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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • OÙ EN EST LA FEMME DANS L’ISLAM ?, par Annie LAURENT.

    Annie_Laurent.jpg"Un taliban à visage humain, ça n’existe pas... Si l’on ne réagit pas, l’Afghanistan deviendra ce laboratoire de l’obscurantisme qui n’a pas vu le jour en Irak et en Syrie... Les femmes qui, depuis vingt ans, sans s’en plaindre, au contraire, ont appris à vivre à l’occidentale seront réduites à néant, renvoyées à l’âge de pierre...".

    Ces propos sont extraits d’une tribune publiée par Chékéba Hachemi dans Paris-Match juste après la reconquête de Kaboul par le mouvement islamiste, qui avait été chassé d’Afghanistan par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN en 2001, en réaction aux attentats du 11 septembre (1).

    C. Hachemi sait de quoi elle parle. Réfugiée en France avec sa famille pour fuir l’occupation soviétique de son pays (1979-1989), elle assista de loin à l’instauration du premier régime des talibans (2) et eut connaissance du statut dégradant que ceux-ci imposèrent à ses compatriotes féminines : interdiction de sortie sans burqa, vêtement ample couvrant tout le corps, y compris le visage, et sans l’accompagnement d’un chaperon masculin (mahram) de sa famille ; prohibition de toute scolarisation, activité professionnelle ou sportive et de toute mixité en public. Dès ce moment, en 1996, C. Hachemi fonda l’ONG Afghanistan libre pour promouvoir l’accès des femmes à l’école et à l’enseignement supérieur, ainsi qu’à toutes les professions et à la politique, domaine où elle s’engagea elle-même à son retour à Kaboul suite à la défaite des talibans. Sous la République nouvellement instaurée (2001), et qui vient de s’effondrer, elle devint la première Afghane diplomate, en poste auprès de l’Union européenne (2002-2005), ce qui lui permit d’accroître l’efficacité de son action au profit des femmes qui recouvrèrent alors leurs libertés de citoyennes (3).

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    Chékéba Hachemi

     

    En entrant dans la capitale, le 15 août dernier, c’est d’une manière ambiguë que les talibans ont voulu rassurer l’opinion internationale. Leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, a ainsi déclaré : « Nous nous engageons à laisser les femmes travailler dans le respect des principes de l’islam » (4). Au même moment, on effaçait à la peinture les portraits féminins sur les devantures de magasins, on enlevait des filles de plus de 10 ans pour les marier à des djihadistes et on traquait les femmes, surtout des journalistes ou des juristes, soupçonnées de connivence avec le système précédent. Le projet de l’Émirat islamique s’est précisé lors de la présentation du gouvernement dont le chef, le mollah Hassan Akhund, était vice-premier ministre sous le premier régime taliban. Le ministère dédié aux femmes est remplacé par celui de la Prévention du vice et la Promotion de la vertu. La mixité redevient interdite, sur les lieux de travail comme à l’Université. L’un des dirigeants a déclaré l’exclusion de toute démocratie, car l’unique système « c’est la charia, et c’est tout » (5).

    Des manifestantes bravent la répression, des résistances s’organisent (salons de beauté clandestins, par exemple) pour défendre la dignité de la femme. Arrêteront-elles cette marche vers la soumission forcée des Afghanes à un islam qui s’affirme fidèle à des principes réputés divins, donc immuables, fussent-ils inadaptés aux besoins du monde actuel, et auxquels une partie d’entre elles, militantes au sein du mouvement taliban, sont consentantes ? Ces dernières imitent leurs coreligionnaires arabes sunnites qui ont rejoint ces dernières années les djihadistes de Daech en Syrie et en Irak. Le revirement observé dans l’Iran chiite pourrait-il faire école ? Alors qu’en 1978, de nombreuses femmes, séduites par le projet révolutionnaire de Khomeyni, avaient volontairement revêtu le tchador, symbole du rejet de l’occidentalisation imposée par Reza Shah Pahlavi, celles de la jeune génération n’en veulent plus en dépit des sévères sanctions qui leur sont infligées par la police religieuse.

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    En fait, la condition de la femme agite de plus en plus le monde musulman. Elle a resurgi spectaculairement voici dix ans, à l’occasion des révoltes qui ont secoué une partie de l’espace arabo-musulman, sans entraîner d’améliorations notables, tout au moins au niveau du droit car la réalité vécue en certains lieux montre de réelles avancées, même si elles demeurent fragiles dans la mesure où elles ne remettent pas en cause l’islam dans ses fondements.

    Voyons d’abord où en sont aujourd’hui quelques pays qui, au siècle dernier, ont entamé des processus d’émancipation féminine. Au Maghreb, la Tunisie a joué un rôle pionnier en ce domaine. En 1956, sitôt l’indépendance obtenue, le président Habib Bourguiba promulguait un Code de statut personnel interdisant la polygamie, remplaçant la répudiation par le divorce judiciaire, octroyant à la mère la tutelle des enfants mineurs après le décès du père. Cependant, malgré la proclamation de « l’égalité de tous les citoyens et citoyennes en droits et en devoirs » figurant dans la Constitution post révolutionnaire (2014), deux règles, objets de prescriptions formelles dans le Coran, demeuraient en vigueur : l’impossibilité pour une Tunisienne d’épouser un non-musulman (2, 221) et l’inégalité successorale, la fille n’obtenant que la moitié de la part du garçon (4, 7). En 2017, le chef de l’État, Béji Caïd Essebsi, abrogea la circulaire de 1973 qui entérinait l’empêchement matrimonial ; deux ans après, il déposa au Parlement un projet de loi prévoyant l’égalité en matière d’héritage. Mais après sa mort, en 2020, son successeur, Kaïs Saïed, soumis aux pressions d’islamistes, l’a enterré en se présentant comme le défenseur du droit divin.

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    Razika Adnani

     

    « Plus le discours religieux avance, plus les droits des femmes reculent », a noté la philosophe franco-algérienne Razika Adnani (6). Ce constat s’est vérifié au Maroc. En 2018, les débats sur l’héritage, soutenus par les partis de gauche, ont tourné court, suite au refus des islamistes d’y participer. Dans ces domaines, l’Égypte conserve une législation traditionnelle, menacée de durcissement depuis l’annonce, en mai dernier, d’une réforme du Code de la famille. La femme ne pourra convoler sans l’accord d’un tuteur également habilité à annuler le contrat de mariage et toutes les décisions concernant un enfant incomberont au père. Selon Azza Soliman, directrice du Centre d’assistance juridique pour les Égyptiennes, celles-ci « sont traitées comme des génitrices dépourvues d’une citoyenneté entière » (7).

    En Turquie, l’héritage d’Atatürk s’étiole peu à peu au gré de la réislamisation promue par le président Recep Tayyip Erdogan qui œuvre en outre au rétablissement des valeurs patriarcales. Même si la permission polygamique, la répudiation et le tutorat masculin n’ont pas été rétablis, les femmes subissent les retombées douloureuses de l’évolution en cours. Le 20 mars 2021, le chef de l’État a, par décret, retiré son pays de la Convention d’Istamboul, traité international visant à endiguer le fléau des « féminicides » qu’il avait signé dix ans auparavant. Or, ces meurtres, souvent commis au sein des couples et des familles, constituent un mal endémique et ils sont en constante augmentation (121 en 2011, 474 en 2019). Ici aussi, la résistance s’organise. En 2018 a été créé un « Parlement des femmes », formé de centaines de militantes parmi lesquelles des survivantes.

    Les monarchies de la Péninsule Arabique seraient-elles aujourd’hui en avance sur les autres pays dans ce domaine sensible après que, provoquées par la révolution iranienne, elles ont tant œuvré à réislamiser les musulmans du monde entier ? Au fil de ses reportages en Arabie-Séoudite, la journaliste Chantal de Rudder a été témoin des évolutions survenues dans le berceau du wahhabisme, idéologie islamiste très rigoriste, à l’initiative du roi Abdallah et de l’héritier du trône, Mohamed Ben Salman (MBS). Elle en fournit des détails dans un livre récent, Un voile sur le monde (8), datant le virage à 2001. « Épouvanté par le spectaculaire attentat contre l’allié américain, le prince Abdallah [demi-frère du roi Fahd affaibli par la maladie] décide de financer, via la cassette royale, une profusion de bourses accordées à toute la génération en âge d’aller à l’université, filles comme garçons, afin qu’ils se frottent à une autre culture et s’ouvrent l’esprit » (9). De nombreux jeunes sont ainsi partis étudier en France, aux États-Unis et au Japon. En 2014, a été inauguré à Riyad un campus universitaire féminin, doté de douze facultés.

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    Chantal de Rudder

     

    Voulant « séoudiser l’emploi » pour faire passer le royaume d’une économie de rente à une économie productive, en 2017, MBS a expulsé cinq millions d’étrangers et ouvert les emplois aux femmes, mesures qui les ont encouragées à « s’engouffrer » dans le travail professionnel. Évoquant la présence de caissières dans les magasins, l’une d’elles a confié : « C’était la toute première fois qu’on mettait des femmes dans un endroit public. Au début, les religieux, scandalisés, refusaient d’être servis par ces employées en niqab. Maintenant c’est entré dans les mœurs » (10). Les autres réformes introduites par l’héritier du trône, à partir de 2016 dans le cadre de son projet Vision 2030, sont bien connues : les femmes sont autorisées à conduire, elles peuvent voyager à leur guise, déclarer elles-mêmes une naissance, un mariage ou un divorce et disposer de l’autorité parentale. Mais la permission d’un « tuteur » reste obligatoire pour se marier, signer un contrat ou subir une opération chirurgicale. Vision 2030 postule que dans 9 ans 30 % de Séoudiennes devront avoir accédé à des postes de pouvoir.

    L’enquête réalisée par Arnaud Lacheret, professeur associé à l’Arabian Gulf University de Bahreïn depuis 2017, et publiée sous le titre La femme est l’avenir du Golfe (11), ouvre les perspectives d’une « réforme à bas bruit ». Ses étudiantes, séoudiennes, koweïtiennes et bahreïnies, ont répondu à son questionnaire avec une liberté inattendue, sachant qu’elles étaient enregistrées. Sur les préceptes religieux, par exemple en matière de liens matrimoniaux, elles ont émis des opinions variées. En témoigne, parmi d’autres, cette acceptation de la pratique polygamique : « Vous voyez, c’est quelque chose de mentionné dans le Coran, et quand c’est mentionné dans le Coran, c’est qu’il y a une raison. Et donc, les hommes qui prennent une deuxième ou une troisième femme, ils doivent avoir une bonne raison » (12). Cependant, note Lacheret, « la polygamie est très largement vécue comme quelque chose de rétrograde, souvent liée à l’organisation tribale […] qui empêche les femmes de progresser professionnellement et socialement ». Certaines s’en arrangent néanmoins, considérant que le fait d’être une seconde épouse leur permet d’échapper à la domination constante de leur mari et d’avoir du temps pour s’accomplir elles-mêmes (13). Pour l’auteur, le combat des femmes n’est certes pas gagné mais les signes sont encourageants. « Ils le sont d’autant plus que les actrices de ce changement provoquent une évolution endogène et non importée de l’extérieur ». L’enquête ne montre pas une « occidentalisation de l’arabité » mais une « arabisation de la modernité » (14).

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    Asma Lamrabet

     

    Un obstacle majeur reste à franchir pour permettre aux musulmanes d’accéder à la pleine reconnaissance d’une dignité équivalente à celle des hommes : la prétendue irresponsabilité de l’islam. Comment des musulmans, hommes et femmes, attachés à leur religion, pourraient-ils remettre en cause cette approche qui repose sur la croyance en l’origine divine du Coran et en l’exemplarité de Mahomet ? Trois ouvrages récents écrits par des sunnites – une Marocaine, Asma Lamrabet (Islam et femmes, les questions qui fâchent) ; deux Libanaises, Nayla Tabbara (L’islam pensé par une femme) et Zeina el Tibi (La condition de la femme musulmane) (15) – montrent les limites des « relectures » et propositions de réformes, aussi érudites et séduisantes soient-elles. On y lit par exemple que l’islam a valorisé la femme plus que toute autre religion (la libération apportée par le Christ est pourtant bien antérieure à un Mahomet dont la polygamie est justifiée par le contexte historique) ; que son message spirituel a été dévoyé par le recours à des hadîths (actes et paroles du « Prophète ») à l’authenticité douteuse et par des traductions erronées, dues à des hommes attachés aux coutumes tribales et patriarcales en vigueur en Arabie au VIIème siècle, territoire où le christianisme s’était pourtant déployé ; que le Coran a été pris en otage par des idéologies politiques, etc.

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    Nayla Tabbara

     

    En l’absence d’une autorité habilitée à réviser le statut et le contenu des textes sacrés, les talibans et leurs semblables peuvent continuer de prétendre appliquer le « vrai islam ».

     

    Annie Laurent

    ____

    1. 19-25 août 2021.

    2. Taliban est le pluriel du mot arabe taleb qui signifie « étudiant » (en religion).

    3. Cf. Le Point du 19 août 2021.

    4. Le Monde, 19 août 2021.

    5. Le Figaro, 9 septembre 2021.

    6. Marianne, 21 août 2020.

    7. La Croix, 5 mai 2021.

    8. Éd de L’Observatoire, 2021, 302 p., 21 €.

    9. Id., p. 84.

    10. Id., p. 85.

    11. Éd. Le bord de l’eau, 2020, 215 p., 18 €.

    12. Id., p. 167.

    13. Id., p. 170-171.

    14. Id., p. 207.

    15. Gallimard, 2017 ; Bayard, 2018 ; Cerf, 2021, 265 p., 25 €.

     Article paru dans La Nef, n° 340 – Octobre 2021

  • Il faut en finir avec les pleurs, les fleurs, les peluches, les bougies et mobiliser la nation pour la lutte !

     

    3578948983.jpgQue dire d'utile, d'efficient, que dire de plus, après le carnage de Nice ? Qui ne soit pas la simple redite de ce que nous avons pensé et écrit après les attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015, à Paris ?

    Nous reprenons plus loin les réflexions que nous avons publiées à la suite de ces tragiques événements. Parce qu'elles nous semblent clairvoyantes, pertinentes et très actuelles malgré le temps qui a passé.

    Mais ce qui nous paraît important aujourd'hui, après la troisième action djihadiste de grande ampleur qui, à Nice, vient de frapper de nouveau le peuple français, c'est de dénoncer la tactique inchangée du Système politico-médiatique face au drame : empêcher une réaction populaire anti-islamiste et identitaire de se produire. Infantiliser, déviriliser les Français, ne diffuser à longueur de journée - et de nuit - que des images et des paroles de douleur, de deuil et de compassion mièvre. Ne pas désigner l'ennemi, encore moins le terreau d'où il vient; empêcher la colère des gens de s'exprimer vraiment, et leur volonté de se défendre, de se battre, et - pourquoi pas ? - de venger les morts ? 

    « L'ennemi doit être désigné, identifié sans détours; on ne le combat pas par l'inaction et le commentaire pleurnichard; on ne gagne pas une guerre avec des fleurs, des pleurs, des bougies, des psychologues et de bons sentiments - plus niais que bons, en la circonstance ; on ne mobilise pas un peuple pour la lutte si on le maintient dans l'infantilisme compassionnel.  La colère, le désir de vengeance même, la soif de victoire, sont, dans un tel cas, condition sine qua non du succès. C'est - pointe Gilles Kepel - une guerre existentielle que Daech a déclarée à la société française en tant que telle. Sa mobilisation - indépendamment de l'Etat, voire contre lui - ne sera pas ou plus compassionnelle mais âpre, vigoureuse et identitaire. » Voilà ce que nous avons publié samedi dernier [16.07] et qui nous paraît être l'essentiel, à ce jour.

