Si le coup de « farce » est possible.
Le billet coloré d’Amaury de Perros
Le 22 janvier 2021, un trouvère (certes, du genre pénible) publiait un billet dans France-Soir, dont nous reproduisons ici la partie la plus explosive : « De même, et si de besoin, il est du devoir de l’armée française pour assurer la sûreté du peuple français […] de procéder à la mise à pied des auteurs du coup d’État – c’est-à-dire de l’actuel gouvernement ; et ce, afin de rétablir le droit républicain. ».
Aux armes, baladins !
Plutôt bien tournée, cette diatribe relève davantage de l’inconscience et de la bêtise crasse (j’entends déjà des « même pas étonné… »). Nous sommes ici forts éloignés d’un Déroulède, d’un Rochefort ou d’un Maurras.
Ceux qui connaissent l’Action française, savent que ses partisans ont une certaine appétence pour les officiers putschistes, ces derniers étant en effet tout indiqués pour nettoyer les écuries d’Augias, à savoir débarrasser la France des scories de 200 années de république mortifère (traduction : virer la gueuse). Une bonne dictature en somme, mais, attention, toute provisoire. L’objectif étant, in fine, de restaurer la monarchie et nos libertés (Monck, ça vous parle, rassurez-moi ?).
On se souviens qu’il y a 60 ans, un « quarteron » de généraux (trop républicains, pour le coup) aura provoqué un réveil pénible au locataire étoilé de l’Elysée… S’en suivirent quelques purges au sein de l’institution, à la suite de ces évènements d’Algérie. L’esprit réactionnaire, pour ne pas dire nationaliste, n’étant pas tout à fait expurgé chez les « milis », nous pourrions toujours trouver quelques galonnés ayant la capacité de donner de grands coups de rangers dans la pétaudière républicaine le jour du « Grand Soir » (ou le soir du « Grand Jour », au choix).
Reste à choisir le bon moment et surtout le bon cheval. Car il faut une volonté de fer et un sens du sacrifice assez prononcé pour réussir un coup d’état. Point délicat pour nous, royalistes, l’insurgé devra impérativement une fois le sale boulot effectué, rentrer dans sa caserne et laisser la place à celui qui, légitimement, reprendra les rênes du pouvoir1. Le danger encouru par notre pays étant immense, nous ferions aisément l’économie d’un nouveau Boulanger ou de tout autre ambitieux gardant le pouvoir pour lui-seul.
Le putsch qui fait pschitt
Ceci posé, avouons très honnêtement que ce coup de semonce de la part d’un saltimbanque énervé mais musicalement mort, nous ne l’avions pas vu venir.
Dans cet appel aux centurions, notre zapatiste Franciso Lalannos, appelle à la « mobilisation générale du peuple français contre la tyrannie », vu que « Le chef de l’État et son gouvernement s’essuient les pieds sur le droit républicain comme sur un paillasson. ». Si nous partageons ce constat, comme probablement nombre de Français, nous restons sceptiques quant à la méthode employée. De fait, nos rues sont restées désespérément vides de bérets amarantes, de treillis F3 bien repassés et de chars Leclerc. La capitale n’aura pas été non plus survolée par des Rafales ou des Tigres2. « Caramba, encore raté ! » se désole une fois de plus Ramon, le tueur maladroit de l’Oreille cassée.
Que faut-il retenir de ce brûlot ? Pas grand-chose, en fait. Question littérature, la prose employée pourra éventuellement procurer quelques frissons à un lieutenant-colonel Tejero lisant ce factum 40 ans après sa prestation remarquée aux Cortès. D’Annunzio peut également dormir tranquille, la littérature factieuse oubliera bien vite ces quelques lignes.
Sur le fond, le « Grand Livre des Séditions » ne gardera sans doute pas non plus de traces du rebelle bayonnais et de son appel aux armes. Il est vrai que faute d’un Fidel Castro gaulois, nous héritons d’une version beatnik du Líder Máximo, un barbudos sans AK47, affublé non pas d’un six coups, mais d’une six cordes. Et surtout, n’ayant aucun général Tapioca à nous présenter pour donner un semblant de crédit à ce pronunciamiento. Le bilan est mitigé, cher Benito Lalanni. Combien de divisions à disposition ? Combien de paras ? Où sont les artilleurs ? Combien de réservistes ventrus pour au moins faire illusion ? Niente. Nada. Pas un gazier. Une guitare, une natte bien tressée, des bottes de cheval bien cirées et un Opinel ne font pas d’un barde, un putschiste. Surtout que question crédibilité, il y a encore des efforts à faire si on se remémore son échec pour devenir réserviste de la Gendarmerie. Gilet jaune et képis ne font pas bon ménage.
