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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1191

  • Bock-Côté : « Pour peu qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut en convenir : la question du régime vient de se rouvrir »

     

    2293089609.14.jpgC'est une analyse importante - sous l'angle politique, juridique et institutionnel - que Mathieu Bock-Côté a publiée hier - mercredi 11 juillet - dans Le Figaro. Le grand quotidien du matin l'a fait précéder de la mention suivante : « Pour notre chroniqueur québécois, le Canada constitue l'avant-garde d'un gouvernement des juges hostile à la souveraineté populaire ». Mais, on le verra, Mathieu Bock-Côté parle tout aussi bien pour la France, notamment lorsqu'il mentionne pour la critiquer avec pertinence « la récente décision du Conseil constitutionnel de supprimer le délit de solidarité au nom du principe de fraternité, en limitant considérablement pour l'avenir la possibilité d'œuvrer contre l'immigration clandestine. » Lorsqu'il conclut : « Pour peu [...] qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut convenir d'une chose : la question du régime vient de se rouvrir », nous savons bien que cette remise en cause du régime n'a pas le même sens pour lui que pour nous, qui sommes monarchistes. A nous de faire valoir nos arguments !  Lafautearousseau

     

    tile00x02.jpgDepuis une dizaine d'années, le Québec a amplement débattu du meilleur encadrement possible des accommodements raisonnables. Mais un rappel revenait en boucle: toute tentative de se dégager des contraintes du multiculturalisme fédéral ne passerait pas le «test des tribunaux» qui démonteraient la loi québécoise au nom de la Constitution canadienne. C'est en partie pour cela que le présent gouvernement québécois s'est contenté, avec la récente loi 62, d'un cadre minimaliste rendant obligatoire le fait d'offrir et de recevoir les services publics à visage découvert sans pousser plus loin la quête de la laïcité. Mais c'était encore trop.

    Fin juin, un juge de la Cour supérieure du Québec a invalidé pratiquement le cœur de la loi sous prétexte qu'elle serait discriminatoire à l'endroit des musulmanes en niqab. Cette décision n'est pas surprenante, toutefois, si on tient compte de la transformation de la culture politique canadienne depuis le milieu des années 1980, qui a basculé dans une dynamique de judiciarisation du politique.

    La logique est la suivante : dans une société pluraliste, la souveraineté populaire serait frappée d'obsolescence: elle ne serait rien d'autre que le masque de la tyrannie de la majorité. La figure du peuple elle-même est remplacée par celle de la diversité : la société se présente plutôt comme un rapport de force entre une majorité qu'il faut contenir et des minorités qu'il faut émanciper. La formule est répétée religieusement : on ne saurait soumettre les droits des minorités aux caprices de la majorité. Prises pour elles-mêmes, les revendications minoritaires, traduites en droits fondamentaux, pourraient se déployer sans entraves.

    À l'abri des passions populaires, qui pousseraient toujours au populisme, les juges pourraient librement délibérer de la chose commune et des questions les plus sensibles. Cette forme de sagesse suprême prêtée aux tribunaux réactive le fantasme du despotisme éclairé. Pour emprunter le vocabulaire de l'époque, on dira que le Canada a accouché du régime démophobe par excellence.

    On l'aura compris, le gouvernement des juges ne repose pas seulement sur une extension exagérée du contrôle de constitutionnalité. Les juges ne se voient plus eux-mêmes comme les interprètes, mais comme les producteurs du droit, au nom d'une interprétation créative de ce dernier, ayant peu à voir avec ce qu'on appelait traditionnellement l'intention du législateur. Ils le font au nom de la Charte des droits et libertés inscrits au cœur de la Constitution canadienne, considérée comme une sorte de texte révélé, qui porte une conception radicalisée du droit-de-l'hommisme. On constate aussi qu'ils font reposer leur compréhension de la société sur la sociologie antidiscriminatoire - c'est en son nom qu'ils entendent remodeler les rapports sociaux selon les exigences de l'égalitarisme multiculturel.

    Au rythme où les enjeux collectifs remontent vers eux, les juges étendent leur empire. Les questions les plus fondamentales sont évacuées de la délibération publique. On assiste à un rétrécissement du domaine de la décision politique légitime, désormais condamnée à une forme de réduction gestionnaire. La rhétorique des droits fondamentaux permet ainsi de prendre des décisions politiques majeures sans avoir à les confronter aux préférences populaires, réduites à des humeurs mauvaises. Quel que soit le gouvernement en place, la Cour suprême le surplombe et peut le rappeler à l'ordre, et toujours, le programme diversitaire se déploie.

    Des enjeux liés à la diversité aux salles de shoot en passant par la question du suicide assisté et la reconnaissance de la famille à trois parents, ce sont les tribunaux qui ont le dernier mot et qui exercent la souveraineté. Certains commentateurs ont prétendu que les tribunaux étaient particulièrement activistes dans la mesure où les politiques ne savaient pas suivre le rythme des évolutions sociétales. L'argument est bancal : on postule alors que ce sont les mutations sociétales qui doivent commander le droit, et le politique se disqualifie s'il ne sait pas suivre à bon rythme. Le droit devient dès lors un instrument privilégié d'ingénierie sociale pour forcer la transformation d'une société qui, sans les juges, se refermerait et réactiverait les systèmes discriminatoires qu'ils prétendent combattre.

    On notera toutefois, comme on vient de le voir aux États-Unis avec la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême par Donald Trump, que lorsque l'activisme judiciaire change de camp, une partie du camp progressiste peut se montrer inquiète. On l'a souvent répété ces jours-ci: l'équilibre idéologique de la Cour suprême vient possiblement de basculer. L'histoire des idées nous le rappelle : si une certaine gauche mise sur la supériorité morale des tribunaux lorsqu'elle désespère d'un peuple jugé réactionnaire, elle peut se montrer méfiante devant l'aristocratie juridique quand le gouvernement des juges risque de se retourner contre le progressisme.

    sans-titre  C C.pngSans plaquer la situation française sur celle du Canada, on constatera que la tendance au gouvernement des juges a depuis un bon moment traversé l'Atlantique, comme en témoigne la récente décision du Conseil constitutionnel de supprimer le « délit de solidarité » au nom du « principe de fraternité », en limitant considérablement pour l'avenir la possibilité d'œuvrer contre l'immigration clandestine. D'ailleurs, les souverainetés nationales sont déjà très limitées, pour ne pas dire neutralisées, par la Cour européenne des droits de l'homme, qui croit porter une conception transcendante du droit, alors que sa légitimité semble plus incertaine que ne le croient ses partisans.