    Dans le même esprit, la même ligne, nous est parvenu le commentaire suivant, qui développe la même réflexion :

    « Le Pays Réel serait capable aujourd'hui d'une grande réaction civique identitaire. De nouvelles élites intellectuelles et virtuellement médiatiques se sont formées et, d'une certaine manière, ont gagné la bataille des idées.

    Et pourtant, le Système politico-médiatique garde la main sur le conditionnement de l'opinion. Ils redoutent et combattent en priorité la grande vague « populiste » et anti-islamiste qui les emporterait et emporterait tout, si elle était conduite, dirigée ... Ils la stérilisent et la déroutent vers une réaction purement compassionnelle : le deuil, les pleurs, les fleurs, les peluches et tout ce minable attirail dévirilisé.

    Et le populo marche, en rajoute des tonnes sans comprendre à quel point il se laisse désarmer. Un grand quotidien, une chaîne de télé, une chaîne radio, un portail internet de grande audience, tout cela manque cruellement pour transformer l'essai, rendre possible la vaste révolte civique que nous pourrions espérer voir se former, se lever.

    Pour l'instant, il manque cette conjonction de patriotes valeureux qui, au début du siècle dernier, avaient lancé l'Action française. A quand ce courage ? Sans de puissants médias, rien ne se fera. La réaction d'un peuple n'est jamais tout à fait spontanée. Patience ? Oui, espérons ! » [Cédric Valin, 16.07]

    Telle est, en effet, notre analyse.  Et disons-le : c'est une analyse d'Action française.  Lafautearousseau  •

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (235)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Léon Daudet vu par : Pierre Gaxotte...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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     François Rabelais.
    "...(ses "Souvenirs") Il faut les placer à côté de Saint-Simon pour l’acuité de la vision et la profondeur psychologique, à côté de Rabelais pour l’opulence, l’éclat, la nouveauté de la langue..." (Pierre Gaxotte)

     

    De "L'Action française racontée par elle-même", par André Marty, pages 388/389 :

    "...Quand je ferme les yeux et que je me reporte vingt-cinq ans en arrière, j’entends d’abord son pas rapide, son rire puissant, sa voix chaude, si curieusement chargée de sonorités métalliques.
    Il apportait avec lui une extraordinaire puissance de création et d’enthousiasme, une générosité d’humeur, un don de soi qui exaltait et qui réconfortait.
    Cependant, s’en tenir à ce Léon Daudet, bon vivant, cordial, gastronome, accueillant, parlant avec un lyrisme précis du vin et de la table, serait se contenter d‘un Daudet rapetissé et faux.
    Pour ne faire qu’un crayon superficiel, il faudrait ajouter encore une conversation éblouissante, une curiosité universelle, un jaillissement ininterrompu d’idées, d’images, de souvenirs, une mémoire prodigieuse, une gaieté naturelle et autoritaire, signe d’un tempérament supérieurement robuste et équilibré…
    (Léon Daudet) était ordonné, exact, précis, minutieux dans son travail.
    Jamais le moindre retard, jamais la moindre irrégularité.
    Ses articles arrivaient toujours à heure fixe, dessinés plutôt qu’écrits, d’une graphie un peu épaisse, parfaitement régulière, belle à l’oeil, sans bavure, sans hésitation, image d’une réflexion rapide, harmonieuse et sûre…
    …Certes, son oeuvre est inégale. Dans le prodigieux travail qu’il s’est imposé toute sa vie pour vivre et pour faire vivre les siens, tout n’est pas de la même valeur ni de la même veine.
    Mais quels trésors !
    Ses sept ou huit volumes de Souvenirs sont indestructibles.
    Il faut les placer à côté de Saint-Simon pour l’acuité de la vision et la profondeur psychologique, à côté de Rabelais pour l’opulence, l’éclat, la nouveauté de la langue.
    Daudet avait ce don unique de rajeunir les mots, de ranimer les images, d’en créer de nouvelles, d’en tirer des effets extraordinaires, tantôt pathétiques, tantôt d’une bouffonnerie énorme…
    …Les éditeurs disaient que son article de l’Action française était le "seul qui fît vendre".
    Il usait de son influence sur le public avec une générosité, une abnégation, une bonté que ne peuvent oublier ceux qui ont eu le privilège de pouvoir un jour lui dédier leur reconnaissance.
    Oui, Léon Daudet était foncièrement bon.
    Sans fortune lui-même, il trouvait toujours quelqu’un à qui donner.
    Il donna la dot de sa femme pour fonder l’Action française, sa pension des Goncourt pour soulager les hommes de lettres malchanceux, son indemnité parlementaire pour aider des anciens combattants chargés d’enfants….
    ...Que tous ceux qui aiment leur pays s'inclinent très bas devant cet homme qui a payé de tant d'épreuves le génie dont la nature l'avait doué.
    Que ceux qui l'ont connu s'inclinent très bas devant son admirable femme et devant ses enfants et qu'ils se disent encore : "L'avons-nous assez aimé ?"...."

  • Si le coup de « farce » est possible.

    Le billet colo­ré d’Amaury de Perros

    Le 22 jan­vier 2021, un trou­vère (certes, du genre pénible) publiait un billet dans France-Soir, dont nous repro­dui­sons ici la par­tie la plus explo­sive : « De même, et si de besoin, il est du devoir de l’ar­mée fran­çaise pour assu­rer la sûre­té du peuple fran­çais […] de pro­cé­der à la mise à pied des auteurs du coup d’É­tat – c’est-à-dire de l’ac­tuel gou­ver­ne­ment ; et ce, afin de réta­blir le droit répu­bli­cain. ».

    Aux armes, baladins !

    Plu­tôt bien tour­née, cette dia­tribe relève davan­tage de l’inconscience et de la bêtise crasse (j’entends déjà des « même pas éton­né… »). Nous sommes ici forts éloi­gnés d’un Dérou­lède, d’un Roche­fort ou d’un Maur­ras.

    Ceux qui connaissent l’Action fran­çaise, savent que ses par­ti­sans ont une cer­taine appé­tence pour les offi­ciers put­schistes, ces der­niers étant en effet tout indi­qués pour net­toyer les écu­ries d’Augias, à savoir débar­ras­ser la France des sco­ries de 200 années de répu­blique mor­ti­fère (tra­duc­tion : virer la gueuse). Une bonne dic­ta­ture en somme, mais, atten­tion, toute pro­vi­soire. L’objectif étant, in fine, de res­tau­rer la monar­chie et nos liber­tés (Monck, ça vous parle, rassurez-moi ?).

    On se sou­viens qu’il y a 60 ans, un « quar­te­ron » de géné­raux (trop répu­bli­cains, pour le coup) aura pro­vo­qué un réveil pénible au loca­taire étoi­lé de l’Elysée… S’en sui­virent quelques purges au sein de l’institution, à la suite de ces évè­ne­ments d’Algé­rie. L’esprit réac­tion­naire, pour ne pas dire natio­na­liste, n’étant pas tout à fait expur­gé chez les « milis », nous pour­rions tou­jours trou­ver quelques galon­nés ayant la capa­ci­té de don­ner de grands coups de ran­gers dans la pétau­dière répu­bli­caine le jour du « Grand Soir » (ou le soir du « Grand Jour », au choix).

    Reste à choi­sir le bon moment et sur­tout le bon che­val. Car il faut une volon­té de fer et un sens du sacri­fice assez pro­non­cé pour réus­sir un coup d’état. Point déli­cat pour nous, roya­listes, l’insurgé devra impé­ra­ti­ve­ment une fois le sale bou­lot effec­tué, ren­trer dans sa caserne et lais­ser la place à celui qui, légi­ti­me­ment, repren­dra les rênes du pou­voir1. Le dan­ger encou­ru par notre pays étant immense, nous ferions aisé­ment l’économie d’un nou­veau Bou­lan­ger ou de tout autre ambi­tieux gar­dant le pou­voir pour lui-seul.

    Le putsch qui fait pschitt

    Ceci posé, avouons très hon­nê­te­ment que ce coup de semonce de la part d’un sal­tim­banque éner­vé mais musi­ca­le­ment mort, nous ne l’avions pas vu venir.

    Dans cet appel aux cen­tu­rions, notre zapa­tiste Fran­ci­so Lalan­nos, appelle à la « mobi­li­sa­tion géné­rale du peuple fran­çais contre la tyran­nie », vu que « Le chef de l’É­tat et son gou­ver­ne­ment s’es­suient les pieds sur le droit répu­bli­cain comme sur un paillas­son. ». Si nous par­ta­geons ce constat, comme pro­ba­ble­ment nombre de Fran­çais, nous res­tons scep­tiques quant à la méthode employée. De fait, nos rues sont res­tées déses­pé­ré­ment vides de bérets ama­rantes, de treillis F3 bien repas­sés et de chars Leclerc. La capi­tale n’aura pas été non plus sur­vo­lée par des Rafales ou des Tigres2. « Caram­ba, encore raté ! » se désole une fois de plus Ramon, le tueur mal­adroit de l’Oreille cassée.

    Que faut-il rete­nir de ce brû­lot ? Pas grand-chose, en fait. Ques­tion lit­té­ra­ture, la prose employée pour­ra éven­tuel­le­ment pro­cu­rer quelques fris­sons à un lieu­te­nant-colo­nel Teje­ro lisant ce fac­tum 40 ans après sa pres­ta­tion remar­quée aux Cor­tès. D’An­nun­zio peut éga­le­ment dor­mir tran­quille, la lit­té­ra­ture fac­tieuse oublie­ra bien vite ces quelques lignes.

    Sur le fond, le « Grand Livre des Sédi­tions » ne gar­de­ra sans doute pas non plus de traces du rebelle bayon­nais et de son appel aux armes. Il est vrai que faute d’un Fidel Cas­tro gau­lois, nous héri­tons d’une ver­sion beat­nik du Líder Máxi­mo, un bar­bu­dos sans AK47, affu­blé non pas d’un six coups, mais d’une six cordes. Et sur­tout, n’ayant aucun géné­ral Tapio­ca à nous pré­sen­ter pour don­ner un sem­blant de cré­dit à ce pro­nun­cia­mien­to. Le bilan est miti­gé, cher Beni­to Lalan­ni. Com­bien de divi­sions à dis­po­si­tion ? Com­bien de paras ? Où sont les artilleurs ? Com­bien de réser­vistes ven­trus pour au moins faire illu­sion ? Niente. Nada. Pas un gazier. Une gui­tare, une natte bien tres­sée, des bottes de che­val bien cirées et un Opi­nel ne font pas d’un barde, un put­schiste. Sur­tout que ques­tion cré­di­bi­li­té, il y a encore des efforts à faire si on se remé­more son échec pour deve­nir réser­viste de la Gen­dar­me­rie. Gilet jaune et képis ne font pas bon ménage.

    De fait, le Sys­tème qui était la cible de cet atten­tat, n’aura pas trem­blé. Il s’est même pro­ba­ble­ment tapé une sacrée mar­rade à la lec­ture de cet appel à l’insurrection. Ayant bien ri, il aura pris le temps de pré­pa­rer une réplique judi­ciaire, his­toire de remettre en place l’imprudent voca­liste. C’est qu’il ne fau­drait pas adres­ser ce genre de signal aux Fran­çais et leur don­ner le goût du com­plot. Le Par­quet de Paris a donc logi­que­ment ouvert une enquête pré­li­mi­naire pour « faits de pro­vo­ca­tion publique non sui­vie d’ef­fet, à la com­mis­sion d’un crime ou d’un délit por­tant atteinte aux inté­rêts fon­da­men­taux de la nation ». Des faits quand même pas­sibles de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’a­mende. La peine de mort étant abo­lie, c’est un moindre mal (sou­ve­nons-nous que le fort d’Ivry résonne encore de salves qui assas­si­nèrent il y a peu de grands Français).

    La gueuse vient donc de sif­fler la fin du jeu pour notre Cas­ta­fiore du Béarn. Cou­couche panier et retour à la case départ (sans pas­ser par la case Sacem, mais en pas­sant par la case pri­son, donc ?). « La répu­blique gou­verne mal, mais elle se défend bien » et le gugusse chan­tant va l’apprendre à ses dépens. On peut néan­moins comp­ter sur une cer­taine man­sué­tude la part de l’institution judi­caire pour ne pas en faire un mar­tyr. Et les psy­chiatres nous expli­que­ront sûre­ment pour­quoi Lalanne eu un gros manque de dis­cer­ne­ment dans sa cri­tique du macronisme…

    Faut-il pour autant jeter Lalanne et ses bottes de che­val avec l’eau du bain ?

    Pour n’importe quel Fran­çais sou­cieux de sa Patrie, se débar­ras­ser du géron­to­phile ély­séen est un impé­ra­tif, une mesure de salu­bri­té publique et une néces­si­té vitale. Accor­dons-nous là-des­sus. Reste la méthode à employer.

    Les régi­mistes de la (vraie) droite répu­bli­caine espèrent uti­li­ser les pro­chaines échéances élec­to­rales pour ren­ver­ser la clique LREM. Le salut pour­rait venir d’une alliance allant d’un Ciot­ti par exemple, jusqu’à une Marion Maré­chal (l’espérance des déçus de tan­tine). L’union des droites est un ser­pent de mer qui res­sur­git régu­liè­re­ment… Sauf que rien de tel n’est pré­vu à 400 jours du 22 avril 2022, date de la pro­chaine gui­gno­lade pré­si­den­tielle. A ce compte-là, Macron sera en poste jusqu’en 2027 (à moins que tan­tine Marine com­prenne enfin pour­quoi elle est en tête des son­dages et qu’elle agisse en consé­quence. Sinon, ce sera 2032 et Marion). J’évacue évi­de­ment l’hypothèse Zem­mour qui agite en ce moment le lan­der­neau droi­tard, car je n’y crois pas. Qu’irait-il faire dans cette galère, à part ser­vir d’aiguillon droi­tier pour MLP ?

    A gauche, une alter­na­tive poli­tique der­rière un lea­der com­mun reste du domaine du pos­sible et pour­rait mena­cer sérieu­se­ment Macron. Mais vu les égos déme­su­rés chez La France Insou­mise, les éco­los et les sur­vi­vants du PS et vu la qua­li­té du per­son­nel, cette pers­pec­tive semble aus­si tar­ti­gnole que l’union des droites. Res­tons tout de même pru­dents. Après tout, Mit­ter­rand a bien été élu en 1981 avec les com­mu­nistes et les Radi­caux de gauche. Le grand écart chez les pro­gres­sistes est tou­jours pos­sible quand une élec­tion poten­tiel­le­ment gagnable se pro­file à l’horizon. Cer­tains socia­listes conver­tis oppor­tu­né­ment au macro­nisme, pour­raient même faire un retour à la mai­son-mère. Les légis­la­tives quant à elles, devraient être moins à l’avantage de LREM et pour­raient pro­vo­quer une cer­taine para­ly­sie poli­tique, les macro­nistes devant s’y trou­ver logi­que­ment en minorité.

