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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1197

  • Cinéma • Je vais mieux

     

    Par Guilhem de Tarlé

    Je vais mieux, un film de Jean-Pierre Améris, avec Éric Elmosino (Laurent), Alice Pol (Pauline, son amante) et François Berléand (son patron) d’après l’œuvre éponyme de David Foenkinos.

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    Je me rappelle, il y a plus de dix ans, une tragi-comédie avec Kad Merad, Je vais bien, ne t’en fais pas, qui m’avait beaucoup plu. Ce Je vais mieux est-il encore mieux ? je ne le pense pas et le sujet est très différent, mais on y partage bien la souffrance de Laurent et l’amélioration de son état.

    C’est mon épouse qui était attirée par David Foenkinos, alors que j’avais un souvenir davantage « flou » que délicat du film La Délicatesse qu’il avait réalisé (je n’ai pas lu le livre), mais il est vrai aussi que j’avais catalogué dans les « bons films » son Jalouse sorti en 2017.

    J’aime mieux néanmoins ce « Je vais mieux » dont j’ose dire qu’il me va mieux, ne serait-ce que par son sujet, le mal au dos, que je connais malheureusement trop bien. Elle est d’ailleurs étonnante cette succession de long-métrages qui portent sur Alzheimer,(La Finale), le handicap (Tout le monde debout), l’autisme (l’excellent Monsieur Je-sais-tout) et ce dernier film dans lequel j’avoue m’être reconnu dans ce personnage effrayé par la maladie, même si, personnellement, je me serais bien gardé de consulter internet.

    Un bon film, avec un très bon jeu d’Éric Elmosino, et – une fois n’est pas coutume – des scènes d’amour présentées avec beaucoup de pudeur.

    Un seul reproche, la relation ambigüe avec son épouse, sans intérêt.  • 

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Patrimoine • Présence de Maxime Real del Sarte à Marseille

     

    L'on peut admirer cette statue de Jeanne d’Arc dans l’église Saint-Philippe de la rue Sylvabelle, à Marseille. Elle a une particularité : elle est l’œuvre de Maxime Real del Sarte.

    Elle date de 1937 et représente Jeanne attachée sur le bûcher. « Les flammes instrument de son martyre se transforment en gerbes de blé promesse de sa béatification » (Jean-Robert Cain et Emmanuel Laugier, « Trésors des églises de Marseille », 2006).

    A notre connaissance, il s’agit de la seule présence du sculpteur royaliste à Marseille.  

    Source : Michel Franceschetti 

  • Goldnadel a raison ! Et il ose dire les choses : « Le mot populiste est-il vraiment une insulte ? »

    Giuseppe Conte au sénat à côté de Luigi Di Maio  AFP

     

    Par  

    2293089609.14.jpgIl est significatif, analyse Goldnadel, que le nouveau chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, ait retourné la connotation du mot « populiste », qu'il ne reçoit plus comme une insulte mais dont il fait une revendication. Gilles-William Goldnadel y voit une défaite du « clergé médiatique ». [Figarovox,11.06]. Il a raison. Les choses changent !   LFAR

     

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    Lors de son discours d'intronisation devant la Chambre des députés, le nouveau premier ministre italien - sans étiquette - Giuseppe Conte a accepté d'être appelé désormais « populiste » : « Si être populiste, c'est avoir la capacité d'écouter les besoins du peuple, alors je m'en revendique » s'est-il exclamé. 

    Certes, le vocable à présent adoubé n'avait pas été choisi initialement par la coalition hétéroclite qui vient de le porter au Palazzo Montecitorio mais au contraire par le parti médiatique pour disqualifier une politique de protection des frontières nationales contre l'immigration illégale et la concurrence déloyale, jugée, par un consensus idéologique aussi réflexe qu'unanime, comme pour le moins vulgaire.

    Plusieurs raisons, qui transcendent largement les frontières alpines, peuvent expliquer pour quelles raisons souterraines un responsable politique décide à présent de ramasser une injure du ruisseau pour la porter en drapeau.

    D'abord, en raison du discrédit grandissant qu'inspire à l'opinion le journaliste-clerc sermonneur et prêchi-prêcha. L'excommunié par lui ne saurait être tout à fait impie.

    Ensuite, l'exaspération devant son pouvoir d'étiquetage unilatéral que s'est arrogé ce qu'on est bien contraint de nommer le clergé médiatique et qui lui permet, contre l'avis de l'intéressé, de lui faire porter le sceau de l'infamie. Aujourd'hui, certaines épithètes utilisées par la communauté médiatique non seulement dans un cadre polémique subjectif mais encore de l'information théoriquement objective ont pour but et avaient pour effet d'obtenir immédiatement de la collectivité un sentiment réflexe d'animosité. En tout état de cause, c'est ce vocabulaire et non un autre qui était de nature à obtenir immédiatement une réaction affective de rejet et de malédiction de grande intensité : « fasciste », « raciste », « xénophobe », « islamophobe »... ou encore « populiste ».

    Dans de nombreux articles critiques, j'ai eu l'occasion d'observer que dans le cadre de l'information politique prétendument objective, le terme « extrême droite » était utilisé plus souvent et plus facilement que l'épithète « extrême-gauche ». Les clercs préférant utiliser pour qualifier des partis et personnalités extrêmement à gauche, en ce compris le Parti Communiste et les Insoumis, les termes moins disqualifiant de « gauche radicale » ou « gauche de la gauche ».

    Il est difficile de ne pas y déceler un parti pris idéologique au moins inconscient.

    Il n'est pas douteux non plus que l'expression « extrême droite » était immédiatement associée dans l'inconscient imaginaire collectif fantasmé au racisme et à l'antisémitisme de la période brune.

    Il affuble pourtant le plus souvent des personnalités qui ne sauraient y être associées, ne serait-ce que compte tenu du temps passé depuis cette période largement révolue. Le fait que ce soit celle qu'il m'arrive de nommer l'église cathodique qui s'arroge ce droit sans contrôle d'étiquetage pose un problème démocratique qui ne semble pas la gêner.

    Toujours dans le même esprit d'étiquette, on remarquera que l'épithète politique péjorative de « droitier » ne connaît pas de symétrie, le personnel politique français ne comptant apparemment pas de gauchers…

    Également on pourra noter que s'il existe nommément sur les réseaux sociaux « une fachosphère » dont l'appellation ne se veut certainement pas flatteuse, les « bolchosphère » et « islamosphère » ne sont pas médiatiquement référencées.

    Tout ce qui était excessif a donc fini sans doute par excéder.

    Enfin, et peut-être surtout, on constate une réaction de révolte, que j'ai nommée « cambronnisme » et qui incite désormais certains élus du peuple ou des intellectuels transgressifs à défier par les idées, les paroles ou les écrits une idéologie dominante mais défaite qu'ils considèrent désormais comme autant dictatoriale que mortifère.

    Il faut dire que les exemples ne manquent pas, ne serait-ce que cette semaine, pour expliquer et la révolte et la colère.

    Révolte et colère élémentaires contre une politique d'asile européenne devenue irresponsable.

    C'est ainsi qu'on apprenait que la France avait accordé l'asile à l'un des plus hauts cadres de l'État Islamique, Ahmad H. Celui-ci avait obtenu en 2017 le statut de réfugié politique en France alors même qu'il aurait participé au massacre de 1 700 jeunes recrues irakiennes en juin 2014 à Tikrit. On apprenait dans le même temps que 18 personnes en 2016 et 15 en 2017 ont été déchues de leur statut pour « menaces graves » à la sécurité nationale.