    Le gouvernement des juges correspond à une forme de régime post-démocratique et diversitaire qui repose sur un transfert de souveraineté dissimulé derrière les apparences de la continuité institutionnelle. Le théâtre électoral est maintenu, mais les élus disposent d'un pouvoir de plus en plus fictif. Le gouvernement des juges représente moins la nouvelle étape de la démocratie libérale que son dévoiement. Au nom du déploiement sans fin de la logique des droits, il condamne la possibilité pour un peuple de s'autodéterminer. Il programme l'impuissance du politique, qu'on maquille ensuite en forme supérieure d'humanisme. Pour peu qu'on refuse de naturaliser son avènement et qu'on souhaite restaurer la souveraineté populaire, il faut convenir d'une chose : la question du régime vient de se rouvrir.  

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politiquevient de paraître aux éditions du Cerf [2016].

  • États-Unis : Cour suprême

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Un des effets majeurs de l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis vient de se manifester avec la nomination à la Cour suprême de Brett Kavanaugh, qui fait basculer, sans doute pour longtemps, cette institution fondamentale du côté conservateur.

    Ce juriste, âgé de 53 ans, de conviction catholique déclarée, pourrait siéger trois décennies durant, marquant ainsi un tournant intellectuel et moral de premier ordre. Le pouvoir judiciaire joue, aux États-Unis, un rôle beaucoup plus important que chez nous. Pour donner deux exemples récents. Le 26 juin 2015, la Cour considère la mariage homosexuel comme un droit constitutionnel en vertu du quatorzième amendement de la constitution américaine. Le 27 juin 2016, la Cour réaffirme le droit à l’avortement. Ce genre de décision relève chez nous du pouvoir législatif.

    C’est dire que l’orientation de la Cour suprême est caractéristique de l’évolution de la nation dans des choix qui qualifient une civilisation. C’est pourquoi un changement de majorité revêt une telle importance. De progressiste, la Cour deviendrait conservatrice. Pour certains, ces termes catégoriques désignent une transformation radicale, et même catastrophique. Pour parodier le Jack Lang de 1981, c’est toute une société qui passerait de la lumière aux ténèbres. Il est vrai qu’aussi en France le terme conservateur est souvent péjoratif, alors que quiconque se réclame du progressisme se voit auréolé des avantages de la marche en avant et de l’émancipation.

    Les choses sont peut-être en train de changer avec une percée de la pensée conservatrice française. Un dictionnaire du conservatisme paru récemment (au éditions du Cerf) ne définit-il pas le concept comme « volonté de perdurer dans l’être, ancrée dans le cœur des hommes », ce qui nous renvoie très loin du « ramassis de préjugés bourgeois » étriqués et régressifs qu’on lui attribue ? Mais les préjugés ont la vie dure. Emmanuel Macron s’est encore réclamé du progressisme, lundi à Versailles. Ce qui est sûr, c’est que la mutation de la Cour suprême des États-Unis risque de provoquer un renouveau des controverses intellectuelles et que c’est tout le monde occidental qui se trouve ainsi affecté dans un ébranlement dont nous sommes loin de mesurer les conséquences.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 juillet 2018

  • Il y a les jeunes qui courent derrière un ballon, et ceux qui tombent pour pas un rond

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Cette excellente chronique salue les jeunes soldats français - et de moins jeunes - morts en opération dans nos Armées [Boulevard Voltaire, 11.07]. Tel le lieutenant Alexandre Arnaud qui vient de mourir en Côte d'Ivoire. On ne peut qu'approuver, partager.  LFAR

     

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    Dans une série intitulée « La coupe du Monde dans nos vies », 20 minutes revenait il y a quelques jours sur « L’histoire de Steeve, soldat français mort dans l’indifférence » le vendredi 18 juin 2010, « le même jour que l’altercation entre Nicolas Anelka et Raymond Domenech ». Le brigadier-chef du 1er régiment des hussards parachutistes de Tarbes, 44e militaire tombé en Afghanistan, et qui sera plus tard décoré à titre posthume de la Légion d’Honneur, fait à peine l’objet d’un bandeau sur BFMTV, tandis que « la grève de Knysna » est relayée par toutes les télés. Son frère Luc résume : « Pendant que les médias ne parlaient que du fameux problème Anelka et que ses copains refusaient de jouer, Steeve, lui, portait le drapeau très haut ».

    Il serait dommage de dénigrer le patriotisme du foot, si dérisoire et instrumentalisé qu’il puisse sembler. D’abord, parce que si l’Angleterre avait gagné en demi-finale, qui se serait donc privé, au 15 du mois de juillet à défaut du 31 du mois suivant, de chanter M… pour le roi d’Angleterre ? Puis de venger Crécy, Azincourt, Trafalgar, Waterloo… et bien sûr la p’tite Jeanne, même si nous sommes des gens civilisés et n’aurions sans doute pas mis l’entraîneur anglais – sympathique au demeurant – sur un bûcher. Qu’à cela ne tienne, les Croates ont fait le boulot.

    Ensuite, parce que si elle vivote encore, si, comme cela semble être le cas, elle est encore une lueur frémissante dans le cœur de beaucoup, la fierté française, partout traquée, a le droit de se réfugier là où elle peut, comme une femme battue, dont le compagnon, l’arme au poing, explore les pièces une à une, échoue, recroquevillée et pâlotte, dans les latrines. Le seul endroit où elle peut tirer le verrou.

    Il n’empêche. 8 ans se sont écoulés, l’équipe de France, menée par Didier Deschamps n’est en rien comparable à celle de Domenech, mais les faits demeurent : qui a remarqué hier soir, alors que tous les Français applaudissaient des jeunes de 20 ans rendus millionnaires par un ballon, qu’un pilote d’hélicoptère peu ou prou du même âge était mort en Côte d’Ivoire, en service aérien commandé ? Il s’appelait Alexandre Arnaud. Un patronyme qui ne connaîtra jamais la notoriété de ceux que l’on scandait, mardi soir, dans le stade. Sa mort a été totalement occultée par le Mondial de foot. Ainsi va la vie : pendant la guerre de 14, tout le monde connaissait les noms des vedettes, de Sarah Bernhardt ou d’Yvonne Printemps, personne ceux des anonymes poilus qui tombaient par grappes entières.

