UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    lfar flamme.jpgMaurras condamné ! Lui qui, avec Bainville, Daudet et toute l'Action française, suivie par les patriotes français de tous bords et par les militaires, demandait - en 1918 - la seule chose qui garantissait la paix : le démembrement de l'Allemagne, dont l'unité n'avait que... 48 ans.

    Mais le Système, et Clemenceau, haïssaient le catholicisme et étaient pénétré par la prussophilie qui remonte aux Encyclopédistes, pères de la Révolution. Ennemis contraints des Allemands du Kaiser, mais pas de l'Allemagne ni de la pensée allemande, ces insensés pensèrent que la "démocratie" suffirait à calmer l'Allemagne de ses démons.

    Ils démembrèrent donc l'Empire catholique austro-hongrois, qui pouvait nous aider, être un allié précieux et un contre-poids aux velléités belliqueuses de la masse germanique; et ils laissèrent intacte l'Allemagne, humiliée et revancharde.

    C'est la guerre pour dans vingt ans, menée par un parti social-nationaliste, prévenait Bainville, dans les colonnes de L'Action française : il ne se trompait que d'un an (1939 au lieu de 1938) et que dans l'ordre des mots : Hitler fonda le parti national-socialiste (Nazionalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) d'où vient l'abréviation "nazi"...

    Moyennant quoi, après nous avoir "donné" Hitler, Clemenceau mourut honoré par la République, laquelle nous "donna" le plus grand désastre de notre Histoire (après la Révolution), puis se permit de condamner celui qui avait alerté, qui avait tout prévu, tout annoncé !...

    Maurras écrivit alors, en prison, son merveilleux poème Où suis-je, dans lequel - face à l'injustice criante - il a le comportement et la grandeur d'âme de Socrate...

    lafautearousseau

  • Au cinéma : La Fille de son père,, par Guilhem de Tarlé

    La Fille de son père - film 2023 - AlloCiné

     

    A l’affiche : La Fille de son père, un film français d’Erwan Le Duc, avec Céleste Brunnquell et Nahuel Pérez Biscayart dans les rôle-titre (Rosa et Etienne).

    La Fille de son père … « Nous aurions pu ne pas le voir »… m’avait-on écrit… et c’est malheureusement vrai, mais l’offre cinématographique de la semaine n’a rien d’alléchante, surtout aux heures qui nous conviennent (c’est pour cela que nous n’avons pas vu L’Abbé Pierre)..

    La Fille de son père… raconte les relations d’une jeune fille de 17 ans avec son « père célibataire » qui l’a élevée, seul, depuis sa naissance…. Famille monoparentale, quand tu nous tiens !
    On ne s’ennuie pas, mais c’est médiocre, même si mon épouse est davantage bienveillante.

    Pourtant… La Fille de son père aurait pu faire l’objet d’un scénario d’actualité ou d’histoire récente intéressant, et l’on pense à Anouchka, Julie, Martine, Charlotte, Marine, Claude, Mazarine et, sans doute, bien d’autres…

    guilhem de tarlé.jpg

     

  • À lire, lundi, sur lafautearousseau : notre 51ème Grand Texte, de Léon Daudet...

     

    DAUDET ASSEMBLEE.jpgC'est en 1922 que parut "Le stupide XIXème siècle", dont on va lire, ci-après, une courte partie de l' "Avant-propos" ("en manière d'introduction", dit Léon Daudet).

    Daudet, avec sa verve inimitable, y fait preuve d'un sens aigu du raccourci, aussi saisissant que lumineux.

    Sens du raccourci ? "...la révélation d’Aristote par saint Thomas n’est-elle pas l’origine de la Renaissance ?"...

    Art de la synthèse ? "...les Croisades, dont l’aboutissement est Jeanne d’Arc. Car la vierge héroïque est issue de cet immense frisson fidèle."

    Cet "Avant propos" est un survol brillant, autant qu'érudit, de quinze siècles d'Histoire et de ces quatre époques que furent les si mal nommés  "Moyen-äge" et "Renaissance" (Daudet explique bien pourquoi, on le lira plus bas...), puis les deux "grands siècles" :

    le XVIIème siècle, d'abord, celui du Roi-Soleil, "Louis, le grand en tout", disait Pierre Puget (que Daudet cite, dans cet Avant propos);

    puis le XVIIIème, celui de Louis XV (et, là, on renverra le lecteur au remarquable "Le siècle de Louis XV", de Pierre Gaxotte).

    Et c'est en se bornant à constater la rupture totale entre le XIXème siècle et les époques fécondes qui l'ont précédé que Daudet emploie le terme de "stupide" : terme, certes, polémique, mais Daudet n'est-il pas, aussi, un polémiste ? Et redoutable ?...

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Bouvines, le 27 juillet, serait une bien meilleure date pour la Fête nationale !...

    1789 ? 1790 ? : Ambigüité majeure de la Fête nationale...

     

    Certes, officiellement, c'est le 14 juillet 1790 - et, donc, la Fête de la Fédération, moment fugitif et illusoire de véritable "union nationale"... - que l'on célèbre. Mais le télescopage des deux dates prête malheureusement, et assez souvent, à confusion.

    Le 14 juillet 1789, on promène des têtes au bout des piques. François Furet l'affirme : dès cet épisode, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires".

     terreur tetes sur piques.jpg

    "C'est ainsi que l'on se venge des traîtres." dit l'horrible légende de cette gravure de 1789 dépeignant des soldats ou des miliciens portant les têtes de Jacques de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques.  

    Que s'est-il vraiment passé, "le 14 juillet" ? Rien de très glorieux, et, pour être parfaitement exact, rien que du franchement sordide, du répugnant à l'état pur : le gouverneur de la forteresse, Launay, se fiant à leur promesse, laisse entrer les assaillants, qui avaient préparé leur coup; il est assassiné, et sa tête promenée au bout d'une pique !... De la prison (!), on extrait les seuls sept prisonniers qui s'y trouvent : quatre faussaires, un libertin et deux fous, qui, dès le lendemain, seront discrètement conduits à Charenton.

    Voilà la "gloire de la République" ? 

            

    Or, il se trouve que, depuis la Révolution, la Bastille est l'objet d'une falsification historique sans précédent, et d'une ahurissante réécriture des évènements, qui laisse rêveur, et qui est bien l'une des choses les plus stupéfiantes, mais aussi les plus sordides, qui soient.

    Revenons-y quelques instants...

    N'ayant plus aucune valeur militaire depuis des lustres, totalement sous exploitée en tant que prison d'État, et gênant l'accroissement de la capitale vers l'est, il y avait bien longtemps que les rois avaient résolu sa disparition. Seules les difficultés financières chroniques de la royauté retardaient sa disparition.

     La_Bastille_20060809.jpg

    La Bastille, telle qu'elle se présentait au XVIIIème siècle (gravure du temps)

     

    En 1789 eut lieu, ici, l'un des événements les plus ignobles d'une Révolution qui n'en manque pourtant pas. Le gouverneur de Launay accepta de rendre - sans combat - la forteresse aux émeutiers, à la condition expresse qu'il ne serait fait aucun mal à personne. Moyennant quoi, une fois les portes ouvertes, la garnison fut massacrée, et les têtes promenées au bout de piques... 

    Le pseudo mythe d'une prétendue "prise de la Bastille" - prise qui n'a jamais eu lieu puisque la citadelle s'est rendue sans combattre - mêle donc le mensonge le plus énorme à l'ignominie la plus révoltante, dans une réécriture volontairement falsificatrice de la vérité historique, où le burlesque le dispute au tragique et à l'horreur.

     

     • 1. Dans notre Album : Écrivains royalistes (I) : Chateaubriand , celui-ci - témoin oculaire des faits - rappelle cette falsification de l'Histoire :

    Mystification et falsification de l'Histoire...

    "Le 14 juillet, prise de la Bastille. J'assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur: si l'on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l'Hôtel de Ville; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d'un coup de pistolet; c'est ce spectacle que des béats sans cœur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent; on en envoya à tous les niais d'importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j'ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j'aurais une pension aujourd'hui."

    Mémoires d’Outre-tombe, La Pléiade, Tome I, page 168.

     

     • 2. Dans notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville, voir la photo "Variations sur le 14 Juillet"

    14 juillet,bayeux,tapisserie de la reine mathilde,philippe auguste,chateaubriand,talleyrand,furet,gallo,marc bloch,armee française

    Dans ce travestissement éhonté de l'Histoire, on ne sait ce qui prédomine, de la bouffonnerie ou de l'horreur : on a les symboles et les mythes qu'on peut ! 

     

     

     • 3.  et, dans lafautearousseau, l'excellent point de vue de Jérémy Loisse :

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2017/07/15/histoire-actualite-aux-sources-du-14-juillet-5963398.html

     

     

    Alors que, le 14 Juillet 1790, on célèbre au contraire une espérance, vite déçue certes, et entachée de profanation et de sacrilège (1), mais, aussi, enthousiasmante et belle, malgré tout : au moins l'intention, dans l'opinion, était-elle bonne

    Pour Marc Bloch, repris par Max Gallo, tout Français véritable ne peut que vibrer à l'évocation de la Fête de la Fédération, qui n'a son pendant que dans le Sacre de Reims...

    14 juillet,bayeux,tapisserie de la reine mathilde,philippe auguste,chateaubriand,talleyrand,furet,gallo,marc bloch,armee française

    14 juillet,bayeux,tapisserie de la reine mathilde,philippe auguste,chateaubriand,talleyrand,furet,gallo,marc bloch,armee française

    Ce qui, par contre, fait l'unanimité : l'hommage à l'Armée française... :

     

    (1) : "...L'abbé Louis (qui devait devenir Ministre des finances de Louis XVIII, ndlr) était venu à jusqu'à Gand réclamer son ministère : il était fort bien auprès de de M. de Talleyrand, avec lequel il avait officié solennellement à la première fédération du Champ de Mars : l'évêque faisait le prêtre, l'abbé Louis le diacre et l'abbé Desrenaudes le sous-diacre.

    Monsieur de Talleyrand, se souvenant de cette admirable profanation, disait au baron Louis : "L'abbé, tu étais bien beau en diacre au Champ de Mars !" Nous avons supporté cette honte derrière la grande tyrannie de Bonaparte : devions-nous la supporter plus tard ?..."(Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome 1, page 933).

    "Et surtout, ne me faites pas rire !...", avait dit Talleyrand à l'un des participants de cette admirable profanation, au moment où il allait célébrer la Messe...

     talleyrand a droite officiant.jpg

    Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération,

    Talleyrand officiant, à droite...

  • Au cinéma : Le Comte de Monte-Cristo, par Guilhem de Tarlé

    Le Comte de Monte-Cristo - Film 2024 - AlloCiné

     

    Cannes 2024 : Le Comte de Monte-Cristo, un film français de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, avec Pierre Niney (dans le rôle-titre, alias Edmond Dantès), Anaïs Demoustier (Mercédès Herrera), Bastien Bouillon (Fernand de Moncef), Laurent Lafitte (Gérard de Villefort, le Procureur), Patrick Mille (Danglars), Pierfrancesco Favino (l’Abbé Faria), Anamaria Vartolomei (Haydée), Julien de Saint-Jean (Andrea, fils illégitime du Procureur),
    d’après l’œuvre d’Alexandre Dumas (1844).