    Pourtant, lors du récent débat sur le projet de loi immigration, Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, avait déposé un amendement pour que l'OPFRA puisse retirer son statut si un réfugié était soupçonné de radicalisation. Amendement rejeté. Il faut croire que la gauche morale est plus attachée au principe de précaution lorsqu'il s'agit des OGM dont la dangerosité mortelle pour l'homme est pourtant moins scientifiquement établie que celle des islamistes radicaux.

    Autre sujet d'exaspération : à en croire Le Monde, il n'y aurait que le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne qui mettrait en cause les autorités de ce pays, accusées d'avoir laissé un suspect réfugié irakien quitter le pays après avoir violé et assassiné une enfant.

    En réalité, et comme le reconnaît pourtant le quotidien vespéral, ce drame fait les unes de l'actualité en Allemagne, y compris sur les sites d'information ordinairement peu friands de faits divers. Depuis jeudi soir, tous les journaux du pays consacrent une large place à la mort de Susanna Feldmann, une jeune juive de 14 ans violée et assassinée par un migrant délinquant, Ali Bashar, depuis interpellé au Kurdistan irakien et qui est passé aux aveux et a été extradé.

    L'émotion est d'autant plus considérable outre-Rhin qu'ainsi que l'indique Le Monde « elle fait écho à une autre affaire au centre de l'actualité allemande depuis dix jours: la délivrance de plus d'un millier de titres de séjour indus à des demandeurs d'asile qui n'auraient pas dû les recevoir. Une enquête pour corruption a été ouverte.»

    Mais l'idéologie n'est jamais très loin. Selon Thomas Wieder, le journaliste du Monde « le temps de l'émotion a vite laissé la place à celui de la récupération ». Il est ainsi reproché à un député du parti AFD d'avoir profité de la parole qui lui était donné pour entamer une minute de silence « en hommage à Susanna, retrouvée morte à Wiesbaden ».

    « Le Bundestag est un lieu de débat, pas un lieu d'instrumentalisation politique des victimes » s'est emporté l'un des dirigeants du groupe social-démocrate.

    Deux questions un peu vulgaires sinon populistes : lorsque l'on admire en France le sauvetage d'un enfant par un migrant malien sans-papiers et que l'on insiste et sur son origine et sur son statut, s'agit-il d'une récupération, le cas échéant admissible ? Lorsqu'un membre de la droite dure allemande veut rendre publiquement hommage à une enfant juive violée et assassinée, certes par un migrant musulman et non par un germain au crâne rasé, faut-il commencer par s'en indigner ?

    Un dernier exemple de cette suffisance morale alliée à une stupidité insupportable qui a apporté au peuple sa ration de souffrance et lui inspire désormais les raisons de sa colère ?

    Il suffit pour cela de lire le Journal du Dimanche de cette semaine et notamment l'excellent article circonstancié de Guillaume Dasquier consacré à Oussama Attar, le cerveau des attaques du Bataclan et du Stade de France ainsi que des attentats-suicides de Bruxelles avec l'assistance de migrants envoyés par l'État Islamique. On y apprend qu'Attar a été arrêté en Irak en 2005 par des soldats de la coalition. Il était alors suspecté d'avoir rallié Al Qaïda et avait été condamné pour être entré illégalement dans le pays. Amnesty International - cette organisation vénérée - ainsi que des députés belges et des avocats de progrès se sont mobilisés aux côtés de la famille pour obtenir avec succès sa libération. Les familles des 162 morts et 753 blessés français et belges apprécieront.

    Ces mêmes squatteurs si intelligents du camp du Bien s'activent à présent pour obtenir le retour en France des djihadistes détenus en Syrie. Combien de nouveaux enterrements précédés de marches blanches à organiser ?

    Bien entendu, la semaine écoulée aura apporté au peuple impuissant d'autres éléments d'amères ruminations.

    La sortie de Françoise Nyssen approuvant le désir de la patronne de France 2 de déplorer moins de mâles blancs à la télévision à la suite de la saillie présidentielle lors de son discours vaporeux sur les banlieues montre que la dilection de Macron pour le post-nationalisme, la souveraineté européenne et l'ouverture à la mondialisation n'est pas qu'une posture politique mais aussi métaphysique.

    L'incongruité, pour le coup bien vulgaire, de Mme Nyssen et dont nul humaniste antiraciste diplômé n'a songé à questionner son aversion anti-blanche comme son sexisme anti-masculin, était accompagnée d'une exhortation au progressisme du service public audiovisuel aux fins de s'opposer « à la France réactionnaire ».

    La charge était tellement furieuse que même le syndicat Force Ouvrière des médias s'est trouvé dans l'obligation de la fustiger par voie de communiqué. Qu'on en juge par sa conclusion encolérée :

    « Les délires de Françoise Nyssen ne font pas rire. Ils nous inquiètent au contraire au plus haut point ! Comment un membre du gouvernement peut-il bafouer de manière aussi flagrante le principe de neutralité qui est l'un des fondements les plus essentiels du service public de l'audiovisuel ?… Qui sont les réactionnaires que la ministre entend dénoncer? Selon quels critères seront-ils identifiés dans le futur cahier des charges et selon quelles modalités Mme Nyssen entend les mettre hors d'état de nuire à son projet prométhéen de média global à vocation universelle ? »

    Sans doute, l'idéologie dominante autant que déclinante ne voit-elle plus que l'exclusion ou la contrainte pour faire taire ce peuple qui ne demeurera pas encore bien longtemps ruminant.

    Il n'accepte plus qu'un individu qui scande: « crucifions les laïcards comme à Golgotha » se produise sur les lieux du calvaire de jeunes martyrs français sacrifiés sur l'autel de l'islamisme radical.

    Et il souhaite très majoritairement que la France reste la France.

    À se demander si le peuple ne deviendrait pas populiste.   

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.  

  • Religions : Ouvertures arabes

     

    Par Annie Laurent

     

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    Le cardinal Raï était au Qatar en avril, après avoir été en Arabie-Séoudite en novembre 2017, suivi le mois dernier par le cardinal Tauran, représentant le Saint-Siège. Ces visites dans le berceau de l’islam sont des premières : vont-elles inaugurer une situation nouvelle pour les chrétiens sur place qui ne bénéficient d’aucun lieu de culte ? Analyse. 

    Du 22 au 26 avril dernier, le cardinal Béchara-Boutros Raï, patriarche d’Antioche des Maronites, dont le siège est au Liban, s’est rendu à Doha, capitale de Qatar, pour une visite pastorale d’où la politique ne fut cependant pas absente. Le but principal de ce voyage était de poser la première pierre d’une église qui sera dédiée à saint Charbel. Cet édifice catholique voué au rite syriaque voisinera avec l’église latine Notre-Dame du Rosaire, consacrée en 2008, et avec d’autres lieux de culte chrétiens relevant de rites orthodoxes (grec, copte, syrien, indien) et protestants. L’ensemble est regroupé dans un complexe bâti sur des terrains qui ont été offerts aux Eglises par l’émirat, suite à l’établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège, intervenu en 2003. Certes, l’endroit est situé loin du centre de Doha et, de l’extérieur, aucun signe - ni croix ni clocher - n’indique l’identité des bâtiments. Mais les 150 000 chrétiens, dont 60 000 catholiques – ils sont tous étrangers puisque, dans toute la péninsule Arabique, la nationalité se confond avec l’islam - qui vivent et travaillent dans ce petit et riche pays riverain du golfe Persique, peuvent désormais pratiquer leur religion, alors que l’idéologie officielle est le wahhabisme, comme dans le royaume voisin d’Arabie-Séoudite, qui en est le berceau.

