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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1194

  • Livres & Actualité • Demain la Dictature

    César, Musée de l'Arles antique

    Un entretien avec Philippe Bornet

    La dictature en France marque la fin d'un cycle. L'analyse du processus dictatorial paraît d'une intéressante actualité. 

    Quelle différence entre une Dictature et une Tyrannie ?

    Le Tyran ne dispose que de la potestas (puissance) ; il règne par la contrainte uniquement sans légitimité. Le Dictateur dispose de la potestas et de l’auctoritas (autorité). Disons même qu’il est le grand restaurateur de l’autorité. Le propre du Dictateur est que sa magistrature est parfaitement légale et qu’il bénéficie d’un large consensus populaire. Paradoxalement, seuls les pays libres connaissent des Dictatures. Seuls les peuples d’esclaves, capables de s’incliner sous le joug de la puissance injuste, les ignorent. Renan l’a dit et expliqué, seuls les Latins ont des Dictateurs. Les peuples germains admettent la loi du plus fort (faustrecht) : celui qui a la puissance a toujours, de facto, l’autorité.

    Le recours au dictateur est-il plus ardemment souhaité par les extrêmes ou par les soutiens de l’ordre établi ?

    Le recours au dictateur commence généralement par une négociation dans les coulisses pour désigner le repreneur d’entreprise en faillite.  Le futur Dictateur se voit présenter un cahier des charges qui consiste généralement à reprendre le personnel politique précédent et à le reclasser. En général, les choses se passent à l’amiable et le peuple n’est convié que pour applaudir. C’est ce qui s’est passé le 18 brumaire où l’abbé Sieyès changea au dernier moment le nom du premier rôle, qui aurait pu être Moreau ou Joubert. Bonaparte était disponible, n’ayant pas d’engagement ailleurs. La question du souhait populaire n’a donc guère d’importance. Il semblerait cependant que contrairement à une idée convenue, les électeurs centristes sont peu imbus de sens démocratique comme le montre les dernières enquêtes d’opinion.

    La dictature est-elle un moment systématique du cycle du pouvoir républicain ?

    Rome a connu 64 dictateurs et plus de dictatures jusqu’à Marius, Sylla, Pompée, César. Paradoxalement Octave Auguste n’a jamais été dictateur, il a même refusé de l’être. C’est dire si cette magistrature, inventée par la république romaine, faisait partie intégrante des institutions romaines. En France, nous avons connu une dictature à chaque fin de République. La dictature marque l’achèvement d’un cycle. Elle peut se transformer en Monarchie ou en une nouvelle République car, contrairement à ce qu’on dit, le Dictateur dépose souvent sa dictature soit parce qu’il se sent trop âgé, soit qu’il est fatigué du pouvoir.

    Y a-t-il en France un climat insurrectionnel ou révolutionnaire qui mènerait à l’instauration d’une Dictature ?

    Oui, la perspective d’une nouvelle Dictature me paraît maintenant inéluctable. Il existe une succession de douze étapes qui mènent à l’apparition d’une dictature : 1. désordre dans la rue, 2. impéritie du gouvernement, 3. mécontentement dans l’armée et la police, 4. guerre ou menace de guerre, 5. échec et peur des élites, 6. prestige d’un général, etc. Nous sommes à la phase 5 et déjà des noms de généraux circulent sur les réseaux. La crise des Gilets jaunes à laquelle personne ne s’attendait il y a deux mois est venue renforcer cette impression. Pour les sept dernières étapes, je me permets de vous renvoyer à mon ouvrage. Tout y est expliqué à partir des exemples antiques et modernes.

    Le Dictateur est-il le méchant du Politique ?

    Certains veulent lui voir endosser ce rôle. En fait, le Dictateur restaure l’autorité. Il fait preuve d’une désobéissance contraire. Contrairement à Prométhée, il ne lève pas l’étendard de la révolte mais refonde un système, ferme une parenthèse ou restaure un régime.

    Le Dictateur est le gentil de l’Histoire. Je dirais même qu’il est une figure christique et Cicéron lui-même écrit dans le De Republica que les Dictateurs vont au paradis !  

     

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    Philippe Bornat

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    Demain la Dictature, de Philippe Bornat, aux Presses de la Délivrance, 250 pages, 22 euros.

  • Patrimoine cinématographique • Allemagne année zéro

    Par Pierre Builly

    Allemagne année zéro de Roberto Rossellini (1948)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgLe peuple du désastre

    C’est un film prenant et important, comme Rome ville ouverte et comme Païsa du même réalisateur, avec qui il constitue une trilogie du désastre. Un moyen métrage (74 minutes) qui braque la caméra non plus sur les victimes, mais sur les bourreaux et qui, d'une certaine façon, porte donc un regard humaniste sur la guerre. 

    images.jpgIl y a, d'ailleurs, dans Allemagne année zéro tout un discours sur le retournement des valeurs induit par le conflit : les chefs de famille sont des parasites inutiles, malades ou confinés dans leur maison et la nostalgie de ce qu'ils ont été ; les jeunes filles sont contraintes d'émoustiller les occupants alliés dans les dancings pour gagner quelques cigarettes, les bons soldats, qui se sont battus jusqu'au bout pour leur pays sont obligés de se terrer en craignant d'être arrêtés par la police...

    Et le personnage principal du film, c'est un enfant, Edmund Kohler (Edmund Meschke), un garçon de douze ans, qui porte sur ses épaules le poids de sa famille et symbolise particulièrement le sort du pays vaincu : il n'est évidemment pas coupable du nazisme et des horreurs de la période, mais il en subit au premier rang le choc et la responsabilité. 

    Jusqu'à être, dans sa fragilité, complètement déséquilibré par le poids que font peser sur ses épaules les discours des adultes, celui de son père malade, qui ne cesse de geindre sur lui et sur les siens et appelle la mort, celui de son ancien instituteur, nazi et libidineux qui lui envoie dans la tête un plaidoyer eugéniste appelant à l'élimination des faibles et des malades.

    Allemagne_annee_zero.jpgEt lorsque Edmund, ayant finalement accompli ce que ces adultes/références avaient commandé, et devant la perception de son crime se rend compte de l'horreur et veut retrouver son âge, il est, presque symboliquement, exclu de la bande des gamins avec qui il voudrait jouer au football. 

    Dès lors, comment s'étonner que, dans le vertige du basculement de tout ce qui a été inculqué et qui n'existe plus, ou qui ne peut plus être pratiqué, la seule issue d'Edmund soit le vide du suicide, puisqu'il ne peut s'appuyer sur rien de stable ? Il ne comprend ni ce qu'il a fait, ni ce qu'il va devenir... 

