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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Les quatre jours du prince Jean en Provence: plein succès pour la première journée, à Marseille....

    La Fédération Royaliste Provençale communique :

    Cette première journée d'un déplacement en Provence qui en comptera quatre, s'est passée à Marseille, avant que le Prince et son épouse ne se dirigent vers Toulon, où ils passeront les trois jours suivants.

    Elle fut ouverte par une longue réception à la Mairie de Marseille, pendant laquelle le Prince s'est entretenu avec le sénateur-maire, Jean-Claude Gaudin. Ce n'est pas la première fois, du reste, que le Prince est reçu dans cette Mairie, où le même Jean-Claude Gaudin lui avait déjà remis la médaille d'honneur de la Ville (ci dessous).

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    Marseille: sur le balcon d'honneur de la mairie de Puget, sous le buste de Louis XIV et face à la Bonne Mère, Jean-Claude GAUDIN remet au Prince la médaille de la ville.
    Il lui déclare : "Ce sont mes deux sources d'inspiration".

    Cette journée fut ensuite marquée par deux manifestations, complémentaires mais bien séparées, dans le temps et dans l'espace.

    D'abord, la Messe pour Louis XVI et pour toutes les victimes de la Révolution. On sait que, bien loin d'être une nostalgie ou un quelconque rituel obligé - et somme toute assez mécanique - cette Messe est au contraire un acte fort, destiné à marquer l'origine des Totalitarismes et des Génocides modernes. Ce n'est pas pour nous complaire dans un passé révolu que nous organisons chaque année cette manifestation : c'est pour signaler et dater l'origine de nos malheurs, le point de départ de notre décadence, l'origine de nos abaissements.

    C'est aux Réformés, en haut de la Canebière, que nous nous sommes retrouvés, comme il y a trois ans, accueillis de nouveau par le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine. Entre-temps, et pendant deux années consécutives, c'est Monseigneur Ellul qui nous avait chaleureusement reçus dans la basilique du Sacré-Coeur, sur le Prado. Nous avons donné, à chaque fois, le texte des remarquables homélies des pères Zanotti et Manzano (au Sacré-Coeur), prononçées pour l'occasion. On lira dans les tout prochains jours le texte de cette deuxième homélie du père Zanotti, prononcée donc, cette fois, devant le prince Jean et la princesse Philoména.

    C'est peu de dire que cette Messe fut un grand moment. La présence du couple princier ajoutait évidemment quelque chose à la cérémonie : l'assistance, largement plus nombreuse que d'habitude, ne s'y est pas trompée, qui a vécu pleinement ce moment, en étant évidemment pénétrée du sens profond de l'acte qui se tenait là.....

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    Muet depuis soixante ans, l'orgue des Réformés vient d'être restauré: il a été inauguré le 7 décembre dernier.

    Accompagné avec brio par Laurent Friss à la trompette, Jean-Robert Cain y a fait retentir, avec un grand talent, des oeuvres des organistes de Louis XIV: Couperin, Nivers, Marchand, Clérembeault....

               

    Il faut être reconnaissants à Jean-Robert Cain, à l'orgue et à Laurent Friss, à la trompette, pour ce qu'ils ont apporté à cette cérémonie, dont ils ont puissamment rehaussé l'éclat. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Laurent Friss était avec nous, puisqu'il était déjà là, dans cette même église des Réformés, il y a trois ans, le 21 janvier....

     Après la Messe - qui débuta à 18h30 - la deuxième partie de la soirée était prévue au pavillon flottant de la Société nautique, sur le Vieux-Port (ci dessous). Il s'agissait d'un repas-conférence, autour du prince et de la princesse, au cours duquel les intervenants devaient illustrer l'idée suivante : Après deux siècles de révolutions, retrouver le chemin qui conduit chez nous.....

    C'était la deuxième fois en deux mois que le Prince venait à Marseille : il était aux Arcenaulx - mais sans son épouse - le 13 novembre dernier, pour la présentation-dédicace d'Un Prince français. Or il y avait presque un tiers de participants en plus, cette fois-ci, par rapport au repas-conférence des Arcenaulx : C'est un signe indéniable que le message du prince passe, et que, disons-le aussi, la personne du prince, et le couple qu'il forme avec Philoména, passe également : il suffit de voir l'accueil qui a été réservé à la princesse Philoména et au prince Gaston de France, que l'on découvrait, pour la première fois à Marseille, à cette occasion....

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    Sur le Lacydon des Grecs, hôtes des Salyens, 26 siècles d'Histoire, et nos Racines: celtes, grecques, romaines, chrétiennes, royales...

     

    On aura reconnu, évidemment, dans l'intitulé du thème de la soirée, Après deux siècles de révolutions, retrouver le chemin qui conduit chez nous....., la phrase du Philèbe, de Platon, que cite Jean-François Mattéi dans son Regard vide, et qui clôture justement cette réflexion de haut vol, dont elle constitue les derniers mots, la dernière ligne.

    Jean-Baptiste Donnier, qui nous a habitués à l'excellence, devait ouvrir magistralement la soirée, suivi par Jean-François Mattéi, qui reprenait - entre autres...- le très beau texte de Camus sur l'assassinat du roi-prêtre. Le prince Jean se chargeant de conclure, en résumant le sens profond des réflexions de cette soirée, et en insistant sur le temps long dont disposent les rois, qui permet la continuité des efforts et la réalisation des grands desseins, patiemment construits sur la durée...

    Vous aurez très bientôt la possibilité de visionner la vidéo de cette soirée (Messe et repas-conférence), qu'il serait vain et fastidieux de vouloir résumer ici. Cette vidéo vous permettra d'en mesurer toute la profondeur et l'intérêt, et d'avoir une petite idée du succès complet qu'elle a été, à tous points de vue...

    Voilà. Le prince était là, et maintenant ils est parti pour Toulon, où un programme fort consistant et fort intéressant lui a été préparé par les Toulonnais, dont bien sûr nous vous rendrons compte également dans les prochains jours. Il reste l'essentiel: la satisfaction d'avoir bien oeuvré, avec lui et autour de lui, pour la Cause qui est la nôtre, et qui est celle de la France, tout simplement.

    Le Prince trace son sillon. Il le fait avec sérieux et sérénité. Il va de l'avant, et il est, lui, dans le domaine du politique, dans son ordre, le chemin qui ramène chez nous.

     À ce titre, il mérite d'être secondé et suivi, tout simplement...  

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    C'était la première fois que l'on voyait à Marseille la princesse Philoména et le prince Gaston de France....

  • On peut raisonnablement l'espérer : Sénanque sera probablement sauvée...

    pour découvrir l'Abbaye : https://www.senanque.fr/

    pour faire un don: https://www.senanque.fr/senanque-une-abbaye-en-perile/

     

    Très bref résumé de l'histoire de ce splendide monument, et des causes de sa disparition possible si rien n'est fait, très vite, pour réparer une décision aberrante prise follement en 1970...

    D'hier...

    L'Abbaye Notre-Dame de Sénanque fut fondée le 23 juin 1148, par des moines cisterciens venus de Mazan en Ardèche. Elle est la troisième abbaye cistercienne∗ fondée en Provence, après Le Thoronet et Silvacane : on les appelle, en Provence, "les trois soeurs provençales"

    L'Abbaye est située dans un étroit vallon d'un kilomètre de long et de seulement trois-cents mètres de large, mais l'emplacement correspond parfaitement aux prescriptions de l'ordre qui précisent : "on ne doit construire aucun monastère dans les villes, les bourgs et les domaines ruraux" (chapitre 9 de la Summa Cartae Caritatis).

    Ce vallon offre tous les matériaux nécessaires à la construction, comme la pierre et le bois. Il est isolé, possède des terres cultivables, des pâturages et surtout un cours d'eau : la Sénancole, dont le nom vient peut-être de Sana Aqua (eau saine)...

    Les XIIIe et XIVe siècles voient l'apogée de Notre-Dame de Sénanque, mais la situation de l'Abbaye se dégrade au début du XVème siècle : la communauté ne compte plus que trois Frères en 1439.

    En 1544, une bande armée de vingt-cinq Vaudois de Cabrières attaque Sénanque. La partie méridionale du monastère est incendiée, le réfectoire, la fontaine du cloître et le bâtiment des convers sont détruits, les archives brûlées, les douze moines pendus. À cette période troublée s'ajoute la peste...

    Le 24 Septembre 1792, l'Abbaye est vendue comme bien national pour 28.000 francs, et il faut attendre un demi-siècle pour que, en 1854, une communauté de Frères se réinstalle à l'Abbaye : elle abrite rapidement 72 moines.

    Pourtant, le 5 novembre 1880, les gendarmes chassent les moines en vertu de la nouvelle loi contre les congrégations religieuses: la plupart des Frères se retirent à Fontfroide ou rejoignent l'Abbaye de Lérins. Trois moines sont autorisés à rester à Sénanque sous condition de reprendre l'habit séculier.

    En 1882, l'Abbaye est à nouveau vendue comme bien national pour 15 000 francs.

    Dès 1889, des moines se réinstallent dans l'Abbaye, mais ils sont chassés en 1903. L'Abbaye est vendue le 27 juin 1905 mais, le 17 Mars 1921, l'Etat impose au propriétaire le classement aux Monuments historiques des parties les plus anciennes de l'Abbaye.

    En mai 1926, une douzaine de moines s'installe à Sénanque, qui devient prieuré de l'Abbaye de Lérins. En mars 1969, les trois moines qui restent à Sénanque sont dans l'incapacité de faire face à la lourde charge de la gestion de l'Abbaye : ils se retirent dans leur Abbaye mère de Lérins, dont l'abbé décide de louer momentanément l'Abbaye à un propriétaire privé, celui-ci s'engageant durant le bail emphytéotique à restaurer les bâtiments : au terme du contrat, le lieu sera rendu aux moines cisterciens. Le 24 octobre 1969, un bail de 30 ans est ainsi signé avec la société Berliet, qui mènera à bien la campagne de restauration de l'Abbaye. Cet accord est encouragé par le ministre des Affaires Culturelles, André Malraux, déterminé à sauver tous les chefs-d'œuvre en péril.

    Au début des années 90, la communauté monastique de Lérins est suffisamment importante pour envisager un retour à Sénanque.

    Le bail emphytéotique n'est pas à échéance, mais Paul Berliet remet l'Abbaye aux Frères : le 4 octobre 1988, une communauté de moines cisterciens venus de Lérins se réinstalle à Sénanque.

    ... à aujourd'hui

    Cette abbaye est aujourd'hui en Provence l'un des bijoux de l'architecture romane primitive. Mais en raison d'un péril imminent, l'église abbatiale a été fermée dans l'urgence. Des désordres structurels importants menacent l'édifice : cette situation dramatique inquiète les spécialistes qui redoutent la perte de l'église.

    Tout simplement - si l'on peut dire - à cause de la suppression, dans les années 70, d'une chapelle extérieure qui servait de contrefort à l'édifice. Initialement, le bâtiment s’appuyait sur une levée de terre, une sorte de contrefort naturel. Au XIXème siècle, une chapelle dédiée aux âmes du purgatoire la remplaça. Elle fut détruite en 1974, considérée comme une "verrue" architecturale. Depuis, des fissures sont apparues dans l’édifice. En certains endroits, des murs épais de plus d’un mètre ont vu leurs pierres se fendre en deux, sous la pression : de quoi craindre le pire ! "La chance qu’on a, c’est que ça ait tenu quarante ans comme ça !", observe Pierre-Yves Rinquin, intendant de l’abbaye. 

    Décision a été prise d'étayer sans attendre l'église afin de prévenir tout risque sismique qui s'avérerait destructeur même à faible intensité. Cette solution ne répond que partiellement aux risques qui frappent l'église et ne peut être que transitoire. L'édification de contreforts, associée à un remaillage et à une reconnexion des murs pignons aux murs gouttereaux, permettrait de sauver l'église. Mais le budget prévisionnel de sauvegarde est estimé à 1.200.000 €…

    Les travaux devraient commencer très vite, à l'automne, car le budget de restauration est "bouclé". Le chantier débutera par la mise en place de contreforts sur le côté est de l'édifice, pour contrebuter la poussée des murs de l'église; mais aussi par le cintrage de la coupole du clocher et la pose de micropieux pour renforcer les fondations...

     

    ∗ Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "L'empire de Cîteaux"...

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (110)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Retour (avec Bainville, II) : sur Guillaume II...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Guillaume II, le kaiser qui voulut la guerre...
    Sitôt passé l'écrasement de 1870, la France se "releva" beaucoup trop vite, au goût de Bismarck, et l'Allemagne voulut "terminer le travail" : de son achèvement définitif, d'abord; de l'écrasement, définitif aussi, de la France.
    En veut-on une seule preuve ?
    Elle est donnée par Michel Mourre, dans son Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, page 173 :
    "...Nulle part autant qu'en Allemagne la course aux armements ne fut poussée dans les dix années précédant la Première Guerre mondiale (les dépenses militaires passèrent de 938 millions de marks en 1905 à 3.244 millions de marks en 1914)..."
    Pendant ce temps, en France, la république divisait l'opinion par son déchaînement anticatholique haineux; et ce qui n'aurait jamais dû devenir "l'Affaire Dreyfus" divisait également l'opinion et affaiblissait l'armée !...

