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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : les Rois ont fait la France (1).

    La France ne vient pas de nulle part : elle est une nation historique dont il est possible de dater la naissance de son État en 987, lorsque le roi Hugues Capet est élu par ses pairs et qu’il décide que, désormais, le domaine royal est inaliénable (et donc qu’il ne sera pas divisé ou dispersé à la mort du souverain mais transmis d’une seule pièce à son successeur) et, dans le même temps, que le prochain roi sera son fils aîné, quelles que soient ses qualités ou ses défauts, et cela pour éviter toute dispute successorale qui affaiblirait la Couronne.

    Cette double décision constitue une véritable nouveauté bénéfique dans un Occident alors dominé par la féodalité.
    Sans cette « révolution capétienne » de 987, la France n’aurait pas été et ne serait pas devenu ce qu’elle est devenue par la suite, État et nation dont nous sommes, en 2021, les héritiers : n’oublions pas nos racines politiques !
    (1) : après celle de sa vocation révélée par le baptême du roi franc Clovis, vers 496, à Reims.
     
  • Quelques mots de François Huguenin-Maillot sur Pierre Boutang...

    Sur notre Page facebook Lafautearousseau Royaliste,
    publié par Jean-Baptiste Collomb
     
    "...Parfois, dans sa vie, on rencontre un génie. J'en ai connu un, Pierre Boutang, qui fut un des plus grands philosophes du XXe siècle, titulaire de la chaire de métaphysique à la Sorbonne à la suite de Levinas, et qui m'apprit la politique.
    Il m'a à plusieurs reprises accueilli chez lui à Saint-Germain en Laye, m'a laissé un message téléphonique bouleversant lors de la naissance de notre premier enfant Hugues, m'a engueulé une fois où je le poussais dans ses retranchements (ses colères étaient légendaires), et m'a fait boire du rosé plus que de raison.
    Ontologie du secret est un livre dont j'ai compris une page sur trois et qui pourtant m'a renversé.
    (…)
    Je voulais ce soir vous montrer son visage..."
     
    François Huguenin Maillot
     
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  • Livres • La traque de Mohamed Merah

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngPersonne n’a oublié l’affaire Merah. D’abord traités avec une désinvolture par les médias et la classe politique, focalisés sur les prochaines élections présidentielles, les assassinats, début mars 2012, dans la banlieue toulousaine et à Montauban, de quatre soldats des régiments parachutistes, commencèrent d’intéresser quand on s’avisa que, toutes d’origine nord-africaine ou antillaise, les victimes auraient pu être la cible d’un tueur raciste et, de préférence, d’extrême-droite, thèse bonne à exploiter tandis que s’accentuait dans les sondages la poussée du Front National. L’atroce massacre perpétré la semaine suivante dans la cour d’une école juive de Toulouse, qui tua un jeune enseignant, ses deux petits garçons et une fillette, les autres enfants devant miraculeusement la vie à une défaillance de l’arsenal du criminel, en commotionnant à juste titre l’opinion, parut pain béni pour discréditer la droite nationale. Jusqu’au moment où la police, officiellement lâchée sur les traces d’un monstre fasciste, remonta la piste d’un terroriste islamiste, ce qui faisait moins bien dans le tableau …

    Conseiller spécial de Claude Guéant, alors Ministre de l’Intérieur, Hugues Moutouh, dans ce récit sans surprises – tout ayant déjà été dit – des événements, tient beaucoup à convaincre que cette fausse piste relevait de la haute stratégie destinée à tromper Merah, non d’un sordide calcul électoraliste, et que s’acharner à traquer des militants du Bloc Identitaire plutôt qu’un « loup solitaire » djihadiste ne contribua pas à permettre l’attaque de l’école juive. Allez savoir pourquoi, ce plaidoyer pro domo, comme d’ailleurs tout le reste du livre, sonne faux, vide et creux… 

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    168 heures chrono ; la traque de Mohamed Merah, de Hugues Moutouh, Plon, 193 p., 16,90 €.

  • Tradition • La Société Française des Monnaies sort une collection à l’honneur du Royaume de France

     

    Sur son site internet « La Société Française des Monnaies » propose une très belle collection en argent et or purs, consacrée à la formation du Royaume de France, de l’An de grâce 987 jusqu’à la Révolution de 1789. 

    « Durant 800 ans, les rois de France ont construit notre pays en ralliant une à une les provinces féodales à la Couronne royale. Chaque frappe de la collection met en avant ses armoiries, sa grande personnalité historique, son événement le plus marquant et son symbole le plus fort.

    La première frappe  « Île de France – 987  »  illustre Hugues Capet, premier « Roy de France ». Il inaugure la dynastie des Capétiens. La date de l’avènement de Hugues Capet (987) qui célèbre le début du Royaume de France est aussi indiqué sur l’avers ! Sur l’avers de la frappe on retrouve aussi la forteresse du Louvre à l’époque de Philippe-Auguste, un des principaux bâtisseurs du Royaume.

    Les blasons de l’Île-de-France sont frappés en or pur 999/1000. Le premier blason illustre les trois fleurs de lys ainsi que la couronne royale. Le second blason représente Paris, capitale de l’Île-de-France, puis du Royaume. On y découvre aussi la médaille de l’Ordre de Saint-Louis, distinction honorifique créée par Louis XIV.

    Au revers de la frappe on découvre l’écu de France, surmonté de la couronne royale, croisant le sceptre et la main de la Justice, accompagné des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. »  

    Vous pouvez découvrir cette belle collection sur le site de « La Société Française des Monnaies »

    Source La Société Française des Monnaies & La Couronne

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : la Famille de Bourbon...

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    2015 : Début des trois jours de festivités du Onzième centenaire de la Dynastie des Bourbons...

     

    Le prince Charles-Henri de Lobkowicz a souhaité réunir des représentants de tous les Bourbons du monde, à cette occasion, dans leurs terres ancestrales du Bourbonnais, près de Bourbon-l'Archambault, à Souvigny, Besson et dans le château de Bostz : plusieurs fois cousin des Bourbons-Orléans, actuels représentants de la Famille de France, le prince a donc reçu des membres de toutes les branches de cette prolifique famille, depuis les Yougoslaves (prince Michel de Yougoslavie) et les Habsbourgs (son altesse impériale et royale l’Archiduc Carl Christian) jusqu'aux Brésiliens et aux Bourbons d'Espagne (prince Luis-Alfonso et Prince Francisco de Bourbon, duc de Séville et représentant du roi d’Espagne Felipe VI)...

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    C'est autour de Bourbon-l'Archambault que s'est construit le duché de Bourbon, au coeur de la France, en Auvergne : ici, le Bourbonnais dans ses limites du XVIIIème siècle, et les communes et départements et actuels...

    Six de nos Éphémérides se proposent de mieux faire connaître l'histoire, forcément complexe, d'une famille si prolifique, et qui a noué tant d'alliances matrimoniales :

     

    1 : (7 février) "1317 : Mort de Robert de Clermont, aux origines de la 3ème maison de Bourbon, aujourd'hui Famille de France"

    2 : (18 juillet) "1523 : Trahison du Connétable de Bourbon" (et 19 août) "1524 : Les "Dames" de Marseille repoussent l'assaut des Impériaux...

    4 : (21 septembre) "1640 : Naissance de Philippe, second fils de Louis XIII, à l'origine de l'actuelle Famille de France..."

    5 : (5 septembre) "Louis XIV, aux origines des Bourbons d'Espagne..."

    6 : (10 janvier) "1724 : Philippe V, premier roi Bourbon d'Espagne, abandonne le pouvoir...

     

     

    Le blason de la Maison de Bourbon à travers les âges...

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    Parler de la Maison de Bourbon revient, en somme, à ouvrir un chantier des plus passionnants mais également des plus riches et des plus complexes de toute l’Histoire de France comme de ses dynasties.

    Entre Histoire du Droit et des institutions politiques, Histoire du Droit administratif, constitutionnel, Droit dynastique, Droit nobiliaire, les règles s’entremêlent, s’accordent pour créer la symbiose de l’œuvre d’architecture politique et juridique de cette Maison de Bourbon.

    Mais qu’est-ce que la Maison de Bourbon ? Et la Maison de France ? Quel est son blasonnement ? Son héraldique ?

    Nous tâcherons ici d’être le plus simple possible durant ce voyage en pays étranger, car l’héraldique est un monde à part, une véritable langue étrangère comme peut l’être la langue du Droit.

    Concrètement, la troisième Maison de Bourbon (celle issue de Saint Louis de France) prend sa source en la personne de son sixième et dernier fils, Robert de France, comte de Clermont. Robert épousa en l’an 1270 Béatrix de Bourgogne et de Bourbon, Dame de Charolois, fille unique et héritière de Jean Ier de Bourgogne, aussi seigneur de Charolois, lui-même fils de Hugues IV et d’Agnès, Dame de Bourbon, fille puinée d’Archambaud seigneur dudit lieu de Bourbon.

    Quelle conclusion tirer de ces premiers éléments généalogiques et seigneuriaux ? D’abord que la seigneurie de Bourbon, aussi surprenant que cela puisse paraître, se transmet de façon constante par "Droit des femmes", ce que le Droit nobiliaire appelle la "transmission utérine", entérinée depuis fort longtemps (et depuis l’époque féodale, les traités de Droit sur le sujet ne manquent pas !); la dite transmission utérine portant précisément sur le Droit des fiefs qui est une branche du Droit nobiliaire. Pour être complet, on soulignera que le Droit nobiliaire contient de nombreuses dispositions sur la transmission utérine de la Noblesse, voire des titres.

    Mais revenons à la Maison de Bourbon : Il n’aura pas échappé au lecteur qu’il est pour le moins étonnant qu’une Maison régnante ayant imposé si sévèrement le principe de primogéniture mâle, stricte, exclusive trouve sa source, ses racines, son nom, dans une seigneurie de Droit utérin !

    Quel blasonnement pour cette Maison de Bourbon ?

    Robert de France, comte de Clermont, seigneur de Bourbon "timbrait ses armoiries de France, savoir d’azur aux fleurs de lys d’or sans nombre; l’écu brisé d’un bâton pery en bande brochant le tout" (cf. Gilles-André de La Roque de La Lontière, Blasons des armes de Bourbon et ses alliances, éd. P. Firens, Paris. L’ouvrage est disponible à la Bibliothèque Nationale de France, département Arsenal, 4-H-7129).