    Mais lorsqu’un quotidien burkinabé – Aujourd’hui au Faso -, cité par Courrier International, écrit triomphalement : « Les partisans de l’extrême-droite ne doivent pas oublier que ce sont les immigrés qu’ils traitent de tous les noms d’oiseaux qui sont en train de faire de la France ce qu’elle est actuellement, et sera encore plus demain dans ce mondial », la moindre des justices commanderait de répondre à certains autres extrémistes, à l’autre bout de l’échiquier, qu’eux-mêmes, surtout, ne doivent pas oublier que ce sont les Français – non par un ballon mais par leur armée en opérations extérieures – qui sont en train de faire de l’Afrique ce qu’elle est actuellement, ou ce qu’elle devrait être, c’est-à-dire un continent en paix, parfois au prix de leur vie. Sans bruit et pour pas un rond.
    Que le lieutenant Alexandre Arnaud repose en paix.  • 

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Comment malgré l'été, les vacances, les weekends, la courbe des visites rebondit sur Lafautearousseau ...

     

    Courbe des visites - Période du 3 au 9 juillet 2018 

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  • La com’ du président

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Toute la France a vu les photos et les vidéos.

    Le 21 juin, fête de la musique, dans la cour de l’Élysée, sous la direction du DJ Kiddy Smile, des danseurs du même groupe, hommes et femmes, en tenues résillées et agressivement dénudées, ont développé leurs figures de danses appelées voguing sur les marches du palais présidentiel, succession sauvage de déhanchements délirants, d’exhibitions de fessiers et de poses ultra-provocantes, suggérant une sexualité totalement débridée… et quelle sexualité ! Ce voguing est pratiqué dans les communautés LGBT afro-américaines et s’est répandu partout dans les clubs de même genre et jusqu’à l’Élysée maintenant sous les yeux émerveillés et amusés d’Emmanuel et de Brigitte Macron. On imagine Coty et de Gaulle devant un tel spectacle !

    Kiddy Smile revendiquait sa singularité en l’affichant en toutes lettres sur son T-shirt : fils d’immigrés noir et PD. Il venait, a-t-il déclaré ouvertement, manifester ce qu’il était et ce qu’il voulait. Apparemment donc en accord complet avec les services de communication de l’Élysée qui – on le sait maintenant – pensaient faire un bon coup, sortir de l’ordinaire comme d’habitude ; la presse pouvait titrer : cinq stars de l’électro ont mixé jeudi soir dans la cour du palais de l’Élysée. Peut-on faire plus moderne ?

    Sur son compte facebook, Kiddy Smile expliquait tout uniment qu’il méprisait l’Élysée, symbole d’oppression, mais qu’il voulait profiter de la fête, de l’invitation et du lieu pour dénoncer la loi Asile et immigration, le tout dans un sabir dégoulinant de haine. Il faut lire le texte, qui, curieusement, n’apparaît plus sur les pages google.

    Les paroles prétendument chantées, en fait hurlées, étaient d’une violence, d’une vulgarité, d’une grossièreté invraisemblables. Et voyez les photos : Emmanuel Macron rigole, Brigitte est aux anges ! Ils se font prendre en photo avec le groupe à moitié nu. Dike Smile entoure de son bras Brigitte et de l’autre qu’il brandit avec deux doigts en forme de V victorieux, fait un indubitable signe sexuel qui ne peut se traduire que par un outrage grossier à la première dame de France. Impudeur et impudence de ce je vous ai bien eus !

    Mais Emmanuel sourit : « Ça fait du buzz », dit-il. « Et les gens adorent ! », ajoute-t-il. Il est content de lui. Et Christophe Castaner, son affidé de service, de vouloir diffuser partout la photo. Et ceux qui protesteront devant tant de choquantes provocations, indignes de la France, ne seront que des racistes et des homophobes ! Évidemment.

    Franchement, quel mépris pour les Français noirs de les amalgamer à cette bande et à de telles folies. Un peu de respect, s’il vous plaît.

    Le 26 juin, Emmanuel Macron rencontrait le pape François au Vatican. Entretien d’une heure qualifié de « très libre et intense » et de « chaleureux ». Les communiqués font la liste des sujets abordés soit avec François, soit avec son secrétaire d’État le cardinal Pietro Parolin : protection de l’environnement, migrations, prévention et résolution des conflits, désarmement, Moyen-Orient, Afrique, réflexion conjointe sur les perspective du projet européen. Le président a ajouté que face à François il avait exposé clairement le positionnement français sur les questions sociétales – tout le monde comprend ce que cela veut dire – et sa conception de la laïcité qui n’était pas un refus de la religion. À preuve, il venait prendre officiellement son siège de chanoine d’honneur de la cathédrale du Latran, en tant que chef de l’État français. Le Pape, aux dires de Macron, a reconnu « toutes les difficultés de la gestion de ces questions » ! Ils se sont retrouvés d’accord sur l’accueil des migrants et pour contrer « les populismes ». Le président parle de convergence avec le Pape sur une certaine conception de l’homme et sur les valeurs de l’Europe. On ne devine que trop de quoi il s’agit. Et, de manière surprenante, c’est sur ces belles paroles qu’ils se sont embrassés, Macron, selon son habitude, cajolant la joue de François avec une familiarité inconvenante.

    Qu’en ressort-il ? Que « les questions qui fâchent » pour reprendre l’expression macronienne sont secondaires. Pour les deux : Macron et François ? Que la seule lutte convergente et qui vaille doit se porter contre « le populisme ». Pour Macron, on le sait, c’est « la peste » qui s’étend en Europe : « Populistes », les Polonais qui viennent de signer une déclaration commune avec Israël, « populiste », le chancelier autrichien Sébastian Kurz qui vient de prendre la tête de l’Union européenne, « populiste », le gouvernement italien ! Bref tous les peuples « populistes »  ! Donc «  lépreux », donc à mettre en quarantaine ! Sauf Macron, le seul pur, le seul intelligent, le seul qui voit où est le bien et le mal. Quelle com’ !

    Comment ne pas ressentir le même malaise en entendant Macron récupérer à sa manière et pour sa com’ la panthéonisation de Simone Veil le 1er juillet. Pour qui a lu les Mémoires de l’ancienne ministre et présidente du parlement européen , il n’est pas sûr que ce genre de cérémonie à prétention de religion laïque lui aurait plu. La pensée de se retrouver à côté de Voltaire, l’auteur sans doute le plus antisémite de la littérature française et dont une promotion de notre énarchie se glorifie de porter le nom et donc les idées – celle de Hollande et de Royal, celle qui a détruit la France ! – dans la crypte réservée aux grands hommes, l’aurait vraisemblablement indisposée.

