est le lieu géométrique du tourisme. Avec ses musiciens et ses artistes proposant aux passants portraits et caricatures, il a un faux air des ponts de Paris ou de Montmartre. S’y mêlent des Tchèques qui touchent pieusement la statue de Népomucène, un des saints patrons de la ville, les inévitables Japonais, peu d’Allemands et de Français, beaucoup d’Italiens, et quelques couples exotiques avec des femmes entièrement voilées. Ils ne trouveront ici ni mosquées, ni subsides dont à l’évidence ils n’ont pas besoin, mais se mêlent à la foule des touristes. Le pont Charles est chargé d’histoires. En 1357, Charles IV pose la première pierre, et sa statue majestueuse et puissante trône à l’entrée de la vieille ville. Qui est-il ce Charles IV ? Roi de Bohême, premier à recevoir la couronne de Rome et le titre d’empereur, il se retrouve à la tête de toute la chrétienté d’Occident, et fonde l’université de Prague, qui atteint alors son apogée culturel. Le pont, gothique, est comme adouci et ennobli par une galerie de sculptures à ciel ouvert, statues baroques du XVIIe siècle réunies comme en conclave sur la Vltava. Trente-trois statues dont celle de Sainte Luitgarde, voluptueux pastiche du Bernin, et celle de Jean Népomucène, qui, en 1393, fut torturé et jeté du pont Charles pour avoir refusé de dévoiler au roi Venceslas IV une confession de la reine.

     

    La place de Stare Mesta est à son tour une leçon d’histoire tchèque en plein air. Vingt-sept croix blanches gravées au sol symbolisent les protestants exécutés en 1621 après la bataille de la Montagne blanche qui transforma la Bohême en province autrichienne et la soumit aux Habsbourg catholiques. En 1948 Klement Gottwald y proclama le « coup de Prague » communiste, et 42 ans plus tard, Vaclav Havel y annonça le retour de la liberté. Le centre de la place est occupé par un immense monument en bronze dédié à Jean Hus, brûlé vif en 1415 comme hérétique, et dont les sermons enflammés contre l’Eglise et le pape, entre 1402 et 1412, annonçaient le protestantisme. Une église s’impose sur la place : Notre Dame de Tyn, d’abord édifice roman, puis église gothique au XIIIe siècle, elle devient au XIVe siècle la principale église hussite de Prague. Pour qui n’essaie pas de décrypter ici l’histoire tragique de Prague, la place est paisible et belle, dédiée aux tavernes débordantes de « pivos » - la bière, boisson nationale – et cernée d’anciennes demeures bâties au Moyen-Âge, et revues et corrigées dans les styles gothique puis baroque. Si Prague fut «baroquisée » à son corps défendant, elle a su intégrer l’art de l’envahisseur et le transmuer en son génie national.

     

     

    Du ghetto juif à Kafka

    Prolongeant Stare Mesto, l’ancien ghetto de Prague est devenu Josefov, en l’honneur de l’empereur Joseph II qui fit abattre ses murs pour le réaménager et l’assainir. Kafka y vécut et vit disparaître le ghetto : « la vieille ville juive malsaine qui est en nous est beaucoup plus réelle que la nouvelle ville hygiénique autour de nous». On nous fait payer grassement les billets qui permettent l’accès aux synagogues et au cimetière juif. 

    Il est vrai que « Staronova » est le dernier exemple de synagogue médiévale d’Europe, que le cimetière, pittoresque amas de pierres, avec ses 12000 pierres tombales pour plus de 100000 personnes enterrées, sépultures superposées en raison de l’exiguïté de la place disponible, impressionne, et que la synagogue Pinkas, avec son monument commémoratif des 77297 noms à la mémoire des victimes juives du nazisme, et les dessins d’enfants de Terezin, camp de rassemblement transitoire, « porte de la mort », est émouvante. Avec un gouvernement en exil, la Tchécoslovaquie a été soumise, entre 1941 et 1943, au protecteur du Reich, puis à Heydrich, général des SS, dans un pays proclamé «Protectorat de Bohême – Moravie », où se sont appliquées pleinement les lois antisémites.

     

    C’est peut-être au château, sur les hauteurs de Malá Strana, que l’on pressent le mieux Kafka. D’abord rotonde Saint Guy, entreprise au Xe siècle par Venceslas duc de  Bohême, assassiné puis vénéré comme martyr, « le château » comprend maintenant l’immense cathédrale Saint Guy, que Charles IV, élevé à la cour de France, fit construire au XIVe siècle sur le modèle des cathédrales françaises – et où l’on admire ou s’étonne du sarcophage rococo de Saint Jean Népomucène qui nécessita deux tonnes d’argent pour sa réalisation au XVIIIe siècle – et la Palais royal, qui fut la résidence des rois de Bohême puis des Habsbourg. Ce château a-t-il inspiré Kafka pour son roman du même nom, et la cathédrale dépeinte dans Le procès est-elle celle de Charles IV ? À vrai dire, même si Prague l’inspire, il la transforme en topographie imaginaire et labyrinthique qui symbolise notre époque, si bien que le mot «Kafkaïen» est un de ces mots que le monde actuel a choisis pour se décrire lui-même. Juriste au service de la bureaucratie austro-hongroise, Kafka se donne à la littérature comme au seul espace de libération. Se définissant comme «exemplaire typique d’un juif occidental », il écrit peu avant et après la Première guerre mondiale, et dévoile la nature hallucinante de ce que nous appelons la réalité : «La guerre, écrit-il, nous transporte dans un labyrinthe de miroirs déformants… nous tombons d’une oubliette dans une autre, passant à travers tous ces miroirs comme à travers des trappes ». On a voulu voir dans le monde des tribunaux évoqué dans Le procès un présage des régimes totalitaires à venir. Ce qui est sûr, c’est que la publication tchèque de ses œuvres a été empêchée par le putsch communiste de 1948, que le communisme a frappé d’interdit son œuvre et les études dont il faisait l’objet, et que « la révolution de velours » l’a intégré à la culture tchèque, le proclamant même « un des pères du Printemps de Prague en 1968 ».

     

     

    Les stigmates du communisme

     

    Contrairement à la Russie où l’on peut voir des statues de Lénine et des gratte-ciel staliniens, la Tchécoslovaquie a gardé peu de vestiges de l’ère communiste. Le monument à Staline, qui était aussi sa plus grande représentation au monde – 15,5 mètres sur 22 – a été détruit en 1962, et il n’en reste que le socle de marbre. Discret mais émouvant, au bas de la colline de Pétrin, un monument aux victimes du communisme représente le même personnage à différentes phases de la déstructuration provoquée par le communisme ; au sol on lit les chiffres du bilan entre 1948 et 1989 : 205 486 jugés coupables, 248 exécutés, 4500 morts en prison, 327 tués en tentant de franchir la frontière, 170938 exilés. 

     

    Les vestiges du communisme, il faut les aller chercher au musée du communisme, qui nous accueille avec une matriochka relookée aux dents carnassières. On y trouve des affiches de propagande communiste, des reconstitutions d’intérieur, des statues géantes de Marx, Lénine, Staline. On y a pris le parti de la dérision plutôt que de l’horreur. A Nove Mesto (la ville nouvelle), la place Venceslas est un concentré d’histoire. Sous la statue équestre de Saint Venceslas, une plaque avec l’inscription « aux victimes du communisme » fait office de mémorial pour l’étudiant Jan Palach qui s’est immolé par le feu en janvier 1969, pour protester contre l’invasion soviétique d’août 1968. C’est sur cette place aussi que la première République fut programmée en 1918, que fut défié l’occupant nazi en 1938, et que fut déclenchée, à la suite d’immenses grèves et manifestations, la révolution de velours. 

     

    Près du Pont Charles, nous voyons, exposition temporaire en plein air devant le musée Kampa, des sculptures monstrueuses et noires de bébés aux visages transformés en codes-barres, signés David Cerny. On lui doit aussi, au passage Lucerna, la statue de Venceslas sur un cheval à l’envers. En 2009, Cerny avait représenté les 27 de l’Europe selon des clichés : une banderole annonçant « grève » pour la France. Sous le régime communiste, seuls les artistes des Beaux-Arts avaient le droit d’exposer. À sa chute, tout le monde peut se déclarer artiste. D’où les extravagances de Cerny. D’où, peut-être, cette «maison qui danse », «Ginger et Fred », dont la forme torsadée évoque la silhouette dansante d’un couple enlacé. À la fin de la Première guerre mondiale, l’indépendance de la Tchécoslovaquie est proclamée, et Thomas Masaryk, dont on voit la statue à l’entrée du château, devient président de la République, remplacé en 1935 par son disciple et compagnon Edouard Bénès, qui conclut avec l’URSS un pacte dirigé surtout contre l’Allemagne. Les Tchèques n’avaient pas considéré la Première guerre mondiale comme la leur. En 1938, ils mettaient leurs espoirs dans les alliés, mais les accords de Munich scellent le destin de la Tchécoslovaquie sans qu’elle soit consultée, et le traumatisme issu de cette défaite sans bataille, suivi de l’occupation allemande, explique l’alliance tragique, en décembre 1943, entre la Tchécoslovaquie et l’URSS, par laquelle elle lie son destin à la Russie communiste comme garante suprême, croit-elle, de son indépendance. Malgré, dans les années soixante, l’âge d’or de la culture tchèque – avec, entre autres, Milan Kundera, Vaclav Havel, Milos Forman – malgré le répit d’Alexandre Dubcek, qui redonne la liberté d’expression, malgré la charte des 77 initiée par Vaclav Havel en 1977, il faudra attendre 1989 pour que se réalise la révolution de velours, et que Vaclav Havel soit élu président de la République.