    Le blasonnement changea à la génération de son arrière-arrière-arrière-petit-fils, Jean Ier, duc de Bourbon, fils de Louis II, lui-même fils de Pierre, lui-même fils de Louis Ier duc de Bourbon. Jean épousa en l’an 1400 Marie de Berry, fille aînée de Jean Ier de France duc de Berry et de Jeanne d’Armagnac. Il fut le premier à porter d’azur à trois lys d’or en chef et en pointe au bâton de gueules pery en bande. Le Roi Charles ayant réduit à l’écu de France à 3 fleurs de lys, le duc de Bourbon en fit de même…

    Dès lors, c’est par obéissance à son Roi comme à son Chef de Maison, à son aîné, que le duc de Bourbon adapta son blasonnement en conséquence de la décision du chef de nom et d’armes de la Maison de Bourbon de changer le blasonnement de la famille.

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    Le blason de la Maison de Bourbon ne se confondit avec celles du Roi de France qu’à l’avènement de Henri IV : Henri de Bourbon, duc de Bourbon, Roi de Navarre, quitta les armes de Navarre–Bourbon pour celles de France, à savoir d’azur à trois lys d’or. Le blasonnement de Bourbon arborant une brisure caractéristique des cadets n’avait plus de raison d’être, dans la mesure où le chef de nom et d’armes de la Maison de Bourbon, n’était plus le chef d’une branche cadette de la dynastie capétienne mais bel et bien l’aîné et dès lors, le Roi de France.

    Son petit-fils Louis XIV, Roi de France et de Navarre, exigea que toute sa descendance dite des "Fils de France" prissent le nom "de France" en lieu et place de "Bourbon". Ainsi, Louis opéra dans le patronyme ce que son grand-père Henri amorça dans le blasonnement; c’est aussi l’avènement de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui la Maison de France, qui ne saurait effacer toutefois la Maison de Bourbon, rassemblant la totalité de la famille, de ses descendances agnates, cognâtes, illégitimes…

    Pour autant, tous les Bourbon portent-ils strictement d’azur à 3 lys d’or ? Non ! En effet, les brisures existent toujours et se sont déclinées dans les branches cadettes de la Maison de Bourbon et de la Maison de France : La branche de Philippe V d’Espagne régnante aujourd’hui porte toujours une brisure de gueules (c’est-à-dire rouge), gueules que l’on retrouve également sur le blasonnement de la branche de Bourbon-Siciles comme l’on retrouve également un lambel d’argent pour la quatrième Maison d’Orléans, issue de Philippe duc d’Orléans, Monsieur Frère du Roi, deuxième fils de Louis XIII.

    Charles Maurras aimait à comparer et combiner dans sa définition du concept de Nation la notion de la famille et de l’amitié. L’Histoire nous démontre que la Maison de Bourbon, la Maison de France sont comme les arbres aux racines les plus profondes, c’est-à-dire ceux qui montent le plus haut selon la formule de Frédéric Mistral, qu’elles transcendent les frontières par les liens de la famille. C’est ainsi que le voulut Louis XIV : que ses Fils de France irriguent l’Europe de leur sang, d’abord pour arrêter les guerres, assurer la paix, consolider sa puissance et dès lors, celle de la France.

    Ainsi, un Fils de France, qu’il soit Bourbon d’Espagne, Siciles, Parme… reste et restera toujours un Prince Chrétien, un Prince Français, chaînon de cette grande Maison d’azur à trois fleurs de lys d’or !

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  • Voici un Conte, mais qui sait ? : ”Et si demain”... par Hilaire de Crémiers

    (Voici l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers parue dans le numéro 103 - de janvier - de Politique magazine; très originalement, il y adopte, cette fois-ci, la forme d'un Conte; mais, comme disait Maurras, "seul l'extraordinaire arrive...".... Hilaire de Crémiers ayant choisi, avec bonheur, de parler cette fois sur le ton de la fantaisie et de l'inattendu, non dénué d'humour, nous essaierons nous aussi de faire preuve d'imagination et de fantaisie dans l'illustration de ce Conte, dans sa profondeur : voici, pour l'illustrer, l'Allégorie de la fresque du Bon gouvernement, de Lorenzetti, à Sienne....  )

            Ce qui devait arriver, arriva. Les bons esprits de la planète terre l’avaient prévu. L’agence de notation française La Capétienne, célèbre dans le monde entier pour la rigueur de ses critères et l’impartialité de ses jugements, avait fini par dégrader la note de la Chine et avait corrélativement placé les États-Unis en perspectives négatives. Un système bancaire déplorable, des mœurs financières inacceptables, des procédés commerciaux qui ressortissaient à l’antique flibuste, étaient cause de ce gâchis. Des faux crédits à tout-va, des déséquilibres commerciaux insensés, tout aggravait de jour en jour la situation, jusque et y compris la monétisation, non déguisée, de toutes les dettes, instituée en système de paiement. Le monde en pâtissait ; les risques devenaient incalculables. La Capétienne s’était engagée à alerter les autres puissances et toutes les nations secondaires qui faisaient naturellement confiance à son jugement. 

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    La philosophie de l’humanisme civique a une expression picturale célèbre, la  fresque du bon gouvernement, peinte dans la salle du conseil (Salle des Neuf ou salle de la Paix) du Palazzo Pubblico de Sienne par Ambrogio Lorenzetti  vers 1338 : il s’agit d’une « mise en image » de la doctrine thomiste du Bien commun.

    La fresque est composée de trois parties : l’allégorie du bon gouvernement proprement dite, sur le mur nord, les effets du bon gouvernement, sur le mur est, et l’allégorie du mauvais gouvernement, du gouvernement tyrannique et les effets du mauvais gouvernement sur le mur ouest.

    1. Sur le mur Est (ci-dessus), on voit l'allégorie des effets du bon gouvernement : ces effets bienfaisants sont peints sous les couleurs les plus douces : les vertus dansent dans la ville où les citoyens et citoyennes se croisent et devisent, où les artisans s’affairent pendant que les écoliers étudient. La prospérité règne dans la campagne ; les portes de la ville sont ouvertes, les échanges peuvent se faire facilement.

            La France qui était encore, il y a quelques années, presqu’inconnue de l’Américain moyen et de l’Asiate innombrable, n’avait cessé de gagner en prestige. Cela faisait cinq ans qu’elle avait opéré un redressement spectaculaire. Un de plus qui se rajoutait à la liste de ceux qui avaient rythmé son histoire millénaire.

            Il faut dire qu’après les élections présidentielles de 2012, tout avait été catastrophique. La crise monétaire avait aggravé la crise économique qui avait provoqué la crise sociale qui avait déclenché la crise politique qui avait accéléré la crise institutionnelle. Faillites en série, chômage de masse, misères sociales et humaines, insécurité généralisée, saccages, administration en panne… Bref, le lot commun des pays qui ne marchent plus. Cela datait déjà d’avant 2012, puis avait soudainement empiré, et après, avait duré longtemps, trop longtemps… Et les Français s’étaient lassés. De ce mal avait surgi un bien. Plus aucune promesse électorale en ces temps-là ne les satisfaisait. Et le régime des partis qui, lui, prospérait dans cette chienlit, les écoeurait.

            Cependant était apparu un puissant courant de pensée qui profitait des moyens les plus modernes de diffusion et de communication. Là, dans ce courant, les leçons politiques tirées de l’histoire et de l’actualité s’exprimaient librement. Cette nouvelle liberté de l’esprit dont tout à coup les Français se rendaient compte que le régime partisan les avait totalement privés, leur faisait le plus vif des plaisirs et excitait leur juste fierté. Le régime dans le passé leur avait appris assidûment à se détester eux-mêmes et voilà que sans crainte aucune ils apprenaient maintenant à s’aimer, à aimer leur histoire, leurs arts, leur civilisation. 

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    2. Du côté opposé, sur le mur Ouest, L'allégorie du mauvais gouvernement montre le pouvoir tyrannique qui foule aux pieds la justice et dont les effets sur la vie commune sont la désolation et faim dans les campagnes et les massacres en ville. Le dirigeant démoniaque de la cour maléfique s’appelle Tyrannie : il tient prisonnière à ses pieds la Justice. Les effets qui en dérivent sont la misère, les abus, la destruction et la famine, dans une ville où le seul artisan est le forgeron qui fait les armes.

    Lorenzetti a inscrit lui-même les devises de sa loi sous les fresques du Mal Governe :
    I. Pour faire son bien sur la terre, la Tyrannie a soumis la justice : nul ne passe par là sans risque de la mort.
    II. Où est Tyrannie, Guerre, Vol et Dol prennent force près d’elle.
    III. La Tyrannie s’accorde avec tous les vices liés à la nature. 

     

            À un certain moment ce courant de pensée avait eu le courage de se dire enfin  "politique"… oui, politique ! Non plus une de ces œuvres de bienfaisance, d’ailleurs remarquables et nécessaires parmi tant d’autres, où des autorités intéressées essayaient constamment de les cantonner. De crainte que… "De crainte que quoi ?" s’étaient dit un jour ces Français-là ; et ils avaient ri du grand rire libérateur ! Pour en finir avec le régime des partis, ils avaient poussé la témérité, ces honnêtes gens, incapables de quelque mauvais coup que ce soit, oui, la témérité jusqu’à se proclamer, eux, "le parti des politiques", à l’instar de celui qui au xvie siècle avait mis fin aux querelles partisanes en imposant par l’intelligence et la douceur la seule solution nationale qui réponde à la question institutionnelle en France, la solution royale. 

            Il se trouva dans la même période qu’il y eut un prince de la dynastie nationale qui depuis un certain temps se faisait connaître. 

            Il fut évidemment reconnu pour ce qu’il était : le prince français, le prince chrétien. Il était marié ; il y avait une princesse ; ils avaient des enfants ; lui se préparait à ce qu’il appelait sa mission.

            Les choses se firent tout simplement par la rencontre d’un peuple et d’un prince. Selon une habitude française tellement immémoriale qu’elle en était inconsciente, ce fut Hugues Capet qui servit de modèle. Les Français avaient bien compris ce que leur histoire leur dictait. Hugues Capet lui-même, en son temps, ne s’était-il pas inspiré du modèle de Clovis, premier roi catholique et franc ? Ce modèle de Clovis avait été transfiguré par la légende que les archevêques de Reims, Hincmar et Adalbéron – des évêques courageux et intelligents, c’est toujours utile ! – avaient réussi à magnifier et à établir comme règle politique suprême. 