    Mais qu’importe pour Macron ! Morts, vivants, histoire, passé, futur, religion, tout est bon pour sa com’.

    À lui ! Ce n’est pas un chef de l’État, c’est un roi de la com’. Il paraît que les Français commencent à se le dire.  ■  

    Hilaire de Crémiers

  • Politique magazine numéro d'été : « Merkel chancelle ... L'Europe aussi »

     

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Loi Anti Fake News

    STRATÉGIE : Retour au réel national 

    GÉOPOLITIQUE La dérive des continents

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    L’Union européenne va-t-elle tenir le choc ?

    Le vent a tourné. Il souffle dans la direction des peuples qui ne veulent pas mourir

    Avec ou sans Merkel, l'Allemagne ...

     

  • Aboubakar Fofana : il aurait donc fallu que la presse cache ses démêlés avec la justice ?

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Cette excellente chronique qui revient sur les récentes émeutes de Nantes [Boulevard Voltaire, 9.07] ne dit que des vérités premières. On ne peut qu'approuver, partager.  LFAR

     

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    Sur les émeutes de Nantes, les articles de presse se suivent et se ressemblent. On finit par les lire en diagonale, sans y prendre garde. Et pourtant certains sont de jolis morceaux d’anthologie.

    Ainsi celui du site RMC.BFMTV, qui annonce la constitution partie civile, ce lundi, de la famille d’Aboubakar Fofana.

    Passons sur l’introduction passablement surréaliste – « un calme relatif a a régné dans les quartiers de Nantes dans la nuit de samedi à dimanche. Seulement quelques (sic) véhicules ont été incendiés (…) ». Combien au juste ? Le site préfère rester vague. Comme sa racine l’indique, « relatif » permet… de relativiser. Avec souplesse, comme on tire délicatement sur un élastique. À partir de quel moment le calme relatif devient une émeute objective ? Tout est affaire d’appréciation. Sans doute doit-on comprendre, que les nuits précédentes, le curseur « intensité » ayant été mis assez haut, ce modeste incendie (18 voitures précisément, lit-on ailleurs, sur Le Télégramme) semble comparativement bien peu de chose.

    C’est surtout le titre qui attire l’œil et laisse perplexe : « On a sali la mémoire d’Aboubakar Fofana en faisant allusion à son passé ». Les propos ont été tenus pas l’avocat, citant la famille.

    Si l’on compatit à la peine des proches, si l’on comprend que ses démêlés avec la justice – il était « sous le coup d’un mandat d’arrêt » , « recherché pour vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs » (L’Obs) – ne soient pas ce qu’ils souhaitent retenir du jeune homme décédé, comment peut-on affirmer que citer des faits – qu’en l’occurrence nul ne remet en cause – serait « salir la mémoire » ? La mémoire n’est-elle pas, par définition, la conservation du passé ?

    Et donc en toute logique, si le CRS incriminé avait eu des antécédents de « violence policière », il aurait aussi fallu miséricordieusement les cacher pour ne pas porter atteinte à sa réputation ? À moins que cette censure de précaution ne vaille que pour certains ? Comment la presse pourrait-elle faire son métier, si elle occulte ce qui est avéré ?

    Décidons donc une bonne fois que par principe, toute fusillade, arrestation, altercation, tout règlement de compte, barrage de police forcé, n’impliquera plus désormais que des enfants de chœur, des rosières et des premiers communiants, ce qui rendra évidemment la compréhension des faits divers – tous confits dans l’eau bénite – plus complexe mais permettra de ne fâcher personne.

    On a légiféré contre les fake news. C’est insuffisant. Il faudrait encore, pour une partie de la population supposée stigmatisée, éradiquer tout ce qui n’est pas clean news, sweet news, sugar news, pretty news ? Informer en vérité va devenir décidément terriblement compliqué.  • 

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Que cache l’affaire Eric Fournier ?

    Hongrie : L'ambassadeur de France décoré de la Grande-Croix de l'ordre du Mérite

     

    Par Pierre de Meuse

     

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    Le président Macron a cru bon de faire une déclaration officielle condamnant une dépêche diplomatique confidentielle adressée à la direction de l'Union européenne du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères français et à la Présidence de la république.

    Dans cette note, l’ambassadeur de France en Hongrie, Eric Fournier, 59 ans, en poste depuis 2015, faisait le point sur la situation dans le pays où il est accrédité pour le compte de ses supérieurs. Rien d‘autre que son travail, en somme, surtout qu’il devait quitter Budapest à la mi-juillet, et qu’il est d’usage qu’un chef de mission fasse un rapport de clôture avant de partir vers d’autres fonctions. Cette dépêche datée du 18 juin informait le gouvernement français sur l’état de l’opinion hongroise à propos de la politique de Viktor Orban, son premier ministre. Il y explique l’appui très majoritaire des Magyars à la construction du mur construit par le gouvernement pour barrer le passage à l’afflux des migrants clandestins. Il conseille aussi à ses mandants de ne pas se montrer trop crédules à l’égard des médias français, qui se montrent, selon lui, partiaux au point d’être souvent accusés de « magyarophobie » par des proches du gouvernement Orban. Les Hongrois sont également reconnaissants envers leur dirigeant pour sa politique économique et sa gestion de l’ordre public : en effet la croissance hongroise est 3 fois supérieure à la croissance française, la Hongrie bénéficiant du plein emploi, et les Hongrois connaissent une quiétude sécuritaire que la France a perdu depuis plusieurs décennies, tant sur le plan de la délinquance de droit commun que sur celui du terrorisme. Fournier relève que l’homme fort de Budapest a su « anticiper les problèmes posés » et qu’il recueille ainsi les fruits de sa prévoyance. Il ose également écarter l’accusation d’antisémitisme lancée contre le gouvernement du Fidesz-MPSZ sous prétexte que son ennemi juré, le financier Soros, est juif.