     

    Aujourd’hui, après l’arrivée au pouvoir de Vaclav Klaus, ultralibéral et eurosceptique, c’est un président social-démocrate et pro-européen, Milos Zeman, qui est élu en 2013. La République tchèque est entrée dans l’Union européenne en 2004 et prévoit de  troquer la couronne tchèque contre l’euro pour 2015. Membre de l’OTAN comme la Hongrie et la Pologne, elle participa à «l’opération» du Kosovo, malgré une opinion publique défavorable, marquée depuis le XIXe siècle par une sympathie pro-serbe. Il n’est pas sûr que de ces allégeances elle sorte grandie.  Danièle Masson  u

     

     

    Source : Réseau Regain

  • Roger Scruton : « Le Brexit est un choix éminemment culturel »

     

    Par Vincent Trémolet de Villers

    Le grand philosophe britannique Roger Scruton* justifie le choix de ses compatriotes, qui assimilent le projet européen à la disparition de l'État-nation. Il s'en entretient avec Vincent Trémolet de Villers [Figarovox 28.06]. Et nous sommes en accord profond avec sa vision de l'Europe : celle des peuples, des nations et des Etats.  LFAR 

     

    Images-stories-Photos-roger_scruton_16_70dpi_photographer_by_pete_helme-267x397.jpgQue vous inspire le vote des Britanniques ?

    Je suis fier de nos concitoyens. Ils ont eu le courage de déclarer leur volonté de se gouverner eux-mêmes. Ils ont dit clairement qu'ils voulaient reprendre le contrôle de leur pays. Je suis fier, mais je suis inquiet aussi. Nous allons subir, je le crains, de nombreuses tentatives qui viseront à faire annuler ce résultat ou à en réduire les effets. Je crains aussi que le Royaume-Uni se fragmente. La vérité est que le choix qui nous a été proposé n'était pas de mon point de vue le plus judicieux.

    À la dialectique imposée : « Voulez-vous quitter ou rester dans l'Union européenne ? » nous aurions dû préférer une troisième possibilité : la rédaction d'un nouveau traité, adapté à la situation de l'Europe d'aujourd'hui. Traité que nous aurions pu soumettre à toutes les nations pour qu'elles y souscrivent.

    Comment expliquez-vous le choix des électeurs. Est-il économique ou culturel ?

    C'est un choix éminemment culturel. Les électeurs ont réagi contre deux effets de l'Union : la nécessité de vivre sous des lois imposées de dehors et la nécessité d'accepter des vagues d'immigrés de l'Europe - surtout de l'Europe de l'Est - dans des quantités qui menacent l'identité de la nation et sa cohésion. Ils veulent reprendre en main le destin de leur nation. C'est la cause profonde de ce vote.

    L'Union européenne est-elle, selon vous, un projet politique condamné à la dislocation ?

    C'est une évidence. Ce projet n'a jamais vraiment reçu l'approbation du peuple européen et il érode la partie la plus essentielle de notre héritage politique : l'État-nation. La motivation de ceux qui ont initié le projet d'union - Jean Monnet surtout - était alimentée par une peur de l'État-nation qui débouchait forcément sur le nationalisme. Pour Monnet il n'y a pas de nationalisme sans hostilité envers les autres nations. Lui et ses associés ont décidé, sans l'assentiment des peuples européens, d'abolir les frontières, de diminuer la souveraineté nationale et de créer une union politique. Les gens ordinaires, au départ, n'ont cru qu'à une entente commerciale. « Communauté de l'acier et du charbon », le projet, à l'origine, n'était présenté que sous ce type de forme. Petit à petit la mesure des ambitions des fondateurs s'est révélée, l'élargissement impressionnant a donné au projet une dimension préoccupante et chaque mouvement de résistance a été neutralisé par des manœuvres non démocratiques. La plus choquante fut le traité de Lisbonne voté par les parlements des pays européens et parfois même, comme en France, contre le choix exprimé, dans les urnes, par le peuple.

    Pour Monnet et sa génération, la nation c'était la guerre…

    Si, dans notre histoire, des formes de nationalisme ont menacé la paix du continent (celui de la France révolutionnaire, par exemple, et surtout celui des Allemands au XXe siècle), d'autres formes de nationalisme ont, à l'inverse, contribué à la paix de la Vieille Europe. Je pense, par exemple, à celui des Polonais, des Tchèques et peut-être, si j'ose le dire, celui des Anglais, sans lequel les nazis n'auraient pas été vaincus. Tout dépend de la culture politique et militaire du pays. Je sais bien que la culture de « soft power » que nous associons à l'UE est souvent louée comme un instrument de paix : mais les événements en Ukraine nous ont montré que ce genre de puissance est très peu efficace. Les dangers qui nous entourent aujourd'hui exigent que nous retrouvions les moyens de nous défendre, et la restauration des frontières nationales en est la condition sine qua non.

    Les campagnes ont voté contre les villes…

    Il ne faut pas exagérer : pas contre les villes, mais dans un autre sens que les villes. Dans un petit pays comme le nôtre, la campagne est le symbole de la nation. Sa paix, sa beauté : c'est ce qui est vraiment nôtre. Ceux qui habitent la campagne ont payé cher pour pouvoir y vivre. Ils craignent aujourd'hui de perdre ce qui fait leur environnement, leur identité. Chez eux, le sentiment d'appartenance est bien plus vivace que chez les habitants des villes. Partout en Europe, les gens ordinaires ont perdu confiance dans l'élite politique. Cette défiance se manifeste plus vivement dans la campagne que dans les villes. La cause profonde est sociologique. Être attaché au local, au lopin de terre, à une sociabilité immédiate (celle des villages) nous éveille à l'hypocrisie et aux mensonges de ceux qui peuvent facilement changer leur mode de vie et l'endroit où ils poursuivent leur existence. Ces derniers sont facilement accusés, par ceux qui n'ont que la terre où ils se sont enracinés, de « trahison des clercs ». C'est, bien entendu, une vue réductrice d'une question complexe mais c'est cette vue qui permet de comprendre la fracture qui existe entre le peuple et les élites.

    Croyez-vous au sens de l'histoire ?

    L'idée qu'il y a un « sens » de l'histoire est, pour moi, peu convaincante. Bien sûr, les philosophes allemands,  sous l'influence de Hegel, ont essayé de créer un récit linéaire, qui mène d'une époque à la suivante par une espèce d'argumentation logique. Et peut-être, pour la durée du XIXe siècle, l'histoire européenne avait une certaine logique, étant donné que l'Europe était un système de pouvoir autonome et dominant le monde entier. Maintenant, sous l'effet des forces émanant du Moyen-Orient, de la Chine, des États-Unis, etc., l'Europe se trouve de nouveau dans la condition des autres peuples : sans aucun sens, à part celui qu'elle peut trouver pour elle-même. Malgré cette nouvelle donne, l'élite des institutions de l'UE continue de rejeter les inquiétudes identitaires des gens ordinaires. Pour preuve, ils ont présenté un projet débarrassé des références chrétiennes et niant la validité des nations. Le résultat se voit partout en Europe - une désorientation du peuple, et une révolte électorale contre une classe politique qui pour une grande part de l'opinion publique a perdu tout crédit. 

    *Philosophe de l'esthétique, Roger Scruton a notamment enseigné à Oxford et à la Boston University. La traduction de son essai  How to Be Conservative doit paraître à l'automne aux Éditions de l'Artilleur.

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    Vincent Tremolet de Villers

  • Paul Lombard, ancien maire de Martigues est décédé...

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    C'est lui qui, maire communiste de la cité, accepta au nom de la Ville de Martigues la donation de la Bastide du Chemin de Paradis, faite par Jacques Maurras - qui accomplissait ainsi le voeu de son oncle et père adoptif, Charles Maurras : la cérémonie eut lieu par un bel après-midi de septembre - que l'on nomme à bon droit "le mai de l'automne" - très précisément le 27 septembre 1997... : 

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    Donation de la Bastide à la Ville de Martigues

     

    Les parents de Charles Maurras eurent trois enfants (trois garçons) : le premier, François, ne vécut quasiment pas, et Charles, non marié, n'eut pas de descendance. Seul son frère Joseph eut des enfants (cinq) : quatre filles - de son premier mariage - et un garçon, Jacques, de sa seconde union.
    A la mort de leur père - son frère Joseph - Charles Maurras adopta trois de ses enfants : Jacques, Hélène et Jeanne.
    De nièces et neveu, ces trois enfants de Joseph devinrent donc "fils adoptifs" de Charles lorsque leur père, "médecin des troupes coloniales" mourut au Viet Nam, à Saïgon, en 1924.
    A la mort de Charles Maurras, en 1952, la propriété du Chemin de Paradis couvrait toujours les deux hectares et demi de ses débuts, mais il fallut évidemment la partager en trois, entre Jacques et ses deux soeurs.
    Jacques Maurras fit en sorte d'obtenir la "partie centrale" de la propriété, ses deux soeurs recevait les terrains situés à droite et à gauche de la maison, qu'elles vendirent par la suite et qui furent urbanisés.
    Or, Charles Maurras, de son vivant, avait lui-même résolu d'offrir sa maison, son jardin et l'oeuvre qu'il y avait créé à sa chère ville de Martigues ( "...Mon Martigues plus beau que tout"...).
    Jacques Maurras, le 27 septembre 1997, ne fit donc rien d'autre que réaliser le voeu de son oncle et père adoptif en "remettant les clés" de la bastide au Maire de la ville...

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    Le discours de Michel Déon...

     

    Au cours de cette journée de remise des clés, Michel Déon, qui fut le dernier secrétaire personnel de Charles Maurras, prononça le court et superbe discours suivant :

    "Permettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.
    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville.
    Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue.
    Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous.
    Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.
    Mais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*.
    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale.
    Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes.
    L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix :



    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus.

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ?



    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde.
    Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée.
    Vaine prétention !
    La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel.
    Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.
    Le temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence.
    En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer.
    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots :
    Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité.
    Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues.
    Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète."

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !

    lafautearousseau

  • Municipales : carnage démocratique et peinture verte pour le Président, par Natacha Polony.

    Source : https://www.marianne.net/

    On voit venir la suite. Pour retrouver un souffle, Emmanuel Macron se repeint en vert. On s'accroche à la seule bouée qui surnage. Le « nouveau chemin » sera « écologique, social et solidaire » . Avec pour point d'appui les propositions de la convention citoyenne sur le climat...