    Le Comte de Monte-Cristo… un livre que je pense avoir lu, enfant, mais dont je n’avais aucun souvenir autre que le Château d’If et l’existence de l’abbé… Je ne le retrouve d’ailleurs pas dans ma bibliothèque. De toutes façons, 800 pages c’est trop pour moi et je ne le lirai ou relirai plus maintenant que j’ai vu ce film dont l’intrigue, a priori simple, me paraît compliquée à loisir avec énormément de personnages (une trentaine dans le texte)…

    La durée du film (3h) et la bande-annonce ne me tentaient pas, et c’est faute de mieux que nous y sommes allés.

    Tant mieux ! je suis content d’avoir redécouvert ce roman au cinéma, et j’ai  passé un bon moment dans ce long-métrage à grand spectacle et cette histoire d’amour et d’amours, de trahisons, de justice et de vengeance…

    Sans doute les Royalistes n’’y sont pas présentés sous un beau jour, mais peut-on pinailler à l’ère des Macron, Mélenchon et autre Edouard Philippe qui appellent à voter communiste ?

    guilhem de tarlé.jpg

     

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (91)

     

    1AAAAAAAAAa.jpg

     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Ils "étaient", ils "faisaient" l'Action française" :

    Portraits (IX) : Louis Dimier...

    ---------------

    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

    1A.jpg

    Louis Dimier (1865-1943), critique d'art, écrivain, historien, il enseigna, dès 1907, l'histoire des idées politiques à la chaire Rivarol de l'Institut d'Action française.
    Il quitta le mouvement - et la vie politique - en 1925, pour se consacrer exclusivement à la critique d'art.
    Il a raconté ces années d'engagement dans un ouvrage autobiographique, "Vingt ans d'Action française"...



    De "Vers le Roi", page 38 :

    "...Catholique fervent, agrégé de l'Université, polémiste d'une verve drue et souvent irrésistible, Louis Dimier, par certains côtés, rappelle Veuillot.
    Connaissant à merveille les points faibles de l'adversaire, ses préjugés, les détours de l'erreur libérale, érudit de mille manières, n'ignorant rien de l'art contemporain, avec quelques idées saines très arrêtées et toujours vigilantes, il est à son aise dans la polémique, comme dans la discussion historique et théologique.
    Il parle comme il écrit, avec verve, éclat et précision et je l'ai vu s'élever, par plans gradués, à la plus haute éloquence..."

  • Annexe : quelques cartes sur des sujets divers et variés...

    Les sites préhistoriques en France...

    (Cliquez sur l'image pour l'agrandir...)

    1A.jpg

     

    lfar espace.jpg

    Racines chrétiennes ? Un héritage de l'Histoire...

    Implantation de localités possédant dans leur patronyme le nom de "saint" ou "sainte"...

    1A.jpg

     

    lfar espace.jpg

     

    Les cathédrales...

    1A.jpg

     

    lfar espace.jpg

     

    Carte des 200.000 calvaires de France...

    ...établie par l'Institut Géographique National.

    Un pour 3.375 habitants !

    1A.jpg

     

    lfar espace.jpg

     

    La "carte" de France selon les temps des TGV reliant Paris aux provinces...

    (cliquez sur la carte pour l'agrandir...)

    1A.jpg

     

    lfar espace.jpg

     

    Les langues régionales...

    1A.jpg

     

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    1AZZZ.jpg

    La ligne de partage des eaux en Europe...

    La ligne de partage des eaux forme une vraie frontière, non seulement symbolique mais aussi biogéologique, en séparant deux mondes.

    Le partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée est remarquable, car on peut mesurer une différence immédiate de végétation, notamment dans la région des Cévennes et des Grands Causses en France. Car les bassins hydrographiques forment des ensembles cohérents sur le plan écologique.

    Curieusement, on retrouve souvent des cohérences linguistiques dans les bassins versants, comme si les idiomes suivaient les eaux, comme si les langues remontaient les fleuves : la Suisse, largement germanophone, en est le meilleur exemple...

     

    1A.png

    La ligne de partage des eaux en Europe...

    La ligne de partage des eaux forme une vraie frontière, non seulement symbolique mais aussi biogéologique, en séparant deux mondes.

    Le partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée est remarquable, car on a l’impression de mesurer une différence immédiate de végétation, notamment dans la région des Cévennes et des Grands Causses en France. Car les bassins hydrographiques forment des ensembles cohérents sur le plan écologique.

    Curieusement, on retrouve souvent des cohérences linguistiques dans les bassins versants, comme si les idiomes suivaient les eaux.
    Comme si les langues remontaient les fleuves : la Suisse, largement germanophone, en est le meilleur exemple...

     

    lafautearousseau

  • Le Prince Jean à Rome, pour l'ouverture de l'année Henri IV

                Dans la note du 22 novembre dernier ("2010, l'année Henri IV"), nous vous avons présenté les objectifs et l'importance de cette initiative, placée rappelons-le sous le parrainage direct du chef de l'Etat; et nous avons tenté d'expliquer l'intérêt qu'il y avait à la soutenir.

                "En rendant compte -écrivions-nous- de cette initiative officielle du Gouvernement français, en s'y associant et en y participant, on fait tout à fait autre chose que de se complaire dans un passé aboli. On accomplit, certes, un geste de mémoire, en exaltant ce roi pacificateur et réconciliateur, mais tourné vers le présent et l'avenir. On contribue à pousser à la roue pour la reconquête de notre Histoire, la ruine de la Bastille du mensonge de l'histoire officielle, grâce à laquelle nos adversaires ont réussi à falsifier notre passé, à le faire prendre en haine à une part du peuple, le coupant ainsi de ses Racines authentiques. Beaucoup de français en effet, abusés par l'ignorance et le mensonge, ne s'aiment pas, n'aiment pas la France, du moins la caricature mensongère qu'on leur en a montrée, et ne souhaitent donc pas prolonger cette aventure exaltante que représente notre Nation.

                 Exaltante, du moins, quand on connaît vraiment son Histoire, avec ses grandeurs et ses faiblesses (et même ses laideurs...) car comment pourrait-elle l'être -exaltante- lorsqu'on a été élevé en haine de son passé ? La réflexion n'est pas nouvelle, et elle n'est pas de nous: l'histoire de France -l'histoire officielle, enseignée dans les Écoles- paraît avoir été écrite par les ennemis de la France......"

               ( pour lire, ou relire l'intégralité de cette note:  2010 année Henri IV.pdf ).

                Le Prince Jean était à Rome, tout récemment, pour les festivités et manifestations marquant le coup d'envoi de cette année Henri IV. L'occasion de signaler, donc, le démarrage de cette année, et aussi de revenir un petit peu sur deux points d'histoire, mais qui vont vont bien plus loin que l'anecdote, puisqu'ils nous ramènent à l'Histoire, à la Culture et à la Civilisation: parlons donc un peu de la Messe annuelle célébrée depuis 1604 dans la cathédrale de Rome « pro felice statu gallicæ nationis », et des Pieux Établissements français de Rome.....

    PRINCE A ROME 3.jpg
    Le Prince en compagnie du cardinal Poupard et de l'Ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, Stanislas de Laboulaye

                I :  La Messe annuelle « pro felice statu gallicæ nationis », dans la cathédrale de Rome:

     

                Cette messe que valait bien Paris, le roi Henri IV voulait l’entendre en bon catholique. Il chargea donc l’abbé Arnaud d’Ossat de négocier avec le pape Clément VIII la délicate affaire de son absolution. Elle n’était pas simple en effet. De nombreux cardinaux liés à la Cour d’Espagne se montraient hostiles et il fallait convaincre le Pape de la sincérité du roi. L’abbé d’Ossat déploya une extrême habileté et fut soutenu dans ses négociations par le chapitre du Latran.

     

     

    PRINCE A ROME 2.jpg

     

    Le Prince Jean devant la statue d'Henri IV, son aïeul

    (oeuvre de Nicolas Cordier, 1608).

     

     

                Le 17 septembre 1595, étant parvenu à faire accepter et la formule par laquelle le roi serait absous et la reconnaissance de la légitimité des prétentions d’Henri IV sur la couronne de France, l’abbé d’Ossat prononça, au nom du roi, la formule d’abjuration et reçut, en son nom, l’absolution de Clément VIII.

     

                Pour remercier le chapitre du Latran de son aide décisive, Henri IV lui accorda par brevet en date du 22 septembre 1604 les bénéfices, alors importants, de l’abbaye de Clairac, située dans le diocèse d’Agen. Il disposait, en outre, qu’une messe solennelle « pro felice statu gallicæ nationis » serait célébrée chaque année par l’archiprêtre de la Basilique, assisté par le chapitre, au jour anniversaire de sa naissance, c’est-à-dire le 13 décembre, fête de la Sainte Luce.

     

                En remerciement, le chapitre décida de reconnaître pour Henri IV et ses successeurs le titre de « Premier et unique Chanoine d’honneur du Latran ». Il fit également élever, à ses frais, une grande statue d’Henri IV en pied, un glaive à la main. Cette statue,  due au sculpteur lorrain Nicolas Cordier, se trouve dans le portique du transept de droite. Elle fut inaugurée à Rome en 1608 par le marquis de Villeroy, ambassadeur de France.

     

    prince a rome 1.jpg

      

    Devant la statue d'Henri IV, le Prince entouré par Jean Gugliotta (à sa droite) et Fabrice Madouas  (à sa gauche)
     
     
     
     
     
     
     

                II :     Les Pieux Établissements de la France à Rome et à Lorette sont une fondation française installée en Italie, constituée au cours des âges de dons et de legs de Français illustres ou obscurs, dirigée par des organes propres, et placée sous la tutelle de l'Ambassade de France près le Saint Siège.

     

                L'affectation de certains de ses biens, comme l'ensemble conventuel de la Trinité des Monts et l'église de Saint Claude des Francs-Comtois de Bourgogne, fait l'objet d'accords internationaux bilatéraux entre la France et le Saint Siège. En outre, son dernier règlement, du 25 août 1956, a été approuvé par bref du Pape Pie XII, en date du 8 septembre 1956.

     

    Ils comprennent aujourd'hui :

     

    - Cinq églises et leurs dépendances:

     

        * · Saint Louis des Français - Piazza San Luigi dei Francesi, 5

        * · La Trinité des Monts - Piazza Trinità dei Monti, 3

        * · Saint Nicolas des Lorrains - Largo Febo, 19

        * · Saint Yves des Bretons - Vicolo della Campana, 8

        * · Saint Claude des Francs-Comtois de Bourgogne - Piazza San Silvestro

     

    - 13 immeubles de rapport dans Rome.

     

    - A Lorette, 1 petit immeuble, la Chapellenie nationale de France, dans le centre ville, et quelques hectares de terres.

     

     

                La vocation première de cette fondation, conformément aux dispositions testamentaires de ses nombreux légataires, est d'entretenir les communautés religieuses qui desservent ses cinq églises (communauté de Saint Louis, couvent et rectorat de la Trinité des Monts, chapellenie nationale de France à Lorette) et d'assurer l'accueil des pèlerins francophones à Rome (Maison d'accueil Saint Joseph de la Trinité des Monts, Centre pastoral d'accueil).