    Allemagne-année-zéro.jpgRoberto Rossellini filme précisément l'éclatement d'un monde dans les longues séquences sur Berlin dévasté. Voilà ce qu'il a écrit : La ville était déserte, le gris du ciel coulait dans les rues et, à hauteur d'homme, on dominait les toits du regard ; pour retrouver les rues sous les décombres, on avait déblayé et entassé les gravats ; dans les fêlures de l'asphalte, l'herbe commençait à pousser ; le silence régnait, chaque bruit en était le contrepoint et le soulignait davantage ; un mur solide au travers duquel il fallait passer était constituer par l'odeur douceâtre de matières organiques corrompues ; on flottait sur Berlin. Peut-on mieux décrire à la fois la forme des images et le fond du film ? 

    Dans un carton placé au tout début du film, Rossellini indique qu'il a réalisé Allemagne année zéro pour apprendre aux enfants allemands à re-aimer la vie. Ne peut-on voir un signe d'espérance dans cette belle séquence qui est presque à la fin où les enfants errants dans les ruines s'arrêtent, émerveillés en entendant, venant d'une église désaffectée un inconnu jouer à l'harmonium le Largo d'Haendel (Ombra mai fu)... 

    Allemagne-Annee-zero-DVD.jpg

    DVD autour de 13 € .

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

  • Famille de France • Quand « L’Incorrect » évoque le Prince Jean de France face aux « débats » en cours

    ®Benjamin de Diesbach pour L'Incorrect

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgCet article est paru sur le site de L’incorrect [17.01]. Il est consacré au Prince Jean de France et à ses dernières déclarations où le Dauphin de France se positionne dans les débats qui agitent le pays. C'est le style et la vision de l'Incorrect. Vif, incisif et intéressant.  LFAR

     

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    JEAN D’ORLÉANS S’ADRESSE DE NOUVEAU AUX FRANÇAIS

    Descendant du dernier roi des Français, Jean d’Orléans est un des potentiels héritiers au trône de France, vacant depuis la chute de la monarchie en 1848. En adressant ses vœux aux Français par le biais d’un communiqué mis en ligne sur son site officiel, le prince se positionne dans le grand débat institutionnel qui s’amorce dans « l’Hexagone ». 

    2128386616.jpgSa tribune publiée le 9 octobre dans le Figaro appelant « à rétablir la constitution dans la perspective tracée par de Gaulle », qui avait songé un temps à rétablir la monarchie, avait été saluée par les constitutionnalistes. Alors que la France est plongée dans une grave crise institutionnelle et sociale, avec le mouvement des gilets jaunes « qui cristallise toutes les fractures de notre société », le prince Jean d’Orléans pose les fondations d’un projet dont il dessine avec précaution les contours tout en gardant la hauteur que lui imposent son héritage et sa future charge, si le destin devait l’appeler un jour à ceindre la couronne de France. 

    Sur les réseaux sociaux, qu’il suit avec assiduité, les messages se sont multipliés ces derniers mois pour qu’il se montre aux Français et qu’il s’investisse plus dans le champ politique. Le prince est un homme de réflexion. Il entend suivre les pas de son grand-père, le comte de Paris, Henri d’Orléans avec lequel il partage les mêmes yeux bleus azurs.  « Un prince doit rester indépendant : pour faire de la politique, il ne faut pas en faire…Il faut aussi prendre le temps d’écouter.

    Il n’est pas nécessaire que j’intervienne à tout bout champ. Au contraire, mes propos auront d’autant plus de poids que je m’en tiendrai à l’essentiel (…). Pour beaucoup de nos compatriotes, les temps sont d’autant plus difficiles à vivre qu’ils ne savent pas où va la France. Les Français n’ont plus de repères. Il est donc de mon devoir de leur dire quels sont les miens (…). Ma passion, c’est la France !» déclare le prince Jean d’Orléans. 

    Le retour à la monarchie, une solution en ces temps troublés ? « Notre pays doit affronter depuis plusieurs années une profonde crise de structures. Malaise social, crise économique, mais crise aussi de nos institutions (…) qui s’expliquent par la tentation de nos gouvernants d’abandonner à l’Europe la direction de nos affaires.

    Bon nombre de Français s’interrogent (…) et si les Français se posent ces questions (et je sais qu’ils le font), s’ils s’inquiètent pour la France (et les nombreuses alternances que nous connaissons depuis un quart de siècle en sont un indice), alors je crois qu’ils viendront, tout naturellement, à peser dans leur réflexion, les avantages d’un régime, la monarchie qui vise à garantir l’indépendance, la stabilité et l’équité du pouvoir suprême »  affirme le duc de Vendôme, titre de courtoisie qu’il a reçu en 1987, et qui confessait encore récemment, sur les ondes de la radio Europe 1, son admiration pour la monarchie constitutionnelle espagnole. 

    « Croyez-moi, la monarchie est une idée neuve en Europe » surenchérit-il avec humour mais toujours avec le sérieux qui le caractérise comme on a pu l’apercevoir cette année sur la chaîne de télévision France 2,  lors d’une émission consacrée au monarchisme et pour laquelle il avait été brièvement interrogé.

    « La monarchie, c’est un prince dont l’arbitrage est admis par tous, n’étant l‘homme d’aucun camp, il ne peut être soupçonné de favoriser l’un au détriment de l’autre (…). La monarchie, enfin, c’est un rapport direct-personnel, entre le roi et le peuple. Ce lien s’établit entre autres, grâce au référendum, dont l’usage malheureusement se perd,  comme si l’on craignait que le peuple ne déjuge celui qu’il a élu ». 

    2307869059.jpgDrapé dans l’héritage capétien de Saint-Louis, ce père de 5 enfants a déjà tracé les lignes d’un début de programme, à travers un livre-entretien paru en 2004, intitulé  Jean de France, un prince français, évoquant tous les sujets dans lesquels il est investi tels que l’éducation, la justice, la foi, la culture, l’économie, la politique étrangère, la défense nationale ou encore celui des institutions.

    Dans ses vœux aux Français, le prince Jean d’Orléans semble s’afficher indubitablement comme un prétendant naturel, en arbitre crédible à l’heure où le peuple se cherche une authentique figure sacrée à laquelle se rattacher.  

    Frederic de Natal
    frederic.natal@lincorrect.fr
  • Littérature & Politique • LA FONTAINE ET BOUTANG

     Par Axel Tisserand 

    1964667714.jpgLa Fontaine politique de Pierre Boutang vient d'être réédité par les éditions les Provinciales. Quand langue, philosophie et politique trouvent leurs rythmes, leurs rimes et leurs sens.  

    La Fontaine aura accompagné Boutang toute sa vie. 

    arton771.jpgDes articles, à la fin des années quarante, sur celui que Sainte-Beuve appelait « notre Homère », salués à ce point par Maurras, alors prisonnier, que celui-ci lui demande de les récrire en vue d'un livre - la lettre de 1950 du prisonnier de Clairvaux servira de préface à ce La Fontaine politique qui ne sortira qu'en 1981, avant un autre livre, moins épais, La Fontaine. Les « Fables » ou la langue des dieux, en 1995 : Boutang et La Fontaine ne se sont jamais quittés. 