     

    Chapitre XI, Le frein avant la catastrophe... :

    pages 270/271 :


    "...La menace de la guerre ne cessait de grandir. Depuis 1905, il ne s'était passé aucune année sans alerte.
    Pour apaiser l'Allemagne, la France avait consenti à soumettre la question du Maroc à une conférence internationale.
    Devant les délégués de treize États réunis à Algésiras, les Allemands furent déboutés et mis en minorité telle que seule l'Autriche vota avec eux.
    Dès lors, Guillaume II jura de ne plus soumettre au tribunal des puissances une affaire où les intérêts de son empire seraient engagés.
    En 1908, un incident médiocre, à Casablanca, où le consul d'Allemagne avait recueilli les déserteurs de la légion étrangère, faillit causer un conflit. Clémenceau tint bon, et, cette fois, l'orage s'éloigna.
    Sous une forme ou sous une autre, le péril était prêt à renaître. On voulait se rassurer par le faisceau d'alliances et d'amitiés qu'avait formé Delcassé et ses collaborateurs diplomatiques.
    Ou bien on écoutait Jaurès pour qui la guerre était impossible, les socialistes allemands se faisant fort de l'empêcher..."

    pages 273/274/275 :


    "...Au mois de juillet 1911, l'Allemagne, pour signifier qu'elle maintenait ses revendications sur le Maroc, envoyait une canonnière devant Agadir.
    C'était la répétition de l'affaire de Tanger, une provocation ou un coup de sonde, peut-être une sommation à la France d'avoir à rompre avec l'Angleterre. Pourtant, le gouvernement allemand laissait entrevoir un arrangement.
    Renonçant à disputer le protectorat du Maroc à la France, il demandait une compensation coloniale et suggérait la cession à son bénéfice d'une partie du Congo.
    Un refus pouvait entraîner la guerre.
    Bien que l'Angleterre s'élevât contre une répartition de territoires faite en Afrique sans son aveu, Joseph Caillaux consentit à traiter.
    Bien conduite par l'ambassadeur Jules Cambon, la négociation aboutit d'ailleurs à une concession minime, que les nationalistes allemands trouvèrent dérisoire. "La France, s'écriait un de leurs chefs, nous donne dix milliards de mouches tsé-tsé."
    On n'eût pas contenté l'Allemagne avec une part plus large du Congo. Il lui fallait bien davantage. Mais elle gardait de là l'impression d'une affaire manquée, non d'une affaire réglée. D'instinct, le public français le sentit.
    En elle-même, pourtant, la transaction n'était pas honteuse. Avec d'autres que les Allemands, elle eût été raisonnable.
    La France, en 1904, n'avait-elle pas abandonné à l'Angleterre ses droits en Égypte et à Terre-Neuve ?
    Le Congo, bien que Savorgnan de Brazza s'y fût illustré, comptait moins sans doute que la terre des pharaons où Bonaparte avait mis l'empreinte de la France.
    Bien peu de Français savaient même où trouver sur la mappemonde le "bec de canard" congolais.
    Mais la renonciation à un territoire, quel qu'il fût, ravivait l'idée des provinces perdues et faisait redouter d'autres exigences.
    Et puis le don funeste de l'impopularité s'attachait à Joseph Caillaux comme jadis à Ferry. Alors Clémenceau avait renversé Ferry pour une politique coloniale qui, tout en acquérant un domaine en Asie, semblait compromettre les grands intérêts de la France en Europe.
    Il renversa Caillaux qui aliénait des morceaux d'un autre domaine en Afrique et qui, surtout, engageait la France dans un système de concessions à l'égard de l'Allemagne.
    Sur les questions que Clémenceau posa au Sénat, le ministre des Affaires étrangère de Selves laissa entendre que le président du Conseil avait traité en secret avec le gouvernement allemand et, à la suite de cette déclaration, se démit. La chute de Joseph Caillaux ne tarda plus..."

  • Éphéméride du 12 décembre

    Le pèlerinage de Compostelle, de nos jours

     

     

     

    460 ou 461 : Célébration de Saint Corentin  

     

    Évêque de Quimper, il fait partie des Sept-Saints qui évangélisèrent la Bretagne :

    saint Tugdual de Tréguier
    saint Paterne de Vannes
    saint Samson de Dol
    saint Pol de Léon
    saint Malo
    saint Brieuc

    Né en Armorique, Corentin vécut pendant plusieurs années la vie érémitique, dans les bois qui couvraient le versant sud du Ménez-Hom, en Plomodiern. Le prince Gallon s'égara un jour dans ces bois, au cours d'une partie de chasse et prit avec sa suite un repas dans la cabane de Corentin. Pour le récompenser, le prince lui fit don d'un vaste domaine. Corentin y construisit un monastère et une école pour les enfants.

    Quelques années plus tard, Gallon, désireux de fonder un évêché dans sa province, envoya Corentin à saint Martin de Tours, dont la juridiction s'étendait sur toute la Bretagne, et qui lui donna la consécration épiscopale. Au retour de Corentin, Gallon lui offrit son château de Kemper pour en faire une église.

    Aujourd’hui, on l’oublie souvent, le nom complet de Quimper est Quimper Corentin

    Les reliques du saint, dispersées lors des invasions normandes (Marmoutier - Abinbdon, Waltham et Glastonbury en Grande-Bretagne), furent partiellement restituées à la cathédrale de Quimper (ci-dessous) en 1623.  

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    La cathédrale de Quimper Corentin, joyau de l'art ogival breton

    http://www.quimper.bzh/624-la-cathedrale-saint-corentin.htm

     

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    1124 : Mort de Calixte II

     

    Gui de Bourgogne (1050–1124) meurt à l'âge de 74 ans, après un court règne pontifical de cinq ans. Il fut le quatrième pape français, sur les quatorze qui occupèrent le siège de Pierre.

    Fils du comte Guillaume 1er de Bourgogne, dit Guillaume le Grand, archevêque de Vienne, il fut le grand promoteur du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, et imposa également le célibat sacerdotal complet dans toute l'Église Catholique lors du premier concile du Latran.

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    http://www.recueil.info/lespapes/calixte-2

     

     

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    1638 : Mort du Père Joseph

     

    Celui qu'on appelait l'Éminence Grise fut le confident intime de Richelieu. Par habileté diplomatique, sans doute plus que par caractère, il avait une conduite très discrète et effacée : "Je voudrais, disait-il, qu'on ne sût pas seulement que je suis au monde."

    C'était un esprit froid et sans scrupule, mais c'était aussi un travailleur infatigable. Son cabinet de travail et celui de Richelieu communiquaient afin qu'ils puissent se consulter à chaque instant. Dans les entrevues diplomatiques, le Père Joseph parlait au nom de Richelieu. Il examinait l'adversaire, évaluait ses forces et subissait le premier choc. Il "mûrissait" les affaires avant de les passer à Richelieu, qui les tranchait.

    "C'est le seul homme que je connaisse, disait le Cardinal, capable de comprendre à demi-mot et capable de prendre une décision sans avoir à poser cent questions."

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    1665 : Première représentation d'Alexandre

     

    La pièce de Racine fut jouée d'abord par la troupe de Molière, mais Racine la lui retira pour la donner aux comédiens de l'Hôtel de Bourgogne : de là vint la brouille entre les deux hommes...

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    Gravure de Bréant, illustration originale de la pièce

     

    http://www.histoire-fr.com/Bibliographie_racine_alexandre.htm

     

     

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    1773 : Naissance de Robert Surcouf

             

    S'il ne manquait pas de courage, il n'était pas dépourvu d'humour non plus : à un anglais qui lui lançait : "Nous, les Anglais, nous nous battons pour l’honneur, vous, les Français, vous vous battez pour l’argent", il répondit : "Chacun se bat pour ce qui lui manque" !...

    C'est sans plaisir qu'il vit arriver et se développer la funeste Révolution. Pour autant, il ne s'engagea pas directement dans la réaction à cette Révolution, se contentant de servir et défendre son pays en menant une course inlassable - et le plus souvent victorieuse... - contre l'ennemi anglais : la quantité de ses prises fut telle qu'il termina sa vie dans une très grande aisance matérielle, pour ne pas dire possesseur d'une immense fortune...

    On ne compte plus ses exploits : le plus fameux, peut-être, fut la prise de la frégate anglaise Kent, avec son petit La Confiance, exploit aux origines de la célèbre chant marin "Au 31 du mois d'août..." (voir l'Éphéméride du 7 octobre).

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    http://www.pirates-corsaires.com/robert-surcouf.htm

     

     

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    1793 : Début de la bataille du Mans, qui durera deux jours

     

    Pour les Blancs, c'est le commencement de la fin : les Bleus de l'Armée de Mayence vont exterminer les Vendéens, épuisés par leur Virée de Galerne.

    Les derniers restes de la Grande Armée Catholique et Royale périront à Savenay, la veille de Noël.      

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    http://www.vendeensetchouans.com/archives/2011/12/12/22960162.html

     

     

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    1821 : Naissance de Gustave Flaubert    

     

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    http://flaubert.univ-rouen.fr/

     

     

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    1923 : Mort de Raymond Radiguet

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    À peine agé de vingt ans et demi, il s'éteint à Paris, victime de la fièvre typhoïde.

    Les deux seuls ouvrages qu'il ait eu le temps d'écrire sont "Le diable au corps" et "Le bal du comte d'Orgel", qui paraîtra après sa mort, en juillet 1924. 

    Jean Cocteau, qui l'a préfacé, écrit dans son texte : "Radiguet commence...".

     

     
     
     

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    2014 : Reims célèbre les vingt ans de la reconnaissance officielle de la "Via francigena" 
     
     
    C’est en 1994 que, sur présentation du Ministère du Tourisme italien, le Conseil d’Orientation des Itinéraires Culturels du Conseil de l'Europe a décidé de recommander l’élection du thème de la Via Francigena, complémentaire de celui des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle, créant ainsi un grand thème sur les pèlerinages historiques en Europe. 

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    Tel qu’il était élu, l’itinéraire repren

  • Éphéméride du 26 février

    1806 : Début de la construction de l'Arc de Triomphe de l'Étoile

     

     

     

     

    1725 : Naissance de Nicolas Cugnot 

     

    Il est le père du fardier, la première automobile.

     

    FARDIER 1.JPG En 1988, le lycée N.J. Cugnot a réalisé une copie du Fardier à l'échelle 1/2 avec la collaboration de l'Etablissement Régional du Matériel, le lycée Hanzelet et le lycée Loritz. 

     

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    1744 : Naissance de Richard Marin de Laprade

             

    Conseiller et médecin de Louis XVI, il consacra sa vie à l'étude scientifique des eaux minérales de la région de Saint Galmier, entre Lyonnais et Forez.

    C'est lui qui, en 1778, vanta dans son traité sur les eaux minérales de Saint-Galmier "les vertus apéritives, digestives et exhilarantes (stimulantes, ndlr) de Badoit".

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    • http://janinetissot.fdaf.org/jt_badoit.htm

    • http://www.prodimarques.com/sagas_marques/badoit/badoit.php

     

     

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    1803 : Napoléon écrit à Louis XVIII pour lui demander de renoncer au Trône de France...

     

    Trois ans plus tôt, espérant le voir jouer le rôle du général Monk en Angleterre, c'est Louis XVIII qui avait écrit à Napoléon (voir l'Éphéméride du 20 février) : Napoléon ne lui répondra que sept mois plus tard, le 7 septembre, et d'une façon hautaine, lui écrivant : "...Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France. Il vous faudrait marcher sur 100.000 cadavres...".

    Cette fois, c'est Bonaparte qui vient demander aux Princes de la Maison de France de renoncer à leurs droits dynastiques. La réponse de Louis XVIII fut remarquable, en ceci que le roi y associa l'ensemble de sa Famille, et en ceci encore qu'elle montrait bien comment le destin des Bourbons et celui des Bourbons d'Espagne était devenu - et le reste encore aujourd'hui... -  radicalement séparé

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2017/07/22/histoire-1803-bonaparte-demande-aux-princes-de-la-maison-d-5965203.html

     

     Balzac, dans son remarquable petit ouvrage Rois de France, a bien mis en valeur la forte personnalité de Louis XVIII...

     

    26 fevrier,arc de triomphe,cugnot,grande armee,napoleon,chalgrin,louis philippe,becquerel,pierre et marie curie,fardierSur le roi tout à fait exceptionnel que fut le grand Louis XVIII, voir :
    • notre Éphéméride du 16 septembre (jour de sa mort);
    • du 4 juin (Louis XVIII établit la Charte constitutionnelle) et du 8 juillet (retour définitif du roi à Paris);
    et du 26 février sur l'échange de lettres entre le Roi et Napoléon;
    • du 21 novembre (jour où les troupes Alliées quittent définitivement la France : concrètement, jour de notre libération nationale...)

     

     

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    1806 : Début des travaux de construction de l'Arc de Triomphe

               

    Napoléon l'a voulu dédié à la gloire de la Grande Armée et en a confié les travaux à Jean-François Chalgrin.

    S'inspirant de modèles antiques, les dimensions de l'Arc de Triomphe sont réellement... monumentales : 50 mètres de hauteur et 45 mètres de large.

    Les travaux seront interrompus à la chute de l'Empire et reprendront en 1825.

    En 1836, il sera définitivement achevé et inauguré par Louis-Philippe.

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    Il est dommage que ce lieu magnifique et si chargé d'émotion soit souillé par l'inscription sur l'un de ses piliers du nom de deux bourreaux de la Vendée, qui ont froidement perpétré le Génocide ordonné par la Convention : Turreau et Amey; y est également inscrit - et donc glorifié lui aussi - le nom de celui qui a planifié le génocide de la Vendée : Lazare Carnot...
     

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    1896 : Becquerel découvre la radioactivité naturelle
     
     

    Alors qu’il étudie les rayons X et la fluorescence des sels d’uranium, Henri Becquerel va faire faire une découverte aussi fortuite que fondamentale pour la physique contemporaine. Ne pouvant réaliser les expériences qu’il avait prévues, il stocke ses sels d’uranium à proximité de ses plaques photo.

    Or, quatre jours plus tard, quand il développera ces dernières, il découvrira des empreintes générées dans le lieu clos où elles étaient rangées. La lumière du soleil n’ayant pu intervenir dans cette réaction, il en déduit que ce rayonnement provient de l’uranium.

    Le 2 mars, il publie ses résultats : la radioactivité naturelle est découverte.

    En 1903, il partagea le Prix Nobel de physique avec Pierre et Marie Curie.

     

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

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  • Éphéméride du 26 mars

    1686 : Inauguration de la Place des Victoires, à Paris 

     

    Cette place circulaire, d'environ 80 mètres carrés de diamètre, a été créée à l'initiative du maréchal de La Feuillade, vicomte d'Aubusson, et de la Ville de Paris, pour célébrer les victoires de Louis XIV.

    Les plans sont de Jules Hardouin-Mansart.

    En son centre, la statue originelle de Louis XIV en pied était l'oeuvre de Martin Desjardins. Le socle comportait quatre personnages en bronze, des bas-reliefs et des inscriptions sur la gloire militaire du règne. Quatre fanaux y brûlaient en permanence. En 1792, la statue fut abattue par les révolutionnaires et la place renommée place des Victoires Nationales en 1793 (mais les éléments de décoration du socle ont été conservés et sont visibles au Musée du Louvre).

    La statue du général Desaix - représenté entièrement nu - fut érigée à sa place en 1810 : elle n'eut qu'une durée de vie assez courte, et son bronze fut refondu pour réaliser la statue équestre d'Henri IV, au Pont Neuf.

    L'actuelle statue équestre de Louis XIV est de François Joseph Bosio, et fut érigée au centre de la place en 1828.

    Malheureusement, l'harmonie primitive de la place n'a pas été respectée, et le percement de plusieurs rues a irrémédiablement défiguré l'ensemble : la Place des Victoires partage ainsi avec la Place Dauphine (voir l'Éphéméride du 10 mars) le triste privilège d'avoir été largement dénaturée et mutilée, au point d'avoir perdu, sinon la totalité, du moins une très large part de sa splendeur d'antan.

    Telles qu'elles nous apparaissent aujourd'hui, cependant, ces deux places conservent assez d'éléments de leur beauté passée pour que l'on puisse se faire une idée assez précise de ce que fut cette très grande beauté. 