     

    prince a rome.jpg
    "Raço racéjo !" : De Henri IV au Prince Jean,  la même simplicité et cordialité de bon aloi
     

     

                Au-delà, elle contribue, par l'organisation de manifestations, au rayonnement de la France à Rome : par exemple, en 2002, fut commémoré le cinquième centenaire de la pose de la première pierre de l'église de la Trinité des Monts, par une exposition, un colloque en partenariat avec l'École française de Rome et une série de concerts ; en 2003, fut célébré le 700ème anniversaire de la mort de Saint Yves par un colloque "Riches et pauvres devant la justice", présidé par le Cardinal Mario Francesco Pompedda, alors Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, et par l'inauguration de la façade rénovée de Saint Yves des Bretons.

     

                Enfin les cinq églises françaises de Rome, considérées comme des monuments historiques français, font l'objet de vastes campagnes de restauration, menées en partenariat avec le Ministère français de la Culture et de la Communication, le Sénat de la République française, les Conseils régionaux de Bretagne et de Lorraine, les surintendances italiennes territorialement compétentes et les Musées du Vatican. Une nouvelle convention liant le Ministère français de la Culture et de la Communication et les Pieux Établissements a été signée par M. Jean-Jacques Aillagon lors de sa visite, le 8 mars 2003.

     

                Les Pieux Établissements sont dirigés par la Congrégation générale, composée de 12 Français de Rome, pour moitié ecclésiastiques, pour moitié laïcs, et présidée par l'Ambassadeur de France près le Saint Siège, M. Stanislas Lefebvre de Laboulaye. Il est assisté par la Députation administrative que préside le Ministre Conseiller de l'Ambassade, M. Alexandre Morois, et qui comprend l'Administrateur, Le R.P. Bernard Ardura, et le Trésorier des Pieux Établissements, M. Pierre Blanchard. Une petite équipe exécutive de quatre personnes est conduite par l'Administrateur-délégué (à titre indicatif, le budget 2007 des Pieux Établissements est de 3.720.000€).

  • « C’est la France qu’on déboulonne » Et de la France enfin quand sera-t-il question?, par Bérénice Levet.

    La philosophe Bérénice Levet Photo: Hannah Assouline

    Source : https://www.causeur.fr/

    Plus encore que la rage destructrice des manifestants identitaires, c’est notre incapacité à y répondre qui inquiète. Nous devons mobiliser notre héritage pour promouvoir le modèle universaliste français. Emmanuel Macron aura-t-il le courage de le faire?

    Nous avions quitté un monde où les féministes assiégeaient les salles de cinéma qui avaient l’audace de programmer le J’accuse de Roman Polanski et battaient le pavé contre une France qui, en honorant le cinéaste d’un César, confirmait, selon eux, sa complaisance envers les violeurs et les assassins de femmes ; et à peine sortons-nous du confinement que nous assistons à une nouvelle salve d’offensives contre la France, sa police, ses statues, ses noms de rues et d’institutions. Parmi ces cibles, Colbert, véritable abcès de fixation des associations antiracistes et indigénistes, déjà visé en 2017 dans le sillage des événements de Charlottesville, dont les militants ne savent et ne veulent savoir qu’une chose : qu’il fut l’instigateur du Code noir, et d’un Code noir lui-même réduit à sa plus sommaire expression.

    Procureurs et fossoyeurs

    J’aurais pu consacrer cet article à l’ignorance crasse dont font montre ces activistes, déboulonneurs et taggeurs de statues, à leur anachronisme, leur pathos de la table rase, leur refus de compter avec l’essentielle ambivalence de l’Histoire. J’aurais pu développer leur impuissance à admettre la vérité énoncée par l’historienne d’art, Anne Pingeot, dans un texte consacré à Paul Gauguin (autre abcès de fixation des indigénistes) et au travail de sauvetage par un colon des mythes et légendes du peuple maori : « La civilisation occidentale qui détruit est aussi celle qui recueille, sauvegarde et recrée. » J’aurais pu évoquer leur rébellion contre ce donné de la condition humaine qui fait que, par la naissance, nous entrons dans un monde qui nous précède, et que, par conséquent, nous sommes « toujours, bon gré mal gré, les héritiers des actes d’autres hommes » (H. Arendt).

    Je préfère m’attacher à la réplique que nous opposons, ou non, à ces procureurs et fossoyeurs de la France. Ce qui frappe en effet dans ce nouvel épisode, mais plus largement dans toutes les offensives identitaires, qu’elles viennent des rangs des féministes, des LGBT-istes, des Noirs ou des musulmans, c’est l’inconsistance de notre réponse. Jusqu’à quand, jusqu’où allons-nous consentir à ce réquisitoire perpétuel et toujours plus véhément contre notre histoire, notre singularité, notre identité ?

    Les fièvres identitaires sont destructrices partout, mais en France, elles portent atteinte à un élément constitutif de l’identité française, du génie français

    Sans doute, dans ce cas précis, lors de son allocution du 14 juin, le président a-t-il eu le verbe haut : « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire, a-t-il déclaré. Elle ne déboulonnera pas de statues. » Cependant, quel crédit accorder à ces énergiques paroles ? Emmanuel Macron a donné trop de preuves de ce qu’il était acquis à l’idéologie identitaire et diversitaire pour que l’on puisse être véritablement rassuré. Et puis, quelle que soit la foi du président, que d’oreilles politiques et journalistiques compatissantes, que de génuflexions – au sens propre comme figuré –, que de gravité face à ces contempteurs de la France.

    2.jpg

    Vikash Dhorasoo et une vingtaine de militants antiracistes recouvrent d’un voile noir la statue du maréchal galliéni, héros de la Première Guerre mondiale et administrateur colonial français, Paris, 18 juin 2020.
    © J Radcliffe/Getty Images/AFP

    3.jpg

    La statue de Colbert devant le Palais Bourbon, siège de l’assemblée nationale.
    © Hannah Assouline

    « Il ne faut jamais résister aux gens qui sont les plus forts. » De toute évidence, nos élites ont fait leur la devise par laquelle le comte de Bréville, dans la nouvelle de Maupassant, escompte fléchir la farouche et patriotique Boule de suif. Or les forts aujourd’hui, ce sont les femmes, les Noirs, les musulmans, bref les minorités, la diversité. Et ils le savent.

    Ils savent que le fruit est mûr et ne demande qu’à tomber, d’où ces assauts de plus en plus réguliers et violents. Or, si, collectivement, nous nous souvenions encore de qui nous sommes, la réponse ne manquerait pas de fuser : Colbert n’est peut-être pas le grand homme des Noirs, mais en France il n’y a ni noirs, ni musulmans, ni juifs, ni catholiques, ni protestants, ni hommes, ni femmes, il n’y a que des Français. Et Colbert est un grand homme pour la France. Il est de ceux qui l’ont faite, et qui l’ont faite éclatante et glorieuse. Et c’est la raison pour laquelle la patrie lui est infiniment reconnaissante et le célèbre au travers de ses statues. Ironie de l’Histoire d’ailleurs, c’est au moment où Colbert aurait pu redevenir une figure exemplaire pour la France post-Covid-19 redécouvrant les vertus de l’État stratège, du protectionnisme économique et promettant de s’engager sur la voie de la réindustrialisation, qu’il est de nouveau pris pour cible. Mais c’est précisément cette transcendance de la patrie que ces captifs volontaires de leur « race » récusent.

    Notre reddition

    Nous sommes mis à l’épreuve et ce ne sont pas quelques biens qui nous sont ravis, mais un modèle de civilisation. Les fièvres identitaires sont destructrices partout, mais en France, elles portent atteinte à un élément constitutif de l’identité française, du génie français. Ce qu’on pourrait appeler la passion du monde commun, notre répugnance à voir les parties qui composent la France coexister, vivre les unes à côté des autres, superposées comme l’huile et l’eau, selon l’image de Renan. Par notre histoire, nous étions mieux armés que tout autre pays pour faire rentrer dans leur lit ces fleuves identitaires, féministes, indigénistes, LGBT-istes qui sont en train d’engloutir sous leurs eaux notre civilisation. Sauf que nous ne mobilisons pas cet héritage.

    Trois facteurs éclairent la reddition que nous ne cessons de signer avec nous-mêmes. 1. Nous ne connaissons plus notre histoire, et pour le peu que nous en connaissons, nous la tenons pour coupable ; 2. Nous ne la comprenons plus, nous ne la jugeons donc plus légitime ; et 3. Conséquence fatale, nous ne l’aimons plus suffisamment pour la défendre.

    Ces activistes, féministes, antiracistes, LGBT-istes, mais on pourrait ajouter antispécistes, se nourrissent d’abord de notre ignorance et de notre amnésie. Les maîtres de l’heure avancent en terrain d’autant plus sûrement conquis qu’il leur a été préparé par cinquante années d’éducation dite progressiste qui, depuis les années 1970, a fait de la liberté de l’enfant, de son génie originellement créateur, un alibi pour se dispenser de la tâche de transmettre l’héritage.  « D’autant que l’âme est plus vide et sans contrepoids, écrivait Montaigne, elle se baisse plus facilement sous la charge de la première persuasion. » Que savent de la France les moins de 50 ans – ce qui commence à faire du monde – sinon qu’elle a été et demeure raciste, patriarcale, sexiste, misogyne, islamophobe, homophobe, transphobe, cruelle aux bêtes ? À un Colbert réduit au Code noir, que seraient en mesure de riposter un écolier ou un adulte né dans les années 1970 ? On eût d’ailleurs aimé, dans ce contexte, entendre le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, car ce n’est pas sur des cartels escortant des statues que l’on apprend l’histoire de la France, mais sur les bancs de l’école.

    Ces militants de toute espèce se fortifient également de notre mauvaise conscience. Là encore, des décennies de tyrannie de la repentance ont fini par produire leurs effets. Il nous arrive ce qui arriva à l’instituteur interprété par Bernard Fresson dans Les Feux de la Chandeleur du cinéaste Serge Korber. Revenant sur ses années de jeunesse militante et interrogé sur l’identité d’une jeune femme noire qui figure parmi ses archives, il a cette réponse extraordinaire : « C’était Monica, mon époque noire. Je faisais du racisme à l’envers. Je ne parlais que de négritude, de pouvoir noir. Résultat : Monica, tellement acquise à mes idées, les a appliquées au pied de la lettre : un jour elle n’a plus supporté la vue d’un Blanc, moi le premier ! »

    Tirer sans fin sur notre capital civilisationnel

    Ils prospèrent enfin, et c’est à mon sens le point majeur, sur le sentiment d’illégitimité que nous inspire le modèle universaliste qui est le nôtre. Toute notre faiblesse vient de l’évidence que l’approche identitaire, diversitaire, communautaire a acquise au fil des années dans notre pays. Nous sommes en effet les héritiers d’une République qui, plus que toute autre, ne veut rien savoir des identités particulières, qui n’en demande pas le sacrifice, mais leur impose la discrétion dans l’espace public. Or, nous ne saisissons plus le magnifique pari sur la liberté que, au travers de cette exigence de neutralisation des appartenances privées, la République française fait sur l’homme. Elle postule l’existence en chacun d’une enclave de liberté, elle mise sur la capacité de tout individu, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne, de faire un pas de côté par rapport aux déterminismes et aux appartenances. Non pas pour être jeté dans un vide identitaire, une abstraction prétendument libératrice, mais afin de prendre part à cette réalité supérieure, haute en couleur et en intrigues qu’est la nation.