    Pour les 30 000 Libanais, majoritairement chrétiens, établis dans l’émirat qatariote, la nouvelle est donc bienvenue. Le chantier de la future église vient peut-être récompenser ces résidents auxquels l’émir Tamim ben Hamad El-Thani, à l’issue d’un entretien avec le patriarche Raï, a rendu hommage pour leurs « efforts continus et discrets pour le développement du pays », tandis qu’un de ses ministres, dans une allusion à leur discrétion, déclara apprécier l’attitude de ces chrétiens qui « se conforment à la loi et connaissent leurs limites ». Des immigrés exemplaires donc !

    Pour le chef de l’Eglise maronite, ce voyage s’inscrivait dans une démarche plus stratégique destinée à consolider le rôle des chrétiens, et donc leur pérennité, au Proche-Orient. Il n’a pas manqué de souligner l’importance qu’il attache à la bonne santé spirituelle de ses fidèles. Durant la cérémonie religieuse, commentant le choix de l’ermite libanais, mondialement connu et vénéré, comme patron de la future paroisse, il a déclaré : « Les saints rapprochent les gens. L’émir sait que saint Charbel renforcera les liens d’amitié entre le Liban et Qatar ». Une façon de montrer que les chrétiens ne doivent pas vivre isolés de leur environnement arabo-musulman. S’il s’est prêté de bonne grâce à la visite guidée du Musée islamique de Doha, le prélat maronite a par ailleurs offert à la nouvelle Bibliothèque nationale, inaugurée le 15 avril, un ouvrage intitulé Les racines du christianisme.

    A Beyrouth, des observateurs ont fait le lien entre ce déplacement et la visite officielle – passée inaperçue en France - du patriarche Raï à Riyad, capitale de l’Arabie-Séoudite, les 13 et 14 novembre 2017, à l’invitation du roi Salman ben Abdelaziz. Contrairement à Qatar, où son prédécesseur, le cardinal Nasrallah-Boutros Sfeir, s’était rendu en 2008, et à d’autres pays du golfe Persique, où l’un et l’autre sont déjà allés, aucun haut dignitaire religieux chrétien n’avait posé le pied en Arabie depuis Mahomet, soulignait alors un journaliste libanais (1). « Je n’imaginais pas pouvoir venir un jour ici », avait confié le patriarche à ses compatriotes réunis à l’ambassade du Liban à Riyad. Et d’ajouter : « Nous allons maintenir une amitié forte entre l’Arabie-Séoudite et le Liban » (2).

    Il est vrai que celui que la presse séoudienne a désigné comme « le chef de l’Eglise libanaise » était reçu avec tous les honneurs par le « custode des deux saintes Mosquées » (La Mecque et Médine). Les médias locaux ont d’ailleurs consacré à cet événement une place de choix. Les croix pectorales portées par le patriarche et l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, qui l’accompagnait, étaient bien visibles sur certaines photos. Une façon de montrer l’ouverture d’un islam dont nul n’ignore pourtant l’intransigeance, sans omettre les injustices qu’il inflige aux 1, 5 millions de chrétiens de diverses provenances (parmi lesquels 100 000 Libanais) qui, par leur labeur et leurs sacrifices, contribuent amplement à la prospérité du royaume sans bénéficier du plus élémentaire droit dans le domaine religieux (3). Sur le fond, l’accent a été mis par les Séoudiens sur la nécessaire collaboration entre les religions et les cultures pour lutter contre la violence et le terrorisme, promouvoir le pardon, la sécurité et la paix. « Le patriarche au royaume de la tolérance et de la modération : main dans la main pour rejeter l’extrémisme », titrait le journal El-Riyad (4).

    Il s’agissait donc véritablement d’une visite historique et hautement symbolique, sans doute rendue possible par le nouveau contexte qui résulte du programme de modernisation sans précédent, le plan Vision 2030, inauguré par le jeune prince héritier, Mohamed ben Salman (« MBS », 32 ans) (5). « Dans ce pays, qui n’a aucune relation officielle avec le Vatican, où la liberté religieuse n’existe pas, où il est interdit de construire des églises, cette invitation officielle revêtait un caractère exceptionnel », soulignera le cardinal Raï après son retour. Pour lui, ce voyage a ouvert une histoire nouvelle entre une Eglise arabe catholique et ce royaume musulman ultrareligieux. « J’ai eu le sentiment que la méfiance pouvait faire place à des rapports sincères nouveaux entre nos deux religions » (6). Le prélat veut croire en la détermination de l’équipe dirigeante actuelle « de faire sortir le pays du conservatisme religieux et d’ouvrir l’islam à la modernité ». Lucide, il ne s’attend toutefois pas à des changements rapides. « Les sceptiques et ceux qui tirent avantage de l’immobilisme actuel seront difficiles à convaincre. Ils freineront les réformes » (7).

    Pour l’heure, alors que le programme d’éducation religieuse du pays maintient ses enseignements péjoratifs sur les religions non musulmanes, y compris le christianisme et le judaïsme, en octobre 2017, Salman, sans doute inspiré par « MBS », a signé un discret décret royal créant un « Centre des Hadîths du Prophète Mohamed » chargé « d’expurger les compilations des faux hadîths, de ceux qui sont en contradiction avec le Coran ou de ceux qui sont utilisés pour justifier et alimenter le terrorisme ». Les hadîths, récits relatant les paroles et gestes du prophète de l’islam, collectés plus de deux siècles après sa mort, constituent la deuxième source de la charia après le Coran. C’est dire leur importance. Ira-t-on alors jusqu’à considérer comme inauthentique ce propos rapporté par Aïcha, l’épouse préférée de Mahomet : « Deux religions ne peuvent pas coexister en Arabie », qui justifie l’impossibilité d’édifier des églises sur cette terre ?

    La discussion sur ce point a été ouverte par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, durant le séjour – là aussi une première - qu’il a effectué à Riyad à la mi-avril. S’exprimant devant le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, cheikh Mohamed El-Issa, qu’il avait reçu au Vatican en septembre 2017, il a plaidé en faveur de la réciprocité en matière de lieux de culte, rappelant aussi que « chacun doit être laissé libre d’embrasser la religion qu’il veut » (8).

    Dans le prolongement de la visite patriarcale, la monarchie séoudienne serait prête, selon des sources libanaises non encore confirmées (9), à autoriser, sur le site d’une antique église d’Arabie datant de 900 ans en attente de restauration, l’ouverture d’un « Centre international permanent pour le dialogue interreligieux ».

    Enfin, comme à Doha en avril, le patriarche Raï avait situé son voyage à Riyad dans un cadre stratégique, celui d’une redéfinition du sens de la présence arabe chrétienne au Levant. Pour lui, les disciples du Christ, surtout ceux du Liban, à cause de leur expérience, ont un rôle pacificateur à jouer entre l’Arabie et l’Iran, donc entre sunnites et chiites.

    Le chroniqueur libanais Antoine Courban veut croire à ces perspectives heureuses. « Recevoir fastueusement un prélat chrétien, arabe, qui est aussi un haut dignitaire de l’Eglise romaine, est un signe adressé au monde entier comme quoi quelque chose bouge et change au sein de l’islam ». Et de s’interroger : « Quelles seront les conséquences d’un tel bouleversement ? Nul ne peut le prévoir mais on serait de mauvaise foi de ne pas y voir un signe majeur de changement radical » (10).  