    À partir de quel pourcentage d'abstention considérerons-nous que nos représentants sont illégitimes ? Parmi les maires qui ont été élus dimanche dernier, un grand nombre n'avait pas obtenu 10 % des inscrits au premier tour. Beaucoup n'ont finalement pas réuni 20 % des inscrits à l'issue du second. Le maire de Lyon - troisième ville de France, 516 000 habitants -, Grégory Doucet, qui incarne désormais la « vague verte » décrite à l'envi par les médias, a recueilli 53 000 voix.

    À ce niveau, on peut parler d'un carnage. L'élection dont on nous disait qu'elle marquait l'attachement des Français à leurs élus locaux, la foi en la démocratie de proximité, rejoint toutes les autres dans l'océan de l'indifférence. On peut, certes, tenter de se rassurer en attribuant ce vide au coronavirus. La façon erratique dont s'est décidée l'organisation du premier puis du second tour, la fermeture brutale des restaurants la veille du 15 mars, les hésitations autour de la date du 28 juin… toutes ces aberrations ont finalement jeté le discrédit sur ce scrutin. Mais le mal vient de plus loin.

    Il est d'ailleurs significatif que les commentaires se concentrent sur l'écologie, comme si la dernière idéologie encore vierge pouvait racheter le discrédit des politiques, alors même que, en fait de « vague verte », il n'y a qu'un clapotis dans les métropoles et grandes villes de France. Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours ou Grenoble, cela n'a rien de négligeable. Mais ce n'est pas la France. Et l'on pourrait en conclure que l'écologie politique séduit essentiellement quand il s'agit d'aménager des pistes cyclables ou d'instaurer des cantines bio. Dans une commune rurale, dans une ville moyenne, les problématiques sont plus complexes. Parce qu'une véritable politique écologique dépasse largement la question des transports. Elle impose un changement de paradigme qui doit impliquer tous les rouages de l'État, pour que le maire qui voudrait par exemple préserver les terres arables et les petits commerces de sa commune ne voie pas ses efforts gâchés par l'élu de la commune voisine ou par un préfet complaisant.

    Se repeindre en vert

    On voit venir la suite. Pour retrouver un souffle, Emmanuel Macron se repeint en vert. On s'accroche à la seule bouée qui surnage. Le « nouveau chemin » sera « écologique, social et solidaire » . Avec pour point d'appui les propositions de la convention citoyenne sur le climat. Celui qui avait refusé en 2017, sur demande de Bercy, un moratoire sur l'extension des grandes surfaces, que demandait pourtant un de ses propres députés, va l'imposer aujourd'hui pour obtenir son brevet de « président vert ». De même que le dépeceur d'Alstom, Technip et Alcatel se fait aujourd'hui le chantre de l'indépendance industrielle, l'ancien ministre de l'Économie et le président de la République qui a signé tous les brevets d'extraction minière, qui a systématiquement arbitré en faveur des lobbys de l'agriculture industrielle et de la grande distribution, qui a signé tous les traités de libre-échange préparant la ruine des éleveurs français, nous parle désormais écologie.

    Avec 17 % des inscrits à Paris, on se demande comment la représentante de la gauche plurielle version « ville monde » et arbres en pot pourrait faire beaucoup mieux que Benoît Hamon en 2017.

    Ce qu'Emmanuel Macron est en train de faire, tous le tenteront : s'inventer en combattant de la cause climatique pour s'éviter de penser globalement une politique cohérente de remise en cause de ce néolibéralisme dont nous voyons les dégâts sociaux et environnementaux. Cette grande foire au verdissement ramènera-t-elle les citoyens vers les urnes ? Rien n'est moins sûr. Si les citoyens ne votent plus, c'est parce qu'ils ont la certitude, après des décennies d'espoir déçu, que leur vote ne permet pas d'infléchir le cours de leur vie. Même les maires, les derniers qui avaient une prise sur le réel, ont vu leurs marges de manœuvre réduites par la fin de la taxe d'habitation et la recentralisation version La République en marche. Et que peut un maire quand la PME locale a déposé le bilan, que le tribunal et l'hôpital ont fermé, et que la grande distribution a ruiné les derniers commerces ?

    Fractures

    L'unique leçon à tirer de ce scrutin est que la fracture territoriale qui dessine à présent la lutte des classes en France est plus profonde que jamais. L'illusion d'optique d'un sursaut à gauche masque difficilement le désenchantement des territoires abandonnés. Certains commentateurs paresseux en sont à prédire à Anne Hidalgo, après son « triomphe », un destin national. Avec 17 % des inscrits à Paris, on se demande comment la représentante de la gauche plurielle version « ville monde » et arbres en pot pourrait faire beaucoup mieux que Benoît Hamon en 2017.

    Restent des citoyens excédés, qui ont prouvé, une fois encore, qu'ils ne concevaient pas le moindre enthousiasme pour le RN. Utiliser un gourdin pour cogner sur le système ne signifie pas qu'on soit « gourdiniste », comme l'écrivait Philippe Muray.

    Les deux années à venir risquent de voir chacun brandir un morceau de la « vraie croix » écologiste, pendant qu'un nombre croissant de Français se diront que tout cela ne les concerne plus. Ainsi meurt la démocratie. Définir un quorum en deçà duquel l'élection est invalidée, prendre en compte le vote blanc pour que les citoyens puissent récuser le choix qui leur est proposé… autant d'éléments qui permettraient de cesser de faire comme si de rien n'était. En attendant des propositions politiques qui puissent enfin changer la vie.

    Natacha Polony

    Directrice de la rédaction de Marianne

    Cet article est à retrouver dans le magazine n°1216 en kiosques cette semaine « Pourquoi les juges cognent », disponible en ligne pour seulement 1,99 euros.

  • L'écologie politique aujourd'hui. Partie 2 : Les Verts au risque de la gestion écologique municipale, par Jean-Philippe

    Les Verts élus maires pourront-ils appliquer une véritable politique écologiste au sein de leurs villes ? Il est évident que la question va vite connaître un commencement de réponse, dès les prochaines semaines, en particulier sur le plan de l’aménagement urbain : la construction de nouveaux ensembles immobiliers repose aussi sur des choix municipaux, et il sera intéressant de voir comment les nouveaux édiles pourront appliquer une politique de densification sans attenter aux équilibres des centres-villes anciens et de leurs paysages, par exemple. Des tours plus hautes ? Des rénovations plus nombreuses ? Quelles aides municipales pour ces dernières ?

    jean philippe chauvin.jpgLe danger, éminemment social, serait que le coût des travaux à effectuer entraîne le départ définitif des populations les moins aisées ou les plus âgées, incapables de régler des factures d’isolation thermique et de ravalement de plus en plus élevées, et, par un effet mécanique d’aubaine, la gentrification accélérée de ces mêmes lieux, déjà bien entamée depuis plus de deux décennies. Or ce processus, favorable à la clientèle électorale des Verts, risque aussi de muséifier les cœurs de ville dans une sociologie de « bourgeoisie mondialisée », souvent liée au secteur tertiaire et aux métiers de l’informatique et de la communication, mais peu intéressée aux activités artisanales « physiques », qu’elles soient « industrielles » ou « de services ». La disparition des cafés populaires au profit de « bars lounge » ou de restaurants branchés, déjà bien avancée aussi, n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la sociabilité des villes et le nécessaire « composé » social d’un tissu urbain équilibré. La « fracture territoriale » est déjà là, au cœur de cette évolution citadine qui paraît comme consubstantielle à la métropolisation, nationale ou mondiale…

     

    Néanmoins, les Verts ont une occasion de briser ce cercle vicieux et, ainsi, de montrer que la question sociale n’est pas un « détail » pour eux mais, au contraire, une réelle préoccupation : la saisiront-ils, ou obéiront-ils à un tropisme bourgeois qui fut celui de la Révolution française dès les premiers émois de 1789 ? En ce sens, l’histoire, par sa connaissance et son étude, peut permettre d’éviter quelques écueils et de contourner quelques pièges que nos démocraties recèlent. Mais sans doute faudra-t-il qu’ils mènent une véritable « réforme intellectuelle et morale » en leur sein et, en particulier, parmi leurs équipes dirigeantes et d’encadrement, et qu’ils dépassent le strabisme politique qui fait loucher, ici, plus vers la gauche que vers la droite, au risque de ne pas avoir une juste vision des choses.

     

    Sur la question de l’habitat urbain, qui n’est pas dissociable le plus souvent de la bonne gestion et préservation du patrimoine, en particulier historique (Poitiers, Tours, ou Lyon sont des cités fort riches en ce domaine, et qui méritent que l’on s’en préoccupe sans tomber dans les facilités du simple appât à touristes), sans doute faudra-t-il faire le choix d’une politique de long terme qui privilégie l’habitat plutôt que le ludique, le festif ou le simple commercial : redonner vie aux centres-villes passe par une politique de densification humaine, non pour l’entassement, mais pour la vie même des quartiers centraux au-delà des soirées ou des longues journées marchandes. Faut-il en évacuer l’automobile ? Si la tendance est à la piétonnisation générale, il me semble qu’un équilibre doit être néanmoins sauvegardé, ce qui n’empêche pas la « débitumisation » des places de stationnement et une meilleure protection des cyclistes comme des piétons. En ce domaine comme en d’autres, le dogmatisme s’avère être une erreur, et le pragmatisme raisonné une politique utile, destinée à améliorer les situations plutôt qu’à les bloquer. « Savoir raison garder » : la vieille formule des rois capétiens établit, à mon sens, la bonne stratégie, ce qui n’empêche ni la passion ni la discussion.