    Cessons donc d’être les dupes de toutes ces victimes autoproclamées de la civilisation française et recouvrons la fierté de nous-mêmes. Leur objet n’est ni la vérité ni la justice, mais une volonté opiniâtre de faire rendre gorge à la civilisation occidentale et singulièrement à la France. Leur « logique » est la suivante : nous aurions contracté, historiquement, une telle dette à leur endroit qu’ils seraient comme autorisés à tirer des traites sans fin sur notre capital civilisationnel. Et c’est là que la généalogie victimaire joue un rôle essentiel, se présenter comme des « fils et filles » d’esclaves ou de colonisés, du simple fait de leur couleur de peau, permet des demandes exorbitantes. Verra-t-on un jour sortir des rangs des indigénistes ou des décoloniaux un esprit digne du courage et de la lucidité d’un Finkielkraut et capable d’écrire « L’Esclave ou le Colonisé imaginaire » ? 

    Bérénice Levet

  • Face aux censeurs «  Répondre par la transmission et l’enracinement  », par Véronique Jacquier.

    « Il revient aux catholiques de protéger bec et ongles “ce blanc manteau d’églises”, qui couvre si merveilleusement notre belle terre de France.  »

    © Christel Sagniez

    L’historien Jean-Christian Petitfils fustige une «  cancel culture  » qui se répand jusque dans l’Université et rappelle l’importance de la transmission et de l’enracinement. Entretien.

     

    5.jpgQuel regard l’historien que vous êtes porte-t-il sur la «  cancel culture  » ?

    Jean-Christian Petitfils : Initiée en France après la mort tragique de George Floyd en mai 2020 par des associations antiracistes ou des groupuscules de «  défense noire africaine  », la campagne passionnelle et outrancière destinée à abattre les statues, à débaptiser les lycées, les places et les rues portant le nom de grands hommes de notre Histoire, soupçonnés d’esclavagisme ou de colonialisme, est au cœur de cette «  culture de l’effacement  » qui se répand dans le monde occidental.

    Dans ce délire idéologique, où le souci de la vérité historique ne pèse pour rien, on ne sait trop lesquels sont le plus à blâmer, indigénistes, ultra-féministes, militants antiracistes et décoloniaux, islamo-gauchistes, qui ne rêvent que de déconstruire l’histoire de notre pays, ou les hommes politiques et les édiles tétanisés qui mettent genou à terre et se prêtent complaisamment aux injonctions terroristes des discours antiblancs.

    Y a-t-il des statues qu’il serait légitime de déboulonner ?

    Sans doute a-t-on exalté par le passé des individus qui ne le méritaient guère. Le mieux dans ce cas est de condamner leurs statues à l’oubli plutôt que d’agir «  à chaud  » sous l’injonction des manipulateurs. Sinon, où arrêter le curseur ? Quelles victimes choisir ? Jeanne d’Arc, récupérée par l’extrême droite ? Jean-Baptiste Colbert, pour avoir ordonné la rédaction du Code noir ? Louis XIV, pour l’avoir signé ? Voltaire, pour son antijudaïsme enragé ? Napoléon, pour avoir rétabli en 1802 l’esclavage en Guadeloupe et à Saint-Domingue ? Le maréchal Bugeaud, partisan et acteur de la «  terre brûlée  » en Algérie ? Le colonialiste Jules Ferry pour son mépris des «  races inférieures  » ? Charles de Gaulle, qualifié intensément «  d’esclavagiste  » et dont des statues ont été vandalisées ?

    Quels sont les précédents dans l’histoire ?

    Ces précédents, très nombreux, semblent constitutifs de l’histoire de l’humanité. Certains pharaons n’ont-ils pas fait marteler les effigies et les cartouches de leurs prédécesseurs ? Les chrétiens n’ont-ils pas détruit, pour la bonne cause disaient-ils, les idoles païennes, sans se soucier de la culture des peuples indigènes ?

    Faut-il rappeler aussi la grande crise iconoclaste de l’empire romain d’Orient, à partir de Léon III l’Isaurien (VIIIe siècle), qui, interprétant strictement l’interdit biblique de toute image divine, ordonna la destruction massive des icônes du Christ et de la Vierge. Cette crise dura plus d’un siècle.

    La fureur iconoclaste reprit – avec quelle âpre intensité ! – dans l’Europe du XVIe siècle au moment de la Réforme. La déprédation de l’art statuaire catholique s’accompagna de nombreux massacres. Durant les guerres de Religion, le mouvement s’intensifia en France, chaque camp cherchant à éliminer l’autre par la pierre renversée et le sang versé.

    Sous la Révolution, l’abbé Grégoire créa un mot pour dénoncer le phénomène : «  le vandalisme  ». Par fanatisme idéologique, haine de la religion ou de la monarchie, on détruisit des églises, des chapelles, on incendia des châteaux, on abattit des statues de rois, de princes, d’évêques, on vida jusqu’aux tombeaux royaux de Saint-Denis… «  Du passé faisons table rase  », clamera plus tard l’Internationale.

    Plus près de nous, le monde garde en mémoire les sinistres exactions de la Révolution culturelle chinoise, la destruction en 2001 des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan ou la démolition en 2012 des mausolées de Tombouctou au Mali. Personne, en revanche, ne pleure le déboulonnage des statues des dictateurs : Hitler, Staline, Mao, Ceausescu, Saddam Hussein… Heureusement.

    Les réseaux sociaux changent-ils la donne dans cette volonté de tout effacer ?

    Ces prodigieux moyens de communication à travers la planète sont aussi d’affreuses caisses de résonance de la bêtise humaine. Ils placent sur un même plan la vérité et le mensonge, contribuent souvent à disqualifier toute pensée scientifique ou érudite, à véhiculer les formes les plus odieuses du complotisme, à infuser dans la société la pratique du lynchage. Chacun est appelé à faire justice soi-même. L’inculture prodigieuse qui s’y véhicule, la totale méconnaissance des faits historiques, le refus hystérique de toute nuance ne font en effet qu’aggraver le phénomène. Les modérateurs des réseaux sociaux eux-mêmes s’en donnent à cœur joie pour censurer les comptes de ceux qui expriment des opinions non conformes à la pensée dominante.

    Derrière la «  cancel culture  » : le rêve d’un monde parfait ?

    Je dirais plutôt l’aspiration de ceux qui prétendent incarner le camp du Bien et de la Morale à un monde totalitaire. Par son schéma explicatif réducteur, qui tend à tout ramener à l’exploitation esclavagiste de la terre, la «  cancel culture  » ne fait que contribuer à l’ensauvagement de la société.

    Toutes ces vagues d’indignation ne sont pas à condamner, tant s’en faut : bien évidemment la dénonciation du racisme avéré, des violences sexuelles et sexistes, ou de l’inceste, est en soi légitime.

    Encore ne faut-il pas s’abandonner à la calomnie. En matière d’antiracisme, il serait dangereux de mettre la France à l’heure américaine. Les cultures, les traditions, les attitudes diffèrent. On ne peut en tout cas que condamner la prétention délétère de certains à vouloir se faire justice, à refuser par principe la présomption d’innocence, à tuer par la rumeur.

    Ce mouvement est-il plus dangereux qu’à d’autres moments de l’histoire ?

    L’historien se doit de relativiser, car de fait on a connu pire dans le passé. Il est inquiétant néanmoins de voir se coaguler progressivement tous ces mouvements racialistes, ultra-féministes au sein de l’Université française. Les «  gender, racial and decolonial studies  », comme on dit outre-Atlantique, que dénonce le politologue Pierre-André Taguieff dans son Imposture décoloniale, science imaginaire et pseudo-antiracisme (éd. de l’Observatoire), se multiplient. Gare aux opposants ! La «  cancel culture  », bras armé du mouvement, et ses procédés sectaires d’intimidation ne sont pas loin. Sylviane Agacinski et Alain Finkielkraut en savent quelque chose.

    Ces boursouflures intellectuelles vindicatives, sans valeur scientifique, mais en quête de légitimité académique, peuvent-elles accoucher d’une idéologie cohérente ? On peut en douter, car l’indigence et la diversité de ces clameurs de haine, la racialisation des luttes ne présentent sûrement pas la même cohésion intellectuelle que le marxisme-léninisme d’autrefois.

    Ce dévoiement n’en produit pas moins des ravages sur les cerveaux influençables. «  Le nombre de thèses qui traitent à Sciences Po du privilège blanc, de la fragilité blanche, du racisme systémique, écrivait récemment Pascal Bruckner, est impressionnant.  » À la longue, il sera difficile de faire fi de la vérité historique. À Fort-de-France, des énergumènes ont abattu la statue de Joséphine de Beauharnais, alors que – tous les historiens sérieux en conviennent – elle n’a joué aucun rôle dans la décision de Bonaparte de rétablir l’esclavage.

    À la Guadeloupe, on a détruit les deux statues de Victor Schoelcher : la perversion atteint là son summum, car cet homme généreux a passé la plus grande partie de sa vie à défendre la cause abolitionniste et a été à l’origine de l’abrogation de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848. Son seul tort évidemment est d’avoir été un «  mâle blanc  », occultant de ce fait la révolte libératrice des Noirs. Il en va de même d’ailleurs du grand Abraham Lincoln dont la statue a été déboulonnée à Boston.

    Procède-t-il d’un sentiment exacerbé de victimisation ?

    Par son caractère subversif et épidermique, la culture de l’effacement utilise à plein ce sentiment, prétexte à toutes les revendications des minorités. Il faut être victime aujourd’hui pour être entendu et avoir un droit légitime à la parole.

    S’il s’inscrit ainsi davantage dans la politique de l’émotion que dans la quête sereine de la justice, ce mouvement, il ne faut pas l’oublier, trouve ses racines intellectuelles dans les philosophies déconstructivistes de Jacques Derrida, Gilles Deleuze ou Michel Foucault, cette French Theory de la domination et des inégalités qui fait fureur dans les campus américains et nous revient aujourd’hui en boomerang.

    Comment répondre à cette rancœur entretenue ?

    Dénoncer les phénomènes de meutes et de manipulation ne suffit pas. Encore faut-il enseigner correctement l’histoire ou la littérature de notre pays, user de pédagogie, faire appel à la raison, au respect de l’autre, insister en effet sur la notion de transmission et d’enracinement. Vaste programme assurément, pour lequel les chrétiens ont un rôle essentiel à jouer, car le christianisme est la religion de l’Amour, alors que la «  cancel culture  » n’est que celle de la destruction et de l’intolérance.

    Les statues de saints dans nos églises ont aussi souffert d’une forme d’effacement…

    Mises en valeur pendant des siècles, particulièrement après la Contre-Réforme tridentine, à dessein d’aider le petit peuple catholique à célébrer le culte des saints, ces statues n’ont pas eu bonne presse dans les années postconciliaires. On a en mémoire ces curés, aiguillonnés par un néo-jansénisme purificateur et ravageur, qui se sont débarrassés allègrement de nombre d’entre elles ainsi que de maints objets de culte ou de piété – alors que ceux-ci appartenaient aux associations cultuelles définies par la loi de 1905 –, le tout pour le plus grand bonheur des antiquaires.

    Brader le patrimoine religieux (vente d’abbayes pour en faire des hôtels de luxe, d’églises…) procède-t-il d’une culture de l’effacement ?

    Ce n’est pas le même phénomène, pas plus d’ailleurs que les nombreuses dégradations, sacrilèges d’églises ou de calvaires, mais cela revient au même. Il est à craindre, pour tout dire, que le mouvement de destruction des chapelles et églises s’intensifie, car l’État a mis l’entretien de ces bâtiments à la charge des communes. Or, celles-ci sont souvent désargentées et peu enclines à préserver le patrimoine. Bref, il revient aux catholiques de veiller à protéger bec et ongles «  ce blanc manteau d’églises  », comme disait le moine Raoul Glaber au XIe siècle, qui couvre si merveilleusement notre belle terre de France.