    1. L’Orient-Le Jour, 13 novembre 2017.

    2. Ibid, 14 novembre 2017.

    3. A. Laurent, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, éd. Salvator, 2017, p. 105-106.

    4. Cité par L’Orient-Le Jour, 15 novembre 2017.

    5. Fatiha Dazi-Héni, L’Arabie-Séoudite en 100 questions, éd. Tallandier, 2017.

    6. Cité par Luc Balbont, site de L’Oeuvre d’Orient, 3 avril 2018.

    7. Ibid.

    8. La Croix, 17 avril 2018.

    9. Rapportées par l’agence romaine Fides du 15 novembre 2017.

    10. L’Orient-Le Jour, 13 novembre 2017.

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    L'ISLAM, Annie Laurent,
    Editions Artège, 285 p., 19,90 €

    Article paru dans La Nef n° 304 – Juin 2018

  • Europe réelle ? Europe légale ?

    Les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence

     

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    Somme toute, peu ou prou, l'Europe réagit. 

    A l'heure où nous écrivons, l'Espagne immigrationniste s’apprête à accueillir les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence.

    Mais c'est après que Malte et l'Italie les eurent refoulés, que la France les eut ignorés,  que les Corses, comme s'ils avaient statut d'Etat, leur eurent fait sans risque l'irréelle et dérisoire proposition de les recevoir. On sourit quand on se souvient que les immigrés ne bénéficient guère en Corse, où ils n'ont plutôt qu'à bien se tenir, de l'esprit de soumission dont ils sont trop souvent entourés sur le Continent ...   

    Ainsi, l'Espagne qui jadis expulsa les morisques en masse et qui élève encore aujourd'hui des murs de barbelés anti-migrants aux limites de ses enclaves marocaines de Ceuta et Melilla, se range dans le club de ceux qui « accueillent » encore mais dont le nombre ne cesse de se restreindre. De plus en plus de pays se ferment aux migrants. Il leur restera certes le choix de quitter l’Espagne s’ils le veulent, d’aller ailleurs en Europe, mais ce choix se réduit beaucoup. La nouvelle donne italienne, malgré ses faiblesses et ses ambiguïtés, n'est-elle pas emblématique de ce resserrement que l'on observe déjà dans plusieurs autres Etats et qui peut encore s'étendre ?

    Au reste, l’on nous dit que les bureaucraties bruxelloises s’y seraient résignées. Effrayées par l’extension du nombre des critiques qui montent vers elles et par la vigueur des dites critiques, elles se replieraient sur la seule défense de l’euro, le cœur du Système menacé. Le réduit où défendre chèrement les carrières et les sinécures de leurs fonctionnaires.  

    Car l'Europe réagit. Une Europe des peuples, des nations et une Europe des États en rupture de conformité  dont le nombre ne cesse de croître. Une Europe des identités héritées. Façonnées par leur  géographie et par leur histoire. Donc tout à la fois différenciées et liées par une civilisation commune. 

    690209123.jpgEn somme, une Europe réelle en train de se construire sur les décombres d'une Europe légale en train de s'effondrer ? Un processus de ce type semble en tout cas engagé. 

    Le vieux concept maurrassien, la vieille dialectique d'AF des milliers de fois répétée - Pays Réel - Pays légal - étendue au continent européen ... Quelle destinée, pour les idées de Maurras ! Quelle  revanche, mes amis !  ■ 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Résister aux culs serrés

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

     

    2293089609.14.jpgVoilà un article qui ne mâche pas ses mots, ne l'envoie pas dire [nous avons grand besoin de ce franc parler] et, de nouveau, lance un vrai cri d'alarme. Cette chronique est parue hier (13.06) dans le Journal de Montréal. Oui, il est temps de résister aux culs serrés. D'accord avec Bock-Côté !  LFAR 

     

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    La semaine dernière, l’hebdomadaire français Le Point publiait un passionnant dossier sur la « tyrannie des susceptibles ».

    Il présentait de manière convaincante notre société où ils sont de plus en plus nombreux à s’offusquer de tel discours ou de telle œuvre et qui, presque automatiquement, en appellent à son interdiction. Leur passion, c’est la censure. Leur fantasme, c’est de bâillonner ceux qui n’ont pas les mêmes aversions qu’eux.

    Censure

    On l’a encore vu avec Google tout récemment. En mettant à jour son emoji de salade, la célèbre compagnie a décidé d’en retirer l’œuf. Simple modification esthétique, répondrez-vous, sans trop vous inquiéter ? Erreur ! Terrible erreur. Il s’agissait plutôt de rendre la salade plus végane et plus inclusive. 

    En gros, il fallait se plier à un petit lobby souvent sectaire et fanatique, qui politise l’alimentation et parle des consommateurs de viande comme des barbares presque meurtriers. L’œuf faisait scandale : il représentait la corruption d’une salade par des matières animales. Comment ne pas voir là un puritanisme de l’assiette ? 

    Le véganisme vire rapidement à l’antihumanisme.

    Certains diront, avec un air bon enfant, qu’il ne faut pas s’en faire pour un simple emoji. Il y a des limites à s’indigner pour pas grand-chose, ajouteront-ils. Pour eux, rien n’est jamais vraiment grave.

    C’est le contraire ! Quand le moindre recoin de la vie quotidienne est scruté par des inquisiteurs idéologiques, c’est que vous subissez une surveillance généralisée. Faudra-t-il bannir du cinéma la viande, la cigarette, l’alcool ou le sexe, pour ne pas déplaire aux différentes ligues de vertu qui veulent moraliser la vie publique ? C’est le triomphe de la société aseptisée qui deviendra insignifiante à force d’être lisse.

    Autre exemple : un métier se développe peu à peu dans le milieu de l’édition aux États-Unis : celui de « sensivity reader ». Leur mission : relire les manuscrits des auteurs pour s’assurer qu’ils ne tiennent pas des propos qui pourraient heurter les différentes minorités, qui par ailleurs se multiplient.

    En d’autres temps, on révisait les ouvrages pour s’assurer qu’ils ne heurtent pas la morale sexuelle de l’Église, ou alors l’idéologie officielle des régimes communistes. En deux mots, on les censurait s’ils s’en éloignaient trop. Aujourd’hui, on réinvente la censure selon de nouveaux critères, mais c’est toujours de la censure. Ce qui est encore plus fou, c’est que cette censure vient souvent de l’université, qui devrait lutter contre elle.

    Littérature

    Pourrons-nous encore, dans quelques années, lire les classiques de la littérature sans que le livre soit recouvert d’une mise en garde, comme on ajoute des photos de poumons malades sur les paquets de cigarettes ? Attention, ne lisez pas ce livre de Michel Houellebecq, le haut comité du féminisme officiel l’a décrété sexiste ! Attention, ne regardez pas le film Excalibur, on y retrouve une conception trop genrée des rôles masculins et féminins ! Ne regardez pas Autant en emporte le vent, on y présente une version romantique du Sud des États-Unis. Attention, ne lisez pas ce poème de Baudelaire, il chante les joies de l’ivresse !

    L’heure est venue de résister aux culs serrés.       

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).  