    Pourquoi « notre Homère » ? Parce que, comme l'Iliade et l'Odyssée pour les petits Athéniens, les Fables de La Fontaine sont, devraient redevenir, la maïeutique de chaque petit Français, à savoir le lieu où la langue exprime, au plus haut point, le lien entre l'âme et le corps, la cité et l'universel, la race - il ne faut pas avoir peur du mot, qui n'a ici rien de biologique - et la civilisation, la force, qu'il faut réhabiliter, en ces décennies d'hypocrite faiblesse, et le spirituel que pourrait signifier, sinon, la force d'âme ? —, enfin, entre la raison et l'imagination - plus encore qu'entre le concept, mot que n'aimait pas Boutang, et l'image : l'intelligence des choses, ni des hommes, encore moins du cœur, n'est réductible à la raison ratiocinante, contrairement à ce que pensait Descartes. L'analogie - merci Thomas, merci Vico - n'est-elle pas maître des Fables, comme de l'Odyssée ? C'est pourquoi, « chaque fois qu'un enfant apprend sa langue, il imite et prolonge l'aventure capétienne du rassemblement d'une terre dans l'unité de sa parole maîtresse, gardienne de l'unité du cœur. » 

    Poésie et politique, au plus vrai de l'être humain  

    Le corbeau, la gazelle, la tortue, et le rat.jpgAvec La Fontaine politique, nous entrons dans un registre, encore jamais étudié avant Boutang, celui de la jonction de la poésie et de la politique à partir de La Fontaine - qui n'est pas l'étude biographique des rapports de La Fontaine avec le pouvoir royal. Le premier enseignement, des multiples que contient l'ouvrage, est que restauration du politique et restauration du langage vont de pair, puisque le langage assure le lien entre les membres d'une communauté : « Comme au spirituel pur, celui de la transcendance, la charité commande tout ainsi au spirituel politique, le juste parler, la parole vivante sont toute la morale et le corps même des autres biens. » Il existe donc bien un spirituel politique, fondant le juste sens d'un politique d'abord que les fables illustrent à leur manière, essentielle. Car la restauration de l'intégrité de la langue, en cela véritable restauration nationale, est le préalable de la restauration politique à la condition, toutefois, de reposer sur la langue des dieux que parlent les Fables, depuis toujours, et non cette langue des hommes, qui est celle, post-cartésienne, de l'ère démocratique. Langue des dieux qu'ils parlent, suprême paradoxe de l'analogie, à travers des animaux qui livrent, dans les fables, pour l'homme, le secret de ces universaux fantastiques, de ces genere fantastici, ces « "généralités" sans abstraction », qui sont l'expression d'un universel analogique pré-rationnel. Sont-ce eux que l'enfant expérimente dans son besoin de nommer, cette connaissance préscientifique des formes ou des essences ? Au contraire, moderne, Descartes l'est, ou plutôt la modernité est cartésienne, en tant qu'il est le premier à tourner le dos à l'homme et à l'histoire par « sa réduction de l'homme, (et de l'histoire par là même annulée) au discours de "l'âge de l'homme': » Et Boutang d'ajouter : « Descartes abandonne tout le territoire de l'imagination à la machine, et avec l'imagination le monde effectivement réel de la vie ». 

    la-fontaine-politique.jpgCette édition est non seulement bienvenue - et nous ne pouvons que saluer le courage des éditions Les Provinciales qui republient, un à un, les textes essentiels de Boutang -, elle forme également un beau livre, dont la conception fait penser à l'édition de la traduction du Banquet de Platon par le même Boutang, chez Hermann, accompagnée de dessins de Maria Elena Vieira da Silva. L'édition présente est illustrée de trente-six animaux à l'encre de Chine de Gérard Breuil. De la belle ouvrage, pour les yeux et l'esprit.    

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    La Fontaine Politique,
    Pierre Boutang
    Ed. Les Provinciales. 352 p. 26 €
  • Cinéma • Casse-Noisette et les quatre royaumes

    Par Guilhem de Tarlé 

    A l’affiche : Casse-Noisette et les quatre royaumes, un film américain de Lasse Hallström et Joe Johnston, avec Mackenzie Foy (Clara), Morgan Freeman (Drosselmayer), Keira Knightley (la fée Dragée), Helen Mirren (Gingembre), Jayden Fowora-Knignt (Phillip), adapté du conte d’Hoffmann Casse-Noisette et le Roi des souris (1816).

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    C'est il y a 6 ans exactement, en décembre 2012, que nous sommes allés voir au cinéma le ballet de Tchaïkovski ... et nous en sommes partis, honteux, à l'entracte... en nous cachant de nos amis ou relations que nous avions croisés au début de cette soirée artistique et mondaine.

    Mais Casse-Noisette et les quatre  royaumes, j'en avais  entendu une bonne critique que je crois quand même justifiée.

    C'est surtout un film  pour enfants, et j'aurais pu m'y initier à la beauté d’un « ballet pour les nuls ».

    17626947lpw-17627169-article-jpg_5763011.jpgC'est raté, et même le jeune public qui remplissait la salle semblait davantage intéressé par ses paquets de bonbons et de pop-corn, si je me réfère au bruit qui couvrait les voix trop basses des actrices.

    J'espère qu'il a au moins bien assimilé le me(ti)ssage mondialiste qui impose à ce conte allemand  un quota de « diversité » avec, notamment, Drosselmayer, le parrain de Clara, et Phillip, le garde Casse-Noisette.    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Vous avez dit la République ?

    Par Hilaire de Crémiers 

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    Incontestablement nos dirigeants ont peur. Et pourtant… 

    Le gouvernement n’en a pas fini. Non seulement avec les Gilets jaunes, mais avec une révolte générale qui, pour le moment, sourd des profondeurs du pays et qui pourrait aussi bien jaillir en flux beaucoup plus violents à la moindre occasion.

    « Manager » la France

    Macron, Philippe, et leurs équipes, quand ils sont arrivés au pouvoir, ont cru que tout se ramenait à une question de gestion ; ils trancheraient avec les prédécesseurs ; ils auraient l’audace tranquille et franche de la direction « managériale » ; leur politique serait celle de bons gestionnaires, loin des discours partisans, des positions idéologiques, transcendant les clivages et s’imposant par son efficacité.

    La liste avait été établie de tous les points névralgiques où il fallait porter le fer de la bonne réforme. L’important était de rénover le système français qui devenait obsolète et, surtout, de dégager l’avenir afin de consacrer temps, argent, capital humain et financier aux richesses du futur dépendant des nouvelles technologies. Ce qui obligerait enfin la France à sortir d’elle-même et de ses vieux problèmes pour s’engager résolument sur les voies de la globalisation et de la mondialisation. A quoi il convenait d’ajouter le souci écologique qui devenait plus que jamais l’une des composantes de la vie et où la France brille singulièrement, comme chacun sait, par l’éclat de ses discours et de ses résolutions chiffrées, actées, trompettées.