    Une macro­nie pour­sui­vant en 2027 son tra­gique bon­homme de che­min semble l’hypothèse la plus pro­bable. Cette pers­pec­tive ne peut qu’inquiéter ceux qui se déso­lent de la situa­tion de notre pays. Entre muse­lage des oppo­si­tions, res­tric­tion de nos liber­tés, aban­don de nos sou­ve­rai­ne­tés, lais­ser-aller socié­tal, insé­cu­ri­té galo­pante, ghet­toï­sa­tion des ter­ri­toires per­dus, pas­si­vi­té devant l’islamisme et plus glo­ba­le­ment, haine chro­nique de ce qui fait la France par ceux qui n’ont rien à y faire, il y a lar­ge­ment de quoi alar­mer ceux qui se déso­lent devant notre pays livré à l’anarchie et à l’oligarchie libé­rale euro­péiste, monstre qui déman­tèle notre éco­no­mie. Voir sa Patrie se déli­ter et consta­ter que ceux qui devraient lui assu­rer gran­deur et pros­pé­ri­té, sont les acteurs de ce démem­bre­ment, n’autorise pas la pas­si­vi­té. La cote­rie en place ver­rouillant le sys­tème élec­to­ral, il reste peu d’options pour libé­rer la France de ces malfaisants.

    Le putsch : y pen­ser, sou­vent. N’en par­ler, jamais

    Que vou­lons-nous à l’Action fran­çaise ? Un pou­voir fort dans ses aspects réga­liens, mais sou­cieux du bien com­mun, qui rende aux Fran­çais leur fier­té, qui leur redonne le sen­ti­ment d’appartenir à la plus belle des nations, celle qui sera crainte et res­pec­tée. Nous vou­lons un régime qui garan­ti­ra nos liber­tés, qui res­pec­te­ra les valeurs et les tra­di­tions qui ont bâti la France. Nous vou­lons donc un roi.

    Com­ment y par­ve­nir ? Cet objec­tif ne sera évi­dem­ment pas atteint par la voie démo­cra­tique. Si le sys­tème est à bout de souffle, il n’est pas deve­nu sui­ci­daire pour autant. Bien des scé­na­rios res­tent ima­gi­nables et la plu­part sont mal­heu­reu­se­ment tra­giques. Face de graves évè­ne­ments et devant l’atonie du Sys­tème, un appel au roi par les dépu­tés n’est pas tota­le­ment chi­mé­rique pour refaire l’unité du pays. Ces mêmes poli­tiques n’ont-ils pas fait appel à un vieux maré­chal en 1940, pour se sor­tir d’un pétrin où ils avaient mis le pays ?

    Dans une situa­tion d’anarchie, l’hypothèse d’un coup d’état mili­taire n’est donc plus à éva­cuer. Notre pays pos­sède encore suf­fi­sam­ment de res­sources morales, pour que des hommes déci­dés se chargent de virer une équipe qui envoie sciem­ment le navire France vers un ice­berg mor­tel. Il va de soi, que le galon­né en ques­tion n’est pas encore connu et que ce ne sera sur­ement pas un de ceux que cer­tains droi­tards exhibent sur les réseaux sociaux (je rap­pelle que dans ces deux scé­na­rii, le roi nou­vel­le­ment ins­tal­lé devra se rendre indé­pen­dant des fac­tions qui l’auront por­té au pou­voir, affir­mer son auto­ri­té et mettre en place un sys­tème poli­tique qui se péren­ni­se­ra. En somme, s’affranchir de la repré­sen­ta­tion par­le­men­taire et remettre à sa vraie place l’autorité mili­taire. Un tra­vail de longue haleine et déli­cat, qui néces­si­te­ra intel­li­gence et prag­ma­tisme).

    Cette hypo­thèse mili­taire ayant donc les faveurs de notre mélo­diste dégui­sé en his­trion, si ce der­nier réclame l’intervention de la Grande Muette, c’est hélas pour res­tau­rer une répu­blique fan­tas­mée, alors qu’elle est le vrai poi­son. De quoi démon­trer une fois de plus, l’immaturité du per­son­nage en matière politique.

    Autre incon­grui­té : crier haut et fort sur les toits qu’il faut abattre le sys­tème en place par la force. A‑t-on déjà vu un putsch s’annoncer à grands ren­forts d’annonces dans les médias et les réseaux ? Et pour­quoi pas un flash­mob en treillis… dans la longue his­toire des coups d’états, il y eu rare­ment d’avertissements clai­ron­nés. Ragin­pert et son fils Ari­pert, n’ont pas envoyé d’émissaires au roi des lom­bards Liut­pert, pour l’avertir que ses jours étaient comp­tés (encore qu’il dût bien s’en dou­ter, vu les mœurs de l’époque). Fran­co n’a jamais envoyé de télé­gramme pour pré­ve­nir le Frente Cra­pu­lar qu’il allait débar­quer en Anda­lou­sie. John Scul­ley n’a pas envoyé de SMS à Steve Jobs avant de le virer d’Apple. Il me semble donc inutile de pré­ci­ser que le pre­mier gage de réus­site d’un putsch, était de res­ter secret. Lalanne passe donc une fois de plus pour ce qu’il est, une buse, un idiot, un fac­tieux d’opérette, un agi­té inca­pable de réflé­chir avant de par­ler. S’insurger, c’est bien, c’est même plu­tôt sain3, mais il n’est pas néces­saire de s’imaginer com­plo­teur et crier sur les toits « Viva la Revo­lu­ción ! » pour pro­vo­quer un sou­lè­ve­ment. Un com­plot se trame dans des caves vou­tées et humides, flingues et cya­nure à por­tée de main.

    Gar­dons-nous de prendre de haut, ce qui res­semble tout de même à un sui­cide social. Car ce coup de sang, cette sor­tie de route non contrô­lée d’un put­schiste en herbe, est peut-être un signal avant-cou­reur. Une sorte d’éruption cuta­née illus­trant l’exaspération des Fran­çais face au sys­tème macro­nien. Il existe en France une cris­pa­tion, une irri­ta­tion, une colère encore conte­nue chez les gau­lois réfrac­taires. La Covid et sa ges­tion cala­mi­teuse, les pri­va­tions de liber­té, la crise éco­no­mique qui pointe son museau, sont-ils les fer­ments de la révolte à venir ? Si on amal­game à cette crise, les autres graves pro­blèmes ren­con­trés par les Fran­çais, insé­cu­ri­té et chô­mage pour ne citer qu’eux, nous nous diri­geons cer­tai­ne­ment vers une période pré-anar­chique, dont la meilleure illus­tra­tion est la qua­si-impu­ni­té des racailles dans leurs quar­tiers (Blois, hier soir encore). Nos com­pa­triotes pour­raient alors s’insurger et deman­der des comptes aux édiles en place, dans l’hypothèse opti­miste, où ils se déta­che­raient de Net­flix et du « Meilleur pâtis­sier » … (le scru­tin de 2022 sera peut-être la tra­duc­tion paci­fique de ce ras-le-bol).

    Devant une situa­tion insur­rec­tion­nelle, les élé­ments les plus avi­sés devront savoir se struc­tu­rer pour réus­sir. De cette troupe, devra émer­ger un chef qui sau­ra remettre le pays sur de bons rails. Et qui aura l’intelligence de se reti­rer une fois la mis­sion effec­tuée, répon­dant ain­si à nos sou­haits de monarchistes.

  • Météo et prédictions apocalyptiques, par Ber­nard Le Breton.

    Il n’y a pas que le virus pour ter­ro­ri­ser les peuples.

    Une rétros­pec­tive qui donne à réflé­chir, non ?

    • 1967 Salt Lake Tri­bune : pré­vi­sions de famine pour 1975, il est trop tard.
    • 1969 NYT : À moins d’a­voir beau­coup de chance, le monde entier dis­pa­raî­tra dans un nuage de vapeur bleue dans 20 ans. La situa­tion s’ag­gra­ve­ra si nous ne chan­geons pas notre comportement.
    • 1970 Bos­ton Globe : Un scien­ti­fique pré­dit une nou­velle ère gla­ciaire pour le 21e siècle, selon James P. Lodge, scien­ti­fique au Natio­nal Cen­ter for Atmos­phe­ric Research.
    • 1971 Washing­ton Post : Un nou­vel âge gla­ciaire désas­treux arrive, déclare SI Rasool à la NASA.
    • 1972 Lettre de l’U­ni­ver­si­té Brown au pré­sident Nixon : Aver­tis­se­ment de refroi­dis­se­ment global
    • 1974 The Guar­dian : Les satel­lites spa­tiaux montrent que l’ère gla­ciaire approche à grands pas
    • 1974 Time Maga­zine : Ano­ther Ice Age « Des signes révé­la­teurs par­tout. Depuis les années 1940, la tem­pé­ra­ture moyenne mon­diale a chu­té de 2,7 degrés F. »
    • 1976 NYT The Cool­down : Le cli­ma­to­logue de l’U­ni­ver­si­té du Wis­con­sin Ste­phen Schnei­der déplore la « sourde oreille dont ils ont reçu ses avertissements ».
    • 1988 Agence France Press : Les Mal­dives seront com­plè­te­ment sous l’eau dans 30 ans.
    • 1989 Asso­cia­ted Press : Un res­pon­sable de l’O­NU dit que la mon­tée des mers « effa­ce­ra les nations » d’i­ci l’an 2000.
    • Salon 1989 : L’Au­to­route de la Côte Ouest de New York sera sous l’eau en 2019, selon Jim Han­sen, le scien­ti­fique qui a don­né une confé­rence au Congrès en 1988 sur l’ef­fet de serre.
    • 2000 The Inde­pendent : « Les chutes de neige appar­tiennent au pas­sé. Nos enfants ne sau­ront pas ce qu’est la neige », déclare le prin­ci­pal cher­cheur en climatologie.
    • 2004 The Guar­dian : Le Penta­gone dit à Bush que le chan­ge­ment cli­ma­tique nous détrui­ra. « La Grande-Bre­tagne sera sibé­rienne dans moins de 20 ans », a décla­ré le Penta­gone à Bush.
    • 2008 Asso­ciate Press : un scien­ti­fique de la NASA dit que nous sommes frits. Dans 5 à 10 ans, l’Arc­tique sera libre de glace
    • 2008 Al Gore : Al Gore pré­vient que l’Arc­tique sera libre de glace en 2013.
    • 2009 The Inde­pendent : Le prince Charles dit qu’il ne reste que 96 mois pour sau­ver le monde. « Le prix du capi­ta­lisme est trop élevé. »
    • 2009 The Inde­pendent : Gor­don Brown déclare : « Nous avons moins de 50 jours pour sau­ver notre pla­nète de la catastrophe. »
    • 2013 The Guar­dian : L’Arc­tique sera libre de glace dans deux ans. « Libé­rer une impul­sion de 50 giga­tonnes de méthane » désta­bi­li­se­ra la planète.
    • 2013 The Guar­dian : L’US Navy pré­dit l’Arc­tique libre de glace en 2016. Le dépar­te­ment d’o­céa­no­gra­phie de l’US Navy uti­lise une modé­li­sa­tion com­plexe pour rendre ses pré­vi­sions plus pré­cises que d’autres.
    • 2014 John Ker­ry : « Nous avons 500 jours pour évi­ter le chaos cli­ma­tique », ont dis­cu­té le secré­taire d’É­tat John Ker­ry et le ministre fran­çais des Affaires étran­gères Laurent Fabius lors d’une réunion conjointe.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Éphéméride du 13 juin

    La Comédie française, de nos jours

     

     

    1643 : Fondation de l'Illustre Théâtre 

     

    C'est avec quelques amis, dont la comédienne Madeleine Béjart, que Molière fonde L'illustre Théâtre : un processus est lancé, qui ne s'arrêtera plus, et qui débouchera sur la création de la Comédie Française, par Louis XIV, en 1680.

    L'acte officiel (ci-dessous) sera signé le 30 :

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    Installé d'abord à Paris, L'Illustre-Théâtre fera faillite en 1645. La troupe ira se rôder en province et, de retour à Paris en 1659, elle triomphera avec "Les Précieuses ridicules". Protégé de Louis XIV, Molière donnera alors de nombreuses comédies pour la Cour et le public parisien.             

    Molière est né le 15 janvier 1622 à Paris, dans le ménage du Tapissier ordinaire du roi Louis XIII. Il fait d'excellentes études de Droit. Avocat à 18 ans, il se lie avec des comédiens et en particulier Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, vedette de la comédie italienne. Il rencontre aussi Madeleine Béjart (24 ans), directrice d'une troupe déjà connue, ainsi que ses frères Joseph et Louis. Fort de ces nouvelles amitiés, il rompt avec son père pour suivre sa vocation de comédien.

    C'est ainsi que naît l'Illustre-Théâtre. C'est l'année où meurent le cardinal de Richelieu et le roi Louis XIII et où monte sur le trône le roi Louis XIV (5 ans). Qui se douterait alors de l'aventure en gestation, tant politique que culturelle ?

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    Le fauteuil de Molière dans le Malade Imaginaire

                

    La petite troupe, composée de Molière, Madeleine et sept autres comédiens, s'établit dans une salle du Jeu de paume dite des Métayers puis dans celle de la Croix-Noire. Mais le succès tarde à venir et la faillite survient deux ans plus tard, en mai 1645. Molière connaît alors la prison pour dettes.

    Libéré, il entame avec Madeleine Béjart des tournées à travers la France dans la troupe du duc d'Épernon, sous la direction de Charles Dufresne. Dix ans plus tard, à Lyon, il crée sa première comédie, l'Étourdi. Elle est suivie l'année suivante, à Béziers, du Dépit amoureux.

    Molière, qui n'a encore rien écrit de notable à l'âge avancé de 37 ans, triomphe enfin à Paris le 18 novembre 1659 avec Les Précieuses ridicules. Il va donner dans les quatorze années qu'il lui reste à vivre la totalité de ses chefs-d'oeuvre.

    Le comédien joue dès lors avec sa troupe à Vaux-le-Vicomte, pour le surintendant Fouquet, puis à Versailles, pour le roi Louis XIV en personne. La protection du Surintendant puis du roi lui permet de faire face aux cabales, jalousies et médisances. Elle lui vaut aussi des revenus élevés, qu'il dépense aussitôt que gagnés. Molière assume une fonction équivalente à celle de bouffon du roi, avec le droit de tout dire et de tout jouer.

     

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    Les Fâcheux, première ébauche des comédies-ballets, amorce sa collaboration avec le compositeur Lully (ci dessus). La pièce est donnée lors de la fête de 1661 qui sera fatale au Surintendant. Le 26 décembre 1662, peu après avoir épousé Armande Béjart, fille de Madeleine, de 20 ans sa cadette, il donne L'École des femmes.

    En 1664, Molière et Lully s'associent pour composer la première comédie-ballet authentique, Le Mariage forcé, qui mêle étroitement l'intrigue théâtrale, la danse et la musique. En sept ans de collaboration, avant que la brouille et la mort ne les séparent, "les deux Baptistes" (ils portent le même prénom) en créeront au total onze, la plus célèbre étant Le Bourgeois gentilhomme.

    Le comédien doit faire face à une cabale des dévots autour de la reine mère, Anne d'Autriche, après la première représentation de Tartuffe, sévère critique de l'hypocrisie religieuse, le 12 mai 1664, dans le parc de Versailles, lors des fêtes des "Plaisirs de l'Île enchantée.

     

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    En août 2009, Raphaël de Angelis, en jouant La Jalousie du Barbouillé et Le Médecin volant, renoue avec un Molière "vrai".
    Dans la Jalousie  le public suit les milles ruses qu’invente Angélique pour tromper son vieux mari.
    Dans Le Médecin volant, c’est Sganarelle qui utilise sa fourberie pour que son maître puisse épouser la femme qu’il aime.
    Mais, surtout, ces représentations ont lieu dans le cadre d'une tournée estivale, baptisée "l'Illustre Tournée", en référence à "l'Illustre Théâtre" :  le principe étant de jouer le spectacle de manière itinérante en suivant le parcours que Molière et sa troupe, avaient emprunté... 
     
