Bidard, Bidard, vous avez dit Bidard? À Paris, la théorie du genre se décline à toutes les sauces…, par Didier Desrimais.
Vincent Magloire, Vincent Mc Doom et Helene Bidard en 2017 © J-B BRUYNOOGHE/SIPA Numéro de reportage : 00836287_000009
…et nous promet de belles parties de rigolade au milieu du désastre.
Dimanche 7 mars, après une « balade urbaine » au Parc Suzanne Lenglen, l’adjointe à la maire de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes Hélène Bidard (Parti Communiste) a twitté vouloir établir un « diagnostic genré de ce vaste espace vert et sportif ».
Certains internautes parisiens, morts de rire, demandent ironiquement des précisions. Histoire de continuer à se gondoler, nous proposons de porter à la connaissance de ces internautes et des lecteurs de Causeur les meilleurs passages du livre de chevet de Mme Bidard, le Guide référentiel Genre et espace de la Mairie de Paris.
Ce guide est écrit dans la novlangue politique chère à son édile et en écriture dite inclusive. Anne Hidalgo y affirme d’abord que « l’espace public est une construction masculine. Conçu et mis en œuvre par et pour des hommes »; puis que « l’urbanisme, l’aménagement urbain et les services publics doivent permettre d’y mettre fin (aux violences sexistes) ». Nous imaginons que c’est à la lecture de ce diagnostic d’experte que Caroline de Haas a réclamé l’élargissement des trottoirs de la Porte de la Chapelle, trottoirs sur lesquels des femmes avaient été agressées par des migrants pas bêtes du tout et ayant immédiatement compris la fonction et l’intérêt d’un aménagement urbain élaboré par un « groupe dominant masculin hégémonique » pour assouvir ses vices.
Espaces verts et « budget genré »
Toute une bouillie sociologique autour du « genre » est utilisée dans ce guide. Résumant à gros traits la “philosophie” de Judith Butler et d’Éric Fassin, les auteurs rappellent que « ce qu’on appelle “genre” est le système de normes ou la construction sociale qui assigne des rôles et places différentes et hiérarchisées aux femmes et aux hommes ». Il convient par conséquent de « développer une “approche intégrée de l’égalité femmes-hommes” (ou une approche intégrée du genre) pour en faire une stratégie transversale pour toute la municipalité. » Comme c’est transversal, tout y passe: les lieux, les pratiques sportives, le vocabulaire, l’éclairage, les toilettes, les immeubles et le moindre recoin de la plus petite rue. En soi, certaines préconisations ne sont pas dénuées de bon sens, MAIS… pourquoi verser systématiquement dans une miteuse “philosophie féministe” et une sociologie de si bas-étage ? Pourquoi accoler systématiquement les théories les plus bêtes à un plan d’urbanisme qui pourrait aisément s’en passer ? Et pourquoi écrire dans cette langue infecte ?
Le techno-monde a des ressources infinies de déréalisation du réel et de destruction de la langue. Il ne suffit plus de prévoir un budget, il faut que ce dernier soit « un budget genré » (ou « gender budgeting », en anglais ça fait plus sérieux). Il ne suffit plus d’améliorer l’éclairage urbain, il faut « repenser la géographie sociale de la lumière ». Il faut réaliser des « statistiques sexuées ». Il est nécessaire de « valoriser l’image des piétons ». Évidemment, « le Plan Vélo de la ville devra intégrer la problématique du genre ». Il est également prévu une « reconquête de l’espace à travers des expérimentations sensorielles (?!) qui rétablissent nos liens aux lieux et nous sortent d’une vision fonctionnelle souvent “virile” de la ville. » On s’appliquera à « bannir le langage sexiste et féminiser le langage à l’écrit comme à l’oral » dans le sport. Nous l’ignorions mais « les femmes sont les premières expertes de l’usage de la ville », il conviendra donc de leur donner la parole: « c’est une question “d’empowerment” des femmes ».
Lavons-nous les oreilles en relisant Orwell: « Le langage politique a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance. »
Des passages piétons arc-en-ciel pour signaler le ghetto homosexuel
D’autres capitales européennes ne jurent plus, elles aussi, que par la théorie du genre et le féminisme le plus crétin. Vienne est citée en exemple pour son « gender mainstreaming ». La ville de Genève a décidé de remplacer la moitié des panneaux signalant un passage piéton. Avec un objectif progressiste et inclusif affiché, ces nouveaux panneaux représenteront des « femmes actives, âgées, enceintes ou encore en couple lesbien. » La cité helvétique espère ainsi « augmenter la visibilité des femmes dans la ville ». Sandrine Salerno, maire socialiste encore plus “dégenrée” que notre maire de Paris, est prête à répondre à toutes les réclamations des groupes qui auront le désir de se voir représenter sur les panneaux de signalisation: les transgenres, les « personnes en surpoids », etc. Paris a encore des progrès à faire… elle qui n’a pour le moment repeint que quelques passages piétons aux couleurs arc-en-ciel des mouvements LGBT.
Conclusion: l’impression générale est quand même que tout ce petit monde d’élus parisiens hidalgo-progressistes, à force de vouloir racler les fonds de tiroirs électoralistes, semble totalement paumé, pour ne pas dire plus. On se souviendra qu’au deuxième tour des dernières élections municipales, Anne Hidalgo a été réélue avec moins de 20% des voix du corps électoral parisien, du fait d’une abstention massive. On peut donc penser qu’une très grande majorité de Parisiens se demandent sur quelle Nef des fous ils sont embarqués. Fluctuat nec mergitur est la devise de Paris. Vu le naufrage en cours, peut-être faudra-t-il envisager de la changer d’ici peu.