            Pendant mille ans, ce fut la règle d’or des institutions françaises ; il n’en était point d’autre. Depuis lors – et le "parti des politiques" avait bien insisté dans sa campagne sur cet ensemble de certitudes roboratives – sous les premiers Capétiens, sous les Valois, sous les Bourbons, tous les redressements français avaient obéi à la même loi. C’était tellement clair ! 

            Restauration de l’autorité, instauration concomittante du pouvoir du prince, sacralisation de ce principe souverain, rétablissement de l’ordre et de la sécurité, rénovation de la justice incarnée dans l’arbitre suprême, fin des querelles partisanes, le travail et les arts remis à l’honneur, vastes conceptions présidant à l’organisation et à la prospérité du royaume, habile politique étrangère assurant à la France sa liberté, sa prépondérance et son rayonnement dans le monde.

            Répété à chaque grand redressement dans l’histoire, cet enchaînement d’évidences si naturelles constituait le plus précis des programmes politiques. Pourquoi chercher ailleurs ?

            Ainsi, les Français avaient compris l’essentiel de leur histoire et de leur destin. La République en France, pour reprendre l’expression du vieux Bodin, ne pouvait être que royale. Dès que l’autorité de leurs rois avaient faibli pour une raison ou pour une autre, aussitôt les Français s’étaient divisés. À chaque fois, ils s’étaient jetés avec délectation et fougue, puis avec acrimonie, violence et haine dans la lutte des partis. Les expériences qui suivirent la Révolution le démontrèrent amplement. 

            Elles finirent toutes mal : banqueroute, défaite, désastre, effondrement politique jalonnent cette triste histoire, cependant encore brillante. Preuve a contrario de l’inaltérable loi française, à chaque fois que la République non royale voulut se sortir de ses impasses, elle se donna pour s’illusionner comme une imitation de pouvoir royal, le plus semblable possible à l’original mais qui avait le défaut essentiel de ne l’être pas. Ainsi des deux Bonaparte, des maréchaux, du général et de tous ces présidents de la Vème République qui, tout en se disant démocrates, ne pouvaient faire autrement que de se façonner sur la figure monarchique dont l’institution suprême portait le caractère indélébile. Ils voulaient faire les rois et ils ne l’étaient pas ! D’où les déconvenues ! 

            Eh bien, ces à peu-près, il n’en fut plus question. Les Français n’en avaient plus voulu. Ils s’étaient portés spontanément vers l’héritier naturel des lys. La règle d’or royale avait été institutionnalisée. Elle avait l’avantage d’être brève et suffisante.  Elle faisait l’unanimité.

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    3. Le mur Nord montre L’Allégorie du bon gouvernement, clairement divisée en deux parties, et qui se lit de gauche à droite : la partie gauche est dominée, en haut, par la « sapientia », la Sagesse nécessaire à la bonne organisation de la vie publique. Elle tient en main le livre de la sagesse, certainement un des livres de la Bible, connu aussi sous le titre La sagesse de Salomon, un livre qui commence par l’éloge de la justice et s’adresse à ceux qui veulent juger ici-bas. La dimension religieuse est évidente, mais on aurait tort de réduire la fresque à cela, et, du reste les deux fresques latérales concernent principalement la vie profane et le bon gouvernement se juge précisément à ses effets sur la vie quotidienne.

    La Sagesse ici est donc tout aussi bien la sagesse que cherchent les philosophes et elle s’inscrit parfaitement dans la tradition humaniste qui renoue le fil entre la tradition proprement chrétienne et l’antiquité gréco-latine, en l’occurrence principalement romaine.

    Du livre de la sagesse part un fil qui conduit, juste en dessous à la Justice, entourée des plateaux de la balance. Sur un plateau de la balance, un ange récompense les mérites et pose une couronne sur la tête d’un homme ; mais juste à côté, elle punit un autre homme qui a la tête tranchée avec une épée. Sur l’autre plateau, un ange semble donner ou recevoir un objet mal déterminé à deux personnages. L’ange de gauche, surmonté du mot DISTRIBVTIVA punit les coupables et récompense par les honneurs et la gloire ceux qui sont méritants. Ce que fait l’ange de droite, surmonté du mot COMUTATIVA n’est pas bien clair. L’un des deux personnages tient des objets qui pourraient ressembler à des piques, l’autre tient un coffre ou une balle de tissu, et serait peut-être un drapier.

    De la Justice le fil passe à la Concorde, figure féminine assise qui tient un rabot. Tout part de la justice : la concorde dépend d’elle. Le fil est alors pris par un groupe de vingt-quatre personnages, tous de même taille, qui constituent la partie inférieure de la fresque et se dirigent vers sa deuxième partie. En tenant le fil, les vingt quatre personnages sont liés, mais ils ne sont pas attachés. C’est volontairement qu’ils se lient entre eux par le fil de la concorde. Le rabot que tient la Concorde symbolise le nécessaire nivellement des citoyens : les conflits doivent être aplanis. Par opposition, dans le mauvais gouvernement, on a la figure de la Discorde qui tient la scie qui divise les citoyens et les pousse les uns contre les autres. Il est donc clair que la concorde est tout à la fois la condition et l’objectif de la vie commune et celle-ci dépend de la justice.....

     

            Le Prince régnait et gouvernait. Et les Français en étaient heureux. C’est qu’ils voulaient un vrai roi. Au fond cela faisait plus de deux cents ans qu’ils l’attendaient.

            Toutes les réformes avaient été expédiées sans inutiles atermoiements. La fiscalité avait été simplifiée, la justice rapprochée du citoyen, la politique pénale définie avec vigueur et humanité, et les familles avaient retrouvé leur liberté, les patrimoines étaient garantis, l’économie relancée par un encouragement constant à toutes les entreprises, les lois sociales réaménagées dans le souci du bien commun, les territoires restructurés selon l’histoire, la géographie et les liens économiques, les "pays" et les régions étaient devenus des collectivités réelles de plein exercice ; il n’y avait qu’une seule Alsace ainsi que l’avaient décidé les Alsaciens avant même les évènements, une seule Corse, une seule Normandie, une seule Bretagne, un seul Poitou, etc… La représentation qui fut le grand échec de la Révolution et de toutes les républiques à cause du caractère idéologique de la sélection, avait trouvé enfin son principe de réalité par l’incorporation de toutes les représentations sociales, professionnelles, associatives et territoriales.

            Les arts étaient remis à l’honneur. Le Palais des Tuileries avait été reconstruit et dans les jardins sous la façade les petits princes jouaient avec les enfants parisiens.

            Du coup, la France remplissait son rôle dans le monde. Ses armées dont le roi était le chef naturel avaient une place de choix au cœur de la nation. Le rayonnement de la France la resituait au centre des politiques mondiales. Avec un roi de France, l’Union pour la Méditerranée avait trouvé sa vraie raison d’être. La France avait parlé comme il convient au Moyen-Orient. Elle avait en Afrique une influence bienfaisante, loin des trafics et des horreurs qui avaient suivi la décolonisation. L’Europe n’était plus un conglomérat informe de technostructures inhumaines ; elle se reconnaissait avec sagesse dans un héritage et elle se réalisait dans des projets communs selon les affinités et les besoins. Point de totalitarisme économique, financier et politique. Les crises en avaient été naturellement apaisées. 

            Ne restait plus finalement que ce problème sino-américain : une rivalité qui ne cessait de s’exacerber. L’agence de notation La Capétienne était indépendante du roi de France ; mais elle en avait les principes. Et ces principes étaient hautement politiques. Cela se savait. Son intervention n’était point faite pour le plaisir de détruire, mais pour mettre en garde contre des entraînements funestes. Les Chinois eurent la sagesse de le comprendre : Confucius avait en Chine destitué Marx. La paix valait mieux que la guerre.

            Quant aux États-Unis, ils reçurent le roi de France en visite officielle. Il eut un entretien avec le Président et il s’adressa publiquement aux représentants des deux chambres. Il leur parla de Louis XVI, de la fondation des États-Unis, de la liberté des mers et de l’équilibre du monde. Le peuple américain est un peuple qui s’enthousiasme. L’enthousiasme fut tel que sa politique en changea. Enfin suffisamment pour que le monde continue…

            Moralité de ce conte : faisons tout pour avoir un jour une agence de notation à nous qui s’appelle La Capétienne. La France et le monde s’en porteront mieux. Sinon à quoi sert de gémir ? Crions plutôt Noël !  ■ 

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    La deuxième partie de l’allégorie est dominée par une imposante figure royale, dotée d’un sceptre et d’un bouclier. Au-dessus de cette figure, nous avons les allégories des vertus théologales, la foi, la charité et l’espérance, la charité occupant la position la plus élevée puisqu’elle est par excellence la vertu chrétienne : c’est finalement elle qui gouverne toutes les autres. Quittons maintenant le ciel pour descendre sur Terre. Aux côtés de la figure royale siègent les allégories des vertus cardinales, force, tempérance, prudence et justice ; on trouve aussi une allégorie de la paix et une autre de la magnanimité…

    La figure royale n’est pas le Bien Commun aristotélicien mais plutôt une représentation du pouvoir politique lui-même. Majestueuse et puissante, c’est la figure du pouvoir politique souverain, une représentation de la Seigneurie de Sienne ou du Conseil des Neuf lui-même, puisque la fresque était destinée à la salle où il se réunissait. Mais il faut préciser que ce pouvoir souverain n’est pas un pouvoir absolu. Si on lit la fresque de la gauche vers la droite en suivant le sens de la marche des citoyens (ou si on la lit comme un livre), le pouvoir souverain doit sa grandeur au fait qu’il est soumis lui-même à la Justice et aux exigences de la Concorde. La grandeur du pouvoir politique lui vient de ce qu’il est l’incarnation du pouvoir des lois.

    Dans la partie inférieure, on peut voir des hommes en armes qui veillent à la sécurité des citoyens, des prisonniers enchaînés – par opposition aux citoyens honnêtes qui tiennent volontairement le lien de la concorde, et encore des seigneurs qui viennent se soumettre à la Seigneurie siennoise et renoncent à leur pouvoir au profit de celui de la Commune.

  • JEAN D'ORLÉANS « LA FAMILLE EST AU CŒUR DE L'ESPRIT DE RÉSISTANCE »

    Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, Joseph est venu agrandir la famille.