  • Exact diagnostic d'Alain de Benoist : « l’Union européenne est prise dans une dynamique de désintégration »

    Le triumvirat italien (De droite à gauche) : Salvini, Conte, Di Maio

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cet entretien donné à Boulevard Voltaire [9.06] Alain de Benoist développe d'intéressantes analyses sur la situation de l'Europe après les changements politiques intervenus en Italie. Nous en avons nous-mêmes traité dans un même esprit. Les analyses convergent. Alain de Benoist y ajoute d'utiles remarques, fruits de sa lucidité et de sa connaissance des dossiers.  LFAR   

     

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    Avec la constitution, en Italie, d’un nouveau gouvernement reposant sur l’alliance de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, respectivement représentés par Matteo Salvini et Luigi Di Maio, tous deux nommés vice-Premiers ministres, assistons-nous à un nouvel épisode de ce « moment populiste » dont vous dessiniez les contours dans l’un de vos récents essais ?

    Malgré la tentative de coup d’État légal du président Mattarella qui, s’arrogeant des droits que la Constitution italienne ne lui accorde pas, et avant de se raviser devant le tollé soulevé par son attitude, a tenté le 27 mai de mettre son veto à la constitution de ce nouveau gouvernement pour complaire à la Commission de Bruxelles et aux marchés financiers, les représentants de la Lega et du Mouvement 5 étoiles sont arrivés au pouvoir. Les sondages montrent qu’ils ont l’appui d’une nette majorité du peuple italien, auquel ils affirment vouloir « redonner la parole » tout en rompant dans pratiquement tous les domaines (immigration, austérité, revenu de citoyenneté, système fiscal, etc.) avec la vulgate dominante. Il est évident que l’élection d’une majorité souverainiste et « anti-système » en Italie, pays fondateur du Marché commun et troisième économie de l’actuelle Union européenne, est un véritable coup de tonnerre. C’est, en effet, ce type d’événement que laissait prévoir mon livre Le Moment populiste.

    Cela dit, il suffit d’examiner dans le détail la composition du nouveau gouvernement italien pour constater que ce n’est pas, à proprement parler, un gouvernement populiste. Ce qu’on peut dire, en revanche, c’est qu’il s’en rapproche. Giuseppe Conte, le nouveau président du Conseil, n’a en tout cas pas éludé la question : « Si populisme, a-t-il dit, signifie être capable d’écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons ! »

    Quelles sont les chances de ce gouvernement « anti-système » de parvenir à mettre en œuvre avec succès sa politique ?

    Les obstacles seront évidemment nombreux, soit qu’ils viennent de l’inexpérience relative des nouveaux gouvernants, soit qu’ils tiennent à l’irréalisme de certaines de leurs propositions, soit encore qu’ils résultent de rivalités ou de divergences de vues entre la Ligue et le mouvement 5 étoiles qui, pour être l’un et l’autre opposés au « système », ne sont néanmoins pas d’accord sur tout et s’adressent aussi à des électorats socialement et géographiquement différents (la Ligue étant surtout implantée dans le nord et 5 étoiles dans le sud).

    Mais le principal danger viendra, bien sûr, des marchés financiers et des technocrates de l’Union européenne qui, comme cela s’est déjà passé en Grèce, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire capoter le programme de ce nouveau gouvernement. On se souvient de la petite phrase de l’Allemand Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, assurant que « les marchés financiers vont apprendre aux Italiens comment voter ». Et aussi de l’article du Financial Times qualifiant Salvini et Di Maio et, avec eux, leurs 17 millions d’électeurs de « barbares » (Salvini répliquant aussitôt : « Nous préférons être des barbares que des domestiques. »). On voit mal, dans ces conditions, les instances européennes accepter l’annulation de tout ou partie de la dette publique italienne, comme le réclame le nouveau gouvernement…

    Reste, aussi, à dissiper quelques équivoques. Le nouveau gouvernement affirme, ainsi, que la Russie est « à percevoir, non pas comme une menace, mais comme un partenaire ». Mais comment pourra-t-il combattre les sanctions prises contre la Russie alors qu’il a aussi confirmé son « appartenance à l’Alliance atlantique, avec les États-Unis comme allié privilégié ». Le nouveau gouvernement va-t-il, par exemple, refuser les nouvelles bombes atomiques B61-12 que les États-Unis se préparent à déployer en Italie contre la Russie ?

    Cet événement est, en tout cas, une pierre de gros calibre jetée dans le jardin d’Emmanuel Macron. Et à l’échelle de l’Europe ?

    C’est en effet une très mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron, qui a tout misé depuis son élection sur une relance de la construction européenne. Or, l’Union européenne est, aujourd’hui, prise dans une véritable dynamique de désintégration. L’Italie se dote d’un gouvernement à l’exact opposé de toutes les orientations macroniennes au moment même où, en Allemagne, l’ère Merkel est en passe de s’achever, où l’Espagne, qui vient elle aussi de changer de gouvernement, continue à se débattre dans le psychodrame catalan, où le populisme gronde en Autriche, en Slovénie, au Danemark et ailleurs, où la Grande-Bretagne n’en finit pas de négocier les conditions de son Brexit et où le groupe de Visegrád a quasiment fait sécession par hostilité aux diktats européens en matière migratoire.

    Cette érosion des partis institutionnels au profit des mouvements « populistes » est le résultat de trente ans de frontières ouvertes, de délocalisations et de déclin des classes moyennes. Marcel Gauchet écrivait récemment que « le clivage actuel est celui de la France sans avenir contre la France pour laquelle l’avenir n’est pas un problème ». Ce diagnostic peut se transposer aisément à toute l’Europe, au point que l’on peut se demander si les prochaines élections européennes ne révéleront pas une quasi-majorité d’eurosceptiques. Ce serait alors le début de la fin.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Poutine et Netanyahu négocient la prochaine offensive syrienne

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Depuis plusieurs semaines, l’armée syrienne masse des troupes dans le sud de la Syrie, près de Deraa. Deraa est une ville symbolique car elle est le berceau de la révolution islamiste en Syrie. Elle a été reconquise par l’armée en 2016 mais une grande partie de la province du même nom est encore aux mains des islamistes, notamment le long de la frontière jordanienne. Cerise sur le gâteau : Daesh tient un petit territoire le long du Golan, sous la protection d’Israël, ravi d’avoir des groupes islamistes « tampons » entre le Golan et les troupes iraniennes, présentes également dans la région...

    Un premier accord a été passé il y a quelques semaines entre Israël et la Russie, aboutissant à un retrait de quelques kilomètres des soldats iraniens.

    Aujourd’hui, la Russie veut aider la Syrie à reconquérir ce territoire. Sur le plan militaire, l’affaire ne présente pas de grandes difficultés : après quelques jours d’offensive syrienne, appuyée par l’aviation russe, les quelques milliers de combattants islamistes, dont le moral est au plus bas, négocieraient leur évacuation vers Idleb, au nord-ouest du pays, avec familles et armes légères. Le scénario est maintenant bien rodé.

    Oui, mais à une condition : que l’aviation israélienne ne vienne pas perturber ce beau projet, en attaquant les troupes syriennes par exemple, ce qu’elle a déjà fait dans le passé, précisément dans la région de Deraa.

    Pourquoi ferait-elle cela alors même que les Russes seront à la manœuvre, ce qui n’était pas forcément le cas lors des offensives syriennes précédentes ? La réponse est simple : pour faire reculer plus loin encore les troupes iraniennes.