    Les nouveaux édiles « Verts » sauront-ils tenir la barre d’une écologie municipale à la fois dynamique et populaire, ou céderont-ils au tropisme (clientéliste ?) de leur catégorisation sociale dominante, tropisme (et inquiétude) évoqué plus haut ? Si leur pratique se limite à quelques mesures vélocipédiques et à la démagogie du « politiquement correct », ils auront usurpé l’étiquette d’écologistes ; mais si leur politique valorise tous les aspects d’une écologie « du bon et du beau », des paysages à la biodiversité, des traditions locales à la projection dans l’avenir par le recours à la matière grise plutôt qu’aux énergies fossiles, leur crédibilité et leur légitimité pourraient s’en trouver bien établies dans le temps, c’est-à-dire utilement enracinées. Il revient aux royalistes de veiller à ce que l’écologie ne soit pas qu’un alibi facile pour un nouveau « pays légal » verdâtre quand il s’agit de répondre aux défis environnementaux contemporains et aux attentes d’un « pays réel » aujourd’hui déboussolé et inquiet devant des processus climatiques, économiques et politiques qui lui paraissent imposés, parfois sans juste mesure…

     

    L’un des marqueurs de « l’écologité » de la politique des municipalités « vertes » pourra être, pour les royalistes, l’intérêt porté par celles-ci à la cause des arbres, mais il ne sera pas, bien évidemment, le seul critère d’appréciation. De plus, le rôle des royalistes devrait être de porter les couleurs d’une écologie intégrale qui n’oubliera ni la préservation des grands équilibres environnementaux et de tous leurs aspects, ni la défense d’une spécificité humaine contre les dérives transhumanistes. L’écologie intégrale n’est pas que la préservation de la nature comprise comme « environnement » mais elle l’est aussi de la nature humaine et de ses héritages historiques : l’écologie intégrale est aussi éminemment politique, et elle sera toujours du côté d’Antigone plutôt que de Créon, fût-il adoubé par les Verts…

     

    (à suivre)

  • Dans les pas du Comte de Paris pour découvrir la chapelle royale à Dreux, par Valérie Beaudoin.

    Source : https://www.lechorepublicain.fr/

    Le comte de Paris a un rapport charnel avec la chapelle royale © Agence DREUX

    La nécropole des Orléans à Dreux, un lieu où se mêlent histoire de France, histoire d’une ville, histoire d’une famille. Visite guidée en compagnie du chef de la Maison France qui en connaît les moindres recoins et tous les secrets.

    On pourrait la visiter cent fois, mille fois, il y aura toujours un détail à découvrir, une sculpture à laquelle on n’avait pas prêté attention, une lumière singulière qui fait briller un coin de vitrail... On ne se lasse pas de fouler les sols de la chapelle royale de Dreux.

    Tout ici respire la beauté et la sérénité. Perchée sur une colline, au-dessus de la vieille ville de Dreux, la nécropole de la famille d’Orléans n’a rien de triste ou de sinistre.

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    Perchée au-dessus de la ville

    Le Comte de Paris en connaît les moindres recoins, les moindres secrets et ne prive jamais les visiteurs, qu’il rencontre au chevet des gisants de ses aïeux, de sa connaissance intime de l’histoire des Orléans qui croise l’histoire de France.
    Il a un rapport filial, presque charnel avec cette chapelle imaginée par le roi Louis-Philippe et auprès de laquelle, il est revenu vivre avec sa famille : " La chapelle est à l’image des Orléans qui sont des rois, des princes, apaisants souvent épris d’art et d’esthétique ".

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    Des vitraux qui écrivent l'histoire des Orléans, de la ville et de la France.

    La chapelle plutôt de taille modeste quand on la voit de l’extérieur surprend par l’espace qu’elle offre à l’intérieur. Et là, il faut lever les yeux vers les vitraux. Les vitraux latéraux qui semblent se répondre et parlent de " l’ histoire de France, l’histoire de Dreux et l’histoire de notre famille. Ils sont d’une étonnante modernité avec une présence significative des femmes comme sainte Geneviève, sainte Clotilde".

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    Le comte de Paris se fait volontiers guide pour les visiteurs de passage comme ici une touriste néerlandaise d'origine iranienne.

    A deux visiteuses d’origine iranienne qui sont venues des Pays-Bas pour visiter la chapelle Saint-Louis, le Comte de Paris raconte la beauté des gisants signés Milet, Mercié ou Lenoir...: " Faits de marbre blanc, ils ont tous leur histoire, il y a des militaires, des explorateurs, des artistes. Ils ont tous leur style, classique, romantique". Il souligne la beauté du contraste « du marbre blanc des gisants avec les marbres rose et noirs du sol ".

    Il évoque l’histoire de ces gisants, celle de Robert duc de Chartres, " et de son fils qui monta une expédition en Cochinchine ". Et bien sûr s’attarde devant le gisant de la duchesse d’Alençon : " Elle est décédée dans l’incendie du bazar de la Charité. Un destin tragique comme celui de sa soeur, d’ailleurs, Élizabeth d’Autriche plus connue sous le nom de l’impératrice Sissi ".

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    Les gisants en marbre blanc.

    Il s’attarde dans une crypte tout en rondeur dont les caveaux ne sont plus ornés de gisants mais simplement gravés du nom de ceux qui y reposent. C’est là que demeure le prince François, son frère aîné dont il évoque la mémoire et cette "couronne ouverte qui symbolise les princes qui ne peuvent régner".

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    Des vitraux qui fascinent le comte de Paris.

    Dans le clair-obscur de la nécropole, le visiteur averti sait qu’il va tomber sur un spectacle magique. Le comte de Paris le sait mieux que personne mais l’enchantement reste le même face à ces vitraux qui évoquent la Passion du Christ. Des vitraux en sous-sol, aux couleurs cuivre, fauve, rouge profond, sombres et pourtant baignés d’une lumière d’autant plus intense qu’elle est rare.

     

    Quelques repères.
    Histoire. La chapelle royale a été construite en 1816 à l’emplacement de l’ancien château des comtes de Dreux. Elle a été agrandie par le roi Louis-Philippe. À partir de 1830, la chapelle Saint-Louis devient la nécropole de la Maison de France.
    Vitraux. Ils ont été réalisés par la manufacture de Sèvres. On y découvre notamment le fameux “bleu de Sèvres” au travers des œuvres d’Ingres, Horace, Flandrin, Hippolyte ou Larivière qui mélangent scènes historiques et scènes religieuses.
    Situation géographique. La chapelle royale de Dreux se situe sur l’une des collines du Nord de Dreux. On y accède par le square d’Aumale soit en venant du centre-ville de Dreux soit en arrivant par la RN12.
    Horaires et tarifs. La chapelle est ouverte tous les jours sauf le mardi, de 10 heures à 12?h?30 et de 13h30 à 18 heures. Visite adulte 9,10 €, étudiant, 7,40 €, enfant à partir de ans 5,10 €, Prix réduits pour les handicapés

    Une dernière émotion avant que les pas du Comte et celui du visiteur les conduisent à la lumière du jour, dans ce parc où les arbres ont été faits rois par le prince Jean.

  • Conflit israélo-palestinien : entretien croisé avec Richard Haddad et Antoine de Lacoste.

    Il y a quelques jours éclatait un nouveau conflit israélo-palestinien. Boulevard a interrogé Richard Haddad, historien et politologue, et Antoine de Lacoste, bien connu des lecteurs. Deux points de vue, deux analyses pour mieux comprendre une situation complexe et explosive depuis 1948.

    On a dénombré 248 morts à la suite des confrontations qui ont eu lieu sur la bande de Gaza, en mai dernier. Quelle est la situation, aujourd’hui ?

    5.pngRichard Haddad : Un cessez-le feu de plus est rentré en vigueur. Aucun des deux protagonistes n’avait intérêt au prolongement de l’affrontement qui aurait provoqué une intervention au sol des commandos de Tsahal et la suite des bombardements mutuels. Le Hamas s’en serait sorti affaibli, d’une part, et les Israéliens n’avaient, d’autre part, aucune envie de sacrifier la vie de quelques soldats au sol, et encore moins la saison touristique de cet été.

    Antoine de Lacoste : Ces « 248 morts de part et d’autres » sont, en réalité, dix morts israéliens et le reste palestiniens. Les moyens militaires de chaque camp sont évidemment disproportionnés. La dureté de la riposte israélienne aux attaques du Hamas n’a rien de nouveau : l’objectif est de décourager toute nouvelle attaque en infligeant des destructions considérables et de nombreux morts civils.

    Ce qui est nouveau c’est la capacité du Hamas, inédite jusque-là, d’envoyer des missiles depuis la bande de Gaza sur une part importante du territoire israélien. Ces missiles sont rudimentaires mais tous n’ont pas été interceptés et ont provoqué plusieurs morts. Cela inquiète Israël, qui a accepté un cessez-le-feu sous la pression américaine. Mais cela peut recommencer à tout moment.

     

    Qu’est-ce qui a provoqué ce nouveau conflit ?

    antoine de lacoste.jpgAntoine de Lacoste : Sous la houlette de Netanyahou, Israël s’est lancé, par le biais des colons, dans la conquête de la Cisjordanie en général et de Jérusalem-Est en particulier. Les manifestations ont débuté à Jérusalem pour protester contre les de Palestiniens de leurs habitations de Jérusalem-Est où ils habitent depuis des décennies, voire des siècles.

    L’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, censée administrer la Cisjordanie palestinienne, est aujourd’hui discréditée, minée par la corruption et incapable de la moindre initiative utile. Les manifestations qui se sont spontanément produites à Jérusalem ont alors été une occasion inespérée, pour le Hamas, de les soutenir par ses attaques de missiles. Il en a recueilli une grande popularité et c’est bien dommage. Rappelons que le Hamas est un mouvement islamiste proche des Frères musulmans. La sclérose de l’Autorité palestinienne est inquiétante car elle permet aux islamistes de renforcer leur implantation au sein de la population palestinienne, qui n’a pourtant aucune tradition islamiste.