     

    PROPOS RECUEILLIS JEAN-BAPTISTE D'ALBARET

    ENTRETIEN. Enfants, éducation, rapports familiaux, politique, relations avec les royalistes... Après avoir fait visiter le domaine de Dreux et sa chapelle royale, le prince Jean a répondu aux questions de Politique magazine.

     

    Monseigneur, vous venez d'avoir un quatrième enfant. Que représente pour vous la famille ?

    La famille est au centre de mes préoccupations. J'y trouve un équilibre personnel et une façon de m'inscrire dans la grande tradition capétienne. Dans L'art politique français, un livre qui m'a marqué, Jacques Trémolet de Villers explique que le passage des Carolingiens aux Capétiens fut un moment déterminant de notre histoire. Le premier souci d'Hugues Capet fut en effet d'associer son fils à la couronne et, ainsi, de perpétuer une dynastie qui bâtira ce qui constitue encore aujourd'hui notre pays. La France est une nation millénaire parce que la monarchie a consacré la famille plutôt que l'individu ! Chaque fois que les Orléans ont négligé cet aspect, ils ont eu à le regretter.

    Quelle éducation souhaitez-vous transmettre à vos enfants ?

    Avec mon épouse, la duchesse de Vendôme, nous voulons leur transmettre les principes de vie chrétienne et leur donner le goût de l'ouverture aux autres malgré une société qui a tendance à se replier sur elle-même. Nous veillons évidement à développer leurs capacités intellectuelles, mais nous portons une attention toute particulière à l'équilibre de leur personnalité. C'est pourquoi l'environnement est primordial. Il doit être paisible. Proche de Paris tout en étant à la campagne, le domaine de Dreux est idéal de ce point de vue.

    C'est pour cet environnement que vous vous êtes installé ici ?

    Pas uniquement mais Dreux est un lieu qui m'est cher, entré chez les Capétiens il y a bientôt mille ans ! De nombreux souvenirs m'y attachent puisque j'ai passé ici presque toutes mes fins de semaine et périodes de vacances quand j'étais étudiant. Ma mère, la duchesse de Montpensier, y a longtemps vécu. Joseph est né à l'hôpital de la ville dont Louis VI le Gros et le premier comte de Dreux, frère de Louis VII, furent les bienfaiteurs. C'est dire la longue histoire familiale qui nous relie à Dreux à travers les siècles.

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    Mais ne vous êtes-vous pas coupé d'un certain nombre d'activités que vous aviez quand vous habitiez à Paris ?

    Ce n'est pas tout à fait juste. Le mode de vie que j'ai choisi m'a permis de prendre du recul et de me recentrer sur l'essentiel. La vérité, c'est que j'oriente désormais mes activités vers une logique de projets là où elles étaient plutôt déterminées par une logique de structures : j'ai réduit la largeur pour étirer la longueur ! L'efficacité et le volume de mes engagements me semblent avoir ainsi gagné en puissance et en profondeur.

    Quels sont aujourd'hui vos principaux engagements ?

    Le premier, hic et nunc, consiste à évoquer auprès des visiteurs du domaine de Dreux l'histoire vivante de ma famille qui est aussi celle de notre pays. Avec mon association Gens de France, nous espérons obtenir des subventions pour faire venir des groupes de jeunes défavorisés ou marginalisés. J'ai déjà pu constater à quel point il manque à ces adolescents un enracinement et des perspectives. À travers l'histoire de la chapelle royale, nous leur parlerons de la monarchie et de la chrétienté, ce qui, croyez-en mon expérience, n'a rien d'une gageure. Le deuxième est mon action au service de mon pays. Colonel dans la réserve citoyenne, qui fait le lien entre l'armée et la nation, j'ai également l'honneur de parrainer le 4e régiment de chasseurs de Gap. Enfin, et c'est un troisième engagement, je participe à un certain nombre de commémorations internationales et d'événements officiels ou familiaux, en relation avec les familles royales étrangères. Bien sûr, il me faut combiner ces différents engagements avec la gestion de mes forêts et les obligations familiales. Tout cela prend du temps ! Je prolonge également mon action en faveur du patrimoine, en réfléchissant particulièrement aux questions de la succession Orléans et de la Fondation Saint-Louis.

    Justement, la succession et vos rapports avec la Fondation n'ont-ils pas un peu brouillé l'image de votre famille ?

    Comme nous sommes en République, certains estiment sans doute que les Orléans devraient se laisser marcher sur les pieds. J'ai même entendu que nous devrions léguer tout l'héritage à l'État. Mais l'État a déjà pris la moitié des affaires de la famille ! Certaines choses auraient sans doute pu se dérouler autrement mais nous n'avons aucune raison de nous laisser faire. J'ai parfois le sentiment que la Fondation voudrait s'affranchir de la famille en gérant les choses de façon indépendante, ce qui n'est pas admissible. Quant à ce que rapportent les médias de nos relations familiales, n'y accordez pas une importance démesurée. Il peut y avoir chez les Orléans des incompréhensions et des querelles comme dans toutes les familles. Mais je vous assure que ses membres sont heureux de se retrouver aussi souvent qu'ils le peuvent à l'occasion des mariages, des baptêmes ou des vacances. Nous sommes 39 cousins germains et Joseph est le 107e cousin issu de germains. À l'heure où nous nous parlons, un 108e est déjà né ! Les Orléans sont une belle et grande famille.

    Quel regard portez-vous sur notre pays et ses dirigeants ?

    Je suis effaré par les dégâts économiques et sociaux et par l'incapacité de notre classe politique à les prendre en considération. Focalisés sur leurs intérêts propres, nos dirigeants sont coupés des préoccupations quotidiennes des Français. Quand je considère l'état de la France, je constate un déclin dont la manifestation la plus patente me semble être des institutions à bout de souffle qui ne garantissent plus l'impartialité ni la durée - ces vertus capétiennes ! - indispensables au développement d'une grande ambition nationale. Quel gâchis si l'on considère dans le même temps les innombrables atouts dont dispose toujours notre pays... Il faudrait rétablir l'homme au coeur de la problématique économique et sociale. Je fais cependant une distinction entre la politique telle qu'elle se pratique à Paris, dans l'antichambre des partis, et celle qui s'exerce au niveau local où les élus font souvent un travail admirable. Je le vois ici à Dreux. Avec la duchesse de Vendôme, nous sommes très impliqués dans la vie municipale car nous croyons beaucoup aux vertus de l'enracinement. Ce qui nous ramène à la famille : depuis les Manif pour tous, auxquelles j'ai moi-même participé deux fois, elle est au coeur de l'esprit de résistance aux forces qui veulent détruire l'écosystème anthropologique et culturel de notre pays. Cet esprit de résistance me touche particulièrement. Sa seule perspective est le bien commun. Quelle formidable espérance !

    Pour terminer, Monseigneur, pouvez-vous nous dire quelles sont vos relations avec les royalistes ?

    Les relations existent, notamment avec les mouvements comme l'Action française, la Restauration nationale, la Nouvelle Action royaliste, l'Alliance royale. J'ai même parfois des échanges avec des groupes dits « légitimistes » plus ouverts que les autres. Cela dit, pour des raisons évidentes, le prince ne peut s'engager dans l'action militante de ces mouvements. Il définit le cadre général de son action et les royalistes, pour ceux qui le souhaitent, intègrent leurs propres actions dans ce cadre général. S'il y a - ou il y a eu - des divergences de vues, ce qui est d'ailleurs normal, les relations sont donc bonnes. Mais il faut comprendre que le prince a sa propre manière d'agir. Chacun fait ensuite avec ses qualités et ses défauts !

    Repris du numéro de juillet-Août de Politique magazine - Dossier : Le royalisme aujourd'hui >  Commander ou s'abonner ici !

  • Comment en est-on arrivé là, en relisant Marie Madeleine Martin... (suite), par Frédéric Poretti-Winkler.

    « En réalité, à partir de la fin du XIXe siècle, c’est la pénurie de personnalités, qu’elles soient de droite ou de gauche, qui com¬mence à frapper tous les observateurs de la société, l’esprit de nivellement prêché par la Révolution commençant de laisser appa¬raître ses méfaits à partir de 1870. A force de déclarer la guerre aux supériorités on les a presque toutes détruites. Mais comme elles se sont mal défendues !... »
    «Ce ne sont pas les idées qui manquent, écrivait déjà Honoré de Balzac en 1832, ce sont les hommes d’exécution ».

    frédéric winkler.jpg« En 1842, Charles de Rémusat constate : « Notre temps manque de grands hommes ». Et à la fin du XIXe siècle, Henri de Tourville précise : « Ce qui manque, ce n’est ni la science, ni l’outillage pour l’action matérielle, intellectuelle ou morale ; ces deux instruments sont en progrès incessants. Ce qui manque c’est l’homme... C’est la question de l’homme qui vient à son tour après celle du développement des autres puissances natu¬relles. Une grande œuvre a surgi, mais elle fonctionne mal, et après s’en être pris à toutes les forces de la nature, après y avoir fait appel, on s’aperçoit que ce qui fait défaut, c’est l’homme »Le nivellement révolutionnaire a détruit les hommes d’exceptions et d’actions…
    « L’oubli préliminaire des grandes lois dont Bossuet disait déjà « qu’on ne pouvait y toucher sans ébranler tous les fondements de la terre », et qu’un lecteur de Frédéric Le Play, en 1875, appelait ces « lois sociales, vieilles comme le monde, aussi certaines et aussi fixes que celles qui régis¬sent les étoiles »
    « Les penseurs réactionnaires savaient cela... mais ils ont mal démontré la valeur de leur résistance au monde qu’ils critiquaient ! Nous verrons que, le plus souvent, ils n’aperçurent pas l’ampleur du changement qui s’opérait autour d’eux. Protégés par les cadres encore puissants de la société ancienne, ils n’étaient pas directement blessés dans leur vie quotidienne par l’assaut du monde nouveau. Depuis les émigrés de la Révolution qui atten¬daient chaque année, pour le printemps suivant, le retour de l’ordre ancien, jusqu’aux contemporains du comte de Chambord qui, en 1875, bâtirent de leurs mains la constitution de la IIIe République, en pensant qu’elle serait toute prête pour le retour de leur roi, les réactionnaires crurent trop souvent lutter contre des obstacles éphémères, contre des adversaires passagers, contre des destructions sans lendemain ; ils crurent se trouver pla¬cés dans une guerre aux limites prochaines, qui leur permettrait donc de refuser le plus souvent le combat, de s’en tenir éloignés par dégoût et par mépris. Là où il aurait fallu des chevaliers du XIIe siècle, bardés de leur bouclier sans fêlure, brandissant leur épée aux côtés de leur croix, pour forcer le nouveau monde bar¬bare à tenir compte de leur présence salvatrice, il n’y eut souvent que des privilégiés nostalgiques, des doctrinaires hautains, des tra-ditionalistes momifiés ou aigris, des « prophètes du passé » reclus dans l’immobilisme et surtout d’incorrigibles discoureurs, de ces hommes dont Drumont devait dire un jour « qu’ils croyaient avoir agi quand ils avaient parlé » Il faut méditer ces quelques lignes pour s’apercevoir que finalement rien n’a changé. Certains s’imaginent encore qu’il suffit de mettre un roi à la place du président pour repartir dans une aventure capétienne. Certes pourquoi pas, car tout devient possible lorsque le roi est là, mais que de changements à faire, quelle révolution dans la société, si l’on veut bannir un certain matérialisme pour « dé-robotiser » l’homme en le ré-responsabilisant !
    Nous savons que la seule chance d’une monarchie pour durer, sera avant tout, dans l’instauration des corps intermédiaires sociaux-économiques, la libération des provinces, bref à une participation populaire basée sur les réalités économiques et régionales, afin de court-circuiter, toute influence néfaste des partis politiques…