De fait, le Système qui était la cible de cet attentat, n’aura pas tremblé. Il s’est même probablement tapé une sacrée marrade à la lecture de cet appel à l’insurrection. Ayant bien ri, il aura pris le temps de préparer une réplique judiciaire, histoire de remettre en place l’imprudent vocaliste. C’est qu’il ne faudrait pas adresser ce genre de signal aux Français et leur donner le goût du complot. Le Parquet de Paris a donc logiquement ouvert une enquête préliminaire pour « faits de provocation publique non suivie d’effet, à la commission d’un crime ou d’un délit portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Des faits quand même passibles de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. La peine de mort étant abolie, c’est un moindre mal (souvenons-nous que le fort d’Ivry résonne encore de salves qui assassinèrent il y a peu de grands Français).
La gueuse vient donc de siffler la fin du jeu pour notre Castafiore du Béarn. Coucouche panier et retour à la case départ (sans passer par la case Sacem, mais en passant par la case prison, donc ?). « La république gouverne mal, mais elle se défend bien » et le gugusse chantant va l’apprendre à ses dépens. On peut néanmoins compter sur une certaine mansuétude la part de l’institution judicaire pour ne pas en faire un martyr. Et les psychiatres nous expliqueront sûrement pourquoi Lalanne eu un gros manque de discernement dans sa critique du macronisme…
Faut-il pour autant jeter Lalanne et ses bottes de cheval avec l’eau du bain ?
Pour n’importe quel Français soucieux de sa Patrie, se débarrasser du gérontophile élyséen est un impératif, une mesure de salubrité publique et une nécessité vitale. Accordons-nous là-dessus. Reste la méthode à employer.
Les régimistes de la (vraie) droite républicaine espèrent utiliser les prochaines échéances électorales pour renverser la clique LREM. Le salut pourrait venir d’une alliance allant d’un Ciotti par exemple, jusqu’à une Marion Maréchal (l’espérance des déçus de tantine). L’union des droites est un serpent de mer qui ressurgit régulièrement… Sauf que rien de tel n’est prévu à 400 jours du 22 avril 2022, date de la prochaine guignolade présidentielle. A ce compte-là, Macron sera en poste jusqu’en 2027 (à moins que tantine Marine comprenne enfin pourquoi elle est en tête des sondages et qu’elle agisse en conséquence. Sinon, ce sera 2032 et Marion). J’évacue évidement l’hypothèse Zemmour qui agite en ce moment le landerneau droitard, car je n’y crois pas. Qu’irait-il faire dans cette galère, à part servir d’aiguillon droitier pour MLP ?
A gauche, une alternative politique derrière un leader commun reste du domaine du possible et pourrait menacer sérieusement Macron. Mais vu les égos démesurés chez La France Insoumise, les écolos et les survivants du PS et vu la qualité du personnel, cette perspective semble aussi tartignole que l’union des droites. Restons tout de même prudents. Après tout, Mitterrand a bien été élu en 1981 avec les communistes et les Radicaux de gauche. Le grand écart chez les progressistes est toujours possible quand une élection potentiellement gagnable se profile à l’horizon. Certains socialistes convertis opportunément au macronisme, pourraient même faire un retour à la maison-mère. Les législatives quant à elles, devraient être moins à l’avantage de LREM et pourraient provoquer une certaine paralysie politique, les macronistes devant s’y trouver logiquement en minorité.
Une macronie poursuivant en 2027 son tragique bonhomme de chemin semble l’hypothèse la plus probable. Cette perspective ne peut qu’inquiéter ceux qui se désolent de la situation de notre pays. Entre muselage des oppositions, restriction de nos libertés, abandon de nos souverainetés, laisser-aller sociétal, insécurité galopante, ghettoïsation des territoires perdus, passivité devant l’islamisme et plus globalement, haine chronique de ce qui fait la France par ceux qui n’ont rien à y faire, il y a largement de quoi alarmer ceux qui se désolent devant notre pays livré à l’anarchie et à l’oligarchie libérale européiste, monstre qui démantèle notre économie. Voir sa Patrie se déliter et constater que ceux qui devraient lui assurer grandeur et prospérité, sont les acteurs de ce démembrement, n’autorise pas la passivité. La coterie en place verrouillant le système électoral, il reste peu d’options pour libérer la France de ces malfaisants.
Le putsch : y penser, souvent. N’en parler, jamais
Que voulons-nous à l’Action française ? Un pouvoir fort dans ses aspects régaliens, mais soucieux du bien commun, qui rende aux Français leur fierté, qui leur redonne le sentiment d’appartenir à la plus belle des nations, celle qui sera crainte et respectée. Nous voulons un régime qui garantira nos libertés, qui respectera les valeurs et les traditions qui ont bâti la France. Nous voulons donc un roi.
Comment y parvenir ? Cet objectif ne sera évidemment pas atteint par la voie démocratique. Si le système est à bout de souffle, il n’est pas devenu suicidaire pour autant. Bien des scénarios restent imaginables et la plupart sont malheureusement tragiques. Face de graves évènements et devant l’atonie du Système, un appel au roi par les députés n’est pas totalement chimérique pour refaire l’unité du pays. Ces mêmes politiques n’ont-ils pas fait appel à un vieux maréchal en 1940, pour se sortir d’un pétrin où ils avaient mis le pays ?