    Bien sûr, comme dans la Ghouta ou à Yarmouk, dernières reconquêtes urbaines de l’armée syrienne près de Damas, il n’est pas prévu d’intégrer des éléments iraniens dans la prochaine offensive de Deraa.

    Mais Israël sait que la puissance de son aviation est une menace que ni les Russes ni les Syriens ne peuvent négliger. De plus, Russie et Israël entretiennent de bonnes relations et Netanyahu a exposé très clairement ses revendications à Poutine lors de leur rencontre du 9 mai dernier.

    Les discussions sont donc en cours et ceci explique pourquoi Netanyahu profite de sa tournée européenne pour multiplier les menaces contre la Syrie, coupable à ses yeux de laisser un appareil militaire iranien conséquent s’installer à quelques encablures du Golan.

    Le projet d’offensive vers la province de Deraa tombe donc à pic pour Israël. Poutine, comme souvent, se tait. Mais Lavrov, son Ministre des Affaires Etrangères, a rappelé il y a peu que toutes les troupes étrangères avaient vocation à quitter la Syrie.

    Premier pas vers un accord ? Les Iraniens semblent peu disposés à faire des concessions. Les Russes doivent donc convaincre les Syriens de convaincre les Iraniens. Cruel dilemme pour Bachar qui sait bien que les Iraniens ont été un appui au sol décisif contre les islamistes. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Fin de fictions

     

    Un article de Bertrand Renouvin *

    2293089609.14.jpgOn sait que nous n'avons pas que des points d'accord avec Bertrand Renouvin. Ici, aucun désaccord si ce n'est l'étiquette « ouvertement xénophobe » que Renouvin s'autorise un peu facilement à coller sur des ministres du nouveau gouvernement italien suivant le vocabulaire conformiste des médias. Mais sur le fond, qui concerne la France, l'Europe et le monde, nous partageons son analyse qui a le mérite de la lucidité et de la clarté. On la lira avec profit.  LFAR 

     

    Royaliste numero 1147.jpgL’Union européenne se présentait comme l’accomplissement heureux de l’histoire de l’Europe. Les prophètes de cette « Union » ne se sont jamais interrogés sur son inachèvement programmé – puisqu’elle refusait d’englober la Russie. Ses artisans n’ont jamais saisi l’impossibilité logique d’une « intégration » qui supposait in fine la désintégration des Etats nationaux – alors que les nations européennes sont la condition même de l’existence du concert européen et de la civilisation européenne. Ses thuriféraires n’ont jamais voulu reconnaître qu’il fallait choisir entre l’Europe européenne et la soumission aux Etats-Unis. Et les fabricants de traités n’ont jamais voulu comprendre que ces textes empilés depuis 1958 ne pouvaient fonder une unité politique mais seulement produire une caricature d’institutions démocratiques et une « gouvernance » parodique.

    La somme des impossibilités et des incapacités a produit des noeuds de contradictions. Par différents moyens bureaucratiques et de plus en plus antidémocratiques, les européistes ont retardé les explosions sans voir qu’ils fabriquaient eux-mêmes les barils de poudre, les mèches et les briquets. Le carcan monétaire suscite la révolte populaire partout dans la zone euro. La crise migratoire provoquée par les guerres américaines et à l’américaine, dont l’Union fut complice ou partie prenante au prétexte qu’il existerait un « Occident », a été gérée de manière irresponsable par Berlin et Bruxelles, qui ont engendré des réactions populaires dans les pays frontières de l’Union et en Allemagne.

    Les élites du pouvoir, des affaires et des médias clament que ces populismes sont ineptes, vulgaires, dangereux, fascistoïdes… mais le travail du négatif se poursuit et s’accélère. Alors, à Bruxelles et à Berlin, on fait la part du feu pour sauver le coeur du système. On laisse le FPÖ faire ce qu’il veut en Autriche puisqu’il ne conteste pas l’euro. En Italie, le président de la République ne s’oppose pas à l’arrivée de ministres ouvertement xénophobes mais il refuse de nommer un adversaire déclaré de l’euro. De fait, la Commission européenne fera tous les compromis nécessaires sur les migrations, car pour ses fonctionnaires il ne s’agit que d’une gestion des flux qui relèvent selon les cas du laisser-faire, de la régulation ou du refoulement.

    Mais pour sauver la « monnaie unique », pas de compromis possible ! Contre les dissidents potentiels, contre les hérétiques, la guerre a été, est et sera sans pitié. Soutenus par la presse allemande, jamais avare d’injures quand il s’agit des Grecs, le gouvernement de Berlin et ses annexes de Bruxelles et Francfort ont montré en 2015 qu’ils pouvaient anéantir les velléités de résistance d’un gouvernement et infliger au peuple une punition qui ne sera jamais levée. En Italie, la formation du gouvernement issu des élections s’est accompagnée de manoeuvres de sérail et d’opérations financières de déstabilisation orchestrées par les commentaires et les couvertures haineuses de la presse allemande. Emmanuel Macron est lui aussi confronté à la rigidité allemande mais, parce qu’il ne touchait pas à l’essentiel, son projet de réforme de la zone euro a bénéficié d’un rejet poli, assorti de concessions apparentes sous la forme d’un petit budget d’investissement et d’un éventuel « fonds monétaire européen » chargé de traiter à la schlague les Etats trop endettés.

    La rigidité allemande n’empêchera pas l’explosion de la zone euro. Elle pourrait même accélérer une dynamique libératrice qu’Emmanuel Macron refuse d’anticiper. De même, le président des riches refuse d’admettre la fin de la fiction du marché mondialisé. Les Etats-Unis ont toujours voulu le libre-échange pour les autres mais pas pour eux. Donald Trump le rappelle brutalement à des « partenaires » qui lui opposent leur foi naïve dans les vertus du compromis entre membres du club occidental. En retirant sa signature du communiqué final du G7, le président des Etats-Unis a ajouté à l’affirmation de sa volonté de puissance une humiliation calculée. Les fiers-à-bras de Paris et d’Ottawa, comme la dame* teutonne, continueront de courber l’échine en quémandant des aménagements dans le régime des coups de bâton.  •

    * Royaliste, 12-25 juin 2018

  • Médine au Bataclan, la faille se creuse

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Redisons-le : les excellentes chroniques qu'elle publie régulièrement dans Boulevard Voltaire - telle celle-ci qui date d'hier, font décidément de Gabrielle Cluzel l'un des excellents auteurs et journalistes de sa génération. Il faudra suivre ses publications avec attention comme nous en suivons et reprenons quelques autres avec cet esprit d'ouverture et de dialogue que Lafautearousseau pratique avec profit. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    L’affaire « Médine » ressemble à s’y méprendre, dans son déroulé, à toutes celles du même registre qui l’ont précédée – qu’elles aient nom de Black M, Mehdi Meklat, Mennel, Maryam Pougetoux…

    Une fois de plus, la presse dite « mainstream » est à la remorque de la presse alternative. Elle court derrière, essoufflée, tente de raccrocher le wagon, en notable installé et ventripotent qui peine à rattraper la jeunesse – certes sans le sou mais svelte et rapide comme une gazelle. Au bon vieux temps de l’entre-soi, un 11 juin comme celui-ci, on se serait exclusivement concentré sur le nième succès de Nadal à Roland-Garros en dissertant à l’infini sur la beauté de son revers. Mais voilà, o tempora, o mores, il faut à présent compter avec les braconneurs de l’information, les manants du Web qui ont l’outrecuidance de venir chasser sur les prés carrés et, en plus, d’y lever des lièvres. Puisqu’il n’y a pas moyen d’y couper, on évoque donc, en ce lundi matin, la vague d’indignation suscitée par « Médine au Bataclan » qui monte sur les réseaux sociaux depuis 48 heures.