     

     

    Jean-Christian Petitfils, Histoire de la France, Fayard, 1 152 pages, 29 €.

     

     

     

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Éphéméride du 11 août

    11 août,mont saint michel,aristote au mont saint michel,gouguenheim,la merveille,couesnon,normandie,mont tombe,grece,antiquité,islam,monachismeIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-chose, ou bien pour lesquels les rares évènements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'évocations :  

    1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

    2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

    3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

    4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

    5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

    6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France (11 avril)

    7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

    8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

    9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)

    10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

    11. Le Mont Saint Michel (11 août)

    12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord (29 septembre)

    13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

    2 fevrier,capetiens,mourre,merovingiens,carolingiens,hugues capet,philippe auguste,plantagenets,croisades,bouvines,charlemagne,saint louis,senlis 

     

    Aujourd'hui : Le Mont Saint Michel 

    MONT SAINT MICHEL 11.jpg 

    MONT SAINT MICHEL 5.jpg

     

     

     

     

     I. L'essentiel 

     

     "Voici donc treize siècles que le Mont-Saint-Michel existe ! Treize siècles d’histoire. Treize siècles de vie religieuse, politique et militaire. Témoin des grands combats qui ont peu à peu construit la France et l’Europe, le mont-Saint-Michel est aujourd’hui un lieu à nul autre pareil, mélange rare de terre, de mer, de vent et de pierres.

     Mais justement, si les pierres pouvaient parler, elles nous diraient que le Mont-Saint-Michel, avant d’être cette étonnante construction, est d’abord un grand élan vers le ciel, vers Dieu : un lieu de louange et de prière à nul autre pareil."

    (Monseigneur Stanislas Lalanne, Évêque de Coutances et d’Avranches)   

    MONT PELERINS.jpg

     

     

    MONT PELERINS 1.JPG

        

    Commençons donc par l’essentiel...

     

     

    S’il est bon, évidemment, de connaître l’histoire prestigieuse du monastère, il s’agit de vraiment découvrir ses trésors, "contenant et contenu" si l’on peut dire. À savoir le bâtiment lui-même dans sa splendeur, bien sûr, mais aussi et surtout la beauté de la liturgie.

    À quoi servirait en effet une abbaye, aussi belle soit-elle, où l’on ne célébrerait pas, ou plus, la liturgie ? Elle serait une coquille vide. Belle, certes, mais vide, surtout. Rien de tel au Mont, où la spiritualité est bien vivante, grâce aux Fraternités monastiques de Jérusalem (présentes depuis 2001, l'une de cinq moines, l'autre de cinq moniales).

    Elle est là, la vraie beauté du Mont. Sa beauté principale, centrale et essentielle, ce ne sont pas ses pierres et ses sculptures; ou plutôt, ce sont ses pierres et ses sculptures, ordonnées à leur objectif initial et final : nous conduire à Celui qui est au sommet, qui est "le" Sommet. Le Mont fonctionne bien s'il est, et quand il est, route et chemin menant au Vrai, au Beau et au Bien...

       

    http://abbayedumontsaintmichel.cef.fr/

     

     

    MONT SAINT MICHEL MONIALE.jpg

     

     

             

                        

                                 II.  Du spirituel à l'intellectuel

     

     

    Si le Mont est une citadelle de la Foi, il est aussi une citadelle de ce qui va avec : la Culture et la Civilisation. Nous prendrons un seul exemple du rôle fondamental - et indispensable - que le Mont a joué au cours de l'Histoire dans la transmission et la sauvegarde de la Culture et de la Civilisation occidentale, héritée de l'Antiquité gréco-latine: un exemple tiré de l'ouvrage Aristote au Mont Saint Michel...

    Il faut, en effet, revenir un peu longuement sur l'affaire Gouguenheim, le Mont (et son scriptorium) se trouvant évidemment en bonne place dans l'ouvrage fort utile de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne.

    Le travail de transmission (par les copistes) de la culture antique à l'Occident s'étant pour une bonne part effectué ici, dans le scriptorium du Mont (ci dessous), nous présenterons de nouveau, en la résumant, l'idée centrale de l'auteur, en montrant le lieu où s'est passé une part importante de ce qu'il décrit.

    Le point de départ de la polémique est cette question :

    Quelle est la part de l'apport musulman dans la constitution de la culture européenne au Moyen-Âge ?

    scriptorium-cc-andreakkk.jpg

     

            

    En mars 2008, Sylvain Gouguenheim, professeur d'Histoire médiévale à l'ENS de Lyon, publie Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne.

    Sa thèse :

    "L'héllénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des Européens eux-mêmes.... elle ne doit rien au monde islamique". 

     

    1. Gouguenheim ouvre son livre sur les thèses qu'il entend contredire :

     

    Celle des "Âges sombres", concept hérité de Pétrarque et repris au XIXème par l'historiographie anglo-saxonne pour désigner la période comprise entre la chute de l'Empire romain et l'arrivée en Angleterre de Guillaume le Conquérant, faisant du Haut Moyen-Âge un temps d'obscurantisme et de déclin culturel; celle d'un "Islam des Lumières" venant réveiller (culturellement et scientifiquement) les Européens grâce à la transmission d'un savoir grec depuis longtemps oublié, et contribuant à donner à l'Europe des "racines musulmanes".

    Des thèses qui, selon l'auteur, relèvent "plus du parti idéologique que de l'analyse scientifique" et sont essentiellement celles d'Alain de Libera (Penser au Moyen-Âge, 1991).

    "L'argument de la dette" des Européens à l'égard du monde arabo-musulman serait cimenté par l'énorme travail de traduction des oeuvres grecques opéré par les intellectuels arabes, qui auraient permis leur diffusion en Europe. C'est "l'intermédiaire arabe" qui expliquerait donc la redynamisation de l'Europe consécutive à la redécouverte du savoir grec. La matrice islamique aurait littéralement donné naissance à la civilisation européenne qui s'épanouit à partir du XIIIème siècle. Bien plus, il y aurait "prééminence du monde musulman sur la chrétienté médiévale"...

    Mais  Gouguenheim fait remarquer que l’on confond souvent arabité et islamisme, attribuant tout le mérite de l’hellénisation du monde européen à l’Islam, alors que "les arabes chrétiens et les chrétiens arabisés" constituaient près de la moitié des habitants des pays d’Islam vers l’an mil. Quant aux savants musulmans du monde abbasside, ils ne s’aventuraient jamais dans l’univers des sciences, se contentant de prospections dans celui de la religion. L’historien récuse le poncif d’une Europe inculte et barbare, tortionnaire d’un monde arabo-musulman exempt de tout reproche... 



    2. Vient ensuite l’exposé de sa thèse par Sylvain Gouguenheim :

     

    Celle des "racines grecques de l’Europe", ou comment "le monde occidental chrétien du Moyen Âge fit de son mieux pour retrouver le savoir grec", tout seul.

    L’ouvrage s’organise ensuite en cinq grandes parties, chacune constituant un pan particulier de la démonstration :

    Non seulement l’Occident ne perdit vraiment jamais de vue la culture grecque (chap. I),

    mais la diffusion du savoir grec, de toute façon, a surtout été le fait de Byzance et des chrétiens d’Orient (chap. II).

    Même en plein Occident, plus particulièrement au Mont-Saint-Michel (ci dessous, le scriptorium), des moines ont joué le rôle de pionniers dans les processus de traduction des textes d’Aristote (chap. III)

    et de récupération de l’héritage grec avec lequel, de toute façon, l’Islam a toujours entretenu des rapports difficiles, lui qui ne connut qu’une "hellénisation limitée" (chap. IV).

    Enfin, Gouguenheim évoque les "problèmes de civilisation" permettant de comprendre pourquoi les échanges culturels Islam/Chrétienté furent minimes (chap. V)…

     

    scriptorium.JPG

     Le scriptorium est l'unique lieu du Mont à posséder des cheminées : il s'agissait d'éviter que l'encre ne gèle, et que les doigts des moines ne soient trop engourdis par le froid, ce qui les aurait empêché d'écrire... 

              

    Le premier chapitre évoque des pans méconnus de l’histoire culturelle occidentale des VIIème-XIIème siècles. Sylvain Gouguenheim décrit les élites intellectuelles carolingiennes avides de savoir grec et soucieuses d’étudier ses dépositaires. De Pépin le Bref, réclamant autour de 760 des livres en grec au pape, à Charles le Chauve, dont les Monumenta Germaniae Historica dirent, en 876, que "méprisant toute l’habitude des rois Francs, il estimait que la gloire des Grecs était la meilleure", on constate qu’effectivement, comme le dit l’auteur, "la brèche (était) ouverte".

    Et c’est dans cette brèche que vinrent s’engouffrer, à partir du IXème siècle, les multiples "renaissances" intellectuelles prouvant, s’il en était besoin, que la science antique ne déserta jamais totalement les terres occidentales.

  • Les hérésies chrétiennes dans le Coran – Ni rédemption ni grâce... par Annie Laurent

    Annie  LAURENT.jpgChers amis lecteurs,

    Dans la dernière Petite Feuille Verte (n° 98), nous nous sommes efforcés de mettre en évidence le regard que le Coran porte sur deux aspects fondamentaux du christianisme : la christologie et la mariologie. Il restait à présenter certaines conséquences découlant de ces doctrines, à savoir les questions relatives à la rédemption et au salut de l’homme, ainsi qu’à la grâce divine. Deux hérésies, apparues dans les débuts de l’histoire chrétienne, au Levant et en Europe, semblent avoir inspiré les déformations et les occultations que le Coran réserve à ces vérités de foi. Compte tenu de leur importance, il nous est apparu nécessaire d’y consacrer une PFV, celle que nous vous proposons aujourd’hui (n° 99).

    Bonne lecture à tous.

    Annie Laurent

    L’ange Malik ouvrant les portes de l’enfer pour le montrer au prophète de l’islam lors de son « voyage nocturne » (miniature persane médiévale, Creative Commons)

     

    La déformation islamique du mot « Messie » n’est pas anodine, comme nous l’avons déjà vu (cfPFV n° 98). Elle illustre l’absence totale de rédemption dans la perspective musulmane et donc la contestation de ses manifestations telles qu’elles sont rapportées par les auteurs du Nouveau Testament et confirmées par le magistère de l’Église. Cela concerne surtout la Crucifixion et la Résurrection du Christ, donc la réalisation du plan salvifique de Dieu. Deux hérésies apparues dans les débuts de l’histoire chrétienne, le docétisme et le pélagianisme, semblent avoir inspiré certains enseignements du Coran sur ces réalités.

    LE DOCÉTISME

    « La relation coranique de la crucifixion relève de la plus pure tradition docétique, bien qu’il reste difficile d’en déterminer le contenu doctrinal précis », remarque Jan M.F. Van Reeth (« La Christologie du Coran », Communio, n° XXXII, 5-6 septembre-décembre 2007, p. 4).