    Certes, d’autres chefs de mission diplomatique, comme les ambassadeurs de Suède, du Canada ou de Grèce, s’attachent à répercuter les condamnations de la « dérive illibérale » et « de populisme au pouvoir », mais Eric Fournier a choisi de faire son métier avec conscience et de décrire les faits sans les maquiller ; sans prendre le contrepied de la ligne défendue par le gouvernement d'Emmanuel Macron, hostile à l’équipe en place au palais Wellisch, il se permet de faire remarquer qu’elle ne pourra pas être couronnée de succès. C’est parfaitement conforme à l‘éthique d’un agent diplomatique, même si ce n’est pas conseillé pour un avancement partisan. Cependant, l’envoi d’un tel document ne peut être considéré comme une faute, dans la mesure où il est destiné strictement aux services compétents du ministère, eux-mêmes astreints au secret diplomatique. Pourquoi le Chef de l’Etat, interrogé sur cette note en marge du sommet de Bruxelles, se croit-il obligé de déclarer aux journalistes qu'elle ne correspond en rien à la position française ? Une note diplomatique interne est un document censé décrire une situation et non pas exprimer le sentiment du ministre. D’autant qu’il n’est nullement destiné à la publication ; les dépêches sont, rappelons-le, toujours chiffrées et ne peuvent être publiées qu’au bout de trente ans. 

    C’est que Médiapart, animé comme toujours par l’esprit partisan, a publié frauduleusement cette dépêche qui lui avait été communiquée par un fonctionnaire peu attentif au respect de son secret professionnel.

    Embarrassé, Macron tente de se justifier devant le tribunal médiatique :  « En rien, je ne partage les propos rapportés. En rien. [...] Je désapprouve en tous points les citations [d’Éric Fournier]. Elles ne correspondent absolument en rien à la position française. Elles ne correspondent en rien à tous les combats que j'ai menés dans ma vie politique, dans les défis électoraux qui ont été les miens et dans l'action que je mène depuis le début de ce mandat. » A la question, inquisitrice,  de savoir si l’ambassadeur allait être révoqué, Macron se souvient un peu tard qu’il y a des règles : « Est-ce qu'il appartient à l'autorité de révoquer un ambassadeur parce qu'il dit ce qu'il pense. Je ne le crois pas. Ou alors nous créerions un délit d'opinion au sein de la fonction publique ». Mais d’ajouter, menaçant : « Si une preuve m’était apportée que de tels propos aient été tenus publiquement, alors cet ambassadeur serait révoqué séance tenante. » 

    Que remarquer dans cette réponse du président ? D’abord que Macron n’était nullement obligé de répondre, concernant un document du ministère qui avait « fuité » à la suite d’une indiscrétion. Il aurait même dû annoncer une procédure d’enquête pour déterminer – et sanctionner – l’agent public indélicat. Or il n’en fait rien, et tourne toute sa vindicte contre l’auteur du rapport incriminé. Pour amadouer les sycophantes de la meute journalistique, il laisse même entendre qu’il a limogé Eric Fournier, alors qu’il était connu de tout le service qu’il devait quitter ses fonctions dans quelques jours. Cette attitude tranche avec l’image que Macron cherche à donner de sa fonction. Il disait il y a deux ans que la place du roi est toujours vacante. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne faut pas compter sur lui pour la remplir : il se conduit avec le pouvoir médiatique comme le gouvernant d’un pays occupé avec les autorités d’occupation. Cela fait effectivement longtemps que la France n’a plus de politique étrangère libre. Depuis son avènement, Jupiter n’a obtenu aucun succès sur ce plan et tous les objectifs qu’il s’était fixés ont été abandonnés. En attendant, les officines clandestines peuvent rédiger les tableaux d’avancement des ministères, et leurs membres peuvent violer leur déontologie impunément au mépris du bien commun et de l’efficacité étatique. Avec ce type d’expérience, les courriers diplomatiques seront réduits à de simples exercices de brosse à reluire et la seule sanction, favorable ou non, sera celle d’Edwy Plenel et de ses pareils !

    Magyar_Érdemrend_Szent_Koronával_ékesített_nagykeresztjének_csillaga_hadidíszítménnyel_és_kardokkal.pngUn autre camouflet a été infligé à Macron (doit-on dire à la France ?) par Viktor Orban. Reçu au palais du gouvernement, Eric Fournier a reçu avant de rendre son accréditation la plaque en argent de grand-croix de l’ordre (royal) du Mérite, fondé en 1922 par le régent Horthy et rétabli en 1991. Cette distinction inhabituelle donnée à l’ambassadeur de France est supposée montrer que la Hongrie sait reconnaître ses vrais amis. La France, malheureusement, n’a pas cet avantage.  

    Pierre de Meuse

    est Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien.

  • Yves-Marie Adeline : Macron, un président aussi puissant qu’un roi ?

     

    Par Yves-Marie Adeline 

    2293089609.14.jpgDès hier dans Boulevard Voltaire, Yves-Marie Adeline a réagi au discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès. Il le fait en rappelant qu'il ne serait possible de « redonner force à notre vieil État français » qu'« qu’avec une dynastie au sommet de l’État » Nous ne disons rien d'autre. C'est pourquoi nous lui laissons ici la parole.  LFAR

     

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    Il paraît qu’à l’ombre des grands chênes ne poussent que de petits glands.

    Dans son souci de redonner force à notre vieil État français, De Gaulle avait imaginé un président aussi puissant qu’un roi, mais qui laisserait le soin quotidien des affaires à un Premier ministre, dont la fonction elle-même évoque la Monarchie : il n’y a pas de Premier ministre dans une République normale. Ainsi le Président sous la Ve République donne-t-il les grandes orientations, tandis que le Premier ministre a la charge de gouverner le pays en tenant compte des orientations présidentielles.

    En procédant à une sorte de mariage entre la Monarchie et la République, De Gaulle a enfin guéri l’État français de la faiblesse dont il souffrait depuis la chute de Napoléon III. Mais à vrai dire, le projet gaullien ne pouvait durer qu’avec une dynastie au sommet de l’État, à défaut de quoi le chef de l’État redeviendrait après lui un simple chef de parti politique qui a gagné une élection. Finalement, c’est l’esprit républicain qui l’a emporté, et l’on voit désormais s’estomper la figure résiduelle du premier ministre, tant il est vrai qu’aujourd’hui à Versailles, le Président Macron n’a guère prononcé qu’un discours de politique générale. Il vient d’ailleurs de proposer aux parlementaires de pérenniser cette pratique qui relève du gouvernement, pas d’un chef d’État.