     
     

    La reine mère Anne d'Autriche ayant fait interrompre la représentation, c'est seulement le 29 novembre suivant, chez Henriette d'Angleterre, belle-soeur du roi, que le comédien peut donner l'intégralité de sa pièce. Apparaissent dans la foulée d'autres chefs-d'oeuvre : Dom Juan (pièce en prose), le Misanthrope, l'Avare...

    En 1667, la troupe de Molière, installée au Palais Royal, se voit trahie par le jeune Jean Racine, nouveau tragédien à la mode, qui lui enlève sa pièce Alexandre le Grand et la confie à la troupe rivale de l'hôtel de Bourgogne. Du coup, le grand (et vieux) Corneille quitte l'hôtel de Bourgogne et se rapproche du comédien, bien que celui-ci l'eut moqué dans une comédie antérieure, L'impromptu de Versailles. Le tragédien poussera l'amitié jusqu'à versifier une pièce de Molière, Psyché, à la demande de celui-ci.

    Le 17 février 1673, après avoir donné la quatrième représentation du Malade Imaginaire, Molière s'écroule. Il meurt quelques instants après, ayant atteint l'âge canonique de... 51 ans, usé par le travail, les soucis d'argent et les tourments affectifs. Sa troupe, dite du Théâtre Guénégaud, est la dernière troupe théâtrale qui se soit maintenue, avec celle de l'Hôtel de Bourgogne.

    Ainsi, quand Louis XIV, en 1680, décida de fusionner les deux troupes, et signa l’acte de naissance de la Comédie-Française (ci dessous), dans le but de "rendre les représentations de comédies plus parfaites", il faisait aussi œuvre de mémoire. Ce siècle, qui était également le sien, avait été un âge d’or du théâtre.

    Une aventure humaine personnelle et collective, qui avait commencé presque quarante ans auparavant, en juin 1643, lorsque Molière fonda L'Illustre Théatre...

     

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    Conversation entre Louis XIV et Racine, rapportée par François Bluche (Louis XIV, Fayard, page 702) :
     
    "...Il (Louis XIV, ndlr) demanda un jour à ce dernier (Racine, ndlr) "quel était le plus rare des grands écrivains qui avaient honoré la France pendant son règne. - Molière", répondit alors Jean Racine. Et le Roi, qui pourtant avait aimé et protégé Molière, mais ne s'était pas totalement débarrassé du préjugé dévot contre les gens de théâtre, du préjugé littéraire sur la comédie, répondit cette phrase merveilleuse de simplicité et de probité intellectuelle : "Je ne le croyais pas; mais vous vous y connaissez mieux que moi."

     

    On aura en cliquant sur le lien ci-dessous une intéressante biographie de Molière, où l'on fait une bonne place à ses débuts, et à cet Illustre Théâtre, avec lequel tout a commencé, et qui est bien le début d'une assez extraordinaire aventure :  

    www.bibliolettres.com/w/pages/page.php?id_page=163

     

     

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    1684 : Inauguration de la "Machine de Marly"

     

    Louis XIV assiste à la mise en service de la Machine de Marly, construite par les Liégeois Arnold de Ville et Rennequin Sualem :

    • Arnold de Ville, né le 15 mai 1653 à Huy est mort en 1722. En plus de sa gratification et de sa pension, Louis XIV lui fit construire, vers 1684, un manoir, le Pavillon des Eaux, situé Chemin de la Machine au village de Voisins à Louveciennes. En 1768, ce pavillon deviendra le château de Madame du Barry.

    • Rennequin Sualem, né le 29 janvier 1645 à Jemeppe-sur-Meuse, est mort le 29 juillet 1708. 

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    Deux reconstitutions en 3D...

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    "La machine de Marly produisait onze cent cinquante mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures. Louis XIV, qui récompensait grandement les talents , les services et les entreprises utiles ou perfectionnées, donna au sieur Deville une gratification de cent mille livres, une pension annuelle de six mille, et la direction de la machine avec des appointements annuels également de six mille livres; il donna au charpentier Renkin une pension de quinze cents livres avec un logement à la machine, pension et logement qui furent conservés à sa veuve et à sa nièce.

    — Dans le siècle dernier, on avait fait croire au peuple que Louis XIV fit crever les yeux à l’inventeur de la machine, de peur qu’il n’allât enrichir d’un pareil monument un pays étranger." (Histoire de Madame de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV, par M le Duc de Noailles, 1848).

     

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    La machine de Marly, par Pierre-Denis Martin, 1723

  • Les matérialismes s'effondrent, les nuées se sont transformées en cauchemar... Mais le Pape trace la voie...

               Le moins que l’on puisse dire est que le voyage en France du pape Benoît XVI ne se situe, à aucun égard, dans un contexte national et international apaisé. D’aucuns prédisaient, il n’y a pas si longtemps, la fin de l’Histoire et une planète de consommateurs repus et satisfaits, sans conflits dignes de ce nom.

               Qu’auraient à y faire, à y dire, les grandes religions du monde, l’Eglise Catholique en particulier, si ce n’est d’y dispenser des paroles douces, lénifiantes et sans portée ?

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                Ce n’est pas, apparemment, ce qui c’est passé. Car le sort des idéologues est bien toujours le même. C’est Saint-Just qui l’exprime le mieux lorsqu’il dit à peu près, évoquant la Terreur et la guerre qui furent les conséquences directes de la Révolution : « il s’est produit des choses que nous n’avions pas prévues ».  Mais il se produit toujours des choses que l’idéologie empêche d’envisager !

                Il arrive même l'inverse de ce qui était communément prévu : le capitalisme (plus ou moins) libéral, qui est aujourd'hui planétaire, n'est pas exempt, comme il est naturel, de crises et de conflits d'intérêts lourds de conséquences; l'évolution exponentielle des technologies et l'explosion démographique du monde, en particulier de pays longtemps endormis, colonisés ou dominés par l'Occident, rend prévisibles, dans un avenir qui n'est peut-être pas si lointain, d'âpres luttes pour les ressources de tous ordres, énergétiques  mais aussi, à terme, tout simplement pour les matières premières et pour la nourriture, consommées et souvent gaspillées, comme jamais dans l'histoire des hommes; enfin, le monde, qui, en effet, s'est largement uniformisé, s'est simultanément durci dans ses réalités nationales, mais aussi ethniques, religieuses, communautaristes. Terrorisme, montée des fanatismes, dictatures, résurgence des nationalités : ce sont des mots courants aujourd'hui. Pour la première fois depuis longtemps, des bruits de bottes d'une certaine gravité e font entendre en Europe même..... Et, ces temps derniers, les diplomates, expression ultime, ont prononcé le mot "guerre" à plusieurs reprises. Le tout, au moins en Occident, dans un effondrement sans précédent de toutes les "valeurs", de tous les repères, de toutes les structures sociales, des moeurs et de la culture... Bref, une situation de "dé-civilisation", peut-être sans précédent.

                Dans l' "Avenir de l'Intelligence", paru en 1901, Maurras avait, le premier, annoncé cet "âge de fer"où nous sommes sans doute entrés, peut-être pour longtemps. Alain Finkielkraut le nomme "Défaite de la Pensée".Mais le constat est le même. Alexandre Soljénitsyne et Jean-paul II, après avoir combattu le communisme, ont l'un et l'autre dénoncé le "grand bazar"mercantile et matérialiste du monde post soviétique. Mêmes analyses aussi chez Georges Steiner et Jean-François Mattéi, qui a publié "La Barbarie intérieure. Essai sur l'immonde moderne" et "Le Regard vide. Essai sur l'épuisement de la culture européenne". Mistral, poète et visionnaire, dans l' "Ode à la Race Latine", utilise une curieuse formule lorsqu'il dit, parlant de la "langue mère" des nations latines que les "bouches humaines" la rediront "tant que le verbe aura raison". Devait-il venir un temps où le Verbe n'aurait plus raison ?

              Les religions peuvent se constituer en fanatismes. Peut-être, en d'autres temps, telle ou telle période ou partie de l'histoire chrétienne ont-elles versé dans cette déviation. Mais les deux derniers siècles nous ont appris que les idéologies rationalistes, purement humaines, peuvent produire des horreurs d'une tout autre ampleur, et sans que rien ne les limite.

              Ce sont, sans doute, des paroles fort différentes de celles que le peuple français est accoutumé à entendre, des paroles de haute sagesse, que Benoît XVI va prononcer en France, des paroles de paix et de fraternité vraie, car, Alexandre Soljénytsine le rappelait, en 1993, dans son discours aux Lucs sur Boulogne, en Vendée, parlant de la devise de notre République, "Liberté, Egalité, Fraternité" : "Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan, et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d'ordre spirituel".  

              A bien y regarder, et nous aurons à y revenir, il n'y a plus guère que le Pape, que l'Eglise Catholique, à tenir tête, héroïquement, au "bazar" qu'est le monde moderne, et à tracer, pour l'humanité toute entière, une autre voie que celles, avilissantes, du matérialisme sanglant des révolutions, ou du libéralisme doux de ce que nous nommons encore, par une singulière inconscience, le "monde occidental".                                 

  • Cinéma • Les Visiteurs 3 ou le vrai visage de la Terreur, vus par Jean-Christophe Buisson

     

    Jean-Christophe Buisson a vu Les Visiteurs 3 - La Révolution. Il estime que Jean-Marie Poiré et Christian Clavier ont pris le parti inédit et courageux de se saisir à bras-le-corps de cette page sombre de l'histoire de France. Sans complexe ni manichéisme [Figarovox - 7.04]. Jean-Christophe Buisson est homme de goût et de jugement. Il n'affiche pas grande inclination pour la période révolutionnaire. Pas plus que nous qui lirons son avis avec attention et ... sympathie.  LFAR 

     

    PHOace7ebf0-cac5-11e3-ae1d-fb39e4002cc5-300x200.jpgDepuis 1870 et l'instauration de la République en France, la Révolution a plutôt bonne presse. Le mot lui-même est synonyme universel de progrès, de nécessité, d'avancée, qu'il concerne un nouveau médicament, la mécanisation des outils agricoles ou les régimes alimentaires. Politiquement, il sonne comme une promesse d'avenir radieux : même le maréchal Pétain, instituant pourtant un régime aux accents résolument contre-révolutionnaires, se sentit obligé de reprendre le terme, invitant la France à se lancer dans une « Révolution nationale ». Et nous ne parlons pas d'Hitler et de sa « révolution nationale-socialiste »… Quant à l'événement lui-même, bien que Lénine, Trotski, Mao, Pol Pot et quelques autres dictateurs sanguinaires s'en fussent réclamés à corps et à cris (surtout ceux de leurs millions de victimes), il n'en garde pas moins, dans les livres d'Histoire comme dans la classe politique ou médiatique dominante, auréolé d'un prestige certain. 1789, c'est neuf, donc c'est bien.

    Bien sûr, une école de pensée contre-révolutionnaire qui va de Louis de Bonald à Charles Maurras s'est attelée, depuis deux siècles, à insister sur ses noirs aspects et ses fâcheuses conséquences. Mais la somme de ses réussites (droit de vote, Droits de l'Homme, abolition de l'esclavage, établissement d'une Constitution, création d'une Assemblée nationale, émancipation des Juifs, liberté de la presse, etc.) est jugée supérieure à celle de ses désagréments (guerre civile en Vendée, guerre contre la moitié de l'Europe, destruction des communautés traditionnelles, confiscation ou destruction des biens du clergé, loi Le Chapelier interdisant les regroupements professionnels et la grève, etc.). Cette vision globalement positive de la Révolution a conduit les cinéastes à la représenter, à de rares exceptions près (le sublime Le Duc et l'Anglaise, d'Eric Rohmer) de manière globalement positive. La Bastille vidée plutôt que les prisons remplies. La joie illuminant le visage des paysans libérés du servage plutôt que la grimace des propriétaires et des prêtres sur le point d'être raccourcis. Des foules qui réclament du pain plutôt que des têtes. La terrine plutôt que la Terreur.

    Dans Les Visiteurs - La Révolution, Jean-Marie Poiré et Christian Clavier, coauteurs du scénario, ont pris le parti inédit et courageux de se saisir à bras-le-corps de cette page sombre de l'histoire de France. Sans manichéisme, sans faux-fuyants, sans complexe. Leur film est un divertissement qui s'appuie sur une tragédie - c'est souvent une excellente recette (voir La grande vadrouille, La Vache et le prisonnier, Monsieur Batignole, etc.). Il débute en janvier 1793 et court jusqu'à la Grande Terreur. On y voit (furtivement mais réellement) des prêtres et des nobles de tous âges emprisonnés, puis conduits à l'échafaud comme des bêtes à l'abattoir. On y voit des hommes et des femmes dont la seule ambition révolutionnaire est de s'emparer du bien des anciens possédants pour en profiter à leur tour, quitte à substituer une inégalité sociale à une autre. On y voit des bourgeois confisquer le processus révolutionnaire pour chiper la place des aristocrates. On y voit un Robespierre glaçant, sinistre, terrifiant (remarquablement interprété par Nicolas Vaude) décider, en compagnie de ses amis du Comité de Salut public réunis autour d'un bon dîner au champagne, qui, demain, méritera la mort (« exterminer les ennemis », disait l'un de ses zélés membres, Couthon, annonçant par là quelques génocides futurs…). On y voit, en face, un preux chevalier du XIIe siècle pétri de valeurs qui ont pour noms courage, honneur, noblesse d'âme (Godefroy Amaury de Malefète, comte de Montmirail, d'Apremont et de Papincourt, dit le Hardi et alias Jean Reno) refuser la fatalité et préférer risquer sa vie que salir son nom en cédant, comme d'autres, à une mode égalitariste et progressiste qui est la négation de son éducation et de son statut de fidèle vassal de Louis VI le Gros. On le voit, à l'annonce de la mort de Louis XVI, se jeter à genoux et réciter le Pater Noster après avoir crié « Le Roi est mort, vive le Roi! ». Pui s'échapper de prison en assommant ses gardes pour gagner Paris afin de libérer Louis XVII de sa prison du Temple et « remettre le Dauphin sur le trône ». Puis s'étonner sincèrement de se retrouver face-à-face à un Noir habillé aux couleurs de la Révolution (« Les Sarrasins sont parmi nous ! »). Et enfin, écrasé par la puissance ennemie, décider de revenir dans son château pour le reprendre, les armes à la main, à ses nouveaux propriétaires car « si tu perds ta terre, tu perds ton âme ».

    Autant de scènes et de formules qui, bien sûr, font hurler les si prévisibles thuriféraires habituels de Robespierre et de la Terreur. Ils trouvent bien entendu ce film « réactionnaire ». Quitte à oublier la somme considérable de saynètes du film ridiculisant (donc dénonçant) aussi les familles d'Ancien Régime engoncés dans leurs rites et leurs mentalités parfois détestables. Mais pour ces gens-là, sur ce sujet-là, il ne saurait être question d'objectivité, de neutralité, d'honnêteté intellectuelle, d'équilibre, de mesure. Leurs slogans n'ont pas changé depuis deux siècles : pas de liberté pour les ennemis de la liberté, la vérité est révolutionnaire, etc. Montrer la Révolution sous son jour sanglant aussi, c'est forcément être suspect d'antirépublicanisme, d'antipatriotisme, de révisionnisme. Même s'il s'agit de cinéma. Même s'il s'agit de la réalité historique. Mais ils n'aiment pas la réalité. Ni celle d'hier ni celle d'aujourd'hui. C'est à cela qu'on les reconnaît. 

    Jean-Christophe Buisson

    Jean-Christophe Buisson est journaliste et écrivain. Il dirige les pages culture et art de vivre du Figaro Magazine. Il est notamment l'auteur d'Assassinés (Perrin, 2013).