     

    http://paris1900.lartnouveau.com/paris02/place_des_victoires.htm  

     

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    1918 : Ferdinand Foch est nommé Généralissime des troupes alliées

     

    La décision est prise suite à la dangereuse percée des Allemands sur l'Oise : elle se révélera très vite comme une mesure heureuse, et se traduira rapidement par des conséquences positives et, finalement, décisives sur la suite des opérations...

    Officier d'artillerie, Foch avait déjà contribué d'une façon décisive à la victoire de la Marne par sa contre attaque dans les marais de Saint Gond.

    Il réussira à bloquer l'offensive allemande au mois de juillet, et présidera à la signature de l'armistice le 11 novembre.

     

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    S'exprimant presque comme Jacques Bainville, et prévoyant comme lui les effets funestes du mauvais traité de Versailles, il dira en 1920 :

     

    "Ce n’est pas une paix, c’est un armistice de vingt ans".

     

    On appréciera aussi cette pensée de lui :

     

    "Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir..."

     

    Dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo "Foch, commandant unique des Armées Alliées..."

     

     

     

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    1973 : Création du Parc national des Écrins

     

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    1980 : Création d'Arianespace

     

    Il s'agit de la première société commerciale de transport spatial dans le monde.

     

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    2009 : Mikhail Gromov reçoit le Prix Abel
     
     
    Le franco-russe Mikhaïl Leonidivich Gromov, professeur de l'Institut des Hautes Etudes Scientifiques (IHES), reçoit le Prix Abel "pour ses contributions révolutionnaires à la géométrie".
     
    Le Prix Abel est une équivalence du Prix Nobel, qui n'existe pas pour les mathématiques... 
     
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    2012 : Ouverture du Muséoparc d'Alésia
     

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  • Éphéméride du 12 avril

    1927 : Le château de Villandry et ses jardins, inscrits aux Monuments Historiques

     

     

     

    1229 : Fin de la Croisade des albigeois 

     

    Un traité est signé à Paris entre Blanche de Castille, régente, mère de Louis IX, et Raymond VII, comte de Toulouse, contraint, par sa défaite, à en accepter les termes.

    L’accord met fin à la Croisade menée contre les Albigeois, ou cathares, depuis 1209.

    Le comte doit céder une grande partie de ses terres au royaume de France (par exemple, les sénéchaussées de Beaucaire et Carcassonne) mais conserve le comté de Toulouse et le Lauragais.

    Il s’engage également à marier Jeanne de Toulouse, sa fille unique et, donc, son héritière, à Alphonse de Poitiers, frère cadet du roi : le Comté de Toulouse ira aux enfants de ce mariage, et à défaut d'enfants, reviendra à la Couronne.

    Ainsi, à sa mort, le reste de son territoire reviendra définitivement au royaume de France (sur l'importance de la Croisade des Albigeois dans l'extension territoriale du Royaume de France, voir notre Éphéméride du 16 mars

     

    TRAITE DE PARIS.jpg 
    Ratification du traité de Paris par Raymond VII, comte de Toulouse.
    Acte en latin donné le 12 avril 1229, scellé d'un sceau de cire verte appendu sur lacs de soie verts  
     

    Et, dans notre album L'aventure France racontée par les cartes voir la photo La croisade des Albigeois 

     

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    1704 : Mort de Bossuet 

     

    "Si c'est une grande puissance de pouvoir exécuter ses desseins, la grande et la véritable, c'est de régner sur ses volontés" (Sermon sur l'ambition) 

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    "La liberté n'est pas de faire ce que l'on veut, mais de vouloir ce que l'on fait" (tiré de Saint Augustin...)
     
     "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes"
     
      "Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes." (Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autriche)

      "Le plus grand dérèglement de l'esprit, c'est de croire les choses parce qu'on veut qu'elles soient, et non parce qu'on a vu qu'elles sont en effet." (Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même)

      "Le propre de l'hérétique, c'est-à-dire de celui qui a une opinion particulière, est de s'attacher à ses propres pensées"
     

    https://www.herodote.net/Bossuet_1627_1704_-synthese-2011.php

     

     

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    1912 : Mort d'Ernest Duchesne

     

    Oublié, ou injustement méconnu ?...

    32 ans avant Alexander Fleming, il découvrit que certaines moisissures pouvaient tuer les bactéries, et montra les propriétés antibiotiques de la pénicilline.

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    En 1894, il entra à l'École du Service de Santé militaire de Lyon. Il y présenta, en 1897 sa thèse de Doctorat, intitulée "Contribution à l'étude de la concurrence vitale chez les micro organismes - Antagonisme entre les moisissures et les microbes".

    Dans cette thèse, il envisage les possibilités thérapeutiques résultant de l'activité anti-microbienne des moisissures :

    http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2002x036x001/HSMx2002x036x001x0011.pdf

    Dans le dernier paragraphe de sa thèse (Conclusions), Duchesne affirme :

    "...On peut donc espérer qu'en poursuivant l'étude des faits de concurrence biologique entre moisissures et microbes, étude seulement ébauchée par nous et à laquelle nous n'avons d'autre prétention que d'avoir apporté ici une très modeste contribution, on arrivera, peut-être, à la découverte d'autres faits directement utiles et applicables à l'hygiène prophylactique et à la thérapeutique..."

     

    L'Académie Nationale de Médecine le reconnaît, en 1949, comme le précurseur de l'antibiothérapie :

     http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhad/vol8/article09.htm

     

     

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    1927 : Le château de Villandry et ses Jardins inscrits aux Monuments Historiques

             

    Magnifique en tant que château, riche d'Histoire (c'est là que, le 4 juillet 1189, Henri II Plantagenêt d’Angleterre reconnaît sa défaite face à Philippe Auguste...), le château de Villandry est exceptionnel pour ses jardins : dénaturés et bouleversés au cours des siècles, ils furent patiemment restitués avec amour, et bonheur, par Joachim Carvalho, à partir de 1906, lorsqu'il en fit l'acquisition... 

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    http://www.chateauvillandry.fr/

     
     

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  • Michèle Tribalat : Le rapport biaisé « contre le racisme » qui juge moralement les Français. Français, ouvre-toi !

     

    Michèle Tribalat a publié hier [31.07] dans Causeur une analyse comme toujours pertinente et documentée. Elle apporte une serie d'informations sur les questions migratoires qu'il nous paraît utile de partager avec les lecteurs de notre quotidien.  LFAR  

     

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    La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) publie tous les ans, au printemps, un rapport sur « la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie » faisant le bilan de l’année passée.

    Depuis deux ans, la stratégie de communication de la CNCDH est de livrer à la presse un résumé dans un document nommé « Les essentiels », avant une publication complète du rapport deux mois plus tard. Précédemment – c’était, à tout le moins, le cas en 2015 et 2016 – le résumé paraissait en même temps que le rapport. Ce qui donnait la possibilité à celui qui le souhaitait et en avait le temps de lire le rapport au moment où la presse traitait du sujet. Il est bien évident que, une fois le feu médiatique au moment de la sortie des « essentiels » passé, aucun média ne va remettre le couvert deux mois plus tard.

    J’ai rendu compte de la partie « enquête » du précédent rapport l’an dernier et je me suis demandé, à la lecture du nouveau, s’il était bien utile d’enfoncer le clou, au risque de se répéter beaucoup, tant les travers sont identiques, même s’ils sont évacués plus habilement. Comme l’an dernier, les chercheurs qui ont traité le sondage Ipsos sont Nonna Mayer, elle-même membre de la Commission, Guy Michelat, Vincent Tiberj et Tommaso Vitale1.

    Les cibles : victimes et coupables

    S’il n’est plus question explicitement du racisme du « groupe majoritaire », c’est bien de cela qu’il s’agit quand même. On le voit à la définition des groupes cibles et au questionnaire qui n’interroge pas les enquêtés d’origine étrangère sur leur propres préjugés qui n’ont aucune raison de ressembler en tous points à ceux des autres. Cette focalisation particulière rend certaines questions inadéquates.

    C’est par exemple le cas de celle demandant s’il est grave d’être contre le mariage d’un de ses enfants avec une personne d’origine maghrébine, quand le répondant est lui-même d’origine maghrébine.

    Il faudrait que la CNCDH joue cartes sur table.

    Si c’est le racisme des « majoritaires », (comme elle désigne ceux qui n’ont pas d’ascendant proche étranger, parent ou grand-parent) qu’elle vise, alors qu’elle élabore un échantillon de coupables potentiels de préjugés à l’égard des groupes cibles d’origine étrangère désignés explicitement dans son questionnaire.

    Sinon, qu’elle élabore un questionnaire à entrées multiples, après avoir réfléchi à quoi pourraient bien ressembler les préjugés des groupes minoritaires qu’elle désigne comme victimes potentielles à l’égard des « coupables désignés » ou d’autres groupes minoritaires. Pour cela, il faudrait un échantillon plus diversifié surreprésentant les groupes minoritaires.

    Mais qu’elle ne reste pas au milieu du gué, ce qui lui éviterait, par exemple, de conclure à propos des scores d’ethnocentrisme dont l’échelle est entièrement dédiée aux préjugés à l’égard des groupes cibles que « le fait d’avoir dans sa famille ne serait-ce qu’un parent ou grand parent étranger est un facteur d’ouverture incontestable » (p. 85).

    La représentativité de l’échantillon du baromètre de la CNCDH

    Comme précédemment, le sondage a été réalisé selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage), après stratification par région et catégorie d’agglomération, auprès de 1003 personnes âgées de 18 ans ou plus, interrogées en face-à-face du 6 au 14 novembre 2017. Un redressement par niveau de diplôme a été appliqué à l’échantillon.

    Un sondage par quotas est représentatif des variables qui ont été sélectionnées pour élaborer ces quotas. Mais rien ne garantit qu’il le soit sur d’autres critères. Avant de réaliser un entretien, l’enquêteur doit essuyer un certain nombre de refus. Ceux qui refusent sont souvent différents, au regard des variables non contrôlées par les quotas, de ceux qui acceptent.

    Ainsi, la part des individus qui ont un parent ou un grand-parent étranger a varié considérablement dans le temps : il était de 23 % en décembre 2014, de 30 % en janvier 2016 et de 37 % en octobre 2016. Pour le sondage de 2017, on trouve deux chiffres différents : 37 % page 59 et 34 % page 85 ! Le poids variable dans le temps des réponses des personnes d’origine étrangère aux différentes questions a forcément un impact sur l’interprétation des évolutions au fil du temps. Impact qui n’est jamais pris en considération par les auteurs.

    Enquête en face-à-face ou enquête en ligne ?

    La CNCDH publie une analyse comparée des caractéristiques du baromètre avec celles d’une enquête en ligne auprès d’un échantillon de taille équivalente (1000 personnes) auquel on a posé 49 questions figurant dans le baromètre (soit 60 % des questions). L’échantillon a été construit selon la même méthode que celui de l’enquête en face-à-face : quotas portant sur le sexe, l’âge et la profession de la personne de référence du ménage, après stratification par région et catégorie d’agglomération. L’enquête a été conduite à peu près sur la même période, du 6 au 13 novembre 2017.

    Le but de cette double enquête visait à repérer un « éventuel biais de désirabilité sociale », autrement dit détecter si les enquêtés répondent différemment selon qu’ils ont devant eux une personne à qui ils peuvent chercher à plaire en manipulant l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes ou selon qu’ils sont seuls devant leur écran (voir les notions d’opinion privée et d’opinion publique développées par Timur Kuran).

    Après avoir soulevé cette éventualité, nos quatre chercheurs passent en revue les différences d’échantillonnage susceptibles d’expliquer ces différences, tout en mélangeant les faits tels que les caractéristiques démographiques et les opinions telles que le positionnement politique.

    Les deux échantillons sont comparables quant aux données ayant contribué à constituer les quotas, ce qui n’a rien d’étonnant. Par contre, « l’échantillon en ligne est moins issu de la diversité » : 31 % des enquêtés en ligne ont au moins un parent ou un grand-parent étranger, contre 37 % dans l’échantillon avec enquêteur ; 6 % sont d’origine extra-européenne contre 11 % et 2 % se déclarent musulmans contre 6 %. L’échantillon en ligne fait un usage plus fréquent d’internet que celui interrogé en face à face. Il a plus souvent voyagé et vécu à l’étranger. Autant de facteurs, écrivent les chercheurs, qui « incitent à plus d’ouverture aux autres et de tolérance ». On verra ce qu’il en est.

    Le positionnement politique est évalué à partir de deux indicateurs : un auto-classement sur une échelle à sept positions et ce que les enquêtés disent avoir voté à la dernière élection présidentielle. Les enquêtés en ligne se déclarent plus souvent à droite et disent avoir voté plus souvent à droite ou à l’extrême droite, au premier tour comme au deuxième tour, que les enquêtés qui ont répondu en face-à-face.

    Mais comme l’indique le tableau ci-dessous (tableau 1.2 dans le rapport de la CNCDH page 60), les écarts dans l’échantillon en ligne par rapport aux scores réalisés par les candidats sont beaucoup plus faibles que dans l’échantillon enquêté en face-à-face.

    ©Capture d'écran micheletribalat.fr©Capture d’écran micheletribalat.fr

    La conclusion cohérente avec l’intention de départ serait celle-ci : les enquêtés, lorsqu’ils sont devant leur ordinateurs sont moins nombreux à tricher que ceux qui font face à l’enquêteur et cherchent à lui plaire en déclarant avoir voté Macron plus souvent qu’ils ne l’ont fait réellement. Le biais de désirabilité sociale recherché par ceux qui ont promu le test s’avère être nettement en faveur d’Emmanuel Macron au détriment de François Fillon en face à face, au premier tour. Ce biais de désirabilité est particulièrement net au deuxième tour quand des répondants ont déclaré avoir voté pour Emmanuel  Macron, pour ne pas avoir à dire qu’ils avaient voté pour Marine Le Pen.

    Ce n’est pourtant pas la conclusion tirée par les auteurs. Ils abandonnent un peu vite l’idée de biais de désirabilité sociale et cherchent à expliquer en quoi les enquêtés en face à face seraient réellement plus tolérants que ceux qui répondent en ligne. Les deux échantillons ne seraient pas vraiment représentatifs, chacun à leur manière, celui répondant en ligne étant plus à droite que celui qui répond en face à face. Un élément d’explication tiendrait au degré de confiance dans la nature humaine qui serait plus élevé à gauche et rendrait les personnes qui se disent de gauche plus enclines à ouvrir leur porte à l’enquêteur. Dans les deux échantillons, on a répondu à la question : « D’une manière générale, diriez-vous qu’on peut faire confiance à la plupart des gens ou qu’on n’est jamais trop prudent quand on a affaire aux autres ? » Dans les deux échantillons, ceux qui se situent à gauche sont plus enclins à déclarer qu’ils font confiance aux autres. Mais, ceux qui répondent au questionnaire en ligne sont toujours plus réservés sur la confiance à accorder à autrui : « Le niveau de confiance dans les autres est toujours plus élevé en face-à-face qu’en ligne » (p. 61). Là encore, on peut penser qu’au moins une partie de la différence s’explique par ce fameux biais de désirabilité sociale.

