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Dr Bertrand Legrand : « La France ne protège plus les plus faibles, c’est le premier arrivé, premier servi ! ».

On l’a appris lundi, les commandes de vaccins AstraZeneca ne seront plus livrées aux professionnels de ville mais dirigés vers les pharmacies. Parallèlement à cela, un député suggère de faire appel aux vétérinaires pour la vaccination.

Réaction du Dr Legrand au micro de Boulevard Voltaire. L’occasion de faire le point avec lui sur le nombre de vaccinés en France et d’évoquer cette suspension, par l’Autriche, de la vaccination AstraZeneca suite au décès d’une infirmière.

https://soundcloud.com/bvoltaire/docteur-bertrand-legrand-8

Les 28 000 flacons de vaccins ouverts à la commande pour les professionnels de santé de ville seront durant la semaine du 8 mars, dirigés vers les pharmacies. On vous imagine désappointé.

Désappointé n’est un terme assez fort. La DGS n’a pas assez de doses pour livrer un flacon à chaque médecin pendant cette fameuse semaine. Par conséquent, ils ont décidé de donner le peu de flacons qu’ils ont à des pharmaciens et aucun médecin n’en aura. L’autre solution était de donner le peu de flacons que l’on avait aux médecins dans les zones les plus touchées. Ils ont choisi la formule de donner les flacons aux pharmaciens pour qu’ils pratiquent la politique du premier arrivé, premier servi. C’est pitoyable et effroyable. Le tout, après nous avoir fait travailler tout le week-end en utilisant des doses décongelées sans nous demander l’autorisation. Ces doses ont servi à faire de la communication politique. Nous devons donc déprogrammer des vaccinations prioritaires sur des patients. Juste pour de la communication politique, ces doses ont été usées au premier arrivé, premier servi. La France n’est plus du tout gaulliste. Elle ne protège plus les plus faibles.

Un député a proposé que les vétérinaires se mettent eux aussi à la distribution et à l’administration des vaccins. Le problème n’est pas tant les points de distributions, mais plutôt la distribution en elle- même de manière globale.

Les politiques sont dans un déni complet de la réalité. Ils sont persuadés que nous avons suffisamment de doses puisque nous avons passé commande. En réalité, nous n’avons pas assez de doses. Elles ne sont pas dans nos cabinets et aux bons endroits. Nous sommes toujours obligés de trier nos patients. Le jour où les stocks vont arriver brutalement et que nos mains seront dépassées, on sera bien évidemment ravis d’avoir toutes les mains en même temps pour piquer. Nous aimerions bien régler le problème de la France en une journée. Cela serait faisable, si nous avions 70 millions de doses. Nous pourrions aligner l’armée, les médecins, les pharmaciens, les vétérinaires et nous pourrions même faire une formation express en 5 min sur comment injecter un vaccin. Il n’est pas compliqué de piquer, mais faut-il encore avoir les bonnes doses.

On a bien compris qu’il fallait vacciner en priorité les personnes à risques. Concrètement, combien de personnes ont été vaccinées ?

Il suffit de voir la proportion des personnes vaccinées de plus de 75 ans sur CovidTraker. Il y a quelques semaines, je vous disais que nous étions en dessous de 33 %. Aujourd’hui, nous sommes à peu près à 33 %. Nous n’avons pas progressé. Nous avons essentiellement vacciné des personnes de 50 à 65 ans. A la même époque en nombre de doses, l’Angleterre est à 90 %. C’est un échec.

Ce vaccin AstraZeneca avait été suspendu en Autriche lorsqu’une infirmière est morte suite à la vaccination d’AstraZeneca. En tant que médecin, êtes-vous sûr de la non-dangerosité de ce vaccin ?

La certitude en médecine n’existe pas. On s’attend à avoir des effets secondaires systématiquement lorsqu’on fait une campagne de masse. Des gens vont mourir après avoir mangé une tomate. Et lorsqu’on vaccine tout le monde, des gens vont mourir quelques heures après la vaccination. Cela ne veut pas dire pour autant que le vaccin est à l’origine. Il faut donc faire une enquête approfondie et statistique. C’est seulement lorsque l’effet indésirable est supérieur à la fréquence naturelle qu’on trouve qu’il est corrélé. Cette enquête est un peu complexe. Lorsqu’on a suffisamment de doses, on peut se permettre de suspendre le temps d’avoir cette certitude complémentaire. En France, vu le peu de doses que nous avons, il est hors de question de faire ce genre de choses.

 

Dr Bertrand Legrand

Médecin généraliste à Tourcoing, fondateur de l'observatoire du Tiers payant, secrétaire général CSMF 59-62, fondateur de Vitodoc

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