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L'aventure France racontée par les cartes...

...et après Napoléon !

...et après Napoléon !

De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre XVIII, La Restauration.

1. Après la première abdication (1814) :

"....Louis XVIII n’était pas encore rentré en France que la véritable pensée des Alliés éclatait....
Le traité de Paris du 30 mai 1814 ne nous accorda qu’une légère rectification de frontières avec Philippeville et Marienbourg. Landau qui, sous Louis XVI, formait une enclave française, fut rattaché au royaume et nous reçûmes la limite de la Queich, celle que demandait le maréchal Foch et que nos alliés nous ont formellement refusée en 1919. Louis XVIII tenait surtout, ce qui était la doctrine de notre sécurité, doctrine aussi immuable que la géographie elle-même, à mettre une plus longue distance entre Paris et les portes d’invasion, à garder, de Dixmude à Luxembourg, les lignes et les places qui nous couvrent. Là-dessus, il se heurta à une volonté inflexible. C’était bien pour nous chasser de Belgique que l’Angleterre avait soutenu la guerre si longtemps. Son idée n’avait pas varié. Comme en 1713, il s’agissait de dresser entre la France et l’embouchure de l’Escaut une « barrière » qui serait encore hollandaise. La Belgique redevint l’objet de ces calculs diplomatiques et stratégiques dont elle était victime depuis si longtemps et fut réunie à la Hollande sans être consultée.De même, la Prusse, l’Autriche, la Russie, par leurs partages de la Pologne leurs agrandissements en Allemagne et en Orient, donnaient tout son sens à une guerre dont ces conquêtes étaient le but véritable....
Elles avaient été rendues possibles par le bouleversement de l’Europe que la Révolution avait provoqué, qu’avait achevé l’Empire, et par lequel la France avait perdu les avantages qu’elle possédait depuis le traité de Westphalie. À quelle dangereuse instabilité était vouée cette Europe nouvelle, on le vit dès le Congrès de Vienne, où tous les États européens, la France comprise, furent appelés pour construire un système d’équilibre destiné à remplacer celui que nous avions nous-même anéanti....
Un an à peine s’était écoulé depuis que les Alliés étaient entrés à Paris, et la situation de la France en Europe était rétablie au-delà de tout espoir. Le service qu’on attendait des Bourbons, ils l’avaient rendu. La preuve en était dans la déception de nos ennemis les plus haineux qui étaient les Prussiens. Le nationalisme germanique, tiré d’un long sommeil par les principes de la Révolution, puis soulevé contre la domination napoléonienne, avait rêvé d’une grande Allemagne, étendue jusqu’aux Vosges, unie par le pays de Frédéric et des patriotes réformateurs et libéraux qui avaient préparé la guerre de l’Indépendance. Et l’Allemagne restait divisée, à l’état de Confédération où l’Autriche était le contrepoids de la Prusse, aussi semblable à l’ancien Empire germanique qu’elle pouvait l’être après les remaniements territoriaux de Napoléon...."

2. Après les "Cent jours" :

"...Une folie de trois mois ramenait chez nous l’étranger, remettait en question ce qui avait été si péniblement obtenu en 1814. Cette fois, les Alliés furent encore plus exigeants, et Talleyrand, par sa précaution de Vienne, n’avait pu prévenir que les trop graves mutilations du territoire français, celles que réclamait la Prusse, toujours la plus acharnée. Le prix de Waterloo, ce fut, au second traité de Paris, du 20 novembre 1815, plus de cinq cent mille âmes. Nous perdions Philippeville, Marienbourg, Bouillon, c’est-à-dire des places qui couvraient notre frontière du nord, rendue plus vulnérable à l’invasion. Nous perdions Sarrelouis et Landau : la trouée par laquelle les Prussiens entreront en 1870 sera ouverte et le traité de 1919 ne nous a même pas rendu la limite de 1814. Nous perdions encore Chambéry et Annecy, repris par la Maison de Savoie. Enfin nous devions supporter une occupation de cinq ans et payer 700 millions d’indemnité de guerre..."