Dans une situation d’anarchie, l’hypothèse d’un coup d’état militaire n’est donc plus à évacuer. Notre pays possède encore suffisamment de ressources morales, pour que des hommes décidés se chargent de virer une équipe qui envoie sciemment le navire France vers un iceberg mortel. Il va de soi, que le galonné en question n’est pas encore connu et que ce ne sera surement pas un de ceux que certains droitards exhibent sur les réseaux sociaux (je rappelle que dans ces deux scénarii, le roi nouvellement installé devra se rendre indépendant des factions qui l’auront porté au pouvoir, affirmer son autorité et mettre en place un système politique qui se pérennisera. En somme, s’affranchir de la représentation parlementaire et remettre à sa vraie place l’autorité militaire. Un travail de longue haleine et délicat, qui nécessitera intelligence et pragmatisme).
Cette hypothèse militaire ayant donc les faveurs de notre mélodiste déguisé en histrion, si ce dernier réclame l’intervention de la Grande Muette, c’est hélas pour restaurer une république fantasmée, alors qu’elle est le vrai poison. De quoi démontrer une fois de plus, l’immaturité du personnage en matière politique.
Autre incongruité : crier haut et fort sur les toits qu’il faut abattre le système en place par la force. A‑t-on déjà vu un putsch s’annoncer à grands renforts d’annonces dans les médias et les réseaux ? Et pourquoi pas un flashmob en treillis… dans la longue histoire des coups d’états, il y eu rarement d’avertissements claironnés. Raginpert et son fils Aripert, n’ont pas envoyé d’émissaires au roi des lombards Liutpert, pour l’avertir que ses jours étaient comptés (encore qu’il dût bien s’en douter, vu les mœurs de l’époque). Franco n’a jamais envoyé de télégramme pour prévenir le Frente Crapular qu’il allait débarquer en Andalousie. John Sculley n’a pas envoyé de SMS à Steve Jobs avant de le virer d’Apple. Il me semble donc inutile de préciser que le premier gage de réussite d’un putsch, était de rester secret. Lalanne passe donc une fois de plus pour ce qu’il est, une buse, un idiot, un factieux d’opérette, un agité incapable de réfléchir avant de parler. S’insurger, c’est bien, c’est même plutôt sain3, mais il n’est pas nécessaire de s’imaginer comploteur et crier sur les toits « Viva la Revolución ! » pour provoquer un soulèvement. Un complot se trame dans des caves voutées et humides, flingues et cyanure à portée de main.
Gardons-nous de prendre de haut, ce qui ressemble tout de même à un suicide social. Car ce coup de sang, cette sortie de route non contrôlée d’un putschiste en herbe, est peut-être un signal avant-coureur. Une sorte d’éruption cutanée illustrant l’exaspération des Français face au système macronien. Il existe en France une crispation, une irritation, une colère encore contenue chez les gaulois réfractaires. La Covid et sa gestion calamiteuse, les privations de liberté, la crise économique qui pointe son museau, sont-ils les ferments de la révolte à venir ? Si on amalgame à cette crise, les autres graves problèmes rencontrés par les Français, insécurité et chômage pour ne citer qu’eux, nous nous dirigeons certainement vers une période pré-anarchique, dont la meilleure illustration est la quasi-impunité des racailles dans leurs quartiers (Blois, hier soir encore). Nos compatriotes pourraient alors s’insurger et demander des comptes aux édiles en place, dans l’hypothèse optimiste, où ils se détacheraient de Netflix et du « Meilleur pâtissier » … (le scrutin de 2022 sera peut-être la traduction pacifique de ce ras-le-bol).
Devant une situation insurrectionnelle, les éléments les plus avisés devront savoir se structurer pour réussir. De cette troupe, devra émerger un chef qui saura remettre le pays sur de bons rails. Et qui aura l’intelligence de se retirer une fois la mission effectuée, répondant ainsi à nos souhaits de monarchistes.
C’est dire que nous ne comptons évidemment pas sur un pitre qui chante « Fais-Moi L’amour pas La Guerre », pour déclencher la vague insurrectionnelle qui emportera le Système. Il serait même d’utilité publique et artistique, de museler cet Assurancetourix, dont la carrière aurait dû s’achever après « La Maison Du Bonheur », seul titre potable à mon goût. Il nous brise les tympans et empêche les vrais factieux de comploter en silence.
Maurras parlait de coup de force, pas de farce.
(1) je signale que mon 06 reste à disposition si on recherche un ministre de la Justice Expéditive en charge des dossiers antifa, islamo-gauchistes et radicaux valoisiens…
(2) On notera que le putsch d’Alger s’est déroulé en 61, celui de Tejero en 81 et celui qui nous évoquons ici, en 21… les années en 1 semblent donc prometteuses, quoique faibles question résultats…
(3) Au crédit de Lalanne, avouons qu’il s’est souvent mis en avant dans la défense de certaines causes légitimes. Je crois bien l’avoir croisé dans les années 90 dans une manifestation en faveur des chrétiens du Liban.
Source : https://www.actionfrancaise.net/