    « Pendant que tout un monde se désagrégeait, pendant que l’histoire, entraînée dans une « accélération » vertigineuse, faisait s’écrouler en quelques décennies deux mille ans de société chré¬tienne, eux pensaient qu’un ministère corrigerait les fautes d’un autre ministère, ou que les barbares d’en bas dont parlait Macaulay, devenus maîtres de la cité, n’avaient pas plus d’importance qu’un défilé passager de gens mal élevés sous leurs fenêtres. Ainsi, les chroniqueurs de la chute de Rome et de l’Empire d’Occident, au Ve siècle, nous racontent-ils que les citoyens riches de la ville, réfugiés dans leurs maisons de campagne, supputaient les plaisirs prochains du retour dans leurs palais, au moment même où les Barbares venaient de mettre un point final à l’histoire du monde antique. »
    « A la fin du XIXe siècle plusieurs observateurs appliquant à l’histoire comme Taine, les méthodes des sciences d’observation se ralliaient à l’idée exprimée par Renan : « En coupant la tête à son roi, la France a commis un suicide »
    « Il est indéniable qu’à la fin d’une étude du XIXe siècle, la monarchie française apparaît à l’historien, non plus avec cet appareil de majesté dominatrice que la Renaissance lui avait fait prendre, non plus dans son image partisane inventée depuis la Révolution, mais avec cet aspect d’arbitrage unique qu’elle revêtit à l’aurore du moyen âge, au moment où devant le chaos de l’Occident morcelé, l’Eglise, pour protéger les peuples fit appel à certains princes comme à ces Juges que les prophètes de la Bible sacraient pour le salut des nations. La monarchie se dévoile ainsi comme une institution originellement liée à la structure de la nation française : c’est strictement un fait de nature. Il évoque ce principe initial de paternité qui en avait fait, au temps de Hugues Capet, pour les peuples aux abois, pressurés par les forces déréglées du sang et de l’or, la seule image de salut et d’unité. »
    « Le rappel des fautes du passé ne doit qu’être un moyen d’illuminer le présent afin de ne pas retomber dans l’erreur. » C’est une juste définition de « L’empirisme organisateur » cher à Maurras et le moyen le plus sûr d’assurer une construction de société évitant les écueils que la saine expérience éloigne…
    « Pour comprendre le rôle de l’écrivain s’attachant au domaine de la science des cités, il faut sans doute évoquer des sociétés beaucoup plus fortement unifiées que les nôtres, parce que bien plus hiérarchisées (car le nivellement est une fausse unification et le totalitarisme encore plus). Il faut penser à la société médiévale. Certaines miniatures patientes et fouillées nous montrent la même image que les porches des cathédrales ou que ces tapisseries éblouies de fleurs de miracle et d’animaux fabuleux, troupeau des songes par lesquels l’homme enchante sa course ici-bas. C’est l’ordre souverain des travaux de la terre, en accord avec les tra¬jectoires des astres et les décrets des saisons.
    Dans cet ordre, celui qui pense est symbolisé par l’humble clerc qu’abrite le monastère, refuge des inquiétudes humaines... J’aime ce sage non enivré de sa sagesse parce qu’il connaît les limites de la raison de l’homme, et qu’il vit à la fois dans le rappel des mystères insondables, comme dans la familiarité des moissons et des vendanges. J’aime cet humain qui cherche les principes et les lois de l’univers avec la simplicité du travailleur fauchant les blés mûrs, ou ramenant dans sa main, au couchant du jour, les grappes dorées par le soleil, pour l’aliment des autres hommes. Il ne se croit ni un mage ni un prophète, et s’il lit dans les astres, ou interroge l’avenir, c’est à la façon du paysan prédi¬sant la tempête, pour avoir seulement bien observé les signes les plus humbles par lesquels les dieux avertissent les hommes de leurs desseins... »
    Ecoutons Gonzague de Reynold : « Entre un monde qui meurt et un monde qui naît il s’insère toujours une période creuse. Elle est en même temps un tombeau et un berceau. Un monde qui meurt y agonise en se débattant, en cherchant à écraser de son poids le monde qui naît, n'a pas encore les yeux ouverts, ne sait pas encore son nom... Pour qu’une nouvelle forme de civilisation s’épanouisse, il faut que le monde ancien et le monde nouveau se réconcilient : c’est l’échange de deux nécessités. Un échange par transbordement. Il ne s’agit pas de sauver le vieux vaisseau qui sombre : on perdrait son temps à bourrer d’étoupe ses voies d’eau. Il s’agit de porter sa cargaison dans le vaisseau neuf. Pour cela, il faut qu’au fort de la bataille, malgré la canonnade et la mer démontée, se hasarde entre les deux adversaires une barque de sauveteurs, l’infime minorité de ceux qui ont, les premiers, saisi le sens des événements. Longtemps on les verra lancer en vain des signaux d’alarme aux deux navires : chacun, les prenant pour des enne¬mis ou des traîtres, dirigera son feu contre eux. Cependant, il se trouvera, dans les deux équipages, des hommes qui finiront pas les entendre et par entraîner les survivants »
    « Ce qui fait l'attrait de certaines sociologies pour nos contempo¬rains, c'est surtout le parallélisme qu'on leur prête avec les prodi¬gieuses découvertes mécaniques, scientifiques, de notre temps. Comme nous le disions plus haut, elles semblent les seules adaptées au renou¬vellement de certains aspects du monde visible que la science moderne fait éclater sous nos yeux. Et pourtant, en dépit de cette course aux découvertes sans frein, la nature de l’homme reste soumise aux normes que lui dictèrent sa création. Pour avoir voulu rebâtir une nouvelle Babel, comme le dit si bien Gilbert Tournier, les hommes n'ont su que se précipiter vers des catastrophes apocalyptiques »
    Frederic PORETTI-Winkler (Histoire Social, à suivre)Comment en est-on arrivé là, en relisant Marie Madeleine Martin... (suite)

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Bouvines, dont la célébration serait la meilleure date pour notre Fête nationale...

    1214 : Victoire de Bouvines 

     

    Ce triomphe est, de fait, la première manifestation publique de la réalité de la Nation Française. Et sa célébration serait, sans aucune doute, une bien meilleure date de Fête nationale que le plus qu'ambigu 14 juillet (voir l'Éphéméride du 14 juillet)...

    En un peu plus de deux cents ans, en partant de presque rien, les Rois Capétiens ont créé un État fort, qui leur a permis, en retour, de commencer à créer réellement et durablement la France. Quoique très incomplète, elle existe déjà: à l'intérieur, comme conscience nationale librement voulue et vécue; à l'extérieur, comme le premier royaume de l'Occident.

    C'est en quelque sorte la valeur de l'oeuvre des capétiens prouvée par l'Histoire...

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    L'église de Bouvines, dont les vitraux racontent la bataille

     

    À Bouvines, Philippe Auguste affronte l'empereur Otton IV de Brunswick, allié du roi d'Angleterre Jean sans Terre, et les coalisés flamands, emmenés par Ferrand. Contre toute attente, la bataille se déroule un dimanche, jour du Seigneur, car Otton est l'ennemi du pape. Il a été excommunié et déposé par le souverain pontife au profit de son rival, Frédéric II.

    Avant la bataille, Philippe Auguste réunit ses hommes :

    "Je porte la couronne mais je suis un homme comme vous."

    Et encore :

    "Tous vous devez être rois et vous l'êtes, par le fait, car sans vous je ne puis gouverner"...

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    Les deux camps s'affrontent de midi jusqu'au coucher du soleil (ci dessus), et face à la débâcle des ses troupes, Otton préfère fuir plutôt que d'être capturé. Philippe Auguste ramène à paris Ferrand enferré (ci dessous)...

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    Sur la bataille elle-même :

    http://www.nordmag.fr/patrimoine/histoire_regionale/bouvines/bouvines.htm 

     

    Et, dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "La France avant et après Philippe Auguste"

     

    Pierre de Meuse a rédigé une excellente étude de la bataille de Bouvines, que nous avons publiée, en trois parties, dans notre catégorie "Idées, Histoire, Culture et Civilisation" : Bouvines (I), Bouvines (II), Bouvines (III).

    Il s'agit, en vérité, de bien davantage qu'un récit - quoique tout y soit décrit par le menu - et de bien davantage que d'une évocation. Mais, outre tout cela, d'une étude politique, militaire, historiographique de la bataille de Bouvines...