    Après une analyse modélisée de la probabilité de juger qu’il y a trop d’immigrés en France sur les deux échantillons réunis, les auteurs constatent qu’aux effets des variables introduites dans le modèle – on est « plus tolérant » quand on est jeune, confiant envers les autres et de gauche, etc. – s’ajoute, dans tous les cas, un effet lié au mode de passation du questionnaire. Ainsi, les détenteurs d’un diplôme au moins égal à Bac+3 sont 21% à dire qu’il y a trop d’immigrés en France à l’enquêteur qui les interroge, mais ils sont deux fois plus nombreux à dire la même chose (43 %) lorsqu’ils répondent en ligne. De même, ceux qui sont estimés les plus cosmopolites (d’après un indicateur conjuguant l’usage d’internet, les voyages et les séjours à l’étranger) sont 37 % à déclarer qu’il y a trop d’immigrés en France dans l’enquête en face-à-face, mais 62 % lorsqu’ils remplissent le questionnaire en ligne.

    Soit aucun des échantillons n’est vraiment comparable pour cause de défauts variables de représentativité, soit les mêmes ne se comportent pas de la même façon face à un enquêteur que lorsqu’ils sont face à leur ordinateur. Mais il se pourrait qu’il y ait un peu des deux. Le consentement à répondre face à un enquêteur sélectionnerait des individus d’un certain type relativement à l’acceptation de répondre à un questionnaire en ligne et la falsification des préférences, comme dirait Timur Kuran, serait plus répandue lors d’une enquête en face-à-face.

    Les auteurs concluent que « l’interrogation en ligne accroît la probabilité de donner une réponse intolérante, à âge, diplôme, sexe, orientation politique, ascendance et niveau de confiance en autrui et de cosmopolitisme constant et l’interrogation en face-à-face la réduit », sans épiloguer plus que cela sur le fait qu’on a plus tendance à falsifier ses préférences lorsqu’on dialogue avec quelqu’un qu’avec son ordinateur.

    C’est bien embarrassant. La méthode des quotas ne garantit qu’une représentativité limitée et dépend du bon vouloir des personnes sollicitées beaucoup plus que dans une enquête aléatoire, bon vouloir qui peut entraîner un biais sélectif qui varie selon le type d’entretien retenu. S’ajoute à cela la plus ou moins grande dissimulation de ses opinions selon le type de passation du questionnaire.

    Pour le reste…

    Pour le reste, le rapport de 2018 pose exactement les mêmes problèmes que celui de 2017. Rappelons-en quelques-uns :

    – Le réel ne compte pas. Pour les concepteurs de l’enquête, il n’y a pas de situation où il pourrait, par exemple, y avoir trop d’immigrés. Dire qu’il y en a trop c’est faire preuve d’intolérance en soi.

    – C’est à une évaluation morale des Français, à travers l’enquête, à laquelle se livrent les auteurs. Il y a les bonnes et les mauvaises réponses, quel que soit le réel vécu par les enquêtés.

    – La morale est du côté du multiculturalisme. S’y opposer c’est faire preuve, en soi, d’intolérance.

    – On encourage les répondants à faire ce qu’on leur reproche : avoir des jugements sommaires peu informés sur des sujets qu’ils connaissent mal, autrement dit essentialiser.

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  • Boualem Sansal : « Où va l’Europe ? ».

    Boualem Sansal. Clairefond

    Le grand écrivain algérien, réputé pour son indépendance d’esprit, et qui vit en Algérie envers et contre tout, est tourmenté par le destin du Vieux Continent. L’Union européenne ne s’assume pas comme puissance et se renie comme civilisation, juge-t-il.

    Avant de chercher cela, demandez-vous d’abord : qui la pilote ? Comme j’ai eu moi-même à le constater, vous ne tarderez guère, chers amis de là-bas, à découvrir que personne autour de vous ne le sait et ne sait même comment le trouver pour apprendre de lui ce qu’il voudra bien vous révéler : quel est son nom, qui l’a mandaté, où vous mène-t-on et s’il le sait lui-même, qu’il le dise : c’est quoi l’Europe et à quoi elle sert dans le schéma mondial dominé par l’équipe gagnante du millénaire, les onze vraies grandes puissances : les USA, la Chine, l’Allemagne, la Russie, le Royaume-Uni, Israël, la Turquie, l’Iran, le Qatar, l’Arabie, la Corée du Nord. La volonté de puissance et de domination est un cardinal essentiel de leur personnalité.

    Les questions sont ainsi, une fois lâchées, elles se hèlent les unes les autres avec une urgence fiévreuse dans le ton.

    À un certain niveau d’ignorance et de déception, on est condamné à imaginer le pire et le pire n’a pas de fin. Dans ce territoire perdu situé entre le Maroc et la Tunisie, d’où je vous adresse cette alerte, je peux vous le dire, le pire est passé par-là et n’a rien laissé derrière lui, rien. Chacun doit au moins savoir cela pour sa gouverne : c’est quoi, le pire chez lui et à quel stade il est ?

    On peut en disputer encore et encore mais à un moment il faut s’arrêter et reconnaître la réalité : l’Europe a toutes les apparences d’une chose qui n’existe pas, n’a jamais existé, comme Europe, la déesse aux grands yeux de la mythologie grecque qui lui a donné son nom. Soit dit en passant, Arès, le dieu de la guerre, eût été tout désigné pour l’accompagner, il aurait transmis un peu de vigueur aux enfants de la belle. La guerre et la gloire, il n’y a que ça de vrai et tout l’art du guerrier est de ne la faire que pour gagner, et en cas de doute quant à son issue, la rendre impossible jusqu’à ce que le vent tourne à son avantage.

    C’est rageant de s’être tant questionné pour au final se voir moins avancé qu’au départ où au moins on avait des illusions et le plaisir d’y croire.

    Oublions cette Europe, la mythique, enlevée et abusée par Zeus puis offerte en cadeau de mariage à un mortel qui n’avait rien de fameux, le roi de Crète, et l’historique, trahie par les siens et livrée au moloch de Wall Street, et regardons un peu cette chose pénible, bien réelle elle, l’Union européenne, une colonie marchande inféconde, sans peuple ni mythologie mais avec un drapeau et un hymne, des institutions dans tous les coins et des démembrements à tous les étages, le tout actionné à hue et à dia par des officiers de la coloniale insipides et arrogants : « Je vous administre de loin, je n’ai pas à venir vous visiter et manger le même pain que vous. » Avez-vous entendu cela ? Moi, si, et ça m’a rappelé un temps que les moins de 20 ans…

    Quel roi français, de Clovis Ier à de Gaulle Ier en passant par François Ier et Napoléon Ier, aurait accepté de voir pareils énergumènes venir lui en conter, l’abreuver de reproches, lui dicter des mesures drastiques et le sommer de se le tenir pour dit ? Quel roi, quelle gracieuse majesté britannique les aurait seulement reçus ? Aucun, aucune, la cruauté ne leur a jamais fait défaut, ceux-là. Dieu et mon droit, est leur foi. Les Allemands ont cédé et payé, certes, mais au seul titre des réparations imposées par les vainqueurs. Il n’est plus interdit de le penser aujourd’hui, ils n’ont payé que pour relever les économies de leurs victimes et s’enrichir de nouveau sur leurs dos. Cette nation conquérante, convertie au pacifisme stratégique, n’a jamais eu de difficultés à se faire des ennemis à envahir et à ruiner. Bon sang ne saurait mentir mais il peut jurer ses grands dieux ; la taqiya n’est pas qu’islamique. Les vainqueurs ne comprendront jamais rien aux ruses des vaincus, gagnants en dernier ressort car ils ont en main les instruments de la vengeance finale : la victimisation radicale, la persécution morale et le jugement de Dieu. Malheur aux vainqueurs ! écrivait Boris Cyrulnik.

    En poursuivant le raisonnement et en vous souvenant que mettre dans le même espace de confinement des Latins, des Germains, des Vikings, des Slaves et des Magyars, ainsi que leurs émigrés africains, maghrébins, turcs, asiatiques, vous arriverez à la même conclusion que moi, la réaction nucléaire est au programme. Faire de grandes nations ayant vocation planétaire des provinces d’arrière-pays, est-ce leur vouloir du bien ? Arrivera le jour où on jurera qu’il n’y a jamais eu ici ni Europe ni autochtones, ni rien autour, ils auront été vaporisés dans le maelstrom, laissant place libre pour d’autres occupants, d’autres histoires.

    Si on ne sait pas répondre à une question, on la prend par sa forme conjuguée, parfois ça marche. En l’occurrence, la forme conjuguée de « Où va, l’Europe ? » est « Où ne va pas, l’Europe ? ». Vu ainsi, tout devient simple, et les réponses et les mots pour les dire viennent aisément, il suffit ensuite de les inverser : faillite, régression, voie de garage, mur, dépôt de bilan, trou noir, liquidation avant fermeture, changement de propriétaire… qui sont bien les antonymes des mots en usage à Bruxelles : succès, progrès, paix et croissance, horizon lumineux, humanité heureuse, etc.

    Avant toute fin est un point qu’il importe de repérer avant de poser le pied dessus, le point de non-retour. En ce lieu d’hébétude noire, on comprend d’un bloc tout ce que nos yeux et nos oreilles avaient refusé de voir et d’entendre quand les alarmes pleuvaient et que nous avions les moyens, hérités de nos pères, d’être notre propre assureur. On périt toujours par où on a péché, la perte de la confiance en soi est un grand malheur, autant que l’octroi de sa confiance à ses associés en affaires.

    La bonne idée serait de tout changer, le bateau, le pilote et ce pauvre mythe d’une Europe heureuse dans un monde de barbares, mais parfois résoudre un problème revient à en créer un autre, plus grand, chose bien connue des bricoleurs du dimanche. Il faudrait probablement aller plus loin, repenser notre vision du monde et l’utilité de notre présence sur terre.

    En fait, le raisonnement était vicié au départ. « Où va, l’Europe ? » n’est pas vraiment une question à poser, le futur n’est pas une destination, la nation n’est pas un bateau et le pilote n’est pas une personne mais un système, une raison froide servie par des machines électriques. La question exprimerait un ressenti, une angoisse sourde qui aurait à voir avec la respiration du peuple, les vibrations du sol, le comportement étrange des animaux, le climat qui chiffonne les cœurs.

    L’inversion des pôles est en chemin, il faut le savoir. L’hyper organisation écrase l’humain en tant qu’individu en ses divers âges, en tant que couple, groupe, communauté, nation, et fatalement bride la vie et l’éteint, elle ne connaît que des catégories juridico-administratives : employés, consommateurs, entrepreneurs, foyers fiscaux, migrants, retraités, LGBT, chômeurs détachés, autres… des gens à la base c’est sûr mais beaucoup ne le savent pas, le lavage de cerveau les a aseptisés, ils croient être des numéros de sécurité sociale, des codes secrets tatoués sur disque dur, des émoticônes sur lesquels il faut cliquer pour avoir du son.

    Les rebelles devront travailler dur pour ne pas se laisser voler leur âme et leur pays. L’Europe n’existe pas mais rien n’interdit d’en rêver, de la bâtir aussi mais comme jadis on construisait une maison commune au centre du village, avec de bons matériaux et des sentiments qui ont cristallisé sur des siècles, la fraternité, la confiance, le respect, pas à coups de traités qui ne sont que la traduction de rapports de force vulgaires et de programmes ad hoc qui fabriquent des assistés compulsifs et des ayants droit condamnés à faire le pied de grue devant les guichets des administrations, ce que nos États respectifs font déjà très bien pour notre malheur et celui de nos enfants. « Orwell, au secours, ils remettent ça ! », a-t-on envie de crier.

    Une suggestion avant le point de non-retour ? Oui, démantelez l’UE, vaccinez ses chantres, décontaminez les lieux, lancez des programmes de réinsertion de ses fonctionnaires dans la vraie vie, et le reste viendra de lui-même, la raison reprendra du service, on se souviendra qu’à part les grands rois, les religions en leur début et d’immenses batailles qui ont fait trembler la terre des décennies durant et fait couler des torrents de sang, personne au monde ne sait comment on fabrique des peuples et comment on les accouple pour engendrer un peuple nouveau, supérieur en nombre et en volonté, donc dangereux pour les voisins.

    Il faut se donner le temps de méditer la lamentable machination qui a fabriqué le monde dit arabe et l’a chargé d’un messianisme hors sujet, à partir de peuples modestes, sans ambition aucune, berbères, égyptiens, irakiens, syriens, libanais, palestiniens, yéménites, jordaniens, saoudiens, koweïtiens, omanais, qataris, ayant chacun son identité et son histoire bimillénaire. Ils sont aujourd’hui 430 millions d’Arabes pris dans une fiction apocalyptique, conçue pour eux par… oui par qui ? Ils naissent sous X, vivent sous X et meurent sous X. Alors, bientôt des Européens sous Y… ou sous US-Woke ?

    À part continuer de s’entretuer à l’aveuglette, sous le regard ombrageux de la Ligue arabe et celui très vigilant de la Ligue islamique, on voit mal ce qu’ils pourraient faire pour se libérer du sortilège et retrouver leurs identités et leurs souvenirs d’avant la conversion cataclysmique.

    Pour le moment, Dieu merci, les Français et leurs petits voisins, belges, italiens, suédois, espagnols, etc., savent encore à peu près qui ils sont et de quoi est fait leur pain quotidien mais savent-ils ce qu’ils seront – comment le sauraient-ils avec si peu de mémoire – lorsque l’Europe conjuguée sera arrivée à destination ?

     
     
    *Auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages, Boualem Sansal a été révélé par « Le Serment des barbares » (Gallimard, 1999) et a ensuite publié, notamment, « Le Village de l’Allemand ou Le Journal des frères Schiller » (Gallimard, 2008), couronné par quatre prix, « 2084. La Fin du monde » (Gallimard, 2015), grand prix du roman de l’Académie française, et « Le Train d’Erligen ou La Métamorphose de Dieu » (Gallimard, 2019). Dernier roman paru : « Abraham ou La Cinquième alliance » (Gallimard, coll. « Blanche », 2020, 288 p., 21 €).
     
    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/
  • Jean-Michel Quatrepoint : « Trump et Sanders, la revanche de l'Amérique sur Wall Street »

     

    La réflexion de Jean-Michel Quatrepoint est toujours intéressante, libre de l'idéologie dominante, réaliste à la maurrassienne. Comment expliquer le succès de Donald Trump et la résistance de Bernie Sanders dans la course à l'investiture présidentielle ? C'est la question à laquelle Jean-Michel Quatrepoint répond ici pour Figarovox [18.03]. Pour lui, Trump et Sanders sont les candidats anti-establishment qui portent les rancœurs et les revendications des classes moyennes étatsuniennes. Et ils sont les archétypes de cette réaction antisystème, de ce retour des nationalismes et des cultures qui parcourt le monde en ce moment et s'oppose au modèle d'un univers globalisé, indifférencié qu'annonçait la doxa. Quels que soient les défauts et les qualités des hommes, cette évolution, pour nous positive, n'échappera pas à ceux qui comme nous sont, pour la France, patriotes et, dans notre cas, royalistes.  LFAR

     

    4163199303.jpgComment expliquer le succès fulgurant de Donald Trump dans les primaires républicaines ?