     

    Richard Haddad : La répression israélienne contre des rassemblements palestiniens sur fond de célébration du ramadan et de revendications territoriales autour des lieux sacrés de la vieille ville de Jérusalem. Les Palestiniens envoient des projectiles sur les forces de l’ordre qui répliquent violemment… Le Hamas, en compétition avec l’Autorité palestinienne, et obéissant à l’agenda régional de ses alliés iraniens, a déclenché des tirs de missiles sur les villes israéliennes en représailles. La réplique de l’État hébreux était immédiate et radicale.

     

    Depuis 1948, les conflits se multiplient. Le dernier auquel on a assisté se différencie-t-il des précédents ?

    Richard Haddad : Oui, et cela, à cause de deux événements.

    Les pays arabes du Golfe, qui certes n’ont jamais été de grands alliés de la résistance palestinienne et encore moins du Hamas, les soutenaient a minima et les finançaient afin de répondre à l’émoi de leur opinion publique toujours solidaire des peuples musulmans « opprimés ». Or, ces pays ont signé, ou sont sur le point de le faire, des accords de paix avec Israël en 2020. Les Palestiniens se sont retrouvés isolés sur le plan arabe, leur cause n’intéressait plus personne. L’Arabie saoudite ira même jusqu’à leur demander de revoir à la baisse leurs revendications par la bouche du prince héritier Mohammed ben Salmane. Même le régime syrien a été surpris à la table de négociation avec des officiels israéliens au début de 2021, jetant le trouble dans ses relations avec son allié iranien. Or, ce nouveau conflit parasite ces nouvelles alliances, les États arabo-islamiques ne pouvant fermer les yeux face aux images de victimes palestiniennes abondamment diffusées auprès de leur population.

    Par ailleurs, un nouveau phénomène est apparu lors de ce nouveau conflit : la réaction des Arabes israéliens. De plus en plus nombreuses, ces populations palestiniennes de nationalité israélienne deviennent un danger pour Israël. Plutôt pacifiques et acceptant leur statut d’Israélien depuis des décennies, elles commencent à manifester de plus en plus leur solidarité avec les Palestiniens des territoires occupés, ce qui provoque parallèlement une réaction violente à leur encontre de la part de l’ juive. Dépassant plus de 20 % de la population israélienne, et ce pourcentage étant en forte croissance, un risque de guerre civile menace l’État hébreux qui a longtemps cru à l’utopie multiculturelle et multiconfessionnelle fondée sur un système inégalitaire en faveur du peuple juif. Submergé par le nombre, il risque de finir comme le régime des Blanc sud-africains ou comme les chrétiens du qui, eux, ne pratiquaient certes pas l’apartheid.

     

    Antoine de Lacoste : Oui, ce conflit a été marqué par un phénomène nouveau dont l’avenir dira si c’est un tournant. Pour la première fois, d’importantes manifestations de ceux qu’on appelle les Arabes israéliens se sont déroulées dans plusieurs villes israéliennes. Qui sont-ils ? Ce sont des Palestiniens vivant sur le territoire d’Israël, hors de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ils ont la nationalité israélienne, représentent 20 % de la population et font généralement peu parler d’eux car ils bénéficient de conditions de vie bien meilleures que ceux des Palestiniens des « Territoires ».

    Mais un changement fondamental est intervenu par le vote de la loi « Israël, État-nation du peuple juif ». Cette loi, voulue par Benyamin Netanyaou et votée le 19 juillet 2018, a provoqué de grandes polémiques dans le pays. En effet, elle a proclamé Jérusalem capitale « complète et unifiée » d’Israël (contrairement à son statut actuel), déclassé la langue arabe de son statut de deuxième langue et ne mentionne jamais les Arabes israéliens.

    De nombreuses manifestations s’étaient déroulée dans tout le pays, rassemblant Arabes israéliens et Druzes qui dénonçaient leur nouveau statut de « citoyens de seconde zone ». Même le président israélien avait fait part de ses réserves sur cette loi.

    Ce n’est pas un hasard si, trois ans après, des milliers de manifestants arabes ont protesté dans de nombreuses villes contre les événements de Jérusalem. À Jaffa, Saint-Jean-d’Acre ou Lod, où la communauté palestinienne chrétienne est importante, des heurts violents se sont produits pour la première fois.

    Le patriarcat latin de Jérusalem avait demandé l’abrogation de la loi ; en pure perte, bien sûr.

    Dans ce contexte nouveau et tendu, le départ de Netanyaou est une excellente nouvelle : sous son long règne, de nombreux murs ont été érigés afin de protéger les colonies israéliennes rognant le territoire cisjordanien (on peut lire, à cet égard, le beau livre de Vera Baboun Bethléem, ma ville emmurée).

    Aujourd’hui, la situation est explosive et des gestes d’apaisement israéliens sont maintenant nécessaires.

     

    Le Débat

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Bidard, Bidard, vous avez dit Bidard? À Paris, la théorie du genre se décline à toutes les sauces…, par Didier Desrimais

    Vincent Magloire, Vincent Mc Doom et Helene Bidard en 2017 © J-B BRUYNOOGHE/SIPA Numéro de reportage : 00836287_000009

    …et nous promet de belles parties de rigolade au milieu du désastre.

    Dimanche 7 mars, après une « balade urbaine » au Parc Suzanne Lenglen, l’adjointe à la maire de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes Hélène Bidard (Parti Communiste) a twitté vouloir établir un « diagnostic genré de ce vaste espace vert et sportif ». 

    3.jpegCertains internautes parisiens, morts de rire, demandent ironiquement des précisions. Histoire de continuer à se gondoler, nous proposons de porter à la connaissance de ces internautes et des lecteurs de Causeur les meilleurs passages du livre de chevet de Mme Bidard, le Guide référentiel Genre et espace de la Mairie de Paris.

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    Ce guide est écrit dans la novlangue politique chère à son édile et en écriture dite inclusive. Anne Hidalgo y affirme d’abord que « l’espace public est une construction masculine. Conçu et mis en œuvre par et pour des hommes »; puis que « l’urbanisme, l’aménagement urbain et les services publics doivent permettre d’y mettre fin (aux violences sexistes) ». Nous imaginons que c’est à la lecture de ce diagnostic d’experte que Caroline de Haas a réclamé l’élargissement des trottoirs de la Porte de la Chapelle, trottoirs sur lesquels des femmes avaient été agressées par des migrants pas bêtes du tout et ayant immédiatement compris la fonction et l’intérêt d’un aménagement urbain élaboré par un « groupe dominant masculin hégémonique » pour assouvir ses vices.

    Espaces verts et « budget genré »

    Toute une bouillie sociologique autour du « genre » est utilisée dans ce guide. Résumant à gros traits la “philosophie” de Judith Butler et d’Éric Fassin, les auteurs rappellent que « ce qu’on appelle “genre” est le système de normes ou la construction sociale qui assigne des rôles et places différentes et hiérarchisées aux femmes et aux hommes ». Il convient par conséquent de « développer une “approche intégrée de l’égalité femmes-hommes” (ou une approche intégrée du genre) pour en faire une stratégie transversale pour toute la municipalité. » Comme c’est transversal, tout y passe: les lieux, les pratiques sportives, le vocabulaire, l’éclairage, les toilettes, les immeubles et le moindre recoin de la plus petite rue. En soi, certaines préconisations ne sont pas dénuées de bon sens, MAIS… pourquoi verser systématiquement dans une miteuse “philosophie féministe” et une sociologie de si bas-étage ? Pourquoi accoler systématiquement les théories les plus bêtes à un plan d’urbanisme qui pourrait aisément s’en passer ? Et pourquoi écrire dans cette langue infecte ?

    Le techno-monde a des ressources infinies de déréalisation du réel et de destruction de la langue. Il ne suffit plus de prévoir un budget, il faut que ce dernier soit « un budget genré » (ou « gender budgeting », en anglais ça fait plus sérieux). Il ne suffit plus d’améliorer l’éclairage urbain, il faut « repenser la géographie sociale de la lumière ». Il faut réaliser des « statistiques sexuées ». Il est nécessaire de « valoriser l’image des piétons ». Évidemment, « le Plan Vélo de la ville devra intégrer la problématique du genre ». Il est également prévu une « reconquête de l’espace à travers des expérimentations sensorielles (?!) qui rétablissent nos liens aux lieux et nous sortent d’une vision fonctionnelle souvent “virile” de la ville. » On s’appliquera à « bannir le langage sexiste et féminiser le langage à l’écrit comme à l’oral » dans le sport. Nous l’ignorions mais « les femmes sont les premières expertes de l’usage de la ville », il conviendra donc de leur donner la parole: « c’est une question “d’empowerment” des femmes ».

    Lavons-nous les oreilles en relisant Orwell: « Le langage politique a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance. »

    Des passages piétons arc-en-ciel pour signaler le ghetto homosexuel

    D’autres capitales européennes ne jurent plus, elles aussi, que par la théorie du genre et le féminisme le plus crétin. Vienne est citée en exemple pour son « gender mainstreaming ». La ville de Genève a décidé de remplacer la moitié des panneaux signalant un passage piéton. Avec un objectif progressiste et inclusif affiché, ces nouveaux panneaux représenteront des « femmes actives, âgées, enceintes ou encore en couple lesbien. » La cité helvétique espère ainsi « augmenter la visibilité des femmes dans la ville ». Sandrine Salerno, maire socialiste encore plus “dégenrée” que notre maire de Paris, est prête à répondre à toutes les réclamations des groupes qui auront le désir de se voir représenter sur les panneaux de signalisation: les transgenres, les « personnes en surpoids », etc. Paris a encore des progrès à faire… elle qui n’a pour le moment repeint que quelques passages piétons aux couleurs arc-en-ciel des mouvements LGBT.

    Conclusion: l’impression générale est quand même que tout ce petit monde d’élus parisiens hidalgo-progressistes, à force de vouloir racler les fonds de tiroirs électoralistes, semble totalement paumé, pour ne pas dire plus. On se souviendra qu’au deuxième tour des dernières élections municipales, Anne Hidalgo a été réélue avec moins de 20% des voix du corps électoral parisien, du fait d’une abstention massive. On peut donc penser qu’une très grande majorité de Parisiens se demandent sur quelle Nef des fous ils sont embarqués. Fluctuat nec mergitur est la devise de Paris. Vu le naufrage en cours, peut-être faudra-t-il envisager de la changer d’ici peu.