    De telles prospectives supposent un maître d’œuvre. Et Macron était là ! Matignon assurerait le quotidien ; l’Élysée maintiendrait la vision. Il devait y avoir à tous les niveaux de direction gouvernementale et administrative un personnel capable de comprendre l’ampleur du dessein pour mieux en assurer l’exécution.

    Le reste était relativement secondaire. L’immigration dans l’imaginaire macronien n’était un problème qu’en raison des idéologies néfastes qui s’emparaient de la question, soit le refus xénophobe et raciste, soit le tout-va immigrationniste. Le réalisme était de comprendre le problème dans toute la complexité de ses données multiples. Il n’était pas jusqu’aux questions dites sociétales qui ne trouveraient leur solution dans un tel état d’esprit. Il n’y avait pas de métaphysique qui tenait ; l’esprit positif du gouvernement, tenant compte des progrès de la science et de la technique comme des revendications juridiquement valides des personnes et des couples, ferait valoir auprès de l’opinion la plus large « les avancées » qu’il était possible d’envisager.

    Restait à mettre les institutions au diapason de cet esprit de réforme générale. Les vieux « trucs » politiciens devaient disparaître devant des propositions claires et simples d’une dynamique modernité : plus de cumul des mandats ; plus de carrières politiciennes qui s’enkystent dans le système avec les reconductions dans les charges publiques ; moins d’élus de toutes sortes ; moins de strates politiques et administratives pour faire des économies d’échelle ; renouvellement dans et par la société civile de toute les fonctions publiques, assurant une participation de tous au débat citoyen et aux décisions collectives ; ouverture de certains scrutins à la proportionelle mais avec une sage pondération pour permettre une plus exacte représentation du corps électoral – et aussi pour finir d’affaiblir les partis traditionnels ! Et, peut-être, dans certains cas, de plus grandes possibilités de référendums.

    gangs-de-filles.jpgEt le président « présiderait » en majesté jupitérienne par la haute dignité de son intelligence –, ça, c’était pour le peuple français –, et, en même temps, en simplicité par son ouverture compréhensive à la vie d’aujourd’hui qui se doit d’accepter presque tout et de jouer le jeu de la vulgarité, s’il le faut jusqu’à la trivialité, avec cette idée qu’on ne perd rien à se mettre au niveau de la voyoucratie à la mode – et ça, c’était pour tous les bobos – dont les Macron font partie à leur manière – et les gars des banlieues qu’on se flattait de séduire.

    Ainsi Macron se faisait-il fort de résoudre le problème français. En cinq ans, avait-il annoncé, le temps d’un quinquennat. Il avait montré sa capacité à vaincre, en France d’abord, le populisme et l’hydre du nationalisme. Il était disposé à manifester la même capacité au niveau européen ; il s’en était expliqué dans un long discours à la Sorbonne ; il s’était engagé en janvier 2018 à Davos à faire de l’Europe, avec essentiellement l’aide de l’Allemagne, un modèle de société ouverte. Ce serait, après la rénovation du « contrat social » français, la restauration du « contrat social européen » dont l’Angleterre ne pourrait avoir qu’envie de redevenir partenaire. Il resterait alors à diligenter « le contrat social mondial », à le rééquilibrer ; et, là aussi, Macron exposait ses idées de multilatéralisme, de justice, de complémentarité, et tout le monde comprenait qu’il était, à ce niveau aussi, l’homme de la situation. Ce qui lui valut à Davos une standing ovation !

    Le divorce consommé

    Voilà donc Macron, tel qu’il est, tel qu’il se pense. Il ne fait, d’ailleurs, que rabâcher ce qu’il a appris dans ses cours, sans prendre de distance, et en se l’appropriant comme sa plus profonde réflexion. Il n’a aucune épaisseur de pensée, aucune profondeur de cœur ; il est figé dans des raisonnements de quatre sous et des considérations aussi générales que répétitives qui ne forment pas une politique. En un an il n’a pas changé ; il ne changera pas ; il ne peut pas changer ; il l’a dit ; c’est sa seule structure mentale et c’est sa psychologie de fond dans le rapport de son moi avec le monde. Ses vœux moralisateurs étaient du même acabit, sans chaleur, sans prise avec le réel : un cours récité.

    Alors, pourquoi faire ou refaire dans ces colonnes pareille synthèse de la pensée macronienne, aujourd’hui, en ce début d’année 2019 ? Uniquement pour montrer le décalage absolu entre la vision du chef de l’État et les préoccupations du peuple français. Il ne suffit pas de le constater et de le dire ; il faut en comprendre les raisons. Les grandes idées inconsistantes et concrètement destructrices des liens sociaux et historiques au motif d’une prétendue modernité ont toujours été rejetées par les peuples. C’est ainsi que la France et les Français ont rejeté toutes leurs républiques depuis plus de deux cents ans. L’État ne saurait être au service de plans concoctés dans des cervelles d’arrivistes plus ou moins intellectuels et qui finissent en chimères ; il se doit d’être le premier fonctionnaire du bien commun, c’est-à-dire de l’intérêt national. Et cela ne l’empêche nullement de s’intéresser aussi aux voitures de demain ! La Ve République subit en ce moment le sort des précédentes. Parce qu’elle ne sert plus maintenant qu’une idée et, avec Macron, une idée fausse.

    faux-gilets-jaunes-casseurs.jpgLes Français demandent à vivre. On les en empêche au nom de vastes considérations dont ils n’ont strictement rien à faire. L’abîme qui se creuse entre les gouvernants et ce qu’il est convenu d’appeler le peuple, est tel que la crise devient naturellement institutionnelle. « Macron, démission ! » n’est pas seulement un cri jeté en l’air. S’il faut déplorer comme tous les honnêtes gens les destructions inutiles qui sont essentiellement le fait de casseurs qu’on laisse faire depuis des décennies, il est en revanche dans les manifestations des actes et des slogans qui signifient clairement le rejet d’un État et de gouvernants qui méprisent la France et les Français. « C’est à la République qu’on s’en prend », reprennent en chœur les Castaner, les Griveaux et autres qui n’ont cessé d’insulter des Français pacifiques en les traitant de voyous. Juste retour des choses. Et d’ailleurs la légitimité de tout ce personnel, d’où vient-elle ? Historiquement, de têtes coupées, mises au bout d’une pique. N’est-ce pas ? Et ils en sont fiers ! Et ils le revendiquent ! Alors ?

    Malgré tous les discours, le pays réel n’est plus écouté par le pays légal. Le divorce aujourd’hui est complet. Le Conseil économique, social et environnemental propose-t-il une consultation ? La majorité des réponses demande en priorité l’abrogation de la loi Taubira. Qu’à cela ne tienne ! C’est traité comme un mauvais coup des réactionnaires ! Pas plus que la pétition des 700 000 signatures en 2014, ces revendications ne seront prises en compte.