  • Michel Maffesoli : la Nostalgie du Sacré.

    Raphaël Juan : Michel Maffesoli dans votre dernier livre paru, La nostalgie du sacré, vous poursuivez une réflexion, entamée avecLa parole du silence, qui revient aux sources du mot religion (du latin religare, relier) et dévoile le ciment social que créée la conscience d’une sacralité commune. Ce sacré d’où provient-il et comment le définiriez-vous ?

    1.jpgMichel Maffesoli : Je précise que mes analyses sont en ce qui concerne La Parole du silence (Cerf 2016) et La Nostalgie du sacré (Cerf 2020) à rattacher à une perspective socio-anthropologique et ne concernent pas ce qui relèverait du théologique, à savoir la foi. Le sacré ou plutôt le sacral décrit la religiosité ambiante, la religion comme phénomène social alors que la foi est à comprendre dans l’intimité de chacun, dans le « for interne ».
    De nombreux auteurs, je pense en particulier à Emile Durkheim dans Les formes élémentaires de la vie religieuse ou encore Gilbert Durand dans Sciences de l’homme et tradition, montrent bien comment de diverses manières, mais avec une grande constance, la religion est un élément de fond de la vie sociale. Durkheim allant même jusqu’à parler pour bien souligner ce phénomène de « divin social ». Suivant les époques, celui-ci est plus ou moins mis en valeur. Ainsi durant toute la modernité, du 17e à la première moitié du 20e siècle, le rouleau compresseur du rationalisme évacua progressivement cette dimension religieuse, aboutissant à ce que Max Weber a bien analysé en parlant de « désenchantement du monde ». Il semblerait et c’est en tout cas mon analyse, que contemporainement, en cette postmodernité naissante, le sacré, voire même le sacral revienne à l’honneur. Quelle en est la source ? quelle en est l’origine ? il est difficile de donner une définition exacte de ce que l’on nomme le sacré. Mais l’on peut constater, dans la foulée des auteurs que je viens de citer qu’il s’agit d’une structure anthropologique, rendant attentif au fait qu’on ne peut bien saisir le visible qu’en fonction de l’invisible. Ou encore et cela a été souligné par de nombreux bons esprits, on ne peut comprendre le réel qu’à partir de ce qui est réputé irréel. C’est ce retour d’un imaginaire religieux que j’essaie, dans cet ouvrage comme dans La Parole du silence,  d’analyser.

    RJ : Votre livre insiste sur la nécessité du mystère qu’implique toute sociabilité empreinte du sacré, c’est-à-dire pour vous toute sociabilité authentique. Vous évoquez des figures étranges comme ce Roi clandestin dont parle le sociologue Georg Simmel. Qu’est-ce que ce Roi clandestin ? A-t-il quelque chose à voir avec le Roi du monde dont parle René Guénon ?

    MM : Soyons en effet attentifs au fait que dans la foulée de la philosophie des Lumières, se développant au 18e siècle et se poursuivant tout au long du 19e siècle, le mystère a été durablement relativisé, voire dénié. Pour ma part, je rappelle, dans la suite de cette dialogie existant entre le visible et l’invisible, que le clair-obscur est une des caractéristiques essentielles de toute espèce humaine. C’est en ce sens qu’il convient de comprendre le terme même de mystère qui tout à la fois insiste sur l’importance de l’ombre et sur le fait que c’est ce phénomène de l’ombre qui partagée constitue la socialité de base.

    C’est en ce sens que ce penseur important que fut Georg Simmel a, à plusieurs reprises, parlé du « roi clandestin ». Je ne sais pas si cette expression peut être comparée à ce que René Guénon nomme « le roi du monde ». L’idée même du roi clandestin rend attentif au fait que à côté d’un pouvoir surplombant, pouvoir institué, pouvoir établi, il existe une société officieuse, pour ce qui me concerne ce que l’on appelle la souveraineté populaire, qui tout en étant cachée n’en est pas moins réelle et régulièrement tend à s’affirmer et à être reconnue comme telle. Ce sont ces diverses métaphores qui soulignent l’importance qu’il convient de donner ou de redonner au mystère comme étant un élément structurant de tout être ensemble. Faut-il le rappeler, il existe une proximité sémantique entre des mots tels que mystère, mythe, muet, mythique etc. Mots qui rendent attentif au fait qu’au-delà d’une attitude quelque peu paranoïaque consistant à tout expliquer, il y a aussi, au sein même de la connaissance sociétale, des éléments secrets qui permettent de comprendre, au sens fort du terme, ce qu’est cette socialité de base, celle de la vie quotidienne qui ne peut pas être expliquée seulement à partir de la raison raisonnante. Pour ma part j’ai d’ailleurs consacré un livre, Eloge de la raison sensible, au fait qu’il faut compléter la raison, celle des Lumières, par le sensible qui renvoie à l’ombre constituant, également, la vie individuelle et la vie collective.

    RJ : La fermentation, l’œuvre au noir, l’obscurité, le secret, le silence vous semblent être des dispositions essentielles pour faire germer, à titre individuel ou collectif, le divin. Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage sur cette « stratégie des ténèbres » ?

    MM : Il est en effet important d’observer que « l’œuvre au noir » ou ce qui est secret, est constitutif tant d’un point de vue individuel que d’un point de vue collectif de toute existence humaine. On peut, à cet égard, parler d’une « stratégie des ténèbres ».

    Pour bien me faire comprendre je rappelle que le terme latin qu’utilisait la philosophie médiévale, la discretio renvoie à la nécessité d’être discret et c’est cette discrétion qui aboutit à ce qui est peut être la caractéristique essentielle de notre espèce animale, le discernement. Donc plutôt que de mettre l’accent purement sur la dimension explicative de la raison raisonnante, le silence est aussi une manière de comprendre et ce dans le sens strict du terme, le fondement de toute vie sociale, ce que j’appelle pour ma part socialité. Expliquer, c’est déplier le réel, relier chaque phénomène à une cause, comprendre, c’est saisir l’ensemble des phénomènes dans leur interaction, ce qu’on nomme un écosystème. Expliquer relève de la pure recherche des causes rationnelles, comprendre prend en compte les rêves, les émotions, tout ce que le pur rationalisme avait laissé de côté.

    Ainsi, alors que la sociabilité est la conséquence d’un social purement rationnel, la socialité quant à elle prend en compte l’entièreté du mystère sociétal.

    RJ : Ce livre est, entre autres choses, une apologie du génie du catholicisme qui aurait su comprendre l’humaine nature mieux que les autres religions, et notamment que le protestantisme. Communion des saints, culte de la vierge, piété populaire, intégration de l’héritage gréco-romain, Trinité, « tolérance » du pêché sont des idées et pratiques qui retiennent votre attention, pourquoi ?

    MM : Il me semble en effet qu’à l’opposé de ce que fut la dimension très rationnelle du protestantisme à partir du 16esiècle, le génie du catholicisme a su garder ce que le philosophe Jacques Maritain nommait « un humanisme intégral ». Humanisme s’exprimant bien, dans le catholicisme traditionnel par le culte des saints, la dévotion mariale, la piété populaire sous ses diverses manifestations et bien évidemment par l’accentuation très forte donnée au mystère de la Trinité. Dans chacun de ces cas, ce qui est en jeu, c’est, au-delà d’une foi simplement individualiste, le fait que l’essence même de la religion est toujours un relationisme, c’est-à-dire une manière de mettre en relation, de relier. De ce point de vue, je consacre quelques pages à ce mystère dans mon livre, l’idée trinitaire qui est une particularité du christianisme traditionnel que le catholicisme met en valeur, explique bien ce primum relationis ou pour le dire à la manière du philosophe catholique Max Scheller un ordo amoris qui est le propre de tout échange et de tout partage. Il ne faut pas avoir peur de mettre en relation cet ordo amoris trinitaire avec le dogme de la communion des saints qui met l’accent sur ce qu’il convient d’appeler la réversibilité comme étant un élément important de tout être-ensemble. C’est cette réversibilité que l’on peut retrouver dans le partage, l’échange, l’entraide que la culture numérique aidant, on voit revenir avec force dans toute société. Ce qu’on appelle actuellement la société collaborative en est un bon exemple.

    RJ : Vous semblez convaincu qu’il y a un retour des jeunes générations vers le catholicisme. Or, en France (la situation est sans doute différente en Italie voire en Espagne), le déclin des pratiques et notamment de la fréquentation de la messe est quantifiable et constante depuis le milieu des années 1960. Quels signes et indices retenez-vous qui vous invitent à parier sur un retour en force du catholicisme chez les jeunes ?

    MM : Cette nostalgie du sacré est particulièrement repérable dans les aspirations et les pratiques des jeunes générations. Certes, on ne peut nier qu’il y a une sécularisation croissante dans de nombreux pays. Disons tout net que cette sécularisation est la conséquence du rationalisme des Lumières du 18e siècle et du mythe du progrès qui s’élabora tout au long du 19e siècle. Mais à côté de cette sécularisation il est non moins intéressant d’observer que depuis quelques décennies il y a un retour à des dimensions spirituelles de plus en plus affichées et dont on peut repérer les indices multiples. Par exemple le développement des communautés charismatiques, l’importante renaissance des pélerinages, la reviviscence des communautés monastiques, le tout particulièrement repérable grâce aux divers réseaux sociaux qui fleurissent sur Internet. Il y a dans ces réseaux sociaux des groupes de recherche et d’échange sur la philosophie thomiste, sur la méditation et sur diverses voies d’accès à la contemplation. Voilà quels sont les indices (index, signifie ce qui pointe) du retour en force du catholicisme dans les jeunes générations, qui par après contamine toutes les autres couches de la société.

    RJ : Vous insistez sur la tradition qui constitue la source à laquelle s’abreuve l’imaginaire des peuples pour vivre et créer. Quelle est la tradition que vous défendez, est-ce l’immémoriale sophia perennis, celle du christianisme des origines, les traditions populaires des villages, le passé mythique ? Comment peut-on favoriser la transmission de cette tradition aujourd’hui ?

    MM : Ainsi que je l’ai souvent indiqué, et tout au début de ma carrière j’y ai consacré tout un livre, le progrès fut le grand mythe du 19e siècle, qui ne l’oublions pas, est l’apogée de la modernité (La violence totalitaire, 1979). Le propre de ce progressisme consistait, en tirant toutes les conséquences de la philosophie de l’Histoire avec Hegel, à se déraciner du passé tout comme de l’espace d’ailleurs, afin d’atteindre le paradis à venir : la société parfaite. Certains bons esprits, je pense en particulier à Karl Löwith n’oubliaient pas de souligner que ce progressisme était la forme sécularisée du messianisme judéo-chrétien. Le paradis n’étant plus à réaliser au ciel, mais devant se concrétiser sur terre, ultérieurement.

    C’est ce mythe du progrès qui, en quelque sorte, invalidait la tradition, c’est-à-dire ce qui se rattachait au passé, à la lente sédimentation des cultures humaines. Il me semble, ce que l’on peut résumer avec l’expression de Léon Bloy, « le prophète est celui qui se souvient de l’avenir », qu’au-delà ou en deçà de la recherche futuriste d’un bonheur à venir, il y a de diverses manières un retour de la tradition. C’est cette tradition que le magistère de l’Eglise catholique a jusqu’ici su conserver. Ce qui est particulièrement repérable en effet dans les pratiques populaires enracinées dans les terroirs, celles du culte des saints en particulier ou des multiples pélerinages locaux. Cette tradition est en effet l’expression d’une sagesse populaire, « sophia perennis » qui d’une manière plus ou moins discrète reprend force et vigueur dans les divers festivals ou rassemblements historiques traditionnels, rappelant ce qu’est la force du rythme de la vie, à savoir (rythme : rheein, couler) qu’il ne peut y avoir écoulement qu’à partir d’une source.

    Pour reprendre l’oxymore que j’utilise fréquemment, depuis de longues années, la tradition ne peut qu’exprimer l’enracinement dynamique, c’est-à-dire la reconnaissance que comme toute plante, la plante humaine a besoin de racines pour croître et se développer.

    RJ : On sait que les relations entre les organisations de la Franc-maçonnerie et l’Eglise catholique sont complexes et même souvent conflictuelles, pour diverses raisons. Vous vous référez souvent à Joseph de Maistre qui était à la fois un catholique intransigeant et un franc-maçon de haut-grade. En quoi la figure de Joseph de Maistre – grand défenseur, lui aussi, de la tradition – vous semble être en prise avec notre temps et pensez-vous qu’une réconciliation entre la franc-maçonnerie et le catholicisme soit possible à court terme ? Cette réconciliation vous semble en tout cas souhaitable, si je vous comprends bien…

    MM : Il est certain que les relations entre la Franc-maçonnerie et l’Eglise catholique ne furent pas toujours des relations d’apaisement. Cela dit, dans la diversité des obédiences franc-maçonnes, certaines que l’on qualifie de « régulières » gardent le souci du spirituel, voire de l’ésotérisme comme étant des caractéristiques essentielles de leur manière d’être ensemble.

    Joseph de Maistre qui est pour moi toujours une source d’inspiration, a écrit de très beaux textes sur la franc-maçonnerie traditionnelle tout en étant un farouche défenseur de la catholicité. En ce sens ses écrits peuvent aider un rapprochement qui n’est plus une utopie lointaine entre la franc-maçonnerie et l’église catholique. Je rappelle à cet égard un très bel écrit de mon maître Gilbert Durand, Un comte sous l’acacia (réédité in Gilbert Durand, Pour sortir du 20esiècle, CNRS éditions 2010) qui rappelle en des pages inspirées comment la pensée de Joseph de Maistre s’inscrit dans une tradition mystique qui est un élément important de l’église catholique.

    RJ : Vous vous dites mécréant mais l’on voit bien à travers vos livres récents que vous vous détachez progressivement de l’orgiasme païen développé dans L’ombre de Dionysos, par exemple, pour vous rapprocher du grand silence des monastères catholiques. Est-ce que, personnellement, vous attendez ou espérez la Grâce ?

    MM : Il m’arrive de dire, inspiré en cela d’Auguste Conte et peut-être de Charles Maurras que je suis catholique et non chrétien. Je rappelle que grâce au culte des saints et à la vénération mariale, l’église catholique a maintenu une certaine forme de polythéisme. Dans mon livre L’Ombre de Dionysos, je montre que certains cultes des saints, par exemple Saint Pothin à Lyon, avaient pour origine la vénération d’une divinité ithyphallique que l’église catholique avait su, avec subtilité baptiser, si je peux m’exprimer ainsi. Je pense également que la mystique développée dans les monastères catholiques est tout à fait en phase avec l’esprit du temps postmoderne. Je n’ai pas à exposer ce que j’attends personnellement d’un tel mouvement, d’une telle évolution, mais je rappelle que grâce, ou à cause du mystère de l’incarnation qui est une très belle métaphore, le catholicisme a pu développer ce que j’ai souvent nommé la transcendance immanente. Cette immanentisation de l’invisible dans le visible se retrouve dans la pensée de St Thomas d’Aquin lorsqu’il rappelle qu’il n’y a rien dans l’intellect qui n’ait d’abord été dans les sens (nihil est in intellectu quod non sit prius in sensu).

    Dans le livre que je suis en train d’écrire et qui fera suite à La Nostalgie du sacré, m’inspirant du très  beau livre du cardin

  • Dans le monde à la chinoise qui se dessine, le port du masque deviendra-t-il aussi banal que le port de chaussures ?, pa

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Refuser de porter un masque est présenté comme un comportement irréfléchi et irresponsable. Et si cette opposition n'était pas plutôt la réaction nécessaire à un pouvoir qui s'affranchit de tout contrôle ?