     

    Cette immense victoire est aussi l'oeuvre d'un de nos plus grands rois : Philippe II, justement appelé Auguste... :

    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable famille capétienne règne de père en fils :

    1A.jpg"...Pour conduire cette lutte contre l’État anglo-normand, il se trouva un très grand prince, le plus grand que la tige capétienne eût donné depuis Hugues Capet. Philippe Auguste, devenu roi avant l’âge d’homme, car il était né tard du second mariage de Louis VII, fut d’une étonnante précocité. Chez lui, tout était volonté, calcul, bon sens et modération. En face de ces deux fous furieux, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, fils d’Éléonore et d’Henri Plantagenêt, Philippe Auguste représente le réalisme, la patience, l’esprit d’opportunité. Qu’il allât à la croisade, c’était parce qu’il était convenable d’y aller. Il rentrait au plus vite dans son royaume qui l’intéressait bien davantage, laissant les autres courir les aventures, profitant, pour avancer ses affaires, de l’absence et de la captivité de Richard Cœur de Lion. Chez Philippe Auguste, il y a déjà des traits de Louis XI. Ce fut, en somme, un règne de savante politique et de bonne administration. C’est pourquoi l’imagination se réfugia dans la légende. La littérature emporta les esprits vers des temps moins vulgaires. Le Moyen Âge lui-même a eu la nostalgie d’un passé qui ne semblait pas prosaïque et qui l’avait été pareillement. Ce fut la belle époque des chansons de geste et des romans de chevalerie. Le siècle de Saladin et de Lusignan, celui qui a vu Baudouin empereur de Constantinople, a paru plat aux contemporains. Ils se sont réfugiés, pour rêver, auprès de Lancelot du Lac et des chevaliers de la Table Ronde. Il faudra quatre cents ans pour qu’à son tour, fuyant son siècle, celui de la Renaissance, le Tasse découvre la poésie des croisades.

    1A.jpgPhilippe Auguste n’avait qu’une idée : chasser les Plantagenêts du territoire. Il fallait avoir réussi avant que l’empereur allemand, occupé en Italie, eût le loisir de se retourner contre la France. C’était un orage que le Capétien voyait se former. Cependant la lutte contre les Plantagenêts fut longue. Elle n’avançait pas. Elle traînait en sièges, en escarmouches, où le roi de France n’avait pas toujours l’avantage. Henri, celui qu’avait rendu si puissant son mariage avec Éléonore de Guyenne, était mort. Richard Cœur de Lion, après tant d’aventures romanesques, avait été frappé d’une flèche devant le château de Chalus : ni d’un côté ni de l’autre il n’y avait encore de résultat (illustration ci dessus : dispute entre Philippe Auguste et Richard Coeur de lion, ndlr). Vint Jean sans Terre : sa démence, sa cruauté offrirent à Philippe Auguste l’occasion d’un coup hardi. Jean était accusé de plusieurs crimes et surtout d’avoir assassiné son neveu Arthur de Bretagne. Cette royauté anglaise tombait dans la folie furieuse. Philippe Auguste prit la défense du droit et de la justice. Jean était son vassal : la confiscation de ses domaines fut prononcée pour cause d’immoralité et d’indignité (1203). La loi féodale, l’opinion publique étaient pour Philippe Auguste. Il passa rapidement à la saisie des terres confisquées où il ne rencontra qu’une faible résistance. Fait capital : la Normandie cessait d’être anglaise. La France pouvait respirer. Et, tour à tour, le Maine, l’Anjou, la Touraine, le Poitou tombèrent entre les mains du roi. Pas de géant pour l’unité française. Les suites du divorce de Louis VII étaient réparées. Il était temps.

    1A.jpgPhilippe Auguste s’occupait d’en finir avec les alliés que Jean sans Terre avait trouvés en Flandre lorsque l’empereur Othon s’avisa que la France grandissait beaucoup. Une coalition des rancunes et des avidités se forma : le Plantagenet, l’empereur allemand, les féodaux jaloux de la puissance capétienne, c’était un terrible danger national. Si nous pouvions reconstituer la pensée des Français en l’an 1214, nous trouverions sans doute un état d’esprit assez pareil à celui de nos guerres de libération. L’invasion produisait déjà l’effet électrique qu’on a vu par les volontaires de 1792 et par la mobilisation de 1914. Devant le péril, Philippe Auguste ne manqua pas non plus de mettre les forces morales de son côté. Il avait déjà la plus grande, celle de l’Église, et le pape Innocent III, adversaire de l’Empire germanique, était son meilleur allié européen : le pacte conclu jadis avec la papauté par Pépin et Charlemagne continuait d’être bienfaisant. Philippe Auguste en appela aussi à d’autres sentiments. On forcerait à peine les mots en disant qu’il convoqua ses Français à la lutte contre l’autocratie et contre la réaction féodale, complice de l’étranger. Il y a plus qu’une indication dans les paroles que lui prête la légende au moment où s’engagea la bataille de Bouvines : "Je porte la couronne, mais je suis un homme comme vous." Et encore : "Tous vous devez être rois et vous l’êtes par le fait, car sans vous je ne puis gouverner." Les milices avaient suivi d’enthousiasme et, après la victoire qui délivrait la France, ce fut de l’allégresse à travers le pays. Qui oserait assigner une date à la naissance du sentiment national ?

    Ce règne s’acheva dans la prospérité. Philippe Auguste aimait l’ordre, l’économie, la bonne administration. Il se contenta de briser le royaume anglo-normand et d’ajouter au territoire les provinces de l’Ouest, de restituer la Normandie à la France. Il se garda d’aller trop vite et, après Bouvines, d’abuser de la victoire..."

  • Éphéméride du 19 mai

    804 : Mort d'Alcuin, originaire d'York (ici, la cathédrale illuminée)

     

     

    804 : Mort d'Alcuin 

    Originaire d'York, en Angleterre, appelé à sa cour par Charlemagne, il fut l'un des principaux artisans de la Renaissance carolingienne : 

    L'un des principaux services qu'il ait rendu fut de restituer les textes anciens dans leur authenticité, et de les débarrasser des erreurs et rajouts qui en obscurcissaient le sens. C'est dans cet esprit qu'il fit réaliser la célèbre Bible, dite Bible d'Alcuin (ci dessous, le Christ en majesté, entouré des symboles des quatre Évangélistes) :

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    Mais, s'il fut l'un des esprits les plus brillants de son temps, Alcuin n'était bien sûr pas le seul moteur de cette extraordinaire renaissance. D'autres intellectuels, comme lui, et venus aussi, comme lui, de toutes les parties de l'Europe, oeuvraient à la même tâche.

    François Guizot, dans ses Cours d'histoire moderne, l'a bien montré :

    "Alcuin n’était pas français... Charlemagne avait pris grand soin d’attirer dans ses États les hommes distingués étrangers, et, parmi ceux qui l’aidèrent à seconder, dans la Gaule Franque, le développement intellectuel, plusieurs étaient venus du dehors. Charlemagne faisait même davantage.

    On voit, au XVIIème siècle, Louis XIV, non content de protéger les lettres dans son royaume, leur adresser, dans toute l’Europe, ses encouragements et ses faveurs; Colbert écrit à des savants allemands, hollandais, italiens, pour leur annoncer, de la part du roi, des gratifications, des pensions qui s’élèvent même jusqu’à 3.000 livres. Des faits analogues se rencontrent sous Charlemagne; non seulement il s’efforçait d’attirer dans ses États les hommes distingués, mais il les protégeait et les encourageait partout où il les découvrait..."

     

    Une "Europe avant l'Europe" en quelque sorte, pratiquée par Charlemagne et Louis XIV, et par une  Royauté en avance sur son temps; mais une Europe bâtie sur des bases intellectuelles et spirituelles communes, qui unissaient les peuples du continent, et non sur des bases économiques, matérielles et matérialistes, qui ne peuvent que diviser...

     

    www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=377 

     

    Et, dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "L'empire de Charlemagne"

     

     

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    1051 : Henri 1er épouse Anne de Kiev

     

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    Statue d'Anne de Kiev à Senlis, inaugurée par le président ukrainien Victor Iouchtchenko en 2005 

     

    Petit-fils d'Hugues Capet, Henri 1er est le troisième roi de la dynastie capétienne. Par ce mariage, il inaugure la première alliance franco-russe, qui ne devait pas être bien longue, car Henri 1er mourut brusquement à Vitry-aux-Loges, le 4 août 1060...

    En arrivant en France, Anne apporta un livre qui allait beaucoup compter pour tous les sacres des rois de France à Reims. À compter de 1059 et jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, tous les rois de France, en accédant au trône auraient prêté serment sur un très ancien Évangéliaire ruthène, écrit en écritures cyrillique et glagolitique. Ce livre est l'un des plus anciens textes connus de la langue russe et l'un des plus anciens documents de la langue littéraire ruthène (ukrainienne) et sa première partie (cyrillique) pourrait avoir été écrite par saint Procope, qui mourut vers 1030.

    Pierre le Grand au XVIIème siècle et Nicolas II au début du XXème, voyageant en France, se le feront présenter. On l’appelle aujourd’hui l’Évangéliaire de Reims, et il est conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris.

    Anne de Kiev eut quatre enfants avec Henri 1er : c'est elle qui introduisit le prénom Philippe - venant de ses ancêtres macédoniens - à la Cour de France en le donnant au fils aîné de son premier mariage qui régnera sous le nom de Philippe 1er...

    • https://tryzub.fr/histoire_anna.php?dark=1

    • chrisagde.free.fr/capetiens/annekiev.htm  

     

     

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    1303 : Mort d’Yves Hélory de Kermartin, Saint Yves

     

    Il est le patron des avocats et, avec sainte Anne, l'un des deux patrons de la Bretagne.

    Le Pardon de Tréguier a lieu en son honneur, chaque troisième dimanche de mai :

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    http://www.infobretagne.com/saint-yves.htm

     

     

     

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    1364 : Sacre de Charles V

     

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    "Dans ce triste quatorzième siècle, plein de fureurs et de folies, le règne de Charles V est une oasis de raison."  Jacques Bainville. 
     
         
    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VI, La Guerre de Cent ans et les révolutions de Paris :
     
    "...Un grand règne de réparation et de restauration commençait. Charles V, qui fut surnommé le Sage, c'est-à-dire le savant, celui qui sait, n'est pas un personnage de Froissart. Il est dépourvu de panache. Il vit comme vivra Louis XI, renfermé. Il calcule, médite, thésaurise, il suit un plan, c'est un constructeur, l'homme dont la France a besoin. Il pansera ses plaies, il la remettra à son rang en moins de vingt années.