    Le président écrit aux Français pour leur proposer un large débat et tout le monde devine que le débat est déjà clos. Il en profitera pour essayer de faire passer quelques points de sa réforme constitutionnelle avec l’aval populaire d’un référendum. On est dans l’astuce politicienne. Le monde nouveau de Macron rappelle étrangement le monde d’hier. La République continue à se ressembler à elle-même. Mais, il est vrai, que faire ? Les malins quittent le navire gouvernemental les uns après les autres. Qu’en sera-t-il quand le pilote arrivera sur l’écueil des élections européennes ? ■ 

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    Hilaire de Crémiers

  • Bon à savoir ? Oui : Des souverainistes de gauche, ex-proches de Mélenchon, veulent lancer leur parti

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgC'est Le Figaro du 11 janvier qui nous l'apprend sous la plume de Sophie de Ravinel. Et pour qui participe au débat politique autrement que par voie d'injures et de polémique vulgaire, l'information est importante. Ce n'est pas autrement, mutatis mutandis, que s'est élaborée en Italie une convergence entre souverainistes de gauche et de droite qui a porté les populistes patriotes et eurosceptiques au Pouvoir. Nous n'en sommes pas là. Mais les lignes bougent. Suivons les affaires aussi de ce côté-là de l'échiquier politique !  LFAR  

    avatar-journalistes-defaut.jpgDes souverainistes de gauche, anciennement proches de Jean-Luc Mélenchon, présentent samedi à Paris les contours d'une nouvelle formation politique. Le concept de la nation y sera tout sauf tabou.

    Montage 3.jpgLa réunion est publique. Elle se déroule samedi dans le XIe arrondissement de Paris, rue de Charonne. Deux conditions pour s'y rendre: être souverainiste, et de gauche. Même si le mot gauche pour eux, n'a plus grand sens. Trois personnalités sont invitantes : le philosophe Denis Collin, le journaliste Jacques Cotta mais aussi Djordje Kuzmanovic (Photo, de gauche à droite), un spécialiste de géopolitique et jusqu'à il y a peu proche collaborateur de Jean-Luc Mélenchon sur les questions internationales. Tous trois s'apprêtent à proposer aux participants de monter une nouvelle formation politique. « Nous allons faire des propositions et nous verrons quelles sont les réponses », précise Jacques Cotta, qui souhaite s'orienter vers « un Collectif pour la souveraineté et la justice sociale ». « Ce mouvement sera à l'écoute de ce que dit le pays dans ce temps de crise exprimée par les « gilets jaunes ». Il n'exclura personne, ne niera pas les particularités mais rassemblera ». C'est Djordje Kuzmanovic qui devrait présenter les contours du projet.

    Jacques Cotta, qui a animé une émission à la télévision Le Media, a aussi été proche de Mélenchon. Quant à Denis Collin, son amitié avec le leader des Insoumis remonte à ses jeunes années de l'OCI (l'Organisation Communiste Internationaliste). Il l'a ensuite accompagné au PS et enfin au PG, avant que leurs chemins ne se séparent sur fond de divergences politiques et personnelles. Ce spécialiste de Karl Marx vient de publier Après la gauche aux Éditions Perspectives libres, un essai proche des thèses de Jean-Claude Michea. Sur le blog La Sociale qui rassemble ce clan souverainiste, un « Appel des 100 » a été publié, dans lequel les signataires - au-delà de leurs éventuelles divergences - défendent « la souveraineté de la Nation ». « Une force existe dans le pays pour la république laïque, démocratique et sociale, une et indivisible, une république souveraine au service du peuple de France », écrivent-ils.

    Brenouvin.JPGOn y trouve des personnalités diverses comme l'essayiste Coralie Delaume proche de Natacha Polony, la militante féministe Fatiha Boudjahlat ou... l'ancien candidat royaliste à la présidentielle de 1974, Bertrand Renouvin (photo). Il est à la tête de la Nouvelle action royaliste, la NAR. Un mouvement non maurrassien soucieux d'instaurer une monarchie constitutionnelle en France.

    « Dupont-Aignan et Le Pen ne sont pas en faveur d'une véritable répartition des richesses »

    « Ce qui nous rassemble, c'est notre ADN de gauche antilibérale et un souverainisme assumé », explique Fatiha Boudjahlat. Elle ne sera pas à la réunion samedi mais se dit « très intéressée » par ce qui se construit. « Contrairement à La France Insoumise où Jean-Luc Mélenchon nuit à ses propres idées par son attitude autoritariste, personne ne cherche ici à capter la lumière ». Boudjahlat l'assure, ce projet n'a « rien à voir » avec Debout La France de Nicolas Dupont-Aignan, et « encore moins » avec le Rassemblement national de Marine Le Pen. « Chez nous, contrairement à Dupont-Aignan, le souverainisme n'est pas une fin en soi, c'est le moyen de récupérer l'autorité politique pour réaliser la République sociale ». « Et jamais, poursuit-elle, jamais nous ne nous serions unis à Marine Le Pen qui a une vision exclusive de la nationalité ». « Dupont-Aignan et Le Pen ne sont pas en faveur d'une véritable répartition des richesses », poursuit Cotta. « Quand ils affirment qu'il faut prendre sur les cotisations sociales, c'est-à-dire sur les salaires différés, pour les mettre sur les salaires et augmenter le Smic, ils sont sur une même position que l'Europe et Emmanuel Macron ! »

    Fatiha-inversion-des-valeurs-800x800.jpgReste que ces souverainistes de gauche, chez les « Gilets jaunes » et ailleurs, pêchent dans les mêmes eaux populaires. Avec une réhabilitation volontaire et très nette de la « nation ». « J'aime le mot nation, défend Boudjahlat (photo), c'est le mot qui exprime le mieux l'intérêt général. Le peuple, c'est devenu quantitatif...» Sur son blog La Sociale, Denis Collin vise clairement Jean-Luc Mélenchon. « Ceux qui parlent du peuple sans vouloir la nation (suivez mon regard), ne voient pas le peuple autrement qu'une masse coagulée par le charisme d'un chef, d'un « caudillo » et non pas le peuple politique, apte à délibérer dans le silence des passions ». Il reconnaît qu'il y a « des passions nationales qui peuvent être dangereuses ». Il pointe aussi la « xénophobie » qui à « l'amour de la patrie substitue la haine des étrangers ». Mais il va jusqu'à prétendre qu'« une certaine xénophobie est plus ou moins inévitable ». « Il n'y a pas de nation s'il n'y a pas une forme de préférence nationale », ajoute-t-il encore, avouant avec ironie « dire une horreur ».  

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    Sophie de Ravinel

  • À la « Une » du Figaro d'aujourd'hui qui pour une fois ne fait pas dans l'euphémisme ...

    Et cette brouille, résultat, entre autres, de la politique immigrationniste, européiste et droit-de-l'hommiste d'Emmanuel Macron n'est de l'intérêt d'aucune des parties, dont l'Europe en général ... 