    Aujourd’hui, tout est fait pour stigmatiser les opposants à l’obligation du masque, les dénigrer, passer sous silence leurs arguments valables pour ne retenir que les plus aisément critiquables, réduire leurs possibilités d’expression, notamment leur accès à la presse, à la télévision et à Internet, et les enfermer dans un ghetto censément constitué d’extrémistes de tous bords (de droite, surtout, soit l’horreur absolue), de « complotistes » délirants et paranoïaques, tous mauvais citoyens et individus dangereux, souvent irresponsables.

    Un dénigrement bien facile qui procède du terrorisme moral et intellectuel

    Si, sur certains points, les opposants au masque sont critiquables, ils n’en ont pas moins de très légitimes griefs, et des arguments sérieux à faire valoir. L’honnêteté la plus élémentaire consisterait à examiner les uns et les autres impartialement et, pour cela, à permettre aux anti-masques de s’exprimer dans les médias. Mais, cela, le terrorisme moral et intellectuel actuel le refuse. Nous vivons sous la chape de plomb du plus étouffant conformisme, du politiquement correct, de la bien-pensance, de l’intimidation permanente et, pour tout dire, de la peur.

    D’aucuns diront que nous prouvons ici, par ces propos, ce caractère « complotiste », psychopathologique, dont nous prétendons nous défendre.

    C’est faux. Du reste, il est bien facile de dénigrer et entraver continuellement un individu ou un groupe, et, ensuite, de le présenter comme paranoïaque lorsqu’il se plaint de ce traitement.

    L’absence de complot stricto sensu contre les citoyens et les opposants au masque obligatoire

    Cependant, reconnaissons-le, il n’existe pas de complot politique visant à masquer et « distancer » la population (française et mondiale) ; pas plus qu’il n’existe de complot délibérément ourdi contre les adversaires du port obligatoire du masque.

    Dans les débats sur les grands sujets de société, on ne peut jouer sur les mots sans risquer de provoquer la confusion et les plus graves malentendus, et de conforter les préjugés, les idées reçues et l’ignorance, au lieu d’éclairer les esprits.

    Un complot est un plan délibérément concerté entre plusieurs individus conscients et lucides, en vue de nuire à une personne, un groupe ou une institution, pour le discréditer, entraver sa capacité d’expression et/ou d’action, le priver de possibilités d’exercer une fonction d’autorité ou d’influence, et le marginaliser au sein de la société, jusqu’à le faire oublier ; et l’entreprise peut aller jusqu’à détruire la liberté, voire la vie, de celui (ou de ceux) qu’elle vise. En ce sens exact et rigoureux du terme, il n’existe pas de complot contre les Français, ni contre les opposants au port du masque. Ni en France, ni dans le monde, n’existe un plan concerté associant le chef de l’État (ni les chefs d’État), le gouvernement (ou les gouvernements), la haute fonction publique et la classe politique pour asservir la population (française ou mondiale) sous prétexte de lutte contre la pandémie coronovirale.

    Une oppression pourtant bien réelle, relevant de la psychose collective

    Cela suffit-il à nous rassurer contre un risque d’asservissement et de dictature morale ? Nullement. Car l’une des caractéristiques de nos sociétés modernes, en France et en Amérique du nord, est de susciter une pression psychologique, sociale et culturelle, secondairement politique, qui se transforme spontanément – par le jeu de l’intimidation, de la peur de se démarquer du groupe ou d’une prétendue norme, de l’inhibition, du sentiment d’infériorité face au pouvoir et aux élites – en une véritable oppression, du fait d’une soumission à un mode de pensée et de conduite auquel incline la communauté, et qui est érigée en commandement impérieux, en règle absolue et en dogme par nos dirigeants, nos journalistes de presse écrite, de radio et de télévision, nos sites Internet, et une kyrielle d’essayistes et autres intellectuels, dans leurs livres et leurs déclarations. Et tout cela sans que tous ces gens se concertent et arrêtent un plan commun d’action ou de propagande. Nous ne sommes donc pas, certes, en présence d’un complot, mais nous ne trouvons pas moins dans une situation on ne peut plus désagréable en laquelle les individus se trouvent contraints, brimés, oppressés et, en définitive asservis, par aliénation à une effervescence psychosociologique qui leur impose les superstitions, terreurs et idées reçues d’une communauté en proie à une véritable psychose collective, et qui a besoin de repères, et donc de tabous. À quoi s’ajoute l’action des pouvoirs publics qui relève elle aussi, au moins en partie, de cette psychose, et s’efforce de la contenir en apaisant la population par des décisions coercitives présentées comme des mesures de salut public. Entre le pouvoir, les médias, les « intellectuels » et la population, il n’y a pas solidarité de complot, mais plutôt, une continuité psychosociologique. Et si le pouvoir prend et impose des décisions, il ne décide pas de tout comme dans une dictature totalitaire de type fasciste ou communiste.

    L’oppression que nous subissons tous n’est certes pas le fait d’un tyran ou d’un parti unique identifié, mais elle n’en existe pas moins, elle est une réalité et non un fantasme (ou un canular), et d’autant plus redoutable qu’elle est impersonnelle. Et cela justifie pleinement les craintes de certains (beaucoup plus nombreux qu’on ne voudrait nous en persuader) à l’égard des mesures contraignantes prises par nos dirigeants pour juguler la présente pandémie.

    Que l’on cesse de chercher à nous embobiner

    Alors, pour commencer, mesdames et messieurs le Président de la République, le Premier Ministre, les ministres, les parlementaires, les médecins, journalistes et intellectuels médiatiques-rats de plateau (de télévision), cessez de nous raconter des craques et de nous embobiner avec vos propos visant à nous présenter la distanciation et le masque comme des mesures ne diminuant en rien nos libertés (ou notre liberté, tout simplement) et vos slogans loufoquement paradoxaux, mensongers et prétendument rassurants du genre « Masqués mais libres ». Cessez de sous-entendre que nous pouvons vivre heureux quoique masqués et « distancés », de nous répéter que le masque est notre salut, notre sauvegarde, et que son port relève du plus haut degré de civisme. Contentez-vous de nous dire que le port du masque et les mesures de distanciation, bien qu’on ne peut plus contraignants, sont actuellement imposés par les circonstances. Et cessez également cette lamentable et déshonorante politique des petits pas visant à instaurer graduellement le port du masque en tous lieux et en toutes circonstances dès que l’on met le nez hors de chez soi. Rien de plus indigne, sur ce point, que le chemin suivi depuis le début de la crise par nos dirigeants. Résumons-en les phases : 1. Le masque n’est indispensable que pour les soignants, et il est inutile pour le reste de la population. 2. Les non-soignants peuvent porter le masque s’ils le souhaitent, si cela les rassure. 3. Il est assez conseillé de porter le masque. 4. Le masque est obligatoire dans les véhicules de transports en commun, facultatif ailleurs. 5. Le masque est obligatoire dans tous les lieux clos. 6. Le masque est obligatoire dans tous les lieux clos, et peut être imposé dans certains quartiers de certaines villes par les maires et les préfets. 7. Le masque est obligatoire au travail. Et, va bientôt venir : 8. Le masque est obligatoire dès que l’on quitte son domicile.

    Il faut se battre pour obtenir l’assurance que ces mesures ne seront que temporaires.

    Cette dernière mesure sera intolérable. En dépit de toutes les théories lubiques et fantasmatiques ayant actuellement cours au sujet de la possible (?) transmission du virus par aérosol et autres « voies aériennes », il est prouvé qu’en extérieur le port du masque n’est d’aucune efficacité préventive. La seule mesure efficace au-delà des mesures déjà prises serait le reconfinement ; le port du masque partout et en tous lieux n’accroîtrait en rien l’évitement de la contamination. Là encore, qu’on ne nous raconte plus d’histoires.

    Le refus d’un monde de cauchemar et d’une civilisation de la distanciation et du masque

    Que nos dirigeants s’en tiennent donc aux mesures qu’ils ont prises et n’en rajoutent plus. Et qu’ils nous disent aussi clairement (ce qu’ils se gardent bien de faire) que ces mesures ne dureront qu’autant que l’épidémie ne sera pas jugulée ou que l’on n’aura pas découvert et mis en circulation un vaccin approprié. Car si l’on peut comprendre la nécessité de mesures contraignantes pour des raisons de santé publique et d’intérêt général en une situation déterminée et limitée dans le temps, il serait proprement inadmissible que ces mesures devinssent une règle définitive de conduite caractéristique de la société de l’avenir et que nous entrions dans une civilisation où le port d’un masque serait aussi naturel que le port de chaussures, où la circulation des personnes resterait grevée de gestes-barrières et autres pratiques de distanciation, où, à tout jamais, nous nous saluerions par de ridicules jeux de coudes, et où l’éternuement dans le creux du coude – jadis considéré comme sale et malsain – apparaîtrait comme un signe fort d’hygiène, de souci des autres, et de civisme. Il serait intolérable que le monde d’après 1920 fût un monde de cauchemar, un monde de martiens, de mutants masqués et mutuellement « distancés ». Il serait scandaleux qu’alors qu’existerait et serait mis à la disposition du public un vaccin contre le coronavirus, on prétende continuer à nous imposer le port du masque et les mesures de distanciation au motif que le covid-19 n’est pas le seul germe, et qu’il existe d’autres virus vecteurs de maladies.

    Exiger l’abandon du masque et de la distanciation dès qu’un vaccin sera mis en circulation

    C’est pourquoi nous devons nous féliciter de l’existence d’un mouvement croissant d’opposition au port obligatoire du masque, en dépit de la fausseté de certains de ses arguments (pas de tous) et du caractère par trop radical de ses prises de position.

    À notre humble avis, ce mouvement fait fausse route et se voue à l’insuccès auprès du public en soutenant l’inutilité totale du masque et de la distanciation en l’état actuel de la situation sanitaire en France (et dans le monde). Pour devenir crédible, il doit non pas critiquer les mesures actuellement en vigueur, mais se battre pour obtenir l’assurance qu’elles ne seront que temporaires et qu’elles cesseront d’être imposées à partir de la diffusion du vaccin contre le coronavirus au sein de la population.

    Jusqu’ici, notre société libérale, d’ailleurs cause de la propagation du mal actuel, reposait sur un capitalisme mondialiste dont le type achevé se trouvait aux États-Unis. Prenons garde qu’à l’avenir notre société capitaliste soit un peu moins américaine et un peu plus chinoise.

     

    Illustration : Masqués, distancés, alignés au carré dans un grand vide luxueux, le Président et ses ministres décident de masquer la France entière, de Dunkerque à Marseille, sauf les cyclistes et les joggeurs.

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  • Sur le blog ami de La Couronne, l’association « Gens de France » se renforce.

    Fondée en 2003, par le prince Jean de France, afin de soutenir son action en tant que Dauphin de France, l’association Gens de France est aujourd’hui l’association officielle du Chef de la Maison royale de France. Aussi afin de soutenir le prince dans ses nouvelles responsabilités, l’association Gens de France prend aujourd’hui un nouveau souffle.

    Un nouveau logo :

    Afin de s’adapter à la nouvelle position du prince en tant que Chef de la Maison royale de France, l’association a modifié son logo. Ainsi le dauphin ; issu des armes du prince en tant que dauphin de France ; a été supprimé au profit d’un nouveau logo aux armes de France. Comme vous pouvez le voir ce nouveau logo est calqué sur celui du site officiel de Mgr le Comte de Paris, permettant ainsi une belle unité graphique.

     

    L’adhésion en ligne :

    Afin de permettre à chacun de rejoindre facilement l’association du prince, Gens de France  vient de mettre en place un système d’adhésion en ligne, directement accessible sur le site de Monseigneur le Comte de Paris. Adhésion en ligne à Gens de France

     

    Publication d’un FAQ :

    Afin d’expliquer concrètement les objectifs et les actions que mène l’association, Gens de France vient de publier une « Foire aux questions », qui répond à toutes les questions que l’on peut se poser à propos de l’association.

     

    Publication d’une page Facebook :

    Afin de communiquer au mieux à l’avenir, sur ses prochaines actions et sur l’avancée de ses projets, Gens de France vient de se doter d’une page Facebook.  La page Facebook de Gens de France

     

     

    Adhérer, à Gens de France c’est s’engager concrètement auprès du Comte de Paris pour servir sa vision du bien commun. Gens de France est avant tout un outil de relations. Relations entre Français soucieux de partager l’idéal d’unité porté par l’idée monarchique. Relations entre les Français et leur Histoire, à travers la Maison Royale de France qui en incarne toute la complexité. Rejoindre Gens de France, c’est réaffirmer l’importance de ce tissu de relations qui fonde notre destin commun.

  • Éphéméride du 10 août

    1915 : parution de L'Histoire de deux peuples, de Jacques Bainville

     

     

     

     

     

    1539 : Ordonnance de Villers-Cotterêts 

     

    François 1er - qui est aussi à l'origine du Dépôt légal et de l'Imprimerie nationale (voir l'Éphéméride du 28 décembre) - institue ce qui deviendra l'État civil en exigeant des curés des paroisses qu'ils procèdent à l'enregistrement par écrit des naissances, des mariages et des décès.

    Il exige également que tous les actes administratifs, politiques et judiciaires soient dorénavant rédigés en français "et non autrement" : c'est-à-dire, concrètement, que les actes officiels ne soient plus rédigés en latin.

    C'est une décision importante pour l'unification du royaume, même si, dans les faits, il faudra beaucoup de temps avant que l'édit royal entre partout en application.

    Le premier acte notarié en français a été rédigé en 1532, soit sept ans avant l'ordonnance de Villers-Cotterêts, dans la ville d'Aoste, sur le versant italien des Alpes... 

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    « CXI. Et pource que telles choses sont souventeffois ad-venues sur l'intelligence des motz latins contenuz esdictz arrestz, nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes autres procédeures, soyent de noz cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, soyent de registres, enquestes, contractz, commissions, sentences, testamens et autres quelzconques actes et exploictz de justice, ou qui en dépendent, soyent prononcez, enregistrez et délivrez aux parties en langage maternel françois, et non autrement. »

    Texte intégral de l'Ordonnance (les 192 Articles) : 

    https://fr.wikisource.org/wiki/Ordonnance_de_Villers-Cotter%C3%AAts 

     

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    1557 : Désastre de Saint Quentin, aux origines de L'Escorial

              

    Ce  jour-là, Emmanuel-Philibert de Savoie, au service du roi d'Espagne Philippe II, écrasa les troupes françaises du connétable de Montmorency.
    Saint-Quentin prise, la route de Paris était ouverte, mais l’armée de Philippe II, forte de 60.000 hommes, ne marchera finalement pas sur la Capitale...

    10 aout,francois premier,villers cotterets,tuileries,gardes suisses,danton,napoleon,louis xvi,chateaubriand,lucerneLa résistance des Saint-Quentinois conduits par Gaspard de Coligny, parvenu dans la ville dans la nuit du 2 au 3 août 1557 avec 500 hommes armés fut héroïque et dura dix-sept jours (ci-contre : Gaspard de Coligny, peint par Clouet; grand soldat, fils d'un maréchal de France de François premier, il fut l'un des nombreux réformés misérablement assassinés lors de la tragique Saint Barthélemy...).

