L'édito de la semaine de Theatrum belli, par Stéphane Gaudin
L'aviation de combat traverse une période charnière où les modèles hérités des générations précédentes sont remis en question par les évolutions opérationnelles récentes. Les conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et en Asie du Sud révèlent un paysage contrasté qui interroge la pertinence des approches actuelles concernant les avions de 6ᵉ génération.
Les trois théâtres d'opération récents apportent des enseignements convergents sur l'emploi de l'aviation habitée.
En Ukraine, la campagne aérienne russo-ukrainienne constitue le corpus le plus riche pour comprendre les limites modernes. Malgré sa supériorité numérique écrasante, la Russie n'est jamais parvenue à établir une domination aérienne durable. La défense sol-air ukrainienne, devenue mobile, dispersée et renforcée par des systèmes occidentaux, a contraint les plateformes russes à rester à distance et à privilégier des frappes stand-off, c'est-à-dire depuis l'extérieur de la zone couverte par les défenses adverses. Parallèlement, les drones ont progressivement remplacé les raids habités en profondeur, redéfinissant la logique même de la projection aérienne en environnement contesté.