    Provenant du grec dokein (« paraître »), cette hérésie christologique est apparue dans un milieu de gnostiques dualistes (cf. PFV n° 95). L’un de ses promoteurs, Marcion (90-165), originaire du Pont (nord de la Turquie actuelle), considéré comme le premier hérésiarque identifiable dans l’histoire chrétienne, fut excommunié à ce titre. Associant la matière au mal, les docètes « pensaient donc que Dieu ne se serait pas incarné dans un corps matériel ». Cette croyance remettait en cause le dogme de l’Incarnation et a fortiori la réalité de la crucifixion, considérée comme une illusion. « Certains docètes affirmaient qu’un des disciples se serait substitué à son maître sur la croix » (Bernard Ardura, « Docétisme », dans Dictionnaire d’histoire de l’Église, Cerf, 2022, p. 339).

    Combattu par saint Ignace, évêque d’Antioche (35-107), puis par saint Irénée, évêque de Lyon et docteur de l’Église (130-202), le docétisme fut condamné lors du 1er concile œcuménique de Constantinople (381), qui précisa les modalités de l’Incarnation du Fils de Dieu : « Il s’est incarné de l’Esprit Saint et de la Vierge Marie » ; et « il a été crucifié pour nous par Ponce Pilate » (Yves Chiron, Histoire des conciles, Perrin, 2011, p. 24).

                Retenons ici deux versets significatifs du Coran.

    • Les fils d’Israël rusèrent contre Jésus. Dieu ruse aussi ; Dieu est le meilleur de ceux qui rusent. Dieu dit : “O Jésus ! Je vais, en vérité, te rappeler à moi, t’élever vers moi ; te délivrer des incrédules” (3, 54-55).
    • Nous les avons punis [les Juifs] parce qu’ils ont dit : “Oui, nous avons tué le Messie, Jésus, fils de Marie, le Prophète de Dieu”. Mais ils ne l’ont pas tué ; ils ne l’ont pas crucifié, cela leur est seulement apparu ainsi […]. Mais Dieu l’a élevé vers lui (4, 157-158).

    Joachim Gnilka, spécialiste allemand en exégèse et herméneutique bibliques, propose un commentaire de ces citations. La première « signifierait que Dieu a déjoué leurs plans. La suite indique comment il faut le comprendre. […] Comment Mahomet en est-il venu à l’idée que dans cette situation Dieu a élevé Jésus au moment du danger extrême ? Dieu l’aurait ravi auprès de lui au ciel. La représentation d’un enlèvement par Dieu est biblique et nous la rencontrons aussi à propos d’Hénoch et d’Élie (Gn 5, 23-24 ; 2 R 2, 9-12). Selon Mahomet l’action de tous les prophètes, y compris la sienne, est caractérisée par le fait que, finalement, Dieu les sauve. Cela n’exclut pas qu’ils soient persécutés mais, à la fin, il y a leur libération » (Qui sont les chrétiens du Coran ?, Cerf, 2008p. 120).

    Quant à la seconde, Gnilka signale deux explications dépendant des traductions du Coran. « Suivant l’une, c’est un autre qui a été crucifié à la place de Jésus. […] Selon l’autre, « la crucifixion de Jésus n’était qu’une illusion. […] C’était seulement une apparence qui les a trompés ». D’après lui, « la majorité des commentateurs du Coran, y compris les musulmans, optent pour la première conception (théorie de la substitution). La deuxième, qui suppose des influences gnosticisantes, est la théorie de l’illusion » (ibid., p. 121).

    En définitive, poursuit cet auteur, selon le Coran, Jésus était voué à une mort naturelle et à la résurrection qui attend chacun lors du jugement dernier. C’est ainsi qu’il faut comprendre, estime-t-il, le verset suivant extrait du récit (apocryphe) dans lequel le Jésus nouveau-né se présente à sa parenté juive.

    • Que la paix soit sur moi, le jour où je naquis ; le jour où je mourrai ; le jour où je serai ressuscité (19, 33).

    La résurrection du Christ, dans les conditions surnaturelles dont témoigne l’Évangile, est donc absente du texte coranique. Pour Gnilka, « la croix et la résurrection de Jésus n’ont pas de signification de salut » (ibid., p. 121).

    L’allusion au gnosticisme permet à cet auteur de rappeler, parmi les courants de l’époque, que « dans le judéo-christianisme aussi la signification de la crucifixion de Jésus passe à l’arrière-plan. Les controverses judéo-chrétiennes n’abordent pas la thématique sotériologique » (ibid., p. 121-122). De fait, l’islam ne se présente pas comme une religion du salut (cf. infra, « Le pélagianisme »).

    D’après Michel Hayek, prêtre et savant libanais maronite (1928-2005), l’hérésie docète, répandue en Orient, « était connue en Arabie du Nord et du Sud, à Najran notamment, où elle eut l’audience d’un nombre considérable de chrétiens […]. Il reste à déterminer dans quelle mesure Mahomet, qui eut des rapports certains avec la communauté najranite, se fait l’écho de ce docétisme ». (Le Christ de l’islam, éd. du Seuil, 1959, p. 218).

    De fait, selon la Sîra (biographie officielle de Mahomet), une délégation de chrétiens de Najran (Yémen actuel), conduite par son évêque, serait venue à Médine en 631 pour rencontrer le « Messager de Dieu ». Au cours d’une controverse doctrinale, ces chrétiens (vraisemblablement des monophysites de tendance jacobite, cf. PFV n° 97 et 98) refusèrent le choix que Mahomet leur proposait : la conversion à l’islam ou, à défaut, la mobâhela (forme d’ordalie). Ils purent repartir mais en versant un tribut et en acceptant un statut de subordination appelé le « Pacte de Najran », qui est à la base de la dhimmitude.

    Sur cet épisode, cf. Mahmoud Hussein, Al-Sîra, Grasset, 2007, t. 2, p. 68-71 ; Edmond Rabbath, L’Orient chrétien à la veille de l’islam, Publications de l’Université Libanaise, 1989, p. 172 et 176 ; Alfred Havenith, Les Arabes chrétiens nomades au temps de Mohammedop. cit. p. 72.

    Sur la dhimmitude, cf. A. Laurent, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, Salvator, 2017, p. 96-177.

    LE PÉLAGIANISME

    « Pour Pélage, il n’y a pas de péché originel, la mort étant un sort naturel et pas une punition ; il relève de la seule responsabilité de chaque individu, par ses propres efforts spirituels, de se libérer du mal et du péché », explique Jan Van Reeth (Histoire du Coranop. cit., p. 457).

    Le moine anglais, Pélage (v. 350-430), qui fut à l’origine de cette doctrine dans l’Occident latin au IVème siècle, donc avant l’apparition de l’islam, « minimisait l’importance de la grâce et exagérait la force de la nature humaine ». Pour réfuter cette théorie, saint Augustin, ayant obtenu l’accord du pape Innocent 1er (+ 417), « mit en exergue le dommage produit par “la chute d’Adam et Ève” et le fait que l’homme était nécessairement dépendant de la grâce divineCes écrits anti-pélagiens eurent une forte influence sur la pensée concernant la prédestination » (David d’Avray, « Hérésie, hérésiarque, hérétique », dans B. Ardura, Dictionnaire d’histoire de l’Égliseop. cit., p. 452-453).

    La prédication de Pélage, lors de ses missions en Asie Mineure (Turquie actuelle) et en Palestine, a reçu un accueil favorable, surtout parmi les nestoriens et les monophysites (cf. PFV n° 97 et 98) qui s’y sont ralliés. Elle a donc « profondément marqué le milieu dans lequel est né l’islam » (Van Reeth, op. cit., p. 458).

    Le pélagianisme pose les problèmes de la conscience, du sens du péché et de la contrition. Cela explique sans doute l’omission, dans les récits coraniques de la création, du péché originel et de ses retombées sur l’humanité, mais aussi l’absence de la grâce et l’insistance du livre sacré de l’islam sur la prédestination.

    • Dis : “Il ne nous adviendra que ce que Dieu a déterminé pour nous” (9, 51).
    • Aucune calamité ne se produit sur la terre ou chez vous sans qu’elle n’ait été auparavant consignée dans un Livre (57, 22).
    • Dieu égare qui Il veut et guide qui Il veut (74, 31).

    C’est surtout parce qu’elle ruine le mystère de la Rédemption que l’hérésie de Pélage a diffusé son influence partout dans l’islam.

    L’absence de rédemption est clairement assumée par les musulmans comme en témoigne l’étude réalisée par Ali Mérad (1925-1960), professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Lyon. « La négation de la mort du Christ est parfaitement conforme à la logique du Coran et aux constantes de son enseignement […]. En effet, tout dans le Coran vise à convaincre le croyant qu’il connaîtra la victoire sur les forces du mal qui l’assaillent, le tourmentent et semblent momentanément avoir raison de sa force d’âme et de son espérance. Dans cette perspective, la mort du Christ eût été un démenti de la doctrine constante du Coran […]. Jésus mort sur la Croix, cela aurait signifié le triomphe de ses bourreaux. Or le Coran affirme indubitablement leur échec » (« Le Christ selon le Coran », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, Aix-en-Provence, n° 5, 1968, p. 90-91).

    L’auteur cite ensuite les versets 4, 157-158 et 3, 54-55 (cf. supra), auxquels il ajoute celui-ci.

    • Ô vous les croyants ! Soyez les auxiliaires de Dieu, comme au temps où Jésus, fils de Marie, dit aux apôtres : “Qui seront mes auxiliaires dans la voie de Dieu ?” Les apôtres dirent : “Nous sommes les auxiliaires de Dieu !” (61, 14).

    Puis, Mérad livre ce commentaire : « La conviction du musulman se trouve donc fortifiée par tout ce qu’il peut lire dans le Coran, à savoir que Dieu n’abandonne pas les siens. Comment aurait-il pu abandonner Jésus ? […] Cette image tragique de la Passion, l’islam la refuse. Non seulement parce qu’il ne connaît pas l

  • Éphéméride du 27 novembre

    511 : Mort de Clovis, à l'âge approximatif de 46 ans 

     

    Il faudra attendre encore presque cinq cents ans pour que les Capétiens, inaugurant la troisième dynastie (après celle des Mérovingiens - fondée par Clovis - et celle des Carolingiens - à partir de Pépin le Bref -) posent les bases de "la France", dans l'acception actuelle du terme.   

    Pourtant le rôle, l'oeuvre et l'action de Clovis sont immenses et, à cet égard, celui qui s'est fait baptiser à Reims le 25 décembre 498 est bien le premier Roi de France :  

    "...Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs" (Charles de Gaulle). 

     

    Sur Clovis, et l'importance capitale de son règne, voir : l'Éphéméride du 25 décembre (baptême de Clovis); sur le sens véritable de l'épisode du vase de Soissons, voir l'Éphéméride du 1er mars; et, sur les batailles décisives de Tolbiac et Vouillé, l'Éphémeride du 10 novembre (bataille de Tolbiac), et l'Éphémeride du 25 mars (bataille de Vouillé) 

    CLOVIS.JPG
     

      clovis 1.jpg

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre II, L'essai mérovingien

    "...Il n'y a donc pas lieu de parler d'une conquête ni d'un asservissement de la Gaule par les Francs, mais plutôt d'une protection et d'une alliance, suivies d'une fusion rapide. La manière même dont les choses s'étaient passées, telles que nous venons de les voir, montre que l'élément gallo-romain avait appelé l'autorité de Clovis et que Clovis, de son côté, avait très bien vu que ce peuple désemparé, craignant le pire, désirait une autorité forte. S'il en eût été autrement, si les Gallo-Romains s'étaient bien trouvés du gouvernement des autres chefs barbares, Clovis ne fût pas allé loin.