    La bataille de Saint-Quentin préfigure par plusieurs aspects la guerre moderne :

    • Tout d’abord par l’utilisation d'un feu intense d’artillerie et d’armes portatives concentré sur une armée prise au piège, visant à l’anéantir alors qu’elle est immobilisée;

    • Ensuite, par la multiplicité des nationalités combattantes : si une grande partie des troupes qui combattirent à Saint-Quentin sous le drapeau espagnol était d’origine espagnole et italienne (provenant surtout de régiments napolitains), on comptait aussi dans l’armée de Philippe II bon nombre de soldats flamands et anglais, et de nombreux mercenaires (lansquenets en particulier) s’étaient engagés des deux côtés.

     Enfin, l'épuisement des belligérants, au point que le vainqueur est incapable de pousser son avantage. 

     

    La bataille de St-Quentin est un épisode majeur du long affrontement qui opposa la France et les Habsbourg :


    Déjà dévastateur pour l’Europe sous François 1er et Charles-Quint, l’affrontement se poursuivit sous leurs successeurs Henri II et Philippe II.
    En 1555, son père l’empereur Charles-Quint ayant abdiqué en sa faveur et s'étant retiré dans un monastère, Philippe II accéda au trône d'Espagne, alors qu'en France Henri II régnait depuis dix ans déjà.

    En 1552, il avait envahi les Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, terres d’Empire.

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    Ensuite, l'opposition franco-habsbourgeoise se déplaça, militairement, sur la frontière entre la France et les Flandres. Philippe II rendit visite en Angleterre à sa seconde épouse, Marie Tudor et obtint d’elle 9.000 livres et 7.000 hommes d'armes (commandés par lord Pembroke) qu’il envoya en Flandres lors de son retour à Bruxelles, début août 1557.        

    L'armée qu'il concentra à Bruxelles était composée de 60.000 fantassins (Espagnols, Italiens, Flamands et Anglais) et de 17.000 cavaliers, appuyés par 80 pièces d'artillerie.

    10 aout,francois premier,villers cotterets,tuileries,gardes suisses,danton,napoleon,louis xvi,chateaubriand,lucerneLe commandement en fut remis aux mains d’Emmanuel-Philibert (ci contre), duc de Savoie, ferme et fidèle allié de l'Espagne (des années auparavant, le duc s'était mis au service de Charles-Quint quand le roi de France avait dépouillé sa famille de son duché savoyard).

    La défaite française dans la petite ville de Saint Quentin fut écrasante : entre les hommes tombés au combat et les fuyards massacrés en très grand nombre, on estime que l'armée française perdit au moins 6.000 hommes, sans compter 6.000 prisonniers. Plus de 50 drapeaux et toute l'artillerie française furent perdus, alors que les forces de Philippe ne perdirent que 1.000 hommes.

    Philippe II (ci dessous)) arriva trois jours après la bataille; au lieu de marcher immédiatement sur Paris, désormais sans défense, il s'entêta à poursuivre le siège de Saint-Quentin pendant deux semaines cruciales, perdant ainsi le bénéfice de sa victoire.
    Après la10 aout,francois premier,villers cotterets,tuileries,gardes suisses,danton,napoleon,louis xvi,chateaubriand,lucerne chute de la ville, son armée n'avait plus assez de vivres et d’approvisionnements pour poursuivre, et les Français avaient eu le temps de se reprendre. C'est pourquoi, grâce à cette erreur stratégique, qui fut dénoncée par Charles-Quint lui-même du fond de sa retraite, la résistance désespérée de Saint-Quentin, sous le commandement énergique de Coligny, a pu sauver la France de l'humiliation d'une défaite totale.

    Mais, en réalité, les forces vives de la France comme de l'Espagne étaient épuisées, et les deux pays étaient en situation de banqueroute...

    Par ailleurs, le jeune roi Philippe II fut horrifié par les monceaux de cadavres entassés sur le champ de bataille et la destruction de la ville et de ses églises, siège d'un pèlerinage très réputé.
    Il prit la résolution de construire un monument expiatoire, l'Escorial, qui serait tout à la fois monastère, bibliothèque, résidence et nécropole royale.
    Et de le dédier, non pas à Saint-Quentin, mais au saint du jour de la bataille, Laurent, dont, du reste, une église de Saint-Quentin, qui lui était consacrée, avait été détruite par l'artillerie espagnole.

     

    Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes voir la photo "10 août 1557 : aux origines de l'Escorial"

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    Le Real Monasterio de San Lorenzo de El Escorial :

    http://whc.unesco.org/fr/list/318/

     

     

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    1792 : Journée d'émeute à Paris, organisée par Danton, et massacre des Gardes Suisses

     

    Le 20 juin précédent, les terroristes révolutionnaires, emmenés entre autres par Danton, avaient organisé une insurrection, qui échoua, face à la calme fermeté de Louis XVI, pourtant publiquement humilié (voir l'Éphéméride du 20 juin). Furieux de cet échec, Danton et les factieux ruminaient le "ratage" de leur journée, et en préparaient une autre qui, elle, allait réussir, par la faute de Louis XVI : car, une fois de plus, le roi refusa de se défendre et ne voulut pas faire couler le sang de quelques soudards et brutes avinées. Des torrents d'un sang innocent couleraient, par la suite, des conséquences funestes de cet humanisme mal placé, dénaturé, dévoyé...

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XVI, La Révolution :

    "...Tandis que le roi se résignait à son sort, les Girondins essayaient vainement de retarder sa déchéance, voyant enfin, que ce serait la leur. Une autre émeute, organisée par Danton et Robespierre, leur força la main, le 10 août : ils avaient désarmé le roi et l'Assemblée, livré Paris aux Jacobins en y appelant les fédérés. On ne pouvait compter à peu près, pour protéger les Tuileries, que sur la garde nationale : Mandat, homme sûr, qui la 10 aout,francois premier,villers cotterets,tuileries,gardes suisses,danton,napoleon,louis xvi,chateaubriand,lucernecommandait ce jour-là, fut assassiné sur l'ordre de Danton (ci contre). Depuis les journées d'octobre, jamais la méthode n'avait changé. La Révolution arrivait à son terme comme elle avait progressé : par l'émeute.

    En même temps que la famille royale, menacée de mort, quittait les Tuileries et se réfugiait au milieu de l'Assemblée, l'insurrection s'emparait par la violence de la Commune de Paris. Les Jacobins étaient pleinement victorieux. Le lendemain du 10 août, Robespierre se rendit à l'Hôtel de Ville et reprit d'un ton plus haut ses menaces aux Girondins. Dès lors, la Commune insurrectionnelle fit la loi et ce fut elle la véritable "Législative". Elle avait conquis le pouvoir.

    Siégeant en permanence, elle imposa la suspension du roi, ce qui était la déchéance moins le mot. Elle se fit livrer la famille royale qui fut conduite au Temple, prisonnière. Danton devint Ministre de la Justice. Le tribunal du peuple, le tribunal révolutionnaire, fut créé. Enfin l'Assemblée, toujours sous la pression de la Commune insurrectionnelle, abdiqua tout à fait en votant une nouvelle loi électorale pour la nomination d'une Convention souveraine qui cumulerait tous les pouvoirs, telle que Robespierre l'avait réclamée.

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    (Depuis le triomphe de Marignan, une Paix perpétuelle - exemple unique dans l'histoire de l'humanité... - régnait entre la France et la Suisse : voir l'Éphéméride du 29 novembre); cette paix heureuse ne fut rompue que par les horreurs sanguinaires des terroristes révolutionnaires...)

              

    Tant de coups de théâtre, de scènes tragiques, de sang répandu, ont frappé à juste titre les imaginations et les frappaient encore davantage, dans un pays comme la France où la tranquillité, depuis près d'un siècle et demi, n'avait plus été sérieusement troublée, où la vie était brillante et douce. Il en est résulté une tendance à grossir ces événements et à en grandir les personnages.

    En réalité, ces parvenus de l'émeute étaient à tour de rôle étonnés, puis effrayés de leur victoire. Ils en sentaient la fragilité, doutant d'être suivis par l'ensemble des Français, ils craignaient une réaction et ils avaient raison de la craindre, puisque déjà Thermidor n'était pas loin. De là une infinité d'intrigues obscures dont l'histoire est mal connue, mais que révèlent les accusations de trahison que les hommes des clubs échangeaient entre eux. M. Lenotre a déduit du mystère qui persiste sur le sort de Louis XVII que les plus farouches Conventionnels avaient pu prendre des précautions et des garanties dans l'éventualité d'une contre-révolution.

    10 aout,francois premier,villers cotterets,tuileries,gardes suisses,danton,napoleon,louis xvi,chateaubriand,lucerneEn tout cas, il est clair qu'ils se méfiaient les uns des autres. Il est naturel aussi qu'ayant conquis le pouvoir par l'audace et la violence, en courant des risques certains, ils aient pensé qu'ils ne pouvaient le garder qu'avec "toujours de l'audace", comme disait Danton, et toujours plus de violence. La psychologie de la Terreur est là, puisque le terrorisme s'est exercé à la fois sur les contre-révolutionnaires et à l'intérieur du monde révolutionnaire. Il n'y avait personne qui ne fût "suspect", parce que personne n'était sûr ni du lendemain ni de son voisin. Dantonistes et robespierristes disputent encore entre eux sans que le sens de bien des paroles énigmatiques échappées à Danton et à Robespierre ait été percé, sans que leurs arrière-pensées, leurs secrets soient connus. Les vingt-quatre mois de convulsions qui séparent le 10 août du 9 thermidor sont le paroxysme de cette vie des clubs à

  • Éphéméride du 6 Janvier

    Notre-Dame de Paris, clôture du choeur, partie nord, XIVème siècle : La Visitation, L'Annonce aux bergers, La Nativité, L'Adoration des Mages...

     

     

    6 janvier : Date traditionnelle de la célébration de l'Épiphanie 

     

    La Marche des Rois, composée - et toujours jouée - à cette occasion fait incontestablement partie de ce très important fond de traditions populaires qui, par leur richesse et leur variété, sont l'une des sources de la culture et de la civilisation française.

    On l'écoute ici dans la version élégante et raffinée qu'en propose Lully (et qui servit également de marche au Régiment de Turenne) :  


    Lully Marche des Rois Marche pour le Régiment de Turenne.mp3 

     

    C'est en Provence que furent composées les paroles de la Marche des rois, reprise par Georges Bizet pour son Arlésienne : la tradition les attribuent à Joseph-François Domergue, curé-doyen d'Aramon, dans le Gard, entre 1724 et 1728; le texte en fut publié pour la première fois dans un Recueil de cantiques spirituels provençaux et françois, publié en 1749. 

     

      
     

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    1286 : Sacre de Philippe le Bel

     

    De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre cinq, Pendant 340 ans, l'honorable maison Capétienne règne de père en fils) :

    "Philippe le Hardi mourut en 1285 au retour d'une deuxième expédition, cette fois en Catalogne. Son fils, Philippe le Bel, n'avait que dix-sept ans, mais il était singulièrement précoce. Il jugea bientôt que cette affaire de Sicile était épuisante et sans issue et il s'efforça de la liquider avec avantage et avec honneur. Il appliquait déjà sa maxime : "Nous qui voulons toujours raison garder..."

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    5 juin 1286 : Édouard 1er, roi d'Angleterre rend hommage Philippe le Bel.
    La scène a lieu dans une salle du palais royal en présence de la Cour.
    (Tiré des Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet). 

                

    "...Il n'était pas raisonnable de courir des aventures lointaines lorsque la France n'était pas achevée. Et puis, les dernières croisades, suivies de ces affaires italiennes et espagnoles, avaient été dispendieuses. Il fallait créer des impôts qui mécontenteraient le contribuable et demander de l'argent à tout le monde, même au clergé, ce qui fut l'origine des démêlés du nouveau roi avec le pape.

    C'est la première fois que nous avons à parler d'une crise financière. Mais la monarchie avait créé des finances, organisé l'administration. Ce qui se faisait autrefois au hasard, les dépenses qu'on couvrait par des moyens de fortune, par des dons plus ou moins volontaires, tout cela devenait régulier. La machine de l'État commençait à marcher, à distribuer de la sécurité, de l'ordre, mais elle coûtait cher. Faire la France coûtait cher aussi. Ces difficultés, que nous connaissons de nouveau aujourd'hui, dureront des siècles.

    À beaucoup d'égards, il y a une curieuse ressemblance entre le règne de Philippe le Bel et celui de Louis XIV. Tous deux ont été en conflit avec Rome. Philippe IV a détruit les puissances d'argent, celle des Templiers surtout, comme Louis XIV abattra Fouquet. Philippe le Bel, enfin, a été attiré par la Flandre comme le sera Louis XIV, et cette province, d'une acquisition si difficile, l'engagera aussi dans de grandes complications. Il y a comme un rythme régulier dans l'histoire de notre pays où les mêmes situations se reproduisent à plusieurs centaines d'années de distance..."

     

    Roi puissant, régnant sur un royaume puissant - le plus puissant de l'Europe d'alors... - le grand roi Philippe le Bel, le "roi de fer", ignore pourtant, et tout le monde avec lui, que "l'honorable famille capétienne" vit ses dernières décennies, et la fin de cette longue période de 340 ans où elle "règne de père en fils" : père de quatre enfants, dont trois garçons, l'avenir de la dynastie paraissait bien assuré.

    Pourtant, sa fille Isabelle épousera le roi d'Angleterre, et donc le fils de celui-ci aura pour grand-père le roi de France : il revendiquera ce droit - même infondé - lorsque la dynastie s'éteindra; et les trois garçons régneront l'un après l'autre, aucun d'entre eux n'ayant de postérité mâle : avec le dernier des trois, Charles IV, ce sera le fin des "Capétiens directs" (voir l'Éphéméride du 1er février).

    De plus, ce long règne, dont la France sortira considérablement renforcée, sera marqué par deux épisodes pénibles :

    l'affaire des Templiers (voir l'Éphéméride du 13 octobre),

    et celle dite "de la Tour de Nesles" (voir l'Éphéméride du 19 avril)...

     

     

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    1558 : François de Guise reprend Calais aux anglais

             

    C'est François de Guise qui reprend la ville aux anglais, qui l'occupaient depuis 211 ans.

    Avant de mourir, Marie Tudor, reine d'Angleterre, déclara : "Si on ouvrait mon cœur, on y trouverait gravé le nom de Calais".

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     Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "...et de son fils Henri II".

     

     

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    1585 : Naissance de Claude Favre de Vaugelas

              

    L'illustre grammairien s'inscrit dans la lignée de Ronsard et de la Pléiade, qui voulaient défendre et illustrer la langue française...

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    "Le grand dessein de Vaugelas était de doter la langue française de l'instrument qui lui manquait encore et qui devait être utilisé par tous les grands classiques. Plusieurs, avant lui, avaient compris cette nécessité : parmi eux les écrivains de la Pléiade, et en particulier du Bellay dans sa "Défense et Illustration de la Langue Française". Pour ceux-là, il s'agissait surtout de trouver un langage suffisamment riche et expressif, capable de rivaliser avec les illustres modèles de la Grèce et de Rome. Puis Malherbe vint, qui souhaita corriger les excès et les désordres, mais avec un souci d'épuration sans doute excessif... 

    Le but de Vaugelas fut de créer un mode d'expression à la fois claire et noble... Ses moyens : ne rien imposer de façon doctrinale, mais énoncer de simples remarques dictées par l'observation. Et cette observation concerne l'usage, c'est-à-dire "la façon de parler de la plus saine partie de la cour, conformément à la façon d'écrire de la plus saine partie des auteurs du temps".