    Il est bien dommage que les peuples se désintéressent des questions touchant aux institutions, car c’est bien là qu’ils y découvriraient l’origine d’une bonne partie de leurs maux.  

    Ecrivain 

  • D'une année l'autre : Les souffrances du jeune Macron

     

     

    2293089609.14.jpgCe que nous écrivions le lundi 29 août 2017. Qui se confirme au lendemain d'un discours pour rien d'Emmanuel Macron devant le Congrès. Le Chef de l'État apparaît fragilisé par la lassitude des Français à son endroit et surtout par le nouveau contexte européen et mondial qui rend sa politique étrangère parfaitement décalée et illusoire. Ce matin, dans les médias, sa prestation d'hier à Versailles est éclipsée par le match France-Belgique de ce soir et par la démission, hier, à Londres, du bouillant Boris Johnson partisan d'un Brexit pur et dur ...  LFAR

         

    En deux mots.  

    Après sa fulgurante conquête du pouvoir, balayant les caciques et les candidats du Système, les vieilles structures partisanes, ce dont personne ne s'est plaint et que nul ne regrette, en tout cas pas nous, voici déjà pour Emmanuel Macron le temps de la défiance et du déclin.

    Nul ne peut se hasarder à dire s'ils sont ou non irréversibles, sauf l'expérience des derniers mandats, où malgré d'éphémères rebonds, ils furent tels. Impitoyablement. 

    Ainsi, dans notre République, Jupiter est-il voué à descendre assez vite de l'Olympe et c'est ce qui est arrivé à Macron, cet été.

    Cent jours auront suffi - le temps qui fut accordé à Napoléon pour aller de Golfe-Juan à Waterloo, qui fit perdre à la France sa position de 1ère puissance européenne - pour que tombe via les sondages le verdict des Français : 60% de mécontents. Dont 20% de très mécontents. 24 points se sont vite envolés en juillet et août. C'est le sujet omniprésent de cette rentrée. Et c'est aussi, en quelque manière, la vengeance des médias, qui avaient tant fait pour son élection, et que Macron voulut, à juste titre, remettre à leur place, aussitôt qu'il l'eût obtenue.

    On a qualifié cette élection de « triomphale ». On sait bien, pourtant, qu'elle ne l'a pas été. D'abord par le trop petit nombre de voix obtenues au premier tour, puis au second, où l'abstention, comme elle le sera aux Législatives, fut considérable. Parce que, d'autre part, le vote Macron, fut, comme pour ses prédécesseurs, sans véritable adhésion. Adhésion à quoi, d'ailleurs ? Pour la plupart des gens, y compris parmi ses pairs, Macron était d'abord une énigme ; son programme était inexistant ou indéchiffrable ; sa personnalité peu connue et, de toute façon, étrange. Il n'était - il n'est toujours - pas évident que la « pensée complexe » ni le fameux « en même temps » soient à la portée, ou du goût, de la plupart des Français. Il y eut surtout, à vrai dire, une curiosité bienveillante pour ce jeune-homme dynamique et charismatique, ou même christique dans ses moments les plus intenses d'exaltation et de romantisme et qui, par surcroît, promettait un « dégagisme » des plus sympathiques. Dans le fond, pourtant, comme ses prédécesseurs [Chirac, Sarkozy, Hollande], Emmanuel Macron a d'abord été élu « contre » : contre les « extrêmes » et contre le Système, bien que, selon toute évidence, il en fût, par excellence une émanation.

    Si peu démocrates que nous soyons, du moins au sens français, nous sommes d'avis qu'on ne gouverne pas bien ni très longtemps un grand peuple comme le peuple français, sans consentement ni adhésion.

    Les deux manquent depuis longtemps aux Chefs de l'Etat successifs de la Vème République. Si monarchique que soit la mécanique des actuelles Institutions et même si elles permettent au Chef de l'Etat de se maintenir contre vents et marées le temps de son mandat et de gouverner tant bien que mal, le manque de consentement et d'adhésion à leur personne comme à leur politique, ne leur permet aucune action, aucune réforme, d'envergure.

    Ce vice institutionnel profond, ce manque d'adhésion au Régime, qu'il avait perçu et exprimé du temps qu'il était ministre, comment Emmanuel Macron y réagira-t-il, y parera-t-il, maintenant que les vents lui sont contraires ?

    Ce peut être d'abord comme par une sorte de colère, de réprobation à l'endroit des Français, ainsi qu'il les a exprimées l'autre jour à Bucarest, pestant contre ce pays qui est incorrigiblement « inréformable », ces Français qui « détestent les réformes ». C'est à dire, en l'occurrence, malencontreusement, sa politique.

    Les biographes d'Emmanuel Macron le présentent volontiers comme cet « enfant gâté », selon l'appréciation d'Attali, à qui, depuis l'enfance, rien n’est refusé, tout réussit, qui s'est habitué de longue date à l'admiration de son entourage - famille, professeurs, condisciples - à ce que rien ne résiste à son charisme, rien à sa puissance de travail et de séduction, à sa faculté de convaincre. Par intelligence et empathie. 

    Mais le peuple français est autre chose que le cercle de famille, le petit monde des grandes écoles, le cercle des poètes disparus, autre chose que les « vieux » cultivés, influents ou très fortunés qu'il aime et, selon ses amis, qu'il excelle à « draguer », tels, chacun en son temps, Michel Rocard, Jacques Attali, David de Rothschild, Paul Ricoeur, Alain Minc et quelques autres, « parrains et grands frères ».

    Mais le Kairos, qu'il aime invoquer, dont il se croit bénéficiaire, ce temps favorable, ce temps de Dieu, ce temps de « la vie opportune » selon Verlaine, qui autorise tous les espoirs et garantit le succès des entreprises les plus hardies, semble en cette fin du mois d'août avoir plus ou moins abandonné notre Rastignac un peu illuminé. Pompidou disait de De Gaulle à Peyrefitte : « Vous savez, le Général est spécial ». Et c'était en un sens fort. Mais, à maints égards - sa vie singulière, sa psychologie souvent inquiétante...- Emmanuel Macron ne l'est pas moins.

    Comment surmontera-t-il l'épreuve politique et personnelle de l'impopularité que tous les Hollande, tous les Juppé, tous les Attali du microcosme se hâtent déjà d'exploiter.