    Non contents d’avoir pris le train en marche, d’aucuns voudraient bien aussi ralentir la locomotive, voire couper le moteur. Ainsi lit-on ici (actu.orange) que le rappeur Médine « avait tenu par le passé des propos engagés et polémiques » (sic). Certes. « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », c’est assez « engagé et polémique ». Comme il est plutôt peu consensuel d’exhiber sur son torse l’inscription « Jihad », en couverture d’un album du même nom, avec – détail raffiné – un sabre étincelant en lieu et place du J.

    Après l’euphémisation vient la justification : Le Huffington Post a exhumé un entretien des Inrocks de 2015 censé river leur clou aux protestataires, ces benêts qui prennent tout au pied de la lettre : « J’ai toujours utilisé la provocation comme un piège positif. L’idée est d’amener les gens par la provocation », confie celui qui chante aussi « J’mets des fatwas sur la tête des cons ». Et voilà, tout est clair. Cette théorie du « piège positif » est extrêmement limpide. C’est d’ailleurs, sans doute, la méthode de Dieudonné pour lutter contre l’antisémitisme, une cause qui, comme chacun sait, lui tient à cœur. Il suffit de savoir lire au 24e degré. De plus, rapporte Le Huffington Post, le rappeur « a mis de l’eau dans son vin ». À quoi peut donc ressembler une crucifixion diluée ? Et puis L’Obs a trouvé la cerise sur le gâteau, un rescapé du Bataclan qui soutient le rappeur et « tance Wauquiez, vent debout contre un concert de Médine ». Gros plan sur le monsieur, s’il vous plaît. Les autres, la multitude des indignés, ne compte plus.

    Une fois de plus, du côté des politiques, il en est pour ouvrir de grands yeux candides, comme Danièle Obono, et faire mine de ne pas voir le problème ou, plus culotté, comme Yassine Belattar (récemment nommé par Emmanuel Macron au Conseil présidentiel des villes) pour tenter, vite fait, la reductio ad hitlerum bon marché : « Désormais, vous vous attaquez à la programmation des salles ? Mais ça ne vous rappelle pas une époque ? » Étant entendu que sur l’île d’Utøya, on accueillerait sûrement à bras ouverts un chanteur qui prônerait, comme Breivik, l’exécution des marxistes (dans un esprit de provocation positive, hein).

    Mais surtout, une fois de plus aussi, et c’est là le plus intéressant, se creuse la nouvelle ligne de fracture, l’islamisme, qui, au moins l’espace d’une provocation, unit la droite et scinde la gauche.

    Sur la même rive, on vient en effet de voir – attelage improbable – Marine Le Pen, Virginie Calmels et Laurent Wauquiez, mais aussi Olivier Faure (PS), Laurent Saint-Martin (LREM). Et c’est ce mouvement de tectonique des plaques qu’il va être intéressant d’observer car, à chaque fois, le grand écart devient un peu plus douloureux. Et le sera encore plus quand viendront des échéances électorales. • 

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Ralliement

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Les Irlandais ont répondu « oui » au référendum qui portait abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse. 

    À 66,5 % des votants. C’était le vendredi 25 mai. L’avortement sera donc légal jusqu’à trois mois de grossesse et, sur justification médicale, entre trois et six mois. Le Premier ministre Leo Varadkar, d’origine indienne et lui-même homosexuel affiché, s’est félicité de cette « révolution tranquille ». Ce référendum fait suite à celui de 2015 qui avait autorisé le prétendu mariage homosexuel. La catholique Irlande qui, il y a encore vingt ans, se refusait à ce genre d’évolution dite « sociétale », rejoint le troupeau européen des peuples qui se suicident, dans la pratique qui sera généralisée et, sans le dire, quasi obligatoire sous contrainte morale, d’une « culture de mort » qu’avait véhémentement dénoncée en son temps saint Jean-Paul II. En la circonstance, la voix souveraine de l’Église ne s’est pas fait entendre. Et c’est, peut-être, ce qu’il y a de plus grave.

    La lecture des éditoriaux du Monde et de Libération – on n’ose pas avancer d’autres titres ! – donne à comprendre, avec les mêmes arguments continuellement ressassés, quel plan diabolique oriente tout cet ensemble de décisions auquel l’Europe institutionnelle a amené tous les pays d’Europe ou presque ! Au nom des droits de l’Homme, le permis de tuer et de forniquer comme on veut, autant qu’on veut. Avec interdiction d’interdire sous peine de délit et de crime. Et ces lois sont les bases intangibles du nouvel ordre social : Sodome et Gomorrhe, et l’infanticide généralisé ! Exultation des médias : un référendum qui donne envie de référendum, écrit Le Monde. Restent encore cinq pays qui ne sont pas tout à fait alignés, dont la Pologne. C’est donc une évidence pour la haute morale qui guide nos maîtres à penser : il faudra réduire cette opposition. La Pologne est dénoncée ; l’Europe s’en occupe. Chypre devra y passer et il ne faudra pas oublier jusqu’à la petite principauté d’Andorre ! La même loi pour tous ! Et, après, qui osera se plaindre de la dégradation des mœurs, de l’effondrement de la natalité, de l’effroyable abandon moral de la jeunesse ? Et qui osera s’étonner des progrès de l’islam et de l’islamisme ? Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    « La France continue dans la même voie. Elle en arrive à la révision de ses lois de bioéthique. Pourquoi cette révision et à quoi sert-elle ? Politique magazine en fait son dossier de ce mois-ci. C’est, évidemment, capital. »

    Toute l’astuce consiste, en se servant de sondages dont on ne sait que trop comment ils sont fabriqués, à invoquer une opinion présentée comme majoritaire pour contourner l’obstacle d’une intelligente, forte, constructive opposition qui, par sa seule existence et la seule vérité de son argument, devrait arrêter toute tentative de passer outre. Eh bien, non ! Le rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique, remis le mardi 5 juin, laisse la porte ouverte à toutes les transgressions. Notre dossier aide à comprendre le pourquoi et le comment.

    Le 23 mai à l’Élysée, le président Macron recevait en dîner privé différents partenaires des travaux préparatoires. La question portait sur la PMA et la GPA ; les représentants des opposants au changement de loi étaient, comme par hasard, minoritaires. L’Élysée a fait savoir que le président, maintenant, se réservait la question. A été annulé l’évènement national qui devait clore les États généraux de la bioéthique début juillet. Tout est reporté en septembre. La Manif pour tous, de son côté, a déjà envoyé aux autorités son propre rapport de 400 pages. Il est à espérer qu’il sera reçu et lu.

    Vient un moment où la vérité doit être dite. Il n’y a pas de synthèse possible dans un « en même temps » supérieur entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le oui et le non. L’opinion ne fait pas la loi. Une majorité d’opinions favorables ne donne pas raison à une loi en soi criminelle et profondément immorale ; elle ne crée pas un droit de tuer, n’ouvre pas une possibilité de tripatouiller la vie humaine et de livrer au marché ovocytes, spermes, embryons, ventres, enfants et familles. Qu’est-ce que vaut l’opinion en pareil cas ? Ou ce qu’on appelle telle ? Surtout quand elle est manipulée ? Par l’argent et par des puissances plus ou moins cachées qui obéissent à des mots d’ordre ?