     

    Amateur de livres et de musique
  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : NOUVELLE VAGUE D’ATTAQUES ANTISERBES AU KOSOVO : « QUE DOIT-IL ENCORE ARRIVER !? ».

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    NOUVELLE VAGUE D’ATTAQUES ANTISERBES AU KOSOVO : « QUE DOIT-IL ENCORE ARRIVER !? »

    L’attaque le 1er juillet au soir d’un jeune garçon serbe par plusieurs individus qui lui ont arraché sa croix met en lumière l’augmentation des violences antiserbes depuis quelques semaines, et particulièrement au cours du mois de juin. Solidarité Kosovo dénonce ces violences et demande à la communauté internationale de s’engager enfin avec fermeté dans la protection de la minorité serbe du Kosovo-Métochie.

     

    Le 1er juillet au soir, Nikola Perić, jeune garçon de 13 ans, a été battu par un groupe d’Albanais dans le village de Gojbulja, près de Mitrovica. Alors qu’il revenait du football, plusieurs jeunes hommes l’ont jeté au sol, l’ont battu et ont arraché la croix qu’il portait autour du cou. Il a été soigné à l’hôpital de Mitrovica.

    Ces dernières semaines, les attaques, menaces et provocations antiserbes se sont multipliées partout au Kosovo-Métochie. Parmi les plus marquantes, l’arrestation le 28 juin de Risto Jovanović.

    Risto Jovanović lors de son arrestation le 28 juin, juste devant Gazimestan

     

    Ce jeune homme est venu du Monténégro pour fêter Vidovdan à Gazimestan : ce monument élevé à la mémoire des soldats chrétiens de l’armée du Prince Lazar qui, le 28 juin 1389, se sont sacrifiés pour porter un coup d’arrêt à l’avancée de l’armée ottomane vers l’Europe. La veille, les autorités autoproclamées de Pristina avaient publié un communiqué annonçant qu’elles ne tolèreraient aucune « provocation » en cette fête de Vidovdan et qu’elles arrêteraient tous les fauteurs de trouble. Devant l’absence de troubles, et malgré les tentatives d’humiliations de nombreux jeunes hommes contraints de retirer leurs T-shirts portant un drapeau serbe ou n’importe quel signe religieux (croix, monastère, etc), la police présente sur place a entrepris de fouiller une religieuse orthodoxe.

    Risto Jovanović, passant devant cette scène choquante, a interpelé les policiers, signalant l’ignominie de ce qu’ils étaient en train de faire. À peine avait-il fini sa phrase que des agents en civil l’embarquaient sans ménagement dans un véhicule de police ; Pristina tenait son « fauteur de trouble »… Le 30 juin, après plus d’une journée de garde à vue, Risto Jovanović a été jugé en première instance et condamné à un mois de détention pour « provocation à la haine raciale ». Une décision injustifiable qui prouve une fois de plus qu’un Serbe n’est jamais en sécurité nulle part au Kosovo, et surtout pas dans un palais de « Justice ».

    Autre affaire marquante, et tout aussi scandaleuse : Dragica Gašić est revenue vivre depuis début juin dans la ville de Djakovica, qu’elle a dû quitter pendant la guerre.

    Dragica Gašić avec Petar Petković, directeur du Bureau pour le Kosovo-Métochie, au monastère de Gracanica

    La ville de Djakovica se trouve en Métochie, non loin du monastère de Decani. Avant le retour de Dragica Gašić, les seules Serbes qui y vivaient encore étaient trois religieuses qui vivent dans le monastère de la ville. Chaque année ou presque, des pèlerins qui veulent venir fêter Noël ou Pâques dans ce monastère sont refoulés par les Albanais.

    Depuis son retour, Dragica Gašić vit un calvaire : menaces de mort, caillassages de son appartement, insultes dans la rue, etc. Il y a quelques jours, 11 associations de la ville de Djakovica ont publié une pétition exigeant des autorités qu’ils l’excluent purement et simplement…

    Elle dit qu’elle savait que ça serait difficile de revenir vivre chez elle, seule Serbe dans une ville entièrement albanaise, mais qu’elle n’imaginait pas que ça serait aussi violent. « Je n’ai pourtant jamais fait de mal à personne, ni avant la guerre, ni pendant. Je veux juste vivre chez moi, en paix avec tout le monde », déclare-t-elle.

    Les autorités ont laissé faire pendant un mois, avant de passer à leur tour à l’action : alors que le Bureau serbe pour le Kosovo-Métochie avait financé l’achat et l’installation d’une porte blindée pour le logement de Dragica Gašić, pour qu’elle soit au moins en sécurité chez elle, la municipalité de Djakovica a tout simplement interdit que cette porte soit installée…

    En plus de ces trois affaires particulièrement choquantes, de nombreuses autres provocations ont été enregistrées récemment. Il y a quelques jours, un grand drapeau de l’Église orthodoxe serbe installé sur le monastère de Gracanica pour les célébrations entourant les 700 ans de sa fondation a été volé une nuit, puis une vidéo a circulé montrant ce drapeau piétiné et brûlé par des individus arborant le drapeau albanais ; une large affiche représentant ce même monastère de Gracanica a été taguée des mots « UCK » et « Albanie » ; des bus de pèlerins ont été stoppés à la limite administrative entre la Serbie centrale et le Kosovo, et refoulés ; un autre bus de pèlerins a dû faire demi-tour quelques kilomètres après ce même passage, refoulé par la police ; des graffitis ont été peints sur la porte de la basilique Saint-Sauveur à Pristina après qu’un office y a été célébré pour la première fois depuis la fin de la guerre ; un panneau indiquant le monastère de Draganac a été une nouvelle fois détruit ; etc.

    Le panneau du monastère de Draganac a été une nouvelle fois détruit

    Suite à l’attaque contre Nikola Perić, le Bureau pour le Kosovo-Métochie demande dans un communiqué : « Que doit-il encore arriver avant que la communauté internationale prenne au sérieux les risques que courent quotidiennement les Serbes au Kosovo-Métochie ? Faut-il que d’autres enfants soient encore pris pour cible pour qu’on obtienne enfin une réaction, ou tout le monde va-t-il continuer à prétendre que rien de tout ça n’arrive ? »

    Le communiqué précise également que cette attaque est survenue le jour où le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg était justement au Kosovo pour faire de la préservation de la paix et de la sécurité la mission principale de la Kfor…

  • Feuilleton : Chateaubriand, ”l'enchanteur” royaliste... (48)

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    Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
    Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Sur Don Quichotte et sur Marseille...

    Sur Don Quichotte...

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    "Je ne m'explique le chef d'oeuvre de Cervantès et sa gaîté cruelle, que par une réflexion triste : en considérant l'être entier, en pesant le bien et le mal, on serait tenté de désirer tout accident qui porte à l'oubli, comme un moyen d'échapper à soi-même : un ivrogne joyeux est une créature heureuse.

    Religion à part, le bonheur est de s'ignorer et d'arriver à la mort sans avoir senti la vie."

    (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, page 162)

     

    Sur Marseille...

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    I :

    "D'Avignon je me rendis à Marseille. Que peut avoir à désirer une ville à qui Cicéron adresse ces paroles, dont le tour oratoire a été imité par Bossuet :

    "Je ne t'oublierai pas, Marseille, dont la vertu est à un degré si éminent que la plupart des nations te doivent céder, et que la Grèce même ne doit pas se comparer à toi." (Pro L. Flacco).

    Tacite, dans sa Vie d'Agricola, loue aussi Marseille comme mêlant l'urbanité grecque à l'économie des provinces latines. Fille de l'Hellénie, institutrice de la Gaule, célébrée par Cicéron, emportée par César, n'est-ce pas réunir assez de gloire ?

    Je me hâtai de monter à Notre-Dame de la Garde pour admirer la mer que bordent avec leur ruine les côtes riantes de tous les pays fameux de l'Antiquité. La mer, qui ne marche point, est la source de la mythologie, comme l'océan, qui se lève deux fois le jour, est l'abîme auquel a dit Jéhovah : "Tu n'iras pas plus loin."

    (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, pages 481/482)

     

    II.

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    "... la Création est la visibilité de Dieu." (Calanque d'En Vau, Marseille).

    (Mémoires d'Outre Tombe, La Pléiade, tome II, page 931)

     

    III.

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    La Peste à Marseille...

     

    "...Marseille, dit M. Lemontey, sortait en 1720 du sein des fêtes qui avaient signalé le passage de mademoiselle de Valois, mariée au duc de Modène. À côté de ces galères encore décorées de guirlandes et chargées de musiciens, flottaient quelques vaisseaux apportant des ports de la Syrie la plus terrible calamité...

    Le navire fatal dont parle M. Lemontey, ayant exhibé une patente nette, fut admis un moment à la pratique. Ce moment suffit pour empoisonner l’air; un orage accrut le mal et la peste se répandit à coups de tonnerre.

    Les portes de la ville et les fenêtres des maisons furent fermées. Au milieu du silence général, on entendait quelquefois une fenêtre s’ouvrir et un cadavre tomber; les murs ruisselaient de son sang gangrené, et des chiens sans maître l’attendaient en bas pour le dévorer.
    Dans un quartier, dont tous les habitants avaient péri, on les avait murés à domicile, comme pour empêcher la mort de sortir.

    De ces avenues de grands tombeaux de famille, on passait à des carrefours dont les pavés étaient couverts de malades et de mourants étendus sur des matelas et abandonnés sans secours.

    Des carcasses gisaient à demi pourries avec de vieilles hardes mêlées de boue; d’autres corps restaient debout appuyés contre les murailles, dans l’attitude où ils étaient expirés.

    Tout avait fui, même les médecins; l’évêque, M. de Belsunce, écrivait :
    "On devrait abolir les médecins, ou du moins nous en donner de plus habiles ou de moins peureux. J’ai eu bien de la peine à faire tirer cent cinquante cadavres à demi pourris qui étaient autour de ma maison."