  • Heurs et malheurs : fidélité à la mémoire nationale ce 21 janvier prochain

    Par  Lafautearousseau

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgDans une conférence à Marseille le 3 mars 1988 - dont il existe, par chance, une vidéo - Pierre Boutang dit à un moment, comme réfléchissant pour lui-même, au détour d'un raisonnement fulgurant, à sa manière, évoquant sa jeunesse d'Action française et ce qu'il y faisait avec ses camarades dont beaucoup, dans cette génération, merveilleux d'intelligence, d'enthousiasme, de dévouement et de courage : « finalement, lorsque nous restaurions le culte de Jeanne d'Arc, c'était peut-être ce que nous faisions de mieux ». Humilité du vrai militant. Le pays, miné par les vices du régime, roulait alors vers la guerre tragique que Maurras pensait perdue d'avance,  désastre qui advint en juin 40. 

    images.jpgBoutang considère un demi-siècle plus tard, que cette actualité poignante, quelles que soient les passions légitimes et les combats justes qu''elle suscitait alors, passerait ; que la France traverserait les terribles épreuves qui manqueraient la tuer ; mais que restaurer le culte de l'héroïne nationale, la pure figure du patriotisme français, salvifique dans le pire malheur, était, finalement, ce que l'on pouvait faire de mieux. Ce qui était le plus important. Ce qui ne passerait pas. Maintenir vivants pour la France les plus anciens symboles de sa capacité à survivre aux pires épreuves et à renaître plus forte y compris en faisant appel au secours de la transcendance, voilà ce qui primait. Et Boutang poursuit sa réflexion : il y a aussi la figure de nos rois et ce qu'il en subsiste de profond dans la mémoire populaire. Que celle-ci retrouve, qu'elle invoque et qui la rassemblent, dans les périodes difficiles de son histoire. Et Boutang d'évoquer ses modèles successifs : Louis XIV pour la grandeur et la force ; Louis XI pour la ruse, que prône Machiavel ; Henri IV pour la concorde restaurée, la vaillance, son sens du peuple ...

    saint-louis-roman.jpgEn définitive, avec l'âge et la maturation de son esprit, il dit mettre Saint-Louis plus haut que tout, ce roi saint qui pourtant n'a pas craint de guerroyer, d'aller porter au loin la Croisade, de s'opposer au pape, lorsqu'il le fallait pour la défense du Royaume. Saint-Louis, le Prince chrétien par excellence, archétype d'un pouvoir juste et fort. 

    Ces hauts symboles français sont vivants dans la mémoire populaire. Ils ressurgissent dans nos épreuves. Et c'est sans-doute ce qui explique les dizaines et dizaines de Messes, de conférences, de débats, de manifestations diverses, qui sont prévus à travers la France dans cette deuxième moitié du mois de janvier. [Voir plus loin]. 

    1005466-Louis_XVI.jpgLa mort de Louis XVI guillotiné, n'est pas symbole de victoire ni de gloire françaises. Et de fort loin.  Elle en est même le contraire. Elle constitue dans notre histoire nationale un acte singulier de rupture tragique avec nous-mêmes qui a bouleversé la France et le monde, les jetant dans une suite interminable de révolutions et de guerres dont nous ne nous sommes  jamais relevés. 

    À aucune époque ultérieure, cet événement si hautement symbolique n'a été vraiment oublié. Dans cette période chaotique où nous sommes de nouveau plongés, restaurer le lien historique qui nous rattache à notre histoire et à nos rois, dont le malheureux Louis XVI, c'est sans-doute, là encore « ce que nous pouvons faire de mieux ». Partout en France, soyons présents. Justement, pour l'avenir de notre Patrie. LFAR  

  • Brexit • « Deal » ou « No deal », report ou pas, voire maintien dans l'UE : les Anglais tous en lutte pour leurs intérêts !

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLes Britanniques sont simplement nationalistes. Sur tous les plans : économique, financier, militaire, politique et identitaire. Et farouchement souverainistes. Leur souverain est le principe actif de leur souverainisme atavique. Il est le reflet et le ciment de leur unité, de leur identité dans la durée. Le loyalisme, la fidélité bien réels qu'ils lui portent sont aussi loyalisme et fidélité à eux-mêmes.  Mais rien n'empêche : les Anglais sont en même temps largement ouverts sur le monde qu'ils sillonnent et connaissent mieux que quiconque depuis la nuit des temps.  

    Ne nous y trompons pas : leurs affrontements actuels au parlement de Westminster ne sont pas pour ou contre l'utopie européiste. Mais sur les voies et moyens optimum à trouver au service des intérêts de la Grande-Bretagne. Quelle que soit la solution qui sortira de leurs querelles, il y a gros à parier qu'ils sauront en tirer les plus grands avantages. 

    L'Angleterre est après l'Allemagne l'État le plus riche d'Europe et le plus indépendant. La France ferait bien de négocier d'ores et déjà pour son propre compte et son propre intérêt des accords bilatéraux de tous ordres directement avec les Britanniques pour régler les suites du Brexit de facto déjà installé depuis longtemps, en réalité depuis toujours. Nous n'avons que faire des accords éventuels à intervenir entre la Grande-Bretagne et les institutions de Bruxelles. En réalité, chacun des 27 États de l'UE agira pour son compte dans les mois qui viennent et selon ses possibilités. D'une coopération franco-britannique bien négociée, la France, si elle sait être aussi âpre négociatrice que le camp d'en face, aurait sans-doute de nombreux avantages à dégager. Le mirage européiste s'éloigne. La coopération inter-européenne - nations et États - est sans-doute la voie d'avenir. Ne restons pas sur le bord du chemin bruxellois.   LFAR

  • Le Prince Jean de France : Voeux pour une France apaisée

     

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    En ce début d’année, je souhaiterais vous adresser tous mes voeux pour 2019.

    Je ne reviendrai pas sur l’année difficile que notre pays vient d’avoir avec, comme je l’ai écrit dans mon dernier message, un mouvement des gilets jaunes qui cristallise toutes les fractures de notre société mais avec des Françaises et des Français qui restent, me semble-t-il, demandeurs d’un projet social commun sur un socle partagé.

    J’aimerais donner à tout cela de la perspective, en évoquant trois principes qui sont essentiels à la poursuite d’un bien commun social : la paix, la justice et l’autorité.

    La paix – on pourrait dire la concorde – c’est l’effet. Sans paix sociale, sans relations apaisées entre les différentes composantes de notre société, nous ne pouvons avancer. Pour cela nous devons changer de philosophie politique et passer de cette volonté de satisfaire les désirs individuels à une vraie recherche du bien commun en mettant en avant, dans la relation sociale, la confiance et non la défiance comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui.

    La justice c’est la première condition. Sans justice, notamment à l’égard des plus démunis, pas de paix possible, car il y aura toujours le sentiment d’être lésé. Pour y arriver il faut pouvoir s’appuyer sur des règles simples comprises par tous. Le millefeuille de nos lois et règlements est certainement pour beaucoup dans le rejet des réformes nécessaires.