    Alors Macron éprouvera peut-être combien il avait eu raison, du temps où il était ministre, de méditer sur l'incomplétude de notre démocratie, de constater que ce qu'il manque à la France c'est un roi et, à cet égard, de déplorer le grand vide de l'Elysée, qu'il n'aura pas comblé. Peut-être s’apercevra-t-il alors que l’élection ne confère pas la Royauté.

    Fini le Kairos, le temps favorable, le temps de Dieu. En cette fin d'été, pour Emmanuel Macron voici revenir Chronos qui dévore les heures et les jours, l'Histoire et les hommes.   

    2910916609.5.jpgRetrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... :

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Le roi danse

    Le 3 juillet, dans une boîte de nuit de Lagos 

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Aujourd’hui à Versailles, M. Macron se propose de « dévoiler le cap de son quinquennat devant députés et sénateurs » (Le Huffpost, 1er juillet).

    M. Ruffin, cocasse député de La France insoumise, a cru bon de déclarer, à propos du congrès de ce 9 juillet, qu’il « ne [voulait] pas aller écouter le Roi Soleil à Versailles » (France 3, 1er juillet). Il eût mieux fait de garder pour lui sa piteuse métaphore. Le pis est qu’il n’a pas été le seul. D’autres ont surenchéri, MM. Corbière et Mélenchon entre autres, jusqu’aux communistes assurant dans un communiqué ne pas vouloir aller « à Versailles adouber le monarque présidentiel ». Leur fait écho, en donnant lui aussi dans la caricature facile, M. Legrand, lequel commence son éditorial politique de vendredi 6 sur France Inter en dénonçant le « petit parfum monarchique » qui flotterait au-dessus de l’Elysée, « le château ». Reprenant les poncifs de la presse à sensation, M. Legrand ne se grandit pas en rabaissant l’institution monarchique à l’aune des caprices et fantaisies du couple Macron. 

    Pourtant n’est pas Louis XIV qui veut, même en dehors du champ politique. M. Macron, qui n’est ni roi ni soleil, est plutôt ridicule que resplendissant quand il s’exhibe. Certes, on ne saurait lui reprocher de ne pas avoir trouvé dans son entourage un Molière ou un Lully. Fallait-il pour autant, lui, chef de l’Etat, s’afficher le soir de la Fête de la musique (21 juin) avec une brochette d’exotiques danseurs « transgenres » et se contorsionner maladroitement quelques jours plus tard (3 juillet) dans une boîte de nuit de Lagos ? Pas très louis-quatorzien, tout de même. Rien d’étonnant, dès lors, que son gouvernement ait, à son image, l’opposition qu’il mérite : pitoyable, si ce n’est scandaleux, le comportement de ces « élus du peuple » qui rabaissent  à leur petit niveau politicien ce qui devrait, pour eux au moins, être un moment de rassemblement républicain (et, faisons bonne mesure, « citoyen »). On aurait presque envie d’en rire. 

    Les choses sont pourtant plus sérieuses qu’il n’y paraît car, au delà des guignols, c’est de la France qu’il s’agit. Si le pays s’est à peu près satisfait des actuelles institutions, il ne faut pas oublier que, dans les partis et factions de la gauche surtout mais aussi du centre et parfois même d’une droite un peu extrême, la Cinquième République a été volontiers vilipendée. « Fascisme », « coup d’Etat permanent », « déni de démocratie », les attaques n’ont pas manqué, avec au fond, comme point commun, le regret d’un parlementarisme débridé - dont l’Histoire nous enseigne les méfaits pour notre pays. M. Legrand, encore lui (France Inter, 4 juillet), ne le cache pas : « La rénovation de la politique viendra […] de la prise de conscience des parlementaires qu’en fait, s’ils le veulent, s’ils le prennent, ils ont du pouvoir. » Allons plus loin : ce qui prête à sourire aujourd’hui, car relevant de la farce avec les histrions de La France insoumise dans les principaux rôles, pourrait tourner au tragique demain pour le pays si les velléités de certains devaient se concrétiser par l’instauration d’une Sixième République.

    M. Macron peut bien danser, il n’est pas Louis XIV - ça se saurait. Ses proches prétendent cependant qu’à défaut de les reconnaître, il tient compte de ses erreurs. On peut donc encore espérer, si ce n’est penser, qu’il répondra mieux, si peu que ce soit, à l’attente manifeste des Français qui aspirent à une restauration et à une incarnation du pouvoir politique, préservant au moins ainsi le pays d’une dangereuse régression institutionnelle. ■ 

  • Selon des renseignements russes et chinois, début d’une invasion de l’Asie centrale par l'État Islamique 

     

    2293089609.14.jpgLe site Réseau International a publié fin mai [22.05] d'intéressantes informations très détaillées sur le redéploiement en cours des combattants de l'État Islamique en Asie centrale. A-t-on proclamé trop vite la destruction de l'État islamique ? Va-t-il ressurgir en Afghanistan ? Affaire à suivre.  LFAR 

     

    logori3.jpgPar Andrey Afanasyev

    Des sources dans les agences militaires et de renseignement russes, disent que la préparation d’une opération offensive à grande échelle contre la Russie à travers le Tadjikistan et l’Ouzbékistan est dans la phase finale. Citant des données provenant de canaux de communication avec les ministères de la Défense de la Chine, du Pakistan et de l’Afghanistan, ils disent que l’Afghanistan est la pierre angulaire de ce plan.

    Des messages similaires ont déjà été reçus, en particulier lors d’une récente conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Tachkent, la capitale ouzbèke. Puis le ministre tadjik des Affaires étrangères Sirodzhiddin Aslov a annoncé publiquement l’activation des terroristes dans la région :

    « Nous voyons l’activation de groupes terroristes, leur progression dans les régions du nord de l’Afghanistan, en particulier dans les territoires limitrophes du Tadjikistan, l’augmentation du nombre de partisans de l’EI et la participation d’un certain nombre de citoyens des républiques post-soviétiques aux groupes et mouvements terroristes présents en Afghanistan…. cela nous préoccupe sérieusement » .

    Selon les agences de renseignement russes, le nombre de terroristes de l’EI opérant en Afghanistan varie de 2500 à 4000 personnes. Ces données ont été confirmées par le ministère de la Défense de la Chine. Les sources de la RPC affirment qu’au moins 3800 combattants opèrent dans 160 cellules terroristes mobiles. Ils sont concentrés dans la province de Nangarhar, à la frontière avec le Pakistan, où l’État islamique a augmenté la production et le trafic de drogue, ainsi que la création d’infrastructures pour la formation de combattants et de kamikazes.