    Un jour, des galériens hésitaient à remplir leurs fonctions funèbres : l’apôtre monte sur l’un des tombereaux, s’assied sur un tas de cadavres et ordonne aux forçats de marcher; la mort et la vertu s’en allaient au cimetière, conduites par le crime et le vice épouvantés et admirant.
    Sur l’esplanade de la Tourette, au bord de la mer, on avait, pendant trois semaines, porté des corps, lesquels, exposés au soleil et fondus par ses rayons, ne présentaient plus qu’un lac empesté.
    Sur cette surface de chairs liquéfiées, les vers seuls imprimaient quelque mouvement à des formes pressées, indéfinies, qui pouvaient avoir des effigies humaines.

    Quand la contagion commença de se ralentir, M. de Belsunce, à la tête de son clergé, se transporta à l’église des Accoules : monté sur une esplanade d’où l’on découvrait Marseille, les campagnes, les ports et la mer, il donna la bénédiction, comme le pape, à Rome, bénit la ville et le monde; quelle main plus courageuse et plus pure pouvait faire descendre sur tant de malheurs les bénédictions du ciel ?

    C’est ainsi que la peste dévasta Marseille, et cinq ans après ces calamités, on plaça sur la façade de l’hôtel de ville l’inscription suivante, comme ces épitaphes pompeuses qu’on lit sur un sépulcre :

    Massilia Phocensium filia, Romæ soror, Carthaginis terror, Athenarum æmula.

    (Mémoires d'Outre-Tombe, Paris, Garnier - 1910, Tome V, page 415...)

  • Éphéméride du 10 septembre

    1524 : Naissance de Pierre de Ronsard 

     

    350px-France_Loir-et-Cher_La_possoniere_01.jpg Le manoir de la Possonière, dans le Vendômois, où est né Ronsard

    10 septembre,ronsard,michelin,micheline,clement marot,pleiade,martinique,du bellay,salon,l'emperiRonsard est à l'origine de la fondation de la Pléiade, groupe de sept poètes (en référence aux sept filles d'Atlas, géant révolté contre les Dieux de l'Olympe et condamné par Zeus à soutenir sur ses épaules la voûte du ciel...).

    Autour de Ronsard, les six autres poètes formant ce groupe étaient : Joachim du Bellay, Rémy Belleau, Etienne Jodelle, Jean-Antoine de Baïf, Ponthus de Thiard et Jacques Peletier du Mans (le groupe ainsi formé s'appelait primitivement La Brigade).

    Cette "pléiade" d'écrivains a profondément influencé le français par son action de Défense et Illustration de la Langue Française. 

    Ses objectifs étaient :

    de défendre la langue française contre ses détracteurs;

    de l'illustrer, c'est-à-dire d'enrichir son vocabulaire et ses styles;

    de développer l'art poétique et la doctrine de l'imitation.

    L'un des buts de cette pléiade était (comme on le lira ci-après) de faire reculer le "Monstre Ignorance", entre autre par la diffusion de la Culture Antique.

    Mais cette tâche n'est-elle pas encore d'une urgente actualité aujourd'hui ? Alain Finkielkraut n'a-t-il pas dénoncé, sans relâche, le fait que nous soyons la première société dont les élites seront sans Culture ?

    Et, à l'époque de Ronsard - qui se plaignait, donc, et maudissait le "monstre ignorance" - au moins on construisait Chambord ! Entre autres choses...  

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    Pour avoir un aperçu de l'œuvre et de l'influence de Ronsard : 

     http://www.site-magister.com/pleiade.htm

               

     

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    1544 : Mort de Clément Marot   

     

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                     "Plus ne suis ce que j'ai été
                   Et plus ne saurai jamais l'être.
                 Mon beau printemps et mon été
                   Ont fait le saut par la fenêtre.
                Amour, tu étais mon seul maître.
                  Je t'ai servi sur tous les dieux.
                Ah, si je pouvais deux fois naître, 
                  Comme je te servirais mieux !"
     

    https://www.espacefrancais.com/clement-marot/

     
     

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    1578 : Mort de Pierre Lescot


    10 septembre,ronsard,michelin,micheline,clement marot,pleiade,martinique,du bellay,salon,l'emperiPierre Lescot (ci contre) n'est pas issu d'une famille d'architectes ou de "maçons", comme on disait à l'époque : son père était seigneur de Lissy (près de Melun) et de Clagny (à l'époque, près de Versailles, et aujourd'hui incorporé à la ville); il était aussi conseiller puis procureur général à la Cour des aides,  conseiller de la ville de Paris et Prévôt des marchands de la capitale durant deux années (de 1518 à 1520).

    Lui-même fréquenta d'abord l'Université de Paris, et obtint le titre de "bachelier des lois" : il est l'ami de Ronsard, qui loue ses talents en peinture, en dessin et en architecture, alors qu'il n'a que vingt ans...

    C'est cette renommée qui le fit appeler par François premier à sa cour. Rentré en France après le désastre de Pavie et sa captivité en Espagne, François premier fut contraint de rompre avec la tradition de nomadisme ligérien de la Cour et de fixer de nouveau, et définitivement - du moins jusqu'à ce que que Louis XIV ne partît pour Versailles... - le siège de la Cour à Paris, qui était, de toutes façons, toujours resté la ville capitale du Royaume...

    François premier devait en effet, au plus vite, remettre de l'ordre dans le pays, et reprendre les choses en main, car, en plus du désastre militaire et de son absence forcée du royaume, la trahison du connétable de Bourbon (voir l'Éphéméride du 18 juillet) avait créé une situation périlleuse pour le royaume en général, pour la dynastie, et même pour la monarchie...

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    La façade Renaissance de la cour carrée du palais du Louvre est l'oeuvre commune de l'architecte Pierre Lescot et du décorateur Jean Goujon (comme la Salle et Tribune des Cariatides, ci dessous)

     

    Dès son retour dans sa bonne ville, François premier logea au Louvre, qu'il voulut immédiatement agrandir et rénover, selon le goût des châteaux de la Loire, afin de retrouver, en ville, la douceur de vivre à laquelle il était accoutumé au bord du grand fleuve : et c'est à Pierre Lescot qu'il fit appel, en 1546. Lescot oeuvrera durant trente-deux ans dans le palais, servant cinq rois au total : après François premier, son fils Henri II et les trois enfants de celui-ci : François II, Charles IX et Henri III.

    Pierre Lescot commença par faire place nette, en démolissant la "grosse tour" de Philippe Auguste et tout ce qui relevait de la forteresse militaire de Charles V, dont le rôle n'était plus adapté à l'époque. Puis il appela immédiatement à ses côtés le grand sculpteur Jean Goujon, surnommé le Phidias français, qui devait malheureusement quitter la France, en 1562, à cause des Guerres de religion (voir l'Éphémeride du 26 octobre).
     
    Au Louvre, Lescot réalisa l'angle sud-ouest de l'actuelle cour carrée, à l'intérieur de laquelle les deux artistes réalisèrent de conserve la salle et la tribune des Cariatides (ci dessous).
     

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    On doit également à Pierre Lescot le château de Vallery (en Bourgogne), la conception de la Fontaine des Innocents, sculptée par Jean Goujon, les premiers éléments de l'Hôtel Carnavalet (qui sera achevé par Mansart...
     
     


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    1910 : Mort d'Emmanuel Frémiet 

     

    C'est lui qui a sculpté la statue de Jeanne d'Arc en bronze doré, Place des Pyramides à Paris, érigée en 1874 (ci-dessous). Il a exécuté plusieurs reproductions de cette statue : pour Nancy (place Lafayette), Lille, (place Boivin), Compiègne (rue d'Amiens).

    Il a également réalisé le monument à Ferdinand de Lesseps, à Suez, le Saint Michel terrassant le Dragon, bronze doré au sommet de la flèche du Mont Saint-Michel, installé en 1897. Et aussi la statue équestre de Bertrand du Guesclin, de Dinan.

    Plus inattendue, sa participation à la Fontaine des Quatre-Parties-du-Monde, de Jean-Baptiste Carpeaux. Carpeaux réalisa le globe soutenu par les quatre personnages, mais c'est Frémiet qui poursuivit l'œuvre à la mort de Carpeaux en 1875, réalisant les huit chevaux, les dauphins et les tortues du bassin.

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (67), Les invasions normandes (III/III) : Bientôt, Paris, capitale des Cap

    Ce qui fonde la légitimité, ce sont les services rendus...


    L'origine directe de la troisième dynastie, celle des Capétiens, découle précisément des incursions normandes : c'est parce que son père, Robert le Fort avait déjà défendu Paris contre les Vikings, et parce qu'il la défendit vaillamment lui-même - face à l'incurie du roi légitime, Charles le Gros - que le duc Eudes posa les bases véritables de la dynastie Capétienne.

    Même si - comme l'explique Jacques Bainville - il eut la sagesse, après avoir été proclamé roi, à la suite de sa défense de Paris, de laisser les Carolingiens reprendre le pouvoir : il fallut attendre encore près d'un siècle pour que la nouvelle dynastie s'emparât définitivement du trône, en 987, avec Hugues Capet...


    Mais, avec les incursions des vikings, le mouvement qui devait amener au pouvoir la nouvelle dynastie était définitivement lancé...

    Extrait du "Grand siège" (tiré de "Paris", Citadelle et Mazenod, pages 25/26) :

    "Les Normands avaient commencé leurs incursions sur les côtes françaises dès la fin du règne de Louis le Pieux, mais ce n'est qu'après la mort de celui-ci et le partage de l'Empire carolingien qu'ils s'enhardirent à pénétrer plus profondément à l'intérieur des terres en remontant les fleuves. Paris subit leurs premiers assauts aux débuts du règne de Charles le Chauve.

