Propos va-t-en-guerre et boutefeux de BHL sur la Syrie : le sot périlleux...
En une seule et même déclaration, qu'il a voulu mi-larmoyante, mi-théâtrale, BHL nous apprend à la fois qu'il est déçu par Hollande ("J'ai voté pour lui..."), ce dont on se fiche éperdument : de toutes façons, il n'est pas le premier - et il ne sera pas le dernier... - à se rendre compte qu'il s'est fait avoir.
Mais aussi et surtout - et là on ne s'en fiche plus du tout, car "cet homme est dangereux", comme le disent les placards de police - il nous assène qu'il faut que ce soit la France, et un Français, qui prennent l'initiative de mettre à bas Bachar.
Et, sur un ton comminatoire, qu'on le fasse maintenant. La Libye ne lui suffit plus, il veut mettre la Syrie à son tableau de chasse !
En posant à Cannes, avec deux soldats syriens (?), BHL est bien en accord avec son action : quel meilleur endroit que cette capitale du film pour y faire son... cinéma !
Il ne semble tout simplement pas se rendre compte que, la Syrie, c'est une autre paire de manche que la Libye : s'il a pu gesticuler à peu de frais, et se faire croire à lui-même qu'il existait, en "attaquant" le moulin à vent Khadafi, avec Bachar el Assad, c'est autre chose. Là, en Syrie, on a un pouvoir qui regroupe plusieurs minorités, certes, pas forcément d'accord entre elles sur tout, mais surtout désireuses de ne pas laisser une autre minorité, les radicaux sunnites, s'emparer d'un pouvoir que, depuis des lustres, ils n'ont pas. Et Assad est moins vieux, moins usé que Khadafi. Et, derrière lui, il a l'Iran, la Chine et la Russie. Ce n'est tout de même pas rien, et cela donne un tableau qui n'est nullement comparable à la situation libyenne !
Souffler sur les braises, attiser le feu, pousser à la guerre, comme le fait BHL, est dramatique. N'exagérons rien : il serait probablerment excessif de parler de "troisième guerre mondiale", mais d'une grande guerre régionale, oui. Et le problème des déstabilisations, c'est qu'on sait quand elles commencent, mais qu'on ne sait jamais où, ni comment, elles s'arrêtent...
Si Guillaume II et si les Français avaient su, en 14, auraient-ils, les uns et les autres, laissé se déclencher un conflit pour lequel ils sont partis "la fleur au fusil", "A Berlin !" ou "Nach Paris !" mais, dans l'esprit de tous, pour quatre ou cinq mois maximum, six tout au plus. On sait comment cela a fini...
BHL n'en a cure. Il ne voit pas, ou il ne veut pas voir, que les "anti Assad" sont financés par les monarchies pétrolières sunnites du Golfe. Grandes conservatrices à l'intérieur, elles achètent leur paix politique - voire leur survie physique tout court ! - en payant grassement les islamistes radicaux (ne jamais oublier d'où vient un Ben Laden...). Renverser Assad, pour mettre à la place un régime islamiste dur, charia à la clé, et titiller ainsi l'ours de l'Iran chiite, c'est aberrant et dangereux.
Il y eut un temps où la France travailla pour le Roi de Prusse. Aujourd'hui, BHL veut la faire travailler pour le roi d'Arabie et ses compères; les monarques pétroliers du Golfe, grands financeurs et grands pourvoyeurs devant l'Eternel du terrorisme islamique ! Au moins l'Iran, réputé excessif, fou, dangereux et tout ce que l'on voudra, n'exporte pas de terrorisme. Les monarchies pétrolières du golfe, réputées pacifiques, raisonnables et grandes amies de l'Occident (?), si. A coup de milliards versés aux islamistes purs et durs. Il conviendrait de voir les choses comme elles sont.
Prétendre faire le jeu de ces monarchies qui sont l'une des causes principales du terrorisme islamiste, il faut le faire ! Il faut l'oser : BHL l'ose.
Il a entamé une sorte de danse du scalp autour d'un énorme baril de poudre, et jette sur lui des allumettes enflammées : cet homme est dangereux.
La Folie est grande, et BHL est son prophète !