    Donald Trump et Bernie Sanders, de même que Jeremy Corbyn et l'UKIP en Grande-Bretagne, l'AfD et Die Linke en Allemagne, ou encore le Front national et le Front de gauche en France, en incluant Dupont-Aignan, expriment la voix des classes moyennes paupérisées qui estiment que le système économique actuel les met dans une impasse. Au lieu de se concentrer sur les cheveux de Trump, son aspect bateleur et ses provocations verbales, il faudrait plutôt comprendre les raisons profondes de son succès. La montée des «populistes», comme on les qualifie non sans un certain dédain, est la manifestation de l'échec patent de ceux qui gouvernent et du modèle économique dominant depuis un quart de siècle.

    Trump est un mélange de Jean-Marie Le Pen et de Bernard Tapie: Le Pen, car il est dans la transgression ; il dit ce que plus personne n'osait dire. Tapie, car il n'est pas du sérail politique, et que c'est un meneur d'hommes et un entrepreneur… controversé. Comme Tapie, Trump sait parfaitement utiliser ses qualités de showman et son rapport à la télévision. Tapie s'est fait laminer par un système qui ne voulait pas de lui, parce qu'il n'était pas du sérail. Le Pen ne voulait pas du pouvoir, les gens au pouvoir lui ont laissé son fonds de commerce, car ainsi il ne les menaçait pas.

    Au lieu de pousser des cris d'orfraie sur la vulgarité et les saillies de Trump, il conviendrait de s'interroger sur les mécanismes profonds qui l'ont poussé à se présenter à l'investiture républicaine. L'une des motivations de Trump est sa volonté de revanche sur un système qui l'a humilié et exclu. En 2011, Barack Obama, lors du grand dîner des correspondants de la Maison-Blanche, s'était moqué de lui, en sa présence, provoquant l'hilarité de tous les participants. Par la suite, il a été humilié par l'establishment du parti républicain. En 2012, il a soutenu Mitt Romney. Il voulait jouer un rôle politique important dans sa campagne ; finalement, il a été cantonné à un rôle d'apporteur de capitaux. Il se présente aujourd'hui à un moment où l'Amérique profonde est en plein désarroi.

    Côté démocrate, la victoire du «système» incarné par Hillary Clinton apparaît très probable…

    La base démocrate est pour l'heure très divisée. La victoire d'Hillary Clinton est probable, mais pas aussi spectaculaire qu'on ne le dit. Une partie de la base, jeunes en tête, soutient fermement Bernie Sanders, dont les combats sont populaires à commencer par celui contre la cherté des études supérieures et l'endettement étudiant. Pour eux, Hillary Clinton est l'incarnation de l'establishment.

    Trump et Sanders sont les candidats anti-establishment qui portent les rancœurs et les revendications des classes moyennes, plutôt blanches de la middle-working class, encore majoritaire aux Etats-Unis.

    Chez les républicains, en quoi le programme de Trump tranche-t-il avec celui d'un Romney ou d'un Bush ?

    Le parti républicain traditionnel n'avait pas de candidat qui s'imposait ; Marco Rubio s'est effondré et Ted Cruz, dans la mouvance religieuse évangéliste, est beaucoup plus droitier et conservateur que Trump. La base du parti républicain, les dégoûtés des partis politique et les indépendants qui vont voter dans les caucus et les primaires se déplacent pour protester contre le système en place.

    Paul Krugman, un démocrate, prix Nobel d'économie, a jugé dans le New York Times, le 7 septembre 2015, que le programme économique de Trump méritait l'attention. Outre le fait qu'il prévoit le maintien de l'« Obamacare », son programme est loin d'être conforme au conservatisme républicain. Notamment pour la fiscalité. Ainsi il veut s'attaquer au carried interest, une niche fiscale qui taxait les profits sur plus-values financières à seulement 15%. Les fonds d'investissement se sont développés à partir du carried interest, et une partie de l'establishment, à commencer par Mitt Romney, a ainsi accumulé des fortunes en payant le minimum d'impôts et en fermant et démantelant le maximum d'usines. Trump prône des mesures protectionnistes, et s'oppose aux traités de libre-échange (le traité transpacifique, signé mais pas encore appliqué, et le traité transatlantique, en cours de négociations).

    L'argument principal des anti-Trump repose sur l'idée que s'il accède au pouvoir, ce sera la guerre civile aux Etats-Unis. Mais il va mettre de l'eau dans son vin, notamment vis-à-vis des hispaniques. En réalité, il renoue avec l'isolationnisme traditionnellement ancré dans le parti républicain jusqu'au tournant de la Deuxième guerre mondiale. Sa vision du monde n'est pas unipolaire mais multipolaire ; son slogan « Make America great again » est concentré davantage sur la situation socio-économique interne du pays que sur son implication dans les affaires du monde. S'il est élu, il devrait renouer avec une politique extérieure réaliste, pragmatique et non messianique, à la différence de Clinton.

    S'agit-il d'une remise en cause intégrale d'un développement disproportionné du capitalisme et du libre-échange ?

    Depuis un quart de siècle le libre-échange a été érigé en dogme. Avec un ajustement salarial et social qui a d'abord pesé sur les classes populaires puis sur les classes moyennes qui en ressentent une angoisse croissante. Le triple dumping social, fiscal et environnemental a grippé le traditionnel ascenseur social. Elles vivent dans la peur du déclassement, de la précarité, puis de la pauvreté, pour eux-mêmes ou pour leurs enfants. Avec en parallèle, une montée des inégalités ; les classes moyennes ont été appauvries et l'infime classe des très riches s'est enrichie. Et cela commence à se voir.

    Dans la première partie du vingtième siècle, à l'époque du fordisme, puis pendant les Trente glorieuses, il existait une possibilité d'enrichissement des travailleurs. C'était le rêve américain et en France le rêve républicain. Aujourd'hui, cela apparaît impossible: le modèle économique n'est plus attractif. C'est dû à la globalisation et surtout aux délocalisations avec, hier, cette alliance contre nature entre le PCC, Wall Street et Walmart. Entre 2001 et 2013, les importations de produits chinois par Walmart ont coûté aux Etats-Unis 400 000 emplois, la plupart dans l'industrie manufacturière. Au total, 3,2 millions d'emplois ont disparu ces années-là, dans l'industrie manufacturière. Des délocalisations massives qui se sont conjuguées avec l'irruption du numérique, cette troisième révolution industrielle qui accroît les inégalités, le stress et les transformations massives d'emplois protégés jusqu'alors (parmi lesquels les plus célèbres sont les taxis). L'« iconomie»  met en concurrence tous les secteurs d'activité. L'immigration en provenance de pays pauvres aux salaires plus bas fait partie de ce phénomène de dumping social. D'où les réactions de ces classes moyennes qui voient peu à peu tous leurs avantages disparaître.

    Pourquoi Hillary Clinton incarne-t-elle autant l'establishment politique étasunien ?

    Hillary Clinton, et son mari avant elle, font partie d'un système entièrement lié au système financier américain. Sur le plan de la politique étrangère, elle est un faucon néoconservateur. Elle est très hostile à la Russie - il ne serait pas improbable qu'elle engage une lutte armée contre la Russie avec l'OTAN - alors que Trump souhaite trouver un accord avec Poutine. Elle poussera le traité transatlantique dans le sens des avantages aux multinationales américaines, dont elle est une représentante. Quand on additionne les conférences payantes auxquelles Bill et Hillary Clinton ont participé en quinze ans, on arrive à 125 millions de dollars. La Fondation Clinton a noué des relations très lucratives avec le Qatar, Oman, l'Arabie saoudite. Ou encore avec des oligarques russes pour le rachat de mines d'uranium (Uranium One) au Canada, comme l'a montré une enquête très fouillée du New York Times.

    Le système de financement électoral américain favorise-t-il, compte tenu du rejet populaire qu'il suscite, un Trump qui, lui, n'en profite pas ?

    La démocratie américaine est limitée, et sa limite, c'est le système de financement des élections. À plus forte raison quand les financements sont déplafonnés, souvent d'ailleurs pour payer de gigantesques campagnes de démolition de l'adversaire, plutôt que pour promouvoir ses propres idées. Obama avait réussi à contourner ce système en 2008, en s'appuyant sur de petits donateurs privés, comme Sanders aujourd'hui. Trump a réussi à court-circuiter la machine à financements, car il est auto-suffisant. Il ne dépend de personne, et c'est pour ça que beaucoup d'Américains le soutiennent. C'est la seule manière d'élire quelqu'un qui ne soit pas corrompu et qui ne dépende de personne, d'aucun gros donateur, d'aucun lobby. Comment Hillary Clinton peut-elle être indépendante de Goldman Sachs quand cette banque est l'un des principaux contributeurs du financement de sa campagne ?

    Quelles sont les similitudes avec la situation française ?

    L'UMPS français est l'équivalent du gros axe républicain-démocrate américain. Aux Etats-Unis, les républicains penchent davantage vers le «big business» (grosses entreprises traditionnelles) et les démocrates vers Wall Street (sociétés financières). Pour les électeurs de Trump et Sanders, ces partis se soucient des milieux d'affaires, mais ne s'occupent pas des classes moyennes paupérisées.

    En France, le FN a beaucoup plus percé que le Front de gauche car il s'est approprié une part des revendications sociales autrefois portées par la gauche de la gauche, et a attiré à lui les «petits blancs», la white middle working class qui n'est pas, n'est plus, dans ces grandes métropoles qui se distinguent particulièrement du reste du territoire: le désert français, ou l'Amérique profonde. Les habitants des périphéries sont peut-être mal considérés par l'élite métropolitaine, mais s'expriment par leur vote. Après avoir essayé droite et gauche, et devant l'aggravation de leur situation, ils veulent tenter autre chose. C'est Trump outre-Atlantique, c'est le FN en France.

    Quelles sont les principales différences entre la situation aux Etats-Unis et celle en France ?

    Trump a pris tout monde par surprise, alors que cela fait quarante ans que le FN est installé dans le paysage médiatique et politique. Ses dérapages verbaux ne le desservent pas. Au contraire, ils le font monter dans les sondages. Ses soutiens se disent: «enfin quelqu'un qui parle notre langue et qui nous défend!». Mais il n'a pas gagné, car l'Establishment, le « Big Business », fera tout pour l'abattre. Tout comme le système fait tout pour abattre les Le Pen, dès lors que la fille, contrairement à son père, veut vraiment accéder au pouvoir.

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste . Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir. Il est membre du Comité Orwell.

    Dans son livre, Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maîtres sur la mondialisation.

    Son dernier livre, Alstom, scandale d'Etat - dernière liquidation de l'industrie française, est paru en septembre 2015 aux éditions Fayard.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières            

  • PRÉSIDENTIELLE : LA PREUVE PAR NEUF DE L'HYPOCRISIE DU SYSTÈME

     

    Par Yves MOREL

    Plus qu'aucune autre sans doute, l'actuelle campagne présidentielle met en pleine lumière l'hypocrisie de notre système politique.

     

    L'Etat-PS cherche à se prolonger par la fausse alternative Macron

    Considérons tout d'abord la situation singulière du candidat socialiste et la profonde division de son parti. Benoît Hamon — personnalité on ne peut plus insignifiante, soit dit au passage — a été élu en novembre dernier, par les adhérents et sympathisants du PS, candidat de ce dernier à l'élection présidentielle. Et ce, à la faveur d'une « primaire » expressément conçue pour permettre au bon peuple de gauche de désigner lui-même ce candidat, et qui obligeait les élus et les cadres du parti socialiste à soutenir ce candidat.

    Or, à quoi assistons-nous ? A son lâchage général et sans vergogne par tous les caciques du PS, de Manuel Valls à Jean-Yves Le Driant en passant par Gérard Collomb, Bertrand Delanoé, et une palanquée d'autres, qui se rallient à Emmanuel Macron, dont ils supputent la victoire, en lequel ils voient le continuateur de leur politique, et dont ils espèrent obtenir quelque portefeuille ou autre gratification. Jamais on n'avait vu un candidat à l'élection présidentielle trahi par tous les notables de son parti, et ce au mépris de la base militante et du suffrage populaire. Les notables du PS nous donnent la preuve éclatante de leur mépris total du suffrage universel, théoriquement socle de la démocratie républicaine. Avec le plus profond cynisme, ils jettent aux orties leurs grands principes démocratiques et décident seuls, en fonction non de l'intérêt général, mais, en premier lieu de leurs intérêts de politiciens en quête de prébendes (ou soucieux de les conserver), en second lieu, de leurs propres conceptions de ce que doit être ou rester la France : une nation émasculée, puisqu'amputée officiellement de sa souveraineté et enchaînée à une Europe technobureaucratique néolibérale, mondialiste, multi-culturaliste, moralement décadente et pervertie, assise sur l'idéologie des droits de l'homme, de la femme et du mouflet. Et, dès lors que François Hollande ne peut ni ne souhaite solliciter le renouvellement de son mandat, et que Manuel Valls a été récusé par la base du PS, il ne reste d'autre solution que de se rabattre sur Emmanuel Macron, ex-socialiste, ex-ministre de l'Economie de Hollande, ex-cadre dirigeant de la banque Rotschild, pour continuer, avec quelques modifications, la politique du quinquennat qui s'achève.

    La gauche, maîtresse absolue de la vie de la nation

    Et là réside le secret (de Polichinelle, du reste) de notre république. Quoique théoriquement souverain, le peuple ne décide pas de son destin et ne choisit pas ses dirigeants. Ce sont la classe politique et les lobbies idéologiques, économiques et financiers, qui décident, et eux seuls. Ainsi que l'avait démontré Augustin Cochin, il y a un siècle, à propos des sociétés de pensée et des clubs révolutionnaires, le peuple n'intervient que pour approuver, pour plébisciter une politique conçue et décidée en dehors de lui, dont il ignore presque tout et à laquelle il ne comprend rien (et dont il est toujours — et fatalement — déçu). Cela n'est que trop connu, et aussi vieux que la démocratie elle-même.