    D'ailleurs les tribus franques n'étaient même pas assez nombreuses pour subjuguer toute la Gaule, pas plus qu'elles n'étaient capables de la diriger. Pour ces raisons, on vit tout de suite les Mérovingiens entourés de hauts fonctionnaires qui portaient des noms latins et qui sortaient des vieilles familles sénatoriales. Des généraux gallo-romains commandèrent des armées franques. Les lois, les impôts furent les mêmes pour tous. La population se mêla spontanément par les mariages et le latin devint la langue officielle des Francs qui oublièrent la leur, tandis que se formait la langue populaire, le roman, qui, à son tour, a donné naissance au français.   

    Les Gallo-Romains furent si peu asservis que la plupart des emplois restèrent entre leurs mains dans la nouvelle administration qui continua l'administration impériale. Et ce furent les Francs qui protestèrent, au nom de leurs coutumes, contre ces règles nouvelles pour eux, Ils avaient, du droit et de la liberté, une notion germanique et anarchique contre laquelle les rois mérovingiens eurent à lutter. Les "hommes libres" avaient l'habitude de contrôler le chef par leurs assemblées. La discipline civile de Rome leur était odieuse. Il fut difficile de les y plier et, en définitive, ils furent conquis plutôt que conquérants. Ce qu'on a dit du partage des terres entre les guerriers francs n'est que fables et Fustel de Coulanges a démontré que la propriété gallo-romaine n'avait changé ni de caractère ni de mains..."

    ApresClovis_WEB.jpg

    Ce qui deviendra "la France", sous Clovis...

     

     

    3 novembre,azincourt,charles d'orléans,liège,charles le temeraire,perron,tour eiffel,malraux,olympe de gouges,saint hubert

     

     

    1095 : Urbain II prêche la Croisade

     

    C'est à l'occasion du concile de Clermont que le pape Urbain II proposa une expédition en Terre sainte afin de libérer le tombeau du Christ, au main des musulmans (plus précisément, les Turcs Seldjoukides).

    L'idée fut reçue avec enthousiasme : le concept de "croisade" ou "guerre sainte" était lancé et allait profondément marquer l’Occident médiéval.

    Moins de quatre ans plus tard, en 1099, les premiers croisés s’empareront de Jérusalem (voir l'Éphéméride du 15 juillet).

    Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, Chateaubriand propose une défense des Croisades (La Pléiade, Oeuvres romanesques, tome II, pages 1052/1053/1054) :

    CROISADES.JPG

               

    "...Les écrivains du XVIIIème siècle se sont plu à représenter les Croisades sous un jour odieux. J'ai réclamé un des premiers contre  cette ignorance ou cette injustice. Les Croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe, ni dans leur résultat. Les Chrétiens n'étaient point les agresseurs.

    Si les sujets d'Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l'Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l'Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n'auraient-ils pas faits le tour de l'Asie pour se venger des descendants d'Omar jusque dans Jérusalem ?

    C'est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l'Europe et de l'Asie, marchant en sens contraire autour de la Méditerranée, et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs.

    CROISADES 1.JPG

               

    N'apercevoir dans les Croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c'est montrer une vue très bornée en histoire. Il s'agissait, non seulement de la délivrance de ce Tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l'emporter sur la terre, ou d'un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l'ignorance, au despotisme, à l'esclavage, ou d'un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?

    Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont, pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n'avaient pas les petites idées qu'on leur suppose, et qu'ils pensaient à sauver le monde d'une inondation de nouveaux Barbares. L'esprit du Mahométisme est la persécution et la conquête; l'Évangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir; ils tâchèrent seulement d'intéresser en leur faveur Charlemagne; mais ni les Espagne soumises, ni la Grèce et les deux Sicile ravagées, ni l'Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes.

    Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des Barbares déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des Guerres Sacrées fut injuste ? Où en serions-nous, si nos pères n'eussent repoussé la force par la force ? Que l'on contemple la Grèce, et l'on verra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans. Ceux qui s'applaudissent tant aujourd'hui du progrès des lumières, auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d'Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes, et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?

    croisades etats latins d'orient.jpg
    Les États latins d'Orient 
     

     

    Les Croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes aux portes mêmes de l'Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvé de nos propres révolutions; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui, tôt ou tard, cause la ruine des États; remarque que le Père Maimbourg a faite, et que M. de Bonald a développée.

    croisades krak des chevaliers.jpg
    Le Krak des Chevaliers, en Syrie (voir l'Éphéméride du 8 avril)

     

    Quant aux autres résultats des Croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables aux progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux indes orientales. J'ajouterai qu'il ne faut pas, dans ces calculs, omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d'outre-mer. Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire; c'est celui qui a donné naissance à notre poésie épique.

    Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation, ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre coeur qui nous fait aimer la gloire; l'homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal, ce serait trop le ravaler; c'est en entretenant les Romains de l'éternité de leur ville, qu'on les a menés à la conquête du monde, et qu'on leur a fait laisser dans l'histoire un  nom éternel..."

     

    Cette remarquable défense des Croisades, par Chateaubriand, sera utilement complétée par d'autres propos remarquables sur ces mêmes Croisades, écrits par Jean Sévillia, que nous reproduisons ici (tirés de notre Éphéméride du 15 juillet) : 

    Dans notre Éphéméride de ce jour : à propos des Croisades...

    27 novembre,chateaubriand,croisades,urbain ii,proust,toulon,allemagne,clovis,reims,saint rémy,francs,mérovingiens,capétiens

     

     

    3 novembre,azincourt,charles d'orléans,liège,charles le temeraire,perron,tour eiffel,malraux,olympe de gouges,saint hubert

     
     
     
    1400 : Louis II d'Anjou entame la reconstruction du château de Tarascon
     

    27 novembre,chateaubriand,croisades,urbain ii,proust,toulon,allemagne,clovis,reims,saint rémy,francs,mérovingiens,capétiens

     L'imposant château est bâti sur un énorme rocher, qui domine le Rhône : la racine ligure "asc" signifie "cours d'eau", et le préfixe "tar", "rocher" : Tarascon est donc le "rocher de le rivière"...

     

    Son fils Louis III poursuivra les travaux, ainsi que son frère René à la mort de Louis III, sans descendance.

    Puis René d'Anjou, "le bon roi René", n'ayant pas, lui non plus, de descendant mâle, fera de son neveu Charles du Maine, son héritier, lui laissant l'Anjou et la Provence (voir l'Éphéméride du 10 juillet).

  • Raoul Girardet, mort d'un historien engagé, par Jacques de Saint Victor

    Raoul Girardet.jpg

    On peut "passer" sans problème l'hommage rendu par Jacques de Saint Victor à Raoul Girardet.

    Par contre, on ne peut pas "laisser passer" les deux énormités proférées par un Jacques de Saint Victor que l'on a connu beaucoup mieux inspiré.

    La première, et la moins grave, concerne "l'antisémitisme de certains proches de Maurras". Jacques de Saint Victor dit vrai, car il y avait bien des antisémites dans l'entourage de Charles Maurras, mais il pêche par omisssion, en faisant comme s'il ignorait que l'antisémitisme était, hier, et reste, aujourd'hui, répandu et partagé, de l'extrême droite à l'extrême gauche; Jacques de Saint Victor veut-il laisser entendre qu'il n'y avait d'antisémitisme que chez "certains proches de Maurras" ? Son propos est flou, ambigu, et surprenant pour le journaliste et universitaire sérieux que l'on connaît...

    Mais le pire, et franchement inadmissible, est dans le second "coup" : "...la politique de collaboration défendue par Vichy et Maurras." Là, on reste confondu, on se demande si on a bien lu, on se frotte les yeux pour vérifier qu'il s'agit bien d'un article écrit par Jacques de Saint Victor. Et on est obligé de se rendre à l'évidence : oui, c'est bien lui, et il a bien écrit "ça" 

    Nous ne lui répondrons pas trop longuement, l'ayant fait plusieurs fois pour plusieurs autres personnes (on l'a résumé ici et ici).

    Nous lui apprendrons simplement, puisqu'il semble l'ignorer ce jugement d'Otto Abetz (dont on ose espérer - maintenant qu'on n'est plus sûr de rien... - qu'il sait de qui il s'agit...)  : "L’Action Française est l’élément moteur, derrière les coulisses, d’une politique anti-collaborationniste, qui a pour objet, de rendre la France mûre le plus rapidement possible, pour une résistance militaire contre l’Allemagne"...

    Et nous le renverrons aux propos de Bainville - c'est-à-dire de L'Action française, donc de Maurras... - datant de 1930, traitant Hitler d' "énergumène", de "monstre", de "Minotaure" : c'était neuf ans avant que L'Humanité ne soit interdite de parution pour son approbation du pacte germano-soviétique. Jacques de Saint Victor a, de toute évidence, du mal à voir qui sont et où furent les premiers "résistants", et qui sont et où furent les premiers "collabos" !...

    Pour le reste, n'étant ni sectaires ni bornés, nous "passons" malgré tout, ci-après, l'hommage à une grande figure, du moment que nous avons dit ce qu'il y avait à dire...

    Raoul Girardet avait fondé le cycle d'histoire du XXème siècle à l'Institut d'études politiques.

    Spécialiste de l'histoire des idées, ce résistant, officier de la Légion d'honneur, a joué un rôle fondateur dans la formation des élites françaises. Il vient de s'éteindre dans sa 96ème année.

    Raoul Girardet, dont les obsèques auront lieu lundi 23 septembre dans l'intimité, était un historien de très grand renom. Cet intellectuel, qui s'est éteint mercredi dernier dans sa 96ème année, avait joué un grand rôle dans la formation des élites françaises contemporaines. Né le 6 octobre 1917 dans une famille républicaine, Raoul Girardet avait été très jeune attiré par le nationalisme intégral de l'Action française et le rayonnement intellectuel de Charles Maurras. Il y avait chez lui une forme prononcée de nostalgie pour le passé glorieux de la France. Il analysera d'ailleurs la nostalgie comme la «quête d'une unité perdue».

    Mais si le jeune Raoul Girardet goûte le nationalisme de l'Action française, ainsi que son romantisme et son anti-germanisme, il ne partage nullement l'antisémitisme de certains proches de Maurras. En outre, dès le début de la guerre, son nationalisme bien compris lui interdit d'adhérer à la politique de collaboration défendue par Vichy et Maurras. Il rompt donc avec le mouvement et s'engage dans la Résistance. Il sera Croix de guerre 1939-1945 et officier de la Légion d'honneur.

    Cet historien deviendra après guerre un des maîtres des idées politiques. Il créa notamment à l'Institut d'études politiques, où l'histoire avait alors une place majeure, le cycle d'études d'histoire du XXème siècle. Dans ses travaux, il se consacra surtout à l'histoire des idées contemporaines, ce qui lui permit d'embrasser amplement son siècle. Son cours sur le «Mouvement des idées politiques dans la France contemporaine» et son séminaire sur la France des années 30, assurés conjointement avec Jean Touchard et René Rémond, ont marqué des générations d'étudiants.