    Il faut en finir avec ces ralliements pseudo-démocratiques qui asservissent les uns après les autres tous les peuples chrétiens. Pour le plus grand profit de leurs ennemis ! Il est temps de dire : non licet. Vraiment souverain, c’est-à-dire libre, sera celui qui le dira avec autorité.      

    Hilaire de Crémiers

  • La littérature en danger

    « Houellebecq coche toutes les mauvaises cases »

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Le Figaro de samedi faisait sa une sur la littérature.

    Ce quotidien, on le sait bien, a une solide tradition littéraire, à laquelle il entend rester fidèle. Mais pour le coup, la littérature était un vrai sujet politique et il faut que le souci exprimé d’une menace sur la liberté d’écrire et de publier soit vraiment fondé pour qu’en une saison particulièrement tendue sur le plan national et surtout international, la rédaction ait choisi cette priorité-là. En deux mots, il y aurait menace du politiquement correct, de sa censure et même de sa dictature. Étienne de Montety explique dans l’éditorial que nous sommes menacés d’une contagion à l’américaine : « Dans les associations, et aux États-Unis dans des maisons d’édition, des esprits vétilleux travaillent à surveiller les arts et les lettres. Leurs ciseaux vertueux n’ont rien à envier aux censeurs de jadis. Ils traquent les romans sans égards pour le génie de leur auteur, scrutent les toiles des maîtres, auditionnent les opéras avec l’oreille d’un juge d’instruction. »

    Certes, nous ne sommes pas encore à la censure opérée par des «  lecteurs de sensibilité » américains qui sont chargés de traquer tout ce qui dans la production éditoriale est susceptible de choquer les différentes catégories de population. Cela peut faire penser à la traque des fausses nouvelles, à propos desquelles le gouvernement français cherche à légiférer, ce qui inquiète vivement les défenseurs de la liberté d’expression. Lorsqu’on s’en prend aujourd’hui à un écrivain comme Pierre Loti, on se demande qui va y passer demain. Pourquoi pas Voltaire dont, il est vrai, on a soigneusement expurgé certains ouvrages dans les récentes rééditions ? À ce compte, nous dit Teresa Cremisi, Houellebecq coche toutes les mauvaises cases. Il heurte toutes les sensibilités. Mais alors, à quoi bon pourra servir demain la littérature, dont une des principales mission est de nous révéler en vérité, et plus qu’aucune enquête sociologique, ce qu’il en est de nos mœurs, de l’évolution de nos mentalités ?

    J’ai envie d’ajouter que ce n’est pas seulement la littérature qui est en cause. Ce pourrait être demain l’Écriture sainte elle-même, la Bible, dont certaines pages, certaines affirmations, certains interdits n’agréent pas aux sensibilités contemporaines. La menace est sérieuse, elle vise jusqu’à la liberté de conscience.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 juin 2018

  • L'Italie, problème ou solution de l'Europe ?

     L'Italie ferme ses ports à l'Aquarius, le bateau qui porte secours aux migrants

     

    Par Eric Zemmour

    Le Figaro magazine dans sa dernière livraison [8.06] a publié cette chronique d'Eric Zemmour qui pose les vraies questions et y apporte de justes réponses. A preuve cette interrogation : « Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ? ». Au soir où nous écrivons, il semble que ce devrait être Valence... Alors, une révolution populiste, bientôt, en Espagne aussi ?  LFAR

     

    687294929.jpgLa situation en Italie est révélatrice de tous les atermoiements de l'Union.

    « Le bon temps pour les clandestins est fini ; préparez-vous à faire les valises.» Le patron de la Ligue, Matteo Salvini, a le sens de la formule qui fait mouche. Ce n'est pas un hasard s'il a choisi le poste de ministre de l'Intérieur, laissant à ses alliés du mouvement M5S les ministères sociaux. À ce poste, on peut encore montrer qu'un État déterminé a les moyens d'agir. Encore faut-il qu'il le soit.

    C'est toute la question posée par l'affaire italienne. Celle de la légitimité démocratique est derrière nous. Elle s'est réglée par un compromis à l'italienne: les vainqueurs des élections ont renoncé à « leur » ministre des Finances europhobe ; le président de la République italienne et les milieux européens de Bruxelles qui le soutenaient ont renoncé à empêcher une majorité «populiste» de gouverner. 

    « On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux »  Éric Zemmour

    B9715977905Z.1_20180608234215_000+GFMBEN2UR.2-0.jpgDésormais, c'est à Salvini de jouer. D'abord parce que l'immigration fut le thème qui l'a porté au pouvoir. Ensuite parce qu'il doit montrer qu'il peut expulser massivement les clandestins (il a promis 500.000 renvois) et arrêter la déferlante migratoire sur les côtes italiennes. Salvini s'en est déjà pris aux ONG qui, sous couvert d'humanisme, sont les complices des passeurs. Il devra utiliser la marine italienne non pour sauver les migrants mais pour les arrêter, voire détruire leurs barques. Il devra enfin tenir tête aux juges européens qui ne manqueront pas de dénoncer des pratiques contraires aux « droits de l'homme ». Osera-t-il ? Il devra aussi faire pression sur les pays de l'autre côté de la Méditerranée - Tunisie, Maroc et, au-delà, les autres pays d'Afrique pour qu'ils reprennent leurs ressortissants. Au temps de Ben Ali en Tunisie et de Kadhafi en Libye, ces pays bloquaient les migrants pour qu'ils ne se déversent pas sur l'Europe - preuve que c'est possible. L'Algérie n'hésite pas à renvoyer brutalement les migrants qui essayent de s'installer chez elle.

    On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux. Les mouvements démographiques sont une guerre qu'on veut gagner ou qu'on accepte de perdre. Comme le note l'historien Pierre Vermeren, le milliard de Chinois pauvres n'a jamais débarqué dans le Japon riche parce que l'État japonais s'est organisé pour qu'il en soit ainsi. Aux États-Unis, depuis l'arrivée de Trump, l'immigration venue du Mexique s'est beaucoup réduite.

    Emmanuel Macron et les dirigeants de l'Europe répètent que chaque nation ne peut rien faire seule et que la question migratoire ne pourra être résolue qu'ensemble. C'est exactement l'inverse. Ensemble, les Européens ont prouvé qu'ils ne font rien. Les États qui l'ont décidé ont bloqué toutes les routes migratoires - la Hongrie en est le meilleur exemple. Et la Pologne montre qu'il est possible d'accueillir une immigration choisie: ils ont accepté des Ukrainiens et refusé les musulmans. Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ?  

  • Politique magazine numéro de mai : « Maître du monde ? »

     

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Etats généraux de la bioéthique

    EUROPE : La crise italienne 

    L'EOLIEN INDUSTRIEL : Mensonges et nuisances

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    En force !

    Pour la France, comme pour l’Amérique, le libre-échange ce sont des déficits

    Donald Trump, comme l'oncle Picsou ...

    Macron aux USA entre incantations (beaucoup) et réalisme (beaucoup moins) ...

  • Paris ce 12 juin, Antoine de Crémiers parlera du transhumanisme aux Mardis de Politique magazine... A ne pas rater !

     

    Rendez-vous à partir de 19 h 00 - Conférence à 19 h 30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen, 3 rue de la Trinité  Paris 9° - Métro La Trinité, Saint-Lazare

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    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles Paris 8° - T. 01 42 57 43 22