    Mais la présente campagne présidentielle présente une caractéristique nouvelle... et inquiétante. Il s'agit d'une évolution préoccupante, consistant dans le fait que la gauche — celle du PS, des lobbies, des clubs de réflexion et autres thinks tanks — interdit désormais toute alternance. A vrai dire, ce n'est pas aussi nouveau que cela, nous exagérons un peu. Car la gauche a toujours gouverné ce pays, fût-elle dans l'opposition. Elle a toujours imposé ses idées et ses réformes, même aux régimes et gouvernements de droite, et ce depuis la Révolution française. Les progrès de sa domination des esprits et de la vie politique ont été constants. Après la Révolution, les grandes étapes en ont été la IIe République (1848), l'Empire libéral (1866-1870), la conquête des institutions de la Ille République par les républicains (1879), la marginalisation définitive de la droite intellectuelle et politique à partir de 1945, la subversion morale de 1968, et la conquête du pouvoir par les socialistes (1981). Alors qu'elle se trouvait encore dans l'opposition, à la fin des années 70, la gauche affirmait haut et fort son intention de créer, une fois au pouvoir, « une situation irréversible », c'est-à-dire caractérisée par l'impossibilité, pour la droite, de revenir sur ses réformes et son oeuvre de subversion morale et sociale lorsqu'elle reconquerrait le pouvoir par la grâce du suffrage universel. Ce n'était pas là paroles en l'air. En effet, depuis 1981, aucun des présidents et gouvernements de droite que nous avons connus, ne sont revenus sur les « conquêtes » de la gauche, que ce soit en matière politique, économique et sociale. Sous peine de se voir vilipendée comme réactionnaire et confrontée à des manifestations quasi insurrectionnelles, la droite au pouvoir a dû renoncer à toutes ses velléités de mettre en oeuvre sa propre politique, et se résigner à conserver les « acquis » octroyés par ses adversaires, en raison de l' « effet cliquet » qui interdirait tout retour en arrière au nom des droits et des libertés garantis par la Constitution, droits et libertés ne pouvant évoluer que dans le sens d'une extension continue. C'est « l'effet cliquet » : une superstition fabriquée pour garantir les positions avancées de la gauche et tenir lieu d'alibi à toutes les lâchetés de la droite. Désormais, cette dernière n'était autorisée à revenir au pouvoir (le temps d'une législature, puis d'un quinquennat) que pour donner l'illusion d'une véritable possibilité de changement, pour donner à une gauche fatiguée et en difficulté le temps de pause nécessaire pour se mettre au vert et se requinquer, avant de revenir aux affaires. La droite devait se contenter de ce rôle de dupe et de faire-valoir démocratique qui la condamnait à l'inaction, à l'impuissance et à la défaite au nom de son adhésion aux « valeurs de la République », autrement dit aux valeurs de la gauche.

    La présente campagne présidentielle nous donne l'occasion de vérifier l'exactitude de notre assertion. Pourquoi la gauche, à l'Elysée, à Matignon, à la Chancellerie, parmi les « poids lourds » du PS, dans les journaux et autres médias, au sein de l'intelligentsia, s'acharne-t-elle contre François Fillon, le candidat de « Les Républicains » à l'élection suprême ? Tout simplement parce que, tel qu'il se présente depuis sa campagne des « primaires » de novembre dernier, il apparaît comme celui qui entend rompre totalement avec l'orientation générale de gauche imprimée par le PS et ses satellites (PRG, EELV) à la politique française depuis 1981. Certes, il y a loin des paroles aux actes, des programmes à leur réalisation (c'est la règle, dans notre belle démocratie), et on peut gager qu'en cas de victoire en mai prochain, Fillon au pouvoir ne réalisera pas le tiers de son projet. Mais enfin, il se présente sous ce jour, et la gauche ne se sent pas rassurée car elle sait qu'il aura les coudées franches au Parlement (en cas de nette victoire), à défaut de les avoir dans la rue, et elle connaît sa détermination (attestée par ses passages aux Affaires sociales, à l'Education nationale et à Matignon). Elle redoute donc d'avoir non plus un faux adversaire en carton pâte, mais un ennemi résolu à défaire ce qu'elle a fait ; et sa réputation de conservateur catholique achève de nourrir l'inquiétude. Ce n'est pas qu'elle tienne absolument aux « conquêtes sociales » des « travailleurs » : elle-même n'a pas hésité à les rogner dans le passé (avec Bérégovoy) et plus récemment (avec Valls et la « loi Travail »). Mais elle s'estime seule qualifiée pour le faire, et elle entend le faire non suivant une orientation conservatrice, mais dans le cadre du mondialisme néolibéral et de son corollaire, la subversion des moeurs et de la société (loi Taubira, théorie du genre, réformes Vallaud-Belkacem en éducation).

    Aussi s'emploie-t-elle à barrer la route de l'Elysée à FilIon. Et, puisque Hollande, Valls et consorts sont décriés et incapables de rester au pouvoir, et puisque, par ailleurs, Hamon ne convainc personne, elle jette son dévolu sur Macron, qui fut l'un de siens et qui apparaît comme le mieux à même de poursuivre sa politique. Si Macron n'avait pas existé, elle se serait doucement résignée à voir un Juppé entrer à l'Elysée ; ce dernier aurait géré mollement le pays sans écorner les acquis de la gauche ; mais les électeurs de droite lui ont préféré Fillon.

    Ainsi donc, ce que nous montre cette campagne électorale, avec une lumière plus crue que d'habitude, avec une évidence criante, c'est que c'est la gauche qui commande, lors même qu'elle est discréditée dans l'opinion et désavouée par le suffrage universel. C'est elle, qui adoube ou tolère le candidat de la « droite républicaine » à la présidence de la République, conçu pour assurer un simple intérim.

    L'illusion Le Pen

    Mais, dira-t-on, quid de la probabilité de l'élection de Marine Le Pen ? Vétille ! La présidente du FN ne peut accéder au pouvoir : présente au second tour de la présidentielle, elle se briserait contre le mur d'airain du « front républicain ». Lors même qu'elle serait élue, le gouvernement qu'alors elle nommerait ne parviendrait jamais à réunir une majorité parlementaire pour le soutenir et voter ses lois.

    Notre classe politique le sait, mais brandit l'épouvantail du « danger lepéniste », garant de la docilité de l'électorat. Les électeurs peuvent très théoriquement porter Marine Le Pen au pouvoir, mais celle-ci, à peine élue, serait frappée d'impuissance et contrainte à la démission.

    Le procès de la République

    En résumé, cette campagne présidentielle se présente comme aussi surréaliste et démentielle que cynique. Nos compatriotes vomissent Hollande, Valls et le PS, mais ils sont condamnés à l'avènement d'un président qui sera leur continuateur, et ce malgré la liberté du suffrage. Jamais la preuve de l'hypocrisie de notre système démocratique n'a été à ce point administrée. Du plombage de la candidature de Fillon à l'élection non certaine mais fort probable de Macron, tout, dans cette campagne, nous montre que ce n'est pas le peuple, théoriquement souverain, qui gouverne, mais la camarilla politicienne. Augustin Cochin, antirépublicain, l'avait compris il y a cent ans, et ses analyses furent confirmées, il y a quarante ans, par François Furet, républicain et homme du système, et par les très nombreux et convaincants éditoriaux d'Hilaire de Crémiers, dans Politique magazine. Cette campagne présidentielle, c'est le procès de la République.

    Repris du n°48 de Restauration Nationale

  • La République du 49.3., par Jean-Philippe Chauvin.

    Ainsi, nous y sommes : le premier ministre qui, en d’autres temps (ceux de son opposition au pouvoir hollandiste), dénonçait le recours gouvernemental à l’article 49.3, en use à son tour, non pour faire taire une quelconque contestation au cœur de sa majorité parlementaire (ce qui, en somme, était l’argument rituel d’usage de ce fameux article), mais pour contourner les débats parlementaires et, surtout, abréger le temps qui leur était nécessaire, selon les us et coutumes de la démocratie représentative. Le gouvernement n’a jamais caché qu’il entendait en finir avec la première lecture de la réforme des retraites avant les élections municipales qui, si l’on en croit les études d’opinion, s’annoncent piteuses pour le parti présidentiel : et la cause est entendue, à défaut que ce soit les syndicats ou les professions organisées comme celle des avocats, plus que sceptiques à l’égard d’une loi spoliatrice de leur caisse autonome de retraites, véritable « patrimoine corporatif ».

    jean philippe chauvin.jpgQue nous apprend cet épisode de la vie politique française ? Sans doute que la dyarchie républicaine fondée sur le tandem président de la République-premier ministre fonctionne mieux que la démocratie parlementaire elle-même, cantonnée à un rôle d’acceptation plus que de décision proprement dit, sauf en cas de proposition de loi déposée par un député et votée par la majorité de ses collègues, du moins quand le gouvernement ne fait pas savoir qu’il s’y oppose... Sous la Troisième et Quatrième Républiques, la discipline partisane de vote était, sans doute, moins contraignante, hormis pour les partis « durs » souvent partisans d’un régime qui ne l’était pas moins, comme le Parti Communiste par exemple. Mais il n’est pas certain que, si la liberté des parlementaires paraissait mieux assurée (ce qui reste tout de même à confirmer), la liberté des citoyens et l’autorité de l’Etat étaient mieux reconnues et assumées… Et l’antiparlementarisme virulent en ces deux régimes avait sans conteste quelques bonnes raisons d’exister, au moins autant que de mauvaises, selon les périodes et les cas ! Les scandales de Panama ou Stavisky, d’ailleurs, jetaient dans les rues de Paris des foules de manifestants qui rêvaient de faire un mauvais sort à une République qui semblait, à travers ceux qui étaient censés en être les législateurs, éminemment corrompue et corruptrice, et qui paraissait priver l’Etat de toute indépendance à l’égard d’un « pays légal » dominé par de sombres officines et d’illusoires vertus… Bien sûr, la réalité était-elle sans doute moins simpliste mais il n’en demeurait pas moins que l’Etat était faible, trop faible et méprisé quand il aurait fallu, au regard des enjeux du moment, un Etat solide, crédible et capable d’autorité sans despotisme : à bien y regarder, la République était forte quand l’Etat, et en particulier sa magistrature suprême, était faible et soumis aux groupes de pression, féodalités si bien dénoncées par Bernanos ou par Gabin dans une scène d’anthologie du film « Le Président » tiré du livre de Georges Simenon, lui-même plutôt réservé à l’égard du parlementarisme… L’Etat n’était que le desservant des féodalités, et non « le maître » qu’il affirmait être, et c’était l’Administration, phagocytée par les républicains depuis la fin des années 1870, qui semblait commander, sans faire grand cas ni des libertés provinciales ni des citoyens eux-mêmes, considérés sous le seul angle des électeurs qu’ils étaient par la grâce du suffrage universel : au sein de ces Républiques, l’alternance pouvait exister entre Droite et Gauche (ou ce que nous nommons ainsi aujourd’hui), mais non l’alternative, en particulier royale, qui était interdite comme le soulignait la loi d’exil de 1886, votée pour éloigner les descendants des familles ayant régné sur la France de la terre même d’un pays construit par leurs ancêtres ! Et les débats autour de la levée de cette loi d’exil, à la veille de 1950, montrent encore combien la représentation parlementaire de la Quatrième République, en ses franges « républicaines auto-proclamées », craignait que ce retour d’une famille royale soit l’annonce d’une restauration monarchique, pourtant devenue beaucoup moins assurée qu’avant 1914.

     

    La Cinquième République, malgré tous ses défauts, a sorti l’Etat de sa dépendance à l’égard des baronnies parlementaires, et le « pays légal » s’en est trouvé transformé et privé, en partie, de son pouvoir d’influence et de nuisance sur l’Etat et sa magistrature suprême : la personnalité et la doctrine de son fondateur n’y sont évidemment pas pour rien. Mais, tout en restaurant l’éminente dignité de l’Etat, dans une perspective à la fois capétienne et « res-publicaine », il n’a pas résolu vraiment, au-delà de son règne, la question de la continuité de sa magistrature suprême, et de sa nécessaire conjugaison avec l’exercice des libertés publiques et « sociales » (au sens des rapports sociaux dans les différents cadres « communautaires », de la famille à la nation) : il a manqué à sa « monarchie républicaine » (dont j’ai déjà évoqué plus haut l’aspect dyarchique, plus ou moins prononcé selon la personnalité des intéressés) la part royale qui aurait pu lui permettre de fonder un nouveau pacte socio-politique. Non qu’il n’y ait pas pensé, mais parce qu’il a manqué à sa « régence » l’aboutissement royal qu’aurait pu incarner le comte de Paris de l’époque. Tout comme, faute de temps et de soutien, il n’a pu mener à leur terme les deux grands projets qui lui tenaient à cœur, la participation et la régionalisation, projets éminemment social et corporatif pour l’un, éminemment décentralisateur et « maurrassien » pour l’autre. La République ne lui a pas permis cet « accomplissement », et une fois son successeur à son tour enterré, elle a repris son cours plus politicien que politique, malgré quelques aspects persistants que d’aucuns qualifieront désormais de « gaulliens ».

     

    Il est fort possible que cet « inaboutissement » de la Cinquième République version « de Gaulle » explique, au moins en partie, les blocages actuels qui, en définitive, ne sont pas inédits, Michel Rocard étant, je crois, celui qui a le plus usé (donc abusé ?) de l’article 49.3 durant son primo-ministériat, et cela pour éviter que sa propre majorité ne lui fasse défaut : il est vrai que la perspective d’une dissolution de l’assemblée nationale par le président en cas de renversement du gouvernement n’était pas (et n’est toujours pas, dans le « nouveau monde » macronien) vraiment pour plaire aux députés, plus attachés à leur siège qu’à leurs principes. Cette « sainte frousse », toute laïque qu’elle soit, a sauvé plus d’une fois des gouvernements très critiqués par ceux-là mêmes qui, 49.3 oblige, ne se risquaient pas néanmoins à tenter le diable de la dissolution… « Démocrates, mais pas trop », en somme !

    Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui l’usage du 49.3 témoigne de l’impuissance et de la morgue d’une République qui ne sait plus trouver les mots pour apaiser le « pays syndical » mais aussi et surtout le « pays réel » dont la couleur fluo fut, l’an dernier, la couleur de ralliement et de révolte. Sa proclamation à la tribune de l’assemblée nationale, en un samedi de mobilisation contre le coronavirus, paraît plus que maladroite : méprisante ! Si les députés de M. Mélenchon ont plutôt mal joué une obstruction qui a agacé plus qu’elle n’a convaincu les Français, le gouvernement, lui, nous a rappelé que la République contemporaine n’aime pas, et pas plus que les précédentes, la contradiction politique à l’assemblée ni le désaveu populaire qui, d’ailleurs, ne sait plus très bien comment s’exprimer pour se faire, au moins, entendre !