    Ce sera en humaniste qu'il considérera la grammaire, avec pour premier souci que la langue devienne un élément de la vie sociale : parler pour se faire comprendre d'autrui. D'où ses efforts contre le laisser-aller et l'anarchie de la prononciation, contre le flottement dans l'orthographe et la conjugaison, contre les incertitudes de la syntaxe et en particulier des accords...
    (Paul Guichard : Histoire littéraire des Pays de l'Ain)

     

     

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    1649 : Louis XIV, enfant, quitte Paris afin d'échapper à la Fronde

     

    6 janvier,philippe le bel,braille,croisades,louis xiv,calais,fronde,vaugelas,montgolfier,riesenerLe futur Louis XIV, enfant (il a à peine plus de onze ans, et ne sera sacré roi que le 7 juin 1654...), quitte Paris précipitamment, de nuit, pour Saint Germain en Laye, où il est d'ailleurs né, le 5 septembre 1638, afin d'échapper aux troubles de la Fronde.

    Il n'oubliera jamais ce très mauvais souvenir...

    Louis XIV est le quatrième roi à avoir dû quitter Paris menaçant, afin d'y rentrer plus tard en maître : avant lui, Charles V et Charles VII, puis Henri III et le futur Henri IV avaient choisi la même tactique, même si Henri III, de fait, fut assassiné avant d'avoir pu pénétrer dans la ville, laissant son héritier, Henri III de Navarre devenu IV, "Roi de France et de Navarre", accomplir ce dessein.

    C'est pour ne pas avoir eu - ou voulu avoir... - la même attitude que Louis XVI, qui s'était laissé enfermer dans Paris, perdit son trône, sa vie et celle des siens, et aussi la monarchie...

    On peut en dire autant de Charles X et de Louis-Philippe qui - même si l'on ne refait pas l'histoire... - auraient très bien pu abandonner temporairement la capitale, où leurs opposants n'étaient même pas majoritaires, puis y revenir ensuite avec leurs partisans, Paris seule n'étant, de toutes les façons,  absolument pas représentative de l'immense majorité de l'ensemble de l'opinion publique d'alors, très largement royaliste. 

    Thiers aura bien tout cela en tête lorsqu'il n'hésitera pas - devant l'ennemi prussien médusé et ironique... - à encercler puis envahir la capitale, rue par rue et maison par maison, afin d'y asseoir le nouveau pouvoir : on était bien loin de la pusillanimité de Louis XVI, refusant de faire tirer sur une populace qui ne représentait absolument pas le peuple français...

    Et l'on se rappelle que, le 20 juin 1792, témoin de l'invasion des Tuileries par la populace - qu'il appelle "canaille" !... - Bonaparte confia à ses amis :


    "Comment a-t-on pu laisser entrer cette canaille ? Il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore !
    Deux badauds se trouvent là, à deux pas; Napoleone les aborde en s’écriant :
    - Si j’étais roi, cela ne se passerait pas de même !..." (Extrait de "Bonaparte", André Castelot, Perrin, Paris, 1996, pages 103/104.)

     

    Sur les sentiments de Napoléon à propos de cette funeste journée, voir l'Éphéméride du 20 juin

     

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    Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un desti

  • Sur Figaro Vox, Éric Zemmour : « La démographie, c’est le destin ».

    Dans Le Choc démographique, Bruno Tertrais admet l’importance de la démographie dans le bouleversement du monde. Mais il se perd dans ses contradictions à force de vouloir combattre les peurs.

    On connaît tous le docteur Pangloss. Le célèbre personnage de Voltaire dans Candide incarne à jamais un providentialisme béat qui considère que tout ce qui arrive - même les pires catastrophes - est bel et bon pour l’humanité. En matière d’immigration, depuis quarante ans, qu’ils soient démographes, politiques, universitaires, journalistes, patrons, les Pangloss sont légion. Notre dernier Pangloss en titre a pour nom Bruno Tertrais.

    eric zemmour.jpegEn matière d’immigration, depuis quarante ans, qu’ils soient démographes, politiques, universitaires, journalistes, patrons, les Pangloss sont légion. Notre dernier Pangloss en titre a pour nom Bruno Tertrais.

    Dans son livre Le Choc démographique, le politologue s’emploie à réfuter les thèses qu’il juge catastrophistes, en gros celle du « grand remplacement », et en particulier celle de Stephen Smith qui dans son livre, La Ruée vers l’Europe décrivait l’Afrique comme une « salle d’attente de 1,3 milliard d’habitants aux portes de l’Europe », et dont on comprend très vite qu’il est la cible principale de l’auteur.

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    Tertrais nous inonde de chiffres pour mieux réfuter ceux du journaliste franco-américain. On restera extérieur à cette querelle ; on n’ignore pas qu’on fait dire ce qu’on veut aux chiffres. On connaît la fameuse formule de Churchill: «Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même manipulées.» Surtout, on se méfiera d’autant plus des données de Tertrais qu’il cite quasiment à toutes les pages comme références suprêmes, les deux démographes François Héran et Hervé le Bras, qui, depuis quarante ans, ont été les militants les plus acharnés du multiculturalisme et de l’ouverture des frontières, véritables Lyssenko de l’idéologie immigrationniste, rêvant pour la France un destin métissé d’île de La Réunion, et ne voyant pas qu’ils lui préparaient plutôt celui du Liban.

    « En même temps »

    Tertrais, lui, le voit très bien. Car Tertrais est un Pangloss d’une espèce particulière, un Pangloss non leibnizien mais macronien, un Pangloss qui manie le «en même temps» qu’il croit emblème de modération, mais qui s’avère une impasse intellectuelle et surtout politique. En exergue de son ouvrage, l’auteur reprend la magnifique formule tirée du film québécois de Denys Arcand, Le Déclin de l’Empire américain: « Il y a trois choses importantes en histoire : premièrement le nombre, deuxièmement le nombre ; troisièmement le nombre » ; mais dès les premières pages, il nous dit tout le mal qu’il pense de la fameuse formule (faussement attribuée, paraît-il à Auguste Comte) : « La démographie, c’est le destin.»

    On se perd avec Tertrais, adepte du « en même temps ». Ainsi, a-t-on compris que Stephen Smith ne dit que des bêtises, sauf quand il explique que c’est le développement économique qui favorise l’immigration (et pas l’inverse comme on nous l’a seriné pendant des décennies).

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    De même, Tertrais nous explique doctement que le « grand remplacement » n’existe pas ; puis, au détour d’une analyse sur la démographie européenne, il nous dit que l’Europe est en « dépopulation », mais pas en « dépeuplement ». Quelle meilleure démonstration du « grand remplacement » ?

    Il n’y a pas de « grand remplacement », mais les blancs du Royaume-Uni sont minoritaires à Londres. Il n’y a pas de grand remplacement mais les blancs américains seront minoritaires en 2050. Il n’y a pas de « grand remplacement », mais 20 millions d’Allemands (le quart de la population) sont issus de l’immigration, et le nombre de résidents en France issus de la première ou deuxième génération d’immigrés est de 13 à 14 millions. Il n’y aura pas dans l’avenir « d’Eurabie », (Europe arabisée selon le terme inventé par la célèbre Bat Yor) mais beaucoup de « Londonistan ».

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    Bruno Tertrais, Éd. Odile Jacob. 256 p., 22,90 €. Odile Jacob

    Selon Tertrais, ceux qui annoncent des guerres civiles en France et en Europe sont des prophètes de malheur, mais il connaît et reconnaît les travaux du sociologue suédois Gunnar Heinsohn qui a calculé un « indice de belligérance » pour les pays comprenant plus de 20 % de 15-24 ans. En clair, plus il y a de jeunes mâles dans un pays, plus on a de chances d’avoir des guerres: extérieures ou civiles. L’histoire de l’Europe a donné rétrospectivement raison à notre sociologue suédois : l’exubérante démographie française du XVIIIe siècle (la grande génération de 1750-1770 dont parle François Furet) donne la Révolution française et les guerres de Napoléon ; de même le pangermanisme et l’hitlérisme sont en partie les fruits de la puissance démographique allemande du XIXe siècle en quête de lebensraum.

    Tertrais le reconnaît honnêtement : « Les guerres civiles depuis les années 1970 sont intervenues dans des pays connaissant de telles situations : Irlande du Nord, Sri Lanka, Liban, Algérie, Tchétchénie, Kosovo, Rwanda, Congo.» Avant d’ajouter : « Dans les états multiethniques ou aux populations peu homogènes, l’évolution des ICF (indices conjoncturels de fécondité) respectifs des différentes communautés doit être suivie avec attention, en tant qu’indicateur prédictif de tensions. » Mais il ne pousse pas l’honnêteté jusqu’à rappeler que la Seine-Saint-Denis est de loin le département le plus fécond de la France métropolitaine.

    Tertrais s’empêtre dans ses contradictions. Il cherche la mesure et la nuance, mais on a l’impression croissante qu’il veut plutôt noyer le poisson. Comme s’il était effrayé par ce qu’il découvrait, et qu’il ne voulait pas l’avouer. Il nous somme de distinguer entre islam et immigration, mais il reconnaît que la plupart des pays africains pourvoyeurs d’immigrants sont musulmans. Prenant une légitime hauteur historique, il nous dit à juste titre : « On ne peut pas comprendre la montée en puissance au cours du XIXe, puis du XXe siècle, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Russie, ou des États-Unis et de l’URSS, sans le facteur démographique. » Il pourrait d’ailleurs ajouter le déclin de la France pour les mêmes raisons démographiques durant ce même XIXe siècle. Mais s’il admet que la démographie bouleverse la hiérarchie des puissances, il refuse d’accepter la comparaison pourtant probante entre la démographie africaine et européenne: au XIXe siècle, l’Europe représentait entre trois fois et quatre fois la population africaine. Au XXIe siècle, la proportion s’est exactement inversée. Au XIXe siècle, l’Europe a colonisé l’Afrique.

    Mais au XXIe siècle, l’Afrique n’envahira et ne colonisera pas l’Europe. C’est Tertrais-Pangloss qui nous l’affirme. Mais on le croit d’autant moins que tout son livre prouve le contraire.   

    Éric Zemmour

  • Éphéméride du 19 novembre

    1895 : Naissance de Pierre Gaxotte

     

     

     

     

    1665 : Mort de Nicolas Poussin 

     

    C'est lui qui a exprimé les deux pensées célèbres :  

     

      "Le but de l'Art, c'est la délectation"...

     

      "Ce qui vaut la peine d'être fait, vaut la peine d'être bien fait...    

     

    Voici son autoportrait, peint pour Paul Fréart de Chantelou, qui était son ami, et un grand amateur de sa peinture (1650, Louvre) : 

     

    Ci dessous, Le Massacre des Innocents :  

     

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    Les amateurs de ce maître du classicisme trouveront de nombreux tableaux commentés et expliqués sur le site suivant : 

     

    http://www.nicolas-poussin.com 

     

     

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    1703 : Mort du Masque de fer

     

    Ce prisonnier, dont personne ne connaît l'identité, meurt à 45 ans à la Bastille où il est enfermé depuis 1698.

    Il n'a cessé d'être emprisonné, d'abord à Pignerol puis à Sainte-Marguerite et enfin à Paris. Il gardera l'anonymat tout au long de sa captivité grâce à un masque de velours qui lui cache le visage. Ce déguisement lui vaudra d'être surnommé le "masque de fer".    

    De nombreuses rumeurs concernant sa véritable identité circulent : certains - comme Voltaire - parlent d'un frère, jumeau ou aîné, du roi Louis XIV; d'autres d'un fils adultérin d'Anne d'Autriche, la mère de Louis XIV; d'autres - comme Alexandre Dumas - parlent du jumeau du Roi... emprisonné pour avoir révélé des informations confidentielles concernant Louis XIV...

    Les indices sont ténus. La seule chose dont on est sûr c'est qu'à  sa mort ses affaires sont brûlées, sa vaisselle fondue, les murs de sa cellule passés à la chaux et le pavement du sol remplacé...

     

    petitfils le masque de fer.gifhttps://www.herodote.net/19_novembre_1703-evenement-17031119.php

     

     

     

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    1739 : Naissance de Bouillé

     

    François-Claude-Amour, marquis de Bouillé, naquit au château de Cluzel, en Auvergne. Général, puis Gouverneur général des colonies françaises des îles du Vent durant la Guerre d’Amérique, il combattit avec succès aux Antilles contre les Britanniques, à qui il enleva plusieurs îles.

    En 1789, il fut nommé commandant des Trois-Évêchés (Toul, Metz et Verdun), puis de l'Alsace, de la Lorraine et de la Franche-Comté. Nommé en 1790 général en chef de l'armée de Meuse, Sarre-et-Moselle, il fit respecter la discipline à Metz et à Nancy et réprima sévèrement la mutinerie de la garnison de Nancy, le 31 août 1790 (33 condamnations à mort, 41 aux galères). Il se fit ainsi détester par les révolutionnaires. Royaliste convaincu, il fut chois par Louis XVI pour organiser son évasion le 20 juin 1791 (voir l'Éphéméride du 21 juin).

    Après l’échec de l’évasion, qui avait fini pourtant par réussir, il se réfugia à Coblence, et fit des démarches auprès des différentes cours pour obtenir la délivrance du roi. Il entra dans l'armée de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé en 1792, puis se retira en Grande-Bretagne où il mourut le 14 novembre 1800, après avoir publié des Mémoires sur la Révolution française, en 1797...

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    Eh, oui : contrairement au mensonge officiel, devenu vérité officielle, l'évasion de Louis XVI avait réussi, malgré les lenteurs et les retards pris par un couple royal insouciant, et malgré les rendez-vous manqués des Dragons de Bouillé, pas assez patients pour rester envers et contre tout sur le lieu de leur rencontre prévue avec le Roi : arrivé à Varennes, le couple royal fut bien rejoint par des personnes hostiles, mais les Dragons de Bouillé, aussi, étaient là. Il eût suffi que Louis XVI donnât l'ordre de dégager la route, comme le raconte Michel Mourre (voir l'Éphéméride du 21 juin)... 

    Chateaubriand a bien raison : "Louis XVI a pu vingt fois sauver sa couronne et sa vie"...

     

     

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    1799 : Naissance de René Caillié

     

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    rené caillié biographie abrégée.pdf

     

     http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=18280420

     

     

     

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    1805 : Naissance de Ferdinand de Lesseps

     

    LESSEPS EN 1865.jpgEn 1865...
     
     

     

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    1849 : L'eau du Canal de Marseille arrive enfin dans la ville, au Palais Longchamp...

     

    Canal de Marseille : histoire, ouvrages, gestion | Provence 7

     

    Depuis ses origines, la ville de Marseille manquait d'eau. Malgré sa croissance régulière et ses périodes fastes (Antiquité, Moyen-Âge avec les bateaux des Croisades, expansion sous Louis XIV...) elle n'avait jamais réussi à régler ce problème, pourtant vital. Au XIXème siècle, après plusieurs épidémies de choléra, et l'expansion de la ville continuant de plus belle, le Maire, Maximin-Dominique Consolat, maire de 1832 à 1843) décida d'amener à Marseille l'eau de la Durance, "quoi qu'il advienne, quoi qu'il en coûte".

    Construit en une quinzaine d'années, cette prouesse technique qu'est le Canal de Marseille est, pour l'essentiel, l'ouvre de l'ingénieur Franz Mayor de Montricher (sur son chef d'oeuvre, l'Aqueduc de Roquefavour, voir l'Éphéméride du 30 juin... ). Sa longueur est de 80 kilomètres (dont 17 en souterrains); il possède 18 ponts-aqueducs importants, des bassins et de nombreux ouvrages techniques :

    https://madeinmarseille.net/14317-histoire-construction-canal-eau-durance/

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    Pour en savoir un peu plus sur le splendide Aqueduc de Roquefavour, voir notre Éphéméride du 30 juin...

     

     

     

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    1895 : Naissance de Pierre Gaxotte