    Son idée, elle n'est pas difficile à saisir. La France ne peut pas se résigner au traité de Brétigny ou bien elle renonce à vivre. Il faut que l'Anglais sorte du royaume ou bien il finira par en devenir le maître. Pour le chasser, deux conditions nécessaires : une armée d'abord, une marine ensuite. D'armée, Charles V n'en a pas. Il est si loin d'en avoir une que son célèbre et fidèle connétable, Du Guesclin, n'a été d'abord que le capitaine d'une de ces bandes qui guerroient un peu partout. Le roi s'attache Du Guesclin, rallie par lui quelques-unes des grandes compagnies, en forme peu à peu des troupes régulières. Les Navarrais, toujours poussés en avant par l'Angleterre, sont battus à Cocherel : petite victoire, grandes conséquences. Le roi de Navarre comprend qu'il n'a plus rien à espérer, que l'ordre revient que le temps des troubles est fini.

    Charles le Sage transige avec Charles le Mauvais, en attendant mieux. Il transige partout, selon sa maxime qu'il faut savoir céder aux gens pervers. Il transige même avec les aventuriers irréductibles des grandes compagnies. Du Guesclin, par un trait de génie, conduit les réfractaires en Espagne, à la solde d'Henri de Transtamare, pour combattre Pierre le Cruel soutenu par les Anglais. Après des péripéties nombreuses Henri de Transtamare l'emportera et sera un utile allié de la France.

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    Statue équestre de du Guesclin, Dinan 

          

    Pour libérer le territoire, il n'y avait qu'un moyen et Charles V, sage et savant homme de la réflexion et des livres, le comprit. C'était que l'Anglais ne fût plus maître de la mer. Dès que les communications entre l'île et le continent cesseraient d'être assurées, les armées anglaises, dans un pays hostile et qui supportait mal leur domination, seraient perdues.

    Créer une marine : œuvre de longue haleine, qui veut de la suite, de l'argent, et il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer. Charles V prépara de loin notre renaissance maritime et comptait, en attendant, sur la flotte de ses alliés d'Espagne..."

     

    Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "Guerre de Cent Ans (2/4) : premier rétablissement"  

     

  • Éphéméride du 26 septembre

    Statère arverne en or, frappé au nom de Vercingétorix

     

     

    46 Avant Jésus-Christ : Mort de Vercingétorix 

     

    Au dernier jour de la célébration de son Triomphe sur Pompée, César donne l'ordre d'étrangler Vercingétorix dans sa prison. 

    La Geste du chef gaulois a été belle, et noble. Mais elle ne pouvait rien contre une Rome en phase ascendante, qui allait bientôt donner naissance à un Empire, dont la vocation était d'unifier toute la Méditerranée. Apportant avec lui le développement et la Civilisation que l'on sait...

    Jacques Bainville l'exprime ainsi dans le premier chapitre de son Histoire de France :

    "...Les Français n'ont jamais renié l'alouette gauloise et le soulèvement national dont Vercingétorix fut l'âme nous donne encore de la fierté. Les Gaulois avaient le tempérament militaire. Jadis, leurs expéditions et leurs migrations les avaient conduits à travers l'Europe, jusqu'en Asie Mineure. Ils avaient fait trembler Rome, où ils étaient entrés en vainqueurs. Sans vertus militaires, un peuple ne subsiste pas; elles ne suffisent pas à le faire subsister. Les Gaulois ont transmis ces vertus à leurs successeurs. L'héroïsme de Vercingétorix et de ses alliés n'a pas été perdu : il a été comme une semence. Mais il était impossible que Vercingétorix triomphât et c'eût été un malheur s'il avait triomphé..."

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    Vercingétorix au combat
     
     

    Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "Campagnes de César" et les deux suivantes 

     
     

    Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l'influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos Éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l'Antiquité : voici le rappel des plus importantes d'entre elles, étant bien entendu qu'un grand nombre d'autres Éphémérides traitent d'autres personnalités, événements, monuments etc... de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s'appelle : la France...

     

    En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome, il faut bien admettre que "le divin Jules" avait été appelé à l'aide, en Gaule, par les Gaulois eux-mêmes, incapables de s'opposer au déplacement massif des Helvètes, quittant leurs montagnes - en 58 avant J.C - pour s'établir dans les riches plaines du sud ouest; César vainquit les Helvètes à Bibracte (voir l'Éphéméride du 28 mars); cinq mois plus tard, envahis par les Germains d'Arioviste, les Gaulois le rappelèrent une seconde fois : César vainquit et refoula les Germains au-delà du Rhin (voir l'Éphéméride du 5 août); et, cette fois-ci, auréolé de ses deux prestigieuses victoires, et gardant plus que jamais en tête son objectif premier (la conquête du pouvoir à Rome), César ne voulut plus se retirer de cette Gaule où on l'avait appelé, et dont la conquête serait le meilleur tremplin pour ses ambitions politiques à Rome... Il fallut six ans à Vercingétorix pour fédérer les divers peuples de Gaule contre le sauveur romain : le soulèvement général commença par le massacre des résidents romains à Cenabum (l'actuelle Orléans), en 52 (voir l'Éphéméride du 23 janvier); le 28 novembre de la même année, Vercingétorix remporta la victoire de Gergovie (voir l'Éphéméride du 28 novembre); mais, moins d'un an après, enfermé dans Alésia, Vercingétorix vécut l'échec de l'armée de secours venue à son aide de toute la Gaule (voir l'Éphéméride du 20 septembre) : il capitula une semaine après (voir l'Éphéméride du 27 septembre). Emmené captif à Rome, il fut mis à mort six ans plus tard, en 46 (voir l'Éphéméride du 26 septembre)...

     

    Cependant, dans sa conquête des Gaules, César n'eut pas seulement à lutter contre les tribus gauloises proprement dites : il s'opposa également à Massalia, puissance amie et alliée de Rome, mais qui ne voulut pas choisir entre César et Pompée lorsque la guerre civile éclata entre ceux-ci : César réduisit Massalia, mais avec difficulté (voir nos trois Éphémérides des 19 avril, 27 juin et 31 juillet)...

     

      Enfin, pour être tout à fait complet avec le rappel de ce que l'on peut trouver dans nos Éphémérides sur ces pages de notre Antiquité, mentionnons également nos trois Éphémérides traitant de :

    la victoire sur les Cimbres et les Teutons, remportée par Caius Marius, oncle par alliance de Jules César en 86 (il avait épousé sa tante, Julie, et mourut en 86 : voir l'Éphéméride du 17 janvier);

    l'assassinat de Jules César en 44 Avant J-C (voir l'Éphéméride du 15 mars);

    notre évocation de Massalia, sa puissance et son rôle à l'époque (voir l'Éphéméride du 11 avril)...

     
     

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    1791 : Naissance de Théodore Géricault

     

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    1894 : Aux origines de ce qui n'aurait jamais dû devenir "l'Affaire Dreyfus"...

     

    Ce jour-là, le Commandant Henry chargé du Contre-espionnage arrive avec un "bordereau" à la "Section de Statistique" (service d'espionnage et de contre espionnage au Ministère de la Guerre), dirigée par le Lieutenant-colonel Sandherr.

    Ce "bordereau" est, en fait, une lettre adressée à von Schwartzkoppen, l'attaché militaire allemand en poste à Paris. Une enquête est ouverte par le ministère.

     

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    Le 6 octobre, l'enquête interne aboutit à la conclusion que l'auteur du bordereau serait un stagiaire d'état-major, artilleur. Les soupçons se portent sur le capitaine Alfred Dreyfus, dont l'écriture semble analogue à celle du bordereau.

    Le 9 octobre, le général Mercier, ministre de la Guerre, donne l'ordre d'ouvrir une enquête officielle.

    Le 15 octobre, le capitaine Dreyfus est arrêté au ministère de la Guerre par le commandant du Paty de Clam, désigné comme officier de police judiciaire...

     

    Pour y voir plus clair, consulter, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, les trois photos :

     "Ce que recouvrait en réalité "l'Affaire"...(1)", "Ce que recouvrait en réalité l'Affaire...(2)", et la photo "...devenue "l'Affaire Dreyfus" à cause de Zola"

     

     

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    1946 : Premier numéro du "Journal de Tintin"

     

    Destiné aux enfants, de 7 à 77 ans, il est fondé par le père de Tintin, l’artiste franco-belge Hergé (Georges Prosper Rémy : Hergé est la prononciation phonétique du "R" de Rémy et du "G" de Georges...). 

    À côté des plus grands noms de la bande dessinée, il proposera à ses lecteurs les aventures de "Blake et Mortimer", d’ "Alix" ou encore de "Ric Hochet". Le journal disparaîtra définitivement en 1993.

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    1973 : Première traversée de l'Océan pour Concorde

     

    Le Concorde 002 effectue sa première traversée directe de l'Atlantique Nord avec passagers (Commandant : Jean Franchi) et relie Washington-Orly en 3h33.

  • Dans votre quotidien, cette semaine....

                        LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg                         Pour la France, ce que les Princes personnifient de suprême pour son Destin : demain, lundi, on aura une idée de ce qui s'est passé, au Domaine royal de Dreux, avec une vidéo retraçant les temps forts de cette belle journée "Autour du Prince Jean !".

              Mardi, Pierre de Meuse analysera La très lente agonie de la Belgique, après la toute récente victoire électorale de Bart de Wever....

            Mercredi, le prochain article de Champsaur sera sur le 10ème anniversaire de la résolution votée par le Congrès américain le 2 Octobre 2002, autorisant l’administration Bush à faire la guerre à l’Irak. Le bilan, en vies, financier, les conséquences morales et sur les relations internationales. Titre : Pas de tribunal de Nuremberg pour la force brute. Vae victis …

           On continuera à Lire Jacques Bainvillevendredi : à propos des Coups d'Etat du Dix-Huit Brumaire et du Deux Décembre, et en attendant, pour la semaine d'après, une très originale réflexion sur le Kosovo; ou, comment la religion et la spiritualité (en l'occurrence, orthodoxe) peuvent fournir à un peuple opprimé et envahi une armature morale et mentale telle qu'il parvient, même plusieurs siècles après, à se retrouver lui-même et à revivre...  

             Et on gardera le Samedi dorénavant, comme on en a pris l'habitude maintenant - autre nouveauté de l'année... - pour une sorte de revue des Blogs, de Facebook et d'ailleurs...

             On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de la mort de Charles Martel et d'Hugues Capet au premier vol commercial pour l'Airbus A380...; en passant par l'Auld Alliance avec l'Ecosse (on parle beaucoup du prochain référendum sur l'indépendance, en ce moment...); l'installation par François Premier de Léonard de Vinci au Clos Lucé, illustration de la politique de civilisation (comme dirait Edgar Morin...) menée mille ans durant par la Royauté; la signature des Traités de Westphalie, célébrée comme "le" chef-d'oeuvre absolu de la diplomatie par Jacques Bainville, comme le dit France info dans cette courte mais excellente présentation de son Histoire de France; la publication des Mémoires d'Outre-Tombe (voir notre Album Ecrivains royalistes (I) : Chateaubriand ); la mort de Pierre Chaunu... 

