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Éric Zemmour : « Pierre, Jacques, Alain, Bernard et Daniel, embarrassants soutiens d'Emmanuel Macron »

Pierre Bergé, Jacques Attali, Alain Minc, Bernard Kouchner et Daniel Cohn-Bendit. - Crédits photo : Abaca

 
Par Eric Zemmour             

Les Attali, Minc, Bergé, Kouchner, ou encore Tapie ou Cohn-Bendit qui soutiennent Macron aujourd'hui incarnent un petit morceau de la vraie croix d'une gauche qui a imposé ses valeurs depuis quarante ans. En quelques lignes, quelques noms, quelques faits, quelques traits, et beaucoup d'esprit, [Figarovox, 3.02] Zemmour brosse un portrait rapide et très ressemblant de ce jeune et brillant ministre qui avait intrigué en dissertant sur l'incomplétude de la démocratie, en posant l'absence de roi comme le mal - la vacuité - dont souffre essentiellement le régime, et qui est, en fait, quoiqu'il prétende, une parfaite créature du Système. Macron est en fait un leurre du dit Système.  Lafautearousseau  

 

picture-1649413-612mqxqb.jpgIls l'aiment. C'est beau comme ils l'aiment. Ils lui déclarent leur flamme, le trouvent beau, jeune, intelligent, moderne, humaniste. Et plus encore. Leurs patronymes incarnent les années Mitterrand, mais la plupart ont été très proches de Sarkozy aussi.

Ils s'appellent Attali, Minc, Bergé, Kouchner, ou encore Tapie ou Cohn-Bendit. Macron est leur chouchou, Macron est leur chéri, Macron est leur candidat. Macron ne leur demande rien comme ils ne lui demandent rien. Ni poste ni circonscription : ils sont au-dessus de ça !

Ils sont au-dessus de tout. Ils incarnent, avec un éclat souvent hautain, l'establishment. Les « élites mondialisées », comme disait naguère Jean-Pierre Chevènement. Le « système », comme dit Marine Le Pen. Les « belles personnes », comme dit Mélenchon.

Chacun incarne un petit morceau de la vraie croix d'une gauche qui a imposé ses valeurs depuis quarante ans. Minc, c'est «la mondialisation heureuse » ; Bergé, c'est « le Mariage pour tous » ; Attali, c'est entre autres, la guerre aux rentes et l'ubérisation de la société ; Kouchner, l'ingérence humanitaire ; Tapie, le capitalisme débridé des années 80 et la politique de la ville ; Cohn-Bendit, l'héritage libéral-libertaire de Mai 68. Tous sont pour l'Europe, le libre-échange, le multiculturalisme. Tous sont probusiness et promigrants. Anti-Brexit et anti-Trump.

Depuis le début de sa campagne, Emmanuel Macron ne dit pas grand-chose. Ne propose rien de précis. Reste dans une ambiguïté protectrice. Incarne la nouveauté, la modernité, le changement.

Parfois, il laisse échapper un mot, un signe, un geste qui le révèle, comme son discours fait en anglais devant un parterre allemand. Ses soutiens parlent pour lui. L'éclairent malgré lui. Lui donnent une épaisseur idéologique, historique, politique. Sociologique aussi.

On sait aussitôt d'où il vient et où il va. On détermine « d’où il parle », selon le vieux langage marxiste. Il est le candidat de l'establishment de gauche. Le candidat de la mondialisation, de l'Europe, du multiculturalisme.

Il a raison de se dire et de droite et de gauche : il est le candidat de la gauche qui se veut libérale et de la droite qui se veut moderne. Plus encore que les élus centristes qui l'ont soutenu, et leurs collègues socialistes qui, écœurés par la victoire d'Hamon sur Valls, le rejoindront, ces quelques noms prestigieux fixent la candidature Macron dans sa « pureté de cristal ».

Déjà, Ségolène Royal le couve du regard de Chimène, tendresse qui annonce le ralliement ultime de François Hollande. Avec des amis comme ça, Macron n'a pas besoin d'ennemis. 

Eric Zemmour   

Commentaires

  • Macron incarne parfaitement les procédés de théâtre qu'il affectionne, et que sa très chère lui a appris chez les Jésuites d'Amiens, avant de devenir sa femme. Il joue à l'acteur, en récitant les textes écrits pour lui, par ses communicants, et il le fait assez bien. Pas assez doué pour devenir un vrai comédien, mais assez pour faire l'ENA, il a su se glisser dans les habits de notre époque qui a transformé le politique en bête de foire, et les conjoints en faire-valoir, depuis que la plus grande des illusions politiques fut vendue à l'Amérique avec le personnage de JFK. La platitude de la pensée nécessite toujours une logorrhée de qualité, pour que la forme puisse faire oublier le vide du fond, et il s’y emploi, en élève studieux, de réunions en faux concerts, de symposium, en vrai barnum, secondé par des media sous contrôle, aux yeux de Chimène pour un produit facile à promotionner, sans grand risque de dérapage, normé à l’aune de la modernité prométhéenne, cœur de chaudière d’une gauche internationalisée qui ne supporte plus la transcendance et rêve de la remplacer par le supermarché des technos. A défaut de faire émerger des idées, parce qu’il faut pour cela en avoir, il vend des espoirs indéfinis de changement en pianotant sur les registres de l’émotion des publicitaires, et des recettes de cuisine appliquées au problèmes économiques, en insistant lourdement sur les changements cosmétiques de détails afin de n’affoler personne. Car en effet, son positionnement et ses soutiens le conduisent à caboter entre les falaises des conservatismes sociologiques, et le grand large de la mondialisation où l’indifférenciation est de règle pour pouvoir espérer capter les bénéfices des économies d’échelle. La générosité de gauche se mange, dans le plat des autres, que l’on aura vendus pour chauds, à des gens qui n’en n’auront aucun, et à qui on aura retiré la nappe. Macron le sait, et feint de croire à son discours pour accéder au Graal des cyniques, à savoir le pouvoir sur les autres, seul à même de remplir le vide spirituel qui ronge ceux de son espèce. Macron ne veut pas faire, mais exister, comme Hollande, par la conquête d’une fonction pour laquelle il n’a pas plus de considération qu’un orque pour un rocher. Il joue à l’anti-système pour mieux s’en servir, et pour cela il doit jouer au méta-morphe, et avancer masqué, car c'est la règle de son jeu. c’est un danseur visage, et ceux qui sont derrière lui sont dangereux.

  • Brillante analyse qui me semble vraie, sauf sur un point : " [......]une gauche internationalisée qui ne supporte plus la transcendance [......]" Quand l'a-t-elle supportée ?

  • Une belle brochette de fossoyeurs de l'humanité!

  • Sans oublier la truelle et le petit tablier ! Ah ce troisième et vénéneux pouvoir !

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