    Dans un premier temps, ses habitants firent comme ceux de la plupart des villes attaquées : ils s'enfuirent à l'approche des pirates. Lorsqu'en mars 845, une bande conduite par Lagnar Lodbrog remonta la Seine, ils lui abandonnèrent une ville déserte, puis négocièrent une rançon pour obtenir son départ.

    Le 27 décembre 856, Paris fut de nouveau livrée au pillage et la plupart des églises brûlées, à l'exception de Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés et la cathédrale Saint-Etienne, épargnées moyennant le paiement d'un lourd tribut. Installés dans l'île d'Oscelle, en face de Jeufosse, les Normands menaient fréquemment des raids jusqu'à Paris. Les courageuses mesures de défense prises par Charles le Chauve, notamment la construction de ponts fortifiés, se révélèrent d'une efficacité éphémère : malgré quelques succès remportés par Robert le Fort, l'abbaye de Saint-Denis fut de nouveau pillée en 856-866.

    En 885, toutefois, les Parisiens décidèrent de résister.

    Les circonstances de cette défense, qui devait valoir à la ville un immense prestige et conduire l'un de ses héros sur le trône de France, sont bien connues par le poème épique des "Guerres de la ville de Paris", composé peu après les faits par le moine de Saint-Germain-des-Prés, Abbon.

    L'évêque Gozlin prit l'initiative de la résistance en faisant hâter la réparation des anciennes fortifications du Bas-Empire qui protégeaient l'Île de la Cité. Deux ponts existaient alors : au sud, le Petit-Pont, dont l'emplacement n'a pas changé, était protégé par le Petit-Châtelet; au nord, le Grand-Pont avait été reconstruit en 861 par Charles le Chauve; peut-être se situait-il encore, comme à l'époque gallo-romaine, au débouché de l'ancien cardo (rue Saint-Martin), mais il est plus probable qu'il ait été déjà décalé vers l'aval, à l'emplacement de l'actuel Pont-au-Change. Le Châtelet médiéval serait alors l'héritier de sa tour nord.

    L'armée normande se présenta devant Paris le 24 novembre 885. Tous les habitants des quartiers situés hors de la Cité s'étaient réfugiés à l'abri du rempart avec ce qu'ils avaient pu emporter de plus précieux, notamment les reliques des églises suburbaines. Les corps de saint Germain, sainte Geneviève et saint Marcel furent ainsi transportés dans des églises de la Cité.

    Le 25 novembre, Gozlin refusa l'offre du chef normand Siegfried qui lui proposait d'épargner Paris moyennant le libre passage du fleuve : la ville, par sa position stratégique, devait défendre l'ensemble du royaume. Un premier assaut fut repoussé par les défenseurs menés par le comte de Paris, Eudes, fils de Robert le Fort. Les Normands installèrent alors leur camp près de Saint-Germain-le-Rond (Saint-Germain-l'Auxerrois). Plusieurs attaques échouèrent encore pendant l'hiver. En mai, Eudes partit chercher des renforts et obtint la promesse d'une intervention impériale. A l'automne, les Parisiens virent enfin s'approcher l'armée de Charles le Gros. Mais plutôt que de livrer bataille, celui-ci préféra traiter avec les Normands.

    La faiblesse de l'empereur carolingien ne fit qu'accentuer le prestige des Parisiens et de leur chef, seuls à avoir osé résister aux pirates. Eudes fut nommé marquis de Neustrie - toutes les régions entre Loire et Seine - par Charles le Gros et, à la mort de celui-ci, une assemblée de grands seigneurs laïques et ecclésiastiques le porta sur le trône de France.

    Après lui, la dynastie carolingienne retrouva provisoirement le pouvoir, mais la puissance de sa famille ne cessa de croître jusqu'à l'avènement d'Hugues Capet, dont les successeurs firent peu à peu du siège de leur ancien comté - devenu entre-temps "ducatus Franciae" - la capitale du royaume..."

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

    lafautearousseau

  • Éphéméride du 19 août

    1984 : Première Transat Québec - Saint-Malo

     

     

     

     

    1524 : Les "Dames" de Marseille repoussent l'assaut des Impériaux 

     

    19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard,aven d'orgnac,robert de jolyLe Connétable de Bourbon vient de trahir le roi de France et s'est mis au service de Charles Quint et d'Henri VIII (voir l'Éphéméride du 18 juillet).

    À partir du premier juillet, remontant d'Italie où il se trouve avec son armée, il commence l'invasion de la Provence : venant de Gênes, après avoir traversé Nice, il s'empare successivement de Fréjus, de Brignoles et de Saint Maximin.

    Après qu'Honoré Puget lui ait remis les clés des portes d'Aix, le 7 août 1524, le connétable prend - un peu vite... - le titre de Comte de Provence et commence le siège de Marseille, le 19 août 1524. 

    Mais la ville va lui résister, et, au moment où le courage des hommes flanchera - comme à Beauvais avec Jeanne Hachette... - ce seront les femmes de la ville qui se précipiteront sur les remparts, se regroupant sur un bastion qui fut nommé "Bastion des Dames"; et la tradition a conservé les noms de quelques unes d'entre elles : Vento, la Mûre, Fortia, Cauvet, Bausset, Roquevaire...

    le 29 septembre, Bourbon ordonnera la retraite - qui se fit en désordre -  vers l'Italie.

    C'est en l'honneur de ces Dames combattantes de Marseille, et pour commémorer ce haut fait d'armes, qu'un boulevard porte leur nom aujourd'hui, le Boulevard des Dames. Il est situé juste à côté de la place de la Joliette, l'endroit où Jules César, mille ans auparavant, avait établi son camp, pour assiéger la ville : Julii statio ("le camp de Jules").

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    "Actibus immensis urbs fulget massiliensis" (C'est par des actions grandioses que resplendit la ville de Marseille) dit la fière devise latine de la ville.

    Pour laquelle Frédéric Mistral proposa la transcription suivante, en provençal :

    "Toustèms, pèr si grand fa, resplediguè Marsiho" (Toujours, par ses hauts faits, Marseille a brillé)

    Et, comme dans toute la France, tout au long de son histoire, les femmes ont toute leur place dans ces "actions grandioses"

     

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    1662 : Mort de Pascal

     

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    De Chateaubriand, Génie du christianisme, troisième partie, II, 6 :

    "Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques; qui, à seize ans, avait fait le plus savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'antiquité; qui, à dix-neuf ans, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement; qui, à vingt-trois ans démontrera les phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des grandes erreurs de l'ancienne physique; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie comme du raisonnement le plus fort, enfin, qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut par abstraction un des plus hauts problèmes de géométrie et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du dieu que de l'homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal..."

    http://www.alalettre.com/pascal-bio.php

     

     

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    1839 : Apparition du Daguerréotype

     

    Lors d’une séance officielle à l’Institut de France, Louis-Jacques-Mandé Daguerre divulgue le premier procédé photographique qu’il est parvenu à mettre au point avec son associé, Nicéphore Niépce.

    Surnommé "daguerréotype", ce procédé consistait à fixer l’image positive obtenue dans la camera obscura sur une plaque de cuivre recouverte d’une émulsion d’argent et développée aux vapeurs d’iode.

    À partir de 1850, le daguerréotype sera remplacé par le procédé négatif/positif sur papier qui permet la reproduction de l'image.

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    Daguerre, daguerréotype de 1844 
     
     
     
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    1842 : Mort d'Alexandre du Sommerard

     

    19 aout,barrès,pascal,daguerre,daguerreotype,transat quebec saint malo,landes ete 1949,du sommerard,aven d'orgnac,robert de jolyGrand royaliste, et grand amateur d’art, Alexandre du Sommerard est aux origines du Musée de Cluny :
     
     
     
    et aussi du Musée d’Écouen :
     
     

          (ci contre, son portrait par Frédéric Millet)    

     

    Alexandre du Sommerard, était consterné par l’entreprise de destruction systématique du Patrimoine national entrepris par la Révolution. On sait que, directement ou indirectement, la Révolution - puis l’Empire et la IIIème République naissante… - ont fait disparaître entre le quart et le tiers de notre Patrimoine artistique : "Les Vandales du Vème siècle n'ont jamais brisé tant de chefs-d'œuvre." disait-il, hélas à juste titre…

    Heureusement maître d'une fortune considérable, celui qui avait pris pour devise "more majorum" ("d’après la coutume des ancêtres") passa sa vie à rechercher et réunir les chefs-d'œuvre, et c'est pour installer sa précieuse collection, trop à l'étroit dans son hôtel de la rue de Ménars, qu'il loua pour sa vie l'Hôtel de Cluny.

    À sa mort, l'hôtel et la collection, appartenant à sa veuve, furent achetés par l'État : le 1er juillet 1843, la Chambre vota l’achat de l’hôtel et des collections, puis la création du "Musée des thermes et de l’hôtel de Cluny" (ci dessous) fut sanctionnée par la loi du 24 juillet 1843. Son fils Edmond fut, jusqu’à sa mort, conservateur du Musée national de Cluny : lorsqu’il mourut, en 1885, la collection comprenait 10.351 objets.

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    C’est, en partie, pour contenir des trésors venant de ce Musée que Malraux prit, en 1964, la décision – heureuse - d’affecter le château d’Écouen (ci dessous) au Musée national de la Renaissance

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    1862 : Naissance de Maurice Barrès 

     

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    • http://arnaud.aurejac.free.fr/barres.htm

     

    Et, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , voir la photo "L'amitié pour Barrès"

     

     

     

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    1935 : Robert de Joly découvre l'Aven d'Orgnac

     

    "Puits naturel formé en région calcaire par dissolution ou effondrement de la voûte de cavités karstiques" (définition d'un "aven" donnée par le Larousse) l'Aven d'Orgnac se trouve au sud du plateau calcaire des gorges de l’Ardèche.

    On y a créé en 1988 un Musée Régional de Préhistoire et, depuis 2004, le site est labellisé Grand Site de France.

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    http://www.orgnac.com/

     

     

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    1937 : Dans L'Action française, la genèse de "Mes idées politiques", de Charles Maurras...

     

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