    Sentiment national

    Raoul Girardet ne renoncera cependant pas à ses idées et, au moment de la guerre d'Algérie, il restera fidèle à l'Algérie française, considérant que ce n'était pas les généraux putschistes mais le général de Gaulle qui avait manqué à la parole donnée. Il prit part, à sa mesure, aux activités de l'OAS, dans sa branche «Action politique et propagande» aux côtés de certains universitaires comme François Bluche ou Jules Monnerot et de quelques écrivains comme Jacques Laurent. Il écrivit aussi des articles dans L'Esprit public et signa un manifeste d'intellectuels français réaffirmant «la mission civilisatrice de l'armée en Algérie», avec des écrivains comme Roger Nimier ou Henri Massis. Il se consacrera ensuite essentiellement à une œuvre intellectuelle de grande valeur, qui tournera autour de ses grands thèmes de prédilection, le nationalisme, le colonialisme et la question militaire. Il publiera ainsi des ouvrages de référence sur La Société militaire en France, Le nationalisme français, L'idée coloniale en France et un essai sur Mythes et mythologies politiques.

    En 1990, dans un livre d'entretiens avec le journaliste Pierre Assouline, Singulièrement libre, il revint sur son parcours personnel qui pouvait paraître assez mouvementé pour un universitaire mais qui témoignait, de la Résistance à son engagement en faveur de l'Algérie française, d'un amour profond et sincère pour son pays. Aujourd'hui, sa trajectoire peut paraître audacieuse, mais elle témoigne d'un esprit honnête et courageux qui, en outre, n'était pas sectaire.

    -----

    PS : Puisqu'il termine son court hommage en parlant de Singulièrement libre, Jacques de Saint Victor aurait dû lire plus attentivement ces deux extraits (et d'autres encore...) :  

    1. Sur Maurras protégeant les esprits de toute tentation totalitaire : "La doctrine maurrassienne constituait à cet égard une barrière solide: la conception totalitaire de l'Etat et de la société lui était complètement étrangère. Le national-socialisme allemand était dénoncé quotidiennement dans "L'Action Française" comme l'une des pires incarnations du germanisme éternel, un "nouvel Islam" disait Léon Daudet. Restait enfin la hantise du danger allemand, la menace qui se précisait, le vieux réflexe national de défense. Bainville avait sans doute disparu, mais ses leçons restaient présentes. Nous étions trop imprégnés d'elles pour rêver à Nuremberg, à son exaltation de la terre et du sang, et à ses cathédrales de lumière..." (confirmé par ce texte de Daudet, "Sur, et contre, le fascisme italien"...).

    2. Sur ce que, lui, Raoul Girardet, avait retenu de l'enseignement de l'Action française en général, de Maurras en particulier : "Le bilan, tout compte fait, cinquante ans plus tard, me paraît plutôt positif. Si l'on admet que, dans la France du XXème siècle, tant d'intellectuels (pardonnez le terme, il me gêne mais je n'en trouve pas d'autre) ont connu la tentation de l'engagement, celui-là ne me semble pas pire que beaucoup d'autres. Il apprenait au moins à appliquer aux choses de la politique une certaine logique, les lois d'un certain raisonnement, à développer par conséquent l'esprit d'analyse et l'acuité critique, à explorer le contenu des mots, à se méfier de leurs seules résonances. En d'autres termes, c'est en fonction même de la méthode qui se trouvait enseignée qu'il était possible de se libérer du dogmatisme intrinsèque de cet enseignement.

    Il faut y ajouter l'apprentissage de l'irrespect à l'égard des pouvoirs et du pouvoir, de ses détenteurs, de ses représentants et de ses serviteurs: disposition d'esprit que le cours le la dernière de nos Républiques ne semble pas exceptionnellement favoriser. Y ajouter encore le souvenir de tant de livres qui auraient pu ne pas être lus. Y ajouter enfin la reconnaissance à l'égard de tant d'amitiés, et qui ont échappé, elles, à toutes les remises en cause.

    C'est assez pour ne pas faire le dégoûté, non ?"

    On ne saurait mieux dire...

  • Fin de notre feuilleton de l'été : l'aventure France racontée par les cartes. Deux-centième et dernière photo : ”Et main

            Il s'agit dans cet album de donner aux Français qui l'ont perdue, ou qui ne l'ont jamais reçue - notamment les jeunes - la fierté de leurs origines, dans toutes leurs facettes, brillantes ou sombres; mais pour avoir cette fierté de ses racines, encore faut-il les aimer; et, pour les aimer, encore faut-il, d'abord, les connaître.

            Or, notre Ministère de la des-Éducation nationale supprime maintenant l'Histoire de France - après l'avoir racontée, mais faussée, travestie, dénaturée... dans ses manuels pendant plus d'un siècle; et notre Système croit et proclame que la France commence en 1789/1792; et il s'est bâti, pensé et voulu contre nos racines profondes.

            Il ne s'agit donc pas, avec cet album, d'une encyclopédie qui prétendrait à la perfection et se proposerait de tout dire sur tout : bien au contraire, il s'agit d'un album "politique" au sens où il se propose de montrer à ceux qui en doutent, qui n'y croient pas ou plus, qui la nient ou la combattent, la réalité de cette France charnelle, héritée et venue du fond des âges. 

            C'est la défense de cet Héritage, et la volonté de le poursuivre et de le faire vivre aujourd'hui qui fonde et justifie notre combat politique.  

            Après l'Introduction, déjà présente sur la page d'accueil de l'album, on va donc tâcher donc de présenter, d'une façon correcte et juste :

    1. : "notre Préhistoire",  ou "la France" bien avant "la France" (22 photos) : le paléolithique et le néolithique, l'Homme de Tautavel, la Dame de Brassempouy, les antenéanderthaliens, l'Homme de Cro-Magnon, les Grottes de Lascaux, la Grotte Chauvet et la Grotte Cosquer, les mégalithes du Sud-Ouest et de Corse... ce qui nous amènera jusqu'au premier peuplement connu avec certitude sur le sol de ce qui deviendra "la France" : le peuple basque.

    2. : "notre Antiquité" (30 photos) : avec l'histoire des Celtes, le premier peuplement significatif, et la base démographique véritable du futur peuple français, de la future Nation française; et leur rencontre avec les Grecs, puis les Romains, puis le Christianisme : ou, bien avant que Lutèce/Paris ne devienne notre capitale, quand nos lointains ancêtres s'abreuvaient déjà aux sources intellectuelles, morales, mentales et spirituelles de nos trois autres capitales : Athènes, Rome et Jérusalem... 

    3. : "notre Moyen-Âge" (première partie, 20 photos) : de la chute de l'Empire romain aux Croisades et aux États latins d'Orient, en passant par la Peste de Justinien, Clovis, Dagobert, Charlemagne, les Wisigoths et les Normands, l'établissement des Capétiens, Aristote au Mont Saint-Michel, les Chemins de Saint Jacques...

    4. : "notre Moyen-Âge" (deuxième partie, 22 photos) : la "révolution communale", Philippe Auguste, Aliénor d'Aquitaine et les Plantagenêts, l'art roman et l'art ogival ou "français", Saint Louis, les empires de Cluny et de Cîteaux, la Croisade des Albigeois, la Guerre de Cent ans, les Papes en Avignon, la grande peste de 1348, et Louis XI qui triomphe de la Maison de Bourgogne, agrandit la France et fonde la Poste... 

    5. : de la Renaissance et François premier à Henri IV (14 photos) : Paix perpétuelle avec la Suisse après Marignan, mais une guerre de deux siècles avec la maison d'Autriche commence, contre l'Empire de Charles Quint; éclosion de la Renaissance : les châteaux de la Loire; les grands navigateurs : Verazzano, Champlain, Cartier, et les "échelles du Levant"; agrandissements territoriaux, et Guerres de religion...  

    6. : des Traités de Westphalie, l'apogée, aux Traités de 1815, le désastre (32 photos) : les Traités de Westphalie, le Canal du Midi, l'art baroque, des Versailles partout en Europe, les cartes de Cassini, le génie de Vauban, la marche vers le Rhin et les "Réunions" de Louis XIV, mais aussi deux pages "noires" : la Guerre des Camisards et le "commerce triangulaire"; les Atlas de Trudaine; les 80 départements carrés, Paris livrée à la Terreur, la France soulevée contre la Convention; la Vendée, première Résistance contre le Totalitarisme; l'Empire napoléonien, triomphe de l'hubris, s'achève dans le désastre des Traités de 1815 et la France diminuée et occupée; comparaison instructive entre la France après Richelieu et la France après Napoléon et la funeste Révolution...

    7. : le XIXème siècle, de 1814/1815 à la Guerre de 1914 (18 photos) : la Belgique, "dernier cadeau de la monarchie"; la conquête de l'Algérie; le Canal de Suez et celui de Panama; Quérétaro : désastre au Mexique; la défaite de 1870, la perte de l'Alsace-Lorraine et Strasbourg devenu un "glacis anti-français"; le premier Tour de France, Tour de la France; la Guerre de 14 : le quart Nord-Est de la France dévastée, le martyre de la cathédrale de Reims; les Dardanelles, l'autre "Front"... 

    8. : de 1939, le plus grand désastre de notre Histoire, à maintenant : après les dernières péripéties, essai d'état des lieux de la France d'aujourd'hui (21 photos) : la Ligne Maginot, ou l'illusion de la sécurité; l'effondrement de 1940; la "geste" de la 2ème D.B.; l'Empire Français en 45; l'Algérie française : essai de bilan; l''Europe des six"; depuis 1955, des "Régions", curieux mélange de retour aux Provinces et d'aberrations technocratiques; le choix du nucléaire, et le port spatial européen en France, à Kourou; avec les DOM/TOM, une présence sur les cinq continents, la France deuxième puissance maritime mondiale, et... trois Rois en France !; les langues régionales et la langue française dans le monde; la France à Rome et à Jérusalem; depuis Henri IV, le co-Principat d'Andorre...

    9. : "Rêves d'Empire" et "Aux marges du Palais" (20 photos) :

        * Pour le meilleur et/ou pour le pire, la France s'est projetée, à l'extérieur de ses frontières métropolitaines, sur les quatre autres continents; mais, à la différences des Anglais ou des Espagnols, ce qui a manqué à cette "projection" ce ne fut ni la hardiesse, ni le courage, ni l'ingéniosité, mais le nombre, la démographie. Si les Espagnols ou les Anglais ont volontiers émigré dans leurs nouvelles colonies - et, à certaines époques, massivement... - il a fallu, en France, recourir à des expédients parfois douteux (faire appel à des condamnés, voire des forçats et bagnards..) pour étoffer des troupes de "colons" toujours insuffisantes, vu l'immensité des territoires à peupler, après les avoir découvert et conquis... Il ne reste donc que des "rêves d'Empire" aux Indes, aux Amériques, en Extrême-Orient, mais ce qui aurait pu être, et n'a pas finalement pas été, fait aussi partie des pages sombres et glorieuses de notre Histoire, et doivent être connues comme en faisant partie intégrante...

         * Il restera à parler enfin de ces territoires de taille et d'importance très différentes, qui sont situés en dehors mais en marge, en lisière, du "cher et vieux pays" : ces territoires, à certaines époques, auraient pu, ou dû, devenir français, et faire partie aujourd'hui de la France. L'Histoire - du moins jusqu'à aujourd'hui... - ne l'a pas voulu, ne l'a pas "fait"; ces territoires entretiennent de ce fait malgré tout - volens nolens... - une certaine relation, particulière, avec la France : ce sont ces terres "aux marges du Palais", pour paraphraser la chanson....

    10. : 200ème et dernière photo : "Et maintenant ?...

    L'aventure France racontée par les cartes....

    Cliquer sur l'image, pour visualiser l'album...