     

    Cette affaire, qui va énerver et diviser un peu plus une opinion publique déjà bien écorchée, montre que la République, désormais, n’est pas totalement crédible quand elle parle et se targue de démocratie tout en fuyant le rappel aux urnes ! Sans doute est-il temps de repenser les rapports entre la représentation politique et l’autorité de l’Etat, par une meilleure organisation des communautés et des pouvoirs politiques des « pays réels » qui « sont » la France au sens « res-publicain » du terme : cela passe par l’instauration d’un Etat qui ne doive rien aux « combinaisons et arrangements » du pays légal et dont l’indépendance « par nature et par statut » autorise une organisation que l’on pourrait qualifier de « fédérative des peuples et pays de France ». Une assemblée des « nations » de France, sans forcément écarter complètement la possibilité d’un 49.3 ou d’un équivalent moins brutal, permettrait d’en faire, le plus souvent, l’économie, quand une magistrature suprême de l’Etat, royale, assurerait l’incarnation de l’unité française aujourd’hui bien malmenée et trouverait d’autres conditions de relations entre citoyens, pouvoirs locaux et institutions nationales : en somme, remettre de l’huile dans les rouages d’une France aujourd’hui grinçante par la faute d’une République oublieuse des devoirs politiques et sociaux qui s’imposent à tout Etat digne de ce nom et de ses fonctions symboliques comme pratiques…

  • Sur le blog de Michel Onfray : des nouvelles de Radio-Paris.

    Je ne sais où en est le journalisme français dans le classement international mais, avec l’épidémie de coronavirus, il me semble qu’il doit maintenant bientôt faire jeu égal avec celui de la Corée du nord…

    Reporter sans frontière a donné un classement mondial de la liberté de la presse en 2019: la France était déjà trente-deuxième et l’on trouvait, avant elle, hors pays européens, la Jamaïque (8ème), le Costa-Rica (10 ème), l’Uruguay (19 ème), le Surinam (20 ème), Samoa (22 ème), la Namibie (23 ème), le Cap-Vert (25 ème), le Ghana ( 27 ème) et, juste avant, l’Afrique du sud (32 ème). C’est dire l’état de la démocratie française!

    Le récent discours du président de la République a été vu par trente sept millions de téléspectateurs. Chacun aura pu mesurer l’indigence d’une prise de parole de presque une demi-heure dans laquelle l’information majeure était que le confinement, si les citoyens ont d’ici là été sages et soumis, et non si le gouvernement s’est montré intelligent et performant, pourrait être levé le 11 mai. En dehors de cela, du vent, de la bise, du zéphyr, de l’aquilon, de l’autan, du mistral, comme il en soufflait sur les tréteaux du théâtre scolaire de madame Trogneux. Mais, pitoyable jusqu’au bout, ce vent était même un faux fabriqué par les ventilateurs de communicants. Tiens d’ailleurs, puisque je parle de ventilateurs communicationnels, où est donc passée Sibeth Ndiaye depuis sa sortie sur les profs qui ne fichent rien depuis qu’ils sont confinés et feraient mieux d’aller ramasser les gariguettes chez les maraîchers?
     

    J’ai regardé le monologue présidentiel sur BFMTV. Mais comme il n’y avait rien à dire sur ce qu’il a feint de dire, je me suis dit que le plus intéressant serait de me demander comment les journalistes présents sur le plateau toute la soirée (!) qui a suivi allaient bien pouvoir commenter ce courant d’air verbal.
     

    J’ai cru avoir changé de chaîne avec une fesse distraite qui aurait écrasé ma télécommande et m’aurait redirigé vers Groland. Car, assistant à ce que dans les écoles de journalisme on nomme le débriefing, et qu’on devrait bien plus tôt nommer l’enfonçage de clou, ou bien encore, avec un terme plus adéquat encore la propagande, je me suis demandé si je n’étais pas sur une soirée «spécial 1er avril».

    Qu’on en juge [1]:


    Alain Duhamel, diplômé l’Institut d’études politiques de Paris: «C’est son meilleur discours (sic) depuis le début, le plus humain (sic). Un discours plus modeste (sic), précis (sic). Il y avait un ton, des réponses, un calendrier».


    Ruth Elkrief, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et du Centre de formation des journalistes: «Une date, un ton, l’humilié (sic), l’empathie (sic). Une allocution très carrée (sic), très précise (sic).».
     

    Apolline de Malherbe, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris: «C’était un ton extrêmement (sic) humble (sic), assez naturel. Il était assez franc, assez vrai. Ensuite, l’humilité pour lui-même et sur l’avenir (sic). On a le sentiment du Paul Valéry qui dit que les civilisations sont mortelles. C’est une étape extrêmement (sic) importante (sic)».


    Anna Cabana, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et dont Wikipédia nous dit qu’elle est entrée «à Marianne sous la houlette de son mentor Nicolas Domenach» [2]: «Dans la tonalité, l’espoir renaît. Dans les précédentes allocutions, il était très tragédien (sic). Là, il nous parle des jours heureux à venir. C’est du lyrisme souriant (sic)».

     

    Faut-il en pleurer ou bien en rire?

     

    Un discours modeste chez cet homme qui nous a dit qu’il y a peut-être eu des disfonctionnements depuis le début de l’épidémie, mais pas plus dans le pays qu’il dirige que partout ailleurs sur la planète? Faut-il parler de l’Allemagne, juste de l’Allemagne, par exemple pour lui faire honte? Ou de Taïwan? Pas question pour lui de reconnaître une seule erreur, il n’en commet jamais aucune – comme ses amis journalistes d’ailleurs dont certains se mettent à dire du bien du souverainisme, du protectionnisme, des frontières, de l’Etat et de la nation après avoir copieuse traité de fascistes pendant des années tous ceux qui défendaient ces dispositifs politiques ayant fait leurs preuves depuis des siècles[3].


    Un discours humain chez cet individu qui , dans le ton d’une distribution des prix ou d’un laïus de sous-préfet en comice agricole, remercie les Français modestes qui font fonctionner le pays alors qu’il les méprise depuis le début de son quinquennat et devrait bien plutôt leur présenter ses excuses pour les avoir humiliés depuis deux ans en les traitant d’alcooliques et d’illettrés, de Gaulois réfractaires, d’égoïstes plutôt intéressés par la fin du mois que par la fin du monde , de fumeurs de gitanes qui roulent au diesel, comme disait son ami Griveaux, qui avait alors la formule plus heureuse que la main, sinon d’antisémites, de racistes, d’homophobes, de misogynes et de phallocrates quand ils se contentaient juste de demander le maintien de l’Etat protecteur français – dont chacun constate aujourd’hui la faillite?


    Un discours d’humilité et d’empathie chez un chef de l’Etat qui, comme l’a montré un dessin génial ayant beaucoup tourné sur le net, se trouverait dans la tour de contrôle et annoncerait à l’avion qui se précipite au sol que tout va bien, qu’il veille, qu’il maîtrise la situation, qu’il est là, qu’il faut avoir confiance dans ce Clemenceau en culotte courte, puisque les gilets de sauvetage ont été commandés et qu’ils arriveront sans faute à la fin du mois?
     

    Un discours à la Paul Valéry? Mais jusqu’où faudra-t-il aller dans la courtisanerie, la flatterie, l’adulation, la flagornerie, pour gagner le trophée du journaliste le plus servile, le plus misérable ? Car, soit Apolline de Malherbe connaît les pages de Paul Valéry, ce que j’ignore, elle a eu tellement de choses à lire pour se trouver là où elle est, alors quelle bassesse de convoquer ce magnifique discours sur le destin des civilisations pour le mettre en relation avec la verbigération présentielle qui n’a rien à voir avec l’un de ces discours qu’on trouvait aussi chez Malraux sur ce qu’est une civilisation et comment, quand on est chef de l’Etat, on peut agir pour en infléchir le cours! Soit elle ignore ce texte, alors il lui faut cesser de faire croire qu’elle en connaît plus qu’elle n’en sait et demander à présenter la météo où l’on ne risque pas d’avoir à citer Spengler ou Toynbee pour obtenir de l’avancement ou de l’augmentation.
     

    Un discours lyrique souriant ? Cette dame dont le maître est Domenach fils, c’est dire, estime que l’avenir est formidable parce que le président de la République annonce une date probable de déconfinement ! Je ne sais si cette journaliste transcendantale a des enfants et si elle ira, guillerette et chantante, gazouillante et lyrique, les conduire au matin du 11 mai dans l’école où des centaines d’enfants et des dizaines d’adultes se retrouveront du jour au lendemain dé-confinés mais surtout dans une totale promiscuité sanitaire puisque tout le monde sait que le virus sera toujours actif! L’intervention présidentielle n’a servi qu’à annoncer le prolongement du confinement jusqu’au11 mai et la reprise de l’école à cette date. Il faut bien du talent journalistique pour faire de cette annonce présidentielle une occasion de lyrisme souriant! Pour ma part j’y verrai, bien plutôt, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, de l’improvisation, du tâtonnement, du pari, disons-le en un seul mot: du bluff.

     

    Résumons-nous: humanité, modestie, précision, humilié, empathie, franchise, vérité, lyrisme souriant, l’intervention du président de la République française fut, selon cette brochette de journalistes, un sommet de morale et d’intelligence, de vertu et de justesse. Bizarre, sans le secours et le concours de ce genre de lumières, je ne m’en serais pas rendu compte…

    Michel Onfray

     

    [1] Ces citations que j’ai voulu retrouver sur le net sont toutes dûment et judicieusement répertoriées par @SamGontier. Révolution jaune média.

    [2] «"DoMNack", comme elle dit. Ses yeux se mouillent, et la voix s’éclaircit quand elle en parle » peut-on lire dans Les Inrocks, 13.IV.2016.

    [3] Raphaël Glucksmann affirme dans L’Obs, c’est d’ailleurs le titre du papier : «Ce qui doit primer, ce n’est pas l’idéal européen, c’est la nécessité d’être souverain» (sic). Qu’en pense-t-on chez les socialistes dont ce jeune homme accort est devenu le porte-drapeau? Combien seront-ils dans les temps futurs, parmi ce qui reste de socialistes, à venir manger le chapeau de Mitterrand? Et que se passe-t-il dans les cerveaux pensants de l’hebdomadaire du système en publiant un texte qu’il y a un mois, aurait valu à son auteur les épithètes les plus infamantes? Mais que fait donc Eric Aeschimann? Ou bien encore, avec une eau du même tonneau, un certain DSK, expert en confinements divers, qui affirme, cynique puisqu’avec les socialistes il a contribué à marche forcée au pire qu’il affecte de dénoncer aujourd’hui: «Nous constatons, éberlués, qu’une bonne part de nos approvisionnements en médicaments dépend de la Chine. En laissant ce pays devenir "l’usine du monde" n’avons-nous pas renoncé dans des domaines essentiels à garantir notre sécurité?» in Politique internationale, 5 avril 2020. Le journaliste de Russian Today qui commente cet article écrit quant à lui : «Plus étonnant, [DSK] admet que les "doctrinaires", estimant que la mondialisation est le "stade suprême du capitalisme", ou que les "idéalistes", qui voient l'une des causes de la pandémie dans "l’absurdité écologique de faire transiter vingt fois des marchandises d’un bout à l’autre de la planète qui était en cause" […] avaient partiellement raison». Il ajoute : «Il est fort probable que la crise conduise à des formes de relocalisation de la production.» 

  • L’Horreur inclusive

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    soleil.jpgOn se souviendra que nous aimons les textes de Jean-Paul Brighelli, son style, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme et jusqu'à la verdeur de son langage. On lira avec une délectation certaine l'article qui suit, publié sur le site de Valeurs actuelles, le 9 août. Et les modernes prendront une leçon de vraie et bonne langue française. Inutile de la défendre, si on la bafoue !   LFAR 

     

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    Le président d’AMU (Aix-Marseille Université), l’ineffable Yvon Berland, vient d’adresser un courriel à tous les usagers de son université faisant le point sur Parcourssup et qui commence ainsi : « Chères et chers enseignant.e.s-chercheurs-euses, enseignant.e.s, chercheurs –euses, personnels administratifs et techniques, chères étudiantes, chers étudiants… » Sic. La preuve : 

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    Passons sur le fait que la formule est impossible à dire, et que dans notre ère de communication, ce n’est pas sans poser un léger problème. Passons même sur le fait que le souci du « politiquement correct » entre en conflit, dans ce début de message, avec les vieilles habitudes (machistes, cela va sans dite) de politesse qui font passer les femmes d’abord (« chères étudiantes, chers étudiants »). Un pur objet d’horreur pour de vraies féministes, ulcérées de constater qu’un mâle blanc les a repérées comme « femmes » — une forme de dégradation, à les en croire : sachez-le, il ne faut pas tenir la porte à ces dames, ni les complimenter sur leur jolie robe. Considérez désormais que ce sont des sujets neutres (les Suédois, jamais en retard d’une absurdité, viennent d’inventer un pronom neutre qui n’existait pas dans leur langue afin que les enfants ne soient pas sommés de s’identifier en fonction d’un sexe pré-défini), et qu’elles sont toutes habillées avec des sacs de jute. À force de refuser la courtoisie, elles n’auront plus même la politesse. Mais ce que ce court début de mail laisse percer d’ignorance abyssale de la langue est stupéfiant.

    Imaginons qu’Yvon Berland soit Yvonne. Dirait-elle qu’elle est la « présidente » d’AMU ? Non : « président » est une fonction, et, à ce titre, invariable. Madame LE président. En français, « Madame la présidente », c’est l’épouse d’un président. Dans les Liaisons dangereuses, la « présidente de Tourvel » est tout bonnement la femme d’un président de Parlement provincial. Si demain vous rencontrez Brigitte Macron, appelez-la sans crainte « Madame la présidente » ; mais si jamais elle venait à être élue président de la République après son époux, elle serait « Madame le président ». C’est ainsi. Il n’y a qu’Anne Hidalgo pour insister sur « Madame la maire ». Quand le Canard enchaîné appelait Michel Debré « l’amer Michel », c’était drôle. Mais « la maire Anne », comme on dit à Lyon « la mère Brazier »… On mesure les pataquès et autres incongruités qui peuvent naître de ces déformations de la langue.