    L’autorité, c’est la deuxième condition. Sans autorité, pas de saine dynamique qui fait avancer les choses. La notion de service doit être remise à l’honneur, le respect des libertés individuelles et publiques doit permettre aux corps intermédiaires d’agir en subsidiarité. Il faut donner au chef de l’Etat un autre rythme institutionnel pour qu’il puisse travailler dans la continuité aux réformes de fond, et cela, sans autoritarisme.

    Voilà quelques principes qui permettraient à notre pays d’avancer vers la paix sociale nécessaire, avec plus de justice à l’égard des Françaises et des Français et avec un Etat qui a retrouvé son autorité. Espérance !

    Bonne et nouvelle année à vous tous vos familles et vos proches. ■   

     

    Jean de France, Duc de Vendôme

    Domaine Royal de Dreux, le 15 janvier 2019 

    Le site officiel du Prince Jean de France

    Pour retrouver les messages du Prince sur Lafautearousseau ...

    Famille de France, Prince Jean de France

  • Le Qatar finance la construction d’une église chrétienne au Liban !

    Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï et l’ambassadeur du Qatar, Mohammad Hassan Jaber al-Jaber, représentant l’émir du Qatar.

    Antoine de Lacoste 

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    Le 31 décembre dernier, le patriarche maronite libanais, Mgr Béchara Raï, a inauguré l’église Saint Jean le Bien aimé, dans le Kesrouan, une région majoritairement chrétienne, au nord de Beyrouth.

    Cette église appartient au couvent du Saint Sauveur, et elle ne constitue que la première partie d’un vaste projet qui comprendra une bibliothèque, un amphithéâtre, des logements, le tout sur 1700 m2.

    L’inauguration s’est faite en présence de l’ambassadeur du Qatar au Liban, ce qui est bien le moins, car tout cela est financé par l’émir du Qatar.

    Sans-titre-1-5.jpgEn avril dernier, le même Mgr Raï (photo) posait la première pierre d’une autre église, dédiée à Saint Charbel, le grand saint libanais, mais au Qatar cette fois, sur un terrain offert par l’émir. Trente mille libanais travaillent au Qatar il est vrai, mais de là à offrir un terrain pour une église chrétienne…

    Pour comprendre un processus aussi improbable, il faut remonter à juin 2017 : le nouvel homme fort de l’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane, décide un blocus contre le Qatar, blocus auquel se joignent les Emirats arabes unis et Bahrein. Motif invoqué : le Qatar finance le terrorisme international (venant du régime le plus islamiste de la planète c’est tout de même assez cocasse) et surtout il entretient de bonnes relations avec l’Iran.

    Le Qatar proteste, appelle au secours l’allié américain qui, bien évidemment, ne bouge pas. Depuis quand Washington contrarie Riyad ?

    Derrière ces différends récents (la relation avec l’Iran notamment), se cache un contentieux plus ancien. Les deux pays les plus riches de la péninsule arabique sont en concurrence depuis des décennies et la vaste offensive de charme du Qatar vis-à-vis de l’Occident se traduisant par des investissements considérables dans le sport ou la culture, ont agacé l’Arabie. Le statut des femmes et des autres religions chez cette dernière ont dégradé son image et le royaume wahhabite est aujourd’hui vu comme un régime totalement rétrograde et intolérant, alors que le Qatar veut échapper à cette image.

    1a91389de2019fcc6006a883a0c0c.jpgLors de la mise en place du blocus, la Turquie avait volé au secours du Qatar et envoyé des soldats dans l’émirat à titre d’avertissement pour Ryad. La bonne entente des deux pays s’explique notamment par leur proximité commune avec les Frères musulmans. Rassuré sur sa sécurité, l’émir qatari (photo) met depuis les bouchées doubles pour se démarquer en tout du voisin honni saoudien. Il a ainsi cessé tout soutien aux milices islamistes en Syrie alors que l’Arabie garde un pied là-bas, et continue à entretenir de bonnes relations avec l’Iran, le grand Satan chiite.

    Le soutien actif à la communauté maronite et sa grande tolérance vis-à-vis des chrétiens jusque sur son sol, constituent un des points d’orgue de la politique qatarie.

    Tant mieux pour les chrétiens d’Orient qui, pour une fois, sont aidés par un puissant voisin. Que ne ferait le Qatar pour contrarier son nouvel ennemi ? ■

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Mathieu Bock-Côté : « Éloge de l'héritage »

    « La grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité ». [Palais du Louvre]

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    Terra Nova vient de publier un rapport qui préconise une hausse massive de l'impôt sur les successions. Mais favoriser une fiscalité confiscatoire sur les héritages a sans-doute pour but et aura pour effet de sectionner les liens entre les générations et de lacérer le lien social. De cet article de Mathieu Bock-Côté [Le Figaro, 12.01] nous extrayons trois idées-force qui se rattachent directement à notre école de pensée : « Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même » ; « Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation » ; « Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu ». LFAR

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    Terra Nova s'est fait connaître depuis 2008 à la manière d'un think-tank à l'avant-garde du progressisme.

    On lui doit d'avoir théorisé la stratégie invitant la gauche française à rassembler les différentes minorités identitaires et les élus de la mondialisation dans une nouvelle majorité politico-idéologique, censée convertir la France d'hier au génie de la société diversitaire. Les classes populaires devenues culturellement conservatrices étaient abandonnées. Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation. Telle serait apparemment la loi de l'hypermodernité: rien ne devrait plus être comme avant.

    Il faut garder cela à l'esprit quand on se penche sur la nouvelle contribution du think-tank à un « grand débat » dont les termes demeurent étrangement incertains. Terra Nova vient ainsi de proposer dans un rapport une augmentation massive de l'impôt sur les successions, comme le notait Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro . Je n'entends pas ici revenir sur les aspects techniques de la proposition de Terra Nova, mais sur l'arrière-fond philosophique qui pousse les « progressistes » à favoriser une fiscalité confiscatoire en matière de succession au nom de la lutte contre les inégalités.

    Dans la perspective progressiste, un monde juste serait un monde mis à plat régulièrement, empêchant que ne se forment au fil des générations des hiérarchies toujours condamnables. On trouve ici une utopie qui sans cesse se recompose, celle d'une société capable de remettre le compteur à zéro à chaque génération, autrement dit qui parvienne à faire table rase en étendant sans cesse l'application du principe égalitaire. On comprend que la grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité.

    Faut-il le dire, c'est aussi dans cet esprit qu'on a assisté, depuis plus d'un demi-siècle, à la déconstruction progressive de l'école et de l'éducation. Selon le vocabulaire consacré, il fallait abolir la figure de l'héritier, comme si la modernité devait correspondre à une perpétuelle nuit (d'abolition) des privilèges. On connaît le résultat: plutôt que relever le niveau culturel des milieux défavorisés, c'est l'idée même de culture générale qu'on a fait exploser. Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même, et se prépare à se confier à des planificateurs sociaux à l'imagination hasardeuse.

