UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

Ce que recouvrait en réalité "l'Affaire" (II)...

Ce que recouvrait en réalité "l'Affaire" (II)...

2. De "Au temps de Judas", pages 35/36/37 :

"...En effet, au ministère Waldeck-Rousseau, qui gouverna contre la France et les intérêts sacrés de la Défense Nationale, succéda le ministère d'Emile Combes, flanqué de ses deux funestes complices, André et Pelletan.
André, ministre de la Guerre, inaugura le système des fiches, par lequel fut désorganisé, pendant plusieurs mois, tout le commandement de l'armée française.
On sait aujourd'hui (voir mon ouvrage "L'Avant-Guerre", paru le 4 mars 1913), que ces fiches, dressés par les soins de la maçonnerie, étaient transmises en double, au cabinet du ministre français, et par les soins de l'agence allemande de renseignements Schimmelpfeng, au cabinet du ministre de la guerre allemand à Berlin.
C'est ainsi que, dans le courant de l'année 1905, eut lieu la fameuse alerte de Tanger (sous le cabinet Rouvier, successeur du cabinet Combes, voir le maître livre de Charles Maurras, "Kiel et Tanger") par laquelle l'Empire allemand préludait au système de provocations périodiques, d'où sortit finalement la guerre de 1914.
A moins de manquer complètement de cervelle et de raisonnement, il est donc impossible de ne pas voir une corrélation directe entre les machinations politiques, dont le point de départ fut la machination en faveur de Dreyfus, et la terrible guerre de cinq ans...
Le nuage n'a crevé qu'en 1914, mais il s'amoncelait depuis 1904;
Jamais l'Allemagne ne nous eût attaqués, si elle n'eût été sûre de sa victoire.
Elle n'était sûre de la victoire (en quoi elle se trompait, heureusement) que depuis dix ans, depuis les fiches.
Successeur direct et légataire politique du cabinet Waldeck, le cabinet Combes a ainsi coûté à la France quinze cent mille morts et une occupation partielle, de quatre années, de nos plus riches départements.
Ces faits sont acquis à l'histoire..."

3. De "Vers le Roi", page 170/171/172 :

"...(l'Allemagne) Elle a mené l'Affaire Dreyfus, dont le double but était le destruction de notre Service de Renseignements (Waldeck 1899) et la déconsidération de notre Etat-Major.
Elle n'a atteint que le premier, mais elle croit avoir atteint le second...
Ici, une question se pose : la guerre était-elle évitable ?
Si l'occasion s'était trouvée de remplacer la république par la monarchie entre 1910 et 1914, l'agression allemande d'août 1914 aurait-elle été épargnée à la France ?
J'en susi convaincu.
Pour quiconque connaît le caractère allemand, et à la lumière des faits, il n'y a aucun doute : l'Allemagne nous a fait la guerre parce qu'elle avait chez nous de nombreuses prises financières, politiques, industrielles et commerciales; parce qu'elle croyait à l'omnipotence du nombreux et puissant parti germanophile, dont le chef était Caillaux et le sous-chef Malvy; parce qu'elle comptait que le clan des "Ya" lui apporterait, sur un plat d'or, les clés de Paris.
Elle nous a fait la guerre, l'Allemagne, parce qu'elle croyait que, grâce à ses agents sédentaires et à la politique rouge, elle n'aurait à effectuer, du Rhin à Paris, par la Belgique, qu'une simple promenade militaire.
Là-dessus, les témoignages allemands surabondent, et il n'y a pas lieu d'y insister, cette vue juste étant devenue banale.
Mais si, à la faveur des évènements, le régime traditionnel et national de la monarchie héréditaire avait été rétabli en France, avec un souverain tel que le duc d'Orléans, entre 1910 et 1914, quelques mesures très simples et très efficaces auraient détruit le nid de guêpes, coffré ou dispersé le clan Caillaux, le clan des "Ya".
Et l'Allemagne, privée de ses soutiens, auxquels elle attachait une importance décisive, comprenant qu'elle était devancée, aurait renoncé automatiquement à son projet...
Du numéro du 21 mars 1908, qui inaugure l'Action française quotidienne, au numéro du 31 juillet 1914, vous trouverez, si cette recherche vous intéresse, la trace constante de notre préoccupation centrale : épargner à nos concitoyens le fléau de la guerre, en nationalisant l'Etat par le Roi..."

4. De "Paris vécu", deuxième série, rive gauche, pages 124/125 :

"...Sise entre la rue de Lille et le Quai d'Orsay, l'ambassade d'Allemagne évoque deux évènements : l'affaire Dreyfus, la guerre de 1914, dont le premier annonçait le second, comme l'éclair annonce la foudre.
En effet, le résultat le plus tragique de cette immense discorde civile fut la suppression, par décret, du deuxième bureau des Renseignements au Ministère de la Guerre, lequel concernait l'espionnage et l'envahissement allemand.
Ce véritable crime contre la Patrie fut commis le 4 septembre 1899 - anniversaire de la fondation de la République, dans le désastre de Sedan - par Waldeck-Rousseau et le sinistre général de Gallifet, massacreur et bel esprit, ministre de la Guerre.
Aucun démantèlement de forteresse ne pouvait avoir d'aussi funestes conséquences.
Le général Mercier, dont l'intelligence et la prévision égalaient le caractère, l'avait dit et annoncé sur tous les tons.
On ne l'écouta pas plus qu'on n'écouta Charles Maurras annonçant, dans "Kiel et Tanger", l'hécatombe de "cinq cent mille jeunes français étendus froids et sanglants, sur leur terre mal défendue"..."

Illustration : le Kaiser, entouré de tout ce qui compte parmi ses "Seigneurs de la guerre", tous prêts à se ruer sur une France dont ils croient l'Armée démoralisée et désorganisée après "l'Affaire"...
Ce que confirme Michel Mourre ("Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire", page 1428) :
"...Entre-temps, l'affaire Dreyfus avait eu d'importantes conséquences politiques... Elle eut aussi des conséquences militaires en démantelant le service de renseignements français et ouvrant une période de compression des crédits militaires alors que l'Allemagne s'engageait dans la "course aux armements".