    Uni·e·s par la même maire mais pas forcément né·e·s de la même paire…

    Le pire, c’est que l’écriture inclusive arrive en classe. Des manuels scolaires l’utilisent pour prendre en otages des gamins (pardon : gamin·e·s !) qui ne leur en demandaient pas tant — et le Haut Conseil à l’Égalité s’en félicite, tout comme les plus obtus des syndicats enseignants. Des enseignantes exigent d’être appelées « madame la professeure » - j’imagine qu’il faut prendre l’accent marseillais pour bien faire sonner un « e » qui a vocation, en français, à être muet… D’ailleurs, nombre de journalistes s’y sont mis et parlent couramment d’« auteures » : eux aussi ont dû faire leurs classes chez Pagnol…

    Au programme de l’agrégation de Lettres, cette année, les Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. Les universitaires qui ont commencé à rédiger des cours sur le sujet parlent tous d’« écrivaine » - un terme, croyez-moi, qui aurait fait ruer d’horreur la compagne de Sartre, qui se voulait « écrivain », et rien d’autre. C’est déjà assez dur de savoir que, comme dit la chanson, « être une femme libérée tu sais c’est pas si facile… »

    L’Académie française, qui après tout devrait avoir le dernier mot sur les pratiques langagières, condamne fermement ces pratiques lexicales venues de nulle part. Le maître de la langue, disait Vaugelas, c’est l’usage : si dans un siècle ou deux « écrivaine » a fait son trou, si je puis dire, sans doute faudra-t-il l’accepter ; mais cela va lentement, dans un pays qui persiste à écrire « événement » avec deux accents aigus, conformément à une tradition quadri-centenaire, alors que cette même Académie accepte désormais l’insertion d’un accent grave, « évènement » - conformément à la prononciation. Comme disait Barthes, « la langue est fasciste » en ce qu’elle « oblige à dire » - et les petit·e·s marquis·e·s du politiquement correct n’y peuvent pas grand-chose. Fasciste, mais flexible, et c’est pourquoi on peut lui faire confiance. La langue ne dit pas « la professeure » (sauf à Libé et au Monde), mais elle dit très bien « la prof ».

    Evidemment, peut-on accepter un féminin qui vous abrège ?…

    Pire : ces bonnes intentions féministes sont contre-productives. Vouloir à toute force féminiser des mots qui n’en ont nul besoin, c’est assigner les femmes à résidence, en quelque sorte. Leur imposer de s’identifier comme femmes, au moment même où elles revendiquent, justement, l’égalité de traitement.

    C’est que nous vivons dans des temps paradoxaux. Tous égaux, mais clairement divisés en « communautés », selon nos origines, nos croyances ou nos mœurs. Et moi qui croyais que la République interdisait toute distinction de sexe ou de race - pardon, ce dernier mot a récemment sauté, il n’est plus utilisé que par des esprits éclairés du genre Houria Bouteldja, présidente du Parti des Indigènes de la République, qui titre son dernier livre Les Blancs, les Juifs et nous : dérive identitaire, comme dit gentiment Libé, ou racisme à l’envers ? Pourquoi la Ligue des Droits de l’Homme, si prompte à dégainer contre Georges Bensoussan, ne porte-t-elle pas plainte pour incitation à la discrimination ? L’historien explique, dans Marianne, que « leur » objectif est d’empêcher les gens de penser - bien sûr !

    Jean-Michel Blanquer s’est déclaré peu favorable à l’exercice scolaire de l’écriture inclusive. Encore faudrait-il sanctionner les enseignants qui s’y livrent. Les renvoyer faire leurs classes - mais pas à l’université, comme on l’a vu plus haut, gangrenée par les bons apôtres du politiquement correct. Alors, où ? Dans les rizières de Camargue ? Quelques centaines de barbares suffisent pour intimider des dizaines de millions d’usagers, qui ignorent que le destin de la langue leur appartient : elle n’a jamais été que ce que le peuple a voulu en faire, pas ce que des élites auto-proclamées prétendaient en dire. Voyez Les Précieuses ridicules ou Les Femmes savantes. Le langage précieux des « Inc’oyables » et des « Me’veilleuses » du Directoire n’a pas pris - on continue à dire le « r », et parfois même, dans certaines provinces de la France périphérique, à le rouler à l’ancienne. Le premier gouvernement à avoir voulu effacer la règle (absurde, linguistiquement parlant) de l’accord du participe conjugué avec avoir avec le COD antéposé fut celui du petit père Combes, en 1905 - et ça n’a toujours pas pris : le temps linguistique est un temps très long.

    La pratique volontariste d’une poignée d’illuminées (je mets le mot au féminin pluriel, même s’il y a dans le lot quelques hommes - comme il y avait quelques collabos sous Pétain -, ils ne méritent pas mieux) ne doit pas déteindre sur la façon d’écrire et de parler de nos enfants - et c’est aux parents, désormais, puisqu’on ne peut plus faire confiance à tous les enseignants, de veiller à ce que la langue enseignée à leurs enfants soit du français et non du gloubi-boulga féministe. On peut tolérer des méthodes pédagogiques diverses (quoique…), mais le savoir est un. La langue qui reste à apprendre est celle de Vaugelas - à quelques nuances près : les imparfaits ne s’écrivent plus - oi -, l’accent circonflexe s’est substitué aux -s- étymologiques sur « estes » ou « testes », et lorsque deux noms de genre différent se suivent le « masculin » (c’est-à-dire en fait le neutre - mais il y en a qui confondent encore masculin et mâle) l’emporte et l’adjectif ou le participe suivant se mettent au masculin pluriel : est-ce si difficile à enseigner ? La confusion où nous entraînent les apprentis-sorciers actuels risque de créer des incertitudes mortelles dans le cerveau des enfants, sanctionnés bientôt parce qu’ils écriront correctement des mots neutres que les gauleiters du féminisme veulent à toute force sexualiser.

    Et comme aurait dit Pierre Desproges, à l’heure de Monsieur Cyclopède, « Con est masculin, et bite est féminin : étonnant, non ? »    

  • La langue du Quatrième Empire Le dictionnaire du Quatrième Empire progressiste, par Jean-Paul Brighelli.

    Vous vous rappelez peut-être que Victor Klemperer avait décrit la Lingua Tertii Imperii (paru en 1996 en France), la langue du Troisième Reich. Il explique ainsi comment les Nazis avaient modifié le sens de certains mots allemands de façon à ce qu’ils servent leur idéologie. La novlangue imaginée par Orwell était le rejeton adultérin de ce Nouvel Ordre Linguistique — quand « bon » signifie « conforme à la pensée de Big Brother », et que « inbon » exprime tout le reste.

    2.jpgLe Quatrième Empire, celui du politiquement correct

    Nous voici aujourd’hui à l’aube (radieuse, forcément radieuse) d’un Quatrième Empire, celui du politiquement correct, du multiculturalisme et des liaisons trans-sectionnelles. Nous nous en doutions un peu. Mais de récents développements nous forcent à considérer l’évolution du langage contemporain. Par exemple, par ordre alphabétique, sans souci d’exhaustion :

    Antisémitisme (subs.) : Haine des Juifs, à l’exclusion de tous autres Sémites — groupe auquel appartiennent par ailleurs les Arabes. Ce type particulier de racisme (voir ce mot) ne peut être le fait que de groupes néo-nazis. Dire, comme l’a stipulé un historien français (lui-même juif, ce qui le rend suspect), que certains Arabes ont sucé l’antisémitisme avec le sein de leur mère, est une impropriété qui vous vaudra d’être traîné devant les tribunaux par des associations exaltant la mémoire et l’œuvre de Mohammad Amin al-Husseini (sur lui la bénédiction du Prophète), grand mufti de Jérusalem qui en 1937 exalta l’œuvre antisioniste (voir ce mot) d’un certain Adolf Hitler.

    Antisionisme (subs.) : À l’origine, opposition à la politique promulguée par Theodor Herzl en 1896 dans son livre l’Etat juif. Revendiquée jadis par de larges pans de l’extrême-gauche, il est aujourd’hui synonyme total d’« antisémitisme », en plus seyant. Le couple « antisionisme / antisémitisme » a autant de pertinence que l’opposition « érotisme / pornographie » dans la bouche de ceux qui ignorent tout du premier et se gavent de la seconde.

    Apprenant (subs.) : autrefois appelé « élève » par des enseignants réactionnaires, l’apprenant est celui qui enseigne autant qu’il est enseigné. L’usage d’un participe présent marque sa fonction active, alors que le participe passé « enseigné » le contraignait à un rôle passif. L’apprenant ne peut donc pas être jugé (quel mot horrible et colonialement connoté !) selon ses résultats, mais apprécié selon ses espérances — qui sont grandes. La meilleure preuve de la pertinence de cette appellation nouvelle est la réussite sidérante, chaque année plus spectaculaire, aux examens organisés par l’Éducation nationale. Quand des « élèves » (quelle prétention dans l’idée d’« élever » des enfants comme des plantes vertes ou des vaches!) obtenaient le Bac à 50% il y a quarante ans, les « apprenants » le réussissent à 95% aujourd’hui — preuve ma-thé-ma-ti-que de l’excellence des pédagogies contemporaines, et pas du tout d’une baisse de niveau concertée.

    Esclave (subs. et adj.) : Certes, à l’origine, le mot désigne des Slaves (blancs, forcément blancs — et même blonds, souvent) mis dans les chaînes par les Vénitiens dans le haut Moyen Âge — et même vendus aux Arabes qui les appelaient par déformation phonétique Saqaliba. Mais nous savons désormais, par décret officiel, qu’il n’y avait pas d’esclaves en pays musulmans. Car depuis la Traite Atlantique, le mot renvoie exclusivement au « trafic d’ébène », comme disaient les esclavagistes du trafic triangulaire, organisé à partir de l’Afrique de l’Ouest par des armateurs nantais ou bordelais, à l’exclusion de toute autre origine. Noter que des Noirs ont fait des esclaves, que les Arabes ont organisé une traite trans-saharienne bien plus importante et sauvage que la traite Atlantique, et ont mis en esclavage, rien qu’au XVIIIe siècle, plus d’un million de Blancs enlevés sur les côtes méditerranéennes (à ce que prétendent des chercheurs résolument fascistes), est un non-sens qui, grâce à la loi Taubira qui enseigne aux historiens ce qu’ils doivent penser et dire, sera poursuivie devant les tribunaux.

    Féminicide (subs.) : meurtre délibéré d’une femme. On croit à tort que les femmes font partie du genre humain, et que le terme d’« homicide » couvre l’ensemble des assassinats. Mais comme le radical de ce mot (homo, l’être humain, en latin) ressemble dangereusement au sale concept d’« homme » (l’orthographe — voir ce mot — étant un souci bourgeois, la présence d’un ou deux –m- n’est pas un critère distinctif pertinent), une distinction sera désormais établie selon le sexe de la victime — ce qui, en ces temps de LGBTQ++, promet aux lexicographes un avenir radieux. Olympe de Gouges avait déjà écrit, en suivant cette idée, les Droits de la femme et de la citoyenne, ignorant que dans « Droits de l’homme » les révolutionnaires latinistes incluaient les deux sexes. On l’a guillotinée pour un solécisme, c’était violent, mais l’époque ne faisait pas de demi-mesures.

    À noter qu’il est exclu qu’une femme puisse se rendre coupable de féminicide — le lesbianisme excluant la violence, comme chacun sait. Il est d’ailleurs significatif que ce mot de féminicide soit justement masculin — comme viol (voir ce mot).

    N.B. : Word souligne en rouge le mot « féminicide ». C’est bien la preuve d’un choix idéologique, résultant du fait que le programme, proposé par Microsoft, a été inventé par un Blanc hétérosexuel et potentiellement violeur — un certain Bill Gates.

    Hétérosexualité (subs.) : appel au viol (voir ce mot). Les féministes contemporaines, y compris certains transgenres qui furent hommes dans le passé, considèrent que tout rapport hétérosexuel est un viol. La question de la reproduction dans un monde totalement lesbien reste, par ailleurs, pendante.

    Lynchage (subs.) : Quoiqu’inauguré par le juge Charles Lynch (1736-1796) et visant alors exclusivement les Américains loyalistes à la couronne d’Angleterre, tous blancs, quoique généralisé après la guerre de Sécession et visant alors, dans les Etats du Sud et de l’Ouest, les Républicains disciples de Lincoln, le mot s’est spécialisé depuis le XXe siècle dans l’exécution sans jugement de personnes noires, et ne peut par conséquence plus désigner que des personnes de couleur. Un Blanc n’est jamais lynché : il expie les crimes colonialistes de ses ancêtres. Un Noir (dire « Black », c’est moins violent) est constamment lynché en puissance, quoi qu’il ait fait avec ses fourchettes.

    Macaroni (subs.) : métaphore désignant les Italiens. On aurait pu croire, après les massacres d’Aigues-Mortes en 1893, qui ont fait des dizaines de morts, qu’il s’agissait d’un terme raciste. Pas du tout — voir Racisme. Un débat récent a prouvé qu’être traité de « macaroni » est une plaisanterie gastronomique sympathique. Je suggère donc de filer la métaphore : des macaronis au four, c’est bon.

    Orthographe (subs.) : concept bourgeois fixant une norme graphique et grammaticale dans le but d’exclure de larges pans de la population française, qui, éduquée par des enseignants formés par les pédagogistes de Philippe Meirieu (1949-2053), sur lui la paix et la génuflexion, ne respectent pas ces manies discriminantes. Tout « apprenant » (voir ce mot) qui sanctionnera l’orthographe sera immédiatement radié de l’Education Nationale — mais il y a déjà longtemps que cela n’arrive plus, surtout depuis que des Inspecteurs ont sacralisé la graphie « il les plantes », notant que le scripteur a intégré dans sa phrase une conscience su pluriel.

    Racisme (subs.) : s’applique à toute discrimination, verbale ou physique, touchant exclusivement les Arabes et les Noirs — et leurs descendants. Le mot est inadéquat pour caractériser le rejet d’autres ethnies ou communautés, surtout si elles sont discriminées par des Noirs ou des Arabes. Ainsi, les Asiatiques de Belleville, qui sont depuis un certain temps la cible de racailles de première ou seconde génération, ne sont pas victimes de gestes ou de propos racistes. « Nègre » est une injure raciste. « Niakoué », non. Quant à « sale Blanc » et ses dérivés (Blanchette, Céfran, etc.), ces mots ne peuvent en rien être considérés comme racistes (voir Macaroni).

    Viol (subs.) : Cette manière barbare de s’approprier une femme sans son consentement caractérise désormais l’ensemble des relations hétérosexuelles (voir ce mot). Grâce à #MeToo (sur lui la grâce et la bénédiction), nous avons appris que des relations librement consenties étaient en fait des viols. Que la séduction était la manœuvre d’approche ordinaire des violeurs. Qu’un rendez-vous galant était un « date rape », selon un néologisme anglo-saxon largement répandu dans les universités françaises, et que les viols effectifs commis en masse par des individus bronzés à Hambourg et ailleurs, ou sur la place Tarir au Caire sur la personne de journalistes, n’en sont pas — mais la juste punition de leur participation au colonialisme rampant qui frappe ces populations déshéritées.

    Les commissions qui, en 2017, ont mis au programme de l’Agrégation de Lettres un poème galant d’André Chénier, l’Oaristys, se sont rendues coupables de complicité de viol, comme en ont décidé quatre militantes de l’ENS-Lyon, les Salopettes (lointaines descendantes des « 343 Salopes » qui s’étaient battues en 1973 pour la légalisation de l’avortement), bientôt relayées par de larges segments du mouvement féministe. Heureusement que Chénier a été guillotiné en 1794, sinon il aurait rejoint Roman Polanski sur le banc des accusés, le viol étant désormais imprescriptible (voir Féminicide), comme le crime contre l’humanité.

    Source : https://www.causeur.fr/