Pour leur dialogue sur l'Islam : prix orange à Rémy Brague, prix citron au Père Christian Delorme
Rémy Brague et Christian Delorme ont mené un débat courtois et fort intéressant, sans concession, sur l'Islam (1). On pourrait écrire de ce débat qu'il fut un dialogue entre celui qui voit l'Islam tel qu'il est - Rémy Brague - et celui qui voit l'Islam tel qu'il croit qu'il est; ou, tel qu'il aimerait qu'il soit.....
Le Père Delorme déclare "La majorité des musulmans, particulièrement en France, sont ouverts à la vie et à la paix" : malheureusement, s'il est vrai qu'on entend quelquefois à la radio ou à la télé tel ou tel musulman "ouvert", on entend - et on voit... - infiniment plus souvent le contraire.... On regrettera également que pas une seul fois le Père Delorme n'ait fait allusion aux meurtres de chrétiens en terre d'Islam ni aux conditions de vie épouvantables qui sont les leurs : on tue un chrétien sur terre toutes les cinq minutes, il est vrai que c'est parfois dans d'autres pays persécuteurs (Chine, pays d'hindouisme...) mais, enfin, dans la plupart des cas, ces meurtres sont commis en terres d'Islam, et par des musulmans quasiment jamais punis....
Autre chose : de nombreuses personnes se réjouissaient, au printemps, de la liberté retrouvée (!) en Tunisie, puis, en Egypte, en Libye : or, le gouvernement issu des élections en Tunisie a décidé d'appliquer la charia, et - ce qui pour nous compte plus encore - 45% des électeurs tunisiens résidant en France ont voté pour le parti qui a fait adopter cette charia. On veut bien être "ouvert" mais, justement, ayons les yeux ouverts, et soyons vraiment "ouverts", d'abord et avant tout aux faits, aux réalités !.....
Rémy Brague a bien souligné la différence d'approche de Dieu dans le christianisme et dans l'Islam : pour celui-ci, Dieu n'est "ni Père ni Alliance". Un point d'acccord entre les deux interlocuteurs : aucun dialogue théologique n'est possible avec l'Islam. Dans le cadre de la Semaine islamo-chrétienne qui s'est tenue à Strasbourg, le président de l'Association des imams de France, Ahamad Miktar - de Villeneuve d'Asq -a déclaré : "Le terme théologie est interdit en Islam : discuter avec Dieu, impossible !"
Dans ces conditions, dire, comme le fait le Père Delorme "Nous ne disons pas la même chose, mais nous cherchons tous le même Dieu", n'est-ce pas un peu facile ?....
Voici deux extraits significatifs de la démonstration de Rémy Brague :
* "...il faut se mettre dans la tête que, pour un musulman, l'auteur du Coran c'est Dieu lui-même. Dès lors, les musulmans ne peuvent avoir que des difficultés avec tout autre système de normes, qu'ils soient politique, familial ou éthique, qui ne se fonderait pas sur cette révélation et pourrait même la contredire..."
* "C'est toute la législation islamique qui est incompatible avec le système juridique français. Pourquoi ? En France, le législateur, en dernière analyse, c'est le peuple souverain. Pour l'Islam, le seul législateur, c'est Dieu. Donc, si un musulman prend au sérieux l'origine divine du Coran et voit dans le prophète "le bel exemple" - ce qui est le double fondement de la foi islamique - il aura du mal à accepter un système juridique dans lequel certaines dispositions vont à l'encontre de ce qu'il croit être la volonté de Dieu. Prenons l'exemple de l'Iran que vous évoquez, mon Père. Il y a quelques années, le gouvernement iranien a voulu fixer l'âge minimum au mariage à 13 ans. Sur quoi le conseil des mollahs - l'autorité religieuse - a dit : "Le prophète ayant consommé son mariage avec Aïcha lorsqu'elle avait neuf ans, vous ne pouvez empêcher ce que le prophète a autorisé". Et le projet de loi est tombé à l'eau...."
Retour aux premières lignes de cette réflexion : on a eu là un dialogue entre celui qui voit l'Islam tel qu'il est et celui qui voit l'Islam tel qu'l voudrait qu'il soit.....
(1) : Dans Le Pélerin du 15 décembre 2011 (n° 6733),