            Notre rubrique Activités France entière (mise à jour quotidiennement) a pris son rythme de croisière et propose en permanence une trentaine d'activités diverses : elle est à votre disposition pour annoncer et répercuter tout ce qui se fait chez vous, "sans nostalgie ni folklore", pour un royalisme intelligent. Lafautearousseau se veut la maison commune de toutes les bonnes volontés : il vous suffit de nous informer, sitôt reçu, sitôt publié. Elle s'ouvre, à partir de cette semaine, et à sa demande, au Groupe d'Action Royaliste : "à sa demande", car nous ne souhaitons forcer la main à personne, ni parler des activités de groupes qui, peut-être, ne l'auraient pas souhaité. Mais puisque le souhait vient d'être formulé, nous y répondons bien volontiers, notre Rubrique devenant ainsi, encore un peu plus, cette "maison commune" de toutes les bonnes volontés royalistes, fidèles à la Maison de France, que nous évoquions plus haut...

            21 nouveaux "Amis", cette semaine, sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste : elle a accueilli son 1.457ème "ami", et nous nous sommes fixés comme objectif, pour commencer, d'avoir 5.000 "amis": il nous faut annoncer, rendre compte, expliquer... à toujours plus de gens, et cette Page est l'un des moyens d'y arriver. Aidez-nous donc à la développer, en vous inscrivant vous-mêmes, en lui suscitant des "amis", en la faisant connaître autour de vous.

              Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" (comme on dit dans le jargon) à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer.   

            Bonne lecture, et bonne semaine sur votre quotidien ! 

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (77), La puissance des Plantagenêts...

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    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable falille capétienne règne de père en fils :

    "...Sous Louis le Gros, la croissance du royaume avait fait des progrès considérables. Le règne de son successeur faillit tout compromettre.
    Louis VII s'était très bien marié. Il avait épousé Éléonore de Guyenne, dont la dot était tout le Sud-Ouest. Par ce mariage, la France, d'un seul coup, s'étendait jusqu'aux Pyrénées.
    Les deux époux ne s'entendirent pas et Louis VII paraît avoir eu de sérieux griefs contre la reine; la France aussi a eu son "nez de Cléopâtre", qui a failli changer son destin.

    Toutefois cette union orageuse ne fut annulée qu'après quinze ans, lorsque Suger, le bon conseiller, eut disparu.

    Ce divorce fut une catastrophe. Bien qu'Éléonore ne fût plus jeune, elle ne manqua pas de prétendants et elle porta sa dot à Henri Plantagenêt, comte d'Anjou. C'était une des pires conséquences du démembrement de l'État par le régime féodal que le territoire suivît le titulaire du fief homme ou femme, comme une propriété.

    Dans ce cas, la conséquence fut d'une gravité sans pareille. Le hasard voulut, en outre, que le comte d'Anjou héritât presque tout de suite de la couronne d'Angleterre (1154). Le Plantagenêt se trouvait à la tête d'un royaume qui comprenait, avec son domaine angevin, la Grande-Bretagne et la Normandie et, par Éléonore de Guyenne, l'Auvergne, l'Aquitaine.


    Serré entre cet État et l'empire germanique, que deviendrait le royaume de France ? C'est miracle qu'il n'ait pas été écrasé. La fin du règne de Louis VII se passa à écarter la tenaille et à défendre les provinces du Midi contre l'envahissement anglo-normand. Une grande lutte avait commencé. Elle ne devait avoir de trêve qu'avec saint Louis. Ce fut la première guerre de cent ans.

    Assurément on ne s'est pas battu tous les jours de ces cent années, et d'autres événements ont coupé cette guerre, des croisades, par exemple, à peu près comme nos expéditions du Tonkin et du Maroc entre les deux guerres franco-allemandes.

    Un très petit nombre d'hommes suffisait à ces campagnes où la prise d'un château décidait d'une province. Ne se battaient, d'ailleurs, que des chevaliers, militaires par le statut féodal et par état. Quand des levées de milices communales avaient lieu, elles étaient partielles, locales et pour un temps très court. Rien qui ressemblât, même, de loin, à notre conscription et à notre mobilisation.

    Les hommes de ce temps eussent été bien surpris de savoir que ceux du vingtième siècle se croiraient libres et que, par millions, ils seraient contraints de faire la guerre pendant cinq années. Lorsque des milices étaient convoquées, au douzième et au treizième siècle, c'était pour une période limitée au-delà de laquelle il n'y avait pas moyen de les retenir.

    Pour conduire cette lutte contre l'État anglo-normand, il se trouva un très grand prince, le plus grand que la tige capétienne eût donné depuis Hugues Capet. Philippe Auguste, devenu roi avant l'âge d'homme, car il était né tard du second mariage de Louis VII, fut d'une étonnante précocité.


    Chez lui, tout était volonté, calcul, bon sens et modération. En face de ces deux fous furieux, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, fils d'Éléonore et d'Henri Plantagenêt, Philippe Auguste représente le réalisme, la patience, l'esprit d'opportunité. Qu'il allât à la croisade, c'était parce qu'il était convenable d'y aller. Il rentrait au plus vite dans son royaume qui l'intéressait bien davantage, laissant les autres courir les aventures, profitant, pour avancer ses affaires, de l'absence et de la captivité de Richard Cœur de Lion. Chez Philippe Auguste, il y a déjà des traits de Louis XI.


    Ce fut, en somme, un règne de savante politique et de bonne administration. C'est pourquoi l'imagination se réfugia dans la légende. La littérature emporta les esprits vers des temps moins vulgaires. Le Moyen Âge lui-même a eu la nostalgie d'un passé qui ne semblait pas prosaïque et qui l'avait été pareillement. Ce fut la belle époque des chansons de geste et des romans de chevalerie. Le siècle de Saladin et de Lusignan, celui qui a vu Baudouin empereur de Constantinople, a paru plat aux contemporains. Ils se sont réfugiés pour rêver, auprès de Lancelot du Lac et des chevaliers de la Table Ronde.
    Il faudra quatre cents ans pour qu'à son tour, fuyant son siècle, celui de la Renaissance, le Tasse découvre la poésie des croisades.

    Philippe Auguste n'avait qu'une idée : chasser les Plantagenêts du territoire. Il fallait avoir réussi avant que l'empereur allemand, occupé en Italie, eût le loisir de se retourner contre la France. C'était un orage que le Capétien voyait se former.

    Cependant la lutte contre les Plantagenêts fut longue. Elle n'avançait pas. Elle traînait en sièges, en escarmouches, où le roi de France n'avait pas toujours l'avantage. Henri, celui qu'avait rendu si puissant son mariage avec Éléonore de Guyenne, était mort, Richard Cœur de Lion, après tant d'aventures romanesques, avait été frappé d'une flèche devant le château de Chalus : ni d'un côté ni de l'autre, il n'y avait encore de résultat.

    Vint Jean sans Terre : sa démence, sa cruauté offrirent à Philippe Auguste l'occasion d'un coup hardi. Jean était accusé de plusieurs crimes et surtout d'avoir assassiné son neveu Arthur de Bretagne. Cette royauté anglaise tombait dans la folie furieuse. Philippe Auguste prit la défense du droit et de la justice. Jean était son vassal : la confiscation de ses domaines fut prononcée pour cause d'immoralité et d'indignité (1203).

    La loi féodale, l'opinion publique étaient pour Philippe Auguste. Il passa rapidement à la saisie des terres confisquées où il ne rencontra qu'une faible résistance. Fait capital : la Normandie cessait d'être anglaise. La France pouvait respirer. Et, tour à tour, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Poitou tombèrent entre les mains du roi. Pas de géant pour l'unité française. Les suites du divorce de Louis VII étaient réparées. Il était temps..."

    Il était temps, en effet : à peine quelques années après, en 1214, c'était Bouvines...

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • Le Prix des Impertinents 2011 à Richard Millet...

         Le Prix des Impertinents 2011 a été décerné, lundi 21 novembre, à Richard Millet pour son essai Fatigue du sens, publié aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. 

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            Le Prix des Impertinents, remis à la brasserie Montparnasse 1900, partenaire du prix, distingue un livre s’inscrivant à contre-courant de la pensée unique.

           Le jury, présidé par Jean Sévillia, réunit Christian Authier, Jean Clair, Louis Daufresne, Chantal Delsol, Bruno de Cessole, Paul- François Paoli, Rémi Soulié, François Taillandier et Eric Zemmour. 

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     Editions Pierre-Guillaume de Roux, 153 pages, 16 euros

    Rappel : 

    * Prix des Impertinents 2010 : Michèle Tribalat, Les yeux grand fermés. L’immigration en France, Denoël.

    * Prix des Impertinents 2009 : Claire Brière- Blanchet, Voyage au bout de la Révolution, de Pékin à Sochaux, Fayard.   

    Contacts prixdesimpertinents@yahoo.fr   

    Jean Sévillia, Président du Jury

    Rémi Soulié, Secrétaire général du jury

  • C'est la Saint Gaston...

            Le petit Prince Gaston poursuit son apprentissage des réalités de l'existence. Pour la deuxième année, nous lui présentons nos meilleurs voeux, à l'occasion de sa fête : c'est aujourd'hui en effet que l'on célèbre Gaston, ou Vast, ou Vaast, celui-là même à qui Rémy confia l'éducation de Clovis....

            Lafautearousseau profite de cette occasion pour redire à ses parents, le Prince Jean et la Princesse Philoména, toute son affection, son estime et sa fidélité inébranlable.

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                                           Gaston et l'ours, manuscrit du XIIIème siècle

            .....Puis Rémi le consacra évêque d’Arras en Artois. Mais Arras avait subit bien des misères avec l’invasion des Vandales et des Alains, puis, plus tard, avec sa destruction par Attila en 450. Tout ce qui avait été construit pour le culte était en ruines, couvert de ronces et servait de repaire aux bêtes sauvages. Vaast se mit à pleurer et pria. A ce moment, un ours sortit des ruines. Vaast n’en fut point troublé. Il conjura l’ours de ne pas faire de mal à quiconque. L’ours docile le suivit et devint son fidèle compagnon......