    Mais c'est la nature humaine qu'on heurte ainsi. Le progressisme se laisse aller à une agression anthropologique. Il réduit le désir de transmettre à une forme d'égoïsme pathologique, lié à la persistance de valeurs familiales régressives qui rendraient l'homme étranger au bien commun. Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu. Il ne devrait plus travailler pour céder un monde meilleur à ses descendants puisqu'il contribuerait ainsi à l'injustice sociale. Pour le dire autrement, il ne devait travailler qu'à l'horizon de sa propre vie. La modernité, ici, révèle sa tentation nihiliste.

    Une véritable ascension sociale

    La transmission du monde est la condition de sa sauvegarde, et rien ne dure sans le désir de durer. Qui veut sectionner les liens entre les générations lacère en fait le lien social. Dès lors, on ne saurait œuvrer consciemment à la neutralisation programmée de la transmission familiale sans condamner la société à un double mouvement de collectivisation aliénante et d'individualisation abstraite. L'individu détaché de ses appartenances, coupé de sa communauté, éloigné de sa famille, se retrouve finalement bien seul devant une administration qui prétend mieux savoir que lui comment gérer sa vie et le voit comme un pion dans son système. Cette société planifiée quadrillant tout le réel pour éviter que quoi que ce soit ne lui échappe est au fond d'elle-même hostile aux libertés les plus fondamentales.

    La lutte contre les inégalités est essentielle et la colère révélée par les « gilets jaunes » rappelle que la réactivation de l'ascenseur social est une nécessité vitale. Le combat pour la justice sociale rappelle aux hommes qu'ils forment une communauté où chacun est appelé au bien commun et qui donne aux enfants de tous les milieux l'occasion d'une véritable ascension sociale. Nul n'est assez bête, non plus, pour croire qu'elle repose sur le seul mérite individuel, sans que ne pèsent sur elle de puissants déterminismes sociaux. Chacun doit contribuer selon ses moyens à la construction d'institutions valables pour tous.

    Mais rien de tout cela ne doit obligatoirement se penser à l'aune de l'utopie de la table rase, qui pousse la quête égalitariste à jeter à terre tout ce qui l'entrave, en créant une horizontalité morne, qui rapetisse l'homme en croyant le libérer.   

    Liens
    Les classes populaires devenues culturellement conservatrices
    Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro
    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Sérotonine, de Michel Houellebecq. Le Oui et le Non à la vie

     Par Javier Portella

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgJusqu'ici Javier Portella nous avait remarquablement éclairés sur les événements d'Espagne, nous permettant d'ajouter ses réflexions très documentées aux nôtres. Mais nous constatons qu'il a bien des cordes à son arc. Voici en effet qu'il vient de produire un article superbe et profond [Boulevard Voltaire, 13.01] sur le dernier livre-événement de Michel Houellebecq. Nous avons déjà dit que nous reviendrions sur ce dernier opus. Et nous n'en avons pas fini car son importance n'est pas - si l'on peut dire - seulement littéraire. Lisez donc !    LFAR

     

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    Il m’a laissé à la fois heureux et accablé, le dernier roman d’Houellebecq. Heureux ? Non. Quel bonheur peut apporter une histoire qui, aussi réjouissants que soient ses sarcasmes à l’encontre des bobos, baigne dans une tristesse si épaisse ? Oublions le bonheur, le plus usé (et faux) des mots. Ce que cette histoire m’a apporté, c’est la plénitude déchirée – ce n’est pas pareil : c’est infiniment mieux – qu’apporte tout grand chef-d’œuvre.

    Et celui-là en est un. C’est peut-être la plus grande des œuvres qu’Houellebecq nous a offertes. C’est, en tout cas, la plus déchirée et décharnée, la plus nihiliste et désespérée. Nul espoir n’y est permis. Cent ans de solitude, disait García Márquez. Pas cent ans, cent siècles, semble dire Houellebecq, en songeant surtout au nôtre : au siècle dont les hommes tombent plus seuls et plus nus que jamais dans l’abîme où halètent échec, ruine et décomposition.

    Et pourtant…

    Si ce n’était que cela ; si Houellebecq se bornait à cela ; si tout se réduisait à un plaidoyer sur la noirceur du monde et le non-sens de la vie, ni ce livre n’aurait rien à voir avec l’art, ni je ne m’y serais plongé à fond. C’est toujours la même chose qui m’arrive avec Houellebecq – et avec Céline aussi, cet autre génie auquel il ressemble à tant d’égards.

    En un sens, je suis profondément en désaccord avec ses idées. Ma sensibilité, si différente, ne peut que se soulever face à une vision tellement désolée du monde. Comment pourrais-je y adhérer quand, tout en souffrant et tout en combattant cette désolation, je fais mien l’amor fatinietzschéen : l’acceptation – non résignée : offensive – des desseins du sort ; le grand vitalisme qui conduit Nietzsche à s’exclamer : « Je veux en toute circonstance être celui qui dit Oui »« le grand Oui à toutes les choses élevées, belles, téméraires, le grand, le sacré Oui à la vie ».

    2051844117.jpgEt face à cela, le grand Non à la vie que balbutient les personnages d’Houellebecq, notamment ce Florent-Claude Labrouste dont les actions… ou non-actions charpentent Sérotonine. Ce qui se passe, c’est que le Non d’Houellebecq n’est jamais univoque. Il l’exprime avec un tel humour et un tel art qu’à travers lui grouille toute la contradictoire complexité d’une vie qui, avec ses mille tendresses et mesquineries, ses mille amours et désamours, ses mille bontés et méchancetés, souffle et se débat face au grand Néant qui prétend l’engloutir.

    À l’occasion – et elle est cruciale –, la vie souffle même en prenant la hauteur d’un combat politique où Houellebecq manifeste toutes ses sympathies. Elles vont à l’ancienne et aujourd’hui dépossédée aristocratie rurale, ainsi qu’aux paysans – les seuls à se sauver du grand désastre postmoderne – en butte à la spoliation entreprise par Bruxelles et par les grandes entreprises du capitalisme mondialisé.

    Non, le désarroi qui anéantit les personnages d’Houellebecq n’est pas seulement un désarroi psychologique, intime, individuel. Ou, s’il est individuel, c’est dans la mesure où il est individualiste. Ce qui les accable, c’est le désarroi qui fait chavirer les hommes dépourvus d’amour érotique, et d’attaches familiales, et des liens d’un peuple, et de l’enracinement dans des traditions, et de la fermeté d’un ordre donnant un sens à la vie vouée à la mort.

    S’il en est ainsi, si se déploient dans l’œuvre les deux moteurs qui, s’affrontant, poussent le monde – le Oui et le Non, la vie et la mort –, qu’importe alors que la littéralité de l’œuvre privilégie celui des deux moteurs qui ne serait peut-être celui qu’on tendrait à privilégier ? ■  

    Écrivain et journaliste espagnol