    Comment ça va se passer

    Selon des sources militaires russes, des terroristes se retirent actuellement de Syrie et d’Irak par voie maritime jusqu’au port de Karachi, dans le sud du Pakistan. Après cela, ils arrivent à Peshawar près de la frontière afghane et s’installent dans la province de Nangarhar. Le nouveau siège de l’EI dans la région est situé dans le district d’Achin.

    À partir de la fin de l’année 2017, les terroristes ont réussi à rassembler jusqu’à 500 combattants syriens et irakiens, dont plusieurs dizaines de femmes. Des sources disent que la plupart d’entre eux sont des citoyens de la France, du Soudan, du Kazakhstan, de la République tchèque, de l’Ouzbékistan, etc.

    L’objectif principal de l’EI en Afghanistan est non seulement la déstabilisation du pays, mais aussi une invasion à grande échelle des républiques post-soviétiques d’Asie centrale : le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan afin d’attiser les tensions aux frontières sud de la Russie.

    Les sources de renseignement russes disent qu’il y aura deux voies pour l’offensive de l’EI. L’une mènera au Tadjikistan à travers les provinces du Nuristan et du Badakhshan, l’autre passera par Farakh, Ghor, Sari-Pul et Faryab au Turkménistan.

    Le principal responsable des opérations de l’EI est le gouverneur de la province de Nangarhar, Mohammad Gulab Mangal. Il utilise la structure des radicaux pour renforcer son influence dans les régions voisines. De plus, Mangal est bien connu pour sa participation aux opérations financières de l’EI. Des sources affirment que toute tentative de protestation des populations locales est violemment réprimée par les autorités, y compris par des opérations punitives contre les zones peuplées.

    Mangal a été connecté aux services spéciaux américains pendant une longue période. La page Wikipédia à son propos dit que le gouverneur actuel de Nangarhar a pris part à une guerre contre les troupes soviétiques dans les années 80. Juste après l’invasion américaine en 2001, il a été nommé à la tête de l’autorité locale. Les médias occidentaux le considèrent comme un homme d’État efficace et juste. La BBC a même qualifié Mangal de « nouvel espoir pour Helmand», une province qu’il gouvernait.

    Selon le ministère de la Défense afghan, l’EI prévoit d’augmenter son effectif à 5000 soldats dont la plupart seront cantonnés dans la province de Mangals.

    Il est à noter que les deux plus grandes bases militaires américaines dans le pays sont situées près de la région de NAngarhar contrôlée par l’EI et un gouvernement corrompu.  

    Réseau international

  • Culture • Loisirs • Traditions

     

    2293089609.14.jpgCe visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance...  LFAR

  • Civilisation • D'accord avec Guillaume Roquette : Pour l'amour de l'entrecôte, ne laissons pas les végans imposer leur façon de vivre

     

    2293089609.14.jpgGuillaume Roquette a raison et le sujet n'est pas anodin. On verra pourquoi en lisant cet article*.  Il ne s'agit pas seulement de « nous contraindre d'adopter une nouvelle façon de manger » - ce qui est déjà très grave en soi car notre « façon de manger » est l'un des éléments de notre culture et de notre civilisation. Il s'agit de tous les détruire.  LFAR 

     

    DouxuH4m_400x400.jpgLe malheureux boucher dormait au-dessus de sa boutique, à Jouy-en-Josas. Quand l'alarme s'est déclenchée, dans la nuit de dimanche à lundi dernier, il était trop tard. Sa vitrine était en miettes et maculée d'un tag bombé à la hâte : « Stop spécisme ».

    Depuis quelques mois, des dizaines de boucheries-charcuteries et autres commerces de bouche sont victimes des mêmes dégradations, commises par des militants qui se revendiquent, selon leur degré d'extrémisme, végans, animaliste's ou antispécistes. En partant d'une idée estimable, le respect dû aux animaux, ces écologistes d'un nouveau genre ont élaboré une idéologie inquiétante en allant jusqu'à prétendre (c'est la définition de l'antispécisme) qu'un agneau de lait a la même valeur qu'un être humain.

    Avant d'aller plus loin, précisons que chacun a naturellement le droit d'être végétarien, même si la vie doit être bien triste quand elle s'interdit à tout jamais le bonheur d'un gigot de sept heures ou d'une truite aux amandes. De même, il est parfaitement légitime de souhaiter que la filière de l'élevage traite convenablement les bêtes promises à la consommation. Mais les forcenés de la cause animale ne se contentent pas de cette juste ambition, ils veulent interdire à quiconque non seulement de manger de la viande ou du poisson, mais aussi de chasser, voire de monter à cheval ou simplement de porter des chaussures en cuir ! Au nom du respect des droits de la bête. C'est un trait de notre époque : quiconque est animé d'une conviction se fait désormais un devoir de l'ériger en norme pour essayer de l'imposer à la société tout entière. Grâce à une force de frappe inédite, celle des réseaux sociaux, et le recours plus ou moins avoué à la violence, une minorité d'activistes végans entend donc dicter sa loi à tous les braves gens qui voudraient juste continuer à vivre comme ils l'entendent. Les bouchers (sauf ceux qui sont halal, curieusement épargnés malgré la brutalité des règles de l'abattage rituel), auxquels on pourrait ajouter les chasseurs, sont aujourd'hui leurs cibles prioritaires. Mais, si la force publique ne ramène pas ces agités à la raison, ils ne s'arrêteront pas en si bon chemin.

    D'autant que leur militantisme n'est pas la manifestation d'un mouvement isolé. A y regarder d'un peu près, l'antispécisme n'est qu'une des innombrables déclinaisons du politiquement correct contemporain. C'est en effet la même idéologie qui veut nous contraindre d'adopter une nouvelle façon de manger, de boire, d'écrire ou d'aimer. L'objectif est toujours le même : abolir nos modes de vie pour créer un nouveau monde, sans mémoire, sans traditions et sans culture. Bref, sans identité. Ce n'est évidemment pas très réjouissant mais, grâce au Ciel, rien ne nous force à baisser la tête pour nous soumettre à tous ces diktats. De même qu'il est permis de s'opposer sans complexe à l'écriture inclusive et à la théorie du genre, on a encore la liberté de se faire griller une belle entrecôte. Résister à l'oppression est parfois un plaisir. 

    * Figaro magazine, dernière livraison [vendredi 6 juillet]